Chapitre 16 : Nettoyage.
– Cameron – Los Angeles -
Je regarde mon reflet dans le miroir et elle le sien, nous restons silencieux le temps d'assimiler notre état.
- Mes cheveux... Dit April en plissant les yeux.
Nous sommes dans un état catastrophique.
April n'attend pas plus au risque de laisser la peinture sécher, elle passe la tête sous l'eau et je fais de même.
J'avoue que je la plains, elle a les cheveux assez longs et avec la tonne de peinture que je lui ai versée sur la tête, ça doit être galère pour tout nettoyer.
Nous nous lavons les cheveux peut-être dix minutes.
Je secoue mes cheveux et l'éclabousse, je m'attendais à une remarque de sa part comme « on dirait un chien » mais rien ne sort de sa bouche.
Elle essore ses cheveux et quand je vois qu'elle compte les lâcher sur ses épaules, je la préviens.
- Je ne ferais pas ça si j'étais toi.
Elle regarde ses cheveux qu'elle maintient en queue-de-cheval dans le creux de sa main.
- Pourquoi ? Elle demande sceptique.
- Ton sweat est dégueulasse, au moment où tu relâcheras tes cheveux, tu seras bonne à les relaver. J'explique comme si c'était LA chose la plus logique.
Elle regarde son sweat dans le reflet du miroir et acquiesce dans le vide.
- Merci. Dit-elle dans un petit murmure.
Elle s'attache les cheveux dans un chignon désordonné pour les protéger un minimum et retire son sweat.
Je suis tenté de lui proposer mon aide, mais je n'en fais rien.
Je retire aussi mon sweat et me sens soudain plus légers. C'est dingue comme un sweat imbibé de peinture pèse plus lourd.
Colleen entre dans les toilettes et se stoppe net en me voyant.
- Ce sont les toilettes pour meuf. Elle dit en me fusillant du regard.
- Les miroirs sont plus grands. Je réponds en symbiose avec April.
Je me tends et vois qu'April se mord la joue dans le reflet du miroir.
Colleen nous dévisage dans le silence.
- Euh... Ok. Fini par répondre Colleen.
Elle me contourne et pose au sol le sac qui doit contenir les vêtements propres d'April.
- Qu'est-ce que c'est passé ? Demande Colleen à sa meilleure amie.
- Ils m'ont attaqué avec de la peinture. Je me suis défendu et ça a fini en bataille de peinture. Explique brièvement April.
Je sors mon téléphone de ma poche qui vient de vibrer pour répondre à Adrien qui me demande où est-ce que nous nous trouvons.
- Vous allez être obligés de nettoyer ? Demande Colleen.
April et moi nous regardons, puis la regardons elle, comme si elle était débile.
- Non, on va tout laisser comme ça. Réponds April sarcastiquement en levant les yeux au ciel.
- Calme-toi, je dis juste ça pour te prévenir de garder tes vêtements sales pour nettoyer et te changer après.
- On n'est pas bête. Dis-je.
Colleen me fusille du regard, mais je l'ignore.
À l'aide de papier toilette, April éponge son t-shirt pour enlever un peu plus de peinture.
Adrien débarque en ouvrant la porte brutalement.
- Wow ! Les miroirs sont beaucoup plus grands ici ! S'exclame mon ami.
Je lance un regard à April et lui dit en silence « tu vois ? »
- Oh, Colleen ! Toi aussi, tu joues le rôle du sauveur ? Demande Adrien en balançant un sac au sol.
- Mec, il y a de la peinture là. Je souffle fatigué.
Adrien prend le sac et le pose à côté de celui d'April en chuchotant un « merde ».
En plus du couloir, on va avoir les toilettes à nettoyer...
- Tu aurais dû voir Colleen ! C'était trop drôle. Rit Adrien.
Elle le fusil du regard, elle est tendue, ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
- Bon, vous pouvez sortir qu'on puisse se nettoyer sans être interrompu ? Je demande.
