Chapitre 46 : Fais-moi oublier.



Cameron –


Je me suis écroulé comme une masse sur mon lit, nous avons fait un entraînement et encore aujourd'hui, le coach s'est défoulé sur nous comme si nous n'avions pas joué depuis trois ans...

C'est ouvert. Dis-je d'une voix étouffée à celui qui toque à ma porte.

Toc. Toc. Toc.

Je râle en me levant de mon lit pour aller ouvrir au gros lourd qui n'est pas capable d'ouvrir une putain de porte quand on lui dit « c'est ouvert ».

J'ai dit que c'était... Ma voix s'éteint quand je vois April de l'autre côté de la porte.

Je n'ai pas le temps de lui demander ce qu'elle fait là, ce qu'elle veut ou quoi que ce soit d'autre, parce que c'est limite si elle saute sur moi, elle entre en attrapant le col de mon sweat, elle ferme la porte avec son pied et me plaque contre la porte tout en plaquant ses lèvres sur les miennes avec empressement.

Hmm... April. Je parviens à dire entre deux baisers.

Quoi ? Tu n'en as pas envie ? Elle me coupe en plaquant de nouveau ses lèvres sur les miennes.

Demande ça à ma bite qui étouffe dans mon pantalon...

Si, mais...

Pourquoi tu parles alors ?

Je prends son visage en coupe pour, normalement l'embrasser encore mieux, mais ses joues humides m'arrêtent complètement dans mon élan, elles râlent quand je l'écarte entièrement de moi, mais je n'en ai rien à faire.

Tu as pleuré ?

Elle renifle en se dégageant de ma prise.

Non.

J'allume rapidement la lumière de ma chambre et la rattrape pour pouvoir examiner son visage de plus près, ses yeux sont rouges et gonflés par les larmes.

Qu'est-ce qui se passe ? Je lui demande en fronçant les sourcils.

Rien ! Elle grogne en se dégageant de ma prise une fois encore.

Elle a pleuré et pour qu'elle débarque dans ma chambre en m'embrassant comme si j'étais le Graal, il y a quelque chose, elle a été bien stupide de croire que je n'allais rien dire.

J'ai envie de toi... Murmure-t-elle en me plaquant de nouveau contre la porte.

Elle se met sur la pointe des pieds pour poser ses lèvres une fois de plus sur les miennes mais je tourne la tête au dernier moment.

Cameron...

Je ne ferais rien, si tu ne me dis pas ce que tu as. Dis-je d'un ton ferme.

Ce que j'ai ? J'ai envie de toi, de te sentir sur moi... en moi. Je ne parle pas que de tes doigts là...

April, je te jure que je ne te toucherai pas. Dis-je en écartant complètement mes mains d'elle.

Elle s'écarte de moi en titubant légèrement, ses épaules sont secouées par un premier sanglot, puis un deuxième et elle fond en larmes.

Pourquoi tu ne veux pas de moi toi aussi ? Demande-t-elle la voie brisée par les larmes.

Je m'avance vers elle, le cœur douloureux de la voir ainsi.

April... Je veux de toi, je veux de toi matin, midi et soir... Mais pas comme ça.

Pourquoi ? Je veux moi...

Qu'est-ce que tu veux vraiment.

Je veux l'oublier... fais-moi oublier Cameron...

Putain, si j'attrape celui ou celle qui lui a fait tant de mal... je risque de finir en prison.

J'attrape April et la pose sur mon épaule, ce qui lui vaut un mélange de sanglot et hoquet de surprises.

Qu'est-ce que tu fais ?

Confiance, mon cœur, aie confiance.

Je la dépose délicatement sur mon lit, avant de quitter la chambre, je vais dans la cuisine et prends un peu toute la bouffe que je trouve, kitkat, bonbon, glace, mare et j'en passe.

Quand Milo me voit passer avec ça dans les mains, il me dévisage longuement.

Besoin de récupérer l'entraînement. Dis-je en trouvant la première excuse qui me passe par la tête.

Tu sais que c'est moi qui lui ai ouvert ? Il me répond d'une voix blasée.

Ah.

Il soupire et continue son chemin jusqu'à la salle de bain alors j'en fais de même et retourne dans la chambre ou April n'a pas bougé, elle a juste arrêté de pleurer.

On va prendre dix kilos... mais bref. Dis-je en disposant correctement la nourriture sur le lit.

