Problème
Bonjoooour. Alors, petit warning par rapport à cet OS.
J'ai forcé sur le sadisme. Genre, vraiment beaucoup. Si vous voulez, dans ma note sur mon tel, le "sous-titre" c'est "Et rip le positivisme" (même si ça finit bien). Et pour vous donner une idée de pourquoi j'avais marqué ça, j'ai hésité à appeler l'OS 3919, qui est le numéro d'appel pour les violences faites aux femmes.
Donc. Si les coups sont un sujet sensible, DEGAGEZ. Si vous n'aimez pas voir Nathalie en mauvais état, soit vous passez votre chemin, soit vous vous accrochez très fort pour ne pas hurler.
Mise à part ça, le TW fait sans doute une page-écran de tél, j'ai dit ce qu'il fallait dire, et pour ceux qui sont restés : bonne lecture, n'oubliez pas de commenter !
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Assis dans sa chambre, juste en dessous de celle de Nathalie, Dario fronça les sourcils. Depuis quelques minutes, il pouvait entendre distinctement la conversation que M. Agreste et son assistante avaient, et le garde du corps savait que cela signifiait que leur échange se faisait à plein volume.
« Gabriel ! Non, je ne vous suivrai pas dans cette folie ! Pas cette fois. Vous allez trop loin, et je ne le ferai pas ! J'ai mes limites !
— Vous m'aiderez, gronda Gabriel.
— Plutôt mourir que servir un monstre comme vous, cracha-t-elle en réponse. »
Un choc retentit sourdement au-dessus de la tête du Gorille, qui grimaça, inquiet. Il y avait clairement un problème.
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Le lendemain matin, dans la salle à manger.
« Bonjour Adrien, avez-vous bien dormi ?
— Oui, merci. J'ai hâte d'être au collège, Mademoiselle Bustier nous a dit qu'elle préparait un grand projet, hier.
— Je suis sûre qu'elle organisera quelque chose de fantastique, vous êtes toujours enthousiaste devant vos projets scolaires.
— Oui, il n'y a aucun doute que ce sera génial, s'exclama-t-il en se tournant vers elle avec un sourire.
» Vous vous êtes blessée, demanda-t-il en apercevant une égratignure sur sa tempe gauche, vous allez bien ?
— Ne vous inquiétez pas, ce n'est rien. J'ai voulu faire la maligne hier, et sortir avec juste mes béquilles, j'ai trébuché dans l'escalier. Et je me suis tapée contre ma béquille. C'est tout.
— Vous êtes sûre ? Je peux...
— Bien entendu, je suis sûre ! Je sais ce qui m'est arrivé, quand même, rétorqua-t-elle d'un ton sec. »
Adrien fronça les sourcils, mais fit mine d'accepter l'excuse, à laquelle il ne croyait pourtant pas. Il se leva, salua Nathalie puis partît au collège.
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L'après-midi.
« Père ? Pourrais-je vous parler s'il vous plaît ?
— Oui, viens Adrien.
— Bonjour, Père, sourît le garçon en poussant la porte, comment allez-vous ? Vous avez passé une bonne journée ?
— Oui, merci. Et toi ?
— Ça va. Seulement... Je m'inquiète pour Nathalie.
— Comment ça ?
— Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Pourquoi était-elle blessée, ce matin ? Elle m'a dit qu'elle était tombée dans l'escalier, mais je m'y suis suffisamment cassé la figure pour savoir que ça ne tient pas. Et il n'y a que pour vous qu'elle mentirait.
— Je ne vois pas de quoi tu parles, Adrien. Peut-être qu'elle n'est pas tombée dans l'escalier, mais qu'elle a fait un malaise dans sa chambre et a heurté quelque chose, tu sais comme son domaine est encombré. Et elle n'aura pas voulu t'inquiéter.
— Je... Si vous le dites, Père. C'est sans doute ça.
— Tu as quelque chose d'autre à me dire ?
— Non, Père.
— Bien. Va faire tes devoirs.
— Bien, Père. »
Adrien avala sa salive, puis retourna dans sa chambre. Il s'assit à son bureau, fixant les photos de sa mère avec tristesse. C'était tellement plus facile quand elle était là. Il sentait profondément que les deux adultes avaient menti, l'un après l'autre, mais il n'était pas sûr de pouvoir trouver la vérité. Il louvoyait dans des eaux troubles il le savait, et faire la part des choses serait compliqué, prendrait du temps. Comment comprendre ? Comment interpréter ce qu'il voyait ? Même Plagg ne pouvait pas l'aider, c'était clair.
