Une dernière chance ?

Chloé s'était recroquevillée dans son sofa, son ours en peluche serré contre son cœur. Elle se sentait tellement mal. Depuis son akumatisation en Queen Banana, les gens la détestaient plus que jamais. Ladybug lui en voulait d'avoir refusé le Magical Charm. Adrien lui en voulait d'avoir interrompu le film. La classe lui en voulait d'avoir piqué une énième crise idiote.

Et, après l'akumatisation de Zoé en Pirkell, par sa faute, son père lui en voulait aussi. Il éprouvait plus de sympathie pour la jeune étasunienne que pour sa fille de sang.

Et Chloé se rendait compte qu'elle le méritait. Qu'elle n'avait jamais mérité mieux. Même Sabrina avait fini par comprendre que sa relation avec Chloé était seulement toxique et avait commencé à prendre ses distances.

« Mademoiselle Chloé ? Puis-je faire quelque chose pour vous ?

— Jean ? Est-ce que vous accepteriez d'essayer de convaincre Zoé de venir me voir ?Je sais que je ne mérite pas cet effort de votre part, et que je mérite encore moins qu'elle accepte, mais...

— Mademoiselle Chloé, soupira le majordome en s'asseyant à côté d'elle, vous ne devez pas croire que je vous tiens rigueur de votre comportement. Je suis fier de voir que vous en avez pris conscience. N'oubliez jamais que je sais qui vous êtes. Vous m'avez laissé voir à quel point vous étiez affectée par le départ de votre mère, alors que vous l'avez caché à tous les autres. Vous m'avez laissé voir vos tristesses, vos faiblesses, votre joie de porter un Miraculous, le désespoir d'être devenue Miracle Queen, la jalousie envers le naturel de votre demi-sœur. Je sais qui vous êtes. Et je vous apprécie réellement.

— Jean... Vous êtes une personne en or, déclara la jeune fille en se blottissant contre l'adulte, et je suis bête de ne pas m'en être aperçue plus tôt. Vous avez toujours été là, pour m'écouter, m'épauler, me soutenir, me freiner quand c'est nécessaire... Je... »

Clignant des yeux pour chasser les larmes, elle serra son majordome dans ses bras, fort. Maintenant, elle se rendait compte de son importance dans sa vie. De toute son existence, elle n'avait jamais été aussi sincère que quand elle déclara, la voix brisée par les sanglots :

« Dis, Jean... Tu veux bien être mon papa ? Tu es le seul qui le soit correctement...

— Bien sûr, Chloé, répondît-il en passant un bras autour des épaules de la blonde, sentant qu'elle avait besoin de présence et de chaleur humaine.

— Merci, murmura-t-elle. »

Jean sourît. Cette Chloé qui lui demandait enfin d'être présent, elle lui avait manqué. Il ne l'avait plus jamais revue depuis le départ de Mme Bourgeois, et qu'il lui avait offert Doudou Malin pour le supporter.

Cette enfant qu'il serrait dans ses bras, qui lui demandait de l'aider, d'être son père de cœur, il la connaissait si bien qu'il savait qu'accomplir sa demande ne serait pas difficile.

Et alors que la nuit tombait dehors, Jean sentît Chloé s'endormir dans ses bras. Quand il entendît sa respiration devenir calme et régulière, il se releva, la soulevant dans ses bras pour aller la coucher dans son grand lit.

En rabattant les couvertures sur sa protégée, le majordome se promît qu'elle aussi, elle serait heureuse comme les autres.

************

Le lendemain, dans la « suite enfant » de Zoé.

Le majordome Jean s'était présenté à la porte de Mademoiselle Zoé quelques minutes auparavant. Il s'était excusé de la déranger, et hésitait maintenant à expliquer sa présence.

La jeune fille, enroulant sa mèche rose autour de son doigt, lui demanda ce qu'il se passait.

« Votre sœur voudrait vous voir... Elle n'est pas sûre que vous acceptiez de venir chez elle, et elle m'a demandé d'essayer de vous convaincre...

— Attendez, vous parlez bien de Chloé, là ? Ça ne lui ressemble pas vraiment !

— Plus qu'elle ne voudrait le faire croire, je vous assure. Vous acceptez ?

— Bien sûr, Jean ! Emmenez-moi maintenant, si elle est prête...

— Oui, elle l'est. »

Ensemble, ils se dirigèrent dans les couloirs, jusqu'à atteindre la suite de la fille du maire.

Le majordome toqua à la porte, déclarant que Mademoiselle Zoé avait accepté la demande. Une voix brisée leur répondît d'entrer, vite.

En entrant, Zoé retînt un cri de stupeur. Chloé était complètement changée. Ses cheveux étaient en désordre, ses yeux rougis par les larmes, son nez encore gonflé des sanglots. Ses lèvres tremblaient. Serré contre sa poitrine, la jeune étasunienne aperçût une peluche jaune et blanche.

« Chloé ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Je... Je... je suis nulle, Zoé, complètement nulle, et toi tu es adorable d'avoir accepté de me voir alors que je t'ai fait tellement de mal... Je suis désolée, désolée, désolée...

— Chloé... Je ne t'en veux pas, d'accord, soupira Zoé en venant s'asseoir à côté de sa demi-sœur.

— Merci...

— Qu'est-ce qui se passe, Chloé ? Pourquoi tu es comme ça ? Ça ne te ressemble pas vraiment... Ou en tout cas, je n'ai pas l'habitude de te voir ainsi...

