OS De glace et d'acier

Un nouvel OS dans le cadre du festival WangXian.
L'inspiration m'est venue pendant les derniers JO.

Un petit crossover WangXian YiZhan.

J'espère que vous passerez un bon moment.

Si ça vous plaît, un vote, un coeur 💟 ou un petit mot de votre part fait toujours plaisir.

#soutientonauteur

Bonne lecture

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— Allez ! Dépêchez-vous ! On va manquer le départ !

Xiao Zhan se laissa pousser dans le bus par Lu Xia, sa nutritionniste. Bien qu'heureux de cette escapade, c'est avec un soupir qu'il s'affala presque sur le siège vert de l'autocar.
Épuisé, il appréciait pourtant d'être là. Curieux, il regarda avec plaisir le paysage montagneux que le véhicule traversait tranquillement.

Les États-Unis ne ressemblaient en rien à ce qu'il avait imaginé. C'est si loin, si différent de sa Chine natale. Si différent de ce qu'on lui en avait dit.

Normalement, il n'aurait quasiment pas dû sortir de son hôtel. Comme à chaque fois qu'il voyageait à l'étranger pour une compétition, sa mère et manager veillait à lui prendre une somptueuse suite dans l'établissement hôtelier le plus proche du lieu de concours et il ne quittait sa chambre que pour s'engouffrer dans un véhicule qui l'y conduisait.
Il ne voyait rien du pays. Il ne rencontrait personne en dehors des temps de compétition. Ses seuls échanges se faisaient avec sa mère, sa nutritionniste, son coatch-médecin et sa styliste.

Aujourd'hui encore, c'est avec ce groupe qu'il partait en escapade... à ceci près qu'il allait effectivement en balade.
Sa mère avait dû quitter précipitamment les USA pour une affaire de famille. Les jeux n'étant pas officiellement terminés, elle avait été bien obligée de laisser Xiao Zhan seul. Elle l’avait expressément confié à Wu Xio son coatch. Mais celui-ci était à son tour tombé malade le lendemain, confiné dans sa chambre malgré lui.

Les filles avaient alors eu la folle idée de s'échapper pour une fois, le temps d'une journée. Et elles avaient embarqué leur chouchou avec elles. Xiao Zhan n'était pas un rebelle dans l'âme, mais c'est avec plaisir qu'il avait accepté de les suivre, défiant toutes les interdictions et contraintes édictées par sa mère.

— Pourquoi allons nous voir une course de moto ? s'étonna le garçon alors que l'autobus se rapprochait du champ de course.

— Il parait que Wang Yibo sera là, s'extasiait Nue Li, la styliste.

Xiao Zhan haussa un sourcil.

— Wang Yibo ?

— Tu ne le connais pas? C'est le plus grand coureur moto de notre pays... il est surdoué et surtout...

— Il est beau à craquer, termina Lu Xia.

Xiao Zhan sourit, amusé, avant de feindre une moue boudeuse.

— Je croyais que j'étais le plus beau à vos yeux.

— Tu l'es chouchou ! assura Lu Xia. Tu as la beauté d'un ange, la gentillesse d'un prince charmant... Mais Wang Yibo... Il a ce côté sombre et ténébreux des bad guys à qui on ne peut résister.

— Vous êtes le yin et le yang à vrai dire, ajouta Nue Li.

— C’est vrai! s'amusa Lu Xia. Vous iriez parfaitement bien ensemble.

Xiao Zhan écarquilla les yeux.

— ... Quoi?

Elles ricanérent de leur idée folle puis continuèrent leur babillage. Mais Xiao Zhan ne les écoutait plus. Qu'on parle de le caser avec un homme ne le choquait pas particulièrement. Si l'homosexualité était un crime en Chine, ailleurs on le tolerait ou l'acceptait. Xiao Zhan n'avait pas d'idée préconçue sur la chose. Pour lui, on ne choisissait pas de tomber amoureux. Ça vous tombait dessus, peu importe le sexe, l'âge, l'origine... En réalité, il avait déjà pensé aux hommes de cette façon... Plus particulièrement à un homme...

Lan Zhan !

Il secoua la tête en se remémorant ses songes étranges. La nuit, Xiao Zhan faisait souvent le même rêve.
Il se retrouvait dans une de ses vies antérieures, dans une époque lointaine. Il portait le hanfu traditionnel, une longue tunique noire. Ses cheveux noirs ébènes lui tombaient jusqu'au creux des reins. Il excellait au tir à l'arc mais préférait jouer de la flûte...
Et il y avoir cet homme, ce compagnon. Lan Zhan... si différent de lui. Immaculé dans sa robe blanche et bleue, un joueur de cithare et un épéiste hors de paire. Cet Apollon le regardait toujours avec tendresse et... désir, lui semblait-il... Lui même éprouvait des sentiments forts et entiers à son égard. Et lorsqu'il prononçait son nom avec douceur, il en frissonnait.

— On y est !

Xiao Zhan s'extirpa de ses rêveries et suivit les filles jusqu'au guichet. Leurs billets en main, elles le saisirent par les poignets et le guidèrent jusqu'à une place au bas des estrades, au plus proche de la piste.

— Je n'arrive pas à croire qu'on soit là ! s'exclama Lu Xia.

— Tu crois qu'on verra Wang Yibo ?

— Il concourt, c'est sûr...

— Comment reconnaître sa moto?

— Les drapeaux des pays sont sûrement apparents quelque part...

Xiao Zhan sourit, attendri, et secoua la tête. Ces deux-là étaient impayables. Elles ignoraient tout d'une course de moto mais l'espoir de voir leur idole comptait plus que
tout.

Curieux, le jeune homme s'assit et observa tour autour de lui. Il y avait des groupes de personnes qui consultaient des fiches, des tickets bancaires à la main. Des parieurs certainement.
En moins grand nombre, des jeunes filles se repoudraient le nez et s'excitaient dès qu'un coureur venait à passer dans le coin.
À leurs mines sévères et austères, Xiao Zhan devina aussi la présence de specialistes et juges de la discipline.
Tout ce beau monde au milieu des fans purs ultra excités et des journalistes, appareil photo en place, pour suivre les courses.

