Relations en évolution
Émilie retînt un rire. Adrien apprenait encore à maîtriser la marche, et il voulait déjà courir, ce qui lui donnait une allure empressée et maladroite absolument adorable.
« Il est vraiment adorable, n'est-ce pas ?
— Il a tout d'un ange, répondît son mari en souriant avec tendresse, comme sa mère.
— Flatteur, lança Émilie avec un rire. »
Adrien tomba alors et sa mère se précipita pour le relever. Elle l'aida à se remettre sur ses pieds et lui sourît doucement. Il répondît d'un rire enfantin.
« Tu vas te coucher, petit ange ? Il est déjà tard.
— Oui Ma'an. »
Émilie se tourna vers sa meilleure amie, debout un peu plus loin et qui regardait la scène avec attendrissement.
Nathalie hocha la tête et s'approcha du petit, qu'elle prît dans ses bras avant de sortir de la pièce.
Quand elle se fût éloignée un peu, elle entendît Adrien lui poser, de sa voix enfantine et terrifiée, une question étonnante.
« Na'a'ie, pou'quoi Papa et Maman m'aiment pas ?
— Oh petit cœur, bien sûr que si, ils t'aiment ! Tu les rends très heureux et tu comptes énormément à leurs yeux. Ils ne savent pas très bien le montrer, c'est tout...
— Toi, t'es plus zentille Na'a'ie. T'es touzours d'acco'd pou jouer !
— Tes parents ont beaucoup de travail, petit cœur. Tu comprendras quand tu seras grand, je te le promets. »
Adrien sourît et hocha la tête gravement. Nathalie ne lui mentait jamais, si elle disait quelque chose c'était forcément vrai.
************
Cinq ans plus tard.
Adrien était assis à la table de la cuisine, avec Nathalie. Il venait ici tous les jours, vers seize heures, pour prendre son goûter.
« Papa veut que je dise « vous » quand je te parle, Nathalie. Et Maman aussi. D'ailleurs, ils voudraient que je le fasse quand je lui parle, aussi. Ou à Maman. Mais surtout avec toi. Je comprends pas pourquoi. Ce n'est pas juste !
— Je me suis disputée avec tes parents il y a quelques jours, ça doit être à cause de ça...
— Mais pourquoi vous vous êtes disputés ? C'est comme quand Chloé prend un jouet que je voulais pas lui donner ?
— Pas vraiment. Je leur ai dit qu'ils ne s'occupaient pas assez de toi, et ils ont rétorqué que je te couvais trop.
— Je crois qu'ils ont peur que je t'aime plus qu'eux, et Maman encore plus que Papa. Mais c'est idiot.
— Pourquoi dis-tu cela, Adrien ?
— Ben...On passe beaucoup de temps ensemble tous les deux, et tu m'apprends vraiment beaucoup de choses. Alors que c'est très différent avec eux, c'est un peu comme un roi et une reine dans un château. Mais ça change rien, je les aime beaucoup. Et tu peux pas prendre leur place dans mon cœur !
— Ah ? Pourquoi donc ?
— T'es pas ma maman. T'es plus comme une grande sœur et une amie. Je t'aime très très fort aussi, mais différemment. Tu vois ?
— Oui, je comprends ce que tu veux dire. C'est comme nos marchés, tu ne ferais pas les mêmes avec tes parents, d'après ce que tu m'as dit.
— Ben oui. Ils ont le droit d'avoir des secrets juste entre eux. Mais toi, tu m'as promis que tu ne me cacherais rien ! Et en échange, je dois tout te dire.
— D'accord, Mini-Prince. »
Adrien sourît à son surnom. Nathalie le lui avait donné quand il avait trois ans, faisant remarquer que ses cheveux dorés lui faisaient comme une couronne. C'était un signe de leur complicité.
Mais il y avait un autre sujet qui le préoccupait, à part la distance que son père voulait instaurer entre lui et Nathalie.
« Mini-Prince ? Il y a quelque chose qui te tracasse ?
