9 | Maze

« A man is known by the silence he keeps »

Olivier Herford.

Le bruit de la cafetière en fond, j'attrapai mon carnet à citations d'une main et le callai sur mes jambes pour pouvoir y écrire la dernière en date, mon regard jonglant entre mon livre et mon écriture. La pluie martelait les fenêtres et nous en aurions pour au moins trois jours de ce temps grisâtre et maussade qui mettait le moral dans les chaussettes de tout le monde. Moi y comprise.

Depuis mon arrivée, j'avais évité la tempête, mais ça ne saurait tarder. Avec les changements climatiques qui secouaient le monde entier depuis des décennies, la météo était déréglée et ce n'était qu'un moyen de nous rappeler que la nature dominait tout. Nous étions loin de l'Australie. Et dans bien des aspects essentiels de la vie. Ce n'était qu'un autre moyen pour moi de regretter ce que j'avais quitté, même si ce n'était que passager.

Vraiment ?

Je soupirai et glissai mon marque-page dans mon bouquin avant de le lancer sur la table basse. Mon carnet finit sur un coussin du canapé et je me levai, m'étirant. Il était à peine huit heures, c'était mon jour de congé et je n'étais toujours pas allée me coucher. J'avais passé la nuit à taper un rapport, essayant d'être efficace dans mon insomnie chronique. J'avais été productive, au moins un bon point dans tout ça. Je carburai au café depuis deux heures du mat' et j'avais déserté mon plumard, préférant me défoncer les yeux sur l'écran de mon ordinateur. Un moyen comme un autre de palier à ce qui n'allait pas. Et là, j'entendais mon foutu psy qui continuait de m'appeler, outrepassant de loin ses prérogatives. Ce à quoi il avait répondu que je pouvais toujours aller me plaindre aux hauts conseils des psys de mes deux si ça me chantait. En gros, le temps que l'info remonte des mois pouvait passer. Je donnai l'impression de me plaindre beaucoup, mais j'appréciai ses efforts.

On ne lâchait pas un patient qui avait besoin d'une oreille attentive. Tout comme on ne lâchait pas une victime qui avait besoin de nous. Au moins, nous avions les mêmes principes. C'était rassurant.

Tasse en main, je me dirigeai dans la cuisine. Dans cette baraque, tout le monde consommait plus de café qu'il n'aurait fallu et si au lever, la cafetière était vide, on allait me coller un procès. Et en bonne et due forme ! J'étais prévoyante. Et comme je ne sentais toujours pas les effets de la fatigue, autant reprendre une petite lampée. Honnêtement, la caféine avait peu d'effet sur moi. Je n'étais ni speed ni une pile après. C'était un peu rageant parfois. J'avais juste la bougeotte, ce qui n'était pas génial, mais qui avait le bon goût de me permettre de faire plein de trucs en même temps. C'était aussi vrai en règle générale puisque j'étais une femme, mais ça.

J'avisai le paquet de clopes que Perry, notre Sorcier en herbe, avait oublié la veille, après un passage éclair. J'avais arrêté. Du jour au lendemain, laissant cette manie en Australie, me délestant ainsi d'une autre partie de moi qui m'avais paru étrangère, éloignée de la personne que j'étais de base. Ça n'avait pas été si compliqué que ça. Je n'avais pas dû user de gommes ou de patchs. Rien de tout ça. Parfois, l'envie était là, comme maintenant, mais ma seule volonté suffisait. J'aurais pu me laisser tenter. Mais mieux valait laisser mes vieux travers là où ils étaient le mieux : loin de ma personne. Heureusement que ce n'était pas un combat de tous les instants : j'avais suffisamment de quoi faire pour ne pas ajouter ça.

C'était triste quand j'y pensais cinq minutes. Ressasser ne servait à rien. En posant mes bagages ici je n'avais pas été stupide au point de croire que j'arriverai à tout laisser derrière moi.

Comme quoi, je n'avais jamais été la recrue d'un Fief, mais un Krig exerçait encore toute sa domination sur moi. Pour le meilleur et pour le pire...

La sonnerie de mon téléphone inonda la pièce et je le trouvai derrière la pile de prospectus que personne n'avait encore jugé bon de balancer.

Un message d'Abel. Je m'attendais déjà à une connerie, surtout venant de lui !

* Abel

Quel est le point commun entre un prêtre et un surdoué ?

Bien ce que je disais. Il voulait me dégoûter dès le matin, lui ! De toute manière, il n'envoyait des textos que pour des conneries salaces ou des blagues de merde de haute voltige. C'était un cas désespéré. J'espérai qu'Hachi n'avait pas accès à son téléphone, parce qu'avec lui, ça pouvait aller loin !

