7 | Ashika


« Happiness can be found even in the darkest of times,

When one only remembers to turn on the light »

Harry Potter – Dumbledore.



J'aurais aimé qu'il y ait une bonne façon de faire. Un moyen d'endiguer tout ce qui était en train de se passer à l'intérieur de moi.

C'était une tempête et je n'étais pas dans l'œil du cyclone, à l'abri. J'étais ballotée dans tous les sens, brinquebalée comme une vulgaire caisse de bois, suivant le mouvement, jusqu'au moment où je me briserai. Il y aurait alors des débris partout et je serais éparpillée aux quatre vents, sans aucun moyen de recoller les morceaux.

J'avais peur. Comme à chaque fois que tout m'échappait. J'étais terrorisée et à deux doigts de crever de peur et de doute.

Je ne contrôlai rien. Quand tout s'effritait de cette façon, je savais que plus rien ne m'appartenait ; même plus ma tête et mes propres sentiments. Et être à ce point spectatrice ne me convenait plus.

Plus rien n'allait.

Tout, tout m'échappait, comme du sable au creux de ma main. Ça s'écoulait d'entre mes doigts. Et ça tombait sans que je puisse rattraper les grains.

Ils étaient mes souvenirs.

Ils étaient mes pensées et mes émotions.

Ils étaient moi.

Mes ongles s'enfoncèrent dans la peau de papa et il ne cilla pas. Il me faisait face, très sérieux, son regard brillant. Son autre lui était là, à la surface, guettant son louveteau.

Qui avait simplement disparu de la surface. Est-ce qu'il le voyait ?

— Respire, Hachi.

Mais je n'y arrivai pas.

La crise de panique avait tout endigué et je n'arrivais pas à inspirer. C'était trop rapide. Trop soudain.

Je revoyais tout dans ma tête. Le drap arraché. Joshua jeté à bas du lit.

Je tremblai.

Je mourrai à petit feu à l'intérieur et rien, rien ne changerait ça. C'était lent, froid et indolore.

J'étais anesthésiée.

Je ne ressentais rien et ça n'allait pas.

Il faisait si froid en moi que ça me tétanisait de la tête aux pieds. Ça me coupait le souffle et figeait mon cœur.

Je voulais hurler.

Je voulais frapper. Et tout casser.

Me lacérer la peau. M'arracher les yeux. Je voulais couler. Me jeter dans l'eau et couler. Je voulais juste me rappeler.

Mais tout était sombre. Et sans issue. Tout me fracassait. Avec une force surhumaine, me laissant à terre. Non. Me mettant plus bas que terre.

C'était un peu lutter contre le vent, lutter contre le courant, lutter contre l'infranchissable. Il ne suffisait pas de vouloir ESSAYER. Parfois, parfois il fallait s'avouer vaincu. Parce que combattre était épuisant.

Éreintant.

— Inspire. Et expire. Mon cœur, il faut que tu...

C'était impossible. Je n'y arrivai pas. Tout simplement pas.

Papa disparut de mon champ de vision quelques secondes. Mes mains étaient tendues dans le vide et je ne perçus que ma respiration hachée. Brisée.

Ma gorge sifflait et mes yeux se noyaient.

Mon cœur était un naufragé qui ramait dans le vide. Et qui finirait par être emporté par une vague qui l'engloutirait. Sans laisser une seule trace.

Je ne sursautai pas lorsque de l'eau froide jaillit du pommeau au-dessus de ma tête et m'aspergea, me trempant en quelques courtes secondes.

L'eau heurtait mon visage et chaque goutte m'encra dans l'instant. Je me mis à grelotter de froid. À claquer des dents.

Est-ce que je pouvais avoir plus froid que ça ? Est-ce que j'allais finir geler, mon cœur avec ? Figé à tout jamais.

— Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment...

Je crois que c'était Lilibeth. Mais tout était flou et mal agencé dans mon esprit et sous mes yeux. La réalité ne l'était pas. J'étais là ; comment ?