— Oui, Nathalie. Je me demandais pourquoi Chloé est si insupportable. Elle n'obéit jamais, et quand je lui demande quelque chose qui ne lui plaît pas, elle fait comme si elle n'avait rien entendu.
— Elle est habituée à ce que tout le monde lui obéisse et fasse ce qu'elle veut. Son père n'a pas su l'habituer à l'autorité. Ce qui peut se comprendre...
— Pourquoi tu dis ça ?
— Tu sais que la mère de Chloé habite à New-York, et qu'elle vient très peu à Paris, n'est-ce pas ?
— Oui, Chloé m'en a parlé. Ça doit être difficile pour elle...
— Sans aucun doute. Le truc, c'est qu'André, le père de Chloé, le supporte assez mal. En fait, il aime beaucoup Audrey, même s'il ne sait pas du tout l'exprimer correctement. Comme Chloé ressemble beaucoup à sa mère, André a un peu l'impression de faire face à Audrey, parfois.
— Mais Chloé est une enfant !
— Oui, mais en la voyant, son père pense systématiquement à Audrey. Chloé est une sorte d'Audrey miniature pour lui, tu vois ?
— Je crois...En fait, il aime tellement Audrey que quand il voit Chloé il ne voit que ses ressemblances avec Audrey. Et du coup, il a l'impression que s'il fait plaisir à Chloé, il fait plaisir à Audrey.
— Voilà, tu as compris. »
Le petit garçon ne pût s'empêcher de trouver cela dommage. En plus de ne pas aider Chloé parce qu'elle ne savait pas ce qui pouvait être dangereux, ça la rendait difficile à supporter.
Il regarda son amie et lui demanda s'il pouvait essayer d'aider Chloé à devenir gentille. Nathalie répondît que ce serait sans doute difficile, mais que c'était une très belle idée et qu'elle l'aiderait avec plaisir.
*************
Quatre ans plus tard.
Adrien regardait son père assis à l'autre bout de la table. C'était l'heure du déjeuner, mais l'enfant ne mangeait pas. Depuis qu'il avait neuf ans, il prenait parfois des repas avec ses parents, et il s'était vite habitué à la discipline de fer imposée par ces cérémonials.
Tant que Gabriel n'avait pas commencé à manger, les couverts d'Adrien devaient rester en place à côté de son assiette.
Tant que Gabriel ne lui adressait pas la parole, Adrien devait demeurer silencieux.
Tant que Gabriel n'était pas levé, Adrien devait être immobile à sa place.
C'était pesant, mais le jeune garçon avait l'habitude maintenant, et il préférait ces règles aux réprimandes auxquelles il s'exposait en ne les respectant pas.
« Adrien ?
— Oui, Père ?
— Je ne te le répéterai plus. Je veux que tu vouvoies Nathalie. C'est compris ?
— Bien, Père, je le ferai. Puis-je demander pourquoi ?
— Le lien que tu as tissé avec elle doit rester dans l'enfance. Le conserver tel quel t'infantilise.
— Si vous le dites, Père. »
Adrien retînt les larmes qu'il sentait monter. Son père lui en aurait voulu, et l'aurait réprimandé. Mais Nathalie était la seule personne dont il était proche...s'éloigner d'elle encore...
Je n'ai vraiment pas le droit d'avoir des amis. Puisque Nathalie est la seule personne qui pourrait l'être. Chloé est hors-jeu, impossible de la supporter.
À la fin du repas, quand il pût enfin repartir, le blond se dirigea vers sa chambre, luttant toujours contre l'émotion.
Quand Nathalie arriva quelques minutes plus tard pour lui donner sa leçon d'Anglais, elle le trouva étendu sur son lit, en pleurs, ne tentant même pas de se cacher ou de retenir son émotion.
Elle vînt s'asseoir à son côté, et passa une main dans ses cheveux avec tendresse.
« Mini-Prince, que se passe-t-il ? Le déjeuner s'est mal passé ?
— Il me l'a encore demandé. Il veut vraiment nous séparer.
— Ça va aller, Adrien. Nous nous y habituerons.