*

Je ne répondrais rien à ça : c'est dégueulasse ! T'es un vrai porc, Kickett !

Un sucre dans ma tasse, je me resservis une bonne rasade et soufflai sur le café brûlant. J'entendis du bruit à l'étage, preuve que certains commençaient à bouger. J'avais les épaules un peu tendues et un massage n'aurait pas été de refus. Les entraînements ici valaient ceux du Fief et j'étais bien contente d'être passée par là-bas avant d'arriver ici. Il fallait au moins ça quand vous étiez la seule humaine parmi des surnaturels. Et il y en avait pour tous les goûts. J'avais été étonnée de trouver une telle mixité, mais après coup, ça avait fait sens. Cette brigade traitait de toutes les affaires surnaturelles, il fallait donc une représentation maximale des espèces. C'était peut-être un filon à exploiter pour la Brigade Noire.

D'après Mak que j'avais eu au téléphone pas plus tard qu'il y a deux jours, les rapports avec le Fief étaient en bonne voie. Tous reprenaient leur place et c'était très bien comme ça. La Brigade ne pouvait pas exister sans ce partenariat et j'étais contente de voir que les griefs de chacun avaient été mis de côté pour le bien de la population, humain comme lycan. Et il semblait que d'autres Brigades étaient en train d'être montées. C'était une excellente nouvelle.

* Abel

Tu manques cruellement d'humour, Maze. C'est craignos. Et je suis déçu. Voilà, mon cœur est en miettes par ta faute !

Agrémenté d'un joli cœur rompu en son milieu. Je levai les yeux au ciel en retenant difficilement un rire. J'appuyai sur la petite icône du téléphone et les premières tonalités résonnèrent. Il ne fallut pas très longtemps à Abel pour répondre. Si chez nous la journée ne faisait que commencer, là-bas, elle se terminait.

— BOUGEZ-VOUS LE CUL, BORDEL DE MERDE !

Le hurlement résonna, me vrillant presque les tympans. Je perçu pas mal de raffut et quelques protestations qui moururent rapidement. Coup de croc de Calder peut-être ? Il avait le don pour être au bon endroit au bon moment. Ou au pire. C'était à voir. Je devais avoir quelques cicatrices à ce niveau-là par sa faute.

— Exercice nocturne ? soufflai-je.

— Yep. On est face à des petits branleurs alors on s'amuse un peu.

Aucun doute là-dessus. Est-ce que c'était bien que les instructeurs prennent un plaisir malsain à tourmenter leur recrue ? Ça prêtait à débat, c'est sûr. Mais Abel était fait pour ça. Il avait beau ronchonner autant qu'il voulait, ces gosses, le temps de leur formation, devenait les siens et il n'en abandonnait aucun. Le Fief de Canberra était le plus grand d'Australie et voyait défiler des milliers de lycans, alors honnêtement les instructeurs devaient être du béton armé à ce stade.

Aux États-Unis le fonctionnement n'était pas du tout le même. Pour les Mains il y avait des Maisons et un Régent. Pour le reste ? C'était sur le tas. Je n'avais jamais été une pro des meutes de ce pays qui pourtant avait été le mien pendant toute ma jeunesse.

— Ne va pas les traumatiser non plus, lâchai-je.

— C'est mon seul plaisir. Avec faire chier Warren. C'est devenu mort sans toi, humaine.

Je levai les yeux au ciel. Depuis mon départ, Abel avait décidé d'être le dernier des connards avec Warren. À tort ou à raison, ce n'était pas à moi d'en juger. Mais demander à Abel de ne pas se prendre la tête avec tout ce qui était arrivé n'était pas possible. Il avait été clair à ce sujet. Pour lui, j'étais sa dominante. Ma place aurait dû être aux côtés de Warren, au Fief, en Australie. Et pas dans un autre pays, fuyant l'homme que j'aimais et qui avait été plutôt clair sur ma place. La pilule n'était pas passée pour Abel. Pour moi ? C'était un combat de tous les instants qu'il était de plus en plus dur de gagner. Il fallait laisser du temps au temps.

Loin de Warren, se retaper était plus facile. Et ça, Abel le comprenait. Mais c'était aussi un crève-cœur. Parce que je ne pouvais pas voir Ashika. Parce que je ne pouvais plus être avec les miens. Les choix s'accompagnaient toujours de sacrifices ; certains étaient juste plus durs que d'autres.

— Tu t'en sors très bien, Bebel, répliquai-je. Dis-moi que tu as recommencé à baiser et là, tout sera parfait !

