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Deux mois.

Deux mois qu'il attendait désespérément son réveil.

Deux mois qu'il passait tous les soirs sans exception le voir après ses cours.

Deux mois qu'il rentrait seul à leur appartement.

Deux mois qu'il pleurait en pensant au pire en se demandant si son amoureux allait survivre.

Deux mois qu'il avait perdu sa moitié.

Deux mois qu'il avait du mal à dormir dans ses draps froids.

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Benjamin avait dix huit ans quand il avait commencé à vivre dans une résidence étudiante aux frais de ses parents, car sa fac était loin de chez lui. Et c'est tout naturellement que son petit ami Gabriel avait commencé par venir passer quelques nuits avec lui là-bas.

Et au fil du temps, c'était carrément devenu sa résidence principale. Au grand bonheur de Benjamin, qui s'était habitué à vivre avec la bonne humeur constante de Gabriel. Son rayon de soleil comme il l'appelait. C'était tellement niais. Mais surtout vrai. Gabriel était plein de vie et tout le temps surexcité alors que Benjamin était plus mesuré et froid.
Opposés inséparables.

Jusqu'à maintenant.

Benjamin avait pris l'habitude de venir chercher son petit ami de deux ans de moins que lui à son lycée en sortant des cours. Les deux jeunes ne se cachaient pas, sauf à leur famille, et s'embrassaient sans se préoccuper des autres.

Quand il y repensait, Benjamin se demandait comment ils avaient pu être aussi cons. S'exposer comme ça, devant des centaines d'autres lycéens. Il se sentait coupable de ne pas avoir su.

Un soir, le jeune homme avait dû rester plus tard que prévu à sa fac pour finaliser un projet de groupe avec quelques camarades de classe. Trop tard pour venir chercher Gabriel. Et c'est précisément ce jour-là et à cause de cela qu'était arrivé le pire.

Prévenu par Benjamin, le jeune lycéen avait opté pour une solution de rechange et au lieu de prendre le bus, il avait préféré rentrer à pied chez ses parents, en attendant que son petit ami passe le prendre ici. Il y avait seulement 10 minutes à pied du lycée à la maison. 10 petites minutes.
Et pourtant.

Cela avait été amplement suffisant pour que le jeune homme se fasse agresser violemment par des camarades de classe homophobes. 10 minutes cela peut bouleverser une vie.
Gabriel ne devait sa vie sauve qu'à un passant qui avait été témoin de la scène et avait averti police, et secours.

Benjamin n'avait même pas reconnu son petit ami. Lorsqu'il l'avait vu à hôpital, son visage était tellement recouvert de sang et de bleus qu'il était impossible de distinguer quoi que ce soit.

Depuis ce jour là, chaque soir Benjamin venait. Il lui parlait un peu, de sa journée, de son manque, de sa peine et de plein d'autres choses futiles qu'ils avaient l'habitude de partager.

Des fois, il s'asseyait juste. Et il attendait. Il attendait un réveil, un mouvement de paupière, un signe d'amélioration quelconque, un espoir. Espoir qui peu à peu s'amenuisait au fil des jours.

Et pourtant un jour, en rentrant chez lui, Benjamin eut l'appel qu'il attendait tant.