— J'aimerais en être aussi sûr que t...que vous. Mais vous êtes la seule personne dont je sois proche, ça va vraiment être dur.
— Nous apprendrons. Ça ira, je vous le promets.
— Vous avez toujours dit la vérité. Je vous crois. »
Elle lui sourît, et sécha ses larmes. Puis ils commencèrent la leçon, tout en sachant que plus rien ne serait jamais pareil.
************
Quatre ans plus tard.
Adrien était assis dans sa chambre, face à son bureau. Il repensait aux jours d'avant, quand sa mère était encore là. Et surtout, il repensait à sa relation avec Nathalie.
Il se rappelait leurs rires, leurs complots d'enfants, leurs jeux, leurs défis. Il se souvenait comme elle avait toujours tout fait pour être proche de lui. Et il se remémorait la promesse qu'ils s'étaient faite quand il avait cinq ans. Celle de n'avoir jamais aucun secret l'un pour l'autre et de toujours se dire la vérité.
Il se souvînt de la peine immense quand son père l'avait obligé à vouvoyer Nathalie, par une simple phrase lors d'un repas. Et de la douleur à chaque fois qu'il se rendait compte que son père avait atteint son objectif. Gabriel avait bel et bien réussi à les séparer, par cette simple exigence de langage.
« Plagg ? Est-ce que tu crois que je pourrais lui dire ?
— Excuse-moi, mais je ne suis pas télépathe. Dire quoi à qui ?
— Dire que je suis Chat Noir à Nathalie. J'en ai assez de ce gouffre qui s'est ouvert entre nous quand j'avais onze ans. Je t'ai expliqué notre relation d'avant. Et j'avoue que je la regrette vraiment.
— Ladybug te tuerait, mais moi je comprend très bien la démarche. Mais il faut qu'elle soit d'accord et qu'elle te dise ses secrets aussi.
— Oui, peut-être... »
Adrien se replongea dans ses réflexions et ses souvenirs. Au fond, il savait très bien ce qu'il allait faire. Il voulait retrouver cette sécurité à tout prix, tant pis pour les conséquences.
Quand Nathalie arriva quelques minutes plus tard pour l'informer que son cours de Chinois avait été annulé, il sauta sur l'occasion.
« Nathalie ? Vous vous rappelez que je vous avais promis de toujours vous dire la vérité quand j'étais petit ?
— Vous avez grandi, maintenant, vous n'êtes plus obligé de le faire.
— Notre relation d'avant me manque. Je crois que j'aimerais la recréer en fait. Même si je sais que c'est impossible.
— Ça va être compliqué. Très compliqué. Parce que si je recommence à ne plus mentir, à dire toute la vérité, vous allez me détester. Nous détester en fait...
— Vous savez, j'aurais beaucoup de mal à vous détester, quoi que vous ayez fait. Vous êtes encore la personne qui a veillé sur moi toute ma vie.
— Non, Adrien. Je ne suis plus du tout celle-là. J'ai vraiment fait des choses que... »
Le jeune homme secoua la tête. Même si elle lui apprenait qu'elle était Mayura, il ne la détesterait pas. Il savait pourquoi elle aurait fait ça. Il lui en voudrait sans doute, mais il ne la détesterait pas.
Comme si elle avait lu dans ses pensées, Nathalie hocha la tête et décida de parler. Elle savait qu'Adrien serait détruit, mais elle savait aussi qu'il les détesterait plus encore si elle se taisait et qu'il le découvrait plus tard.
« Allez, s'il te plaît Nathalie...
— Tu nous en voudras vraiment, Mini-Prince. Tu me promets de me croire ?
— C'est promis, Nathalie.
— Je...J'ai été Mayura. Et ton père est le Papillon...J'espère que tu sauras nous pardonner...
— Je pensais que, si c'était ça le secret, je t'en voudrais, je vous en voudrais. Mais ce n'est pas le cas. Et c'est vraiment étonnant...
— Pourquoi ?
— Je n'aurais pas dû m'engager dans cette voie, marmotta Adrien, vraiment pas...
