Note du Docteur Pratt.

Patiente : Ashika Archeon souffrant de TSPT (troubles de stress post-traumatique).

Séance du 20 Mars (4ième séance)

Bonne séance aujourd'hui, avec beaucoup de positif pour Ashika. Elle parle énormément du bébé de Lilibeth. Le terme est prévu pour début mai et à la maison, les préparatifs vont bon train. Concentrée dans sa tâche d'aider un maximum, Ashika semble s'épanouir et s'ouvrir plus facilement. Néanmoins, j'ai noté qu'il lui arrive de se taire un instant et alors, son humeur change de tout au tout. Elle se referme à la façon d'une huitre et il devient très difficile d'avoir des réponses. Dans un tel cas, détourner la conversation vers ce qui lui a traversé l'esprit relève presque du parcours du combattant. Il est facile avec la jeune fille, d'oublier tout ce qu'elle a subit. C'est un jeu constant du yo-yo, qui semble l'épuiser physiquement, en attestent les cernes et le manque de sommeil évident. J'ai fait le choix de ne pas lui prescrire de médicaments, que ce soit pour son sommeil ou simplement pour ses sautes d'humeur. Le seul traitement ayant cours est celui de fond qu'elle devrait d'ailleurs bientôt arrêter. Cela dépendra de sa prochaine visite chez le gynécologue, autre sujet épineux pour elle et pour le reste de la maison.

« — Papa veut venir à chaque rendez-vous, il veut être là tout le temps, comme si on allait lui apprendre quelque chose de nouveau.

— Et ça te dérange ?

— Avec Raphaël, c'était plus facile. »

Ashika parle rarement de Raphaël et lorsqu'elle le fait, c'est un peu comme si ça lui échappait. Il lui arrive souvent de comparer Raphaël et son père, jusqu'au moment où elle s'en rend compte et qu'elle en éprouve alors de la culpabilité. Je ne vais pas dans son sens ni ne démens ses émotions. Il faut qu'elle puisse ouvertement en parler et pour l'instant il serait contreproductif pour moi d'agir directement dans la conversation et de lui faciliter le travail en cours.

« — Il faut que tu communiques avec les gens autour de toi, Ashika.

— Je le fais. J'essaye.

— Si tu ne veux pas que ton père t'accompagne chez le gynécologue, dis-lui. Si tu ne lui parles pas, comment peut-il deviner ? C'est exactement comme la fois où tu as voulu stopper la thérapie de groupe. C'était si difficile de lui parler ?

— Oui. Oui, parce qu'à chaque fois, j'ai peur de mal faire, j'ai peur de le décevoir. »

Il semble évident, à ce stade, que même si la communication père-fille n'est pas complètement rompue, les deux ne s'écoutent pas. Ils n'osent plus se dire les choses, aussi simplement qu'avant.

Entrevue avec Warren Archeon,

Le 20 Mars, après la 4ième séance d'Ashika.

Warren manque de patience avec sa fille. La détérioration de leur relation semble impacter directement ses nerfs. Mais aussi surprenant que cela paraisse, il arrive à utiliser sa colère à bon escient. Après un passage à vide suite à la disparition de sa fille, sa reprise de fonction au sein du Fief est de plus en plus effective. Il se concentre sur les priorités et cela se traduit par le fait qu'il pousse Ashika. Son statu quo, d'après notre dernière entrevue, semblait le pousser dans ses retranchements. Je lui avais alors conseillé de ne pas aller aux conflits avec sa fille, mais d'essayer de la pousser avec ménagement. Il n'est pas évident pour un parent de regarder son enfant s'enliser dans sa propre souffrance sans pouvoir rien y faire.

Reprendre la randonnée avec sa fille est une première étape, mais pour symboliser le changement qu'il a opéré avec Ashika à l'aide de plumes, il faut bousculer les habitudes. Il ne faut pas donner l'impression à Ashika qu'elle vit dans le passé. Et qu'elle est encore la même.

Les épreuves changent une personne. Et il faut que Warren garde ça en tête en ce qui concerne sa fille.