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Trois semaines plus tard.
Nathalie, debout dans sa salle de bain, s'appuyait contre l'évier, le cœur battant à mille à l'heure. Ses poignets lui faisaient mal, mais elle ne voulait pas regarder. Elle savait les bleus qu'elle allait trouver, elle ne voulait pas voir.
Depuis trois semaines, elle vivait un enfer dont elle ne voyait pas le bout, dont elle ne savait pas sortir. Le plus possible, elle évitait Gabriel, surtout après les combats, mais ça n'était pas toujours suffisant. Elle devait faire attention au moindre de ses mots, elle craignait toujours. Il s'énervait pour rien, et ses colères...
Elle frotta ses poignets l'un contre l'autre, refusant d'y penser. Elle ne comprenait pas comment ce jeune homme timide mais intelligent, créatif et attentif qu'elle avait rencontré à l'université, cet homme désemparé, brisé mais courageux et déterminé, montrant une résilience si particulière, cet homme dont elle était tombée amoureuse au point de sacrifier sa vie avait pu devenir... Ce qu'il était maintenant.
Violent.
Dangereux.
Effrayant.
Fou.
Les larmes roulaient sur les joues de Nathalie, et elle n'y prêtait pas attention, car après tout, ces larmes étaient le signe de la perte de ce qui lui avait toujours été le plus cher. L'espoir. Elle perdait l'espoir, et elle n'était pas sûre de pouvoir tenir sans espoir, alors elle laissait la tristesse l'envahir, tracer des sillons de douleur sur ses joues, assombrir encore son regard qui avait perdu sa clarté de ciel d'été, montrer la faiblesse de son cœur abîmer.
La bague tinta contre la céramique de l'évier, l'arrachant à ses larmes. Lors de la première attaque de Multi-Ailes, elle l'avait glissée autour d'une chaîne, pour ne pas la porter au doigt, considérant qu'elle ne pouvait pas garder un tel signe.
Gabriel... Si seulement elle pouvait trouver un moyen de le faire revenir... Elle avait refusé de combattre avec lui, et il perdait chaque jour un peu plus la raison. Elle souffrait, dans sa chair, de ce désastre, mais ne trouvait pas de solution. Enlevant sa veste, elle releva les manches jusqu'aux coudes de son pull et soupira. Les hématomes les plus anciens étaient jaunissants, répugnants, les récents étaient bleu-noir, et les effleurer était une torture.
« Gabriel, murmura-t-elle, je ne vous comprends pas... Je ne vous comprends plus. Pourquoi faites-vous cela ? Pourquoi me faire si mal ? Je ne suis pas d'accord mais vous le savez depuis longtemps, j'ai toujours émis des réserves, même quand je vous aidais, quand je concevais vos plans... »
Elle saisit un flacon de crème apaisante dans les placards vitrés en face d'elle, et commença à l'appliquer sur ses plaies, retenant une grimace de douleur, continuant son monologue, ne supportant plus de garder ses pensées silencieuses.
« Je suis désolée, Adrien, je n'y arrive plus, je ne peux plus vous protéger. J'essaie, pourtant, je la garde au moins, il ne peut plus vous donner d'ordre, mais... Il est devenu dangereux pour vous et je ne peux pas le retenir. Avant il s'inquiétait mais maintenant... C'est comme si son esprit s'était scindé. Et chaque mot peut le faire basculer, réveiller le monstre.
» Anne-Lise, j'espère que tu pourras me pardonner... Quand tu es partie, le dernier jour, tu m'as dit de ne jamais abandonner, ne jamais cessé d'espérer, tu serais toujours là pour me guider. Mais aujourd'hui... L'espoir est une folie, alors que Multi-Ailes me menace à chaque instant, alors que j'ai déjà rejeté la conscience pour ne plus sentir ses mains sur moi. Que ma maladie ne s'améliore pas, ne s'améliorera jamais. Je ne peux plus me battre.
» Je ne peux plus, chuchota-t-elle d'une voix brisée, je ne peux plus espérer l'impossible, il ne reviendra pas, et si Émilie revient, elle ne le reconnaîtra pas et ce sera pire, je ne peux plus...
— Si ! Vous pouvez vous battre, Dame Nathalie, s'exclama une petite voix à son oreille, nous sommes avec vous !