- T'inquiète mon pote, ce n'est pas comme si je comptais rester. Bisous, tout le monde. Dit Adrien en sortant.
- Tu as vraiment des potes en or, toi. Dit April en me fusillant du regard.
J'ignore la réflexion d'April et me tourne vers Colleen pour qu'elle dégage aussi et comme elle ne bouge pas,
- La porte est à ta droite. Je lui dis froidement.
Colleen m'ignore et regarde sa meilleure amie.
April hausse simplement les épaulés.
- Démerde toi pour la suite. Crache Colleen en fusillant April du regard.
Quand Colleen a quitté la pièce, April soupire et reprend le nettoyage de sa peau dans le silence.
Quand nous sommes un peu plus propres, nous décidons de quitter les toilettes et de retourner sur le champ de bataille.
Dans le couloir, Monsieur Glassman nous attend plus calme que tout à l'heure.
- J'ai bien cru que vous étiez parti. Dit-il en croisant ses bras sur son torse.
- On n'est pas aussi débile. Je chuchote.
April me donne un coup de coude dans le ventre – encore.
- Vous êtes collés cinq heures. Peut-être trois si ce couloir est nickel.
- D'accord. Dit April.
- Monsieur Glassman, vous saviez que le père d'April ne vivait plus avec elle ? Je ne peux m'empêcher de demander.
April s'étouffe avec sa propre salive.
- Euh... oui, en effet, je suis au courant.
- Alors pourquoi avoir mentionné le fait de l'appeler tout à l'heure ? Je demande.
- Je n'ai pas...
Monsieur Glassman regarde April et en la voyant le fuir du regard, il comprend son erreur.
- Toutes mes excuses, Mademoiselle Miller. Balbutie le directeur.
Un court silence s'installe.
- Mettez-vous au travail, je vous garde à l'œil. Fini par dire monsieur Glassman.
Nous l'écoutons et commençons le nettoyage.
- Pourquoi tu as mentionné mon père. Demande April en chuchotant.
Je hausse les épaules.
- Je me suis dit qu'avec sa faute, il allait peut-être nous laisser aller à Paris avec qui on voulait. J'explique d'un air détaché.
C'est faux. Je n'ai juste pas aimer que ce con fasse une telle gaffe devant elle.
- Ne. Refait. Plus. Jamais. Ça. Articule-t-elle avec un regard noir.
Bon... je ne suis plus à une erreur près...
- Désolé. Dis-je.
Je me retrouve peut-être un vendredi soir à nettoyer un putain de couloir, mais ça valait le coup.
Je n'avais pas autant ri depuis longtemps, et encore moi avec April.
L'espace de cette bataille... nous avons oublié tout ce qui s'est passé entre nous.
Après la discussion de samedi soir, j'en avais besoin.
Ses mots m'ont frappé de plein fouet et ce, toute la nuit.
« Tu m'as fait peur. Tu savais ce qui m'est arrivé. Et je t'en veux tellement de m'avoir fait revivre une partie de cette soirée-là. »
« Ça suffit Cameron. On n'est pas amis tous les deux. On n'est rien. Alors laisse tomber. Ne cherche pas à te faire pardonner. Parce que tu ne le pourras jamais. Il n'y a pas que ça. »
- Oh ! Je te parle. Me sort de mes pensées April.
- Pardon, tu disais ?
- Qu'il était temps de rincer ta serpillière. Dit-elle en montrant ma serpillière imbibée de peinture.
Je fais ce qu'elle me dit en lui disant un merci pas très compréhensible.
***
- On a fini. Dis-je au directeur pour attirer son attention.
Il observe le couloir un long moment.
- Trois heures de colle. Il dit avant de se tourner. Le lycée ferme ses portes dans trente minutes, si vous n'êtes pas sorti d'ici là, c'est votre problème. Dit-il avant de quitter définitivement ce couloir.
