Chapitre 4




Chloé patientait depuis maintenant une dizaine de minutes. La chaise sur laquelle elle était assise était extrêmement inconfortable, lui arrachant quelques soupirs d'exaspération à peu près toutes les dix secondes. Ses doigts pianotaient frénétiquement ses cuisses tandis qu'elle fixait un point invisible, se trouvant sur le mur en face d'elle, qui possédait une étrange couleur verdâtre. Néanmoins, elle trouva une chose positive : elle était seule. La pièce n'était occupée que par elle si on oubliait la secrétaire, occupée à pianoter sur son clavier un texte inconnu. Cette dernière ne releva la tête que lorsque la blonde poussait des soupirs légèrement trop bruyants. Les minutes passaient avant qu'elle n'entende la porte s'ouvrir, laissant place à une jeune fille, qui s'installa à ses côtés, en laissant tout de même un siège d'écart.

Chloé observa la nouvelle venue discrètement. Elle put aisément comprendre que la jeune demoiselle en question n'avait pas du beaucoup dormir ses derniers temps. Ses cheveux, attachés en un chignon, semblaient avoir été coiffé à la va-vite, comme si elle n'avait même plus assez de force pour en prendre soin. Soudainement, la nouvelle venue tourna la tête en sa direction et plongea son regard dans le sien. Ses yeux brillaient et des larmes perlaient au coin, prête à jaillir au moindre instant. La fille du maire l'avait, évidemment, reconnu lorsqu'elle était entré dans la pièce, mais la voir ainsi lui confirma les quelques doutes qu'il lui restait. Chloé n'avait qu'une envie, la prendre dans ses bras et la serrer fort contre elle, serrer fort cet être qui semblait pouvoir se briser d'un instant à l'autre, sous ses yeux. La blonde avait ouvert la bouche, voulant dire un mot, puis la referma et tourna la tête. Ses mains agrippèrent le tissu se trouvant sur ses genoux, les yeux rivés vers ces derniers.

La fille se trouvant à ses côtés n'était nul autre que Marinette Dupain-Cheng.

Chloé fit comme si de rien n'était. Ses yeux étaient rivés sur son portable où elle regardait des postes sur les réseaux sociaux, tous plus banals les uns que les autres. Un silence régnait sur les deux jeunes filles, quelque fois interrompu par des bruits de pas qui résonnaient derrière le mur. Rien ne pouvait les perturber et même leur présence, dans la même pièce, ne fut pas capable de détourner leur concentration. Parfois, Chloé entendait des légers crissements, due au contact du crayon de la brune sur le papier, elle supposa que Marinette travaillait sur un de ses croquis, il faut croire que sa passion ne l'avait pas quitté depuis le collège.

Soudain, la porte s'ouvrit sur une femme, qui devait avoir la quarantaine d'années, et qui n'était autre que la psychologue du lycée. Elle repositionna ses lunettes sur son nez (ce que Chloé trouva idiot étant donné que les lunettes étaient, de base, parfaitement positionnées) avant de plisser ses yeux sur son carnet, qu'elle tenait face à elle.

- Mon dieu ils n'ont même pas été capable de trouver une psy capable de lire un papier, marmonna la blonde.

Elle entendit un petit rire et se tourna vers sa provenance pour confirmer ses doutes. Elle ne rêvait pas, c'était bien Marinette, oui oui, Marinette Dupain-Cheng, qui venait de rire (légèrement) à une de ses remarques. Chloé ne dit aucun mot et retourna son attention vers la psychologue, qui semblait enfin avoir déchiffré le nom qu'elle tentait en vain de lire depuis quelques secondes.

- Ah voilà ! Chloé Bourgeois ? s'écria-t-elle en regardant Marinette.

- Euh n-non moi c'est Marinette madame, balbutia poliment la brune.

- Où est cette petite-

- Juste là, Chloé se leva et se mit face à la psychologue, bras fermement croisés contre sa poitrine, juste là.

La femme réprima un hoquet de surprise, remit ses lunettes en place (ce qui exaspéra une fois de plus la fille du maire) et invita Chloé à entrer dans son bureau.

Une fois la porte fermée derrière elle, Chloé se dirigea vers un des sièges se trouvant face à un bureau et à un autre fauteuil, où la psychologue prit place. La femme se racla la gorge, prit un bon nombre de papiers qu'elle cogna contre le bois du bureau, et leva les yeux vers la blonde, avant de remettre (encore une fois) ses lunettes en place.

