Le bibliothécaire
Damien monte doucement ,ainsi que d'un air un peu stressé, petit à petit les marches dallées de l'imposant bâtiment. Placé en plein centre-ville, de loin nous pourrions croire qu'il s'agit d'un hôtel-de-ville, ou bien d'un palais de Justice, ou encore un opéra, mais non, il s'agit d'une bibliothèque. En effet le vieux bâtiment a un style assez inhabituel pour ce genre de fonction, à vrai dire, un style grégorien qui n'est pas sans rappeler une cathédrale avec ses vitraux disposés aux mur solides et chargés d'Histoire. L'intérieur est, quant à lui, d'une parure avoisinant plus le début du XXème siècle, avec ses deux étages, ses très hautes armoiries remplis d'objets en tout genre, les vieux livres transpirants de poussière jusqu'au plafond ainsi que les échelles coulissantes pour atteindre les plus hauts.
Et un silence, un silence très reposant et étonnant du fait que l'extérieur soit entouré de routes et son lot de klaxons. Un silence qui d'ailleurs, rappel l'intérieur d'une église avec cette impression d'être coupé du monde extérieur, avec une température ni trop chaude, ni trop froide.
Et c'est tout cela qui plaît à Damien. Après ses journées de cours, ou durant ses fins de semaines inoccupées, il y passe faire un tour et se plonger dans ses lectures. Se plonger dans ses lectures serte, mais toujours avec un œil vif sur le monde silencieux autour de lui. Tenons-en pour preuve qu'il a remarqué un jeune homme qui semble à peine plus âgé que lui.
Ce jeune homme, dont le travail consiste à trier et ranger les livres tous les jours, sauf le mardi, n'est en effet d'une taille peut importante, d'une chevelure courte, mais dont on remarque tout de même le bouclage et a un visage fin. Damien ne lui avait parlé qu'une seule fois pour lui demander où était le premier volume de l'Encyclopédie -ce jour là Damien avait une heure avant un rendez-vous et voulait la combler- et a pu profiter de sa voix très douce également. Il a aussi vu sur son badge son prénom, "Thomas", seulement le badge ne portait pas son nom, il ne pouvait donc le retrouver ailleurs. Mais il n'avait aussi pas osé le regarder droit dans les yeux. Bien qu'il soit plus petit que lui, il l'intimide, involontairement, beaucoup.
Damien a tout observé chez Thomas. Son comportement, les traits de son visage -sauf les yeux-, les gestes habituelles de ses mains fines mais belles, ses heures de travail, les rayons dont il s'occupe le plus...
Et maintenant il en est sûr.
Il ne peut aimer que lui.
Il n'a pas eu besoin de l'observer longtemps pour le savoir.
Il compte le lui dire aujourd'hui, ce qui le fait un peu trembler.
Il pénètre à l'intérieur, comme d'habitude, silence.
Et il le voit, au fond du premier étage, passer derrière un rayon.
Damien s'approche alors.
Tout commence à s'accélérer.
Plus qu'une dizaine de mètres le sépare de lui et Thomas.
Mais s'arrête.
Comment lui dire ?
Qu'elle approche prendre ?
...
La panique commence à prendre le dessus, et Damien sent une larme couler le long de sa joue. Il ne sait pas comment faire, et il a peur de la réaction du plus petit.
Soudain quelqu'un lui prend la main.
Un contact doux, des mains fines.
Puis Thomas essuie sa larme de son autre main.
Thomas commence à parler à Damien, celui-ci, d'abord hésitant, entame la discussion avec lui. Il découvre que Thomas aussi l'avait remarqué depuis un bout de temps.
Ils rigolent doucement en se découvrant l'un l'autre.
Ce qui dure une vingtaine de minutes.
Soudain Thomas prend le menton du plus grand et le soulève légèrement, l'obligeant à le regarder droit dans les yeux.
Le silence revient.
Très vite brisé par le contact d'un livre au sol, celui que Damien tenait dans sa main droite, qui est maintenant sur le cou de Thomas.
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