— Qui... Tu es Daizzi, c'est ça, demanda Nathalie en apercevant un petit kwami rose qui voletait à quelques centimètres d'elle.
— Oui ! Et voici Fluff, déclara-t-il en pointant vers le kwami blanc aux grandes oreilles qui se tenait un peu plus loin.
— Oui... Le kwami de l'Evolution, lié au Miraculous du Lapin, et ses voyages dans le temps... Et Daizzi c'est la Jubilation, je crois ?
— Exact ! Vous en connaissez beaucoup sur nous, madame !
— J'aime apprendre... Et le grimoire était fascinant. Mais que faites-vous ici ?
— Nooroo nous a raconté ce que Monsieur Agreste vous fait. Et nous voulons vous aider, répondit Fluff.
— Et vous le pouvez ?
— Peut-être. Je ne suis pas sûre de ma solution, mais j'ai été chercher un moyen de le retenir. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi ça marchera, je pense que c'est mieux s'il vous raconte lui-même, et il le fera sans doute, mais on a un moyen de l'empêcher de vous faire du mal.
— Que dois-je faire ?
— La prochaine fois qu'il voudra vous attaquer, dites-lui qu'il agit comme un enfant. Ou autre chose, mais il faut que vous le fassiez penser à son enfance
— Il n'en parle jamais ?
— Oui bah ça se comprend, lança Daizzi, Fluff nous a raconté ce qu'elle a vu, franchement, on comprend qu'il n'en parle pas !
— Fluff, tu as utilisé ton pouvoir ? Ce n'est pas censé...
— Je l'ai fait pendant un combat, le Miraculous Ladybug a tout réparé !
— Tant mieux. Et donc, je suis censé le renvoyer à son enfance ? Tu penses que simplement le traiter d'enfant suffirait ?
— Je pense que c'est le plus efficace. En tout cas, il arrêtera son geste. Pour vous contredire et vous expliquer. Et là, vous pourrez repasser en position de force.
— D'accord. Merci pour les conseils, merci de vouloir m'aider...
— On ne pouvait pas rester sans rien faire !
— Mais vous y risquez une pluie de contraintes. Merci de prendre le risque pour moi. Maintenant, filez. Il vaut mieux qu'il ne s'aperçoive pas de votre absence.
— Oui Madame, s'exclamèrent les deux kwamis en la saluant avant de disparaître. »
Nathalie sourît dans le vide. Ils étaient venus lui donner la force de se battre, de lutter pour ce que en quoi elle croyait, ranimer la flamme de vie qu'elle éteignait depuis si longtemps.
Elle tourna les talons, adressant un regard de défi à son reflet, et alla s'installer à son bureau, commençant à travailler avec un sourire moqueur aux lèvres. Elle allait encore pouvoir battre M. Agreste, lui rappelant par sa simple attitude qu'il ne pouvait pas avancer sans elle.
Oui, elle souffrait, oui, son cœur était engourdi, oui, se redresser lui arrachait une grimace, oui, ses jambes ne se mouvaient qu'avec forces protestations, mais elle avait la force. La force de dire non, de se battre, de protester, d'espérer, d'exister.
Quand il entra dans la pièce, quelques minutes plus tard, la jeune femme se tourna vers son patron avec un air de défi.
« Bonjour, Monsieur. La prochaine fois, s'il vous plaît, toquez avant d'entrer.
— Qu'avez-vous fait aujourd'hui, demanda-t-il d'un ton glacé, ne faisant même pas mine de prendre en compte ce qu'elle disait.
— J'ai travaillé, j'ai ré-organisé les réunions comme vous m'aviez demandé de le faire, arrangé un shooting pour Adrien ce week-end. J'ai relu le début de l'Odyssée. Et j'ai beaucoup réfléchi sur ma situation. J'en suis arrivée à la conclusion qu'il valait mieux que je ne me laisse pas faire.
— Et pourquoi, demanda-t-il d'un murmure gelé, en la forçant à se lever.
— Parce que quitte à être brisée, autant essayer de garder les morceaux ensemble. Parce que j'ai retrouvé ma force. »
Mais pas ma réactivité, manifestement, pensa-t-elle en se retrouvant plaquée au sol, son dos lui envoyant des ondes de douleur.
Elle ôta ses lunettes, d'un geste réflexe, les lançant sous le lit. Là, elle était sûre qu'elles ne seraient pas abîmées.
