90 || Warren
« Entre l'idée et la réalité,
entre l'esquisse du geste et l'acte,
se glisse l'ombre. »
T.S. Eliot
— Occupe-toi de notre Hachi, Warren, je m'occupe de foutre un tueur en série derrière les barreaux.
Et elle raccrocha. Notre Hachi. Je déglutis et pressai le téléphone contre mon front. Ce n'était pas possible. J'avais un mauvais pressentiment. Cet homme allait être heureux d'avoir Maze pour lui tout seul, j'en étais sûr. Il se servir d'elle, même si elle était entraînée à repérer ça.
Abel leva les mains, attendant que je dise quelque chose.
— Elle veut le faire seule.
Abel grogna.
— Bien sûr qu'elle veut le faire seule, grogna Achilles.
— Tais-toi, sifflai-je, j'ai besoin de me concentrer. Il faut que vous retourniez tous les deux au commissariat. Il faut que vous alliez gérer les interrogatoires des deux autres. Je ne peux pas être partout à la fois et ma fille–
— Le louveteau est protégé, souffla Evy en s'approchant de moi. Tu devrais y aller. Il faut que tu voies ces hommes.
Je continuai de la regarder avec un pressentiment qui me collait à la peau. Je la contournai pour entrer de nouveau dans la chambre d'Ashika. Elle s'était réveillée de ce que lui avait fait Siobhane et avait déjà meilleure mine. Elle n'avait plus que très peu de marques sur le visage. Elle ne garderait aucune séquelle.
— Où est le docteur Pratt ? demanda Ashika.
Je naviguais entre les corps chauds des différents lycans et atteins ma fille en tendant mes mains.
— Il est sorti de chirurgie, il va s'en sortir, la rassurai-je.
Elle poussa un long soupir et releva son regard sur Achilles et Abel qui se fusillaient du regard dans l'entrée de sa chambre.
— Il faut que tu ailles aider Maze ? souffla-t-elle.
Je clignai des yeux et secouai la tête.
— Tu viens de subir une nouvelle agression, Ashika. Je ne vais nulle part.
— Non, papa, assena ma fille avec un regard direct. Tu ne peux pas faire ça.
Je fronçai les sourcils. Elle pinça les lèvres et Joshua lui pressa l'épaule.
— Dis-lui, explique-lui, dit-il à ma fille pour la pousser un peu plus.
J'attendis. J'attendis l'explication de mon unique enfant.
— Je ne veux pas que tu restes parce que tu penses que je suis faible, souffla-t-elle d'une voix tremblante. Toi, ici, à me regarder et à attendre que je craque, ça ne m'aide pas. Je veux que tu te sentes utile, pas que tu fasses le cent pas ici à attendre que je pleure.
— Je n'attends pas que tu–
Elle posa un doigt sur ma bouche.
— Maze a besoin de toi là-bas. Et je suis sûr qu'Abel préférerait que tu sois avec lui pour interroger les hommes qui nous ont fait ça au Doc et à moi. J'ai tout le monde ici. Je t'attends. Promis.
Bon sang.
Je serrai ma fille contre moi en lui murmurant à quel point je l'aimais.
Et je lui fis confiance.
Car elle avait été honnête avec moi, alors la moindre des choses, était que je le sois aussi.
Une vingtaine de minutes plus tard, nous étions dans les locaux de la Brigade Noire. Tout le monde me regarda bizarrement et pendant un instant, je me fis la réflexion que je n'étais peut-être pas un bon parent, à écouter les paroles de ma fille. Et pourquoi pas après tout ? Je lui faisais confiance et elle me faisait confiance. Point.
Je longeai les différents couloirs, sachant me repérer ici depuis le début de la Brigade. Abel et Achilles se dirigèrent immédiatement vers les deux salles d'interrogatoires où les agresseurs de ma fille avaient été placés. Chacun en aurait un. Il y avait deux choix quand vous vouliez observer des interrogatoires en cours. Vous pouviez vous placer directement la vitre sans tain au niveau de la salle d'interrogatoire en elle-même, seulement, cela vous obligeait à n'écouter qu'une seule conversation.
J'avais besoin d'avoir des yeux partout. Alors je me rendis dans une autre partie de l'étage, là où il y avait toutes les caméras de surveillance de la Brigade. Je saluai Nelson qui s'y trouvait et qui était souvent l'homme derrière la caméra qu'on ne voyait jamais.
— Quelle salle vous souhaitez, Krig ? marmonna-t-il en sortant deux paires d'écouteurs.
J'en plaçai un premier sur mon oreille droite.
— La salle 2 et la salle où se trouve actuellement le Capitaine, s'il te plaît, marmonnai-je en enfilant un second écouteur d'une autre paire.
