29 | Abel


« I get so high, oh

Every time, yeah every time you're lovin' me

You're lovin' me

Trip of my life, oh

Every time, yeah every time you're touchin' me

You're touchin' me »


Taylor Swift – Don't blame me.



J'aurais dû rester au Fief. Je n'aurais pas dû me mêler à tout ça. Je n'aurais jamais dû suivre Evy jusqu'ici. Je ne savais pas vraiment ce qui m'avait poussé à la suivre, dans ma voiture, puis sous ma forme de lycan, avant de disparaître à ses yeux pour rester en attente.

Elle n'avait pas été suivie que par moi. Le deuxième jour, des hommes étaient arrivés dans le quartier. Je les avais repérés, mais eux ne m'avaient pas vu. Ils avaient dû être au courant des mouvements d'Evy, sinon comment ?

J'avais tenu jusqu'à entendre ce bordel à l'intérieur de la maison. J'avais écouté Evy torturer cette femme, puis tuer le bébé. La partie la plus sombre de moi s'était repue des sensations que ça avait éveillées en moi. Bien sûr que j'étais un psychopathe. Ce n'était pas parce que je vivais entouré de belles personnes que j'en étais une moi-même. Peut-être était-ce la raison pour laquelle cette femme me correspondait. Peut-être était-ce la raison pour laquelle je l'avais suivie.

Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle était mon Anchor.

Je ne pouvais pas le savoir. Actuellement, j'étais dans un déni complet, mais une peur me rongeait les entrailles. Et si elle ne le sentait pas ? Et si sa lycan ne me voyait que comme n'importe quel lycan ?

Je déglutis et bondis hors de la voiture. Je jetai un coup d'œil rapide dans la rue avant d'entendre une première détonation. La suivante arriva vite, seulement quelques secondes après.

J'étais déjà à l'intérieur brisant la nuque du premier homme. Je ne posais pas de questions, je tuais efficacement. Ceux-là ne pourraient pas nous fournir plus d'informations. Celle que Mickael Simons avait donnée à Evy était largement suffisante.

J'esquivai le poing du premier homme puis me jetai sur le second. Je les tuai là, en quelques secondes, parmi la fumée qui s'était amoncelée ici.

Je contournai la table qui était l'abri de la lycan et posai ma main sur son épaule. Elle sursauta, prête à me frapper, puis me reconnut et perdit sa position d'attaque. Elle pressait une de ses blessures au ventre. L'autre avait touché la jambe, je crois bien.

— Co-comment t'es arrivé là ? souffla Evy.

Puis ses yeux roulèrent dans ses orbites. Et merde.

Je me redressai en entendant déjà l'alarme des flics retentirent. Les copains arrivaient ! C'était le moment de disparaître donc.

Je basculai Evy sur mon épaule et me faufilai dehors, ne jetant pas un dernier regard aux corps qui jonchaient le sol. Je réussis à déposer Evy dans la voiture, mais elle perdait beaucoup de sang. Pas le temps pour l'instant. Je grognai et me jetai derrière le volant pour démarrer le plus calmement possible. Quand je traversais la troisième rue, les flics me coupèrent la route et je dus freiner comme un idiot. Les sirènes m'aveuglèrent un instant puis disparurent pour aller rejoindre la maison de Mickael Simons.

Je dénouai mes doigts du volant, ne voulant pas le briser. Il fallait que je me calme. Il fallait que je respire et que je soigne cette idiote de lycan.

Je trouvai assez rapidement un hôtel. J'enroulai le ventre d'Evy dans un vieux t-shirt qui se baladait dans ma voiture et la soulevai dans mes bras. Elle était légère, mais son corps était ferme et puissant. Comme elle portait encore quelques vêtements, je pus m'aventurer rapidement dans les petits couloirs de l'hôtel un peu miteux que j'avais trouvé. Au moins, ils ne poseraient pas de questions.

J'ouvris la porte avec quelques grognements et la refermai en claquant du pied. J'allongeai Evy sur le lit et laissai tomber le petit sac que j'avais pris. On avait toujours des trousses de premier secours dans nos bagnoles et visiblement, il allait falloir que j'utilise mon stock sur cette maudite lycan qui se croyait imperméable aux balles.

