Quel est ton plus grand secret ?

 « Mais qu'est-ce que je vais faire, Tikki, qu'est-ce que je vais faire, gémît Marinette en faisant les cent pas dans sa chambre.

— Tu vas t'en sortir, Marinette ! Tu es Ladybug, tu trouves toujours une solution.

— Justement. Je suis Ladybug. Jouer à action ou vérité avec Alya et Nino c'est la pire des idées !

— Tu vas trouver une solution. Tu en es capable.

— Merci, Tikki, soupira la jeune fille en s'installant à son bureau. »

Elle avait eu la pire idée de sa vie. Accepter l'invitation d'Alya à venir passer la soirée chez elle.

Et de participer à la giga partie d'action ou vérité que l'apprentie journaliste avait prévue.

Quand Marinette avait demandé ce que son amie voulait dire par « giga partie », Alya avait répondu qu'il y aurait absolument tout le monde à cette soirée.

Tout le monde, tout le monde.

Nino et Adrien, bien sûr. Puis Rose, Juleka, Luka, Kagami, Mylène, Ivan, Max, Sabrina, Nathaniel, Marc, Kim, Alix, Lila, et même Chloé.

Mais qu'est-ce qui lui a pris d'inviter les deux pestes ?!

Marinette soupira. La soirée s'annonçait pimentée.

Et l'héroïne avait de moins en moins envie d'y aller.

Mais pourquoi avait-elle dit oui, en fait ? Qu'est-ce qui lui avait pris ?

Elle soupira. Au début, elle n'était pas partante du tout, surtout compte tenu de la présence de ses deux adversaires principales, Lila et Chloé.

Mais Alya avait passé au moins un quart d'heure à la supplier, à lui avancer tous les arguments possibles, et lui avait même promis de ne pas poser la question du béguin.

Et Marinette avait cédé.

Et maintenant, un quart d'heure plus tard, elle regrettait encore.

Mais l'heure finît par arriver, et Marinette se força à être ponctuelle.

Une boule au ventre, elle toqua à la porte de sa meilleure amie, se demandant si elle ne ferait pas mieux de prendre action à chaque fois.

Puis elle se rappela que Kim et Alix serait dans la pièce. Prendre action était une très mauvaise idée.

Je ne vois vraiment pas comment je pourrais sauver le masque de Ladybug de cette soirée...

Alya lui ouvrît avec un grand sourire, et la fît entrer.

« J'ai réussi à coucher les petites. On devrait avoir la paix.

— Comment t'as fait ?!

— Mmm...J'avoue que je n'aurais pas réussi seule. Heureusement, j'ai pensé à inviter Lila.

— Sérieusement ?! C'est pour ça que tu l'as invitée, s'exclama Marinette en pouffant.

— Une des raisons. Je voulais voir comment elle se sortirait d'un action ou vérité. Tu dis qu'elle ment tout le temps, on va voir... »

La bleutée hocha la tête. Il était vrai que c'était un test assez tentant.

Elle suivît ensuite Alya dans la pièce, et poussa un soupir de soulagement en voyant qu'elle n'était pas la dernière arrivée. Juleka, Luka et Kagami manquait encore à l'appel.

Quand ils furent arrivés, Alya installa tout le monde dans le salon. Elle resta debout et annonça qu'avec Nino ils avaient établi de nouvelles règles parce qu'ils étaient nombreux à participer.

« Si on veut que la partie ne dure pas des années, il faut que les questions et les gages soient déterminés rapidement.

» Donc Nino et moi avons décidé qu'il y aurait une question spéciale décidée au début de chaque tour, et un gage déterminé à l'avance aussi.

» Alix, Kim, vous êtes responsables des gages. Et je compte sur vous pour ne pas vous battre.

» Par ailleurs, Marinette n'a accepté de venir qu'à la condition qu'on ne parle pas des béguins.

» Ceci étant dit, nous pouvons commencer. »

Lila demanda s'il y avait un ordre fixé, ou si chacun interpellerait un camarade au choix.