» Je suis Chat Noir.
— Pardon ?! Non, non...S'il te plaît, Mini-Prince...
— Désolé. Vraiment. »
Il repensa à son comportement le jour du senti-monstre Ladybug. Comment il avait voulu faire du mal à Mayura après qu'elle l'ait détruit, sa colère envers elle pour avoir réussi à l'abuser, pour avoir créé une créature si parfaite et l'avoir détruite.
« J'ai vraiment mal agi ce jour-là, murmura-t-il, j'ai mal fait sur toute la ligne, je suis tombé dans le piège, j'ai gêné Ladybug dans le combat, j'ai laissé mes sentiments me dominer et j'ai tellement voulu te faire du mal...
— Je savais ce que je risquais en créant un senti-monstre pareil. C'était dangereux en soi...Si Chat Noir n'avait pas désiré le voir rester intact, j'en serais probablement morte. Ne t'en veux pas, Mini-Prince.
— Comment un senti-monstre aurait-il pu te tuer ? Ladybug ne l'aurait jamais lancé contre toi, et...
— Sa conception. Son existence même me mettait en danger. Le Miraculous était abîmé, l'utiliser me blessait...
— Et Père le porte ?!
— Il l'a réparé. Il ne risque rien. Quand nous avons attaqué le Gardien, j'ai pu récupérer sa tablette, avec la version déchiffrée du grimoire.
— Nathalie, pourquoi t'es-tu mise en danger ainsi ? Tu savais que le Miraculous était dangereux, non ?
— Je ne pouvais pas ne pas le faire. Tu sais, ce qu'il voulait faire...Je ne pouvais pas l'en empêcher, et je me devais de le protéger...
— Tu veux toujours protéger les rêves des autres, n'est-ce pas ? Mais tes rêves à toi, qui va les protéger ?
— Je ne sais pas, Adrien. Je ne pense pas que mes rêves aient une importance. Arrête de t'inquiéter pour moi, d'accord ?
— Non. Nathalie, tu ne demandais pas à l'enfant que j'étais de ne pas s'inquiéter. Pourquoi est-ce que tu as cette exigence maintenant ? Je suis grand, je peux gérer l'inquiétude.
— Je préfère m'occuper de mes problèmes seule. »
Adrien soupira. Encore cette réponse. Nathalie avait toujours refusé son aide quand elle se trouvait dans une situation compliquée, avec cette même phrase.
Le blond avait accepté cela quand il était petit, parce qu'il était un enfant et se doutait qu'il ne pouvait sans doute pas régler des problèmes d'adultes.
Mais maintenant, il était Chat Noir, il gérait des situations compliquées depuis plus d'un an, il savait que c'était plus facile de trouver les solutions à plusieurs.
Et quel que soit le problème auquel Nathalie faisait face, il voulait l'aider. Il voulait la voir être vraiment heureuse.
« Quel est ton rêve ?
— Il est parfaitement irréalisable, ça ne sert à rien de m'étendre dessus.
— Dis-moi. Je pourrais peut-être trouver une solution.
— Ça m'étonnerait !
— Allez... »
Adrien regarda Nathalie avec un regard suppliant, faisant les yeux de chat. Il savait qu'il se donnait en spectacle, mais pour aujourd'hui il voulait pouvoir redevenir un enfant, même en sachant qu'il ne considérait plus du tout Nathalie comme une sœur.
Il avait juste envie qu'elle lui dise. Parce qu'il connaissait son secret, mais il n'en avait pas le droit. Et il désirait très fort l'aider.
Nathalie secoua la tête. Adrien ne comprendrait pas, c'était impossible. Pas avec ce qu'elle lui avait révélé, pas alors qu'elle-même ne comprenait pas comment elle pouvait éprouver de telles choses.
Et puis, de toutes façons...Adrien ne pourrait pas l'aider, il ne pouvait pas changer les sentiments de son père. Et après tout, elle savait à quel point ils étaient définitifs. Elle n'espérait rien.