Je lui arrachai les lambeaux de son t-shirt et lui virai son pantalon pour tâter la blessure de sa cuisse. Moins grave. J'enroulai quand même une bande par-dessus le temps qu'elle guérisse pour qu'elle ne pisse pas le sang sur le lit.

J'eus à peine le temps de sentir sa main se refermer sur la crosse de mon flingue, dans mon dos. Elle le tira brusquement et m'agrippa les cheveux avant de me pointer avec l'arme.

_ Evy, dis-je d'une voix aussi grave que possible. Calme-toi. C'est moi.

Je tournai lentement mon visage vers elle. Son visage était froid et distant. Son regard n'habitait aucune vie. Cela me donna autant envie de la baiser que de lui rappeler qui j'étais. Je vis le moment où l'animal me reconnut. J'avais vu ses narines frémirent. Elle avait fait confiance à son odorat, cela voulait dire qu'elle connaissait très bien mon odeur. Lentement son visage perdit un peu de couleurs et sa pâleur m'inquiéta.

Elle relâcha lentement mes cheveux et détourna le flingue. Je le repris avec des gestes lents tandis qu'elle se rallongeait sur le lit en tenant son flanc à deux mains. Elle perdait beaucoup de sang.

_ Tu te soignes pas comme nous, hein ? grognai-je.

Elle secoua la tête, le visage livide. Je tirai une bande stérile et la roulai en boule pour la compresser sur la plaie. Il fallait au moins que je ralentisse le flot de sang avant de vouloir recoudre. Je posai un genou sur le lit et compressai le flanc de la lycan. Sa main s'agrippa à mon t-shirt et tira dessus quand j'insistai sur sa compression. Elle souffla fort avant de river son regard au mien.

_ Tu... tu étais là ? haleta-t-elle.

Je hochai la tête.

_ Tu as ... entendu ? insista-t-elle en tirant sur mon t-shirt.

_ Ouais. J'ai tout entendu beauté. Et c'est pas du joli. Arrête de gigoter, il faut que je regarde si je peux recoudre.

_ Il faut le dire à Ren, gronda la lycan.

Je lui grognai dessus, mon nez contre le sien, mon regard plongé dans le sien.

_ Je donne les ordres à partir de maintenant, crachai-je. Et quand je te dis de ne pas bouger, tu ne. Bouges. Pas.

J'articulai mes derniers mots, sentant mon lycan à fleur de peau et intenable. Tuer les trois hommes qui avaient blessé celle qu'il considérait comme sa priorité l'avait fait vriller. Heureusement que j'avais été à bonne école et que je pouvais le contenir pour l'instant.

Le corps d'Evy s'immobilisa lentement et elle cessa de se trémousser pour s'écarter de ma prise.

Lentement, je soulevai la bande. Un petit flot s'écoulait encore de la plaie, mais pas assez pour obstruer mon champ d'opération. J'essuyai les derniers écoulements, ne relevant pas les frissons d'Evy.

Je mis à rude épreuve les nerfs de la lycan en retirant la balle avec une pince à épiler assez longue pour plonger là-dedans. Heureusement pour moi, la balle n'était pas allée loin et je n'avais pas du trifouiller dans les organes d'Evy.

_ Il faut recoudre le temps que tu guérisses, marmonnai-je en suivant de mon doigt le trou de la plaie.

Je virai mon t-shirt et le lui tendis.

_ Mords là-dedans. Je voudrais pas qu'on t'entende.

Ses lèvres se retroussèrent sur ses dents dans un semblant de feulement et je ris. Je m'aspergeai les mains de désinfectant et observai le peu d'instruments que j'avais alignés. C'était parti pour faire des points de suture. Je levai l'aiguille où j'avais passé un fil et me penchai sur Evy.

Elle respirait vite et fort ce qui m'empêchait de vraiment commencer les points. Je posai mon regard sur elle et vit qu'elle luttait contre sa peur que je lui fasse du mal. Du moins, contre la sensation de danger que je lui inspirais.

Bon. Il fallait la jouer comme avec un animal. Comme un animal. Je savais faire.

Je pris une profonde inspiration et laissai lentement mon lycan grimper dans mes membres. Mes dents me firent mal, comme si elle commençait à changer, ce n'était pas le moment, bon sang. Mes yeux durent luire dans l'obscurité relative de la chambre d'hôtel, car Evy grogna.