— Je sais, murmura Chloé, je n'ai pas l'habitude de montrer que j'ai un cœur. D'habitude, je suis méchante, méprisante et dure. Et je voudrais imposer cette façon d'être à tout le monde. Et je sais bien que c'est mal, que ça ne peut pas m'aider, je l'ai toujours su mais je ne voulais pas m'en rendre compte.

» Parce que Maman comptait trop pour moi, chuchota-t-elle d'une petite voix.

— Quoi ?

— Quand j'avais cinq ans... Maman, elle est partie. Je savais qu'elle n'aimait pas Paris, mais j'ai toujours été gentille avec elle, j'ai fait beaucoup d'efforts pour qu'elle m'aime, je lui faisais des cadeaux, je lui disais que ça allait aller quand elle se plaignait, qu'elle était trop forte, que ses problèmes pourraient pas la battre. Je lui obéissais. Mais elle est partie. Elle ne m'aimait pas. Et j'ai eu très, très, très mal. J'ai pleuré, j'ai fait la tête, j'ai été en colère, j'ai supplié, j'ai boudé, j'ai crié dans tous les sens, je l'ai appelée encore et encore. Mais elle n'est pas revenue...

» Plus jamais je ne souffrirai comme ça, je me le promets. Et puisqu'elle n'aimait pas la gentille Chloé... J'ai décidé de faire comme elle, pour voir... Et au moins, avec cette attitude, personne ne m'aime et je n'aime personne. Jusque là ça allait... J'avais Papa, et Sabrina qui était là même si ça lui faisait pas plaisir, et les autres m'écoutaient. Et je me ne me rendais pas compte d'à quel point c'est un problème.

— Alors pourquoi tu t'en rends compte maintenant, s'étonna Zoé.

— Parce que t'es là. Qu'elle t'aime pas non plus. Que mon père n'a pas peur de toi et qu'il t'apprécie vraiment. Que mes camarades se rebellent. Que Sabrina est partie. Que je n'ai plus que Jean. Et Doudou Malin, fît-elle en montrant sa peluche.

— Tu connais son nom ???

— Oui, bien sûr que Mademoiselle Chloé sait comment je m'appelle. Elle vous l'a dit, elle fait comme sa mère...

— Jean... Pourquoi Maman ne m'aime pas ?

— Je ne sais pas, Chloé. Je ne sais toujours pas, même si ça fait plus de dix ans que tu me poses la question.

— Zoé, est-ce qu'elle t'aime, toi ?

— Non. Faut pas rêver, hein, c'est pas de moi dont elle se préoccupait à New-York. Elle ne sait sans doute pas ce qu'aimer veut dire...

— Comment tu fais ?

— Je l'ai toujours considérée comme une étrangère, je ne l'ai jamais appréciée, mon père était le seul adulte qui comptait. Mais j'accordais trop d'importance au regard des autres, c'étaient des pestes alors j'étais comme elles. Mais... Marinette m'a montré que je n'avais pas besoin de ça. »

Chloé serra sa sœur dans ses bras, juste pour s'assurer que Zoé était vraiment là, et qu'elle l'acceptait.

Les deux jeunes filles discutèrent pendant un moment, la Parisienne faisant preuve d'une étonnante bonne volonté pour s'entendre avec sa demi-sœur.

************

Quelques semaines plus tard.

Encore assise à sa place, Marinette regardait son ennemie de toujours avec perplexité. Depuis quelques jours, la déléguée se demandait où était passée la fille du maire.

Chloé, depuis près d'un mois, développait des efforts surhumains pour changer. Elle n'avait plus jamais rien demandé à Sabrina, et la bleutée avait vu la blonde préparer des fiches, surligneur ses cours, travailler pendant les récréations. Elle l'avait vue aussi devenir obéissante, timide, silencieuse, travailleuse, serviable.

L'ancienne capricieuse et méprisante jeune fille ressortait parfois, avec un commentaire acide qui lui échappait.

« Chloé ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

— Je me suis aperçue de l'ignoble de mon comportement d'avant. J'ai décidé de changer. Heureusement, Zoé a accepté de m'aider, et elle me soutient. Je suis désolée pour tout ce que je t'ai fait... Je crois que je t'en voulais d'être heureuse.

— Tu étais jalouse ? Vraiment ?

— De ta relation avec tes parents. Tu... Tu veux bien me pardonner ?

— Oui, Chloé. Tu m'as vraiment l'air décidée à ne plus recommencer. Je te pardonne. Et je suis sûre que Ladybug te pardonnera tes erreurs si elle te croise maintenant.

— Merci Marinette ! »

Chloé esquissa un sourire, soulagée. Maintenant, elle avait sa chance, aussi. Elle savait qu'elle pourrait être heureuse comme les autres.

************

1517 Mots (et cette fois je suis à l'heure !)

Joyeux anniversaire @Edaline04 !!!!

J'espère que ça t'a plu ;-) Je sais que tu aimes beaucoup Chloé, alors ton OS spécial est sur elle.

On y croit, encore un peu... Même s'ils veulent qu'on la déteste.

Et j'ai trouvé ça sympa d'exploiter Zoé, tu en penses quoi ?

Bises, et encore un bon anniversaire,

Jeanne.

(PS : les autres, vous pouvez me transmettre vos avis aussi, n'hésitez pas ! Même si je parle surtout à Eda, vu que c'est pour son anniv, mais vous êtes là aussi ;-) )

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