Pourquoi ?

Quelqu'un était là, avec Ladybug, et l'écoutait. Elle savait de qui il s'agissait, parce qu'il était le seul à pouvoir la rejoindre ici, alors qu'elle fixait la ville, des larmes dans les yeux, le corps tremblant, et le cœur douloureux.

– Pourquoi moi ?

Il ne comprit pas, évidemment. Alors elle continua.

– Pourquoi c'est à moi qu'on a confié cette mission ? Celle de sauver Paris ?

Il allait ajouter qu'elle n'était pas la seule à avoir cette mission, mais se doutait qu'elle ne parlait pas seulement de ça.

– Pourquoi c'est à moi qu'on a confié la Miracle Box ? Le rôle de Gardienne ?

Elle souffla longuement, comme pour contrôler les tremblements de sa voix.

– Je ne suis pas faite pour ça. Je ne suis qu'une fille parmi tant d'autres. Qu'est-ce qui a fait que c'est moi qu'il a choisi ?

Il ne sut que répondre à cela.

– Ma vie part en poussière...

Elle se recroquevilla sur elle-même, les genoux entre ses bras.

– Celui que j'aime à une petite-amie. Et je ne parviens pas à aimer celui qui m'aime. Mes amis s'éloignent de moi. Ou alors c'est moi qui m'éloigne d'eux ? J'ai trop de responsabilités, et trop peu de capacités, ça me fait peur...

Des larmes coulèrent sur son visage.

– Ma meilleure amie n'est pas bien, mais je n'ai pas le temps de la réconforter, alors que je connais la raison de son état. Son copain ne va pas bien non-plus. Mais je continue de m'éloigner, de me renfermer sur moi-même.

Elle déplia ses jambes, le regard perdu dans la ville.

– Et je ne peux parler de ça à personne.

Elle eut un rire amer.

– Même le « toi et moi contre le monde », auquel j'ai toujours cru n'est plus. Combien de temps cela fait-il que je n'ai pas entendu « Ma Lady » ?

Elle soupira.

– Je suis plutôt seule contre tous...Tout ça à cause de responsabilités que je n'ai jamais désirées...Je voudrais...Juste être une fille comme les autres.

À ce moment-là, il se décida d'intervenir. Il savait quoi répondre, après tout.

– Tu peux l'être.

Elle se releva, tout en demandant.

– Vraiment ?

Puis elle se retourna, le toit derrière elle était vide, désert, mais la réponse résonna tout de même.

– Bien sûr. Je peux t'en donner le pouvoir...Tout ce que tu as à faire, c'est me confier ton Miraculous et la Miracle Box...

Alors elle hocha la tête.

Elle ne pouvait plus assumer toutes ces responsabilités.

Une fumée violacée l'entoura quelque temps, puis se dissipa. Elle n'était plus Ladybug, non, elle n'était que Marinette. À la seule exception près que le masque en forme de papillon sur son visage prouvait qu'elle ne l'était pas exactement. Car le Papillon pouvait lui parler.

– Miss fortune...Acceptes-tu de me donner ton Miraculous ?

Elle hocha une nouvelle fois la tête, et retira ses boucles d'oreilles, un flash rosé, synonyme de dé-transformation, bien qu'elle fût sous ses traits civils, apparut. Mais Tikki ne le fit pas.

Elle s'approcha ensuite du bord, et descendit simplement.

Parce qu'elle n'était pas tout à fait normale, non. Elle était une akumatisée.

Personne ne l'avait vue faire. Personne ne la vit non plus monter à son balcon par l'extérieur, pour récupérer la Miracle Box, avant d'y ranger son Miraculous.

Puis d'aller dormir, comme si de rien était. Comme si...Elle n'était qu'une fille comme les autres.

Plus tard dans la nuit, une voix la réveilla.

– Miss Fortune ? Pardonne-moi de te déranger, mais pourrais-tu m'emmener la Miracle Box ?

Elle se leva simplement, et suivit ses indications pour le rejoindre, dans une rue déserte.

Face au Papillon, elle ne réagit pas spécialement, se contentant de lui tendre la boîte rouge.

– Je ne peux pas vous en donner la propriété. Je ne peux pas me permettre de tout oublier. Mais en voici le code.

Et elle lui livra. Comme si ce n'était qu'un banal code de casier.

Puis elle rentra chez elle et dormit.

Se réveilla le lendemain, et se rendit en cours.

Elle n'était que Marinette, une fille comme les autres. Elle n'était pas Ladybug.

Alors elle agit comme telle. En se préoccupant pour Alya, ce qui la surpris.

– Tu veux bien m'expliquer ce qui ne va pas ?

– J'ai perdu, Marinette...

La jeune fille la regarda, pensive, avant de demander.

– Qu'as-tu perdu ?

La brune n'avait pas l'habitude de voir sa meilleure amie aussi calme, mais elle répondit tout de même.

