28 | Evy ⚠️

"Quand tout ce que vous aimez vous a été pris,

il ne reste que la vengeance."

Revenge.

J'avais mis des jours à arriver ici, ayant quitté le Fief à la faveur de la nuit, mes pattes me permettant d'avaler les kilomètres à toute vitesse. J'étais tapi dans les fourrées, observant la maison et ce qui se passait derrière les fenêtres. Les odeurs étaient désagréables et l'animal que j'étais n'aimait pas. Je n'arrêtai pas de secouer ma truffe, retenant un éternuement. Tout était très calme dans ce quartier, un peu trop. Exactement ce qu'avait recherché ma proie. Un endroit où il n'y avait quasiment que des humains, pour se fondre dans la masse. Nous étions dans un quartier pavillonnaire ; chaque bâtisse ressemblait à sa voisine et les jardins étaient parfaitement entretenus. Tout le monde voulait ressembler à tout le monde. Cette pensée me fit gronder et mes oreilles chassèrent une mouche. Personne n'avait encore décelé ma présence. Je savais me faire discrète ; j'avais suivi l'entraînement des Godar, j'avais été l'ombre de Nokomis pendant si longtemps que je ne pourrais jamais perdre cette habitude.

Je traquais mes proies et ne leur laissait aucune porte de sortie. C'était une belle journée pour mourir.

Du mouvement derrière les rideaux. Une femme qui cherchait à apaiser un bébé. Dans mon esprit, je revis le louveteau dans les premières heures de sa vie. Mon louveteau. On lui avait fait du mal, trop de mal et aujourd'hui, quelqu'un allait payer. J'avais mis du temps à remonter la piste me menant chez Mickael Simons. Mais c'était chose faite. Il était hors de question que je laisse passer ma chance maintenant. Aucun cri ne résonnerait, pourtant, chaque personne dans cette maison allait mourir. Par ma main.

Pour mon louveteau. Mais je me devais d'être méthodique, de ne pas foncer tête baissée. J'agissais pour Warren ; j'étais son bras armé et j'agirais donc en conséquence. Il me fallait être précise. Ne laisser aucune trace de mon passage. Ren avait été clair sur ça. J'étais un fantôme du passé, un souvenir altéré. Et je devais de le rester. Le monde, sans Nokomis, n'avait pas besoin de moi. Ren et le louveteau, si. Il fallait qu'Ashika soit en sécurité. Il fallait qu'ils payent tous, sans exception. Un par un, j'allais les trouver et leur montrer ce qu'était l'horreur.

J'allais leur montrer qui j'étais. Leur faire comprendre que personne n'aurait dû toucher à mon louveteau. À cause d'eux, la lycan d'Hachi ne voulait plus se montrer. Parfois, il m'arrivait de la sentir, mais c'était alors si fugace que ça ne me semblait pas être possible. Réel.

Ce n'était pas du sang qui coulait dans mes veines, mais la vengeance. Il fallait une justice. Un équilibre.

Chaque acte devait être puni. Même Aslander finirait par payer pour Nokomis. Pour sa lâcheté. J'y veillerais. C'était une promesse.

Un serment. Comme j'avais été déçue que la Divinité Mamaragan ne lui règle pas définitivement son compte. Mais pour l'heure, je le rangeais dans un coin de ma tête et me redressai sur mes jambes, laissant tomber ma forme animale.

J'enfilai le jean que j'avais subtilisé dans une maison où la fenêtre était restée ouverte et le haut qui allait avec. Ma peau, encore à vif après le changement, protesta et je frissonnai. Je devais être présentable lorsque la femme ouvrirait la porte et me laisserait entrer. Je savais être persuasive. La force physique d'un lycan n'était qu'une partie de ses habilités. Plus un lycan était vieux et puissant et plus il pouvait imposer sa volonté sur des esprits plus faibles. Comme ceux des humains. Cette femme ne devrait pas relever un défi trop grand. L'animal que j'étais était impatient. Assoiffé et affamé.

Oui, vraiment une belle journée pour mourir.

Je traversai le jardin pieds nus, me faisant la réflexion que peut-être, c'était un peu bizarre de surgir chez quelqu'un sans chaussures, mais la femme n'aurait pas le temps de s'en apercevoir. Mon emprise serait totale. Insidieuse. Et au final, mortelle.

Une voiture passa et de l'autre côté de la route, à quelques maisons de là, une vieille femme me jeta un coup d'œil, fronçant les sourcils. Un ciel dégagé et d'un bleu limpide s'ouvrait au-dessus de nos têtes. Le temps était doux, quoiqu'un peu frais. Mais je n'avais pas froid. Je grimpai les quelques marches du perron et appuyai sur la sonnette. Le bébé ne pleurait plus. J'entendis des pas dans la maison et un souffle régulier, un cœur qui battait en rythme.