« Nathalie, j'aimerais pouvoir vous aider. Mais puisque vous n'avez manifestement pas assez confiance en moi pour vous confier, je ne vois même pas pourquoi j'essaie.
» Merci de m'avoir prévenu pour le cours de Chinois. »
Nathalie haussa un sourcil. Adrien était devenu soudain extrêmement froid et distant. Comme s'il ne s'était rien passé.
Et elle se sentît presque angoissée de ce ton, de cette distance.
Elle savait parfaitement pourquoi il faisait ça. C'était le meilleur moyen de la faire parler, de l'obliger à se confier. Lui faire croire qu'il se retirait, alors qu'il était évident pour tous les deux qu'elle voulait réussir à être de nouveau une amie pour le jeune homme.
Nathalie soupira. Autant parler, autant essayer de conserver des miettes de confiance.
« Vous savez que notre relation ne sera plus jamais la même quand je vous l'aurais dit ?
— Il n'y a pas de doute. Mais je suis curieux de voir ce que ça donnera.
» Notre relation actuelle n'est qu'une semi-relation, quasiment professionnelle en fait.
» Et j'ai définitivement dit adieu à notre relation précédente quand j'ai commencé à te vouvoyer.
» J'aimerais bien voir ce que nous pourrions construire cette fois-ci.
— Présenté ainsi, ça donnerait presque envie. Mais ce que je vais vous dire, Adrien, j'ai beaucoup de mal à me le dire à moi-même et à le reconnaître. C'est compliqué, vous comprenez ?
— Pourquoi donc ? Qu'est-ce qui est si dur ?
— Je...Je suis tombée amoureuse de votre père. Et ça, vous ne pouvez strictement rien faire pour m'aider.
— Oh, je crois que si. Ça pourra être compliqué, mais il me suffira de lui ouvrir les yeux sur ses propres sentiments...
— Vous voulez dire que...?
— Oui, je suis persuadé qu'il vous aime.
— Et d'où vous vient une telle certitude ?
— Quand j'allais attaquer Mayura à cause de la disparition du senti-monstre, il est intervenu, vous vous rappelez ?
— Oui. Enfin, intervenu...Il vous a propulsé à l'autre bout de l'arc de triomphe.
— Très violemment. Je me rappelle m'être dit très clairement que le Papillon devait vraiment tenir beaucoup à Mayura pour avoir une réaction pareille. Et ça ne s'est jamais démenti. À chaque fois que Mayura avait une difficulté, il réagissait pareil. Au point que je me demandais si Mayura s'en rendait compte.
— Vraiment ?
— Oui. Bien sûr, je ne l'aurais jamais pensé si j'avais su qui vous étiez. Mais...je l'ai pensé.
— Alors ce n'est peut-être pas perdu, murmura-t-elle avec incrédulité. »
Adrien hocha la tête. Il allait s'en charger.
************
Quelques minutes plus tard, Adrien toquait à la porte du bureau de son père, qui répondît automatiquement d'entrer.
Gabriel fût un peu surpris de voir son fils, s'étant attendu à voir Nathalie, qui avait parfois l'étrange idée de toquer.
« Adrien ? Que fais-tu là ? Ne devrais-tu pas avoir cours de Chinois ?
— Le cours à été annulé, Nathalie est venue me prévenir. Je voulais en profiter pour...discuter avec vous. Enfin, si ça ne vous dérange pas, bien sûr...
— Comment va-t-elle ?
— Elle va bien, ne vous inquiétez pas, répondît Adrien, même si je crois que j'ai brisé le peu de relation que j'avais encore avec elle.
— Adrien, si elle en souffre, je te promets que...
— Pas la peine de me menacer, je ne prendrai pas le risque de vous mettre en colère. Je ne prendrai pas le risque de vous faire du mal.
— Pourquoi donc ? Tu sais, j'ai conscience que je prends sans arrêt ce risque et que je devrais t'écouter plus souvent...Et je comprendrais parfaitement que tu m'en veuilles, que me blesser pourrait te faire plaisir.
