Ce qu'on a besoin d'entendre
Ah ! Bon... Pour celui là, on va avoir besoin de notre petite case...
AVERTISSEMENTS ->
– Qu'est-ce que tu as sur le bras ?
Je me tournais vers Chat Noir, il fronçait les sourcils en regardant là où mon costume s'était déchiré durant le combat face à un akumatisé capable de découper n'importe quoi. Je jetais un œil à ce qu'il fixait et aperçus de légères coupures.
– Oh, rien, j'ai dû me faire ça en combattant. Ça va être réparé avec mon pouvoir !
Je lançais l'objet obtenu par mon Lucky Charm dans les airs en criant.
– Miraculous Ladybug !
Mon costume se répara, ne laissant plus apparaître les blessures qu'il y avait en dessous.
– Tu vois, comme neuf !
Je fis un clin d'œil à mon partenaire avant de m'enfuir pour éviter plus de questions. Une fois dans ma chambre, je me dé-transformais, laissant apparaître une Tikki contrariée et inquiète à mes côtés.
– Marinette...Tu m'avais promis que tu ne le referais pas !
Je soupirais en regardant les coupures sur mon avant-bras. Qu'est-ce que j'y pouvais après tout ? C'était un cercle vicieux, une fois la première griffure effectuée, c'était compliqué d'en sortir.
– Désolée, Tikki. Je ne recommencerais pas.
Ce n'était pas une promesse en l'air, j'essayais réellement à chaque fois, mais c'était si dur...
– Tu me dis la même chose à chaque fois. Tu as fait ça quand ?
Je baillais et me frottais les yeux, fatiguée, avant de répondre.
– Je sais pas ? Cette nuit...Ou la nuit dernière, je n'arrive pas à savoir...J'ai encore fait un cauchemar et je n'arrivais pas à me rendormir...
– Il fallait me le dire !
– Mais tu dormais, je n'allais pas te réveiller...Et puis, j'ai tenu une semaine, c'est déjà plus que la dernière fois, c'est bon signe, non ?
Elle soupira et ne répondit rien. Je savais que c'était mal mais une fois qu'on a essayé de soigner la douleur mentale par la physique, on ne sait plus trop comment faire autrement. Je me mis en pyjama, un avec des manches longues pour que mes parents ne voient pas les marques, puis je descendis manger. C'était simple de jouer le jeu quand les gens s'attendaient à me voir d'une certaine manière, ils ne font pas attention aux légers détails dans ces moments, même mes parents. Une remarque sur mon teint pâle ? « Oh, j'ai un peu de nausées, ça doit venir de là... », une sur mes cernes, « Désolée, je suis restée un peu trop longtemps à coudre, je n'ai pas beaucoup dormi », etc.
Une fois le repas terminé, je préparais mes affaires pour le lendemain, pas question de prendre un T-shirt à manches courtes dans la précipitation. Je m'allongeais dans mon lit et fixais le plafond en essayant de trouver le sommeil. C'était vain évidemment. Je levais mon bras et observais les cicatrices présentes dessus. Si seulement le Miraculous Ladybug pouvait les effacer aussi, je n'aurais pas d'explications à donner si on en venait à voir les cicatrices...Les marques récentes étaient rares, j'avais réussi à tenir suffisamment longtemps pour qu'elles cicatrisent...Ou peut-être pas...Elles étaient peut-être cachées autre part, la fatigue me faisait perdre la tête après tout.
Un mal de crâne intense se déclencha. Il fallait que je dorme. Je mis de la musique assez forte dans mes oreilles pour essayer de faire taire mes pensées avant qu'elles n'arrivent et fermais les yeux.
Pourquoi suis-je si faible ?
Juste ça, c'était ça qui guidait mes insomnies, mon incapacité à tous les protéger, à protéger Chat Noir des coups qu'il se prenait au combat, à protéger Alya des vilains qui s'en prenaient à elle, à protéger Paris du Papillon...
J'étais une incapable.
Je sentis des larmes couler sur mes joues, j'étais partie pour une nouvelle nuit sans sommeil probablement.
