49 | Ashika

Je tremblai, les bras enroulés autour de ma tête. Ma respiration, sifflante, risquait d'attirer l'attention. Il fallait que je me calme. Que je garde la maîtrise de moi-même. Je ne sentais plus le poids du talkie dans ma poche ; j'avais dû le faire tomber plus tôt. Derrière mes paupières closes, je revoyais le moment où l'homme avait tiré sa lame, venant droit sur moi avec son compagnon. Son regard derrière son maquillage.

Ils étaient là pour me tuer.

Je tirai sur mes cheveux, très fort, et j'entendis le couinement d'Evy. Je fermai mes yeux très fort, pinçai mes lèvres.

Resté cacher. Attendre. J'avais mal à la poitrine, me sentant oppressée et tirailler. La peur avait remplacé le sang dans mes veines et maintenant, c'était ça qui gonflait mon cœur, qui irriguait mon cerveau.

Ça pulsait. Sourdement, me donnant mal derrière mes tempes.

J'étais incapable de bouger. Pourtant... pourtant je m'étais juré que plus jamais je ne me laisserais faire. Une promesse faite dans la quiétude d'un foyer. Loin de tous les dangers.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi alors que j'avais cru que je pourrais aller mieux ? Que tout doucement, je laissais mes maux dans mon dos pour me tourner vers l'avenir ?

Les larmes débordaient de mes yeux, noyant ma bouche, glissant sur mes lèvres. Je devais garder ces dernières closes, sous peine de crier. Sous peine de trahir ma cachette.

J'étais incapable de bouger. De penser. De respirer.

J'aurais voulu rester avec Evy, me cramponner à elle.

Encore et encore.

La tenir si fort que mes os en auraient eu mal. Mais elle avait lâché ma main. Pour me protéger. Pour aller se battre, parce que c'est ce qu'elle savait faire.

Elle traquait, trouvait et tuait.

Evy. Est-ce qu'elle allait bien ? Est-ce qu'elle allait mourir à cause de moi ?

L'espace d'un instant, je crus entendre mon prénom hurler dans les bois. Ça venait de quelque part. Mais d'où ? Je redressai le haut de mon corps. Écoutai, concentrée. Je devais être sûre. Sûre de ne pas avoir rêvé. Je voulais que ce soit réel.

Je voulais croire qu'il n'y avait pas qu'Evy et moi.

Un nouveau cri.

Papa. C'était papa ?

Les branches me claquèrent au visage, me faisant grimacer. Je réussis à m'extirper de ma cachette.

Papa arrivait. Il n'était pas loin, hein ? Je me redressai entièrement et un bruit derrière moi m'alerta. Je fis volte-face et la lame fendit l'air avant de se planter dans l'arbre juste derrière moi. Une vive brûlure me fit porter la main à mon cou. Du sang. Et une profonde entaille qui aurait pu... qui aurait pu atteindre ma carotide.

L'homme cracha par terre et s'élança sur moi. Cette fois, je ne restais pas sans rien faire.

Cette fois, je détalai comme la proie que j'étais, sans oublier d'attraper le couteau au passage. Mes muscles chauffèrent vite et ne contrôlant pas ma respiration, je fus vite à bout de souffle, une douleur au niveau du rein droit. Point de côté.

Je contournai un arbre, évitai une grosse branche, heurtai un tronc et roulai au sol. Je sautai sur mes pieds à une vitesse surhumaine, la voix de Todd dans ma tête, résonnant très fort.

Du mouvement sur ma périphérie me fit comprendre qu'un autre homme me poursuivait. Ils étaient deux.

Ne panique pas. Ne panique pas. Nepaniquepas.

— Je te tiens !

Il me manqua de peu. Sans réfléchir, oubliant ma peur, je me retournai et lui fichai la lame en plein dans l'omoplate. Il hurla, de douleur ou de colère, et agrippa mes cheveux pour tirer violemment dessus.

Non. Non. NON !

L'adrénaline prit le dessus. Mes dents se refermèrent sur la gorge de l'homme et je tirai, cherchant à lui arracher un morceau. Son genou s'écrasa contre mon ventre, me forçant à le relâcher. Un haut-le-cœur me secoua et je faillis vomir, du sang plein la bouche, maculant mes joues et ma gorge. Je le laissai au sol et réussi à me dresser sur mes jambes.

Je tremblai. Un sanglot était coincé dans ma gorge, pernicieux.

Je ne savais pas comment j'arrivai encore à courir. Mais mon corps semblait savoir où il allait. Mes jambes me portaient. Droit devant moi.

Droit devant mo–

Mes pieds quittèrent la terre ferme et battirent l'air quelques secondes. Mes yeux s'écarquillèrent et je cherchai à atteindre de mes ongles la main qui venait de se refermer sur moi. Mon talon toucha un truc et je tombai lourdement au sol. Je me mis à ramper, ne parvenant plus à respirer. Tout était flou.

Tout était...

Une main agrippant ma cheville.

— Ça sert à rien, gamine. Je vais te saigner comme un animal. T'entends ?

Ma bouche s'ouvrit. Et je crois que mon cœur cessa de battre.

Je haletai. Je cherchai mon souffle.

Je voulais pas mourir ici.

Je voulais pas mourir ici.

— Non ! Non ! Lâ-lâcher moi ! LÂCHEZ-MOI !!!!!!!!!!

J'voulais pas que papa...

— ASHIKA !

— PAPA ! me mis-je à hurler. PAPAAAAA !!!! 

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