- Alors, commença-t-elle, j'ai analysé votre dossier, nombreux de vos camarades-

- Quel camarade même ? l'interrompit-elle.

- S'il vous plaît mademoiselle Bourgeois, répondit-elle d'une voix douce, évitez de m'interrompre, je suis là pour vous aider vous savez.

Chloé n'en croyait pas un mot mais fit un mouvement d'épaules, signe qu'elle lui accordait le bénéfice du doute.

- Donc je disais, elle se racla la gorge, nombreux de vos camarades ont noté votre isolement dernièrement, Chloé leva les yeux au ciel, pensez-vous que c'est vrai ?

- Mon seul ami est mort je vous rappelle, répliqua-t-elle d'une voix sèche.

Elle paraissait avoir dit ça avec une nonchalance qui déconcerta la psychologue, pourtant, sous le bureau, on pouvait voir les mains de la blonde, qui agrippaient fermement le tissu de son jean, pour masquer leurs tremblements.

- J-je, la femme se racla la gorge, une énième fois, afin de reprendre contenance, je vois. Êtes-vous sûres que qu'il était votre seul ami ?

- A votre avis ? Qu'est-ce que je ferais là sinon ? Si j'avais des "amis", ironisa-t-elle, ils m'auraient aidés, et je n'aurais pas besoin de vous à l'heure actuelle.

- Donc vous reconnaissez avoir besoin de mon aide ?

- Je m'en fous de votre aide, de celle du lycée, et de tous les autres, s'énerva-t-elle. La seule personne en capacité de m'aider n'est pas vraiment en état de le faire voyez-vous ?

Chloé détourna son regard de la femme, ses yeux commençaient à se remplir de larmes et elle ne tenait pas à les montrer.

- Mademoiselle Bourgeois-

- Vous ne comprenez pas, l'interrompit-elle d'une voix tremblante, jamais vous ne pourrez comprendre.

Son regard était rivé sur ses cuisses, ses mains tremblaient autant que sa lèvre inférieure. Elle n'avait qu'une envie : sortir.

Cela faisait trois jours qu'Adrien n'était plus là. André Bourgeois avait obligé sa fille à aller en cours, loin de se douter des tourments de sa fille. Chloé était donc là, à vagabonder dans les couloirs du lycée. Elle les connaissait par cœur mais elle avait l'impression de les redécouvrir. La blonde n'avait jamais vraiment prêté attention au petit détail qui, pourtant, était omniprésent dans l'établissement. Par exemple, elle avait constater que le mur face à la salle 302 portait une légère fissure. Ce n'était pas vraiment important mais Chloé aimait bien cela, trouver des petites choses qui faisaient que les murs étaient tous différents, alors qu'ils devraient être similaires.

La présence d'Adrien lui manquait énormément. Chloé marchait seule alors qu'auparavant elle était avec lui. Toujours avec lui. Ils ne pouvaient s'empêcher de se chamailler, sous les yeux rieurs de leur camarade (et jaloux de certaines fan du mannequin). Les gens souriaient en les voyant, une aura enfantine émanait d'eux. La blonde souriait plus facilement au point qu'elle ne s'en rendait même pas compte. Ses camarades de classe lui parlaient et elle leur répondait naturellement, sans aucune insulte, sans aucun mépris.

Tout était tellement simple auprès d'Adrien.

- Tout était tellement simple auprès d'Adrien, vous ne pouvez pas comprendre, soupira-t-elle.

Chloé sentit une main sur son épaule et releva la tête.

- Alors, expliquez-moi, lui sourit-elle, essayez de me faire comprendre.

- Pourquoi voulez-vous tellement comprendre ? rétorqua-t-elle avec, visiblement, quelques barrières de moins.

- Parce que je fais attention à tous nos élèves, Chloé leva un sourcil, et que j'ai remarqué votre nombre d'heures d'absence augmenter considérablement, je ne veux pas que vous risquiez le décrochage scolaire.

- Les cours sont le cadet de mes soucis, ironisa la blonde.

- Pour le moment oui, elle lâcha l'épaule de Chloé et se remis droite sur son siège, mais dans quelques années, vous regretterez de ne pas avoir assister au cours et de ne pas avoir l'orientation que vous désirez.