Le verrou fut défait et la porte s'ouvrit sur la femme.

Mes lèvres s'étirèrent en un fin sourire et je vis son regard se voiler très légèrement, suffisant pour que je comprenne que mon emprise fonctionnait mieux que je ne l'aurais espéré. C'était une belle femme que la grossesse avait rendue encore plus jolie. Longs cheveux d'or, visage rond et des yeux qu'on pouvait qualifier de grands yeux de biches. Elle portait beaucoup de bijoux et un parfum très léger, très floral. Ses lèvres étaient fines et quelques taches de rousseurs traçaient une constellation sur ses joues.

Son humanité, je pouvais la ressentir jusque dans mes os. Fragile. Elle l'était, oh ça oui. Comme mon louveteau. Parce qu'on l'avait brisée. On s'était insinué sous sa peau, trop profondément pour espérer l'enlever.

Ils paieraient.

Elle se recula alors, me laissant le passage. Oui, ils paieraient. Et j'allais commencer par cette femme. Qui n'avait rien demandé. Comme Ashika.

La porte se referma derrière moi. Je tournai le verrou et nous enfermai.

Un jeu malsain, un jeu macabre allait se dérouler ici. Et la tapisserie finirait recouverte de sang.

Ren était au téléphone, les pieds sur son bureau, complètement détendu. Pour le moment.

J'avais préféré attendre que la maison soit calme et presque vide pour venir. Ce que j'allais dire n'était que pour ses oreilles à lui. Je refermai la porte et il fronça les sourcils en me voyant faire. Je contournai son bureau pour venir m'accroupir à côté de son fauteuil, réclamant son attention. Ses doigts agrippèrent ma nuque qu'il serra durement, d'une pression ferme et autoritaire. Mais pleine d'amour aussi. J'écoutai à peine sa conversation, préférant savourer la chaleur de son épiderme contre le mien. Lorsqu'il raccrocha et qu'il se pencha pour remettre le téléphone sur son socle, je sentis le jeu de ses muscles sous mes doigts. Je me redressai. Lui-même se leva et alla se servir un verre d'un alcool très fort, comme il avait l'habitude de le faire lorsqu'il se retrouvait seul dans son bureau. Pour anesthésier ses pensées. Pour faire taire, pendant un moment, son inquiétude pour le louveteau. Inhiber sa colère. Apaiser sa haine.

- Je l'ai trouvé, dis-je d'une voix sourde, rendu rauque par mon récent Changement.

La tension dans ses épaules, son mouvement figé. Il ne me demanda pas de qui je parlais. Savais très bien quelle piste je suivais depuis des semaines.

Mickael Simons était enfin à portée de crocs. Il allait se faire déchiqueter. Il aurait dû quitter le pays. Fuir le plus loin possible. Mais non, l'idiot était à quelques jours du Fief, se pensant en sécurité.

Stupide humain.

Ren se tourna pour me faire face. L'expression sur son visage était aussi froide que la mienne, à la limite du bestial. L'animal en lui réclamait vengeance, réclamait le prix du sang. Ren voulait des réponses.

Il voulait comprendre qui avait fait tant de mal à son bébé. Au louveteau.

- Tu sais quoi faire, souffla-t-il.

C'était pour ça qu'il m'avait sorti des bois. Pour que je sois son ombre, comme j'avais été celle de Nokomis. Que je tue en son nom, que je commette les pires horreurs pour lui.

Pour Ashika.

- Je veux des réponses.

Sa main tremblait. C'était la première piste sérieuse depuis le retour de notre Hachi. Hors de question que je laisse filer cette chance.

- Fais-le parler.

J'y comptais bien. Il cracherait tous ses plus vilains secrets et lorsque je serais satisfaite, je prendrais sa langue comme trophée.

- Ramène-moi des informations, Evy, sinon, ne reviens pas.

L'adrénaline courue le long de ma colonne vertébrale en un frisson désagréable. Je me contentais de hocher la tête et ouvrit la porte pour quitter son bureau lorsqu'une main agrippa mon bras, m'arrêtant. J'avais perçu la présence d'Abel à l'instant où il était entré dans la maison, mais je n'aurais pas cru qu'il viendrait par ici. Avec Ren, ils avaient tendance à s'éviter comme la peste.

- Où est-ce que tu vas ?

Je me contentai de le fixer, curieuse d'entendre une sorte de colère dans sa voix.