Xiao Zhan s'intéressa plus particulièrement à la piste... enfin au circuit... enfin il ne savait comment on l'appelait. Pour lui, c'était une route goudronnée. Quelques motos passaient, de grosses cylindrées, bruyantes et colorées.

Un sport ? Un sport automobile ! Il n'y comprenait rien. Et de loin, sous leur combinaison et le visage perdu sous d'énormes casques, qui pouvait dire qui étaient qui ?

Ses compagnes avaient cessé d'essayer de repérer leur compatriote et s'intéressaient plus aux infos Twitter ou Instagram qu'aux tours de chauffe des motards.

Xiao Zhan se leva et immédiatement, elles se tournèrent vers lui.

— Où vas-tu mon chou ? demanda Lu Xia.

— J'ai soif...

Elle fit la moue en repoussant ses longs cheveux derrière son oreille.

— Si on s'éloigne, on va se faire piquer la place...

— Je ne serai pas long, assura le garçon avec un sourire rassurant. Vous pouvez rester là !

— Tu es sûr ?

— Je ne suis plus un enfant, assura Zhan avec lassitude mais sans rien en montrer.

Il s'éloigna sans attendre leur réponse. Elles avaient de toute façon déjà replongé le nez dans leurs smartphones.

— Tu es sûr qu'il est là ? questionnait Nue Li.

— Mais oui, son manager vient de publier cette photo de lui sur le tarmac...

Xiao Zhan ne les entendait déjà plus. À la recherche du stand de boissons fraîches non alcoolisées, c'est à dire la denrée rare, il s'éloigna des tribunes centrales.

Ça lui faisait bizarre d'être dans les gradins, lui qui ne connaissait que les coulisses et le centre de la piste... de la patinoire...

Car Xiao Zhan était un grand patineur artistique... pour ainsi dire le meilleur de sa génération. Il faut dire qu'il ne connaissait que ça, mis sur la glace avant de savoir marcher et poussé au plus haut, le plus loin sans relâche ni répit.
Oh ça avait payé puisqu'il était numéro un de son pays, triple champions du monde, quadruple champions des jeux d'Asie... mais seulement médaillé d'argent au JO. Et ça, sa mère ne lui pardonnait pas.

Dans six mois, les nouveaux jeux s'ouvraient, à Pékin qui plus est, et Xiao Zhan était programmé pour l'or. Si sa mère apprenait le temps qu'il perdait aujourd'hui au lieu de s'entraîner, elle les pourirrait tous jusqu'à la moelle.

Perdu dans ses pensées, il avait marché sans trop faire attention et dépassé depuis longtemps la zone de restauration. Il y avait beaucoup moins de monde dans ce secteur.

Des sons sourds d'outils en tout genre et de moteurs l'attirèrent vers l'immense porte d'un hangars à peine entrouverte.

Prudemment, il avança et passa juste le bout de nez par l'entrebaillement. Cet endroit était hallucinant. Sur une superficie immense, bétonnée et aseptisée, des boxs accueillaient divers ateliers. Des outils de toutes sortes jonchaient le sol. Quelques motos se trouvaient là, certaines entières, d'autres en kit. Parfois encore, il n'y avait qu'un moteur ou un chassis. Des gens s'affairaient autour des machines, la plupart en combinaisons bleues aux liserets jaunes.

Xiao Zhan était stupéfait par cette scène inédite à ses yeux. Il était arrivé là par hasard et ne regrettait pas de découvrir cet envers du décor. Un endroit plein de vie et de bruit.

Mais les coïncidences n'existaient pas vraiment.
Un motard arriva, faisant vrombir sa bécane rutilante. Dans une combinaison épaisse noire traversées de grandes formes géométriques d'un vert éclatant, le conducteur semblait tel un guerrier en armure des temps modernes, prêt à partir au combat.

Rien qu'à son attitude, il inspirait respect et attention. D'ailleurs, deux mécanos accouraient déjà vers lui.
Tout en leur demandant, ou peut être ordonnant, une intervention, Xiao Zhan n'aurait su le dire avec le vacarme du moteur qu'il faisait gronder, le motard releva la visière de son casque.

La terre se mit à tourner. Le sol aurait pu se dérober sous lui qu'il n'aurait pu y échapper. Il dut cligner des paupières pour s'assurer d'y voir clair. Pourtant, pas de doute. Ce regard, à la fois sévère et tendre, lumineux et froid...

— Lan Zhan...

Ce prénom était sortit de sa bouche comme un appel désespéré, une timide lueur d'espoir l'espace d'un moment hors du temps.

Son Lan Zhan des temps modernes descendit de la moto en retirant son casque. Il secoua d'épais cheveux blonds qui retombérent sauvagement sur sa nuque.

Xiao Zhan était obnubilé par cette apparition. C'était sans nul doute lui... et pas lui à la fois.

Était-il possible d'avoir imaginé un homme d'autrefois aussi semblable, à la couleur des cheveux près, sans connaître l'original?

L'inconnu s'éloignait de sa moto, laissée entre les mains des professionnels. Tout en avançant d'une démarche féline vers une table, ou plutôt une planche de bois posée sur deux tréteaux, il dézippa le haut de sa combi, s'en dégagea les bras et la laissa retomber sur ses hanches. Il ne portait dessous qu'un t-shirt de coton noir dessinant sans dissimulation un torse aux muscles bien faits, des bras façonnés à merveille et laissant apparaître la blancheur de son cou puissant.

Le cœur de Xiao Zhan s'emballa. Chaque respiration s'amplifiait, il allait suffoquer. Il ne cessait de déglutir et s'humecter les lèvres, les yeux rivés sur cette apparition, irrémédiablement.
Son Lan Zhan, il l'appellerait comme ça, puisqu'il ignorait son vrai nom, s'adossa à la table et renversa la tête en arrière.
Les yeux fermés, les lèvres entrouvertes, le corps tendu... une véritable tentation, l'appel d'une sirène qui menaçait de perdre Xiao Zhan.

Seule la vibration persistante de son téléphone dans sa poche arrière parvint à briser la bulle du temps dans laquelle il était tombé.
Il se tétanisa en voyant le nombre de messages non lus envoyés par... sa mère.

Du paradis à l'enfer en quelques secondes, Xiao Zhan ne contrôlait pas le tremblement de sa main.
Il lui fallait partir sur le champ. Il allait devoir affronter les foudres du dragon et subir les conséquences de sa fugue.
Mais elle en valait la peine puisqu'il avait pu voir en chair et en os son âme sœur.