En même temps, les voix d'Hadar et d'Abel résonnèrent dans mes oreilles. Néanmoins, la voix d'Hadar fut remplacée par celle de Mazakeen tandis qu'il sortait. Je me crispai.
Pourquoi l'avait-il laissée seule dans cette salle bon sang ? Et que faisait-elle à traîner ? La règle était quand même de ne jamais rester seul avec un suspect aussi dangereux.
Mon lycan me poussa à me concentrer sur la voix de Mazakeen tandis qu'Abel semblait gérer son interrogatoire de son côté.
— Une regrettable erreur, marmonna Maze.
— Oh, mais elle parle, ricana Paul.
Je posai mes deux mains sur le bureau devant moi et retins mon souffle. Cet homme était dangereux. Que faisait Maze ? Voulait-elle d'autres renseignements ? Pourquoi ne sortait-elle pas ?
— La vôtre ou celle de votre fils ? Après tout, cette lycan est encore en vie. Ce n'était jamais arrivé, n'est-ce pas ? Pas quand vous étiez aux États-Unis. Je me trompe ?
Les questions de Maze visaient quelque chose que je ne comprenais pas encore. Néanmoins, je pouvais voir le léger changement de comportement de Paul Baldwin. Il se contenait. Du moins, il tentait de se contenir.
Mazakeen continua de parler et je continuais d'écouter, le cœur dans la gorge.
— Vous voulez savoir ce que je crois, Paul ? Vous vous êtes surestimé. Vous avez cru pouvoir contrôler votre petit monde ici, votre fils y compris, mais rien n'est allé comme ça aurait dû. Une proie s'est échappée et sous la panique, votre garçon a été incapable de contrôler ses pulsions meurtrières. Vous menez une barque trouée, Paul. L'eau s'infiltre, ainsi que la vermine. Mon collègue avait tort tout à l'heure.
— À quel sujet, Capitaine ? demanda le suspect.
Son ton venimeux fit frémir mon lycan.
— En parlant du miroir. Votre espèce de gourou taré est à la tête d'un réseau depuis des décennies et il est tellement méticuleux que la police n'a rien contre lui, pas même un nom.
Encore un léger changement dans son facies. Le signe de la colère. Ce très léger pincement de nez. C'était rare de le voir sur quelqu'un qui était censé ne rien ressentir, mais cela n'annonçait rien de bon.
— Et vous, vous débarquez ici et vous vous faites attraper dans la foulée. Quel débutant ! À la place de votre gourou, je serais terriblement déçu. Vous deviez être un élément prometteur, Paul. Vous deviez être l'un de ses favoris, n'est-ce pas ? Sinon pourquoi cautionner un tel comportement ? Pourquoi tout risquer à cause du carnage que vous laissiez derrière vous ?
— Vous ne savez rien, cracha-t-il en retour.
— J'en sais suffisamment, croyez-moi. Vous n'êtes pas taillé pour ça, Paul. Vous l'avez cru, d'où votre venue ici. Vous avez cru pouvoir vous hisser au même rang que votre créateur, mais regardez-vous.
Mon lycan me souffla qu'il y avait un problème.
Il y avait un problème.
Trop calme.
Trop. Calme.
— Cessez de faire l'enfant, termina Maze. Cessez de détourner le regard. Vous avez merdé. Et en beauté. Qu'est-ce que ça vous fait ressentir ?
Je vis Mazakeen se lever. Elle cessa de regarder Paul Baldwin.
Ce fut à ce moment que son visage à lui se transforma.
— NON ! hurlai-je.
Trop tard.
La chaise s'écrasa au sol et le poing de Paul Baldwin rencontra le visage du Capitaine de la Brigade Noire.
Avant que Mazakeen n'atteigne le sol, j'avais déjà appuyé sur l'alarme qui retentit partout dans l'immeuble et je me jetais dans le couloir.
NON !
NON NON NON !
J'entendis les cris de Paul en arrivant dans le couloir des salles d'interrogatoires, le souffle court, et le cœur au bord de la gorge.
— FERME-LA ! FERME-LA !
Mon pied fracasse la porte et mon lycan heurta brutalement le corps de Paul Baldwin qu'il envoya dans le mur avant d'y écraser ses poings.
Le corps de l'homme tomba au sol, mais ma rage était illimitée et déchaînée.
Son visage en sang.
Son corps tremblant.
Une main tenta de m'arrêter.
Des cris retentissaient autour de moi.
— Warren !
— Bordel, mais arrêtez-le !
L'alarme continuait de hurler.
Nourrissant la bête en moi.
Le corps de Paul Baldwin cessa soudain de bouger et mon poing se figea dans les airs.
Mon lycan frémit doucement et tendit l'oreille.
Vivant. Mais ce n'était pas ça qu'il cherchait.
— WARREN !
La voix de Maze fit pivoter mon lycan aussi vite qu'il était arrivé. Son regard balaya la pièce.