- Abel.

La voix de Warren claqua dans l'air, emprunte de puissance et d'une dose naturelle d'autorité.

- Quoi ? Je n'ai pas le droit de demander ? Où est-ce tu l'envoies ?

- Ça ne te regarde pas, répondit Warren.

Ses paroles blessèrent l'homme qui me tenait toujours. Je le vis sur son visage, dans la contraction même de sa mâchoire.

- Ça ne... me regarde pas ? souffla Abel. Vraiment ? Tu envoies ta sœur tuer des gens dans ta quête de vengeance, ne crois pas que je n'ai rien entendu. Et quoi ? Si c'est elle qui se salit les mains à ta place, tu n'aurais rien à te reprocher ? Tu pourras regarder Maze dans les yeux sans aucun remord ?

Je forçai Abel à me lâcher et le repoussai d'une simple pression de la main.

- C'est pour le louveteau, grognai-je. Pour le louveteau.

Il eut un rire de dédain.

- Laissez-moi rire. Si Hachi savait ce qui se tramait ici, elle vous haïrait tous les deux.

- Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, cracha Warren.

- Qu'est-ce que ça changera quand vous aurez trouvé et tué tous les responsables ? Hein ? Qu'est-ce que ça changera pour Hachi ?

Je lui montrai les dents, n'ayant pas de temps pour ce genre de considération. Je protégeais le louveteau. Et continuerais de le faire. Abel sembla dégouté et cette fois, quand je m'éloignai, il ne me retint pas.

Elle pleurait. De la morve coulait de son nez et chaque centimètre de son corps chétif tremblait. Elle n'avait pas crié. Ni hurlé. En fait, elle n'avait rien dit. Subissant en silence, pensant protéger son bébé en agissant de la sorte. Je saluai cette force de caractère et de détermination, surtout dans un moment aussi douloureux pour elle. Parfois, les humains arrivaient à me surprendre. Parfois, je me rappelais qu'ils étaient capables d'être autre chose que des proies pour nous.

Dans sa chaise, elle se tenait bien droite, les mains épinglées à la table par deux couteaux, que j'avais profondément enfoncés dans sa chair, pour être sûre qu'elle n'essaye pas de s'enfuir, ou de simplement bouger. Son sang tachait le sol, contrastant terriblement sur le sol immaculé jusqu'alors. Je n'avais pas pris la peine de la bâillonner, trouvant intéressant de pouvoir discuter avec elle. Quelque part, j'aurais aimé qu'elle me supplie, mais je crois qu'elle avait compris que la sécurité de son enfant dépendait en grande partie d'elle. Du moins je lui laissais croire.

Dans la maison, tout était très bien rangé ; chaque chose ayant une place précise. La pièce à vivre était chaleureuse, pleine de vie et de couleurs. Un côté apaisant.

Je jetai un coup d'œil à la pendule.

- Votre mari a séquestré mon louveteau. Pendant des semaines. Peut-être même qu'il l'a violée.

Elle secoua la tête. Ce n'était pas juste qu'elle ne voulait pas le croire, mais qu'elle ne le pouvait pas. Et il y avait une grande différence entre les deux. Comment croire que votre mari, le père de votre enfant, puisse perpétrer une telle ignominie ?

Le monde était peuplé de monstre.

- V-vou-vous trom-tromp-pez. Il... non, non, non.

Elle le répéta. Elle pleura. Sanglota. Humer sa terreur était délectable pour moi. Et lorsque les pleurs du bébé résonnèrent dans la maison, elle écarquilla les yeux.

Allait-elle commencer à supplier maintenant ?

- Je l'ai entendu hurler, dis-je en fermant les yeux et en revoyant les images de la vidéo. Je l'ai entendu appeler son père, jusqu'à ce que sa voix se brise et qu'elle s'enferme à l'intérieur d'elle-même pour essayer de se protéger. Vous imaginez ?

Elle secoua la tête, pleurant de plus belle.

- C'était encore une enfant. Mon louveteau. On s'est enfoncé en elle par la force, on l'a ravagé de l'intérieur, encore et encore. Qui peut survivre à ça ? Comment peut-on vivre après ça ? Vous pourriez, vous ?

Je me levai, lentement, faisant racler la chaise derrière moi. Elle me regarda contourner la table pour venir vers elle. Sa bouche s'ouvrit et une sorte de râle s'en échappa. Un hurlement silencieux. Pauvre femme.

Mon doigt caressa sa joue et elle eut un sursaut. De peur, de révulsion.

- Si un homme enfonçait sa queue dans votre bébé, qu'est-ce qui se passerait à votre avis ?