Un coup dans son dos, elle retînt la grimace.
Ses jambes brisées encore attaquées, les paupières fermées pour ne pas laisser voir les larmes.
Son coude heurté, pas un soupir ne lui échappa.
Les yeux résolument clos, les lèvres soudées, elle attendit patiemment l'instant où les coups se stoppaient un instant avant de repartir de plus belle. Quand elle le sentit arriver, elle se redressa, ses yeux ciel lançant les éclairs de sa détermination. Elle lâcha la bombe que lui avait donnée Fluff, assortie de sa propre sauce, la gorge nouée d'appréhension.
« Monsieur, arrêtez. Je n'en peux plus, c'est idiot, vous agissez comme un enfant qui fait un caprice. Et je ne veux plus céder pour rien. »
Elle vît aussitôt le visage de Gabriel se décomposer, un voile d'horreur passer dans ses yeux, tandis qu'il reculait vers la porte, secouant la tête avec détresse.
Nathalie haussa un sourcil, surprise. Fluff avait eu raison, la comparaison avec un enfant l'avait bouleversé profondément, avait fait surgir une douleur ancienne, recouverte et pourtant affleurante. Elle s'approcha doucement, et lui prit la main, le fixant dans les yeux.
« Gabriel ? Je suis désolée, je... J'ai dit quelque chose de travers ?
— Non. C'est Fluff qui vous a dit de dire ça, demanda-t-il en s'éloignant.
— Ne lui en voulez pas.
— Bien sûr que non. Elle a eu raison. Je pense qu'il est temps que je me reprenne...
» Je n'arrive pas à croire que j'ai pu... Que je sois devenu comme lui... Je me suis vraiment perdu... J'avais juré, juré de ne pas... Oh, bon sang, je suis un véritable monstre... Et j'avais dit que je ne serais jamais comme ça... Je me demande ce qu'elle penserait... Non, Laure était un ange tombé sur la terre, elle comprendrait... Enfin, elle saurait..., murmura-t-il, plongé dans ses pensées.
— Gabriel ?
— Je pense qu'il est temps que je te raconte d'où je viens, Nathalie. Mais... Je ne mérite pas que tu m'écoutes, je t'ai fait tant de mal...
— Ce n'est rien. Je ne dirais pas que j'ai vécu pire, parce que c'est faux, mais ma mère adoptive m'a appris deux choses, l'espoir et la compréhension. Vous étiez perdu, mais je ne peux vous en vouloir.
— Tu es un ange. J'ai une chance incroyable, je ne cesse de rencontrer des anges... Viens, murmura-t-il en ouvrant la porte de la salle de bain, je veux te soigner... Pour ce que je peux.
— Est-ce que je peux savoir pourquoi... Pourquoi ces mots-là vous ont tellement bouleversé ?
— Parce que, en me comparant à un enfant, tu m'as obligé à revoir mon passé. »
Elle le fixa un instant avec étonnement, avec une forme de crainte, mais tout, dans son attitude, voulait s'excuser, voulait inspirer la confiance.
Il saisit un tube de crème apaisante dans le placard vitré au-dessus de l'évier, et fit signe à la jeune femme de venir, un sourire rassurant sur les lèvres.
Nathalie déglutît discrètement. Cette situation était terriblement inattendue. Elle n'avait pas pensé une seconde que ça pourrait dégénérer ainsi. Et elle hésitait, de raison, revoyant toutes les duretés des dernières semaines. Mais son cœur chuchotait avec insistance que cette période-là était finie. Elle ôta sa veste de tailleur, une angoisse impatiente dans le cœur.
Il s'était assis sur le bord de la baignoire, et elle sentît son cœur battre plus fort en s'approchant de lui, s'asseyant à côté de lui, murmurant que, globalement, elle arrivait à soigner ses plaies sauf...
Sauf sur le dos.
La pensée résonna un instant entre eux, les faisant rougir.
« Je... Je comprendrais que tu ne veuilles pas...
— Non. Il faut s'en occuper, et je ne peux pas le faire. Je...
— C'est ma faute, je n'aurais jamais dû... Me laisser devenir fou comme ça...
— Ce n'est rien, Gabriel. Vous vous êtes perdu, ce n'est pas grave, chuchota-t-elle, nous aurions dû savoir que la magie nous prendrait plus que ce que nous étions prêts à donner.