Nino se chargea de la réponse, expliquant qu'il valait mieux déterminer un ordre, pour être sûr que personne ne serait particulièrement visé par les questions.

Il se chargea lui-même de mettre les choses en place.

On interrogerait d'abord Lila, puis Chloé, Sabrina, Max, Mylène, Ivan, Kim, Alix, Kagami, Luka, Juleka, Rose, Alya, Nino, Marc, Nathaniel, Adrien et finalement Marinette.

Tout le monde acquiesça et la partie démarra enfin.

La première question, destinée particulièrement à Marc et Nathaniel, était de savoir si les assistants avaient un projet particulier, et si oui à quel stade il était.

Quasiment tout le monde répondît par la négative, exceptés les deux garçons, qui expliquèrent avoir presque fini le premier tome de leur bande dessinée, Rose, qui avait commencé les paroles d'une nouvelle chanson pour les Kitty Section et Marinette, qui était en train de créer un nouvel ensemble vestimentaire.

Kim et Alix, eux, se mirent mutuellement au défi de faire cinq fois la montée et la descente des escaliers de l'immeuble en courant, le plus rapidement possible.

Marinette commença à se détendre un peu, et plus la soirée avançait, plus elle était à l'aise.

Lila et Chloé faisaient énormément d'efforts pour ne pas gâcher l'ambiance, la première démontrant une franchise inédite et la seconde ravalant son fiel, l'amertume qui lui montait à la bouche par instants et riant avec les autres.

Mais au bout de dix tours, Alya jeta la pire des questions.

« Pour ce tour-ci, ceux qui prennent vérité devront révéler leur plus grand secret.

— Alix, Kim, je vous en prie, soyez sympa, murmura Adrien, qui avait brutalement pâli.

— Alya, si on garde des secrets, il y a peut-être une raison pour laquelle ce sont des secrets, non, fît Marinette en fixant le sol, les joues rouges.

— Je ne changerai pas d'avis, n'essaie pas Marinette.

— Dommage. »

Cette fois-ci, le masque de Ladybug est à la poubelle. À moins qu'Alix et Kim accèdent à la demande d'Adrien...

Lila semblait aussi gênée que les héros.

Elle hésitait vraiment. Son secret était affreux. Et elle aurait donné beaucoup pour ne pas avoir à le révéler.

Pas devant Adrien. Elle refusait d'imaginer l'effet qu'aurait une telle révélation sur le jeune homme.

Mais...risquer les défis d'Alix et Kim, c'était dangereux. Elle ferma les yeux. Repensa à tous les moments où elle avait regretté son choix.

Où elle s'était dit qu'aider le Papillon ne lui attirerait que des ennuis.

Elle soupira. Sa décision était prise.

« Lila, action ou vérité ?

— Vérité. Marinette, s'il te plaît, crois tout ce que je vais révéler. C'est assez difficile pour que je n'ai pas besoin que tu m'accuses de mensonge.

— Tu n'as pas menti une seule fois de la soirée. Je sais que tu peux être honnête, maintenant. Et à ta tête, je devine que tu vas l'être, et que ce que tu as à dire ne te plaît pas.

— Effectivement.

» Je connais l'identité du Papillon.

— Quoi ? Comment c'est possible, s'étranglèrent-ils presque tous.

— Et tu l'as jamais dit, s'exclama Marinette, choquée.

— Qui est-ce ? S'il te plaît, Lila, demanda Adrien d'une voix blanche.

— Je suis désolée. Vraiment.

— Tu n'es pas obligée de répondre, tu sais, lança Nino. C'est une question obligatoire par tour, donc...

— Non. Il faut que je le dise.

— Est-ce que c'est pas dangereux, intervînt Kagami. Je veux dire...S'il découvre que tu l'as trahi, il pourrait te vouloir du mal...

— Non. Il ne m'en fera pas, je pense. Et il faudrait qu'il arrive à ne pas être embobiné...Marinette a raison quand elle dit que je suis la reine du mensonge.

— Alors tu peux nous le dire.

