109 || Evy & Ashika

EVY

Les cris des gamins.

La pulsation d'une douleur sourde ; inacceptable. Intolérable. Wolf se tenait contre la paroi, les jambes étendues, le bras contre lui, les os brisés nets par la chute. Il était pâle, il respirait avec difficulté.

Vivant.

L'animal en moi savait. Un court moment avant que la douleur ne prenne tout. Je tirai sur mon lien unique.

Anchor.

Mais Abel tirait aussi. Tous les deux, nous avions besoin.

Louveteau.

Louveteau. Et là, à l'orée de ma conscience grignotée par la souffrance, un prénom.

Arkan. Arkan.

Toujours là. Depuis le début. Attendant le bon moment pour agir. Et il avait réussi. Les gens désespérés arrivaient toujours à leur fin d'une manière ou d'une autre.

J'attrapai le menton du gamin :

— Reste. Pas bouger.

Former des mots devenait compliqué. Mes pensées m'échappaient. Mais je savais. Je savais.

Louveteau. Louveteau.

Précieux.

Protéger. Aimer. Protéger.

Je regardai le flanc. Si je devais mourir après tout ça, au moins le louveteau vivrait. Longtemps. Très longtemps.

Je repoussai tout. Chaque sensation. Et je grimpai. Je grimpai en tirant sur mes bras fracassés.

La brûlure.

Les os brisés.

Pour le louveteau.

À jamais.

Je n'étais plus que détermination. Un esprit dans un corps en lambeaux.

Arkan.

Arkan. Depuis le début. Patient. Calculateur.

Furtif.

Observant.

Je me souvenais de lui. Dans l'ombre de Warren au Fief. Souhaitant devenir Krig. Mais Aslander avait choisi Ren.

Pas Arkan.

Et Ashika en payait le prix.

Pas louveteau. Pas louveteau.

Sauver louveteau.

Je ne bougeai plus. Comment... comment sauver quand... quand...

Des loups hurlèrent de toute part. Un chant. Qui m'appelait. Je reconnais Marcellus. Quelque part.

Relève-toi. Relève-toi.

Pour... louveteau.

Elle était le cœur.

La vie.

De Ren. D'Abel. De moi.

Le cœur.

Au centre.

Protéger. Aimer. Protéger.

Je me hissai. Je m'avançai.

Ne pas s'arrêter. Ne pas laisser la souffrance gagner. Amas de chairs. Amas de douleur.

Ren. Venir. Abel. Même... même lui... Aslander.

Louveteau.

— Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime.

Une promesse scellée. La proie au-dessus du louveteau.

Je me redressai.

J'attrapai ma vie à bout de bras.

Pour Ren. Pour l'alpha. Pour la famille.

— Lâ... lâche... l... louve...teau...

Il n'y eut plus que l'instinct.

Survie.

Chasse.

Je bondis et mon corps Changea dans un bruit innommable. Je hurlai et heurtai Arkan. Le louveteau cria. Elle cria mon nom.

Le mien.

Mon louveteau.

Toujours. Toujours.

Louveteau. Amour.

ASHIKA

Arkan saisit la lycan à deux mains et je crus qu'il allait lui arracher la mâchoire. L'animal couina et ce son... ce son horrible imprégna mon âme.

Tous, tous ils se battaient pour moi. Depuis le début. Ils prenaient des coups. Ils étaient prêts à... à...

— EVY !

Je me relevai et tout ne fut plus qu'instinct. Celui du membre d'une meute. On ne protège pas seulement les plus faibles, mais tous.

Tous.

Je sautai sur le dos d'Arkan et lui plantai mes ongles dans les tempes, cherchant ses yeux. Il me délogea sans mal et son poing me fracassa la pommette. Le monde devint éclatant, une lumière horrible, un sifflement strident.

La lycan couinait.

Mal. Mal.

Oh, Evy...

Je ne voulais pas... je voulais pas qu'elle meure. Pas tata, pas tata...

— EVY !

Je donnai un coup de pied et Arkan gronda avant de cracher quand la bête referma ses crocs dans son épaule en lui sautant dessus à son tour.

Il hurla, de colère, de rage, de frustration et cette fois, lorsqu'il jeta tata au sol, elle ne se releva pas.

Elle ne bougeait plus.

Elle ne...

— L... lève-toi ! Lè...ve-toi ! hurlai-je, prise d'hystérie.

— Ça suffit maintenant.

Arkan attrapa la lycan par l'encolure et la traina jusqu'à Joshua pour l'y laisser. Il se tourna vers moi.

Tout le monde souffrait à cause de moi.

Tout le monde se battait pour moi.

Joshua.

Evy.

Je réussis à me relever, tremblante et incertaine sur mes jambes. Je fis face. Le dos droit. Face au monstre.

J'étais fille de Krig.

J'étais la fille de Warren Archeon. La nièce d'Evy Archeon.

J'étais Ashika Archeon. Earhja et combattante.

C'était à mon tour de me battre pour les gens que j'aimais. À mon tour d'essayer.

— Aaaaah, ma petite Hachi. C'est trop tard maintenant.

Je fonçai, mais me baissai avant qu'il ne cherche à m'attraper. Je saisis le talkie dans ma poche et le pris bien en main. Un souffle dans mon dos. Je fis volteface et lui fracassai l'objet à la gueule. Le coup eut au moins le mérite de le surprendre et de lui faire mal.

Ce fut tout.

Il sourit. Un sourire de fou.

C'était fini.

C'était termi...

Une vague de magie explosa, me heurtant de plein fouet. Je tournai la tête et le sentiment que je ressentis alors fut incroyable.

Indescriptible.

Le temps s'arrêta. Il se figea dans un instant imparfait.

Aslander.

Abel.

Papa.

Mon Anchor à moi.

Oui, tout était terminé. 

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