3. Piano
Quand il était plus jeune, Jem souffrait d'insomnies. Souvent, ces dernières étaient provoquées par ses crises de douleur, à cause du Yin Fen. Lorsqu'il n'arrivait pas à dormir, il avait son petit rituel. Il s'habillait d'un fin pantalon de toile et d'une simple chemise en flanelle, ses cheveux d'argent encore emmêlés et ébouriffés de ses vaines tentatives de sommeil, et il descendait à la cuisine. Après s'être préparé un thé, le jeune homme se rendait toujours dans la salle de musique où se trouvait une fenêtre en saillie avec une jolie banquette molletonnée agrémentée d'un plaid duveteux et de divers coussins tout aussi doux et moelleux. Là, il se blottissait, pouvant rester assis à siroter son thé et à regarder les étoiles pendant des heures. Mais ce qui restait à venir était encore le meilleur. Grâce à leur lien de parabatai, Will pouvait sentir lorsque son compagnon n'arrivait pas à fermer l'œil. Le Chasseur d'Ombre se levait alors et le rejoignait pour s'installer au piano de la salle de musique pour jouer, encore et encore, des mélodies plus douces les unes que les autres, jusqu'à ce que Jem rejoigne le pays des rêves pour une nuit réparatrice.
Aujourd'hui, Will était parti, Will ne jouait plus. Mais loin d'être mort, le piano siégeait tout autant dans le cœur que dans la vie du britannique puisque ce dernier avait fait le voyage avec lui depuis l'Angleterre pour trôner fièrement dans la bibliothèque de l'Institut de New York. Ce piano, dernier élément vivant qui retenait l'âme de Will sur cette terre, voyait chaque jour Jem l'entretenir, le polir, le réaccorder, comme s'il s'occupait de son ami disparu. Et plus encore, son cher Will était toujours là. Toujours. Car lorsqu'il faisait des insomnies, désormais, l'ancien Frère se laissait bercer par nul autre que Jace, le descendant de son parabatai, qui jouait sur l'instrument de son ancêtre avec la même ardeur, la même passion, le même amour, la même bonté. Et Jem s'endormait toujours près de ce piano, avec l'impression de revenir à cette douce époque bénie où seuls la musique et les bras de son Will étaient capables de combler son âme fatiguée. Oh oui, Will était là, toujours, à travers chaque note flottant dans l'air, et chaque son entendu devenait un baiser sur son coeur amoureux. Toujours, Will. Toujours.
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A demain pour le prochain OS !
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