— Je vais le faire. Mais laissez-moi juste le temps...C'est compliqué à dire. »

Lila ferma les yeux. Elle ne voulait pas blesser. Mais comment préparer quiconque à ce qu'elle allait dire ? C'était purement impossible.

Et elle comprenait parfaitement que la tension était insoutenable.

Fixant le plafond, elle murmura enfin la réponse.

« Gabriel Agreste. »

Un concert d'exclamations incrédules lui répondît. Elle entendît Adrien nier son affirmation, sa voix suppliante, manifestement effrayé.

« C'est impossible. Lila, ce n'est pas vrai. Tu te trompes forcément, ça ne peut pas... Il a été akumatisé, ça ne peut pas être le Papillon, c'est impossible. S'il te plaît. Tu nous fais marcher. C'est pas possible...

— Je suis désolée. C'est la vérité.

— Non, non, non. Je ne peux pas y croire. Je refuse d'y croire. Il ne peut pas, il n'a pas fait ça, c'est impossible... »

Marinette se leva, et s'approcha d'Adrien. Elle posa une main sur l'épaule de son ami, rassurante.

« Je ne peux pas imaginer à quel point ça doit être dur pour toi, Chat. Mais on doit bien reconnaître qu'il est improbable que Lila se trompe...Surtout, il ne faut pas que tu retiennes tes larmes, nous sommes tous là pour te soutenir.

— Merci Marinette. Merci beaucoup. Tu es la meilleure des amies imaginables.

— Non, Chat. Je suis pas une si bonne amie que ça. Je suis juste une amie, et là pour t'écouter, d'accord ?

— C'est énorme. C'est peut-être rien pour toi, mais pour moi c'est énorme. Merci, ma Lady. »

Marinette sourît. Il avait compris qu'elle avait compris, et le lui avait dit.

« Attendez une minute, vous deux...Qu'est-ce que j'ai entendu ?!

— Ce que nous avons dit, Alya. S'il te plaît, ne fait pas une crise...

— Mais c'est pas ce que je crois ? S'il vous plaît...

— Ma Lady ? À toi d'expliquer.

— D'accord Chaton. En fait, je crois que tu as compris, Alya...

— Vous êtes vraiment Ladybug et Chat Noir ?! Mais comment j'ai pu manquer ça ?

— Très bonne question...Surtout que mes excuses étaient vraiment catastrophiques parfois...

— Je crois que j'aurais vraiment mieux fait de me la fermer, marmotta Lila, mais...Comment vous avez compris qui vous étiez ?

— Quand Monsieur Agreste a été akumatisé...Enfin, qu'il s'est akumatisé, personne n'a assisté à ça. Il n'est pas sorti de chez lui. Il n'y avait que Chat Noir et moi. Puisqu'Adrien savait que son père avait été akumatisé, ça voulait dire qu'il était Chat Noir.

— Et toi, Adrien, demanda Nino.

— Marinette a choisi de me révéler son identité. En m'appelant « Chat » elle me disait qu'elle savait qui j'étais. Et donc, qu'elle était présente ce jour-là. La conclusion s'imposait. »

Lila bondît comme un ressort, soudainement. Il n'y avait pas de raison apparente, mais quand elle pointa du doigt vers la fenêtre, les autres comprirent rapidement ce qui l'avait fait réagir.

Un akuma s'approchait dangereusement d'eux.

Marinette voulût se transformer et le capturer, mais Adrien l'en empêcha. Il voulait parler au Papillon.

Alors il prît un journal sur la table, et le tendît vers l'insecte. Qui y plongea aussitôt.

« Bonjour, Père. Merci pour l'akuma, au moins je suis sûr que vous allez répondre.

— Adrien ? Comment...?

— J'éprouvais suffisamment d'émotions négatives pour que votre akuma ne me fuit pas quand j'ai essayé de l'attraper.

— Je ne voulais pas...

— M'akumatiser ? C'est secondaire. Vous avez passé plus d'un an à détruire notre ville. A détruire nos vies. Et à faire semblant. »

Gabriel ne répondît pas. La colère de son fils lui perforait le cœur, même s'il s'y était attendu.