Pas de Mazakeen.
Mon souffle se bloqua dans ma gorge, mais déjà mon lycan repoussait les flics qui l'entouraient et bondit dans le couloir.
Le corps de Maze tremblait était collé au mur, un bras tendu dans le vide.
— Wa...rren...
Ma main se referma sur ses doigts tendus et mon cri resta coincé dans ma gorge quand j'aperçus le visage gonflé et sanglant de mon Anchor.
L'hôpital. L'hôpital.
Mes yeux eurent à peine le temps de survoler son corps que mes mains glissaient sous elle pour la soulever.
Mazakeen s'agrippa à mon t-shirt et son sanglot déchira l'air quand elle s'accrocha un peu plus à moi, nous recouvrant tous les deux de son sang.
Je me mis à marcher comme un fou droit devant moi tandis que les cris des flics résonnaient.
Ce n'était pas possible.
Ce n'était pas possible.
J'en sauvais une pour perdre l'autre.
Non. Non. Non.
Je croisai des têtes connues et on me de poser Mazakeen, mais je leur beuglai dessus, entendant à peine mon Anchor murmurer mon prénom dans le creux de mon oreille.
— UNE VOITURE ! hurlai-je en sortant du commissariat.
Je sentis Achilles et Abel non loin de moi.
— Tu restes là et tu me les surveilles ! criai-je à Abel.
Achilles bondit derrière le volant et je me laissai glisser à l'arrière de la voiture de police. Abel claqua la porte, d'autres visages inquiets autour de lui. Un cortège de voitures se mirent à entourer le nôtre et bientôt, nous fûmes en mouvement vers l'hôpital.
Mazakeen pressait toujours son visage contre mon cou, sanglotant et m'appelant d'une voix tremblante.
— Je suis là, murmurai-je. Je suis là, il ne te touchera plus. ACCÉLÈRE ! crachai-je à Achilles plus fort.
— Wa...rren... Warren... hoqueta Mazakeen en voulant poser sa main poisseuse sur ma joue.
Cette dernière glissa et Mazakeen panique. J'agrippai sa main et la pressai contre ma joue, étalant son sang.
— Ça va, ça va aller, siffla-t-elle en continuant de pleurer.
— J'aurais dû être là, murmurai-je contre sa paume, contre son sang. J'aurais dû être là.
Mazakeen sanglota de plus belle quand la voiture eut un mouvement brusque et elle pâlit de nouveau. Elle tenta de parler de nouveau, mais je l'en empêchai en l'embrassant sur la bouche. Elle émit un nouveau sanglot, mais ne me repoussa pas quand je pressai de nouveau ma bouche contre la sienne.
— Tu vas bien, tu vas bien, répétai-je contre ses lèvres.
Achilles explosa les records de vitesses, tout comme les cinq ou six voitures de flics qui nous entouraient.
— On y est ! brailla-t-il en freinant devant l'entrée des urgences.
Je m'extirpai comme je pus de la voiture, faisant hurler Maze de douleur quand je sollicitais ses côtes visiblement bien amochées.
— Devinson ! hurlai-je de nouveau, comme quelques heures auparavant.
Les sirènes des flics résonnaient comme jamais autour des urgences et le docteur bondit hors de son établissement avec deux brancardiers.
— Bordel, Warren ! s'écria-t-il.
Je voulus déposer Maze sur le brancard, mais elle cria et s'accrocha à moi, haletante, sanglotante et pleine de sang.
— C'est son sang ça ? Tu es blessé aussi ? s'écria Devinson.
— Maze, mon cœur, il faut qu'on te soigne, soufflai-je contre son oreille.
— Me lâche pas, haleta-t-elle. Je t'en prie. Pas... pas...
Je fis signe à Devinson d'avancer. Ce fut Yuri que je vis en premier et son regard s'écarquilla quand il me vit recouvert du sang de Maze et cette dernière se contorsionnant de douleur dans mes bras.
On nous embarqua dans un box et j'eus tout le mal du monde à détacher Mazakeen de mon cou. Ce qui nous avait recouverts de son sang était surtout son nez cassé et son arcade explosée. Je réussis après maintes paroles et maints chuchotis à la déposer sur le lit, mais sa main ne lâchait pas mes cheveux donc je restais à moitié penché sur elle, protégeant presque son visage. Et je compris qu'elle se protégeait. Elle voulait que je la protège du moins.
— Les médecins vont t'examiner, soufflai-je. Il faut que tu les laisses faire, d'accord ?
— Qui lui a fait ça ? demanda Devinson en agitant plusieurs tubes autour de Maze, la branchant au fur et à mesure qu'il lui retirait son haut.
La main de Maze tremblait dans la mienne. Elle clignait des yeux, un énorme coquart fleurissant sur tout le devant de son visage.
