Si j'osais (OS Musical)
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Nathalie pianotait sur le volant. Cela faisait près de dix minutes qu'ils étaient bloqués dans les embouteillages. Elle sentait l'agacement de Gabriel à l'arrière.
Elle avait assez d'attendre. Elle s'était perdue dans ses pensées, et sursauta quand elle se rendît compte qu'elle avait par mégarde allumé l'autoradio.
Les quelques notes qui en sortaient avaient fait naître un sourire sur ses lèvres.
Mais elle coupa aussitôt la musique, confuse, s'excusant auprès de son patron.
« Vous pouvez remettre. Cette musique avait l'air de vous rendre heureuse.
— Merci...Ça ne vous dérange pas ?
— Du tout. »
Rougissante, elle ralluma le poste de radio. Les voix des chanteuses s'élevèrent dans l'habitacle.
Ah si j'avais l'audace des plus grands combattants. J'aurais conquis ton âme, oh mon amant, j'aurais, j'aurais fait tout cela et bien plus encore.
Nathalie se mordait la lèvre inférieure. Une faute suffisait, elle n'allait pas se mettre à chanter cette chanson qu'elle connaissait par cœur en plus.
Mais les mots résonnaient si fort dans sa tête. Jetant un œil dans le rétroviseur, elle croisa le regard de Gabriel. Il lui sourît, comme s'il devinait ses pensées. Elle avait son accord.
Alors elle chanta, elle aussi. Timidement, d'abord, puis plus fort.
Je l'aurais façonné dans un mur de faïence. Ça paraît si facile posé sur ce papier, ça paraît si fragile.
Un sourire triste anima les lèvres de Nathalie. Ça semblait si facile, quand c'était les mots des autres. Quand c'était d'autres voix qui épelaient le texte.
Elle inspira profondément. Sa voix suivait la chanson, trahissant par son assurance et sa force ce que sa propriétaire pensait.
Qu'elle pensait les mots qu'elle prononçait.
Mais elle savait que si son espoir se brisait, ce serait elle qui partirait.
A attendre quoi? Les regrets les remords non ce n'est pas pour moi. On finira tous morts, alors, alors...
Nathalie sentît son cœur se serrer en prononçant la phrase. Cette chanson décrivait tellement parfaitement sa situation, la mort qui l'attendait au bout du chemin...
Je t'aurai dit je t'aime jusqu'aux aurores.
C'était son rêve. Pouvoir réaliser cette phrase. Mais où trouver la force ?
Sur le refrain qui revenait, elle sentît son cœur près d'éclater. Briser toutes ses retenues, libérer tous les mots, avouer enfin.
Comment avancer, avec des mots qui en ce moment lui paraissaient à la fois vides et trop pleins de sens ?
Où trouver la force ?
Si seulement j'osais te dire, si seulement j'osais tenir les discours qui me hantent, qui m'entaillent, qui menacent...
C'était bien cela. Les discours qu'elle retenait la blessaient à l'intérieur, plus violemment que tous les senti-monstres.
Et si j'osais ?
Et si j'osais ?
Alors que les deux chanteuses posaient la question du dernier couplet, prêtes à reprendre le refrain, Nathalie la sentît résonner brutalement en elle.
Si j'osais, que se passerait-il ? Que ferait-il ?
Elle termina la chanson, sourire aux lèvres car sa décision était prise. Elle allait le faire.
Les mots étaient les siens à présent. Et elle savait que le refrain ne serait plus un conditionnel pour elle.
Il serait réel. Il deviendrait un futur. Elle oserait, les deux filles lui en avaient donné la force.
Et alors que les dernières notes résonnaient doucement, elle éteignît le poste.
Gabriel souriait. Il était heureux de voir Nathalie abandonner sa façade de marbre. Elle ne le faisait pas souvent, et il trouvait cela dommage.
En plus, elle avait une voix magnifique quand elle chantait. Il le lui dît, et elle rougît légèrement en réponse.
« C'est surtout que je connais très bien cette chanson, et elle n'est pas si difficile...
— Pourquoi refusez-vous systématiquement les compliments, Nathalie ?
Et je ne savais pas que vous écoutiez de la musique...
— Ça m'arrive. Quand j'ai découvert cette chanson, je l'ai beaucoup réécoutée. Je l'aime beaucoup...
— Pourquoi ? Je ne vais pas vous manger, vous savez, pas la peine de prendre cet air paniqué.
— Elle est jolie.
— Ça ne vous suffirait pas comme raison.
— Elle me parle. En fait...J'ai parfois l'impression qu'elle a été écrite pour moi.
C'est compliqué à exprimer...
— Vous pouvez passer des obstacles plus grands, non ?
— Peut-être, mais pas celui-là.