Il se retenait de sonder les pensées d'Adrien. Il ne voulait pas savoir comment il avait appris. Il ne voulait pas violer l'intimité de son fils.

Il transmît juste une dernière pensée à son fils. J'espère que tu sauras me pardonner un jour, même si je ne le mérite pas.

Puis il obligea son akuma à quitter le journal, l'approcha de Marinette et le purifia.

Puis il le dirigea vers la sacoche de la jeune fille.

« Partez !

— Je vais le faire. Je voulais juste vous demander...prenez soin de mon fils, s'il vous plaît. Il en aura besoin.

— Pourquoi me choisir moi ?

— J'ai cherché qui m'en voulait le plus dans la pièce, après Adrien. Votre haine envers moi m'a fait penser que vous seriez la plus à même de faire ce que je demande.

— On dirait que vous regrettez...

— Disons que je prends enfin la mesure de ce que j'ai fait. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point être rejeté par son enfant fait mal. Maintenant, j'ai compris que je n'arriverai jamais à rien. Et puisque je ne peux plus vivre...Je voudrais juste que vous et vos amis arriviez à le sauver, à ce qu'il soit heureux...Un peu...

— C'est une énorme responsabilité que vous nous donnez, Monsieur Agreste. Mais je l'accepte.

» Cependant, Adrien a besoin de savoir que son père va bien pour être heureux. J'en suis convaincue. Il vous en veut actuellement beaucoup, mais il regrettera dès qu'il sera plus calme.

— Comment Chat Noir pourrait-il regretter une colère contre le Papillon ?

— Il a vu que le Papillon a purifié l'akuma pour me parler. Et puis, vous êtes son père. Quoiqu'il en dise, il tient beaucoup à vous.

— Tu en es sûre ?

— Je passe littéralement les quatre cinquièmes de mon temps avec lui. Quand je ne suis pas avec Adrien à l'école, je suis avec Chat Noir en mission. Je pense que je le connais assez bien pour juger, non ?

— Si, Ladybug. Est-ce que... »

Soudain, la connexion télépathique fût rompue, purement et simplement.

Marinette regarda l'akuma s'éloigner, complètement déboussolé. Le pauvre insecte se prît même la vitre.

La jeune fille n'en croyait pas ses yeux. Si le papillon magique avait perdu ses pouvoirs, cela voulait dire que Gabriel Agreste avait renoncé à son Miraculous. Et que les akumas étaient désormais de simples papillons blancs, inoffensifs.

Elle alla ouvrir la fenêtre, et murmura sa phrase fétiche de fin de combat.

« Bye-bye petit papillon...

— Pourquoi tu dis ça, s'étonna Alix, il n'y a pas eu de combat...

— Il a renoncé. Ça lui a vraiment fait très mal. Au point qu'il ait renoncé à toutes ses prérogatives...

— Il t'a dit quoi pour te mettre dans un état pareil, Marinette ? T'as l'air complètement déphasée !

— Ça va passer, Alya. C'est juste que...Il m'a demandé de veiller sur Adrien, et il a dit qu'il espérait que nous puissions le rendre heureux...

— C'est vraiment Gabriel Agreste qui a dit ça, s'étonna Kagami.

» Soyons clairs, il est en compétition avec ma mère pour le titre du parent le plus protecteur de la planète. Ce genre de demande est plutôt inattendue.

— Je sais, soupira Marinette, mais c'est vrai.

— Mon père a vraiment accepté que je ne le revois plus ? Si je le voulais, je pourrais vraiment...

— Oui, Chaton. »

Adrien regarda Marinette. Elle ne semblait pas aller bien. Comme si elle était encore en train de traiter les informations reçues pendant sa discussion avec le Papillon.

Et puis, elle l'appelait Chaton, alors qu'il ne se comportait pas comme Chat Noir. Il gardait ses blagues et son humour de héros pour plus tard. Il avait encore en lui la colère et la déception de la révélation, la tristesse provoquée par la trahison, et ce sentiment de vide, d'abandon, qui grandissait dans son cœur.

