Le contrat (Newtmas)
Le froid de décembre qui soufflait sur la ruelle sombre rappelait facilement aux gens la raison pour laquelle ils évitaient tous de faire leurs courses de Noël peu de jours avant la fête. Les gens se bousculent, se regardent d'un air méchant, marmonnent quelques phrases dans leurs dents et avancent dans le noir en oubliant déjà le leur rencontre fortuite avec celui ou celle qui l'avait percuté malgré lui. Les gens se croisaient et passaient les uns devant les autres sans jamais réellement s'observer. La plupart le nez rivé sur leur liste de courses et les autres regardant péniblement le néant qui s'affiche devant eux comme si la fête n'était pas leur occupation principale. On ne peut pas vraiment blâmer les personnes qui n'ont de but que lors de ces quelques soirées ou les manteaux de désespoir se parent des diamants brillants de l'espoir.
J'écrasais ma cigarette en repensant à l'origine du contrat qu'on m'avait refilé comme cadeau de fin d'année. « Tue-le et on te laissera tranquille pour plusieurs mois. C'est aussi simple que ça. Une balle dans la tête ou une défenestration. Tu as carte blanche pour ce cas-là ». Bien que j'aimais mon métier, je détestais le fait de devoir abattre quelqu'un de sang-froid uniquement parce qu'il ne plaisait pas à quelqu'un me donnait envie de refuser un contrat. J'aime mieux travailler quand le contrat est un membre de la mafia où alors un célèbre criminel qui échappe depuis trop longtemps à la police. Malheureusement, l'argent se faisait rare et j'avais un loyer à payer. J'avais donc accepté à contre cœur.
Ça fait plusieurs minutes que je suis assis sur ce petit banc couvert de neige à regarder passer la vie défiler devant moi. « C'est mon dernier contrat avant un long moment. Tu peux le faire Thomas. Pense à l'argent », pensais-je en regardant la photo que je tenais fermement dans la main. Ma cible était un jeune garçon qui ne devait pas avoir plus de 25 ou 26 ans et pourtant sa tête avait déjà été mise à prix. Parfois je me demande ce que font les gens pour mériter qu'on décide de les tuer du jour au lendemain. Peut-être qu'il avait refusé de vendre de la drogue pour un gros bonnet ou qu'il s'était défié d'une personne qui n'avait pas apprécié de se faire remettre en place. Toujours est-il que ce sont ses dernières heures sur terre, car l'ange de la mort va fondre sur lui tel un aigle le ferait sur un lapin.
Je ne dispose que de très peu d'informations sur la cible. Il s'appelle Newt et est connu pour être un des plus grands acteurs modernes. Je sais aussi qu'il sera seul dans cet hôtel aujourd'hui et qu'il prendra un avion de nuit pour rejoindre son Angleterre natale afin de prendre des vacances après le tournage de la trilogie du moment. C'est entre sa soirée à l'hôtel et son départ pour l'aéroport que je frapperai d'un coup net et précis avant de retourner manger mes haricots en boite et mon repas à chauffer au micro-onde. Quand j'y pense, on a deux vies totalement opposées. Lui vit de strass et de paillettes et moi d'ombres et de reflets.
Je pense que ça va être plutôt simple. Je me suis déjà renseigné sur sa chambre et j'ai déjà eu l'occasion de constater qu'elle était située seulement au premier étage du bâtiment. Je n'aurai qu'à m'infiltrer discrètement par la porte de service, me faire passer pour un employé et m'introduire dans la chambre pour en faire qu'une bouchée. Mais pour faire ça, il faudrait déjà que monsieur se décide à rentrer dans son logement. Cela fait déjà une heure que j'étais en train d'observer la porte de l'hôtel pour le voir entrer et signer son arrêt de mort. J'hésitais entre vouloir le voir rentrer et cette envie qu'on m'ait donné le mauvais lieu pour pouvoir rentrer me réchauffer les nouilles lyophilisées que je m'étais acheté pour me nourrir. Lors de ces moments d'observation, j'en arrive à me demander si je veux vraiment en arriver à devoir tuer toute ma vie pour survivre misérablement à cette vie de dingue qui m'enferme dans ses obligations.