— Laisse-moi gérer ma fille pour ce soir.

Papa réapparut et l'eau fut coupée. Mes mains retrouvèrent ses avant-bras et j'y plantai mes ongles avec la force du désespoir. Il fallait juste que je m'accroche. Que j'arrive à tenir debout. Je pouvais reprendre pieds.

Je pouvais chasser les nuages et la tempête.

Il y avait un rai de lumière. Il était juste là. Un bel éclat du soleil, qui devait être chaud. Qui aurait pu me réchauffer. Si seulement j'avais pu l'atteindre. Mais même en tendant le bras, j'étais trop éloignée.

Si je me concentrai, est-ce que j'entendrais le chant des oiseaux ? La vie au-dehors ?

Je réussis à redresser le haut de mon corps. Je voulais aller là. Je voulais sentir ça sur ma peau. Ne serait-ce qu'un tout petit peu.

Pour me rappeler. La sensation. La chaleur. La vie.

Je voulais juste...

Je tremblai. Papa avait enroulé une serviette autour de moi et s'attela à m'enlever mes vêtements trempés.

Bientôt, il allait voir ma jambe. Bientôt, il allait la montrer à tout le monde. Comme lorsque Elisheva avait voulu me donner un bain.

Je secouai la tête et repoussai les mains de papa.

Non. Non. Non.

Il ne pouvait pas me l'enlever. Je préférai crever de froid. Je préférai...

— Ashika, il faut que je–

Il ne comprenait pas. Personne ne voulait comprendre. Mes mains glissèrent sur ses épaules et se crochetèrent à sa nuque. Je m'agrippai à lui.

Très fort.

— J'veux pas, couinai-je et ça me coupa le souffle.

Le peu que j'avais encore.

— Il faut que tu te calmes, mon cœur. Respire.

Je

N'y

Arriverai

Plus

Jamais.

Je suffoquai. Ce n'était pas lent. Ce n'était pas sans douleur. J'avais beau essayer, encore et encore, rien n'y faisait.

Un étau dans la poitrine.

C'était invisible et pernicieux. Comme cette peur au creux de mon cœur.

Je devais respirer.

Juste

R

E

S

P

I

R

E

R

La couverture arrachée. La voix de Joshua.

— Petite fille. Tu croyais pouvoir dormir tranquillement ? Hein, petite fille ?

Je cachai mon visage dans le cou de papa. Et je fermai les yeux, aussi fort que possible.

On m'arracha la couverture et des mains agrippèrent mes jambes. Mes bras.

— NON ! NON ! NE... NE ME...

Des pleurs. Des cris.

NOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!!!

— Il lui faut ses médicaments.

— Pour l'abrutir ? Ce n'est pas la peine.

— Elle en a besoin ! C'est ça ou l'hôpital, et–

Le sol était froid. J'étais appuyée contre une surface dure. J'avais toujours mon pantalon. Je l'avais tou...

— Taisez-vous !

Une main sur mon genou. Grande et puissante. Je relevai les yeux vers papa.

— Pas les médicaments, sanglotai-je. Pas les médicaments, p'pa.

C'était encore pire avec. C'était toujours, toujours pire.

— De quoi as-tu besoin, mon cœur ?

Je reniflai. Je pleurai.

— Dis-moi, Ashika. Dis-moi.

J'entendis à peine ma propre voix. Elle m'échappa. Comme tout le reste.

Joshua.

Je ne regardai pas le visage de papa. Sa main caressa ma joue et il ne fut plus là. En fait, ce fut le silence.

Un parfait silence. Qui fit du bien.

Qui me fit du bien.

Je ne sais pas trop combien de temps passa. Dehors, il faisait nuit. Il y avait des éclats de voix. De la vie. Et puis une présence.

— Hey.