— Tu t'es sacrifiée deux fois dans l'absurde de me supporter... Nathalie, s'il te plaît, ne dis pas que ce n'est rien. Tu as sacrifié ta vie en voulant m'aider, et ta sécurité a disparu quand j'ai perdu la raison... Ce n'est pas rien.
— Je ne t'en tiens pas rigueur, Gabriel, murmura-t-elle doucement, ce n'est rien. Est-ce que... Est-ce que tu as besoin que j'enlève mon haut ou...
— Eh bien je peux essayer, mais je pense que j'aurais du mal... Si ça te dérange que je... Le fasse, on peut...
— Non, Gabriel. Ça ne me dérange pas. »
Elle lui tourna le dos, ôtant son haut rouge avec hésitation. Son interlocuteur déglutît en voyant les marques de ses coups sur la peau pâle de la jeune femme, les hématomes dans tous les stades d'évolution, plus ou moins larges, et les quelques coupures sanglantes qui les parsemaient, ne pouvant pas se refermer sous la permanence des affronts. Les larmes lui montèrent aux yeux tandis qu'il se redressait pour saisir un flacon de désinfectant et des cotons, ne pouvant croiser le regard qui lui faisait face.
Il désinfecta soigneusement chacune des plaies qu'il apercevait, retenant l'horreur qu'il éprouvait devant ce qu'il avait fait, à la personne qui lui était la plus chère. Il priait aussi pour qu'aucune blessure ne se soit dissimulée sous la brassière noire de Nathalie, appliquant le baume apaisant, massant du bout des doigts l'espace entre les bleus, qui souffrait.
« Je n'ai jamais vu personne faire autant attention à ses gestes, commenta Nathalie doucement.
— Je veux t'aider, apaiser ces blessures, mais je sais que l'on ne peut pas toucher des hématomes sans faire souffrir, répondit-il d'une voix enrouée par les sanglots retenus.
— Gabriel ? C'est si terrible ? Tu en pleures presque...
— Il y a des coupures, et beaucoup trop de bleus, et... Comment ai-je pu faire ça, je n'arrive pas à y croire, je suis un monstre, Nathalie. Un monstre.
— Non.
— Bien sûr que si. Je suis devenu comme mon père, à frapper sans raison, sans écouter, sans réfléchir. Et ça n'aurait jamais dû arriver, je suis un idiot d'avoir laissé cela se passer, de ne pas... De ne pas avoir réagi. Je t'ai fait tant de mal, Nathalie, murmura-t-il, évitant toujours son regard alors qu'il s'était relevé pour ranger les produits dans l'armoire.
— Gabriel ? Regarde-moi, ordonna-t-elle. »
Il déglutît, puis accepta enfin de croiser son regard, ses yeux de ciel qui brillait de douceur, de pardon, et d'une lueur qu'il ne pouvait interpréter. Elle lui prit la main, doucement, le forçant silencieusement à s'asseoir en face d'elle. Puis, gardant la main de Gabriel dans la sienne, elle la posa sur son propre cœur, avec douceur. Elle sourît en le voyant rougir, tenter de détourner les yeux, puis elle murmura :
« Je t'ai dit de me regarder, Gabriel. N'aie pas peur. Que pourrais-je te faire ? Tu sens mon cœur, maintenant, tu sais comme il bat. Tu dis que tu m'as blessée, mais c'est faux. Ce n'était pas toi, c'était ta folie. Tu t'étais perdu, mais tu es revenu, maintenant. Tu es revenu, tu es redevenu toi-même. Et tu sais que tu n'es pas un monstre. Tu as des défauts, certes, ils ont pris le pas ces dernières semaines. Mais tu as aussi énormément de qualités, tu es créatif, déterminé, courageux, futé, et, quand tu vas bien, tu sais te montrer extrêmement aimant. Tu es extrêmement sensible, et, si tu préfères l'enfouir de crainte de blesser, quand tu le montres, tu es magnifiquement humain. Tu es curieux, tu aimes apprendre et découvrir. Tu aimes la joie quand tu ne te perds pas. Tu veilles sur les autres, à ta façon, même si cette veille ressemble parfois à un règne. Tu es un homme merveilleux, Gabriel. Crois-moi, je n'aurais pas risqué ma vie pour un monstre.
— Nathalie... Est-ce que tu veux dire ce que je crois ? Est-ce que...