» En fait, c'est le contraire qui m'étonne.
— Vous êtes mon père, répondît Adrien en haussant les épaules, je tiens à vous malgré tout.
» Même si vous étiez le Papillon, je crois que...Je crois que je serais vaguement en colère, mais je comprendrais...Je comprendrais pourquoi. »
Un silence s'installa. Gabriel alla s'asseoir sur un sofa, et invita son fils à le rejoindre d'un geste.
Il hésita un instant, puis prît sa décision. Si Adrien disait la vérité, cacher la vérité et attendre qu'il la découvre était idiot. Parce que sa réaction serait forcément catastrophique s'il avait à faire cette découverte lui-même.
Gabriel observa son fils avec attention. Ce dernier avait l'air de s'être perdu dans ses pensées, bien loin du moment présent. Le styliste soupira. Dire ce qu'il avait à dire abîmerait définitivement leur relation, il le savait. Mais tant pis. Ils pourraient repartir sur des bases saines ensuite.
« Tu es sûr de cela ?
— Oui. Mais pourquoi...?
— Parce que ton « si » n'a pas lieu d'être. Je... Je suis le Papillon. J'ai fait tant de mal, tant d'erreurs, je...
— Je ne vous en veux pas Père, répondît le jeune homme en posant ses mains à plat sur les poings de son père qui évitait son regard, je ne vous en veux pas. Pas d'être le Papillon, parce qu'après tout, je sais bien que vous en aviez besoin.
» Les seules choses pour lesquelles je vous en veux, ce sont vos comportements certaines fois, et votre attitude aujourd'hui.
— De quoi parles-tu ?
— Votre attitude ? Disons que...J'ai une question à vous poser. Vous n'êtes pas obligé de répondre, bien sûr. Que souhaiteriez-vous ? »
Gabriel laissa le silence revenir. Il était surpris de cette hésitation, de voir que la réponse n'était pas si évidente. Qu'alors qu'il avait toujours cru être déterminé à ressusciter Émilie, aujourd'hui il doutait.
« Je ne sais plus, murmura-t-il ébahi, je ne sais plus et je ne m'en étais même pas rendu compte.
— Que vouliez-vous ?
— Au début ? Ressusciter Émilie. Maintenant, je ne sais pas.
— Y a-t-il un moment où votre vœu a clairement changé ?
— Quand Nathalie était malade. À ce moment-là, la seule chose que je voulais, c'était de la voir guérir. J'avais tellement peur pour elle, je m'en voulais tellement... »
Gabriel s'interrompît. Alors qu'il répondait à la question de son fils, ce qu'il aurait souhaité lui était apparu extrêmement clairement.
Le désir qu'il avait à cet instant, il était extrêmement simple. En fait, ce qu'il voulait, c'était que Nathalie l'aime.
Mais ça, c'était certainement impossible. Il l'avait trop blessée, il avait été si dur avec elle parfois. Et si elle l'avait aimé un jour, ce n'était forcément plus le cas. Comment aurait-ce pu être autrement ?
« Père ? Qu'y a-t-il ?
— Je viens de me rendre compte que je suis amoureux de Nathalie. Et j'ai l'impression que c'est le vœu le plus irréalisable de tous, c'est étrange.
— Je suis certain que vous n'avez pas besoin des Miraculous pour qu'elle vous aime en retour. Vous me faites confiance ?
— Plus ou moins.
— Alors à moi de dire mon secret... Pour que vous me fassiez entièrement confiance.
» Mais je vous interdis de paniquer. Je suis Chat Noir.
— Adrien ?! C'est vrai ?! Je...
— Je vous ai dit de ne pas paniquer, Père. Et ne vous en voulez pas non plus. La seule chose à faire, à mon avis, c'est d'arrêter vos bêtises, maintenant. Vous devez lui dire.
— Pour me faire rejeter ? J'aimerais éviter...
— Oh, je ne pense pas qu'elle vous rejetterait.
— Pourquoi donc ?