Elle me regarde faire sans un mot, je m'installe ensuite contre la tête de lit, je guide délicatement April pour qu'elle se place entre mes jambes, je serre une main autour de sa taille et pose ma tête sur son crâne alors que de l'autre main, je place correctement mon ordinateur sur ses jambes, je lance le premier film humoristique que je trouve.

J'ai pris des glaces, ne faudrait pas qu'elles fondent. Dis-je en lui donnant un pot.

Merci...

J'ai pensé que la glace pourrait être une bonne idée pour l'inciter à manger, ce n'était apparemment pas une idée de merde, si on oublie qu'on est installé et que je n'ai pas pris de cuillère.

Comment je fais ? Elle demande en levant la tête pour essayer de me voir.

Débrouille-toi.

J'envoie un message à Milo ? Elle demande.

Il est à la douche.

Alors à Adrien.

Non.

Pourquoi ?

J'ai vraiment besoin d'explication ? Dis-je en montrant toute la bouffe et elle d'un signe de main.

Je fais comment alors ?

Utilise tes mains ?

Je vais chercher des cuillères. Soupire-t-elle.

Je referme ma brise autour de son corps pour l'empêcher de partir.

Chut, le film commence.

Mais... j'en ai vraiment envie de cette glace... Dit-elle d'une petite voix affreusement mignonne.

Ah la garce.

Envoie un message à Adrien. Râlé-je.

Merci.

Je fais mine de râler en réponse, mais en réalité, je suis presque sûr d'entendre un sourire de satisfaction, c'est une petite victoire.

Je sais qu'elle n'a pas encore oublié ce qui l'a mise dans cet état, parce que moi je n'ai pas oublié et je ne l'ai pourtant pas vécu, mais j'espère réussir à l'aider...

Mon écran de téléphone s'illumine et je remarque directement la notification d'un message d'Adrien.


De Adrien : Euh ? Les 2 cuillères dans ta chambre demandées par April, c'est sérieux ?

De Cameron : Pose pas de questions et ramène les cuillères.

De Cameron : S'il te plaît.


Adrien toque à la porte quelques minutes plus tard, il a un moment d'arrêt en nous voyant, mais il finit par entrer et donner les cuillères à April qui tend la main dans sa direction.

Merci. Dit-elle en plantant les deux cuillères dans le pot de glace.

Adrien fait demi-tout, mais je le vois re-pivoter vers nous avant qu'il n'arrive à la porte.

Ok, je ne pose pas de questions. Dit-elle après avoir croisé mon regard noir.

Ça le fait marrer, mais il quitte la chambre sans rien dire de plus.

Nous mangeons tranquillement la glace en regardant le film dans un silence apaisant, mais une pensée me traverse l'esprit. Ce silence est apaisant pour moi, mais peut-être que pour elle, il n'a rien d'apaisant parce que ça l'enferme avec ses pensées et le souvenir de ce qui l'a mise dans cet état, le film ne la captive peut-être pas assez pour oublier.

Alors je fais des réflexions aléatoires de temps à autre, je lui caresse avec douceur le bras, je lui propose de la nourriture pour ne pas qu'elle n'oublie ma présence, qu'elle n'est pas toute seule ce soir.

Le générique du film se lance une heure quarante plus tard, j'ai pu entendre son rire très peu de fois, mais c'était déjà bien quand on repense à comment elle était un peu plus tôt.

Nous n'avons pas bougé, elle est toujours entre mes jambes, sa tête repose sur mon torse et mes bras l'entoure dans un geste affectif.

Je n'ose pas lui demander si elle a envie d'en parler, je n'ose rien dire enfaîte et c'est elle qui fait le premier pas.

Ma mère ne m'aime pas. Elle murmure en attrapant mes mains.

Elle commence à jouer nerveusement avec, montrant qu'elle a envie de se confier, mais qu'elle ne sait pas par ou commencer...

Pourquoi tu penses ça ? J'ose alors demander en posant ma tête sur son crâne.

Elle reste silencieuse un moment, si bien que j'en viens à penser qu'elle ne me répondra pas du tout.

Mon père nous a abandonnés par ma faute, ça n'a jamais été un secret. Mais ça, on a su le dépasser, mais quand mon beau-père est mort par ma faute, ma mère a craqué.

Mon cœur commence à battre plus vite, j'essaie de le contrôler parce que je sais qu'elle peut le sentir contre son dos...