Avant de retourner à sa vie bridée, il voulait le regarder une nouvelle fois. Il leva les yeux et se figea. Son Lan Zhan regardait dans sa direction.

Ses prunelles sombres se perdirent dans les iris étoilés du bel Adonis. Des frissons grêlèrent la peau de Xiao Zhan, un délicieux courant électrique parcourut son épiderme...

Le motard se redressa et fit un pas vers la porte.
Soudain effrayé, ramené brutalement à la réalité, Xiao Zhan tourna les talons et s'enfuit. Loin de ce mirage, de ce rêve éveillé, d'un potentiel bonheur auquel il ne croyait pas.

...................

2 mois plus tard

Wang Yibo se demandait pour la énième fois ce qu'il foutait là.
Shen Wei, son meilleur ami, le précédait, au milieu de toute cette foule, parfaitement à son aise.
Ce beau tennisman de 23 ans semblait dans son éléments, vêtu d'un élégant costume bleu nuit qui mettait en valeur sa taille élancée et ses traits juvéniles.
Yibo, lui, ne cessait de tirer sur son nœud pap pour dégager son cou, avec cette affreuse impression d'étouffer.

— Qu'est ce qu'on fout là déjà? maugréa-t-il une nouvelle fois.

Shen Wei leva les yeux au ciel mais sourit, presque attendri par son bougon compagnon.

— Le président a convié les sportifs ayant remportés des prix cette année, toutes disciplines confondues.

— Mais pourquoi je suis là ? insista Yibo.

Shen Wei écarquilla les yeux avant d'éclater de rire.

— T'es taré Yib !

Le jeune homme était double champion de course à moto. Une vrai star du pays, un groupe de fans à faire palir d'envie les plus grandes célébrités, égérie fétiche des plus importantes marques nationales.

Mais la star montante n'avait cure de cette renommée. Il était passionné, entier, tête brûlée et ne donnait aucune place à la politique, les étiquettes, les apparences.

Pourtant, Shen Wei le trouvait particulièrement agité et impatient ces derniers temps. Et Yibo refusait de lui dire pourquoi.

Les deux amis se mêlèrent à la foule des sportifs en tout genre, des célébrités invitées et de divers VIP politiques. Shen Wei évoluait comme un poisson dans l'eau, serrant des mains, ayant un petit mot pour chaque personne croisée. Wang Yibo dédaignait la plupart des personnes présentes, saluant seulement les connaissances qu'il prenait plaisir à voir.
Un verre de vin pétillant à la main, que son ami lui avait mis d'autorité entre les doigts, rien ne l'intéressait, pas même le ministre des sports qui le félicitait sur son parcours.

Rien... jusqu'à ce qu'il le voit.

Figé, ne réalisant pas qu'il soit possible qu'il puisse être là, il fixa de son regard pénétrant le beau jouvenceau aux cheveux d'ébène qui essayait de se fondre dans la masse, visiblement mal à l'aise.

Quelle était la probabilité de le croiser ici lui qu'il pensait avoir imaginé deux mois plus tôt lors de son dernier tournoi ?
Il avait cru halluciner lorsqu'il avait accroché ce regard brillant qu'il avait tant de fois vu dans ses réves d'antan.

— Yibo ! Yibo ! Le Ministre t'a posé une question ! l'interpella Shen Wei.

Wang Yibo lui saisit le bras et lui désigna l'objet de toutes ses attentions.

— Qui est-ce?

Stupéfait par son indifférence au politicien et son enthousiasme tout nouveau, Shen Wei se retourna et chercha la personne du regard. Il fronça les sourcils.

— Xiao Zhan ?

Yibo lui jeta un coup d'œil intrigué avant de fixer à nouveau le garçon.

— C’est le meilleur patineur sur glace de sa génération.

— Patineur? releva Wang Yibo. De vitesse?

— Artistique, corrigea Shen Wei.

Yibo se raidit et regarda son ami. Celui-ci se meprit sur sa surprise bien sûr. Il ne vint pas un instant, à l'idée de Wang Yibo, de dénigrer ce sport. Non... Bien au contraire, ce sont des images lascives et sensuelles qui s'imposèrent à lui, imaginant son bel éphèbe dansant avec grace sur la glace.
Ce sont des yeux brillants qu'il reposa sur Xiao Zhan. Ce sont des pupilles gourmandes que ce dernier croisa.

Xiao Zhan se raidit et le fixa avec stupeur.
Ils restèrent immobiles, leurs regards accrochés... Mille et une images, idées, sensations s'entremêlèrent, se bousculérent et s’entrechoquèrent dans les yeux de l'un et l'autre. Le monde autour d'eux n'existait plus. Le brouhaha s'était tu. L'un n'entendait plus son ami l'interpeler. L'autre ne percevait plus les gens qui l'entouraient et qui, quelques instants auparavant encore, le mettaient mal à l'aise.

Pourtant la bulle éclata et, sans prévenir, Xiao Zhan se détourna et prit ses jambes à son cou. Yibo eut un moment de surprise mais réagit rapidement et s'élança à sa suite.

— M. Xiao ! intercepta une femme richement vêtue d'une robe de cocktail rouge et parée de grosses perles au cou et aux oreilles.

Le fugitif s'arrêta une seconde, prêt à s'excuser poliment de ne pouvoir rester. Mais après un coup d'œil en arrière et avoir vu que l'inconnu qui le hantait depuis des semaines, cette copie conforme de son amant d'autrefois apparu au hasard d'un lieu où il n'aurait pas dû être, que cet homme l'avait poursuivi et approchait, lui fit perdre toute courtoisie.
Il s'élança dans le grand escalier de marbre. Bien que limité dans ses mouvements par son costume trois pièces ajustés, il parvint à le monter par deux marches et se faufila dans les couloirs de l'étage.

Il ne regardait pas derrière lui. Il devait fuir. Cette personne ne pouvait pas être réelle. Il était une hallucination. Comment ses rêves d'une vie antérieure avaient-ils pu prendre vie?
Et de manière si...réaliste... en modernisant son âme sœur. Lui faisant miroiter un bonheur auquel il ne devait pas s'accrocher.