— J'ai vu Mayura se battre. Et les combats avec le Papillon sont assez révélateurs. Vous n'avez vraiment pas vu ses regards ? Je suis certain que vous avez vos chances. Faites-moi confiance.
— D'accord...Je vais essayer. »
Adrien sourît à son père, presque certain de ce qui allait se passer ensuite. Il le salua, puis retourna à sa chambre où il annonça à Nathalie que sa mission était accomplie et que c'était à elle de jouer.
************
Deux minutes plus tard, Nathalie toquait à son tour à la porte du bureau.
Quand elle entra, Gabriel détourna le regard et lui dit qu'il avait quelque chose à lui dire. Elle sentît sa gorge se dessécher tandis qu'elle répondait qu'elle aussi.
« Allez-y, lui dît-il avec un sourire.
— Vous êtes sûr, Monsieur ?
— Totalement. Qu'avez-vous à me dire ?
— Je... »
Nathalie détourna le regard, hésitante. Pourtant, elle avait eu l'assurance qu'elle ne risquait rien... Mais c'était si compliqué, si spécial, cela aurait de telles conséquences sur leur relation... Elle avait peur de trop risquer et de tout perdre.
Gabriel s'approcha, et prît les mains de son assistante dans les siennes, doucement.
« Nathalie, je vous en prie, n'ayez pas peur de me parler. Vous savez, je vous aime, et ça ne changera pas, quoi que vous me disiez.
— C'est vrai ?!
— Oui. Mais j'avais dit que je vous laissais parler et je vous ai interrompue. Que vouliez-vous me dire ?
— La même chose. Je vous aime, Gabriel. »
Il lui sourît. Plongeant son regard dans celui de son interlocutrice, il sût qu'elle éprouvait la même chose que lui.
Que leurs deux cœurs s'étaient accélérés, qu'ils brûlaient tous les deux de bonheur, qu'ils éprouvaient la même gratitude.
Il se pencha vers elle, la prît dans ses bras, tandis qu'elle se serrait contre lui.
Leurs regards parlaient pour eux, les yeux dans les yeux ils se dessinaient un nouvel avenir. Un avenir où ils seraient ensemble, où ils seraient heureux. Où ils auraient enfin fait tomber toutes les barrières.
« Et si on commençait ce futur-là maintenant, chuchota-t-il, ça te dirait ?
— Ce serait merveilleux. Merci, Gabriel. De m'accepter, de m'aimer alors que je n'ai jamais cru que je pourrais attirer ton regard.
— Je crois que nous avons quelqu'un à remercier, non ?
— Oui. Adrien a été génial...
— Totalement. »
Ils se sourirent encore, puis se dirigèrent d'un mouvement vers la chambre d'Adrien pour lui annoncer leur nouvelle relation.
Le jeune homme hocha la tête, et affirma qu'il était vraiment heureux pour eux.
Parce qu'après tout, il savait qu'aucun d'eux ne souffrirait plus, qu'ils pourraient être heureux.
En plus, maintenant, Alya et Nino me doivent un gage. Puisqu'on avait parié que ça n'arriverait jamais !
************
4199 Mots. (je m'étais pas rendue compte qu'il était aussi long...)
Bon, là, ça a un tout petit peu dégénéré par rapport à ce que je voulais faire au départ. Un tout petit peu.
(Ca le fait toujours quand j'écris sur longtemps de toute façon, et là j'ai mis une semaine...)
Au départ, je voulais faire un truc sur les relations entre Emilie, Gabriel et Adrien avant qu'elle meure. Bon, je suis empoisonnée au Papyura, c'est dit..
Adrien petit, il est troooooooooooop mignon !!! C'était tellement choupi à imaginer, le voir parler en bébé...Moooh 😍😍😍😍😍😍😍😍😍
Et sa relation avec Nath' quand il était petit, c'était trop intéressant.
Et chercher l'origine du comportement de Chloé, ça m'a amusée aussi.
Bref, le bla-bla c'est bien, mais...Qu'est-ce que vous pensez de ce texte ?
Bises,
Jeanne.
PS : qui veut le gage d'Alya et Nino ?
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