Taquineries

Adrien poussa un soupir. Son père était définitivement impossible.

Il demanda à Alya de remettre la vidéo qu'elle venait de leur montrer, un morceau d'une interview de Gabriel par un journaliste lambda, sur sa dernière collection. L'apprentie journaliste avait extrait un passage où le styliste réaffirmait à quel point Émilie était irremplaçable, et tout le bla-bla.

« Et en plus, je suis certain qu'il fait ça juste pour m'énerver, soupira le garçon en essayant de retenir sa colère, il fait vraiment exprès !

— Si c'est pour t'énerver, ça a l'air de plutôt bien marcher, mon pote, sans vouloir être vexant, lança Nino.

— Nan t'inquiètes, c'est pas vexant. Mais bon sang ce qu'il m'énerve. Bien sûr qu'il s'en ait remis du deuil de Maman, pour la millième fois, et il est amoureux de Nathalie et elle est amoureuse de lui, pourquoi c'est si compliqué à lui faire admettre, bon sang ??

— Va ça adrer Allien, euh ça va aller Adrien, bafouilla Marinette, il finira par accepter.

— En attendant, il me donne raison, fît Alya, un sourire triomphant sur les lèvres.

— Je vais finir par te déguiser en pot de fleurs dans le hall pour que tu voies que j'ai raison, même s'il le dit pas en public !

— Mais oui, c'est ça... »

Adrien poussa un soupir. Il commençait sincèrement à en avoir assez. Ça faisait bien un mois que Gabriel avait admis avoir tourné la page après la mort d'Émilie à son fils. Et le blond se demandait parfois s'il n'avait pas rêvé cet aveu tant l'attitude de son père en public était contraire à ces mots. Et Alya, évidemment, s'était mise en tête d'appuyer les déclarations de Gabriel.

************

Fin d'après-midi, au manoir.

« Père, lança Adrien, vous faites vraiment ça juste pour m'énerver !

— De quoi, ça, lança Gabriel depuis son bureau.

— Vous savez très bien de quoi je parle ! Pour la millième fois : vous êtes amoureux de Nathalie, Nathalie est amoureuse de vous, vous vous êtes remis de la mort de Maman ! Il faut que je le dise en quelle langue pour que vous compreniez ? En chinois ?

— Adrien, tu pourras me donner des leçons quand tu arrêteras de dire que Marinette n'est qu'une amie qui s'intéresse seulement à la mode ! Et qui n'est absolument pas amoureuse de toi !

— Sérieusement ? Mari est géniale, mais c'est juste une amie et elle n'est pas amoureuse de moi !

» Et puis moi de toute façon ça détruit rien que je le pense !

— J'ai pas compté, mais je crois que tu as plus détruit la ville que moi ces dernières années !

— Au moins ça met pas les gens en danger !

— Un point pour toi, fît Gabriel.

— Ça va les enfants ? On ne vous dérange pas trop, lança Nathalie du haut de l'escalier.

» Vous parlez tellement fort que toute la Rive Droite pourrait vous entendre ! Il serait peut-être temps d'arrêter maintenant, non ?

— Désolé, s'exclamèrent les deux Agreste en cœur. »

Nathalie leva les yeux au ciel, sachant parfaitement qu'Adrien allait monter dans le bureau pour continuer le débat. Depuis qu'ils s'étaient révélés leurs identités, que Gabriel avait admis que le Papillon n'avait pas le même sens qu'au début, il y avait tous les jours une discussion de ce type. À force, c'était fatigant. Mais tant qu'ils ne l'entraînaient pas dans leur délire, ça lui allait.

Au fond, elle était reconnaissante à Adrien de la défendre en essayant d'obliger son père à reconnaître les sentiments, et en même temps elle était agacée de le voir continuer à nier ceux de Marinette. Dont Nathalie était certaine qu'ils étaient réciproques. Mais elle ne s'en mêlait pas.

« Comment vous faites pour supporter ça, demanda le jeune homme en roulant les yeux, toutes ces bêtises qu'il dit ?