Chloé se mit à peser le pour et le contre, elle s'était toujours dit qu'elle reprendrait l'hôtel de son père et qu'elle deviendrait maire à son tour mais, parfois, une petite idée de liberté totale pouvait s'insinuer en elle. Si elle réussissait à trouver un travail stable qui lui plairait, elle pourrait quitter sa famille et vivre quelque part, sur une île par exemple, en compagnie de la fille de ses rêves (et elle faisait tout pour ne pas penser à Marinette dans ces moments-là), une vie parfaite en somme. Honnêtement, Chloé n'a jamais trouvé ça vraiment envisageable et l'avait gardé dans un coin de sa tête, en guise de rêve inatteignable. Lorsqu'elle en avait parlé à Adrien il lui avait dit de foncer, que l'on avait qu'une vie et qu'il fallait en profiter, qu'elle aussi avait le droit au bonheur. Ils avaient passés l'après-midi à tenter de lui trouver un métier convenable, sans succès.

- Que voulez-vous savoir exactement, lança-t-elle une fois sortie de sa rêverie.

La femme se mit à réfléchir avant de répondre :

- Racontez moi la personne qu'était Adrien, pour commencer.

Honnêtement, Chloé n'en avait pas la moindre envie, mais il se trouvait que c'était la seule personne qui se souciait vraiment d'elle ses derniers temps. Elle prit une profonde inspiration :

- Adrien était une personne vraiment... exceptionnelle. Chloé reprit une respiration, sa gorge nouée l'empêchait de faire de longues phrases. Il était toujours là, pas que pour moi, pour tout le monde. Dès qu'il voyait quelqu'un en difficulté il n'hésitait pas une seconde. Alors que moi...

- Alors que vous ? s'enquit la psychologue en voyant qu'elle ne terminait pas sa phrase.

- Moi je m'en fichais, les gens pouvaient aller bien comme mal je m'en foutais éperdument. La seule personne qui m'intéressait était... moi-même. Mais en voyant que les gens me détestaient et commençaient à le détester...

- Pourquoi le détestaient-ils ?

- A cause de moi, lâcha-t-elle, et pourtant il continuait d'être ami avec moi alors que j'étais la pire peste qu'il devait connaître. Puis un jour il m'a clairement dit qu'il n'en pouvait plus.

- Qu'avez-vous ressenti à ce moment là ? demanda-t-elle en prenant des notes.

- J'avais l'impression de tomber dans un trou sans fin, commença-t-elle, que... je ne sais pas... que mon cœur s'était détruit en l'espace de cinq minutes. Alors j'ai compris que si je ne changeais pas je le perdrais. Au début c'était compliqué mais finalement je trouvais que ma vie était bien mieux. Je n'étais plus détesté, les gens me souriaient, Adrien était là, tout était parfait.

Elle avait, volontairement, omis certains détails. Mine de rien, la fille du maire ne faisait pas totalement confiance à cette psychologue, mais elle sentit un poids en moins peser sur ses épaules.

- Chloé que ressentiez-vous pour Adrien ?

La fille du maire releva brusquement la tête, elle sentit arriver la gaffe à des kilomètres.

- Seulement de l'amitié, assura-t-elle sèchement.

- En êtes-vous sûres ?

- Vous ne me pensez pas capable de savoir ce que je ressens ou non pour mon meilleur ami ?

Sa voix se fit plus grinçante, elle serrait les poings avec tellement de force qu'elle sentit ses ongles s'enfoncer dans sa chaire.

- Comment pouvez-vous être aussi sûre que ce n'était que de l'amitié ? insista-t-elle.

La blonde vit rouge, décidément elle allait beaucoup trop loin.

- Vous savez quoi, pensez-ce que vous voulez j'en ai rien à foutre.

- Surveillez votre langage j'essaie simplement de vous aid-

- Vous essayez de quoi ? De m'aider ? En me forçant à avouer des sentiments que je n'éprouve même pas ? elle rit, enfin ce n'était pas vraiment un rire mais ça y ressemblait fortement; C'est n'importe quoi vous n'avez vraiment rien compris ! J'en étais sûre de toute façon que vous ne pouviez pas comprendre. J'ai vraiment été bête de vous avoir raconté autant de trucs sur moi, sur lui sur nous !