— En quoi cette chanson vous parle-t-elle ?
Vous pouvez avoir confiance en moi, vous savez ?
— Bien sûr que je le sais, murmura-t-elle, je vous suivrais jusqu'en Enfer, et même pire...J'ai peut-être même trop confiance...
— Me suivre en Enfer, vous l'avez déjà fait en prenant le Miraculous. Mais pourquoi ?
— Arrêtez, vous vous jouez de moi ! Vous avez parfaitement compris ! Ça se voit. Je ne peux pas...
— J'ai compris en effet, votre réaction est on ne peut plus claire. Mais est-ce grave ?
— Ces trois mots-là sont imprononçables. Je ne les dirais pas.
— Si. »
Il se tût ensuite. Il avait craint pendant longtemps que ce ne fût cela, la raison de son sacrifice.
Il se rappelait le même sacrifice, fait par Émilie, pour l'aider.
Il ne voulait pas perdre Nathalie. Il doutait de pouvoir conserver le peu de raison qui lui restait si elle n'était pas là.
Il avait besoin de l'entendre le lui dire. Il avait besoin d'entendre qu'elle l'aimait.
Mais il ne pouvait pas lui forcer la main. Il devait se débrouiller pour la persuader de le faire.
Une brûlure au niveau de la poitrine le fît grimacer. Nathalie lui en voulait terriblement, elle était triste, perdue, en colère, et contre elle-même aussi, il percevait même le désespoir.
Pour qu'il arrive à analyser toutes ces émotions sans même être transformé, il fallait qu'elles soient réellement puissantes.
Mais la brûlure du Miraculous était de plus en plus difficile à supporter.
Il ne réfléchît pas plus d'une demi-seconde. Il renonça à son Miraculous, à mi-voix, et arracha la broche encore chaude de l'émotion négative de Nathalie.
En le faisant, il atteignait plusieurs de ses objectifs.
D'abord, celui de se tester. S'il avait encore voulu réellement ramener Émilie, il n'aurait pas pu renoncer si facilement.
Il savait désormais que son cœur avait changé.
Deuxièmement, il avait trouvé un moyen de pousser Nathalie à faire sa déclaration.
Il déposa la broche déployée sur le vide-poches. Elle avait aperçu son geste, et fronça les sourcils. C'était inattendu.
Nathalie soupira. Elle voyait bien le piège qui lui était tendu. Mais elle ne voyait pas comment y échapper.
« Pourquoi faites-vous cela, Monsieur ?
— Je n'en ressens plus le besoin. Au départ, je voulais juste la retirer pour ne plus ressentir vos émotions négatives comme un fer rouge sur ma peau.
Mais votre attitude m'a suffisamment troublé pour que je ressente le besoin de me tester en essayant d'y renoncer.
— Vous n'auriez pas dû.
— Peut-être. Mais c'est grâce à vous si je l'ai pu.
— Qu'essayez-vous de faire ?
— Je ne sais plus très bien. Au début, je pensais que vous la donner vous obligerait à prononcer les mots.
» Mais ça n'a pas marché, et j'ai juste envie de vous donner vraiment mon Miraculous.
— Ça n'a pas de sens.
— Si.
— Vous ne pouvez pas répondre à mes sentiments.
— Je le croyais aussi jusqu'à tout à l'heure. Je croyais que je ne pourrais plus jamais aimer.
— Mais vous m'aimez...
— Oui. Oui, Nathalie, je vous aime.
— Moi aussi je vous aime Monsieur, répondît-elle en se tournant pour croiser son regard.
— Merci...Merci d'avoir accepté de le dire.
— De rien. »
Elle avait de nouveau les yeux fixés sur la route. Le silence qui s'installa alors que la file de voitures redémarrait n'était pas un silence habituel.
C'était l'un de ses rares silences qui parlent et transmettent les émotions de ceux qui y participent.
C'était le silence du bonheur.
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1292 Mots. + note de début
Bon, j'ai écrit cet OS super rapidement, donc il est court. (J'avais l'idée depuis un moment, j'ai mis en forme juste ce soir, en une heure et demie à peu près.)
C'était un peu compliqué, la partie où il y avait la musique, parce que je devais sans cesse revenir pour voir où j'en étais pour faire coller ce que j'écrivais. Mais, le défi est relevé !
La musique que j'ai choisie est une musique que j'écoute très souvent, et que j'aime beaucoup (juste parce que je la trouve jolie), donc ce n'était pas trop difficile de trouver un plan, en fait. Mais le plan, faut le remplir.
Vous avez aimé l'OS ? Qu'est-ce que vous pensez du concept ? Si vous voulez, je pourrais en refaire (mais il faudra m'aiguiller sur les ships et les musiques que vous voulez).
Bises tout le monde,
Jeanne.
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