111 || Maze
Quelques heures plus tard,
Les souffles me parvenaient, réguliers, posés. Calmes, même. Et d'entendre un son pourtant si simple me fit du bien. Je me sentais délesté d'un poids immense, qui m'avait entravée jusque-là. Mais maintenant, je pouvais de nouveau bouger les épaules et respirer.
Ashika était vivante et tous les autres aussi. Tous les gosses, revenus presque sains et saufs. Je n'avais pas pu en demander plus au cortège qui était apparu, surgissant des bois, chacun portant quelqu'un, la meute de Warren rassemblée, les lycans du Fief en attente de leur chef. Et de les voir, tous ensemble, recouverts de bleu, de sang et d'horreur, j'avais su que tout était fini.
Enfin.
Je me relevai, délassant mes muscles en m'étirant. Shady avait terminé les soins le plus urgents et se trouvait allongée contre le dos d'Evy, apaisée, dormant profondément. Je savais ce qui s'était passé là-haut. Je savais qu'Arkan était notre cible depuis le début, mais qu'aucun de nous n'avait pu voir jusque-là, ne voulant pas comprendre l'évidence pourtant.
Evy avait presque failli mourir pour protéger Ashika et Joshua. Et du peu que j'avais pu glaner, l'Empereur lui-même avait permis qu'elle vive.
Me passant une main sur la nuque, je me retrouvai aux pieds du lit des deux gamins, collés l'un à l'autre, dans un sommeil comateux, qui empêcherait les cauchemars de venir les hanter. Au moins pour les prochains jours. Le bras de Joshua reposait sur la hanche de ma fille et sa main se retrouvait emprisonnée par les doigts d'Hachi. Ils semblaient aller bien. Malgré tout ce qui était arrivé. Je crois qu'il avait vécu leur lot d'horreur pour les prochaines décennies.
Dehors, il faisait nuit. Tout était calme.
Un jour normal dans ce Fief, à ceci près que tout était terminé. Après des mois et des mois d'horreur, tout se calmait enfin. Du moins en apparence. Parce que nous savions tous au fond de nous que chacun de ces gosses garderait ces événements en mémoire et ne pourrait jamais les effacer.
Surtout pas Ashika. Elle plus que quiconque, elle devrait trouver sa voie après un chemin tortueux et des mois à nager à contrecourant. J'avais envie de ne plus la quitter des yeux, de ne plus la perdre de vue, mais je savais que c'était impossible. Parce que malgré l'horreur, elle allait avancer. Et je savais d'ores et déjà quelle serait sa voie. Celle qu'elle aurait dû prendre il y avait bien longtemps déjà.
Serions-nous prêts à la laisser s'envoler ? Loin de nos yeux ? Loin de nous, tout simplement ?
Je frottai mes paumes contre mon jean, me faisant la réflexion qu'une clope n'aurait pas été de refus. Pourquoi retomber maintenant dans mes vieux vices ? L'horizon se profilait, dévoilant un futur, quoiqu'incertain, rempli de promesses et d'actes immanquables.
Saisir le bon moment.
On se battait tous pour quelque chose à un moment donné de sa vie. Et on commettait tous des erreurs. Les gens qu'on aimait aussi. À nous de savoir pardonner.
À nous de savoir avancer.
Des légers coups furent frappés et je vis Mak. Je ne fus pas surprise de le découvrir là. Avec toute la merde en dehors du Fief, il avait dû juger bon de venir directement à moi. Warren, Aslander, Abel et quelques autres étaient partis depuis des heures. Ils ne reviendraient certainement qu'à l'aube. Ou plus tard encore.
Maintenant, nous savions qu'Ashika ne risquait plus rien. Tout était fini.
Je jetai un coup d'œil à tout le monde avant de rejoindre Mak d'un pas léger. Je ne fermai pas derrière moi et nous nous écartâmes à peine. J'étais encore un peu parano.
Mak me fit part d'un appel que la Brigade avait reçu, ainsi qu'un bon nombre de postes de police. Un appel qui disait que tout ce qui arriverait cette nuit serait gérer par le Deity directement. Que si un lycan était vu en train de fuir, il fallait le laisser faire et ne pas tenter de l'arrêter.
Les Godar étaient de sortie.
Les pires monstres de l'Empereur, lâchés dans la nature.
Je comprenais ce que cela signifiait.
Seuls les vivants seraient jugés. Mais pour ça, il en fallait.
Quelques heures avant l'aube, installés devant l'infirmerie à boire dans des gobelets en plastique, nous reçûmes la nouvelle.
La meute d'Arkan avait été éradiquée dans son ensemble. Les femmes, les plus jeunes et chaque homme.
Et toutes les autres meutes impliquées avaient reçu de la visite.
Beaucoup de lycans moururent.
On ne purgeait pas un mal si profondément ancré. Non. On l'annihilait.
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