Car c'était bien Lan Zhan... en blond, les cheveux courts et costume de soirée... Mais c'était lui dans les moindres détails. Ses yeux sombres posés sur lui avec désir et tristesse. Sa peau blanche immaculée dont il connaissait déjà la douceur sans l'avoir touchée. Son attitude assurée et animale. Tout son corps avait réagit à sa présence avant même de le voir. Et leurs yeux s'étaient arimés comme l'ancre aux profondeurs de la mer. Ce sentiment si intense... Ce frisson qui l'avait parcouru...

Xiao Zhan se retrouva sur le toit. Il s'arrêta un instant et chercha à calmer son cœur qui tambourinait avec force. Le soleil couchant l'éblouissait et l'apaisait tout à la fois.

— Yah ! Toi !

Il se raidit, écarquilla les yeux et se retourna lentement. Il était là. II l'avait suivi et retrouvé. Le feu monta aux joues de Xiao Zhan. Il ne pouvait le laisser approcher. Que penserait cet inconnu s'il perdait ses moyens face à lui ? Car il l'avait déjà dans la peau. Il était tout à lui sans raison ni retour. Un fou en manque qui ne pouvait que fuir le plus loin possible de sa drogue.

Xiao Zhan se détourna, prêt à reprendre sa course, qu'importe où elle l'emporterait.

— Wei Ying, supplia Wang Yibo.

Xiao Zhan se figea, ahuri. Était-ce possible ? Comment connaissait-il ce nom ? Son nom d'antan ? Ce nom dont seul son amant le gratifiait.
Il se retourna. Wang Yibo s'était approché et se tenait juste devant lui. Il emplissait son espace vital et déjà le soumettait à des promesses exquises.

— Comment? murmura juste Xiao Zhan.

— Pensais-tu être le seul à chercher une réponse ?

Xiao Zhan secoua la tête.
Wang Yibo le dévorait du regard, craignant presque de le voir s'envoler vers les cieux d'où il devait venir.

— C’est impossible !

Wang Yibo lui sourit tendrement et posa sa main en coupe sur sa joue. Il caressa d'une main rêveuse l'ourlet de sa bouche et effleura ce grain de beauté si réel qu'il avait tant de voir rêver de laper la nuit en faisant l'amour chimérique à son amant d'autrefois.
Son contact électrisa Xiao Zhan. Les doutes s'étaient envolés déjà depuis longtemps.

— Il n'y a qu'un moyen de le savoir, ajouta Wang Yibo dans un souffle.

Il posa son autre main au creux de ses reins, l'attira à lui et colla ses lèvres sur la bouche écarlate du patineur.
Celui-ci se figea. Le temps sembla suspendre sa course. Son cœur le reconnaissait. Son âme l'appelait de toutes ses forces. Il agrippa sa veste et sera fort. Il ferma les yeux et entrouvit les lèvres.

Il ne fallut pas d'avantage que cette autorisation muette pour enhardir Wang Yibo qui glissa sa langue dans la bouche de son compagnon.
C'était comme une évidence. L'amour, le désir, le bonheur d'être enfin là, tous les deux, unis.

Wang Yibo délaissa sa joue pour glisser sur sa nuque et l'attirer toujours plus à lui, comme s'il voulait fusionner.
Xiao Zhan gémit sous son baiser érotique. Les lèvres, la langue de Yibo lui faisaient l'amour dans une promesse explicite.

— Il doit être par ici Madame, s'exclama très fort Lu Xia.

Xiao Zhan tressaillit. Sa cameriste avait sciemment crier pour l'avertir de se présence mais surtout de celle de sa mère.
Wang Yibo, sans comprendre, perçut sa peur et le danger imminent dans le comportement de son partenaire.
Il se détacha de lui avec les dernières bribes de volonté qu'il lui restait et l'attira derrière un mur, à l'opposé de là où ils étaient arrivés.
Ils se plaquérent contre la paroi de béton et regardèrent avec prudence les deux femmes avancer et inspecter le toit.

— Il n'y a personne, mangréa la femme la plus âgée.

La mère de Xiao Zhan était impressionnante.
Grande, d'un port altier, elle rayonnait dans une robe longue moulante, couleur or, les épaules couvertes d'un boléro de fourrures. Ses bijoux étaient discrets, son chignon simple et élégant. Mais cela ne pouvait atténuer le froid de son attitude et la dureté que ses yeux exprimait.

— Redescendons ! ordonna-t-elle. Et trouve le sans tarder.

— Oui Madame.

Une fois seuls sur le toit, Yibo se tourna vers Xiao Zhan. Celui-ci fuit son regard et voulut s'éloigner. Mais il le retint par le poignet. Le laisser partir était inconcevable.

— Je veux te revoir.

— C’est impossible.

— Tu sais que nos destins sont liés ! assura Wang Yibo.

Xiao Zhan porta une main douloureuse à son cœur. Il disait vrai ! Fallait-il pour autant accepter de laisser rejouer la tragédie d'autrefois ? Il ne pouvait oublier le regard anéanti de son compagnon, abandonné sur ce champ de bataille, alors qu'il tombait dans les limbes de l'oublie.
Il se fit violence et lui fit face avec défi.

— Pour finir en tragédie ? Comme autrefois !

Wang Yibo accusa l'attaque. Il savait ce dont il parlait. Il ne pouvait le nier.

— On peut ess...

— Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, coupa Xiao Zhan. Oublie tout ce qui s'est passé !

Et sans le laisser parler, Xiao Zhan dégagea doucement sa main de la sienne avant de s'en aller.

.......................

Wang Yibo soupira tel un adolescent qu'on prive de ce dont il a le plus envie. Assis dans les gradins de la patinoire, dans un coin assez sombre, il observait discrètement, comme il le faisait maintenant preque tous les jours depuis quelques semaines, l'homme de ses rêves, l'objet de ses désirs.

Il avait été facile pour le motard de trouver le lieu d'entraînement de Xiao Zhan.

Celui-ci était sur la patinoire tous les jours, le matin de 6 h à 9 h et l'après-midi de 13 h à 15 h. Le reste du temps, il s'entraînait en courant, à la gym, à la salle de musculation et même avec des cours de danse.
Mais c'est seulement à la patinoire qu'il était possible à Wang Yibo de l'observer à son insu.