Joshua se posa à côté de moi, mon épaule venant appuyer contre son bras. Tout de suite, je sentis un truc dans l'air. Sa chaleur me gagna et m'apaisa.

Je respirai.

Je... respirai enfin.

Il attrapa ma main et y noua ses doigts.

— Tu as voulu prendre une douche tout habillée ? se moqua-t-il.

Mes yeux se posèrent sur ses phalanges éclatées. Il y avait du sang. Il avait mal ?

— C'est rien, dit-il, comme s'il avait lu dans mes pensées. Je ne sens pratiquement rien.

Je hochai la tête. Son pouce caressa ma peau.

— Je suis désolé, souffla-t-il pour nous deux. J'aurais pas dû me battre. C'était stupide.

Je clignai des yeux à l'exact moment où mes pouvoirs s'enroulèrent autour de la main de Joshua et où les marques disparurent. Ne resta plus que le sang. Et rien d'autre. Ça me picota à l'intérieur. Juste un peu. Et plus rien. Je posai ma tête contre l'épaule de Joshua.

— Je suis fatiguée.

Et je l'étais vraiment. Je me sentais comme une très, très vieille âme qui foulait la terre depuis trop d'années.

— Tu veux monter ?

Je hochai la tête.

— Tu restes avec moi ?

Il leva les yeux. Sûrement vers papa. Pour avoir son accord ? En cet instant, je me fichai de toutes les autres personnes présentes dans la cuisine. Il n'y avait que Joshua.

— Oui, finit-il par souffler. Mais il faut que tu prennes tes médicaments, Hachi.

— D'accord.

Joshua réussit à me faire enlever mon legging tout humide pour en enfiler un autre. Il se glissa sous ma couette avec moi et ma joue reposa sur son torse.

Les battements de son cœur étaient réguliers. Apaisants. J'en connaissais le tempo avec exactitude. Et ça me faisait du bien.

Dans ma tête, tout était alourdi à cause des médicaments. Le bras de Joshua reposait sur mon épaule.

Je m'endormis comme ça, les souvenirs déjà oubliés.




Je crois qu'il était tard lorsque j'émergeai enfin d'un sommeil noir, bercé par le néant. Les volets étaient ouverts, ainsi que la fenêtre qui laissait entrer une légère brise. Mes cheveux collaient à mon front et à ma nuque.

Mes pieds rencontrèrent une masse.

Evy. En lycan. Je souris, ayant envie d'aller me presser tout contre elle et de fourrer mon nez dans son pelage. Mais un geste à ma périphérie me fit me figer complètement, accompagné d'un raté de mon palpitant.

Ce n'était que papa. Avec un linge humide, prêt à me tamponner le front avec.

— Bonjour, petit cœur, dit-il avec un sourire qui n'atteignit pas vraiment ses yeux.

Mon réveil affichait dix heures vingt-six. Papa n'était pas allé faire son tour du Fief. Il était resté ici à me veiller ? Et Joshua ? Je ne l'avais même pas entendu se lever. Ni même partir.

Je réussis à sourire. Un peu. J'étais patraque et je me sentais anesthésiée. L'effet des pilules que je devais prendre.

Que je détestais prendre. Mais je n'avais pas le choix. Pour aller mieux.

— Tu ne fais pas ta ronde ? murmurai-je en me redressant.

La lycan se redressa et le matelas s'enfonça un peu plus sous son poids. Elle vint s'avachir sur mes jambes et fourra son museau au niveau de mon bas-ventre. Je passai ma main dans ses poils tout doux, au niveau de sa tête.

— Pas ce matin, non, répondit simplement papa.

Je me contentai de garder le silence, ne sachant pas trop quoi dire. C'était compliqué entre lui et moi. Je le savais bien que je lui manquais ; que mon autre moi, celle qu'il avait toujours connue, lui manquait terriblement. Il essayait de ne pas le montrer. De me préserver. Et moi aussi d'une certaine façon.

Parfois, il était étouffant.