– Face au Papillon. Vu qu'il sait, je peux t'en parler...Et Ladybug ne peut plus faire appel à moi. Mais je lui fais confiance, elle s'en sortira.

Marinette avait été Ladybug. Et Marinette savait qu'elle ne s'en était pas sortie.

– Ne t'en veux pas.

– Mais...Même si je lui fais confiance...J'ai peur qu'elle perde aussi...

L'ancienne porteuse des boucles d'oreilles sourit, et répondit simplement.

– Elle ne perdra pas.

Elle s'apprêtait à ajouter « Elle a déjà perdu », mais se dit que le Papillon n'apprécierait pas cela. Une voix retentit cependant derrière elle.

– Marinette ! Comment peux-tu venir en classe après ce que tu as fait...

Elle se retourna pour dévisager Lila, l'air intriguée.

– De quoi parles-tu ?

– Je t'ai vue parler avec le Papillon !

Il y eut un léger silence, durant lequel l'akumatisée se demanda si ce n'était qu'un énième mensonge, ou si elle avait vraiment été vue.

– Tu veux dire...Comme une akumatisée ? Est-ce que j'ai vraiment l'air akumatisée ?

– Non, en face à face !

Ceci était un peu plus inquiétant, mais elle garda son calme : Après tout, Lila était une menteuse.

– Et quand ça ?

– Mardi, il y a deux jours, après les cours, vers dix-huit heures ! J'ai eu peur d'en parler parce que j'avais peur des répercussions.

Un soupir de soulagement s'échappa d'entre les lèvres de Miss Fortune, alors qu'elle répondait tranquillement.

– Lila...C'est une forte accusation que tu me donnes là...Tu sais ? De toute manière, je travaillais avec mes parents à ce moment. Je pourrais te trouver des clients qui peuvent affirmer cela.

Son attitude détachée désarçonnait Lila, qui ne savait pas comment réagir. Elle était d'ailleurs dévisagée par tous les autres élèves de la classe, qui savaient à présent qu'elle mentait.

Ainsi, un long interrogatoire de la menteuse ne fut évité que par l'arrivée de la professeure dans la classe.

À la pause, Marinette se rendit aux toilettes, et fut rapidement rejointe par son ennemie jurée.

– Je t'assure que je me vengerais, et que je gagnerais.

La fille aux yeux bleus lui lança un regard blasé, avant de soupirer.

– Lila, tu as déjà perdu. Ils savent que tu mens...

– J'ai plus de tours dans ma manche que ce que tu ne penses.

Miss Fortune pencha la tête sur le côté, intriguée, avant de questionner.

– Tu parles de ton alliance avec le Papillon pour faire tomber Ladybug ?

L'expression de choc qui apparut sur son visage tira un sourire à l'akumatisée, qui finit par rigoler légèrement.

– Quoi, je ne suis pas stupide, j'avais compris...Oh, Lila...J'ai une mauvaise nouvelle pour toi...Je crois que le Papillon n'a plus besoin de toi...

La brune fut décontenancée, et la questionna du regard.

– Ladybug est déjà tombée, Lila. Et tu n'as rien à voir avec tout ça.

– Mais...Tu...Qui es-tu ?!

Évidemment, elle ne parvenait pas à croire que la fille face à elle, se targuant de savoir les plans du Papillon, puisse être Marinette. Cependant...

– Je suis Marinette, Lila. À moins que tu ne préfères m'appeler Miss Fortune ?

L'air étonné de la fille aux yeux verts fit comprendre à l'akumatisée qu'elle avait réalisé que ce n'était pas simplement Marinette face à elle, mais également Ladybug, l'héroïne de la chance.

– Oh. Et avant que tu n'imagines répéter quoi que ce soit...Tu es déjà tombée aussi, Lila...

Et sur ces mots, elle s'en alla. Elle se demandait ce que le Papillon faisait, sûrement était-il dé-transformé, vu qu'il ne lui réclamait pas le Miraculous de Chat Noir.

Elle savait cependant qu'elle ne serait pas une fille normale avant que la bague noire ne soit retirée à son porteur. Alors elle imagina des plans.

Des plans qu'elle mit à exécution dès la fin de journée. Elle savait que Chat Noir allait patrouiller, qu'il allait passer devant son balcon, et que voir Marinette en mauvais état le ferait venir.

Alors elle joua la comédie, et comme prévu, le héros vint.

– Marinette ?

Elle releva la tête, ses yeux étaient légèrement rouges, ce qui inquiéta encore plus le garçon.

– Qu'est-ce qu'il se passe.

Et elle se rua sur lui, en faisant semblant de pleurer. Allez, plus que quelques petits mensonges, et elle serait une fille comme les autres. Juste Marinette, celle qu'elle avait toujours était.

Il la prit dans ses bras pour la réconforter, et elle bredouilla.