Pourtant, je parvins à trouver le sommeil assez vite, mais j'aurais préféré rester éveillée, ça m'aurait évité de voir les pires scénarios créés par mon cerveau.
L'alarme de mon réveil me sortit d'un cauchemar, accompagnant mon retour à la réalité d'une douleur vrillante à la tête. J'éteignis l'alarme et me recroquevillais sous la couette. Je ne voulais pas me lever, affronter une nouvelle journée, à quoi bon après tout ?
– Marinette, réveille-toi...Tu vas être en retard.
J'ignorais la voix de Tikki, mais quand ce fut au tour de ma mère de venir, je dus me résigner à me lever. J'enfilais mécaniquement les vêtements que j'avais empilés sur ma chaise la veille, mis du fond de teint pour cacher au maximum les marques de mes insomnies, puis partis pour aller en cours. J'attrapais un croissant au passage, mais le rangeais dans mon sac sans le manger, je n'avais pas faim, je ferais ça plus tard...
Je ne courus même pas pour arriver à l'heure, à quoi bon, j'étais déjà en retard.
– Excusez-moi pour le retard.
Madame Mendeleïev me fit un sermon que je n'écoutais que d'une oreille, en me rendant à ma place.
– J'ai dit, dans le bureau du proviseur. Et si vous continuez à m'ignorer, mademoiselle Du-Pain-Cheng, ce sera deux heures de colles en supplément.
Je soupirais. Il fallait que je marche encore ? Je n'en avais pas envie...
En repartant, je vis le sourire compatissant d'Adrien et cela me redonna un peu de forces...Il me soutenait après tout...
Après une excuse inventée de toutes pièces sortie au proviseur et une nouvelle tirade énervée de ma professeure de physique, je fus enfin posée à ma place, en classe. Lorsque la pause de dix heures arriva enfin, je lâchais un soupir de soulagement et m'affalais sur ma table en essayant de dormir.
– Marinette ?
Je ne répondis pas à Alya. Je sentis sa main passer dans mes cheveux pour retirer ceux que j'avais devant les yeux, elle voulait probablement voir si je pleurais, mais non, il aurait fallu que je ne me sois pas asséchée durant la nuit pour que ce soit possible. Alors que je commençais à sombrer dans le sommeil, je sentis sa main relever légèrement la manche de mon T-shirt et entendis une exclamation de surprise sortir de sa bouche.
– Marinette ! Tu l'as refait ?
« Tu l'as refait » cette phrase veut à la fois tout et ne rien dire. Dans la bouche de quelqu'un qui a un ami qui se drogue, cela sous entend qu'il a recommencé à se droguer, et on peut appliquer cela à plein de situations différentes.
Dans mon cas, cela voulait dire « Tu as recommencé à te mutiler ? ».
Je grognais une réponse quasi inintelligible et essayais de nouveau de m'endormir, ne serait-ce que pour les dix minutes qui me restaient.
Je l'entendis soupirer.
– Je suppose que tu ne vas toujours pas m'expliquer pourquoi ?
Je ne peux pas lui dire que c'est à cause de ma faiblesse. Du fait que je ne parvienne pas à les protéger.
Je ne peux pas lui dire que c'est à cause de mon inquiétude.
Que c'est à cause de mon rôle de Ladybug.
Des séquelles mentales que me laissent chaque affrontement.
De la peur que j'ai de les perdre à chaque fois qu'ils sont sur le champ de bataille.
De l'horreur qui m'envahit quand je dois les combattre lorsqu'ils sont akumatisés ou sous l'emprise d'un vilain.
Je pourrais peut-être lui expliquer que ça s'est empiré depuis la fois où j'ai empêché une fille de se faire agresser sexuellement, sous ma forme civile, et que si je n'avais pas eu mes réflexes, j'aurais fini à sa place.
Je pourrais lui dire que maintenant, chaque regard posé trop intensément sur moi me dérange.
Mais je ne pourrais pas ajouter que ces regards s'accumulent à cause du costume moulant que je porte quand je sauve Paris. Quelle idée d'avoir un pareil costume après tout ? Et dire qu'il vient de mon imagination...J'aimerais tellement le changer.