— Je sais que c'est faux, répondît-elle en haussant les épaules.

» Mais votre père a raison concernant Marinette. »

Adrien leva les yeux au ciel. On ne le lâcherait donc jamais avec ça. Il n'était pas amoureux de Marinette, enfin ! Et elle ne l'aimait pas d'amour, c'était impossible.

Nathalie poussa un profond soupir en voyant Adrien lever les yeux au ciel, puis se diriger vers le bureau de Gabriel, avant de renoncer. Elle rappela seulement à l'adolescent qu'il avait un shooting à dix-neuf heures au Trocadéro, et attendît qu'il soit hors de vue pour descendre l'escalier et sortir du manoir.

Elle traversa les rues, se guidant à l'instinct, faisant des détours. Le but final était la boulangerie Dupain-Cheng, mais elle avait envie de se promener, de profiter du soleil, du vent doux de ce mois de mars.

Elle passa devant la boutique d'André et lui prît une glace aux couleurs de Gabriel, qu'il lui tendit en la taquinant sur le fait que toute la ville devait être au courant, au vue de la régularité de ses passages.

« Je ne sais pas si toute la ville est au courant, répondit-elle en haussant les épaules, mais j'aimerais bien que lui accepte de s'en rendre compte. Enfin il le « sait » d'une certaine manière, je lui ai avoué à demi-mots. Mais il ne l'accepte pas, malgré les efforts d'Adrien.

— Vous devriez lui dire. Directement. »

Elle hocha la tête. Oui, elle devrait. Elle finirait bien par le faire, de toute façon, elle n'avait pas le choix. C'était ça ou vivre définitivement dans l'illusion que Gabriel voulait donner au monde et qu'elle n'aimait pas.

Elle salua le glacier et continua sa route, sa glace à la main, perdue dans ses pensées.

Elle était quasiment certaine que ses sentiments étaient réciproques. L'attitude de Gabriel, ses regards, ses gestes, sa douceur parfois ne mentaient pas. Mais il ne l'acceptait pas, il niait toujours ses sentiments, ceux de son amie, il prétendait encore qu'il ne s'était pas remis de la mort d'Émilie.

Nathalie ne savait pas exactement ce que le styliste avait admis auprès de son fils quand, un mois auparavant, ils avaient échangé leurs identités secrètes. Elle savait qu'il ne cherchait plus à ressusciter sa femme, Adrien l'avait hurlé dans le manoir. Mais il était inconcevable qu'il ait reconnu de quelconques sentiments autres qu'amicaux à l'égard de son assistante.

Au fil de ses pensées, elle était arrivée devant la boulangerie Dupain-Cheng. Alors qu'elle hésitait à entrer, Marinette sortit. Elle se dirigeait vers la place des Vosges, quand elle aperçut Nathalie. Elle lui sourît, la salua, et l'invita à venir avec elle.

Alors qu'elles commençaient à marcher, le jeune fille déclara qu'elle avait quelque chose à offrir à Adrien, mais elle n'était pas sûre de réussir à le lui donner au collège...

« Ne t'inquiètes pas, tu peux passer quand tu veux, je t'ouvrirai. Et je n'interviendrai pas.

— Merci Madame !

— De rien. J'espère qu'Adrien finira par admettre... Tu es vraiment une bonne personne, tu mérites d'être heureuse.

— Vous aussi, Madame.

— Non. »

Marinette haussa un sourcil. Ce « non » lui était familier, sans qu'elle comprenne pourquoi. Elle sentît son cœur battre chaotiquement tandis qu'une hypothèse lui murmurait à l'oreille qu'elle parlait à son ennemie.

Elle revit les combats, Mayura qui se battait, Mayura qui se défendait, Mayura qui le protégeait, Mayura qui toussait et se damnait en connaissance de cause. Elle réentendit chacune des phrases de son adversaire, chaque intonation.

