106 || Warren
« Le mal n'est jamais spectaculaire. Il a toujours forme humaine.
Il partage notre lit et mange à notre table. »
W.H. Auden.
Toujours bloqué entre ses trois putains de pieux et regardant Aslander tenter de sortir Abel de ce putain de piège, je crachai des jurons. Aslander me demanda de patienter, mais j'en avais assez de tout ça. Je voulais voir ma fille.
Je voulais voir qu'elle allait bien, car dans tout ce bordel, elle avait dû mal à m'expliquer ce qu'il s'était passé. J'avais juste les quelques images de Joshua qui voyait Evy et Wolf disparaître sous les décombres.
Je ne POUVAIS pas rester là sans rien faire.
— Il faut bouger ! criai-je.
— Je suis un peu occupé ! grogna Aslander en retour.
Je tentai de bouger, mais réussis juste à m'enfoncer un peu plus sur le pieu qui se trouvait loger dans mon torse. Qui avait osé faire ça dans mon FIEF ? Je détestai toute cette situation.
Et je détestais le simple fait d'être bloqué alors que ma fille avait besoin de moi !
— ANI ! criai-je.
Il hurla pour dégager la branche d'Abel et je vis avec horreur le visage déformé d'Abel par la chute de la branche sur son visage. Sa pommette avait dû exploser, car le côté gauche de son visage avait une drôle de forme.
— Il est vivant ! crus-je bon de remarquer. Il est vivant, je le sens !
— C'est bon à savoir, car vu sa tronche, il n'a pas l'air en forme, maugréa Aslander. Il est gravement blessé.
— Fais attention où tu fous les pieds ! crachai-je quand il se redressa pour s'approcher de moi.
Il commença par dégager un premier pied, qui était plutôt lourd et qui avait dû demander un sacré travail pour être taillé. Le second disparut aussi et Aslander dut me soulever pour dégager du pieu sans me l'enfoncer encore plus dans la poitrine.
Je haletai de douleur, une main sur le trou dans mon ventre. Je pissai le sang, mais je n'avais pas de dommages internes d'après mes calculs.
Nous retournâmes auprès d'Abel qui respirait difficilement.
Soudain, sa main agrippa mon bras et il ouvrit de grands yeux. Il gargouilla quelque chose, un prénom je crois que je ne compris pas.
Il hurla de douleur avant de s'évanouir de nouveau en gargouillant de façon atroce.
Putain de merde.
Ça ne pouvait pas être bon.
J'avais peur de ce que son lien avec Evy était en train de lui faire. S'il pompait déjà son énergie, j'avais bien peur que du côté d'Evy, ce soit tout aussi compliqué si Abel pompait son énergie à elle.
Bordel de merde.
— Evy est en très mauvaise posture, soufflai-je, m'attirant le regard noir d'Ani.
Je frottai mes cheveux.
— Je ne veux pas perdre ma fille, ni ma sœur, ni mon Ritter, Ani, murmurai-je, au bord de la panique.
Soudain, une peur glaciale s'empara de mon cœur et je suffoquai.
Je mis quelques instants à comprendre que c'était ma fille.
C'était Ashika.
Ashika.
Des images éparses de son viol me coupèrent le souffle et me tirèrent un grognement de douleur.
Je tombai à genoux, les mains dans le sol, hurlant son prénom.
Et soudain.
Soudain.
Parmi toutes ces émotions, toute cette douleur et cette souffrance, mentale et physique, je vis un visage.
Un visage que se superposa à la réalité.
La rage qui s'infiltra dans tout mon corps... Je n'en avais jamais connu aucune comme ça.
Jamais je n'avais connu à ce point la trahison.
— ARKAN !
Mon lycan voulait prendre le dessus.
Il voulait courir. Il voulait tuer.
— Warren ! S'écria Aslander en me forçant à arrêter mon changement. Reste humain ! J'ai besoin que tu restes humain !
— Il est LÀ-HAUT ! hurlai-je au visage d'Aslander. IL EST LÀ-HAUT AVEC ELLE ! C'ÉTAIT LUI !
Le visage d'Aslander s'assombrit.
— C'était ARKAN !
Mon hurlement de rage se répandit dans toute la forêt.
Et je m'élançai, malgré les appels d'Aslander.
Je m'élançai vers ma fille.
Vers ma vie.
Je m'élançai vers ma rage, ma colère et ma trahison.
Je m'élançai vers ma vengeance.
Arkan devait mourir.
Son trépas arriverait.
Bientôt.
Et j'étais sa sentence.
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