— Elle a été agressée par un suspect. Il lui a frappé la tête avec un uppercut assez violent. Le côté droit oui, acquiesçai-je quand l'infirmière me le pointa. Je crois aussi qu'il a eu le temps de lui mettre plusieurs coups de pieds dans les...
L'infirmière termina d'ouvrir la chemise de Maze découvrant le flanc droit du Capitaine. Mon souffle se coupa. La force qu'il avait déployée pour laisser des marques pareilles me fit étrangement peur et me demanda un peu plus de self-control.
J'allais le tuer.
J'allais l'égorger.
L'hématome partait des hanches de Mazakeen et remontait le long de ses côtes. D'ailleurs, vu la marque que cela formait, j'étais presque sûr que l'une d'elles était soient fêlées, soient démises. Peut-être pas cassées, sinon Mazakeen ne m'aurait jamais laissé la soulever.
— Capitaine Fairfax, vous m'entendez ? demanda Devinson d'une voix claire en braquant une lumière sur les yeux de mon Anchor.
Elle claqua dans sa main en poussant un cri de douleur.
— Sensibilité à la lumière. Cet enfoiré lui a donné un trauma crânien. Il faut surveiller ça. Warren, il faut qu'elle passe un scan. Je veux savoir la gravité de son trauma. Est-ce que c'était un lycan ?
Je clignai des yeux, tentant de me concentrer sur autre chose que le corps tremblant de Mazakeen qui me rappelait d'atroces souvenirs.
— Quoi ? dis-je perdu.
— L'homme qui a agressé le Capitaine était-il un lycan ?
— Non, un humain. Très violent et habitué à la violence, insistai-je.
Le docteur hocha la tête et se pencha de nouveau sur une Mazakeen encore confuse qui tirait sur mes cheveux pour que je reste à son niveau.
— Capitaine, j'ai besoin de vous entendre prononcer votre nom et votre prénom. J'ai vos fonctions motrices en direct d'après les cheveux du Krig que vous tenez fermement. J'ai besoin d'entendre votre voix. Dites-moi votre nom et votre prénom.
Mazakeen relâcha légèrement sa prise en voyant son geste et me regarda, ouvrant la bouche doucement et parlant d'une voix très basse après avoir crié autant.
— Fair... Fairfax Mazakeen, hoqueta-t-elle.
— Parfait Capitaine. Je dois vous envoyer passer un scanner. Est-ce que vous pouvez lâcher le Krig ou voulez-vous qu'il vienne avec vous ?
— Je viens, l'arrêtai-je. Je viens.
C'est ainsi que je me retrouvais dans la salle des scanners, avec une grosse blouse anti-rayon, les mains sur les pieds de Mazakeen. Le doc lui avait donné un analgésique et elle était donc plus calme, moi je vibrais de rage et de colère.
Je croisai parfois le regard de Maze quand elle bougeait et que le doc devait recommencer le scanner.
— Ne bouge pas, ordonnai-je en pressant ses pieds.
— Je veux sortir, haleta-t-elle en commençant à bouger sa main.
Je me penchai et agrippai ses doigts. Elle cessa de bouger le temps que je lui parle et que je lui explique pourquoi elle ne devait pas bouger. Elle semblait perdue dans son espace-temps et je devais lui rappeler pourquoi elle devait subir un scanner.
Le choc, rien de grave ou de nécessairement inquiétant.
Après deux autres tentatives, le docteur fut satisfait des clichés et nous rassura.
Quand Mazakeen fut profondément endormie dans son lit, je sortis en dehors de sa chambre et regardai le couloir.
Au bout, il y avait des flics attendant des nouvelles.
De l'autre côté, il y avait Yuri qui furetait de loin, à côté de la chambre d'Ashika.
Je tirai sur mes cheveux et poussai un cri de rage.
Mon poing finit dans le mur en face de moi.
J'en avais assez de tout ça.
J'en avais plus qu'assez.
Lentement, je sentis deux bras entourer mon torse et le corps tremblant de Mazakeen se pressa contre le mien.
— Warren, souffla-t-elle. Pas ça.
Je retirai mon poing du mur et pivotai pour enlacer délicatement Mazakeen qui luttait difficilement contre la douleur.
Je jetai un coup d'œil aux regards des flics au bout du couloir et ramenai Maze dans sa chambre.
Je la déposai sur son lit et elle retint ma main, son nez niché contre mes jointures abîmées.
— Tout ira bien, murmurai-je.
Elle hocha la tête et murmura quelque chose que je ne compris pas. Je me penchai sur elle, recouvrant le haut de son corps du mien, ma tête contre sa tempe.
— Je t'aime aussi, soufflai-je d'une voix très basse.
Même loin l'un de l'autre, rien ne pourrait changer ça.
Rien du tout.
Pas elle.
Pas moi.
Ni même le destin.
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