La première fois qu'il l'avait vu sur la glace, il avait été subjugué. Xiao Zhan glissait avec grâce et légèreté, tel un oiseau planant dans les airs. Lorsqu'il réalisait des sauts et des pirouettes, le cœur de Wang Yibo devenait guimauve et il soupirait de plaisir.
Mais lorsqu'il réalisait des figures plus dangereuses, tombant parfois, son sang ne faisait qu'un tour.

Car son dragon n'était jamais très loin, lui aboyant de se relever, de recommencer et d'être toujours plus au top. Xiao Zhan ne mouftait pas. Malgré la douleur, la fatigue, ils répétaient les figures jusqu'à les maîtriser, les perfectionner.

Quand Xiao Zhan se laissait glisser, dans une position quelque peu suggestive, du goût de Wang Yibo, ce dernier sentait son désir prendre le dessus.

Plus les jours passaient, plus son envie de le dévorer le prenait au ventre. Il le voulait, chaque jours plus fort. Mais il ne se montrait pas.
Le jeune homme lui avait signifié ne pas vouloir le revoir. Et apparemment il n'avait rien fait pour le chercher. Il ne voulait pas s'imposer.
Le savoir sain et sauf lui suffisait. Même si le désir le tuait à petits feux, pour rien au monde il ne lui imposerait sa présence ou son amour.

Xiao Zhan prit de la vitesse. Il s'apprêtait à sauter. Wang Yibo l'observait depuis suffisamment longtemps maintenant pour connaître les techniques. Et il savait qu'il cherchait à réaliser un quadruple tour alors que normalement trois seulement étaient attendus. Il serra les poings d'angoisse et l'encouragea mentalement.

Xiao Zhan s'éleva dans les airs... un...deux... trois... quatre ! Mais il trébucha à la réception et s'écroula au sol.

— C’est pas vrai ! tonna sa mère. Xiao Zhan !

Se tenant l'épaule qui avait heurté de plein fouet la glace, Xiao Zhan grimaça et leva instinctivement les yeux vers les gradins. Il croisa le regard de Wang Yibo et s'y cramponna quelques instants.

Le jeune homme se raidit. Avait-il rêvé ? Le patineur semblait avoir volontairement rivé ses yeux aux siens, comme s'il avait pleinement conscience de sa présence. Impossible !Wang Yibo sentait son poul s'emballer. Xiao Zhan savait-il vraiment qui il était là ? Depuis quand ? L'acceptait-il ? Et comment interpréter cet échange de regards ?

Il n'y tint plus. Il quitta précipitamment les gradins. Il devait avoir des réponses.

Xiao Zhan obtint un quart d'heure de pause. Il se défit de ses patins et rejoignit son vestiaire privé. Être une star lui donnait des privilèges, même dans une patinoire publique.
Il pénétra dans sa loge, referma la porte à clé et s'y adossa, épuisé. Il ferma les yeux et soupira. Il saturait de cette situation, de cet entraînement intensif, de ce rythme de vie.

— Wei Ying.

Il ouvrit lentement les yeux et les posa avec dévotion sur l'homme qui lui faisait face. Wang Yibo n'osait y croire. Aucune surprise dans le regard de son amour. Aucun mouvement d'esquive ou de doute. Un triste sourire se dessina même sur les lèvres du patineur.

Yibo n'y tint plus. Il le rejoignit en quelques enjambées, prit son visage en coupe et pressa ses lèvres sur les siennes.
Xiao Zhan gémit de contentement, ce qui suffit à faire perdre toute contenance à Wang Yibo. Ce dernier écrasa avec faim sa bouche puis glissa ses lèvres le long de sa mâchoire et sa gorge.

Xiao Zhan se prêta à cette caresse et renversa la tête, le souffle court. Enhardi, le blond se cramponna à ses épaules avec force. Le patineur gémit alors sous la douleur.

Wang Yibo se recula d'un bond et le regarda avec détresse.

— Pardon... c'est vrai, tu es blessé !

Xiao Zhan secoua la tête avec un sourire forcé.

— Ce n'est rien.

— Tu tombes jour après jour sur cette épaule. Elle doit être tuméfiée !

Xiao Zhan le regarda avec tendresse.

— Tu viens jour après jour...

Yibo grimaça en se grattant la tête. Mais aucun reproche de la part de son Adonis. Yibo se rapprocha de lui.

— Tu le savais...

— C’est le gardien qui m'en a informé. Il avait peur que tu sois un voyeur... Heureusement que c'est à moi qu'il l'a dit.

Yibo plissa les yeux.

— Que lui as-tu répondu ?

— Que tu étais mon ami.

— Juste un ami ?

Yibo était déçu mais c'était déjà un début. Pourtant il surprit Xiao Zhan à rougir.

— Il n’a pas besoin de connaître les détails...

Yibo écarquilla les yeux, craignant d'avoir mal entendu. Mais le visage écarlate de son compagnon ne mentait pas.

— Laisse-moi voir !

Xiao Zhan sursauta.

— Quoi ?

— Ton épaule...

— Je vais bien, assura le patineur en voulant reculer.

Mais il était contre la porte, coincé. Wang Yibo faisait déjà glisser avec délicatesse le justaucorps de l'athlète.
Il dénuda les épaules du garçon. Si l'une était d'un blanc parfait, l'autre prenait une vilaine couleur violacée et verte.

— Xiao Zhan !

Celui-ci eut un hoquet et dévisagea l'homme penché avec inquiétude sur l'hématome.

— J'aime...

Yibo haussa les sourcils et se redressa pour l'observer.

— C’est la première fois que tu dis mon nom...

Yibo sourit.

— Dis-le mien...

Xiao Zhan sourit à son tour et accrocha son regard.

— Bo Di...

Wang Yibo éclata de rire.

— OK ! Je prends pour le moment. Mais viendra le temps où tu crieras mon nom.

— Je ne vois pas quand ! Le défia Xiao Zhan.

Yibo se pencha lentement vers lui.

— Je peux te donner un aperçu tout de suite, Ge, assura-t-il.

Xiao Zhan déglutit mais refusa de se montrer faible. Il releva le menton pour lui faire face. Yibo releva le défi et agrippa le justaucorps pour le faire descendre jusqu'à la taille.