Dans un soupir de soulagement, nous nous dirigeons vers les toilettes.
- Oh merde, on avait oublié ce détail... Dit April en entrant la première.
Merde... c'est vrai qu'on a aussi dégueulassé les toilettes tout à l'heure.
- Pas grave, on se dépêche. Dis-je.
Je retourne dans le couloir pour prendre la serpillière qui y est toujours.
Quand je reviens, April a déjà poussé nos sacs dans une cabine et elle a déjà commencé à nettoyer le miroir que nous avons éclaboussé.
Je nettoie le sol pendant qu'elle entame les lavabos.
En vingt minutes, tout est propre.
- Il nous reste dix minutes pour nous changer sans dégueulasser de nouveau avec nos vêtements. Dit April en ma balançant mon sac.
- La peinture a séché depuis le temps. Dis-je.
Elle baisse les yeux sur son t-shirt et acquiesce.
- Pas faux. Fais quand même attention.
- Oui M 'dame. Dis-je.
Elle lève les yeux au ciel, mais je vois quand même son petit sourire en coin.
Elle se change dans une cabine alors que moi je reste devant les lavabos.
Flemme de me changer dans une petite cabine.
- Tu as fini ? Elle demande.
- Ouais, tu peux sortir. Dis-je en enfilant un sweat propre.
Elle sort et regarde sa montre.
- Deux minutes. Dit-elle.
Nous nous regardons et nous mettons à courir comme des dingues vers la sortie du lycée. Quand nous passons les grilles, nous nous adossons à un des grands arbres se trouvant devant et essayons de reprendre calmement notre souffle, mais c'est difficile avec le nouveau fou rire que nous avons.
- Ok, ok... Souffle-t-elle. On devrait rentrer maintenant.
- Ouais.
Nous quittons l'arbre et avançons dans le parking sombre.
- Tu es garée où ? Je lui demande.
Elle baisse la tête et reste silencieuse quelques secondes.
- Je ne pensais pas devoir rester aussi tard... je suis à pied. Dit-elle à voix basse.
- Je suis garé par là. Dis-je en lui indiquant ma droite du menton.
Elle lève le nez vers moi hésitante.
- Je te raccompagne. Dis-je.
- Il y a un mois, je t'aurais dit « va te faire foutre » mais... Dit-elle en me souriant timidement.
- J'aurais préféré que tu puisses me le dire. Dis-je à voix basse.
- Moi aussi.
J'aimerais lui demander comment elle s'en sort après cette soirée-là, si elle fait des cauchemars toutes les nuits où seulement de temps en temps... mais je ne peux pas le faire.
- Je vais mieux. Dit-elle comme si elle lisait dans mes pensées.
J'acquiesce en lui souriant.
Nous arrivons à ma voiture et entrons dans l'habitacle.
Le trajet se fait dans le silence, mais comme nous venons de passer deux heures à nettoyer un couloir avec peu d'interactions, ce silence n'est pas gênant.
- Vous voilà chez vous, Mademoiselle Miller. Dis-je en me garant devant son immeuble.
- Merci. Enfin, non, parce que c'est ta faute si je rentre chez moi aussi tard. Dit-elle en riant légèrement.
- Si on oublie la partie nettoyage, avoue que c'était drôle.
Elle me regarde longuement et je ne m'attends pas à ce qu'elle l'avoue vraiment, mais pourtant...
- J'ai bien ri, je dois l'avouer. Dit-elle avant de fermer ma portière.
J'attends qu'elle entre dans son immeuble avant de redémarrer.
Je me réinsère dans la circulation, le sourire aux lèvres.
À suivre...
******
Coucouu !
Après la bataille, vient le nettoyage !
April a, pour une fois, préféré écarter Colleen plutôt que de ce plier en quatre pour elle !
Et on peut donc dire que cette soirée a été chargée en émotion pour April et Cameron, mais ils se sont amusés !
Les commentaires vous sont ouverts ! bisous !
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