Il n'était pas d'humeur. Il n'était pas Chat Noir. Juste un garçon perdu, trahi, orphelin, énervé, le cœur en miettes mais brûlant de rage.

Juste Adrien.

Marinette secoua la tête. Elle devinait ce que son ami pensait. Et elle ne pouvait pas le laisser penser ça. C'était pour ça qu'elle l'avait appelé par le surnom donné à son alter-ego, que depuis la révélation elle n'avait pas utilisé le nom d'Adrien pour lui parler.

« Tu sais, ce n'est pas parce que nous ne portons pas nos costumes que nous ne sommes pas Ladybug et Chat Noir.

» Tu m'as déjà fait la remarque à propos de Ladybug. Que j'étais un peu comme elle, une héroïne sur le quotidien.

» C'est valable pour toi, Adrinoir. Tu es Chat Noir, avec ou sans costume. Nos masques nous donnent confiance et nous libèrent de nos problèmes habituels.

» Mais ils nous permettent surtout de révéler qui nous sommes vraiment. Sans les yeux des autres pour juger autre chose que nos actes, nous pouvons nous épanouir.

» Ce que Chat Noir révèle, tu l'es profondément. Tu sais te relever, tu sais rebondir, tu sais rire dans les situations compliquées. Et tu sais dire quand tu as besoin d'aide. Et je suis là pour t'aider. Ok, Chaton ?

— Ma Lady ? C'est vraiment...Tu es vraiment une super-héroïne. Moi, je suis moins sûr...

— Eh, Chaton Noir. C'est pas parce qu'il t'arrive d'être un peu trop impulsif en combat, qu'il t'arrive de faire des erreurs que t'es pas un super-héros. J'ai pas compté le nombre de fois où Ladybug a eu besoin de toi, et où t'as sauvé la mise.

— Bunnix ? Mais qu'est-ce que...

— Ha, ha, non. C'est juste Alix pour l'instant. Mais contente de voir que j'arrive à me faire passer pour la moi plus vieille et plus classe. N'empêche que je pensais ce que j'ai dit.

— Alix a raison. Tu es un super-héros, toi aussi Adrinoir. Les objets ensorcelés, c'est toi qui les détruis en général, ajouta Kagami.

— On est quand même bien contents d'avoir Chat Noir, tu sais ? Ladybug est un brin trop sérieuse, renchérît Alya.

— Toute l'équipe ajoute quelque chose. Et toi, tu ramènes la détente nécessaire pour pouvoir se battre avec l'esprit clair, continua Luka.

— Je vois, vous vous êtes donné le mot ! Vous dites que je suis Chat Noir, même sans mon costume, et que je suis un vrai super-héros. Mais comment dois-je réagir, alors ? Comment dois-je prendre la révélation ?

— Chat Noir refuserait de se faire mettre à plat par cette découverte, répondît Lila. Je crois qu'il remettrait le problème au moment où il pourrait en discuter.

» L'Adrien que j'ai l'habitude de côtoyer serait attristé plus qu'énervé. Mais il refuserait de laisser ses émotions prendre entièrement le dessus. Et il essaierait de comprendre pourquoi son père a agi ainsi.

» Mais je ne sais pas comment réagit Adrinoir. Je suis totalement responsable de ce qui s'est passé. Et je voudrais juste dire que ce n'est pas à nous de dicter ta conduite. Elle t'a suffisamment été dictée pour plusieurs vies entières.

» C'est tout pour moi.

— Je suis d'accord avec Lila, annonça Marinette, ce n'est pas à nous de décider comment tu dois réagir.

» Je veux juste ajouter que, quelle que soit ta réaction, je serai là pour te soutenir.

— On est là pour toi, mon pote. Si t'as besoin de quelque chose, on est là.

— Merci les amis. »

Ils répondirent tous que ce n'était rien, y compris Chloé. Chloé qui n'avait rien dit depuis la révélation, qui semblait avoir été transformée en statue, qui fixait le vide.

Sabrina avait tenté de la faire réagir, mais la blonde avait juste répondu d'un air dédaigneux qu'elle allait bien.

