48 | Evy
La lame m'effleura, faisant s'envoler quelques poils. Mes dents claquèrent et mon corps se tendit. Le goût du sang embrumait mon esprit et des gouttes avaient glissé sur mon pelage. Je me tenais entre l'humain et le louveteau. Le cadavre du premier intrus nourrissait déjà la terre de ses fluides. Aucun des deux ne toucherait au louveteau.
L'homme décrivit un grand mouvement et je grognai, bondissant avant de m'arrêter pour lui faire peur. Pour commencer à fleurer sa trouille.
Nous étions les chasseurs nous autres lycans et eux, humains, n'étaient que des proies desquelles nous nous nourrissions. La loi de la nature.
L'homme fondit sur moi et la lame m'entailla toute la patte avant que mes crocs ne se refermèrent sur son visage. Ses hurlements explosèrent, ainsi que l'hémoglobine et la pression de ma mâchoire fracassa sa boite crânienne.
Un craquement.
Je me reculai et m'ébrouai. Mon corps Changea dans le même mouvement et je me retournai pour agripper le bras du louveteau.
— Debout.
Ils étaient là pour elle.
Douze odeurs distinctes, habilement camouflées, mais pas suffisamment pour moi.
Je traquais, je trouvais, je tuais.
Et c'est exactement ce que j'allais faire. Dès que je l'aurais mis en sureté.
— P-pardon, je-je ne s-suis pas re-restée à la maison. Je... Lili, est-ce que Lili va–
— C'est pour toi qu'ils sont là, grognai-je avant de cracher par terre dans une tentative de me rincer la bouche.
Hachi garda le silence. Elle me laissa la tirer, nous éloignant des deux cadavres qui attireraient bien assez vite les charognards. Ou les autres animaux affamés. Et ça n'en manquait pas dans le coin.
Plus d'une fois je dus la retenir pour ne pas qu'elle tombe.
— P-pa-pa va s'inquiéter. Il faut que je-je... Evy.
Le louveteau m'arracha son bras et se pencha en avant pour vomir, blanche. Trop blanche. Elle s'essuya le coin de la bouche et me regarda.
— Qu'est-ce que-que j'ai fait de mal, hein ?
Ren aurait pu lui répondre. Abel aussi. Mais pas moi. Je devais partir chasser. Tout mon être me le hurlait. Un chant entêtant. Qui me faisait tourner la tête.
— Il faut te cacher.
— Evy, j'veux pas. J'veux pas.
Je ne l'écoutai pas. La peur parlait pour elle. Il fallait qu'elle l'ignore. Qu'elle se concentre sur un objectif.
J'allais la cacher. Et tuer ces fils de chiens. Les uns après les autres. La douleur à ma cuisse pulsait et du liquide chaud coulait. Mes yeux avisèrent un gros fourré, bien fourni. Avec des baies.
L'alarme retentit une deuxième fois dans tout le Fief.
J'attrapai les joues du louveteau entre mes paumes.
— Tu vas rester caché. Et attendre que je vienne te chercher. D'accord ?
— Evy... Evy...
Ses ongles s'enfoncèrent dans ma chair et sa peur me heurta de plein fouet. Je grognai, mécontente. Le louveteau ne devait pas être terrorisé. Ce n'était pas bon.
— Cache-toi !
Elle le fit, rampant sous l'arbuste et cessant de bouger. Si on ne regardait pas de trop près, on ne la voyait pas. Tant mieux.
— Je reviens te chercher.
Je détalai, de nouveau sous forme animale. Je savais que Warren ne tarderait pas, tout comme les autres, alertés par mon cri et par l'alarme qui avait par deux fois résonné.
Je ne devais pas trop m'éloigner, pour continuer à entendre battre son cœur, pour savoir qu'elle allait bien.
Il n'en restait que dix. Je devais être méthodique et ne pas me laisser–
Je vis le câble tirer presque trop tard. Sortant mes griffes, j'opérai un freinage d'urgence et mon corps s'arrêta à moins de deux centimètres du fil.
Bordel. C'était quoi ça ?
Une ombre derrière moi. Et la douleur explosant dans mon flanc.
Ils n'avaient que des armes blanches. Pour ne pas faire de bruit. Pour ne pas attirer l'attention.
Ils étaient là pour tuer.
Pour tuer le louveteau.
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