Bien que ne maîtrisant déjà plus les battements de son cœur, la chair de poule faisant poindre ses tétons sans plus moyen de feindre, Xiao Zhan tenta encore de paraître stoic. C'etait perdu d'avance.

Wang Yibo plongea ses yeux dans les siens, ses lèvres à deux millimètres de celles du patineur, prêt à recueillir ses soupirs et ses cris.
Et sans le quitter du regard, sa main remonta le long de son flanc pour venir trouver le bout de chair brun déjà sensible.

Il effleura du bout de l'ongle le téton dressé.
Xiao Zhan ne put contenir un gémissement. Yibo sourit, comblé par ce son enchanteur, et pinça délicatement le bouton érigé.
Le patineur geint et déglutit. Il ferma les yeux de plaisir.
Wang Yibo se pencha et approcha ses lèvres pour souffler son haleine chaude au dessus du téton de sa victime.
Chaque soupir, chaque frémissement de Xiao Zhan l'élançait d'avantage au creux de ses reins.

Il savait que le prochain son qu'émettrait son compagnon ferait pulser d'avantage le sang le long des veines de son sexe.

Mais rien ne l'aurait arrêté en cet instant. Il pinça le bouton chocolat entre ses lèvres, doucement délicatement.
Xiao Zhan gémit de plus belle. Et ne put plus rien contrôler alors que Yibo lapait à présent avec gourmandise cette partie ultra sensible.
Au bord de la folie, Xiao Zhan agrippa les cheveux de son motard. Mais il ne savait pas lui-même si c'était pour l'arrêter ou le maintenir contre lui.

Yibo le sentit s'agiter. Il se recula un peu et le surprit à essayer de croiser les jambes. Son érection grandissait.

Voulait-il la contenir ? La soulager ? Yibo s'agenouilla soudain et passa un grand coup de langue sur cette bosse frémissante à travers le pantalon moulant.
Xiao Zhan eut un hoquet de stupeur et posa la main sur ses lèvres pour prévenir tout bruit indécent.

Il osa, bien que timidement, baisser les yeux vers son tortionnaire. Yibo le regardait avec dévotion et envie. Et le sourire qu'il affichait ne laissait aucun doute sur ses intentions.
Xiao Zhan secoua la tête, ne pouvant accepter cette idée.
Yibo sourit de plus belle et sans le quitter des yeux, il ouvrit la bouche pour la presser sur le sexe toujours enfermé dans le tissu du pantalon. Xiao Zhan gémit plus fort et malgré lui eut un mouvement de bassin explicite.

— Xiao Zhan !

Les deux hommes se figérent.

— Pourquoi as-tu fermé cette porte !

La mère du patineur se tenait dans le couloir, visiblement furieuse.

— Je... j'ai...

Xiao Zhan n'avait eu aucun mal à redescendre mais il était perdu. Wang Yibo s'était relevé et devant la panique de son amant, il lui saisit les mains. Il prit son menton entre ses doigts pour trouver ses yeux.

— Calme-toi, murmura-t-il.

— Je... je..., continuait à bredouiller Xiao Zhan.

— Ouvre cette porte ! Cesse tes enfantillages !

Les yeux de Xiao Zhan tournait dans leurs orbites, sans réussir à se resaisir.
Wang Yibo captura alors ses lèvres des siennes. Juste un chaste baiser, pour l'apaiser, lui faire retrouver ses esprits, le focaliser sur lui. Et cela fonctionna. Sa respiration s'apaisa, ses tremblements cessèrent. Wang Yibo chercha dans ses yeux l'assurance qu'il se reprenait.

Xiao Zhan hocha la tête et se revêtit. Wang Yibo alla se cacher derrière le portant des tenues de compétition.
Le patineur ouvrit à sa mère. Celle-ci pénétra en trombe, le forçant à reculer. Il crut un instant qu'elle allait lever la main sur lui. Mais elle se contint.

— Qu'est-ce qui te prend !

— Je soignais mon ép...

Devant le regard froid et désintéressé de sa mère, Xiao Zhan comprit que sa question était réthorique et n'attendait pas de réponse.

— Reprend-toi Zhan ! Il est hors de question que tu ne rapportes que l'argent cette fois !

Xiao Zhan hocha la tête.

— Après les jeux olympiques, ce seront les internationaux en France. Tu dois être parfait sur ces deux compétitions ! Tu m'entends ?

Xiao Zhan serra les poings.

— Xiao Zhan ! tonna sa mère.

— Oui, murmura-t-il.

— Retourne t'entraîner ! Cesse de lambiner.

Elle sortit en claquant la porte. Xiao Zhan ferma les yeux mais ne put retenir les larmes qui dévalèrent sur ses joues.
Wang Yibo le serra dans ses bras. Xiao Zhan se raccrocha à son cou et pleura de désespoir.

— Je n'y arrive plus, sanglota-t-il.

Wang Yibo le repoussa un peu et attendit d'accrocher son regard.

— Tu n’aimes pas patiner ?

Le garçon écarquilla les yeux.

— Si !

— Alors fait ce que tu aimes !

— Mais ma mère...

Yibo caressa sa joue.

— Ne le fais pas pour elle. Fais le pour toi !

Les larmes de patineur se tarirent.

— Je vais nous sortir de là, assura Yibo.

— Que veux-tu dire ?

— Xiao Zhan... Gagne l'or pour moi ! Tu veux bien ?

Le beau brun haussa les sourcils. Yibo lui sourit et caressa tendrement sa joue laiteuse.

— Je ne viendrais pas aux JO. Je suis un athlète de l'été. Si on m'y voit, les gens se questionneront. Mais je suivrai ton parcours. Et si tu m'aimes... tu me le prouveras avec l'or... d'accord ?

Xiao Zhan sourit et hocha la tête. Il comprenait ce que faisait son compagnon. Et tout reprenait un sens pour lui.

— Mais nous ne pourrons jamais être ensemble...

— Ne pense pas à ça, coupa Wang Yibo. Rien ne me résiste...

Xiao Zhan le regarda avec surprise.

— Pas même toi, Zhan Ge !

Cette fois le patineur rougit et détourna les yeux.

— Nous serons ensemble... Bientôt !

.......................

JO d'hiver de Poker
Fevrier2022

— Veuillez accueillir le médaillé d'or olympique, Xiao Zhan, Chine !