Il avait peur que je disparaisse, qu'on me fasse encore du mal. Alors, il y avait toujours quelqu'un avec moi.

Il voulait prendre toutes les décisions et je le laissais faire.

Je ne voulais pas qu'il soit encore plus triste.

Et c'était pesant.

— Tu as faim ?

— Un peu, mentis-je, sachant que ça lui ferait plaisir d'entendre ça.

Qu'il avait besoin d'un peu de ça pour se dire que je n'étais pas complètement cassée.

Manger, sourire, parler un peu ; je pouvais le faire.

— Tu me rejoins en bas ?

J'opinai. Je reçus un baiser sur la tempe et il disparut, laissant la porte ouverte. Je restai un peu, pressée contre la lycan, avant de passer à la salle de bain pour enfiler une tunique bleue avec un collant opaque, malgré qu'il fasse déjà chaud. Je brossai mes cheveux et retrouvai la lycan derrière la porte, attendant.

Avant, Evy n'aurait jamais eu le droit d'être ici. Papa m'avait expliqué que sa vie était dans la forêt et qu'elle ne la quitterait jamais. Pourtant aujourd'hui, elle était là, allant et venant comme elle le souhaitait et j'avais pris conscience que si tout le monde, ou presque, la connaissait en tant que lycan, personne ne l'avait jamais vu sous sa forme humaine.

D'après papa, il n'y avait rien d'humain dans ma tata. C'était une lycan qui se partageait deux formes et qui ne pouvaient pas ressentir comme nous.

Evy ne rapporterait jamais ce qu'elle entendait de Joshua et moi. C'était une tombe. Et au-delà de ça, avec Abel, elle était la seule à accepter tout de moi. Tout ce que j'étais maintenant sans se tourner perpétuellement vers le passé.

Nous retrouvâmes papa dans la cuisine, faisant sauter un pancake. Un thé fumant m'attendait sur le comptoir et je me hissai sur le tabouret, les cheveux encore humides. D'après l'odeur, c'était celui de Siobhane. Je fourrai mon nez au-dessus et humai avec plaisir.

Papa glissa une assiette recouverte de pancakes dans ma direction et je regardai le tout sans aucun appétit. Pour autant, il fallait que je mange. J'attrapai mes différentes boites de médicaments et consciencieusement, les gobai les uns après les autres sous le regard attentif de papa, qui attendait surtout que je mange.

Abel était un peu pareil, même s'il abandonnait plus vite. D'habitude c'était avec lui que je passai ma matinée, avant de m'occuper l'après-midi. Souvent avec Lilibeth. Je suivais des cours avec elle. J'étais une Earhja de type physique et pour ça je devais suivre un entraînement bien particulier.

Je ne participais plus à l'entraînement des cadets depuis mon retour.

Je ne faisais plus grand-chose depuis ce moment-là de toute façon. Abel disait que tant que je ne devenais pas rachitique, ça irait. J'avais encore de la marge d'après lui.

J'aspergeai mon pancake de sirop d'érable et le mangeai entièrement, prenant mon temps, la lycan à mes pieds, la bouche de papa caché derrière sa tasse à café.

Mes envies d'université me semblaient bien loin.

Je ne me sentais même pas capable de sortir toute seule du Fief, alors...

— Ta mère est là, grogna papa au moment où la porte d'entrée claquait.

Je me tournai pour voir cette dernière débarquer, un chapeau sur la tête et sa peau hâlée par le soleil. C'était une belle femme à qui je ne ressemblais pas tellement. Je tenais plus de papa. Et surtout de tante Evy. Le côté Archeon donc.

— Bonjour ma chérie ! Enfin debout ?

Elle voulut s'approcher pour m'embrasser, mais la lycan gronda suffisamment fort pour l'inquiéter. Jusqu'à il y a peu, maman n'avait jamais eu vent que papa puisse avoir une sœur. C'était donc devenu une énième raison de pourquoi elle détestait papa, ça et le fait que c'était un lycan et qu'à cause de lui, je l'étais aussi.