J'avais sept ans quand c'est arrivé. Je faisais du volet à l'époque et un soir, il devait venir me chercher après mon entraînement. Commence à expliquer April sans arrêter de jouer avec mes doigts. Il est venu avec deux heures de retard parce qu'il m'avait oublié. La petite fille de sept ans s'est sentie trahie, abandonnée comme le jour où sa mère lui a dit que son père ne reviendrait pas. Il pleuvait beaucoup ce jour là, j'avais super froid et j'étais trempée, ça a augmenté ma colère.

Elle prend une grande inspiration pour continuer, je sens sa voix plus faible et tremblante.

Je me suis énervée contre lui, il s'excusait et je ne cessais de lui faire de reproche, le ton a augmenté rapidement et j'ai dit de chose que je regrette énormément... Il a quitté la route des yeux pour me regarder après une chose affreuse que j'ai dit, il avait dû faire un détour à cause du temps et ne connaissait pas bien la route, trente secondes sans la regarder lui a suffi pour perdre la contrôle dans un virage.

J'essaie de lui montrer ma présence sans pour autant la couper dans son récit, de lui donner le courage qu'elle a besoin pour se confier.

J'ai été éjectée de la voiture alors qu'elle partait en tonneaux, un miracle parce que ça m'a sauvé la vie. La voiture a explosé... Jackson aussi.

Jackson... Elle criait se prénom la nuit à l'hôtel, je comprends qu'elle revivait le cauchemar de cette nuit-là...

Ma mère a sombré dans l'alcool après ça, elle m'a fait vivre un enfer grâce à ses mots et ses actions, j'ai toujours réussi à mettre ça sur le dos du deuil et de l'alcool... Mais elle est sobre maintenant... Ses mots sont pourtant toujours les mêmes, voire plus durs encore.

Certaines choses me paraissent bien plus claires maintenant, comme la façon d'agir de Max quand il est mention de la mère d'April, son comportement étrange quand elle était chez moi, notamment face à ma mère, ses pleurs face à la mère de Max... Son rapport avec les figures maternelles finalement...

Rassure-moi... Quelqu'un t'a déjà dit que tu n'étais pas responsable ? Ouvré-je enfin la bouche en la serrant contre moi.

Oui... Je sais que j'ai une part de responsabilité, mais je ne suis pas la seule fautive. Sanglote-elle. J'en parlais longtemps avec Max et ma sœur, qui est donc la fille biologique de Jackson, m'a dit aujourd'hui qu'elle ne m'en voulait pas.

Ta mère ne devrait pas non plus.

Je devrais être habitué pourtant...

Hé April... C'est normal de ne pas être habité à ça... C'est ta mère, évidemment que ça te blesse. Mais tu n'es pas seule, on est là pour t'aider, tu es forte et tu surpasseras ça.

Merci...

Et sache qu'on serait plusieurs à être ravis d'aller lui refaire le portrait à ta mère.

Non ! Glousse-t-elle. N'en parle à personne, Cameron. Dit-elle ensuite plus sérieusement.

Évidemment que non.

Même pas Colleen.

Pourquoi j'irais en parler à Colleen ? C'est la première chose que j'ai envie de lui répondre, mais un autre truc m'a fait tiquer.

Elle n'est pas au courant ?

Non... Je n'ai jamais trouvé la force de lui dire.

Je comprends...

Je sais que les problèmes ne se comparent pas, mais je n'ai jamais parlé de mon frère à Milo et Adrien, ce n'est pas pour autant que je ne leur fais pas confiance mais... je n'ai juste pas la force.

Un silence s'installe dans la pièce, apaisant encore une fois, et je crois qu'il l'est aussi pour April, mais je lui fais tout de même des caresses sur les bras, au cas où je me tromperai.

Elle commence, elle aussi, à me faire des caresses du bout des doigts sur mon bras, je manque de soupirer de plaisir en sentant son doux parfum de rose quand j'enfouis mon visage dans son cou, j'en ai des frissons et je sens qu'elle aussi...

Je me mords la lèvre en sentant que je commence à bander, parce qu'elle peut facilement le sentir dans cette position... et je crois bien qu'elle vient de comprendre.


À suivre... 


*****


Coucou ! 

Comment vous allez ??

Bon, bah du coup ce chapitre n'est pas vraiment plus joyeux que le dernier mais bien moins dur à lire !

On sait maintenant l'intégralité du passé d'April et à quel point ce que lui reproche sa mère est injuste ! 

Le prochain chapitre est soit chaud, soit froid ! Vos pronostics ? 

On se dit à bientôt pour le chapitre suivant ! 

<3



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