Chapitre 2
- Imbécile! Je dis en frappant mon front avec ma paume de main droite. Tu t'attendais à cet appel depuis mardi non?
La lumière du trafic devient vert et je traverse la rue transversale à la maison à Karl. Je ne sais pas pourquoi j'ai décidé de faire ce chemin. J'habite à treize minutes à pied de leur maison et le train est à trois minutes à pied de ma maison...
- Pour quelqu'un qui doit faire des calculs à longueur de journée, je te trouve assez poche, je me dis à moi-même une fois la rue traversée.
Je m'arrête sur le trottoir et je regarde la rue d'où l'appel est censé avoir été passé.
Non, je n'ai absolument aucune raison pour passer devant la maison de Karl. Je dois aller prendre le train qui est littéralement dans l'autre direction! Je détourne le regard de la rue qui m'est très familière et je prends la direction opposée.
C'est assez le niaisage! Je pense, avant de rentrer tête première dans quelqu'un.
Le choc me fait me réculer par réflexe, mais une main assez large vient supporter mon dos avant que je perds l'équilibre.
- Est-ce que ça va? La bouche qui vient avec la main dans mon dos me questionne.
Je prends quelques seconde pour rattraper ma respiration avant de regarder l'homme qui m'a parlé.
Le voisin.
Je le regarde sans même cligner des yeux. Sa main est enlevée de mon dos et je le vois froncer ses sourcils.
- Est-ce que ça va? Il répète.
- Oui, je dis en sortant de ma transe. Désolée, de t'être rentrer dedans.
Il me regarde pendant quelques secondes avant d'esquiver un sourire doux.
- La soeur de Valérie? Il me demande pas sûr.
- Sa belle-soeur...et tu es la personne qui a demandé mon numéro. Je m'excuse de ne pas...
- Non, je suis la personne à qui Valérie a donné ton numéro, il me coupe avec le même sourire, mais qui me semble moins doux tout d'un coup.
- Ah, je lâche tout simplement. Je m'excuse pour elle. Ça a dû être une conversation gênante pour vous.
- On se vouvoie maintenant? Il me demande avec un petit rire amusé.
- Je ne sais pas. Ce n'était pas correct de ma part de vous tutoyez dès le départ, je m'excuse pour ça.
Il rit fort cette fois-ci.
- Vous vous excusez beaucoup! En tout cas, toutes personnes qui frappent leur front dans mon torse ont la carte blanche pour me tutoyer. J'espère que l'honneur est partagé? Il me questionne en me tendant une main à serrer.
Je regarde la main qu'il me tend et je retourne mes yeux dans ses yeux, assez beaux à première vue, mais assez perçants et troublants quand on se plonge dedans.
- Je ne mords pas Lindsay, il m'encourage à prendre sa main avec le sourire qui redevient doux.
Je sursaute légèrement à l'entente de mon nom dans sa bouche. Après quelques longues secondes, je quitte enfin ses yeux et je serre la main qu'il me tend.
- Je ne connais pas votre...ton nom.
- Tu l'aurais déjà su si tu avais répondu à mon appel d'aujourd'hui, il lâche à moitié amusé et à moitié sérieux.
***
- James! Mon nom est James, il avait lâché avant que je m'excuse pour la énième fois. Content de t'avoir enfin parlé Lindsay et bonne soirée à toi, il avait conclu avant même de me laisser la chance de placer un mot.
Cette rencontre m'a troublé, je dois l'avouer. Je ne suis pourtant pas facilement déstabilisée, alors pourquoi cet homme a pu me mettre dans un tel état. Parce qu'en faisant une rétrospection de la conversation, je ne peux m'empêcher que de grimacer. Un mot pour décrire l'intéraction : Gênante.
Pas la meilleure des premières impression et pas représentative de ma personne non plus, enfin je suppose.
Je soupire et prend une bouchée de spaghetti.
- Ça va ma chérie? Ma mère me demande de l'autre bout de la table.
- Longue journée au travail, je mens.
- As-tu des soucis, mon frère Karl me demande, lui aussi à l'opposé de la table.
Tout d'un coup, la table devient silencieuse et plus personne ne mange en attendant ma réponse.
- Pas du tout! Je réponds en essayant de sourire.
Consciente que ma tentative de sourire a probablement l'air d'une grimace, je prends mon verre de vin presque vide et je bois le reste en une traitre.
- Au contraire, ça va super bien. Je suis maintenant responsable de gérer les PME qui ont un portefeuille de plus de 50 milles, j'ajoute en déposant le verre.
- Ah c'est super! Mon père répond et toute la famille me félicite avant de passer à autre chose.
Je retourne dans mes pensées pour micro-analyser la conversation avec James...
Tellement à fond dans mes pensées que je n'entends pas Andy et Sarah parler de leur prochain déménagement. Je n'entends pas plus Marc raconter comment Jennifer a surpris Sofia, ma petite nièce, en train de mettre des biscuits dans sa couche. Et je n'ai pas plus entendu mes parents annoncer qu'ils iront en croisière en Europe avant la fin de l'été.
Tout ce que j'entends en boucle dans l'oreille c'est :"Je ne mords pas Lindsay".
C'est peut-être la façon qu'il a dit mon nom qui me captive autant ou c'est peut-être la facilité à laquelle c'est sorti de sa bouche qui me perturbe. A-t-il pratiquer mon nom?
- Linny! Valérie dit plus fort en me frappant le bras avec son coude.
Je sursaute et je dirige mon attention sur elle.
- On t'a demandé si tu peux garder les enfants mercredi prochain.
- Chez moi? Je demande assez rapidement
- Non, c'est un soir d'école pour Lance. Ça serait apprécié que ça soit chez nous, elle conclut.
J'ai gardé mon neveu dix millions de fois depuis qu'il est né et pratiquement toujours chez Karl et Valérie. Mais cette fois-ci, j'ai pas nécessairement le goût de faire du babysitting chez eux. Entre autres parce qu'il y a un certain voisin que je risque de croiser dans la rue.
- Je ne sais pas. Faudrait que je vérifie avec mon horaire, je réponds blasée.
Effectivement, faudrait que je vérifie si à l'horaire, le mercredi, il est prévu que je sois toujours autant obsédée par un homme nommé James.
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