— Salut, m'man, grommelai-je, encore mal réveillée.

Papa appela Evy qui daigna s'éloigner pour aller se poster vers lui, son corps contre sa jambe. Ma mère put enfin m'embrasser, son odeur m'enveloppant.

Elle habitait ici depuis mon retour, il y avait trois mois. D'après ce que j'avais compris, ma disparition l'avait poussée à se faire du mal et elle avait été internée. Elle n'était plus comme avant. Ou alors c'était juste moi qui le voyais ainsi. Papa n'avait jamais dit du mal de ma mère devant moi et ce n'était pas près de changer.

Elle pépia sur tout : le temps et ses occupations. Sur le fait d'aller en ville ensemble, à l'occasion.

J'essayai de passer plus de moments avec elle. J'essayai de faire comme si toutes les années où je n'avais pas compté pour elle n'existaient pas. Mais on ne pouvait pas toujours faire semblant. Ma mère était comme elle était. Je n'en étais pas triste. J'avais l'habitude.

— Il va y avoir ce festival en ville, dit-elle, tout sourire. On devrait vraiment y aller.

Papa reposa sa tasse peut-être un peu trop brusquement.

— Ainsley, commença-t-il, très bon diplomate avec elle.

Cette dernière l'ignora copieusement.

— Tu pourrais mettre la belle robe que je t'aie achetée l'année dernière, tu sais celle avec–

— Ainsley !

Cette fois, le ton de papa fut sans appel. Ma mère fit la moue et le fusilla du regard.

— Quoi encore ? Tu ne vas pas pouvoir la garder tout le temps avec toi ici, Warren, cracha-t-elle, du venin plein la voix. C'est aussi ma fille et j'ai autant le droit de la voir que toi !

— Là n'est pas la question et tu le sais.

— Vraiment ? Arrête donc de la couver. C'est une grande fille, elle peut très bien...

Je me laissai tomber de mon tabouret et préférai les laisser se débrouiller tous les deux. Dans l'entrée, j'attrapai mes chaussures et me retrouvai sur le perron. Je me laissai tomber sur les quelques marches et enfilai mes baskets. J'attendis quelques secondes et la lycan apparut ; elle aussi n'avait pas envie de rester en pleine zone de guerre.

— On y va ?

Elle se contenta de me donner un coup de museau et je me redressai ; direction l'infirmerie. J'empruntai le petit chemin qui allait dans cette direction, Evy trottinant derrière moi.

Les baraquements de l'infirmerie étaient regroupés non loin des terrains d'entraînement, bien qu'il y ait une dépendance à ce niveau-là que Lilibeth avait réussi à faire occuper. Se trouvait aussi les salles de classe pour les plus jeunes ; surtout les enfants provenant du Fief. J'étais passée par ces bancs-là. Avec Wolfgang et Magnus.

Des ordres résonnèrent au loin. Les cadets devaient être en plein footing à cette heure. Le programme de la semaine pouvait varier selon l'envie des instructeurs, c'est-à-dire Abel, Calder et Mathias qui n'était pas un Ritter de papa, mais qui officiait ici depuis des décennies. À travers les arbres, je vis des ombres et ne reconnus pas Joshua. Les journées sans lui étaient longues. Trop longues.

Un panneau devant moi indiquait les différentes directions. Je tournai à gauche, direction l'infirmerie et Lilibeth lorsque quelqu'un surgit.

Wolfgang.

J'avais vu les photos sur mon mur. Dans mon album photo. Lui, Magnus et moi. Tout le temps, n'importe quand, n'importe où. Des centaines et des centaines de clichés.

Il y avait des souvenirs. Bien sûr. Mais là encore, je savais que ça ne leur suffirait pas.