Après un peu plus d'une heure d'observation, je le vois enfin se faufiler à moins d'un mètre de moi pour pouvoir rentrer incognito dans l'hôtel qui l'attendait pour l'y voir passer de vie à trépas. Pour être honnête, je l'aurais cru plus grand. Il doit faire un peu moins d'1m80 et a de magnifiques cheveux. C'est presque dommage que je doive l'assassiner aujourd'hui, car ça va faire pleurer beaucoup de midinettes fantasmant sur lui. Ça va être une grande perte pour le monde des groupies, mais du peu de recherche que j'ai fait sur lui, il apparait comme étant un homme à femme et à grosse moto. Bizarrement, il n'a jamais eu de relation à long terme ou même qui ait duré plus d'un été.
Je laisse volontairement une dizaine de minutes s'écouler entre son entrée et la mienne dans le bâtiment. Pour un hôtel de luxe, c'est avec une facilité déconcertante que j'ai réussi à m'introduire devant la chambre 152. J'ouvre délicatement la porte, qui par chance n'est pas électronique, et je sens une odeur d'eau chaude et de savon qui se répand dans toute la pièce. Alors comme ça il a décidé de prendre un dernier bain ! C'est parfait jusque dans les moindres détails. Cela me rappelait une citation d'un acteur qui disait : « il faut vivre vite mourir jeune faire un beau cadavre » et c'est exactement ce qu'il était en train de préparer à cet instant.
Je n'ai plus qu'à décider si je vais m'asseoir sur une chaise attendre qu'il sorte de la salle de bain et dégainer mon arme ou bien si je rentre dans la salle de bain et l'égorge comme un goret. En vrai, je me questionne plus pour la forme que par réel doute quant à sa mort. Je déteste les effusions de sang inutile et salissant. Je me mets à la place du personnel qui va découvrir le corps et devoir tout nettoyer demain, donc je n'ai plus qu'à attendre en regardant le décor de la pièce qui est très déprimant. Le décor parfait pour une tragédie en fin de compte.
Je profite du temps qui m'est imparti par monsieur pour fouiller un peu la chambre histoire de découvrir d'autres choses intéressantes sur le pauvre jeune homme. Après tout, certaines informations valent de l'or après la mort d'une célébrité. Je pose mon pistolet sur la table à côté de moi et commence à fouiller dans son sac. Il y a son portefeuille, qui contient quelques centaines de dollars, à peine de quoi payer la moitié du contrat qui est sur sa tête. Je trouve aussi en appareil photo qui doit valoir bien plus cher que le ¾ des meubles de ma maison. Et enfin, caché sous la paperasse, un petit carnet violet qui m'intrigue due à sa ressemblance avec un journal intime.
Il contient des photos de personne qui sont tout sourire d'être avec lui alors que sur d'autre, il a dessiné à l'indélébile sur son visage. Avec ces souvenirs, se trouvent des images de tournage, des soirées entre amis et quelques textes. Dont un écrit à l'encre rouge et daté d'aujourd'hui.
« Aujourd'hui, c'est mon dernier film ! J'en ai marre de ces contrats, de ces gens qui voient à travers moi sans voir clairement que je suis épuisé et déprimé à l'idée de cette popularité. Aujourd'hui, après ma douche, j'avalerai la boîte de pilules cachée dans mon sac et j'en aurai fini avec tout ça. Je n'ai pas peur de la mort, mais plutôt d'être oublié comme je l'ai été tant de fois par ces gens qui se disaient mes amis et qui venaient s'éclairer à ma lumière pour briller un peu plus. J'aurai pu leur pardonner de se servir de moi si seulement, il ne m'avait pas effacé de l'histoire de leurs vies comme on gomme une erreur qui enlaidissait ce qu'ils étaient ».