Sous les applaudissements, le patineur monta sur la plus haute marche du podium. Il sourit à la foule et aux caméras.

Qu'importe le pays, sa mère, les supporteurs... À travers les médias, c'est Wang Yibo qu'il voulait voir et remercier. C'étaient ses encouragements, chaque jour via des messages vocaux ou écrits, qui l'avaient aidé à tenir. C'est grace à son amour, malgré la distance et les interdits, qu'il s'était sereinement dirigé vers la victoire.
Il ne devait plus rien à sa revêche de mère, ni à son pays qui ne l'autorisait pas à être avec celui qu'il aime.
Ils pourraient bien tous se disputer sa médaille, son cœur n'appartenait qu'à cet homme.

Ce soir-là, il y avait encore le gala de danse. Sur un air qui lui tenait à cœur, que ses rêves lui avaient imposé pour une fois et non son staff, une chanson nommée "wuji", Xiao Zhan patina avec liberté, passion. Ses sauts étaient légers, hauts et fluides. Il évoluait sur la glace tel un cygne sur l'eau. Il s'offrit un salto arrière qu'il adorait faire, bien que sa mère le détestait.
Il fit passer à travers sa danse toute sa fougue et sa passion. Les connaisseurs le sentirent et furent charmés par sa démonstration.

Plus tard, furieuse, sa mère ne pipa pas un mot sur leur trajet de retour. Une fois à l'hôtel, elle le laissa monter à sa chambre et ressortit pour aller rencontrer il ne savait quelle personnalité dont il n'avait cure.

En réalité, il savait ce qu'elle mijotait. Elle ne le lui avait pas caché. Elle terminait les tractations pour son mariage. Elle lui avait d'ores et déja annoncé que les Internationaux de mars à Montpellier seraient sa derniere prestation. Puis il épouserait la fille qu'elle lui avait choisi.

Si Xiao Zhan n'avait pas eu Wang Yibo dans sa vie, il aurait pu penser à des bêtises en cet instant. Mais le beau blond lui avait demandé de lui faire confiance. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait choisi de le croire.

On sonna à la porte, interrompant sa solitude. Xiao Zhan alluma la vidéo de l'interphone et vit avec surprise la casquette d'un livreur de pizza.

— Votre commande est arrivée ! Annonça-t-il.

Xiao Zhan fronça les sourcils.

— Vous devez vous tromper de chamb...

— Livraison pour M. Bo Di, ajouta le livreur.

Le patineur se raidit, interloqué. Comment cet inconnu pouvait connaître ce surnom? II n'hésita plus qu'un instant avant d'ouvrir.
On lui présenta un sac en plastique blanc sous le nez. Et de derrière surgit la belle chevelure blonde de son motard.

Comme il allait s'exclamer, Wang Yibo posa un doigt sur ses lèvres et le fit reculer dans la chambre.
Xiao Zhan comprit que Yibo s'était servi du livreur pour cacher sa présence aux caméras.

Wang Yibo claqua la porte derrière lui, lâcha le sac de provisions et s'empara du visage de Xiao Zhan avant d'écraser ses lèvres aux siennes.

— Yibo... Qu'est ce que...

— Je te veux !

Un frisson parcourut violemment son corps; le patineur ne put cacher ses tremblements. Cette déclaration franche et passionnée fit réagir immédiatement son corps. Trop vite pour lui cependant.

— Attend... tu...

Wang Yibo le poussa sur le lit. Il tomba à la renverse et vit avec stupeur son visiteur surprise retirer sa chemise et ses chaussures prestement. Déjà il le chevauchait. Son regard rivé au visage naïf de son beau brun se chargea de désir.

— Dis moi que tu n'as plus de patinage d'ici quelques jours !supplia Wang Yibo.

— Hein... euh... non... pourquoi ?

— Parce que je vais te prendre si fort que tu ne pourras plus bouger pendant quelques temps, promit le motard d'une voix rauque.

Xiao Zhan écarquilla les yeux et déglutit. Mais le blond ne lui laissa pas le temps de penser davantage. II avait déjà reprit ses lèvres dans un fougueux baiser qui lui fit perdre les sens. Il le déshabillait et Xiao Zhan n'opposa aucune résistance.

Il se retrouva vite complétement nu et alangui sur les draps sombres du lit. Wang Yibo se redressa à genoux et prit un instant pour emplir son regard de cette lascive et tentante vision.
Xiao Zhan se mordit les lèvres de gêne. Mais cela excita davantage Wang Yibo qui remplaça ses dents par les siennes, tirant sauvagement sa lèvre inférieure tout en dessinant son corps de ses mains.

Celles-ci descendirent très vite jusqu'à l'entrejambe du patineur, avides et impatientes. Xiao Zhan se cambra de plaisir, touché pour la première fois de manière si intime. Ses gémissements emplirent la pièce d'un écho charnel excitant. Wang Yibo ne le quittait pas des yeux, se rasasiant de voir ses paupières cillées, son torse se tendre, de le voir se mordre les lèvres sans réussir à contenir ses petits cris excités sous ses caresses sur son sexe trempé.
Wang Yibo glissa ses doigts entre ses cuisses et les posa sur son bout de chair vierge, sensible et chaud.
Xiao Zhan écarquilla les yeux et se tendit, nerveux.

— Que... que...

Wang Yibo disparut de son champ de vision. Le garçon chercha à le voir, se redressa sur ses coudes et se figea à la fois de le voir et le sentir faire glisser ses lèvres le long de sa hampe dressée. Il ne pouvait détacher son regard de cette vision d'un érotisme éclatant. Sa queue disparaissait lentement entre les lèvres de son amant. Sa langue glissait sur les veines chaudes de son membre. Lorsqu'il le prit jusqu'à la garde, Xiao Zhan perdit l'équilibre et retomba contre les oreillers. Mais si ses yeux n'observaient plus, ses autres sens étaient décuplés. Et le bruit de succion de la bouche affolante de son partenaire, le conduisant imémédiablement vers un gouffre et un sommet à la fois, lui firent perdre la tête.
Il s'agita. Les draps froissés effleuraient avec agressivité son corps à fleur de peau.

— Je vais... je vais... viens...

Xiao Zhan était perdu dans un flot de sensations nouvelles et merveilleuses où les mots n'avaient plus leur place.