Il était en nage, son t-shirt passé dans l'élastique de son pantalon, son torse luisant de transpiration. Depuis combien de temps Mathias les faisaient-ils courir ?

— Je me suis faufilé quand je t'ai vue, souffla-t-il. Je voulais voir comment tu allais.

Ma peau commença à me picoter. Quand Joshua était là, c'était facile d'être avec quelqu'un d'autre, mais quand j'étais toute seule...

Wolfgang se racla la gorge et sautilla d'un pied sur l'autre.

— Alors, tu... tout va bien, hein ?

Il semblait gêné. Par ma distance ? Par qui j'étais ? Ou plutôt qui je n'étais plus ?

— Ça va, murmurai-je.

— Magnus est un idiot. Mais il ne voulait pas mal agir, alors...

Il frotta le bout de son pied. Le regarda puis releva les yeux vers mon visage.

— Désolé.

— Pourquoi ?

Ça m'échappa. Je ne comprenais pas pour Wolfgang s'excusait pour le comportement d'un autre. Après tout, ce n'était pas lui qui avait déclenché tout ça, ce n'était pas lui qui s'était battu avec Joshua, alors...

Il haussa les épaules :

— Je me sens désolé pour lui. Pour toi. Pour... nous, en fait. Je... tu sais, je veux être plus fort pour pouvoir... te protéger. Pour plus jamais qu'il t'arrive du mal et...

Mon cœur loupa un battement. Wolfgang rougit ; il vira carrément au rouge cramoisi.

— On a toujours été ensemble tous les trois. Magnus et moi, on a échoué.

Je reculai. J'avais l'impression d'avoir reçu un coup de poing en plein ventre.

— Je dois... je dois y aller, lâchai-je à toute vitesse, avant de lui tourner le dos et de prendre la fuite.

Je marchai vite et faillis m'étaler plus d'une fois.

Je n'arrivai pas à contrôler ma vie, quel qu'en soit l'aspect. Et je comprenais que j'avais emporté trop de gens avec moi.

Malgré moi.

Papa se sentait coupable et se sentirait toute sa vie coupable de ma disparition.

Elisheva ne savait plus qui j'étais et ne pouvait plus le supporter.

Yuri s'en voulait d'être le dernier à m'avoir vue au mariage et me parlait à peine.

Maze était partie parce que papa n'avait pas supporté ma disparition et qu'il l'avait repoussé. Elle avait quitté le pays. Loin de nous.

Maman avait essayé de se suicider.

Magnus avait pété un plomb et Wolfgang avait décidé de choisir une voie dont il n'avait jamais forcément voulu.

Raphaël avait préféré s'occuper de moi que de passer le peu de temps qui lui restait avec sa famille.

Est-ce que j'avais voulu avoir cette emprise sur les gens ? Qui... qui pouvait souhaiter une telle chose ?!

— Gamine ?

Dom se tenait dans l'encadrement de la porte, la tête légèrement penchée, me fixant. Il avait suivi Lilibeth et Joshua ici. Avait été incapable de les laisser partir.

— Ça va ?

Je secouai la tête. Une main se posa sur le bras de Dom et le repoussa. Lilibeth ouvrit simplement ses bras, sans un mot.

Et je m'y précipitai. 


🐺  🥀  🐺



Nous revoilà pour ce début de semaine comme promis ! Un week-end bien enrhumé pour moi et je survis difficilement aujourd'hui, mais bon encore une semaine et je suis en vacances (pas ada alors chuuuuut 🤫)

Une Hachi dans un bien piteux état après l'intervention de Magnus 😱 il a vraiment merdé sur ce coup et je pense qu'il risque de s'en mordre les doigts 🙊 m'enfin ! Après ça on se coltine la mère qui aurait donc fait un séjour en HP après avoir cru sa fille morte... Ainsley a-t-elle changée pour autant ? 😬 Rien n'est moins sûr !


On se dit a vendredi, ou plus tôt dans les commentaires ❤️ des bisous 😘

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