La sonnerie signalant la fin de la récréation me sortit de mes pensées sombres et je remarquais qu'il y avait des larmes sur mes joues. Alya était avec moi, elle passait sa main dans mes cheveux pour essayer de me calmer.
Les autres élèves commencèrent à arriver au compte goutte dans la salle, et j'essuyais mes larmes en essayant de cacher mes yeux rouges.
Alors que je m'apprêtais à repartir dans mes pensées, j'entendis la voix d'Adrien.
– Marinette ? Ça va ?
Je l'ai regardé sans vraiment le voir, il s'était retourné et semblait vraiment inquiet. Je lui adressais un faux sourire avant de répondre.
– Oui, ne t'en fais pas. Je suis juste fatiguée, j'ai cousu toute la nuit...
Il allait acquiescer mais son regard se bloqua sur mon bras et il fronça les sourcils.
– Qu'est-ce que tu as sur le bras ?
Je baissais les yeux et aperçu les coupures. Alya avait oublié de remettre la manche en place. Je me forçais à rire et répondis.
– Les risques du métier. Je me suis coupée en découpant du tissu, rien de grave.
Ses sourcils ne se défroncèrent pas, mais il n'insista pas. Il s'étonnait peut-être du fait que je ne bégayais pas ?
La journée me parut durer des dizaines heures. À midi, je ne mangeais que peu, et encore, c'était sous l'insistance d'Alya. Je récupérais mon croissant dans mon sac en fin de journée et l'avalais péniblement. Je devais aller patrouiller ce soir, il me fallait des forces.
Je réalisais le même manège que la veille auprès de mes parents avant de partir patrouiller. Cependant, Chat Noir était là, il semblait m'attendre.
– Qu'est-ce que tu fais là ? Ce n'est pas mon tour ? Je demandais.
– Si, si...Je voulais juste te demander quelque chose...
Je m'installais à côté de lui.
– Hm ?
– Je...Je m'inquiète pour une amie, elle a vraiment l'air d'être fatiguée ces derniers temps...Et sa meilleure amie lui reproche « d'avoir recommencé », je ne sais pas de quoi elles parlent mais...C'est quelque chose d'important je crois.
Je sentis un sourire ironique se dessiner sur mon visage.
– Demande-lui dans ce cas...
Ce n'était peut-être pas le meilleur conseil à donner, sûrement cette amie lui donnera une excuse idiote.
– Je l'ai déjà fait...Elle m'a juste dit qu'elle était fatiguée...
– Eh bien...Tu n'as rien remarqué de bizarre dans son comportement ? Ou autre ?
Il sembla réfléchir un moment.
– Elle a pas mal de blessures sur les bras, des coupures...Tu penses que quelqu'un peut s'en prendre à elle ?
Je secouais la tête.
– C'est évident. Je ne sais pas pourquoi elle fait ça, je ne la connais pas après tout. Mais elle doit probablement se mutiler...
Il eut un air choqué pendant un instant avant de répondre.
– C'est impossible, je l'aurais remarqué avant ! Elle est un vrai rayon de soleil, si elle était triste au point de faire ça je l'aurais vu...
– Ceux qui sourient le plus sont souvent ceux qui en ont le moins envie. Tant qu'on garde un sourire plaqué sur notre visage, personne ne s'inquiète et c'est plus simple de vivre comme ça. On peut toujours penser que quelqu'un ne ferait jamais ça, mais on ne peut jamais en être sûr. Essaie de creuser le sujet, peut-être que tu pourrais l'empêcher de faire une plus grosse bêtise, qui sait.
Il parut pensif un moment puis demanda.
– Dis, ma Lady. Hier, les blessures sur ton bras, elles venaient vraiment du combat ?
Je l'avais sentie venir celle-là. Je lui adressais un léger sourire et répondis.
– Qui sait, on ne voit jamais les bras des super-héros, la seule chose qu'on voit d'eux, c'est une partie de leur visage.
Et je partis patrouiller en le laissant en plan.
Le lendemain j'arrivais en avance, conséquence d'une énième nuit d'insomnie.
– Marinette ? Je peux te parler deux minutes ?
Je regardais Adrien et acquiesçais. Que voulait-il ?