— Oui, Gabriel. Je t'aime. Profondément. Mais je ne tombe pas sans connaître, et si je t'aime tu peux me croire, je sais rester objective. Je t'aime. Malgré tout, malgré les accidents et les problèmes, malgré les zones d'ombre, tu restes un personnage lumineux, mais il faut soulever les voiles.
— Je crois qu'avec toi, j'y arriverai sans trop de mal. Tu es merveilleuse, Nathalie, la personne la plus courageuse, la plus compréhensive, la plus décidée que je n'ai jamais rencontrée. J'ai une chance formidable de t'avoir près de moi.
— Merci. »
Par leur échange, ils avaient fait s'évaporer la gêne du début. Gabriel regardait le visage de Nathalie avec une émotion puissante, qui l'étreignait puissamment. Le sourire qu'elle lui adressait, la douceur dans ses yeux, la lumière de son visage dégagé, la gentillesse avec laquelle elle lui avait rappelé ses qualités, sa bienveillance permanente, et la force des sacrifices qu'elle n'avait pas hésité à faire, tout cela brillait comme une étoile dans son cœur.
Une mèche s'échappa du chignon parfait de la jeune femme, il la remît en place d'un geste délicat, alors que son cœur palpitait à l'instant où il effleura son oreille.
Il comprenait très bien ce qu'il se passait, après tout ce temps à nier et se perdre, contempler la beauté blessée de son amie lui envoyait comme une deuxième bombe les sentiments qu'il avait cru pouvoir enterrer en se tuant dans la magie.
Il vît à son sourire qu'elle avait compris ce qui se passait dans sa tête, elle hocha la tête simplement, il se pencha vers elle, tendrement, et unît leurs lèvres avec tendresse, réparant leurs âmes qu'il avait brisée de sa folie.
Quand ils se séparèrent, il laissa échapper un sourire heureux, sincère, et déclara :
« Nathalie, moi aussi je t'aime, même si j'ai été trop idiot pour l'envisager quand je pouvais le voir, et trop fou pour le deviner ensuite. Je suis désolé pour tout le mal que je t'ai fait, et infiniment reconnaissant, car aujourd'hui, tes mots m'ont sauvé la vie. Je t'aime, je le sais maintenant, et je te remercie pour tout ce que tu fais pour moi, chaque jour.
— Tout va bien, Gabriel. Je ne souffre plus, à présent. Je suis heureuse, enfin. Parce que nous allons pouvoir nous reconstruire, sans trop regarder derrière.
— Oui. Dès que je les aurai rendus. Nous allons vivre, Nathalie. Ensemble.
— Pour toujours, murmura-t-elle en se blottissant contre lui avec bonheur. »
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3559 Mots + Note de début.
Waouh. J'ai réussi à faire une putang de fin positive et douce après l'enfer que c'est tout le début. J'suis douée je crois.
(Ou alors vraiment trop empoisonnée au Papyura, faut voir...)
Donc. Ceci est ce que craignait Nathalie au début de "Départ". J'avais l'idée en écrivant l'OS, puis, après l'avoir publié, l'inspi est venue me dire : "tiens, et si on écrivait la version implicite?"
Merci l'inspi. Ah, oui, Nathalie est mon personnage préférée, mais pour une raison que je ne m'explique pas, c'est elle qui morfle le plus...
Et j'adore jouer sur les moyens de ressusciter Gabriel, lui envoyer des chocs en espérant tuer "Multi-ailes" (je précise, car on me l'a demandé, que c'est absolument pas officiel comme nom, c'est moi qui l'ai inventé)
Ah, pour ceux qui n'auront pas capté pourquoi la phrase de Fluff a un tel impact sur Gabriel : allez lire "119" dans le recueil des enfances. Mais, en bref, son père le battait. Voili voilou, j'ai un gros problème de sadisme à gérer...
Bref... Qu'en avez-vous pensé ? Vous avez apprécié ? C'était correctement écrit ? Dites-moi tout !
Bises,
Jeanne.
PS : tant que j'y pense : on a les 20k, ce qui est purement énorme, merci beaucoup. J'ai donc eu l'idée de faire une FAQ mais pas sous format classique. Je vais devoir répondre avec des chansons ! En fait, vos questions seront du genre "quelle est la chanson qui te fait penser à l'écriture?" (par ex), et je réponds, et y aura un chap spécial dans mon livre de tag pour ça! Alors posez vos questions, toutes, en bazar, et pas forcément reliées à Miraculous !
(16/04/2022, 01h22)
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