Le silence. Il se racla la gorge, semblant un peu embêté ?

— Ma vie sexuelle t'intéresse à ce point, Maze ? C'est parce que la tienne est craignos ?

— Ça t'arrangerait, avoue.

Il éclata de rire. Abel aurait adoré que toute ma vie ne prenne pas un certain tournant, sur ça, il avait été bien déçu. Il aurait dû savoir pourtant que je ne pouvais pas juste me mettre sur pause et attendre. Ce n'était pas moi et ne le serait jamais. J'avais peut-être pris la fuite, sentant que tout partait en vrille, j'avais peut-être été lâche même.

— Peut-être un peu, concéda-t-il sans une once de remords.

— Sale con.

Je ne pus retenir un sourire. D'après le doc', c'était une bonne chose que je garde des contacts si forts avec des gens qui comptaient. Hachi, Abel, Mak, même ce fou d'Achilles. Le contraire aurait été plus inquiétant. J'avais juste écarté une seule personne. M'en préservant.

Fuyant si loin que ça ne faisait que pointer la force et l'emprise de mes sentiments. Qu'importe ; je pensais toujours que l'amour ne pouvait pas tout guérir, pas plus qu'on ne pouvait tout pardonner.

Je n'en voulais pas à Warren.

Je nous en voulais à tous les deux. De ne pas avoir su nous soutenir. Nous porter dans la tourmente. Il ne m'avait pas fallu des heures de thérapie pour m'en rendre compte. Ça avait été une évidence.

Nous avions sombré. L'un sans l'autre. Loin de l'autre. Et nous en étions là.

Il avait essayé de m'appeler des milliers de fois.

Et je n'avais pas décroché un millier de fois.

Il avait essayé de se raccrocher à moi, comme dans cette petite salle à l'hôpital, une fois Ashika en sécurité avec les siens.

Mais j'avais été incapable de lui tendre la main, de prendre la sienne. J'étais partie. J'étais montée dans un avion sans rien lui dire.

Et j'étais partie.

Abel tenait l'anse de ma valise ; il s'y cramponnait même. Il n'y avait pas tant de monde que ça autour de nous.

J'étais triste de partir comme ça, de ne pas avoir le temps de parler avec Hachi.

Vivante. Elle l'était et c'est tout ce que j'avais besoin de savoir. Même si je l'aimais autant que si elle avait été ma propre chair, je ne pouvais pas rester.

J'en étais physiquement et moralement incapable. La force de mes sentiments me terrifiait. Comme j'aurais aimé les attiédir d'une quelconque façon.

Impossible.

J'étais devenue un pantin. Encore.

— Il faut que j'y aille, dis-je, la voix chevrotante, le cœur émietté.

Éparpillé.

J'avais mal partout. Ma peau me tiraillait et mon sang était comme du poison dans mes veines.

— Tu n'es pas obligé, lâcha Abel trop vite. Tu peux rester et je sais pas, tu–

Je secouai la tête.

— J'ai besoin de prendre du recul. De la distance.

— En faisant ça, c'est nous tous que tu quittes !

Il était en colère. Blessé dans son égo et son amour. Je le savais. Mais ce n'était pas une raison suffisante pour me retenir. Et ça, malgré ses récriminations, il le comprenait. Bien sûr qu'il le comprenait.

— Hachi va avoir besoin de toi.

— Non. Elle va avoir besoin des siens, sa meute. Toi. Elle ne sera certainement plus la même et il lui faut au moins un allié, Ab'.

À quel point tout ça l'avait-elle brisée ? À quel point était-elle devenue une autre personne, taillée dans l'horreur et l'oubli ?

— Tu fais partie des nôtres, putain ! Et tu t'en vas, comme si c'était plus facile pour tout le monde. Ça ne l'est pas. Et ça ne le sera plus jamais.

Je m'avançai jusqu'à lui et dus lever la tête pour continuer à le regarder. Ses yeux étaient sombres. Nous avions perdu la lumière pendant tant de mois que la retrouver paraissait irréel. Et insurmontable. Mais maintenant qu'Ashika était là, nous le pouvions de nouveau. En principe.

Saurait-elle un jour quand disparaissant, elle nous avait tous emportés ? Qu'elle nous avait tous mis à terre ?

— Il faut que je m'en aille, Abel. J'ai besoin de partir. De recul. D'accepter.

On avait beau dire ce qu'on voulait, faire le deuil de son plus grand amour était une épreuve. Une des plus terribles, preuve que l'amour était essentiel à nos vies. Et qu'il pouvait détruire tout autant que nous élever.