Mon lycan garda l'aiguille dans une main, mais de l'autre saisit les cheveux de la lycan et étira son cou pour le dénuder et le mettre à notre disposition. Sous la peau blanche d'Evy, le sang battait là, dans la veine. Mon lycan se pencha un peu plus et lécha toute cette partie extrêmement vulnérable de l'animal sous nous.

_ À moi, gronda mon lycan, possessif.

Il se redressa très légèrement, juste assez pour aller mordre l'oreille d'Evy. Assez fort pour la faire couiner, mais pas assez pour faire couler le sang. Il le ferait si elle ne lui faisait pas confiance. Il resserra sa prise sur les cheveux de la lycan et tira un peu plus dessus. Elle émit un léger couinement quand le lycan embrassa sa nuque, puis l'endroit où il avait mordu l'oreille. L'animal en face de nous se détendit, visiblement concentré sur la prise de ses cheveux plus que sur l'aiguille. Notre contact rude sembla la pousser à se soumettre légèrement, juste assez pour qu'elle accepte ma position de dominance tandis qu'elle était blessée.

Je passai notre pouce sur son menton, puis sur ses lèvres et claquai un baiser dur dessus.

_ Je te protège, ajoutai-je d'une voix peu humaine.

Elle hocha la tête et sa prise sur mon bras se fit moins fort. Je me reculai, satisfait et me penchai sur son ventre. Le sang avait cessé de couler, hormis si elle bougeait trop.

Elle mordit dans mon t-shirt et poussa un très léger son quand je joignis les deux bords de la blessure. Je piquai une première fois la peau, puis le deuxième point fut terminé. Je l'avais déjà fait de nombreuses fois et Evy fut si immobile durant mon travail que je pus le faire rapidement. Je fis un dernier nœud après avoir fait une dizaine de points de suture et coupai le surplus de fil. J'essuyai la zone sensible et mis un pansement par-dessus. Si mes calculs étaient bons, d'ici demain soir je pourrais les lui enlever. Elle aurait eu une meute quelconque derrière elle, j'aurais retiré les points cinq à six heures après les avoir posé, mais là il fallait voir large.

Je m'occupai de sa cuisse tant qu'elle était encore calme et stable. J'aurais pu lui demander de changer sous son autrement forme, mais ça n'aurait fait qu'accélérer le flux de sang et je n'aurais pas pu recoudre. Pour le coup, on allait gérer comme ça. La blessure sur sa cuisse était plus petite et la balle ayant déjà été sortie, j'avais pu faire les points rapidement.

_ Tu ne peux pas changer tu comprends ça ? dis-je en jetant mes instruments et mes déchets.

Je posai mon regard sur elle. Étendue sur le lit, complètement nue, elle était encore un peu pâle, mais semblait reprendre pied. Elle hocha la tête deux fois. Je lui tendis mes mains et elle les regarda avec méfiance.

Mon lycan feula et elle les prit enfin. Je l'aidai à se lever lentement et à tester sa jambe. Elle était un peu pliée en deux, mais je pense que ça allait bien tenir jusqu'à demain soir.

_ Tu n'arrêtes pas les balles, Evy, soupirai-je. Esquive la prochaine fois.

_ Je le ferais, acquiesça-t-elle.

Je jetai un coup d'œil à la salle de bain riquiqui derrière nous. Moi je voulais vraiment prendre une douche, mais je ne savais pas si laisser Evy dans cet état et toute seule allait de pair. Vous auriez pu me dire qu'elle s'était débrouillée sans moi jusque-là et Warren aurait été d'accord avec vous, j'en suis sûr. Mais merde, je ne voulais pas le faire.

_ Une douche ? lui demandai-je.

Elle plongea son regard dans le mien et je sentis ses deux mains presser les miennes. Elle finit par hocher la tête, testant la marche avec deux blessures graves. Elle s'en sortit plutôt bien. Bon, j'étais aussi conscient qu'avec un passé comme le sien et une formation de Godi, elle avait dû en voir de toutes les couleurs et la douleur était devenue un état d'esprit pour elle.