C'est ce moment que choisit Marinette pour ouvrir la porte. Chloé ne lui jeta aucun regard, les bras croisés contre sa poitrine, ses yeux étaient beaucoup trop occupés à fixer la psychologue.
Elle imaginait un plan de torture.
Bien sûr elle garderait ça pour elle.
(Elle n'avait aucune envie de finir en hôpital psychiatrique)

- Excusez-moi mais, commença Marinette d'une petite voix, c'est que j'ai cours dans un quart d'heure et je n'aimerais pas arriver en retard.

- Prend ma place, lui lança la blonde, je n'ai pas envie de rester davantage avec une personne aussi incompétente.

Sur ces mots la blonde bondit hors de son siège, attrapa son sac qu'elle mit sur son épaule, et quitta la pièce. Son épaule avait frôlé celle de Marinette qui la regardait avec de grands yeux. Chloé s'empressa de monter les escaliers. Ses pieds martelaient les marches avec force, son cœur commençait à battre de plus en plus vite tandis que sa respiration se saccadaient. Elle monta chaque étage avec le même rythme jusqu'à ce qu'elle arriva au dernier, le cinquième. La blonde jeta un œil à son téléphone, il lui restait encore dix minutes avant le début des cours. La fille du maire se mit à errer dans les couloirs. Chloé vit quelques élèves, certains étaient assis au sol, d'autre semblait être dans une discussion passionnante, elle aperçut également un couple s'embrasser à pleine bouche, ce qui lui donna la nausée.

Elle marchait près des murs que ses yeux scrutaient, ils étaient verts. Comme les yeux d'Adrien. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle s'arrêta subitement.

"Allez Chloé ne craque pas, tu n'es pas seule, ne craque surtout pas devant eux."

Elle se répéta cette phrase plusieurs fois et, lorsqu'elle sentit qu'elle n'allait pas se transformer en fontaine vivante, reprit sa marche. C'est d'un pas lent qu'elle progressa lentement vers son objectif, la blonde était obligé de s'ordonner « avance, un pied devant l'autre, lève la tête ».

Elle n'était plus qu'à quelques pas de sa salle lorsque son regard croisa celui d'un autre élève, ses yeux étaient noirs tout comme ses cheveux mais ce n'était pas ce qui interpellait la jeune fille, ce qui la perturba était le geste qu'il avait eu juste avant, à savoir, passer une main dans ses cheveux pour les recoiffer. C'était un petit détail mais il était suffisant pour la faire craquer. Par chance, les toilettes étaient juste à proximité, elle s'y précipita en priant pour que les cabines soient vides (ce qui était fort probable vu l'heure). Chloé ouvrit une porte et vit des toilettes inoccupées. Elle comprit vite qu'elle n'avait même pas été utilisée, elles étaient encore propre et une légère odeur de javel flottait dans l'air. Elle baissa le rabat des toilettes et s'assit dessus. Il y eut un moment de vide, d'environ dix secondes, où ses yeux fixaient la porte, recouverte d'écritures noires, faites par des élèves, puis elle craqua.

Après avoir renvoyé son majordome, avec un manque de tact digne de la fille du maire, Chloé avait rejoint ses invités et fixait Marinette. Elle lui lançait les regards les plus mauvais qu'elle le pouvait, pour ne pas que Sabrina se doute de quelque chose, mais c'était compliqué. La voir sourire, rire, danser avec Adrien était irrésistible. Une pointe de jalousie s'infiltra en elle et elle décida de se concentrer sur cette sensation, histoire que son petit numéro de l'amie d'enfance possessive soit crédible.

Cela faisait dix minutes que Chloé les observait. Elle avait constaté que, plus les minutes s'écoulaient, et plus Adrien s'approchait de Marinette. Bien sûr, c'était à peine visible mais la blonde connaissait ce regard, il avait une idée en tête et la fille du maire savait pertinemment qu'elle ne risquait pas de lui plaire. Alors elle regarda son meilleur ami, passer son bras autour de la taille de la brune. Elle vit la brune en question rougir. Chloé savait ce qu'il allait se passer mais, malgré tout, elle continuait de regarder. Même si la jalousie s'était tellement emparée d'elle qu'elle était sur le point d'exploser. Au lieu de ça elle se contenta de se mordre l'intérieur de la joue, elle sentit rapidement le goût du sang. C'était ainsi, les poings serrés et la bouche en sang, que Chloé observa Adrien approcher lentement son visage de celui de Marinette. La blonde voulait détourner son regard mais une force inconnue la forçait à les regarder, à regarder la personne qu'elle aime le plus au monde embrasser celle qu'elle se force d'oublier depuis tant d'années.

