2 | Maze
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Where do we go
Is it real or just something we think we know
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Fink – Yesterday Was Hard On All Of Us.
États-Unis, Delaware.
L'oreillette grésilla un instant, me faisant grimacer, juste avant qu'un masque d'impassibilité ne recouvre mon visage. Le son était vraiment pourri et si c'était une histoire de portée, c'était craignos. On ne pouvait pas juste avoir un peu de matos fonctionnel ?
— Suspect perdu de vue. Suspect perdu de vue.
Tout ça pour ça ? Je tiquai, mais continuai de courir, totalement dans mon rôle. Il nous avait traînés ici pour une bonne raison.
Le suivre à travers la ville n'avait pas été facile, d'autant plus que c'était chez lui et qu'il connaissait sûrement mieux les rues que tous mes collègues réunis. Enfin, normalement quand lesdits collègues étaient des surnaturels, on pouvait quand même s'attendre à ce qu'ils reniflent une piste, non ?
Foutu boulot.
Ça servait à quoi d'être avec des loups s'ils n'étaient pas fichus de retrouver un pauvre type ? J'étais d'une humeur de chien aujourd'hui, c'était le cas de le dire.
Il faisait trop chaud. Atrocement lourd et j'étais sûrement en train de brûler toutes mes graisses. C'était une évidence à ce stade ! Il était à peine dix-heures et il faisait déjà trente-deux. À ce train-là, j'allais me dessécher sur place. Ce n'était plus qu'une question de minutes.
— Fais pas la gueule, Keen, lâcha Joaquim, filant de la même foulée rapide et précise que moi.
Nous étions au coude à coude et il avait l'air de prendre cher ; la chaleur ne lui réussissait pas. C'était un loup après tout et étant donné que la chaleur corporelle qu'ils dégageaient était franchement haute, mieux valait ne pas rajouter un surplus.
Est-ce que Joaquim allait rendre l'arme à gauche ? Ça aurait pu être intéressant.
— Ferme là, grommelai-je. Ça fait trente minutes qu'on court en plein cagnard. Pourquoi on n'a pas choisi la pétanque, hein ?
Il eut l'audace de ricaner.
— Parce que tu as vu quelqu'un jouer à ça dans le coin, toi ? Autant agiter un panneau avec marqué péquenaud dessus !
Je lui donnai un coup avec mon épaule. Il n'en loupait pas une question connerie, lui. Mais au moins, le boulot avait un côté un peu plus détendu.
Joaquim était ce qu'on appelait communément une Main aux États-Unis. Ce n'était pas tout à fait la même chose que les Godar en Australie, mais c'était ce qui s'en rapprochait le plus.
Il faisait donc partie d'une meute, qui n'était pas du tout basée dans cet État de tarés, mais plus haut dans le pays. Son corps était littéralement recouvert de tatouages qui avaient, selon les dires, une signification bien précise. Je n'étais pas assez curieuse de nature pour l'interroger, même si ça faisait trois mois que j'étais presque non-stop avec cet idiot. Joaquim était immense et sacrément baraqué. Sa peau arborait un hale prononcé et il avait des yeux très clairs, qui éclairaient son visage et la dureté de ses traits. Ouais, Joaquim Weaver avait une belle gueule, surtout quand il faisait l'effort de sourire et de paraître charmant, ce qui n'était pas toujours le cas. Il ne se faisait pas paraître pour un gros dur : il l'était. Et toute cette encre sur sa peau pouvait parfois lui donner un côté bien flippant.
— C'est moi ou tu es en train de ralentir ? déclarai-je. Il y a du laisser-aller dit donc, Weaver !
Je me moquai ouvertement, accélérant et maudissant le soleil qui dardait ses rayons incandescents sur moi. Je pouvais apercevoir les prémisses d'un féroce coup de soleil rougissant ma peau au niveau de tout l'avant-bras. Génial. J'allais bien douiller d'ici ce soir.
Joaquim gonfla ses joues et je saisis l'instant où il décida que ce petit footing était un défi à relever. Il me dépassa d'au moins un mètre et commença à faire le beau. Je levai les yeux au ciel.
— On aurait dû te laisser comme bibliothécaire. Les lunettes te donnaient un air particulièrement adorable.