Sauf qu'Adrien voyait bien que sa première camarade n'était pas bien.

« Chloé ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— J'aurais dû comprendre, murmura-t-elle, j'aurais dû savoir. La manière dont il me parlait, c'était tellement la même que celle de ton père.

» Tout le monde sait que je n'obéis pas, à personne, et que dans mon entourage, c'est moi qui donne les règles.

» Ça a toujours été le cas, et avec tout le monde. Sauf M. Agreste. Quand il me disait quelque chose, j'étais toujours obligée de le faire. Comme s'il me retirait toute ma volonté.

— Oui, c'est vrai. Ça me fascinait d'ailleurs, commenta Adrien, pensif.

— Toi, tu obéissais à quelqu'un ? Mais comment il faisait, s'étonne Marinette.

— Je ne sais pas. C'était quelque chose dans sa voix, ou dans son attitude. Mais ça me donnait irrépressiblement envie d'obéir.

» Et la Papillon me faisait le même effet. Je résistais parfois, par principe, mais je n'en avais pas envie. Je ne voulais qu'obéir. Quand il parlait dans ma tête, c'était plus simple. Mais pour Miracle Queen...là, en plus de la colère, de la déception, des discours...Il avait cette voix. Désolée, Ladybug.

— C'est moi qui ai mal fait. J'ai vraiment tout fait de travers, ce jour-là. Et si, en plus de toutes mes erreurs, il a le pouvoir de te priver de volonté...

— Il n'y a pas que ça, Chloé...

— N'essaie pas de me faire me confier. Je sais à quel point c'est dangereux.

— Chloé, ce n'est pas dangereux de se confier. Même si on peut avoir tendance à le penser. Mais partager ce qui nous fait mal, ce qui nous inquiète, ce qui nous dérange, ça soulage. Je sais que tu n'es pas proche de nous. Mais au point où on est, on devrait le corriger. »

Luka écarquilla les yeux. C'était Juleka qui avait parlé. Et distinctement, avec assurance, sans se cacher derrière ses cheveux.

Marinette aussi avait du mal à croire ses oreilles, et elle savait que c'était le cas d'Alya et Nino.

Quant à Rose, elle regardait sa meilleure amie comme si un troisième œil lui avait poussé au milieu du front, mais avec aussi une espèce de fierté.

« Arrêtez de me regarder comme ça, marmotta Juleka, s'il vous plaît. Je sais que ça ne m'arrive pas souvent de dire les choses directement, mais là c'était nécessaire.

— D'accord, on arrête, répondît Luka en regardant ailleurs. »

Juleka retînt un rire. Son frère faisait encore le clown pour elle. C'était à chaque fois pareil, elle demandait quelque chose, et il obéissait à la lettre, mais pas forcément comme attendu.

Mais elle se tourna vers Chloé. Elle attendait vraiment que la blonde accepte de leur faire confiance. Parce que, même si elle ne connaissait pas l'état d'esprit des autres, Juleka avait décidé qu'il était temps d'arrêter les disputes d'enfants.

Chloé sentait le changement, elle sentait que Juleka l'accepterait si elle passait le test. Mais...

« Est-ce que tu crois qu'ils vont être d'accord, murmura-t-elle à l'adresse de la brune.

— Ils me font confiance, répondît Juleka en venant s'installer à côté de Chloé, et tu sais comment tu peux avoir ma confiance.

» Nous ne sommes plus des petits enfants à se disputer sans vraie raison, ajouta-t-elle en s'adressant à tous, et si on déteste Chloé, c'est surtout parce qu'on refusait de voir autre chose que l'insupportable et dédaigneuse capricieuse qu'elle nous avait toujours montrée.

» Mais Chloé a assez prouvé cette année qu'elle pouvait bien faire, et avoir de la bonne volonté. Même si elle a constamment besoin d'attirer l'attention.

» Je suis prête à lui donner sa chance. Et vous ? »

Rose approuva immédiatement. Luka acquiesça à son tour. Il ne connaissait Chloé que par les rapports de Juleka, et si la jeune fille était prête à un nouveau départ, il l'acceptait sans problème.