- S'il vous plait, s'il vous plait, je-je vous en supplie, pas-pas ma-mon bébé.

- Parce que vous croyez qu'ils ont laissé le choix à mon louveteau ?

Je quittai la pièce pour me diriger vers les pleurs de l'enfant. Je le trouvai dans sa chambre, gigotant dans tous les sens, braillant sans plus s'arrêter. Je le soulevai et ses yeux passèrent sur mon visage, ne reconnaissant sûrement ni les traits de sa mère ni son odeur. Je le calai contre mon bras et retournai dans la salle à manger.

- Comment s'appelle-t-elle ? demandai-je.

- A-Amy. Je vous en prie, ne-ne lui fai-faite ri-rien.

Ce bébé était si léger dans mes bras. Il semblait si fragile. Amy. Toute petite Amy.

- Vous avez déménagé si rapidement, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il est rentré un jour vous disant de n'emporter que le strict minimum ? Qu'il était arrivé une chose horrible et que vous deviez partir le plus vite possible ? Il vous a dit de lui faire confiance, de ne pas poser de question. Et parce que vous l'aimez, vous avez obéi, comme la bonne petite femme que vous êtes.

Doublement stupide.

- A-arr-êt...

- Il a fait du mal à mon louveteau. Et pour ça, il va payer. On doit protéger nos enfants. De quoi seriez-vous capable pour protéger Amy ?

- T-tout. Tout !

- Même mourir ?

Un hoquet. Elle renifla. Je me penchai et retirai un couteau, puis l'autre. Elle se mordit très fort l'intérieur de la joue, jusqu'au sang. Je déposai sa fille dans ses bras et elle faillit lui échapper tant elle était poisseuse d'hémoglobine. Je m'accroupis et caressai la joue de la mère.

- Je ne vous mentirais pas. Je vais vous égorger à l'instant même où Mickael rentrera. Et ensuite, je m'occuperais d'Amy, espérant que ça lui déliera la langue.

Elle aurait pu essayer de me pousser pour que je tombe et qu'elle pense avoir le temps de s'enfuir, mais elle se contenta de se tasser sur elle-même, serrant plus fort sa fille contre elle. Je me redressai, ne craignant pas de lui tourner le dos.

- V-vous ê-êtes un mon-monstre.

- Je vous facilite la vie ; en vous tuant, je ne vous condamne pas à une vie de traque et de vengeance.

Les minutes passèrent et une heure entière défila. La lame dans ma main me renvoyait mon reflet. Du bruit dans l'allée. Le moteur d'une voiture. Une portière. À nouveau, je me levai et revins vers la femme. Elle m'observa avec d'immenses yeux effrayés. Elle avait compris que son heure était venue. Aujourd'hui, j'étais la Mort.

- Tenez fermement votre fille. Je la rattraperais avant qu'elle ne touche le sol.

Les clés dans la serrure et le bruit de la porte.

- Keira ?

Je comptai ses pas. Jusqu'à ce qu'il apparaisse, ses clés dans la main. Il se figea et je vis toute une succession d'émotions passer sur son visage.

Il laissa tomber les clés.

- Qu'est-ce que... que-que... qui...

- Pensais-tu pouvoir te cacher indéfiniment, Mickael ? soufflai-je.

Dans ma tête, je déroulai mes prochains mouvements. Tout serait rapide. Trop pour un œil humain. J'arrêtai de respirer et avec précision, tranchai la gorge de la femme, y enfonçant ma lame avec une dextérité acquise au fil des siècles. Mickael se jeta en avant, espérant peut-être qu'il pourrait endiguer le flot qui se déversait de la gorge de sa femme. Mon couteau fendit l'air et se ficha dans son épaule, l'épingla au mur. J'eus tout juste le temps d'attraper Amy, à quelques centimètres du sol. Le corps de sa mère était une poupée de chiffon maintenant.

- Tu as commis une erreur en t'en prenant à mon louveteau, Mickael. Tu as eu tort de t'en prendre à la fille d'un Krig.

Il s'était fait dessus. Amy hurlait à mon oreille, me donnant mal à la tête.

- Mais tu le sais, hein ? C'est pour ça que tu as fui. Les vermines sont les meilleures pour ça.

D'une main, je retirai la lame et enfonçai mon pouce dans sa blessure avant de le jeter au sol. Il hurla.

- Est-ce que tu as violé mon louveteau ?

- Pitié. Pitié ! Je n'ai...

Mon pied sur son entrejambe. J'exerçai une pression suffisante pour le maintenir au sol, sa fille toujours dans mes bras.