Elle se rappela de la scène croisée, le jour du sentimonstre à son effigie, le Papillon qui tenait Chat Noir, elle qui tenait Mayura, la réaction du Papillon, si proche d'une victoire quand, à court d'idées, elle avait juste jeté Mayura au loin. Et, un peu avant, le vol plané de Chat Noir parce qu'il menaçait Mayura.

« Mayura ? »

Nathalie écarquilla les yeux, un éclair de peur jaillissant dans son regard clair. Elle hocha seulement la tête au murmure de Marinette, qui chuchota son identité.

Elles s'assirent sur un banc, sentant soudain comme un fossé entre elles. Depuis que Gabriel et Adrien se battaient pour se faire reconnaître les sentiments, Nathalie avait décidé de se rapprocher de Marinette.

Mais là, tout était cassé. Elles étaient ennemies.

La jeune fille ne voulait pas laisser ce silence, laisser l'étrange amitié se fissurer.

« Il vous aime. J'en suis certaine.

— Il ne l'admettra jamais.

— Mais si. Nous y arriverons. »

Nathalie sourît, prenant un peu de glace, secouant la tête. Elle aimait Gabriel, mais elle savait à quel point il était entêté. Elle ne rêvait pas, c'était impossible.

Le silence s'écoula, longuement. Mais il guérissait, en silence elles empêchaient la fissure de creuser leur relation de cœurs brisés désespérés par un père et un fils un peu trop semblables.

Soudain, le téléphone de Nathalie vibra. En le sortant de sa poche, elle poussa un soupir, mi-amusée, mi-excédée. Elle montra les messages à Marinette, qui se mordit la lèvre pour ne pas crier de joie.

Il y en avait un de Gabriel, qui disait simplement « J'ai gagné, je suis trop fort😎😎😎 » et surtout un d'Adrien, qui commentait simplement « C'est bon, Père a gagné. Je reconnais que je suis amoureux de Marinette et qu'il est très probable que ce soit réciproque ».

« Je n'imaginais pas vraiment Gabriel Agreste utiliser des smileys, avoua Marinette en se mordant la lèvre, se forçant à ne pas laisser exploser sa joie.

— Oh, il en met parfois. Là, ça fait un mois qu'Adrien et lui essayent de se faire ouvrir les yeux l'un à l'autre, il doit être vraiment content de lui.

— Un mois ?!

— Oui. Et crois-moi, ils agissent vraiment comme des enfants. Au moins, maintenant, c'est terminé...

— On ne vous abandonnera pas, promis !

— Merci, Marinette. »

************

Le lendemain après-midi.

La jeune styliste travaillait sur un nouveau modèle d'écharpe, décoré de duo de couleurs faisant écho aux héros parisiens. Il y en avait une rouge et noire, une orange et verte, une rose et violette, et, en projet, une bleu-vert et rouge et or. Soudain, la trappe de sa chambre s'ouvrit, laissant entrer quelqu'un. Plongée dans sa création, elle ne leva pas le nez.

Jusqu'à ce que la personne prenne la parole, la faisant aussitôt rougir.

« Euh... Bonjour Marinette. Je suis désolé de te déranger, je ne voulais pas...

— Ton n'inquièpes tas, euh, non, t'inquiètes pas, tu ne me déranges pas. Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je... Je voulais te dire quelque chose, murmura Adrien en plongeant son regard dans les magnifiques yeux bleus de Marinette.

» Je t'aime, Marinette, d'amour... Même si j'ai longtemps pensé n'éprouver que de l'amitié pour toi... J'ai réalisé que... »

Marinette retînt un cri de joie, se leva d'un bond de sa chaise, rougissant, mais les yeux pétillants de bonheur. Elle s'approcha d'Adrien, et le serra dans ses bras, fort, comme pour s'assurer qu'il était bien là. Et, blottie contre lui, elle murmura :

« Moi aussi je t'aime, Adrien, depuis le premier jour. »

Adrien raffermît son étreinte sur le corps de sa camarade, heureux de la sentir près de lui, d'entendre leurs cœurs s'accorder.

Au bout d'un temps, il s'éloigna d'un pas, caressa le visage de Marinette et, le regard plongé dans le sien, il se baissa vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres, baiser d'harmonie infinie.