Une autre couverture de Joaquim. Celle-ci avait été drôle. Dans la camionnette et grâce aux caméras que nous avions planquées, le spectacle avait valu le détour. Surtout lorsque trois jeunes filles d'à peine dix-sept ans étaient venues lui faire du gringue. Là, j'avais bien cru que j'allais me pisser dessus de rire.
— Avoue que ça t'a fait un truc à toi aussi, minauda-t-il. Je fais cet effet-là à toutes les femmes. Le poids que je porte sur mes épaules.
J'éclatai de rire.
— Pauvre cœur. Ça doit être si duuuur !
Il arqua un sourcil :
— Tu veux toucher ?
Le sous-entendu sexuel ne m'échappa pas. Le feeling avec Joaquim était tout de suite passé. Peut-être parce qu'il me rappelait Abel. Ces deux-là auraient pu être des frères que je n'aurais même pas pu feindre la surprise. Alors forcément, les conneries fusaient quand nous étions tous les deux. Ou pas d'ailleurs. Toute l'équipe pouvait être avec nous que ça ne changeait pas grand-chose.
Joaquim était le genre de personne à se foutre de tout : de l'opinion des gens, des apparences. Il envoyait valser les diktats de la société et prenait un malin plaisir à le gueuler haut et fort. Le brailler même. Alors ouais, il me rappelait Abel, que ce soit dans la façon de parler ou de se comporter.
Les deux hommes se juxtaposaient à la perfection dans mon esprit, mais ça ne voulait pas dire pour autant que j'utilisais Jo dans le but d'atténuer la douleur que me causait l'absence de mon ami. Comme si ça pouvait être aussi simple.
Ma vie ici n'avait rien à voir avec celle que j'avais eue en Australie.
Malgré toute ma bonne volonté, il manquerait toujours quelque chose. Ou quelqu'un. C'était vain de croire le contraire.
— Suspect aperçu à la sortie Sud. Je répète, suspect aperçu à la sortie Sud.
Joaquim opéra un changement de trajectoire et tapa un sprint. Je fis pareil, mes muscles chauffés et le souffle court.
Heureusement que les séances d'entraînement quotidiennes étaient là, parce que sinon, je serais déjà par terre, crachant mes poumons. Sakhaar était notre instructeur et un véritable monstre. Nous le savions tous et le pire dans tout ça, c'est qu'on en redemandait. Pauvres fous que nous étions.
Si Joaquim suivit le sentier, je coupai à travers l'étendue de vert où les gens se posaient pour prendre le soleil. J'esquivai quelques pique-niques, le cœur tambourinant dans ma poitrine. Le son se propageait partout et l'adrénaline se répandit dans mes veines à une vitesse exponentielle.
Les voix se succédaient dans mon oreille, mais je n'écoutai plus. Focalisée sur mon but, sur le point à atteindre.
Un peu comme un orgasme, aurait dit Joaquim. Et ça me fit sourire. Parce qu'Abel aurait été capable de la sortir aussi, celle-là. Ouais, clairement, dans une autre vie, ils avaient dû être frangins.
J'aperçu du mouvement droit devant moi et n'eut aucun mal à reconnaître notre suspect. C'était à cause de lui que j'étais là, en nage, une vraie piscine ambulante, moulée dans un short de sport et un haut outrageusement sexuel. Merci Rahav pour ça. Elle avait des goûts bien à elle, ça, c'était clair. Je me sentais presque nue là-dedans.
Josh Malone avait changé de vêtement entre le moment où nous avions commencé la filature et au moment où nous l'avions perdu de vue. C'était malin ; enfin pas tant que ça quand on nous considérait. Je ne disais pas que des flics lambda se seraient fait avoir, mais sur ce genre d'affaires, ça pouvait s'avérer un tantinet compliqué.
Le tout maintenant était de procédé à l'arrestation sans faire d'esclandre. Et Malone n'était pas du tout du genre à se laisser faire. Il n'était pas un loup, mais il avait réussi à fracasser quelques louves en s'en tirant sans une seule égratignure. On pouvait saluer l'exploit. Il tourna la tête et je ne sais pas trop ce qui lui mit la puce à l'oreille quand il avisa Joaquim un peu plus loin.
Sa gueule ? Ou les tatouages ? Peut-être juste une sorte d'instinct. Ce fut suffisant pour le faire détaler.
Dans ma direction. Je me préparai à l'impact. S'il ne m'avait pas cataloguée comme flic, je n'allais pas le laisser filer pour autant.