« Alors comme ça, mon contrat est en mal d'amitié ? » Je compatissais pour lui en me disant que finalement, je n'étais peut-être pas le seul à m'endormir le soir en me demandant si quelqu'un pensait à moi. Pour finir, je pense que ce contrat va me poser problème, mais en grand professionnel, je me devais d'accomplir mon job « Bientôt Newt passera de la rubrique people à la rubrique nécrologique », me dis-je en allant récupérer mon pistolet là où je l'avais posé.
Je suis sorti de ma rêverie par le bruit de l'eau qui se coupe et je vais m'asseoir sur le canapé en attendant de le voir sortir pour pouvoir tirer ce maudit coup qui sonnera le glas. Comme à chaque fois, j'étais impatient et amer à l'idée de pouvoir tuer quelqu'un. « Cette sensation d'adrénaline vaut toutes les émotions du monde », pensais-je en levant les yeux vers l'espace d'où il allait sortir.
Je l'entends chantonner et le son se rapproche de plus en plus de moi. Je mets en joue en direction de la porte de la salle de bain. Je me prépare à tirer et me dit que je n'ai plus de place dans mon esprit pour hésiter quand j'entends crier :
Newt : « Je ne sais pas pourquoi tu es là, mais sache que tu fais un bruit monstre l'ami », dit-il le avec un rire dans la voix.
Thomas : « Parce que tu as remarqué que j'étais là ? La prochaine fois, je ne mettrai pas mes semelles de plomb pour rentrer chez les gens », amorçais-je en essayant de ne pas avoir l'air surpris.
Newt : « Évidemment ! Il y a un système de détection d'ouverture des portes dans cette chambre. Dès que quelqu'un ouvre la porte principale, je reçois une petite notification sur mon téléphone. Et comme je n'ai reçu qu'une notification, je me suis douté que tu étais encore dans la pièce. De plus, tu fais un de ces vacarmes ».
Et en finissant sa phrase, je vis apparaître dans la pièce seulement. D'une serviette de bain autour de la taille qui laissait voir son corps frêle encore humide. J'aurais pu tirer, j'aurais même dû. Pourtant, mon bras s'est baissé tout seul comme si je n'arrivais plus à le contrôler. Il était là à quelques mètres de moi, me regardant dans le brun des yeux, comme s'il allait me sauter dessus.
Je le fixais et me disais que je ne devais pas tarder à accomplir mon objectif mais son regard dur trahissait une émotion que je n'arrivais pas à distinguer. Ça me perturbait de ne pas voir ce dont il s'agissait. Ce n'était pas habituel comme situation. Habituellement, la cible supplie et négocie pour acheter sa vie, mais lui me semble plus amusé qu'effrayé.
Newt : « Fais une photo, ça durera plus longtemps ! »
Il avait dit ça avec un sourire pendant que je sentais mes pommettes devenir brûlantes. Je suis très peu habitué à avoir des conversations avec le contrat, mais il m'était impossible de relever la main et de tirer. Je ne comprenais plus comment je pouvais manquer d'assurance à ce point face à un ennemi qui pouvait alerter la sécurité à tout moment.
Thomas : « Alors tu es prêt à mourir ? »
Newt : « La véritable question est plutôt de savoir si tu es capable de me tuer. Je reçois des lettres de menace tous les jours et j'attends chaque soir de voir quelle âme charitable viendra arrêter mon calvaire. Et pourtant, personne n'est jamais venu pour prendre ma vie ». Il avait dit ça avec une pointe d'amertume dans la voix.
Thomas : « Tu me prends pour un débutant ? Mon nom est synonyme de mort dans le milieu et ce n'est pas ta tête blonde qui va m'en empêcher ».