– C'est...J'en peux plus...Le...Le garçon que j'aime à une petite amie depuis quelque temps. J'essaie de jouer la comédie, mais j'en peux plus...

Au moins, elle disait la vérité.

Elle savait que sa technique marcherait, Chat Noir était facile à prendre par les sentiments, et sa bague serait subtilisée en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

– Oh, Marinette...

Il avait arrêté les « Princesse » en même temps que les « Ma Lady ».

– Il est stupide de ne pas se rendre compte de ce qu'il rate. De qui il s'agit ?

Elle sanglota légèrement, avant d'articuler péniblement.

– Adrien...Un garçon de ma classe...

Et la réaction fut plus vive que prévu. Le blond s'arrêta brusquement de bouger en la dévisageant, éberlué. Et elle en profita pour récupérer sa bague, avant de comprendre la raison de sa réaction.

Sous le masque, il y avait Adrien Agreste.

Qui prit du temps à réaliser qu'il n'avait plus sa bague.

– Marinette ?! Qu'est-ce que tu fais ?

Elle secoua la tête, et enfila la bague, pour éviter de la faire tomber.

– Je suis désolée...Mais comme ça, tout sera plus simple.

Elle n'avait plus qu'à emmener la bague au Papillon, et tout serait réglé.

– Marinette ! Non...Tu ne peux pas être elle...Tu es Caméléon, c'est ça ?

Cette fois, elle réagit un peu plus vivement.

– Eh ! Ne me compare pas à Lila, je te prie.

Il essaya de la retenir, tout en disant.

– Ladybug va arriver et t'arrêter, qui que tu sois !

Et cette phrase arracha un sourire triste à la fille aux cheveux noirs.

– Non, Chaton, Ladybug ne viendra pas. Ladybug ne supportait plus les responsabilités. Alors me voici, moi, Miss Fortune...Juste...Une fille comme les autres.

Et elle s'enfuit, sans qu'Adrien ne puisse la rattraper, ses forces ne pouvant égaler celles d'une akumatisée.

Elle contacta le Papillon, lui livra la bague du Chat Noir, avant de questionner.

– Que voulez-vous faire avec ça ?

– Juste...Ramener ma femme à la vie...Mon fils en sera heureux.

Elle sourit légèrement, et se fut au tour de l'homme de demander quelque chose.

– Qui était Chat Noir ?

– Adrien Agreste. Un garçon de ma classe...Je m'en veux de l'avoir trahi...En plus, j'ai avoué l'aimer juste avant...Mais comme ça, il deviendra un garçon normal, comme avant ! Enfin...Non...Son père l'enfermera à nouveau...Est-ce qu'il sera malheureux par ma faute ? Je sais qu'il tenait à son rôle de Chat Noir, parce qu'il pouvait être lui-même, loin des obligations et de la froideur de son père...Gabriel est toujours resté obsédé par sa femme...Mais Adrien a fait son deuil, et il est surtout blessé par l'indifférence de son père...Je voudrais l'aider...

Elle hésita un moment, avant de continuer.

– Est-ce que vous pouvez faire quelque chose pour ça ? Avec les Miraculous ?

Le Papillon avait l'air déstabilisé.

– Quoi que...ça aurait un contre-coup. Dites, vous avez envisagé que ramener votre femme puisse tuer votre fils ? Enfin, ce n'est qu'une possibilité, mais vous l'avez prise en compte ?

– Je...N'y avais pas pensé...Dis-moi...Tu es sûre qu'Adrien serait plus heureux si son père lui prêtait plus d'attention ?

Elle n'hésita pas une seconde avant de répondre.

– Bien sûr ! Je ne connaissais pas bien Adrien, mais je connais bien Chat Noir, alors...

Elle parlait avec le cœur, elle parlait de son amour, après tout.

– Je vois...Maintenant, je vais te dé-akumatiser. Compris ?

Elle hocha la tête, elle allait être normale comme ça.

Marinette se réveilla dans sa chambre, perdue. Elle ne se souvenait pas de s'être endormie. Elle ne se souvenait pas de grand-chose à vrai dire. Si ce n'est d'avoir été sur un toit, à fixer la ville.

Une ville où un visage était représenté énormément de fois sur les panneaux publicitaires.

Et penser à ce visage, celui d'Adrien, lui serrait le cœur...Mais pourquoi ?


...

Je suis perplexe sur la fin.

En vérité, je sais comment ça se finit, mais... Vous non. (Et je m'en souviens ! Un exploit !)

Est-ce que vous pensez que Gabriel a fait le vœu, ou non ?

Le cœur de Marinette se serre-t-il parce qu'elle sait inconsciemment qu'Adrien est mort, ou simplement parce qu'elle l'a trahi étant akumatisée ?


Un avis sur la question ?

J'imagine que vous pouvez imaginez ça comme vous le préférez...

Sinon, un avis sur l'OS en général ?

- 28 juin

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