– Écoute, tu sais, pour ce que je t'ai demandé hier...Je...ça m'a paru étrange alors j'en ai parlé à une amie et...Je...J'ai toujours pensé que tu allais bien, mais elle m'a fait remarquer que ceux qui semblent aller le mieux sont souvent ceux qui vont mal. Je...Elle m'a conseillé de t'en parler clairement pour t'empêcher de faire une bêtise plus grave encore...Enfin, il faudra que je lui en touche deux mots à elle aussi, mais ce n'est pas le sujet. Je...Mari, est-ce que tu te mutiles ?
Je le regardais, d'un air probablement éberlué. Puis j'éclatais de rire. Un vrai, comme ceux que je n'avais pas eu depuis bien longtemps. Un rire si intense que des larmes coulèrent sur mes joues. Il était surpris. Et il le fut encore plus lorsque les quelques larmes de joie que j'avais sur le visage furent remplacées par un torrent de larmes de douleur et de quelques sanglots.
– C'est juste que...
Je m'effondrais à ses pieds et il s'accroupit à mon niveau pour me serrer dans ses bras.
– Que...j'ai si peur de vous perdre, tous, par ma faute. Je...Je n'arrive pas à vous protéger, juste à vous sauver au dernier moment. Et je me dis, et si, et si je n'y arrivais pas la prochaine fois ?
Il était perdu.
– Tu n'as pas à sauver le monde Marinette...
Mes larmes continuaient de couler.
– Non, pas le monde, juste Paris. Oh, Chat, tu n'imagines pas à quel point j'ai peur à chaque fois que tu te prends un coup pour me protéger. Tu n'imagines pas à quel point j'ai peur quand je vois Alya sur le champ de bataille, quand elle est prise dans des attaques, tu n'imagines pas à quel point ça m'horrifie de devoir combattre mes amis quand ils sont akumatisés !
Il resta silencieux un moment, il devait probablement essayer de comprendre ce que je disais.
– Et...C'est pire. C'est pire depuis que j'ai arrêté ce type. Il a failli me violer Chat, alors que je n'étais que moi, que Marinette, et...Et depuis, à chaque fois que les regards des gens s'attardent trop sur mon putain de costume moulant, ça me dégoûte, ça me donne envie de chialer, de m'enfermer pour ne plus jamais sortir.
Je sentis ses bras se refermer plus fort contre moi.
– Je n'arrive même plus à écouter Tikki, j'ai brisé un nombre incalculable de promesses que je lui ai faite, que j'ai faite à Alya, en promettant de ne pas recommencer, mais à chaque fois, je craquais, à chaque fois, j'étais incapable de m'empêcher de prendre une putain de lame pour me tailler le bras, sérieux, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? J'ai une famille qui m'aime, des amis, des super-pouvoirs, le garçon que j'aime m'aime en retour, enfin, en quelque sorte...je...
– Calme-toi...Ma Lady, calme-toi.
J'avais arrêté de pleurer depuis un moment mais mes sanglots continuaient.
– Je suis là, moi. Alya est là aussi, et si tout ça te pèse trop, je suis sûr que tu peux lui dire, ta Kwami est intelligente, elle sait que c'est bon pour toi d'en parler, alors ne garde pas tout pour toi, confie-toi, tu n'iras pas mieux immédiatement, ce n'est pas magique, mais tu auras du soutien, et c'est ce qui est le plus important dans tout ça. Tu vas t'en sortir, Marinette, princesse, ma Lady. Parce que tu es forte, tu n'es pas une incapable.
C'était sûrement ça que j'avais besoin d'entendre...
J'avais envie de finir cet OS sur une note positive. Si vous êtes dans cette situation (M'enfin, sans le côté super-héros, j'imagine), suivez les conseils d'Adrien, confiez-vous, aux bonnes personnes bien sûr, cela ne peut que vous faire du bien.
Sinon, j'espère que mon OS vous a plu (dans la limite du possible vu les sujets abordés).
(Et il va y avoir des suites. Vu que je viens du futur, je peux même vous donner les titres ! : "Ce n'est pas de ta faute" , "Courir" , et "À nouveau de bonne humeur" )
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