Chapitre 5
Dire que ma tête n'est pas là où elle devrait être n'est qu'un euphémisme. Ma petite nièce Henrietta crie de joie à chaque fois que son grand-frère passe la tête à l'intérieur de la fenêtre de la petite cabane où on s'est installé depuis le début de l'après-midi, pourtant je regarde au loin. Et je pense loin.
Toutes mes pensées, aussi incohérentes qu'elles soient, sont dirigées vers le voisin. D'ailleurs quand Lance a proposé qu'on passe la fin d'après-midi dans sa cabane, je n'ai pas hésité une seconde. Entre autre, parce que je savais que je pourrais peut-être avoir une vue sur la maison de James. Malheureusement, les milliers d'arbres de la rue ne m'ont pas permis d'atteindre cet objectif.
En temps normal, je n'aurais pas passé plus de temps à penser à ça, je n'aurais même pas pensé à observer sa maison en tout premier lieu. Mon frère s'était installé là depuis deux ans et pas une seule fois je n'avais tenté de m'apprêter à cette exercice pathétique. Mais aujourd'hui, je me sens assez déçue de ne pas avoir au moins une rapide vue sur qui est James.
Parce que oui, je voudrais savoir qui il est et pourquoi je sens que j'ai un besoin de le connaître. Voilà où ma tête et mes pensées sont depuis les dernières heures. Même le beau son de rire de ma petite nièce ne peut pas me sortir de mes pensées...par contre, une seule pleure me ramène assez vite à la réalité.
Je me retourne assez vite pour faire face à la petite fille qui a les yeux tout d'un coup rouges.
- Qu'est-ce qui s'est passé? Je demande à Lance.
Le petit garçon soulève son épaule aussi confuse que moi. Je regarde ma montre et je réalise tout de suite ce qui ne va pas. Je prend l'enfant en pleure dans mes bras et je l'embrasse.
- Tatie a oublié l'heure du souper hein? Je luis dis doucement en essuyant une larme qui a coulé. Une chance que tu es disciplinée assez pour me rappeler à l'ordre, je rajoute en déposant un autre bisou sur sa joue mouillée. Lance, allons-y, on descend de la cabane, j'ordonne.
Lance m'écoute et ramasse ses jouets avant de commencer à descendre l'escalier de l'arbre. Je le suis de près avec la petite dans mes bras. Il met un pied à terre, mais commence tout de suite à hurler à se décrocher le poumon.
Avant de comprendre ce qui arrive, il recommence à remonter les escaliers en criant "moufette" avec une vitesse et frappe sa petite soeur qui commencer elle aussi à hurler. Nous remontons vite dans la cabane pour nous abriter de la moufette que je n'ai toujours pas aperçu.
dix secondes plus tard, la scène qui déroule devant moi m'accable. Lance et Rietta hurlent à me fracasser un tympan. Pour ajouter plus de chaos à la scène, le petit nez de la petite fille commence à saigner.
- Je vais littéralement me faire tuer par ton père, je lâche à haute voix.
Pire séance de babysitting dans mon annuaire personnel.
- La moufette est où? Je demande à Lance, moi aussi paniquée, une main en dessous du nez saignant de la jeune enfant.
- Là, regarde! le petit garçon crie en pointant le côté droit du garage.
Je suis la direction de son doigt et je remarque effectivement la bête de malheur. La situation se présente assez mal pour moi. Lance continue à crier, Rietta, elle aussi, hurle de pleure probablement parce qu'elle a mal et qu'elle a faim.
Merde! Merde! Et merde! Je pense.
Je ne peux pas lancer des objets à une moufette. Que faire?
- Arrêtez d'hurler une seconde pour tatie mes amours...je vous en supplie!
Rien n'y fait. Un enfant continue à hurler et l'autre à pleurer.
En détresse, je compose le seul numéro que je sais qui peut m'aider s'il est dans les parages.
***
- Il est parti, James dit pour la millième fois à Lance.
- Pour vrai? Ce dernier demande encore susceptible.
- Pour vrai, le voisin répond en tendant la main au petit garçon.
Ce dernier ne fait toujours pas confiance à l'adulte devant lui et ne prends donc pas la main qu'il lui tend.
- Ok, j'ai une meilleure proposition pour toi, le voisin commence.
Je prête une oreille à ce qu'il va dire à mon neveu, tout en continuant d'essayer de calmer ma nièce.
- Et si je te portes sur le dos et que je te ramène à l'intérieur? Tu peux fermer les yeux pour ne pas voir la moufette si elle est là.
- Tu peux me porter? Comme papa? Le petit garçon demande émerveillé.
- Oui, je peux! Je suis un pompier tu sais?
Lance et moi devenons les deux ébahis. James me lance un regard rapide avant de reporter toute son attention sur Lance.
- Ok, le petit garçon répond avant de grimper sur le dos du pompier.
Mon cerveau n'a pas le temps de faire les milles tours qu'il veut faire que le voisin est déjà au pied de la porte du cabanon.
- À votre tour mesdames, il lâche.
Je regarde la petite fille en larme sur mes genoux.
- Nous devons prendre soin de ça le plus rapidement possible, il commente en fixant la petite fille. Tu peux me la donner, je vais descendre avec elle.
- Elle est trop timide. Je ne pense pas qu'elle voudra aller vers un inconnu.
- Je vais tenter ma chance, il dit avec un bref sourire. Je pense que j'ai assez de charme pour gagner le coeur d'un bébé, il affirme en tendant les bras à Rietta.
Je donne une petite poussée à l'enfant qui est emmitouflée dans mes bras. Cette dernière regarde le pompier intensément avec les yeux mouillés. À ma plus grande surprise, elle se laisse prendre par le grand homme et pause même sa tête dans le creux de son épaule.
Il me sourit et descend doucement avec l'enfant dans ses bras.
Je les suis, je descends à mon tour et rentre dans la maison de mon frère avec eux. Bizarrement, même quand je laisse cours à mes pensées, rien ne se passe. La seule chose que je retiens c'est que je comprends enfin pourquoi je me sens moins apeurée en sa présence. C'est un pompier...et Dieu seul sait combien j'en ai côtoyé pendant ces dernières années.
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