Elle entendit Sabrina dire quelque chose mais n'y prêta pas attention. C'est lorsqu'elle sentit des mains se refermer sur ses épaules qu'elle se retourna.

- Mais qu'est-ce qu'il te prend espèce de demeu-

Elle s'arrêta en plein milieu de sa phrase. Ce n'était pas Sabrina, enfin si, c'était plutôt le corps de Sabrina. C'était très étrange, ses yeux avaient pris une couleur verte néon et son sourire n'avait rien d'amical. C'est en voyant ce sourire que Chloé se dit qu'elle n'était peut-être pas en sécurité. La fille du maire se mit à fuir, suivie du corps possédé de sa soi-disant meilleure amie.

- A l'aide elle est devenue folle ! hurla-t-elle en se ruant vers la piste improvisée, où ses invités la regardaient, les yeux ronds.

Son cri eut le mérite d'interrompre Adrien dans sa tentative de baiser, Chloé passa en vitesse entre Marinette et lui. C'était totalement involontaire, mais elle eut une légère satisfaction de les avoir séparé. Elle s'en voulut d'avoir pensé ça la seconde suivante.

Chloé resta un moment sans rien faire, ses yeux, vidés de leurs larmes, fixaient la porte devant elle. Depuis la mort d'Adrien, des crises de larmes de ce genre survenait assez régulièrement. C'est une des raisons pour lesquelles elle évitait d'aller en cours : le fait de se retrouver enfermé dans une pièce avec d'autre personne sans pouvoir en sortir librement la terrifiait. La blonde détestait montrer ses faiblesses et, par conséquent, ses crises de larmes à répétition ne l'aidait pas beaucoup. C'est pour cela qu'elle avait pris pour habitude de se rendre dans le café le plus proche, elle a toujours pris du thé glacé et n'a jamais changé ses habitudes. Elle se mit à fixer la paume de ses mains, elles étaient pleines de mascara (qui avait décidé de couler de façon improbable, alors qu'il était censé être résistant à l'eau, Chloé se promit d'en toucher deux mots au fabricant) étant donné qu'elle les avaient plaqués contre ses yeux. La blonde en conclut qu'elle devait avoir une mine affreuse. C'est ce qui la motiva à se lever, à ouvrir la porte, et à se diriger lentement vers le miroir au-dessus du lavabo.

Elle avait du, pour obtenir ses miroirs, se battre comme elle ne s'est jamais battu.

- Non mais tu te rends compte ! s'écria-t-elle de façon théâtrale face à un Adrien blasé, des toilettes sans miroir ?! C'est n'importe quoi ! Quel genre de lycée ne met pas de miroir dans ses toilettes ?!

Elle s'était, après ses derniers mots, assise face à Adrien, en le regardant l'air de dire "avoues que tu es d'accord avec moi !" Ce dernier se contenta de lever un sourcil avant de répondre :

- Euh, à peu près tous les lycées de France ?

Chloé soupira bruyamment, ce qui arracha un rire au blond.

- Allez ça va, je te taquine, il attendit patiemment que la moue boudeuse de son amie se transforme en un sourire. Non plus sérieusement, reprit-il, je ne comprends pas pourquoi tu en fais toute une histoire.

- Mais tu ne comprends donc pas ?!

Adrien attendit la suite avant de comprendre que ce n'était pas une question rhétorique et qu'il fallait donc qu'il y réponde.

- Je suis censé saisir quelque chose ?

- Et bien non tu ne comprends pas ! se lamenta-t-elle. Comment je, enfin, on, se reprit-elle, pourrait s'assurer que tout va bien sur nos visages sans miroir qu'ils n'ont pas été foutus d'installer !

Adrien put même entendre un "c'est ridicule totalement ridicule" alors que la blonde ne l'avait pas prononcé et se retint de rire.

- Tu sais qu'il y a une invention assez incroyable que les femmes utilisaient depuis trèèès longtemps, bon ce truc avait arrêté d'être à la mode vers le milieu du XVIIe siècle mais il paraît que, depuis peu, c'est revenu en force !

- Abrège, fulmina-t-elle.

- Tu sais ce petit objet que tu mets facilement dans ton sac, devant la mine impatiente de Chloé il finit avec son éternel sourire en quoi : ça s'appelle un miroir de poche, tu en a des dizaines, je peux même t'en offrir un si tu veux.