J'avais dit ça en me rapprochant de lui tout en fixant un point au loin pour éviter de retomber dans ses yeux. D'habitude, je lis la peur ou la résignation dans les regards. Alors que chez lui, je ne voyais que la détermination et de la force.
Je fus stoppé dans mon avancée par le fait que lui-même se rapprochait en même temps que moi. Il ne s'arrêta que lorsqu'il était à quelques centimètres de moi. Je sentis à nouveau mon bras bouger mais le temps que je le redresse, il avait pris ma main et posé le pistolet sur sa tempe toujours en me regardant en souriant. Tout cela n'était qu'un jeu pour ce petit con et j'étais en train de le perdre.
Newt : « Alors ! Après ce beau discours, tu ne vas même pas appuyer alors que je n'attends que ça visiblement ! Si tu ne fais pas le premier coup dans le jeu, je suis celui qui va marquer le point et c'est une partie en une manche, tu sais ? »
Thomas : « Tu prends ça trop à la légère pour que ça soit sérieux. Allez finissons-en Newty »
Avec son sourire narquois, j'avais appuyé sur la gâchette, mais ma surprise fut encore plus forte quand j'ai réalisé que pour se défendre, il avait collé ses lèvres aux miennes et avait levé mon bras pour que le coup parte en l'air.
Je sentais son cœur battre dans son baiser comme si la mort qui venait de le frôler avait réveillé une réminiscence de l'importance de sa vie. J'étais électrisé par cette sensation qui m'avait envoyé plusieurs décharges dans tout le corps.
Newt : « Maintenant que je t'ai volé un baiser, tu ne peux plus te débarrasser de moi comme on le fait avec un sac poubelle »
Thomas : « Parce que tu crois qu'une simple embrassade volée va me dérouter de mon objectif ? »
Newt : « J'ai vu la lumière dans ton regard. Tu sais celle d'un enfant qui a vu le jouet de sa vie. Joue avec moi et abandonne-moi quand tu m'auras cassé. Si tu ne peux pas me tuer, fais ce que les gens ne peuvent pas faire », dit-il en replongeant son regard dans le mien.
Thomas : « Quoi donc ? »
Newt : « Aime moi et apprends-moi à vivre ta vie. Apprends-moi juste à vivre une vraie histoire ou je serai moi-même et ne m'oublie pas. Montre-moi que la mort peut offrir mieux que ce que la vie peut proposer ».
Et il me serra contre lui dans un éclat de rire pendant que je me demandais si je pouvais abandonner un contrat sans qu'il y ait de conséquences. C'était de l'imprévu total, mais j'avais plus appris sur moi-même lors de ce contrat que lors de toute une vie de meurtre. Il avait réussi à accomplir l'exploit de me déstabiliser pour de bon. J'ébouriffais ses cheveux en pesant les pours et les contres de cette histoire.
Bizarrement, je n'avais plus envie de l'abattre et l'idée de prendre sa vie me donnait la nausée à tel point que j'aurai voulu m'enfuir loin. Mais alors que je me décrochais de lui pour me diriger vers la porte. Je me suis entendu dire : « Je m'appelle Thomas. Tu as de la chance que la mort ne me tente pas aujourd'hui. Viens avant que je ne change d'avis »
Il a souri en regardant sa chambre et lui, comme moi, avons disparu à jamais des mondes auxquels nous appartenions. Je n'ai plus le cœur à tuer quelqu'un et Newt ne joue plus que pour moi ses plus belles scènes d'amour.
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Et voilà, l'OS promis est arrivé (sans se presser ...)
J'espère que vous aimerez cette courte histoire et qu'elle représente bien la tonne de sympathie que j'ai pour vous :D
Le prochain OS arrivera à un autre palier (je rêve p-être, mais j'aimerai bien atteindre les 3.500 vues sur SMS) et si je ne l'atteins pas, je publierai quand même :) J'ai envie de vos avis sur mes idées loufoques <3
Je vous kiffe les Loulous
J
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