Elle lâcha mes mains et se mit à claudiquer jusqu'à la douche. Étant déjà nue, elle poussa la porte et se faufila dedans. Je retirai mon pantalon plein de sang et le balançai vers la poubelle. Il allait falloir que je nous fasse livrer des vêtements. Se balader à poil c'était bien, mais avec Evy dans les parages c'était dangereux. Ma conversation avec Maze me retournait encore la tête (et le bide), mais je savais qu'il y avait un très gros fond de vérité.

J'ouvris la porte de la douche et restai figé un instant. La buée voilait le corps d'Evy, mais j'apercevais plus de cicatrices que je n'en avais déjà repérées. Je serrai mes poings pour me retenir de la toucher. C'était bien trop tentant.

L'histoire d'Evy se déroulait sous mes yeux, là une boursouflure, là une cicatrice qui avait laissé une trace blanche. Là, une marque que je reconnaissais comme celle du feu, car j'en avais une semblable et au même endroit. Ce n'était pas pour rien que Warren avait été mis sur mon chemin. Et j'avais beau le détester en ce moment, il restait mon salut dans cette vie. Et si sa sœur était ma rédemption ?

Je sentis mon lycan impulser mon mouvement avant de sentir l'eau contre mon torse en des gouttes froides. Mon érection frôla les fesses d'Evy qui ne sursauta même pas. Mes doigts touchèrent enfin ses cicatrices. C'était comme si sa peau était de la nourriture et que je mourrais de faim. J'aurais voulu me frotter contre, lécher toutes les gouttes d'eau qui se trouvaient à portée de langue, mordre tout ce que je pouvais prendre entre mes dents.

Evy était blessée. Voilà ce que je me répétais en sentant ses fesses contre mon sexe. Mon torse se pressa un instant contre son dos quand je fermai la porte puis un léger écart se forma entre nous.

Je me penchai, mon nez contre son épaule droite. J'enroulai un de mes bras sur son flanc gauche, là où elle n'était pas blessée. Elle recula d'un pas, pressa tout l'arrière de son corps contre le devant du mien. Je retins mon souffle et elle pivota, basculant son poids sur la jambe où elle n'était pas blessée. Elle se lova lentement contre mon torse et je terminai de l'abriter sous mon second bras. Son crâne était pressé contre mon cou, ses lèvres glissant sur le devant de mon épaule.

_ Tu es en sécurité avec moi, murmurai-je sous le bruit de l'eau.

_ Vraiment ? souffla Evy en relevant son regard vers moi.

Ma main se posa sur sa joue.

Je me penchai vers sa bouche et plongeai ma langue dedans, sans lui demander son avis. Elle m'accueillit avec un léger bruit et me laissa faire jusqu'à ce que je me recule lentement.

Sa bouche encore légèrement ouverte, elle me regarda à travers ses cils. Je pris la petite bouteille de gel douche et en fit tomber sur mes mains. Je les frottai avant de m'attaquer au corps d'Evy. Je passai lentement sur les endroits sensibles, mais les pansements protégeaient bien les cicatrices. Je glissai ma main entre ses jambes et levai mon regard vers elle. Sa main se referma sur mes cheveux et je grognai en frottant mon nez contre son pubis. Je lavai son sexe pendant plusieurs secondes où elle agita ses hanches non loin de mon nez puis je remontai mes mains vers son ventre.

J'embrassai discrètement le pansement que j'avais mis là puis je lavai ses seins, lentement avec des gestes plus doux. Je n'avais jamais touché Evy de cette façon. J'arrêtai de jouer avec ses tétons quand elle émit un petit bruit de gorge. Je nettoyai ses bras, ses épaules, ses aisselles et son cou. Je terminai par son dos en la faisant pivoter, puis me collai contre elle, ma bouche contre son oreille.

_ Tu aimes ça, Evy ? 


* * *


Nous revoilà du point de vue d'Abel et laissez-moi vous dire qu'il n'est pas franchement content du comportement de son Anchor, AHEUM XD

Et je vous donne une petite anecdote qui me fascine, mais Ada, pour écrire de beaux mâles en puissance type Abel ou Warren, bah elle écoute du Taylor Swift... moi je sais pas ça me fait ressentir quoi de savoir ça xD

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