- Tu te souviens de son visage ? Du visage d'Ashika Archeon, fille de Warren Archeon, le Krig du Kaizer ? Dis-moi que tu t'en souviens, Mickael.

Il hocha la tête, chialant comme la petite merde qu'il était.

- DIS-LE !

- O-oui, je-je me souviens d'elle !

- Est-ce que tu l'as violée ?

- N-non ! J-je le j-j-jure ! On-on devait juste la-la garder dans un-un endroit pen-pendant un m-m-moment. C'est tout.

- Pourquoi ?

J'appuyai plus fort sur ses couilles. Il se tortilla, hurla, couina comme un rat.

- POURQUOI ?

- P-pour attirer son père ! C-c'est l-l-lui qui-qui...

Était visé. Quelqu'un s'en était pris au louveteau pour atteindre Warren. Car après tout, quelle était la plus grande faiblesse du Krig de l'Empereur ? Sa fille. Son unique enfant. Son louveteau.

- M-mais les-les ordres ont changés et-et...

- Quoi ?

- Juste avant qu'elle ne s'échappe dans les bois, on venait d'apprendre qu'on pouvait s'amuser avec elle puis la tuer.

Mon louveteau. Mon tout petit louveteau. Qu'avait-elle enduré ? Qu'avait-elle subi durant tout ce temps ?

Que Nokomis me pardonne. Que ma Reine détourne les yeux un instant.

Je déposai Amy sur le torse de son père. Il chercha une réponse dans mes yeux, chercha une trace d'humanité. Mais j'étais une lycan dans le corps d'une femme. Rien de plus.

- Donne-moi un nom.

- J-je... p-peux pa-pas. N-nous ne sommes que des intermédiaires. On-on ne...

Je positionnai la lame au-dessus du ventre du bébé. La panique sur le visage de Mickael. Le bout de la lame sur la peau rebondie.

- I-il la connaissait ! L-la fi-fille, il la connaissait !

C'était quelqu'un qui était venu au Fief. Quelqu'un qui savait que Warren aurait tout donné pour sa fille. C'était quelqu'un de l'intérieur.

- Elle l'a vue ! Elle l'a vue !

J'enfonçai la lame dans le ventre d'Amy et l'ouvrit comme je l'aurais fait d'un porc. Plus de hurlements soudain, juste ses boyaux sur le corps de son père.

La fenêtre sur ma gauche explosa et une grenade fumigène roula au sol.

MERDE !

La détonation projeta un nuage de fumée dans la pièce et la porte d'entrée sauta de ses gongs.

J'avais été suivie. La coïncidence était trop grande. Mickael ne s'était pas caché seulement de nous.

J'avais été suivie. Des ombres se faufilèrent dans la pièce. Trois pour être exacte. Je m'écartai de Mickael quelques secondes avant que sa boite crânienne n'explose, retapissant le mur et le sol. Une balle se logea dans ma cuisse et une autre dans mon ventre, loin des organes à risque, mais déjà, je sautai par-dessus la table et la renversai, pour faire un rempart entre eux et moi.

Je retirai la balle de ma cuisse. Pressai mon bide de l'autre main.

Le louveteau avait vu le visage de celui qui avait orchestré tout ça. Je comprenais mieux pourquoi on cherchait à l'atteindre. Je comprenais mieux pourquoi elle était encore en danger. Tant qu'on n'aurait pas coupé la tête de l'hydre, notre louveteau ne pourrait plus être en sécurité.

Elle avait vu son visage.

Et ça, ça, c'était une très bonne nouvelle.

Mes oreilles sifflaient et le monde tanguait bizarrement. J'avais envie de rire. Je devais retourner vers Ren, je devais...

Une main agrippa mon épaule et me souleva. J'allais frapper de toutes mes forces, le corps engourdit, mais figeai mon geste en avisant Abel.

Trois corps autour de lui. Les bâtards qui m'avaient utilisé pour remonter jusqu'ici. Je ne l'avais même pas entendu arriver. N'avais même pas senti sa présence autour de la maison.

- Co-comment t'es arrivé là ? soufflai-je.

Mon corps parti sur lecôté. Je sentis les bras d'Abel. Puis plus rien.


* * *

Voilà en gros de quoi Evy est capable pour sa famille 😳 rien de très glorieux, mais n'oublions pas qu'elle reste un animal avant tout et qu'elle agit et réagit donc en conséquence : une mise à mort qui traîne 🙄

Et grâce à ça elle obtient une information capitale : enfin ! Heureusement qu'Abel est arrivé pour lui sauver les miches ☺️ parce que là ça sentait un peu le roussi quand même 😱

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