Quand ils se séparèrent, ils se sentaient enfin complets et unis.

Et, d'un regard, ils se promettaient d'offrir ce bonheur à ceux qui le leur réalisaient, et ils échangèrent aussi, toujours en se regardant simplement, leur plus grand secret.

************

Quelques jours plus tard, début de la nuit.

Gabriel regardait Nathalie dormir, une tendresse ineffable dans le regard. Elle était si belle, si gentille, si attentive. Il l'aimait tant. Alors pourquoi avait-ce été si dur d'avouer à Adrien la vérité ? Pourquoi avait-il eu besoin d'un mois d'argumentation et d'une semaine à regarder son fils être heureux avec Marinette pour seulement accepter cet état de fait ?

Quand il avait enfin admis auprès du jeune homme que ce dernier avait raison, Adrien avait vu la brisure dans ses yeux, la peur qui obscurcissait son regard gris. Il avait pris les mains de son père, lui avait souri, l'avait encouragé, lui avait dit « Vous devez lui dire, Père, n'ayez pas peur. »

Gabriel avait souri, l'avait remercié, et s'était engagé à le faire.

Maintenant, il regardait son amour dormir paisiblement, un sourire aux lèvres. Ses magnifiques cheveux noirs encadraient son beau visage, elle semblait un tableau de maître.

Le styliste s'approcha, s'agenouilla à côté du lit. Il sortit l'anneau d'or auquel il avait autrefois pensé pour Émilie de sa poche. La scène lui tournait en tête depuis des semaines, depuis son premier aveu. Il rangea la bague, et, dans un murmure, réveilla Nathalie, murmurant seulement « Je suis là. »

La jeune femme ouvrît les yeux, papillonnant des paupières pour chasser le sommeil, et sourît en voyant Gabriel. Elle lui serra la main, se redressa dans son lit, une question dans ses beaux yeux couleur ciel.

« Que fais-tu là, Gabriel ? Il est tard...

— Je t'ai réveillée ?

— Pas vraiment, je ne dormais qu'à moitié.

— Je... Je crois que j'ai besoin de dire les choses. Je t'aime, Nathalie, je t'aime mais je suis un idiot et je n'ai pas su le voir et l'accepter avant aujourd'hui...

— Ce n'est pas grave, Gabriel. Moi aussi je t'aime. »

Il la prît dans ses bras, tendrement, lui transmettant d'un geste tout son amour. Il déposa un baiser sur son front, presque timidement. Elle sourît, lui saisît le visage entre les mains et unît leurs lèvres, goûtant enfin ces lèvres dont elle avait tant rêvé. Ce baiser qui signait leur bonheur était déjà un morceau de paradis, mais rien ne pouvait égaler ce qui se passa ensuite.

Gabriel, se redressant à demi, les yeux fixés dans ceux de Nathalie, sortit la bague de sa poche et, la glissant sur l'annulaire de son amour, il murmura :

« Nathalie, je t'aime. Accepterais-tu d'être ma fiancée ?

— Oh, Gabriel... Bien sûr, bien sûr que j'accepte, je t'aime tant, répondit-elle, des larmes de bonheur illuminant ses yeux comme un arc-en-ciel. »

************

2319 Mots.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh !!! *fangirl* *fangirl*

La fin. J'avais pas prévu que ça parte comme ça, l'inspi a dit qu'il avait une bague et... 😍😍😍😍😍

Bon, le début, les parties entre Gabriel et Adrien, c'est du n'importe nawak, mais alors... Nawak de chez nawak. Ca m'a tuée de l'imaginer !

La partie entre Nathalie et Marinette est un peu bizarre aussi, mais je la trouve choupi, alors ça compense.

Bon, et la fin... J'ai déjà dit que je fangirl, donc je ne vais pas continuer à en parler, mais elle est géniale je trouve.

Et vous ? Qu'en pensez-vous ? C'était bien ? Dites-moi tout !

Bises,

Jeanne.

(07/12/2021)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top