J'allais vite savoir si l'entraînement de Sakhaar allait tenir ses promesses. J'avais l'habitude de clouer des monstres au sol, mais quand ces derniers arrivaient en pleine vitesse, j'avais toujours peur de perdre une ou deux dents. Considération purement pratique soit dit en passant.
Malone eut à peine le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Il heurta mon bras et nous finîmes au sol.
Son poing s'écrasa à l'exact endroit où ma tête s'était trouvée une seconde plus tôt. Les badauds autour de moi mirent un certain temps à comprendre ce qui se passait.
Après un jeu de jambes et de bras dignes d'une enfant de cinq ans, je maitrisai le suspect gueule contre l'herbe, bloquant son bras.
— Sale pute !
Je levai la tête vers Joaquim :
— Il faut vraiment que je fasse tout, toute seule.
Il sourit et m'aida à relever Malone. Il essaya de se faire la malle, mais le coup de poing de Jo en plein ventre l'arrêta.
— Josh Malone, vous êtes en état d'arrestation, vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous.
Je débitai le speech tout en lui passant les menottes.
Finalement, ce n'était peut-être pas une si terrible matinée que ça.
* * *
J'avais laissé le soin à Joaquim et Aubrie de procéder à l'interrogatoire, préférant de loin prendre une douche. J'allais devoir taper le rapport de toute façon ; la partie du job qui prenait le plus de temps et qui était bien loin de ce qu'on pouvait trouver dans les séries policières. Ces dernières tenaient pour la plupart de la science-fiction quand on était dans le métier. C'était un bon moyen de rigoler entre nous.
Je me détendis et m'appuyai contre la paroi de la douche, soufflant. Malgré les trois mois passés, je prenais encore mes marques. Même si ce n'était pas bien différent de la Brigade Noire, ce coin de pays était vraiment malsain.
J'avais eu le topo en arrivant et avait pu juger de l'étendue des dégâts. En tant que flic m'intéressant un peu à tout, j'avais eu vent de ce Darell Bailey depuis l'Australie ; un psychopathe qui adorait prendre des femmes pour jouet. Chaque taré avait son vice. Si la police n'avait rien fait, c'était tout d'abord parce que Bailey avait été un Alpha puissant et ensuite, parce que la corruption s'était étendue comme une trainée de poudre. Rien de pire.
L'Alpha était mort et un autre avait pris son poste. Avec tout ce qui se passait ici, il y avait eu un détachement du Bureau Fédéral d'Investigation Surnaturelle et une cellule avait été ouverte. Nous n'étions pas nombreux, mais ça suffisait largement.
Je me séchai dans la cabine de douche, sachant que n'importe qui était susceptible d'entrer. J'étais entourée de surnaturels en tout genre, en passant du loup au sorcier. Et je ne parlais pas de Deelon. Il y avait des animaux vraiment trop bizarres pour moi dans ce pays. Nous étions bien loin d'un Fief remplis de lycans, n'est-ce pas ?
La porte de la cabine grinça et je passai une main dans mes cheveux humides. Ils étaient bien plus longs que d'habitude. Je n'avais pas pris la peine d'aller chez le coiffeur. Ou de simplement demander à quelqu'un de me couper tout ça.
La porte s'ouvrit à la volée et Rahav fit son entrée, les yeux rivés sur son téléphone. Elle n'était pas très grande et sa masse musculaire était impressionnante. Comme à son habitude, elle avait une sucette dans la bouche et aujourd'hui, ces cheveux étaient d'un bleu nuit assez étonnant. Ou détonant ? Hum. Question de point de vue j'imaginais.
— Pour une humaine, t'es franchement badass, Keen !
Je haussai un sourcil. Juste avant qu'elle ne me tende son téléphone ou une vidéo me montrait en train d'appréhender Malone. Déjà sur Internet. Comme les fois d'avant.
D'après Aaron, le grand chef ici, c'était une très bonne pub pour nous. Mais c'était aussi un moyen d'afficher clairement nos visages. Dur de faire autrement quand tout le monde avait son téléphone sur soi pour twitter dès qu'il se passait un foutu truc sous leurs yeux. Cette merde avait perduré avec les années. Nous étions loin de l'an deux mille et de ses nouvelles technologies et pourtant, certaines habitudes avaient la vie dure comme on disait.
Je soupirai.
— Même toute transpirante t'es quand même putain de bandante !
— Si tu le dis.