- Mais ce n'est pas pareil ! Comment veux-tu que je retouche mon maquillage si je dois tenir d'une main le miroir et de l'autre un pinceau ! Je le tiens comment le récipient moi hein ?!

C'en était trop pour Adrien qui explosa de rire.

- C'est ça moque toi ! Mais quand toutes les filles m'idolâtreront pour avoir mis en place cette idée de génie ne vient pas dire que tu y auras contribué !

- Promis, réussit-il à répondre entre deux crises de fou rire, mais essaie de ne pas trop en faire un scandale hein ?

Chloé hocha vigoureusement la tête et leva les yeux au ciel l'air de dire "tu me prends pour qui ?"

- Et qui sait, commença-t-il d'une voix taquine, peut-être qu'il y aura deux ou trois filles de ton style dans le lot...

Il n'eut même pas le temps de lui adresser un clin d'œil qu'il reçut un coussin en pleine tête. Il entendit Chloé marmonner un "ne dit plus jamais de trucs pareils imbécile" et éclata de rire.

Le rire d'Adrien résonnait dans sa tête quand elle trouva un miroir de poche. Il était coincé entre deux palettes, une d'highlighter et l'autre de blush. La fille du maire le sortie délicatement, comme si ce petit objet pouvait se volatiliser au moindre mouvement brusque. C'était un miroir de forme ronde, noir, qui s'ouvrait en deux, sur le dessus était gravé en doré la tour Eiffel ainsi que le mot "Paris" juste en dessous, d'une écriture fine et soignée. Lorsqu'elle l'ouvrit elle vit son propre reflet, celui d'une fille qui ne sais apparemment pas appliquer du mascara correctement, avec des yeux gonflés et une queue de cheval mal serrée. Puis ses yeux s'attardèrent sur la deuxième partie, c'était une photo d'Adrien et elle, prise au parc. Elle effleura doucement du doigt son visage, elle paraissait tellement heureuse, elle s'attarda sur Adrien un long moment, sur ses cheveux d'un blonds brillants, ses yeux d'un vert intriguant, et son sourire qui en faisait fondre plus d'une. Chloé découvrit quelque chose qu'elle n'avait jamais remarqué jusque là, en dessous de la photo se trouvait un bouton poussoir, elle appuya dessus et regarda avec surprise ce qu'il se passait. La partie où se trouvait la photo se souleva légèrement et laissa apparaître le fond du miroir. Il était noir et possédait lui aussi des gravures dorées, tout comme le dessus, sauf qu'il y'avait un texte qu'elle n'avait encore jamais lu. Je sais que tu es magnifique mais il serait temps d'arrêter de se regarder cinq minutes non ? Je plaisante, bon anniversaire ma blondinette préférée ! Chloé effleure du bout du doigt le cœur qui était gravé juste en dessous.

Adrien lui avait offert ce miroir le jour de son anniversaire soit quelques semaines après qu'elle lui ait exprimé son mécontentement vis-à-vis de ce manque de miroir. Elle referma le miroir de poche et le serra contre sa poitrine. Contre toute attente elle ne pleura pas, elle s'autorisa même à sourire. Elle se mit à repenser aux paroles de la psychologue.

Peut-être qu'elle avait raison après tout, pas concernant sa supposée histoire d'amour avec Adrien (Chloé pensait encore que c'était du grand n'importe quoi) mais concernant son parcours scolaire. Peut-être réussira-t-elle à atteindre cet objectif idéal qu'elle n'avait jamais envisagé de réaliser ? Après tout, avec un peu de travail, elle pouvait avoir des résultats corrects, elle le savait. Peut-être qu'elle avait vraiment besoin d'aide après tout, pour réussir à être heureuse ? Une partie d'elle pensa que c'était impossible qu'elle redevienne heureuse sans Adrien, elle en était même persuadée. Mais elle pourrait essayer, de tout faire pour y arriver.

Alors elle fixa son reflet dans le miroir, resserra sa queue de cheval, et prononça d'une voix assurée :

- Je jure d'essayer, pour toi Adrien.


Je m'excuse pour le retard de ce chapitre, j'ai du le réécrire plusieurs fois avant d'en être satisfaite, j'espère qu'il vous plaira ! Je suis bientôt en vacances et vais tenter de prendre un rythme à peu près régulier lol après tout cette histoire à atteint les 150 vues c'est énorme !

N'hésitez pas à commenter j'y répondrais avec plaisir uwu

A bientôt <3

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