— Pas encore, protesta Wang Yibo.

Il descendit du lit un instant. Xiao Zhan ressentit le froid, l'abandon. Il ouvrit les yeux avec inquiétude. Mais le motard était là, au pied du couchage. Nu...

Quand s'était-il devêtu ? Xiao Zhan l'ignorait et s'en fichait. Tout ce qui comptait c'était de pouvoir se repaitre de la beauté de ce corps offert à ses yeux. Yibo lui sourit et sortit avec impatience une boîte et un flacon du sac plastique. Xiao Zhan déglutit mais en même temps ne put retenir un mouvement de genoux, les écartant doucement dans une muette invitation.

Le beau blond sourit et monta sur le lit, tel un fauve approchant lentement sa proie. La gorge sèche, sa victime consentante tendit la main et caressa se joue avec timidité.
Wang Yibo se badigeonneait déjà les doigts du liquide translucide. Hypnotisant son patineur du regard, il trouva naturellement le chemin entre ses cuisses. Il n'hésita pas à introduire son doigt entre les chairs serrées de Xiao Zhan.

Celui-ci renversa la tête en arrière, sur une grimace de gêne mais sans bouder pour autant le plaisir qu'il prenait déjà. Il leva ses fesses pour lui faciliter l'accès à son intimité et accueillit le second doigt avec un râle de contentement.

Wang Yibo se perdait dans la contemplation de cet homme en plein émoi. La vision de son âme sœur enfin offerte à leur passion lui fit perdre la tête. Il retira sa main malgré les protestations de Xiao Zhan. Déjà en manque, le garçon remua le bassin à la recherche d'une délivrance interdite.

Le motard déchira le paquet qui lui résistait et enfila avec précipitation le préservatif lubrifié qu'il avait acheté à la hâte dans une superette juste après avoir vu à la télé la prestation sur glace de son amant.
Cela avait été une évidence pour lui. Xiao Zhan l'invitait sans détour à venir le prendre... comme en cet instant.

Et il ne se fit pas prier. Déjà il poussait en lui, au comble de l'excitation de le sentir se détendre et se contracter tour à tour autour de son sexe.
Xiao Zhan s'agrippait à ce qu'il pouvait, aux draps comme aux bras de son partenaire. Le sentir... le ressentir... toujours plus loin... toujours plus gros...
Il haletait, ayant l'impression de chuter alors que Wang Yibo l'emplissait jusqu'à la garde.
Une fois tout entier en lui, Yibo se retira pour revenir plus rapidement. Xiao Zhan hurla son plaisir. Son amant entama
de lents et doux va-et-vient, attendant qu'il s'habitue à lui. Mais les cris de désir et de plaisir du patineur eurent raison de ses bonnes résolutions.
Il tapa plus fort, plus vite. Et plus Xiao Zhan gémissait plus Wang Yibo s'emportait. Il se sentait prêt à exploser.... et il emmenait son amour avec lui. Il prit la main de Xiao Zhan dans la sienne. Et de leurs doigts entrelacés, il saisit sa hampe gorgée de sang, dressée entre eux, bien décidé à les mener ensemble dans une jouissance partagée.

Les garçons haletaient. La sueur de leur peau les faisait glisser l'un contre l'autre. Et leurs souffles se mélangeaient.
Au moment de l'orgasme, Yibo enroula sa langue autour de celle de Zhan. Ils grognèrent l'un contre l'autre en libérant leur essence.

Essoufflés, ils se regardèrent quelques secondes. Puis se sourirent, exténués. Avant de rire et s'effondrer dans les bras l'un de l'autre.

.............

Wang Yibo s'éveilla lentement, émergeant difficilement des bras de Morphée. Mais la frayeur immédiate de la solitude le mit rapidement sur pieds. Il était seul dans le grand lit défait. Et pas un bruit alentour.

Il passa dans le salon complètement plongé dans le noir. Il tourna sur lui même, inquiet.

Pourtant, il finit par le trouver. Xiao Zhan était sur le balcon, dans l'obscurité, observant simplement les étoiles.
Wang Yibo saisit un plaid, sortit dans le froid polaire et les enveloppa tous deux dans le tissu chaud.
Le patineur se lova instinctivement dans son étreinte.

— Que fais-tu dehors à cette heure et par ce froid?

Xiao Zhan esquissa un triste sourire.

— Tu vas attrapper mal ! protesta encore le motard.

— Que m'importerait de partir maintenant..., murmura le jeune homme.

Wang Yibo se raidit.

— Songes-tu à m'abandonner Wei Ying ?

Xiao Zhan pinça les lèvres. Qu'il l'appelle par son nom d'antan en cet instant avait tout son sens. Leur destin tragique était sur le point de se reproduire.

— Pas de mon choix, se défendit-il.

— Xiao Zhan...

— Je suis désolé... je suis faible et lâche.

Wang Yibo le retourna vers lui. Les larmes qui perlaient aux yeux de son amant menaçaient de se changer en diamant tellement le froid était saisissant. Et ses lèvres rouges tremblaient.

— Dans un mois tu seras en France..., commença Wang Yibo.

Xiao Zhan voulut se reculer mais il le maintint contre lui.

— Mais après ça...

— Après ça, reste avec moi ! Ordonna Wang Yibo.

Xiao Zhan écarquilla les yeux.

— Restons en France ! Et épouse-moi !

Le patineur était stupéfait.

— Ma mère...

— Elle ne pourra rien y faire. Nous nous enfuirons. J'ai des connaissances à Paris. Tu es majeur et tu es célèbre. Elle cédera!

Xiao Zhan secoua la tête.

— C'est impossible.

— M'aimes-tu ?

Le patineur le regarda, éperdu, avant de renifler. Il hocha la tête .

— Alors c'est possible !

— Mais ta carrière... ta vie ici ?

— Ma vie c'est toi désormais ! assura Wang Yibo. Et qu'importe ce que toi et moi ferons... tant qu'on le fait ensemble !

Xiao Zhan jeta ses bras autour de son cou et pressa ses lèvres gelées sur la bouche de son âme sœur.

— Pour toujours Lan Zhan ?

— Pour toujours Xiao Zhan !

— Je t'aime Wang Yibo.

— Je t'aime Wei Ying.

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