Ses épaules s'affaissèrent et je sentis sa tristesse. Sa colère. Lui aussi, tout lui échappait. Je ne connaissais pas tout du passé d'Abel, tout comme la réciproque était vraie, mais nous avions été forgés de la même manière.

Dans la souffrance et la solitude. C'était ça qui m'avait attiré la première fois dans ce bar.

Ses yeux. Aussi noirs et insondables que mes plus mauvais démons. Aussi puissants que mes ténèbres.

— C'est pas pour toujours, hein ?

Là, je voyais un enfant. Qui avait peur. Qui craignait la solitude.

— Ma mutation est effective un an sur le papier. Je verrais lorsque j'arriverais au bout. Un an.

Il ferma les yeux et inspira. J'observai son visage. Alla même jusqu'à caresser l'arrière de son crâne rasé, adorant la sensation sur mon épiderme.

— T'as intérêt à revenir après ça, Maze. T'as intérêt.

Je souris.

— On va s'en sortir, Kickett. Même dans des pays différents. On va s'en sortir.

Il m'embrassa alors, attrapant mes joues avec ses immenses paumes. Ses lèvres sur les miennes. Mon cœur tambourinant dans ma poitrine.

À la fin ça nous laissa à bout de souffle. Moi les joues rouges, lui la bouche mutine et un sourire goguenard.

— Voilà ce que tu vas louper pendant un an.

J'éclatai de rire. Parce que c'était plus fort que moi. Parce que c'était Abel et qu'il se croyait dans un film de cinéma.

— Je vais aller me laver la bouche, lâchai-je.

— Ouais, moi aussi. C'tai un peu bizarre quand même.

J'attrapai sa main. Serrai très fort.

— Merci.

Mon épaule contre le mur, j'observai la pluie tombée, plantée devant la fenêtre.

— Tu m'écoutes ?

— Pas vraiment. Tu disais ?

Abel soupira.

— Tu pensais à quoi ?

On se téléphonait tous les jours. Sans faute. Même lorsqu'on faisait une conversation avec Hachi ou avec les fous d'ici. Et on pouvait y passer des heures, sans forcément se parler. C'était une sorte de présence. Et avec le temps passé, je m'étais rendu compte qu'Abel comptait.

Il comptait énormément, plus que je ne me l'étais jamais avoué jusqu'à présent. Je pouvais tout lui dire, sans craindre un jugement. Les moqueries, ça oui, mais ça faisait partie du personnage.

— À ton putain de baiser.

— Oh ! Oh ! Tu y penses souvent ? Non parce que je sais que j'embrasse comme un Dieu Grec, mais quand même, chérie.

— Va te faire foutre, marmonnai-je.

— Quand tu veux, sweety ! Tu devrais quand même t'inquiéter parce que si même avec ton mec pansement tu repenses à ça, ça veut tout dire.

— Depuis quand tu es un pro des relations amoureuses, toi ?

— Mon côté baiseur compulsif n'a pas que des désavantages. Tu verrais tout ce que tu peux apprendre de...

Il sembla reculer le téléphone de son visage pour hurler je ne sais quoi.

— Bon, faut je file. Y a un ti con qui s'est paumé j'sais pas où encore ! À plus, bébé.

Il raccrocha et je glissai mon téléphone dans ma poche, buvant une gorgée de café. Une présence dans mon dos, puis des bras s'enroulant autour de mon ventre. Hadar déposa un baiser sur ma joue, avant d'y frotter la sienne, rugueuse. Il sentait le savon, preuve qu'il avait dû passer par la salle de bain avant de me rejoindre. Il portait une barbe de quelques semaines, dont il prenait grand soin. Ses cheveux hirsutes bataillaient sur son crâne.

Hadar était de ce type d'homme dont la beauté n'était pas frappante, mais qui détenait un charme électrisant.

Il avait les traits anguleux, taillés à la serpe. Des sourcils épais, quoique bien dessinés, des pommettes saillantes et des fossettes à croquer, là, au coin de ses lèvres charnues. Il avait le teint hâlé, preuve de ses origines et un regard céladon.

— Comment va Abel ? demanda-t-il, pas par simple politesse.

Si ce dernier connaissait tout le monde ici, eux aussi avaient appris à composer avec lui, bien que ce soit derrière un écran ou au téléphone. Joaquim l'appréciait beaucoup, la réciproque étant la même et les autres blaguaient beaucoup avec le lycan. Hadar n'était pas un grand démonstratif de nature, j'avais pu m'en rendre compte dès que j'étais arrivée. Il n'était pas pour autant sur ses gardes. Juste terriblement observateur. Et il avait ce don quasi inné de lire en les gens d'une telle façon qu'il se trompait rarement. Il ne spéculait pas, parce qu'il savait.