Kagami eût un instant d'hésitation, mais elle approuva. Sans connaître bien Chloé, elle l'avait rapidement prise en grippe. Ce qui était parfaitement injuste.

Marc et Nathaniel approuvèrent rapidement aussi. Ils avaient beau avoir subi les brimades de Chloé, ils savaient tout deux que lui refuser une nouvelle chance aurait été méchant.

Mylène et Ivan hésitèrent plus longtemps, mais ils finirent par reconnaître que Juleka avait parfaitement raison.

Alix et Kim échangèrent un regard, soupesant manifestement les pour et les contre ensemble. Au bout de quelques instants de délibération, ils annoncèrent qu'ils « relevaient le défi ».

Max commenta qu'il y avait vingt-cinq pour cent de chances que Chloé change vraiment son comportement si elle était toute seule, mais au moins soixante-quinze si elle était entourée et qu'ils lui montraient le bon chemin. Donc, il acceptait la proposition de Juleka.

Marinette savait que la décision de Nino, Alya et Adrien dépendrait de la sienne.

Chloé et elle avait été ennemies depuis la maternelle.

Chloé avait été une source majeure de problèmes pour Ladybug.

Mais Ladybug avait vu aussi le dévouement, les regrets, les peurs de Chloé.

Marinette se leva, s'approcha de Chloé, et lui tendît la main.

« On fait la paix ?

— Je suis partante pour essayer, répondît Chloé en saisissant la main de Marinette et en la serrant.

— Marché conclu. On essaie de comprendre que l'autre n'est pas que la source de problèmes, on apprend à ne plus se détester par principe, et on tente de s'entendre. »

Puisque Marinette avait accepté, Nino, Adrien et Alya approuvèrent à leur tour.

Chloé soupira, remercia Juleka de lui avoir permis d'avoir une chance d'être intégrée, et expliqua enfin pourquoi elle avait été tellement choquée par la révélation.

« Monsieur Agreste est la seule personne qui aurait pu m'apprendre à être quelqu'un de meilleur.

» Mon père n'en est pas un. Je veux dire...il est parfaitement incapable de me reprocher quoi que ce soit.

» Et ce n'est pas ma mère qui va m'apprendre à être correcte. D'abord parce qu'elle n'est jamais là, ensuite parce que je la copiais autant que possible. J'ai bien conscience que j'ai pris toutes mes mauvaises attitudes d'elle.

» Quand les gens parlent de parents pour éduquer, gronder et corriger, ce n'est pas à mes parents que je pense. Mais à M. Agreste.

— Donc forcément que ça te fait plus de mal qu'à moi, murmura Adrien, puisque pour moi il n'a jamais été qu'un immense mystère, une question, et une peur immense. Alors que toi, qui arrivais à capter son attention, tu voyais en lui ce qui te manquait...

— Oui. Mais même s'il m'accordait plus d'attention qu'à toi quand nous étions au manoir, je ne comptais pas pour lui. Toi, tu avais de l'importance et sa confiance. Donc, tu avais moins besoin de surveillance et d'attention.

» J'étais, et je suis restée, un simple pion dans ses plans tordus.

» Celle qui a gagné vraiment, c'est Lila.

— Non. Je n'avais pas tant d'importance que ça à ses yeux. Et si je l'ai servi, c'était juste parce qu'il me parlait. Un adulte autre que mes professeurs me parlait et faisait comme si j'existais. Il m'a manipulée en se servant du manque d'attention dont j'ai souffert et de ma colère envers Ladybug. Je n'ai rien gagné réellement, j'en ai eu l'illusion.

— Mais tu avais de l'importance à ses yeux, et il te faisait assez confiance pour te montrer qu'il était le Papillon, objecta Max.

— J'avais de l'importance comme un fou dans un jeu d'échecs. Plus utile qu'un pion, avec une certaine valeur, mais avec toujours la possibilité de le sacrifier. Pas plus.