Rahav ne savait pas parler sans utiliser un langage bien à elle. C'était peut-être pour ça qu'on l'envoyait rarement face à un avocat. On la gardait pour d'autres missions. Et pour les courses poursuites parce que mine de rien, une panthère, c'était plutôt rapide.
Je passai devant elle et remontai le couloir pour arriver dans nos bureaux. L'immeuble où nous étions était en centre-ville et les locaux étaient éclairés et calme. Il n'y avait que nous dans tout l'immeuble. Ce n'était pas aussi fouillis que nos bureaux à Canberra, même si j'avouai que ça me manquait.
J'avais finalement saisi l'opportunité de cette mutation sans avoir le temps de regretter.
J'étais partie alors que nous venions de retrouver Hachi. Je l'avais laissée derrière moi, comme tous les autres d'ailleurs.
Pour un nouveau départ ? Pour me retrouver plutôt. Et redevenir moi-même. J'ignorai si je comptai rester à long terme. Les États-Unis n'étaient plus ma mère patrie à mes yeux. Plus depuis ma jeunesse et ma fuite. Même si toute ma famille se trouvait ici. Ça n'avait plus d'importance. Plus depuis longtemps.
Je m'installai à mon bureau et Rahav posa un bout de fesse dessus.
— Nevena a appelé, au fait. Il y aurait du nouveau sur le dernier cadavre.
— Joaquim et Aubrie ont terminé ?
Elle hocha la tête :
— L'avocat est un connard.
Ceci expliquait cela, hein. J'attrapai mon arme dans mon tiroir et me relevai. Je n'aurai pas le temps de repasser par là avant ce soir, vu l'heure.
— C'est toujours vingt-et-une heure ? s'enquit la panthère.
— Yep.
Elle sourit et je m'éloignai. Je croisai Jo dans un couloir et lui fit signe qu'on devait bouger. Il m'emboita le pas sans m'interroger, ayant l'habitude. On bossait souvent en duo sur les enquêtes.
— Tu as été sage ? demandai-je avec un sourire moqueur et une moue espiègle.
— Je déteste la condescendance. Et ce type me prenait vraiment pour un con.
Je ricanai. Ouais, Joaquim avait un léger problème avec les avocats et la loi en général. Étonnant pour un flic, bien moins pour une Main.
Je me demandai parfois comment il réussissait à jongler entre sa meute et son job ici. Et puis il y avait Nevena aussi. Mais ça ne semblait pas être plus dur que ça quand on le regardait. De toute façon, Joaquim n'était pas du genre à montrer beaucoup de lui, surtout quand il n'en avait pas envie.
Il ne s'étalait pas. Faisait ces trucs et basta.
Je lui tapotai le bras :
— Ça va aller.
Il me grogna dessus, fourrant ses mains dans ses poches. Je jetai un coup d'œil avant de traverser la route.
Dover était la capitale de l'État et comptait pas loin de quarante mille habitants. L'Alpha du coin était relativement jeune comparé à ce qu'on pouvait trouver ici. À part Sakhaar, Aubrie et Perry, nous étions tous à Camden, petite ville qui se trouvait a à peine dix minutes de là en voiture. Elle était sous l'égide de Sezny Pearson, un jeune loup charmant que j'avais l'occasion de voir souvent.
Nous nous arrêtâmes devant un petit immeuble qui ne payait pas de mine et qui ne donnait pas forcément envie d'entrer. Une plaque se trouvait à côté de la porte, signalant la présence d'un médecin légiste.
Nous entrâmes et descendîmes une volée de marches avant d'arrivée dans l'antre de Nevena. Elle bossait avec nous et la police locale. Un métier un peu flippant si vous vouliez mon avis, mais en fait, quand on savait qui était Nevena, ça lui allait plutôt bien. Et j'ignorai moi-même si c'était un compliment ou non.
Joaquim tapa le code et la porte coulissa. C'est lui qui avait fait installer tout ça, suite à une attaque, bien avant que j'arrive dans le coin.
Le silence nous accueillit, ainsi que le froid tout particulier du lieu. Ça me mettait toujours un peu mal à l'aise de venir. Un long frisson finissait par remonter le long de mon épine dorsale et je me sentais observer.
Par des cadavres. Ouais. Parce que hormis Nevena, il n'y avait personne d'autre de vivant. Normalement.
Je n'avais jamais demandé s'il y avait des zombies. Ne voulais pas forcément le savoir pour tout dire.