— Il est un peu ronchon, du coup ses recrues en prennent plein la tronche. Rien de nouveau sous le soleil.

Je me tournai pour le regarder évoluer dans la cuisine, un simple pantalon en toile lui tombant sur les hanches. Il attrapa de quoi préparer un p'tit dej complet, allumant la radio au passage en y réglant le son du même coup.

— Je crois avoir entendu Sakhaar dire qu'il adorerait partir en vacance dans un Fief.

Je ricanai. C'était bien le genre de notre instructeur, ça ! Il était complètement taré et aurait été un très bon instructeur pour les jeunes lycans, ou les plus vieux.

— Ce serait tellement le pied pour lui qu'il ne voudrait plus en repartir. Il est déjà allé dans une Maison ?

Hadar secoua la tête.

— Ce ne sont pas des pratiques très courantes ici, tu sais. Les Maisons sont des endroits très fermés. C'est une vie en autarcie qui s'y passe.

Ça tombait sous le sens quand on y réfléchissait un peu. J'étais tout de même curieuse de voir comment ça se passait. Comment on inculquait le contrôle à des loups qui en étaient dénués depuis leur première transformation.

Joaquim m'en avait parlé. Lui qui était une Main de base. Si j'avais tout compris, il faisait partie de la toute première génération de Mains avec cinq autres loups. Il m'avait parlé d'Ahmet, leur Régent, sans entrer dans les détails.

C'était un fonctionnement particulier. Propre à ce pays. Les Godar de l'Empereur étaient ce qui se rapprochait le plus des exécuteurs des États-Unis, sans passer par le stade apprendre le contrôle. Ou en tout cas, nous n'en avions juste pas conscience. Peut-être Achilles me répondrait si je lui demandais, lui qui était Godi.

— Des œufs ? s'enquit Hadar.

— Avec plaisir.

Il ne m'interrogea pas sur mon insomnie. Le fait de dormir seul ne lui posait pas de problème. Et j'avais été claire dès le départ. Du moins, j'avais essayé.

Il prépara des œufs brouillés pendant que je grignotai quelques raisins. La radio diffusait quelques vieilles musiques d'une autre décennie, recouvrant le martèlement continu de la pluie. J'appuyai ma joue contre ma paume, reluquant Hadar sans vergogne. Notre relation aurait pu paraître étrange aux yeux de n'importe qui, mais le fait est que ça nous correspondait bien pour le moment. Les autres connaissaient bien Hadar, donc aucune surprise pour eux. Pour ma part, ils apprenaient à vivre avec moi et à comprendre comment je fonctionnai.

Hadar et moi ce n'était pas une évidence.

Je lui avais dit que j'étais ici pour passer à autre chose et pour oublier l'homme que j'aimais. Pas que j'avais aimé.

Que j'aimais. Parce que c'était toujours le cas. Et que ça risquait de l'être encore pour un sacré moment. Warren et moi, ça c'était une évidence, du moins ça l'avait été au début de notre relation amoureuse.

Hadar avait hoché la tête. Il avait attrapé ma main. Et m'avait soufflé que ce n'était pas grave. Qu'il pouvait se contenter du peu que j'avais à donner, tant que ça m'allait. Tant que j'étais heureuse comme ça. Parce qu'il était comme ça.

Il suivait ses impulsions. Il aimait. Et c'était tout. Il profitait autant que possible. C'était exactement le genre de personne qui croquait la vie à pleines dents. Sans ambages.

Et je le respectai pour ça.

Il déposa mon assiette devant moi et me tendit ses lèvres.

Tout doucement, dans mon nouvel environnement, je reprenais pieds. Et si Abel ne disait rien, il le pressentait sûrement ; je n'étais pas sûre de rentrer pour de bon en Australie. Peut-être qu'un bout de chemin m'attendait ici.

Sans Warren. 


🥀    🥀    🥀


Et coucou vous 😁 comment ça va ?
On bouge en Bretagne dans la journée nous avec Ada donc ce weekend c'était tranquillou : The Witcher sur Netflix et gros travail de fond sur notre nouveau projet... 😎 Et vous alors ?

Eh oui Maze a un mec pansement nommé Hadar ! On voit ce personnage très rapidement dans OOC, saurez vous vous rappelez quand pour ceux ayant lu ce tome de DSDA USA ? 😇

On se retrouve après Noël pour la suite : des bisous et profitez bien des fêtes surtout ❣️😘

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top