» J'ouvrais le jeu pour les duels avec Ladybug. A cause de moi, tout le monde a été réakumatisé le jour des héros. Et normalement, quand Marinette a failli être exclue suite à mes mensonges, il y aurait dû y avoir des akumatisations et ç'aurait été comme le jour des héros.

» En théorie. Mais personne n'a été akumatisé...

— Nous l'avons été, répondît Marinette en fixant le sol, mais il a annulé le sort immédiatement. Je ne sais pas pourquoi...

— Nathalie, lâcha Adrien à mi-voix.

— Euh...Tu pourrais nous expliquer ? Nous n'habitons pas au manoir, commenta Alya.

— Bien sûr. Nathalie est malade, je pense que c'est à cause du Miraculous du paon. Pour akumatiser plusieurs personnes à la fois, il a besoin de la transformer afin qu'elle multiplie ses pouvoirs, je suppose.

» Mais avec sa maladie, elle fait régulièrement des malaises. Elle a dû en faire un au moment de notre akumatisation collective, ce qui aura poussé mon père à se détransformer pour s'occuper d'elle.

— Et elle aurait créé une illusion si parfaite ensuite ? En étant mal ?

— Pour l'aider. Pour lui prouver qu'elle pouvait l'aider et qu'il ne devait pas remettre ses plans en question pour elle.

— Mais pourquoi faire ça ?

— Je crois qu'elle est amoureuse de lui.

— Ça crève les yeux, coupa Lila.

— Le seul vœu que pourrait vouloir formuler ton père, c'est que ta mère revienne, murmura Marinette à Adrien.

— Sans doute. Mais Nathalie pourrait l'avoir aidé quand même, même en l'aimant, en espérant le voir heureux. »

Marinette hocha la tête. Bizarrement, ça pouvait être l'explication logique. Mourir pour son malheur et en être heureuse... Étrange sacrifice.

Mais les jeunes ne s'attardèrent pas tant sur le sujet. D'autres venaient, d'autres questions, d'autres théories, d'autres idées.

Et de question en réponse, d'idées en suggestions, ils finirent par ne plus parler du Papillon, de Mayura et des super-héros.

Ils se retrouvèrent simplement, une bande de jeunes réunis dans un salon, à discuter et à rire, à oublier momentanément que certains avaient des super-pouvoirs et des responsabilités.

Ils passaient ensemble une soirée sans pareille, oubliant les tensions d'autrefois.

Une bande de jeunes heureux, oublieux de ce qui leur avait permis de l'être aussi simplement : le père de l'un d'entre eux les avait tous mis en danger de mort plus d'une fois.

Non, pour l'instant, il n'y avait plus de soucis, parce qu'ils étaient ensemble pour y faire face.

 ************

 4648 Mots.

  L'éclate. C'était l'éclate à écrire. J'ai vraiment aimé. 

 C'est parti d'une idée stupide : et si je faisais un action ou vérité Miraculous ? 

 Pour me rajouter de la difficulté, j'ai décidé qu'il n'y aurait pas de ship : et je l'ai tenu ! Il n'y en a pas.

 La trahison de Lila, ça venait naturellement. Comme elle est la première à qui on pose les questions, elle devait le dire. Parce que je ne vois vraiment pas ce qu'elle aurait pu répondre d'autre. Elle connaît l'identité du Papillon.

 Et une fois que c'était dit, il fallait dire qui c'était. Les réactions à cette révélation ont vraiment été une partie de plaisir, parce que je pouvais faire de la psychologie.

 Il est dit dans les Origines que Chloé venait souvent jouer au manoir quand Adrien et elle étaient petits. J'ai creusé l'idée, tout simplement. 

 Et je voulais qu'on puisse lui donner une chance. Parce que, même si elle me tape sérieusement sur les nerfs, je trouve qu'elle mérite de pouvoir venir dans la case des personnages nuancés et complexes.

 J'ai mis à peu près une semaine à l'écrire. En parallèle du précédent, mais l'autre me faisait la tête alors que j'ai peu eu à lutter avec celui-là. 

 Qu'en avez-vous pensé ?

 Bises, 

 Jeanne.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top