On avait beau dire ce qu'on voulait, ce pays était une concentration de créatures en tout genre. Pour le meilleur et pour le pire.
La légiste était penchée sur la dernière victime en date, les cheveux ramenés sur le sommet de son crâne par un chignon bien serré qui ne laissait échapper aucune mèche. Elle ne daigna pas relever la tête, nous ayant sûrement sentis au moment même où nous étions arrivés dans l'immeuble.
Nevena était une louve. Elle faisait partie de la meute de l'Alpha de Camden et venait de Russie. Elle avait la beauté froide et dure de certaines femmes de là-bas. Son regard m'avait donné pas mal de sueurs froides au début. Avant que je ne m'habitue à elle. Et à son inexpression totale. C'était un peu flippant, mais ça collait tellement bien au personnage que le contraire aurait été d'autant plus improbable.
Joaquim marcha jusqu'à elle et lorsqu'elle finit par se redresser, il se pencha, sûrement pour quémander un baiser, mais sa main s'écrasa contre sa bouche.
J'avais du mal à cerner leur couple. Vraiment, beaucoup, beaucoup de mal. Comme si j'étais une pro en la matière.
Quand on voyait quel drame sentimental je me trimballai, mieux valait s'astreindre à ne pas juger.
— Qu'est-ce tu fais ?
La voix de Nevena était rauque. Son accent très prononcé. Joaquim se recula avec une moue d'enfant collé au visage.
— Je veux t'embrasser.
— Non, répliqua Nevena avant de me regarder.
Je tentai de lui sourire. Au moment où Joaquim lui claqua la fesse. Et ça claqua bien. Vraiment bien, même. Idiot.
— Tu me brises le cœur, bébé.
Je levai les yeux au ciel et Nevena réussit à ignorer copieusement Joaquim. Ce qui n'était pas une mince affaire.
— On peut se mettre au travail ? gronda-t-elle.
Lorsque je descendis, après avoir raccroché, je retrouvai tout le monde devant l'ordinateur. Enfin, tous ceux qui étaient là. Joaquim riait fort ; il avait déjà quelques bières dans le nez, même s'il en fallait beaucoup plus pour rendre ivre un loup de son acabit.
Rahav était dans la cuisine, surveillant la cuisson des pizzas maison, mon verre de rhum m'attendant avec le sien.
Nous étions là où la plupart des membres de notre unité vivaient. C'était en quelque sorte une maison de fonction. J'avais fini là non pas par dépit, mais parce que c'était bien plus facile pour moi et pour l'intégration avec le reste de l'équipe. Nous étions quatre à y vivre, les autres ayant leur propre appartement. C'était une maison qui avait un certain charme et qui était fonctionnelle. Juste ce qu'il me fallait. La cohabitation se passait bien, même si nous étions plus souvent l'ensemble de l'équipe que simplement entre colocataires.
— Arrête de faire ton beau gosse avec moi, Bebel, lâcha Joaquim en feignant la nonchalance. On sait tous les deux qui est le plus intelligent et diablement sexy des deux.
Le rire d'Abel résonna, légèrement distordu par le son de l'ordinateur.
Il était un peu plus de midi au Fief. Le décalage horaire entre ici et là-bas était de quatorze heures. Je ne pouvais donc pas appeler n'importe quand tout comme l'inverse était vrai.
— C'est moi. Et tu sais pourquoi ?
Je sentis venir la connerie.
— Parce que moi, j'ai réussi à avoir un baiser de Maze !
Tous les regards se levèrent dans ma direction. Une lueur brilla dans les yeux de Joaquim.
— Si ce n'est que ça...
Il se leva.
Et les rires éclatèrent.
Quand Abel était parmi nous, même si ce n'était qu'à travers un fichu écran d'ordinateur, c'était comme si j'étais de retour là-bas.
Comme si j'étais à la maison.
🐺 🐺 🐺
Et nous revoilà avec le deuxième chapitre de ce tome 2 et toutes les informations vous donnent une petite idée de où on se situe, surtout par rapport a DSDA USA (Joaquim lié ; Sezny Alpha, etc.)
Oui, Maze est dans le Delaware et autant vous dire que ce n'est pas de tout repos pour elle ! Si en plus elle doit faire équipe avec Jojo... 🤣 J'vous raconte même pas !
À la semaine prochaine : cette fois on retrouvera Evy... ❤️
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