Oldest (OS Musical)
4 octobre 2015.
Nora inspira profondément, envoya un énième direct dans le punching-ball de sa chambre. Depuis la veille, elle n'avait pas arrêté de frapper, la musique à fond dans ses écouteurs, incapable d'arrêter. Ça avait été trop.
Tout ce qu'elle voulait, c'était les protéger. Protéger les petites. Toujours. Les aider, rendre les choses plus faciles. Et elle avait pitoyablement échoué.
But I hid you in my room when mom and dad were fighting, back when we were young...
Un crochet et un fouetté dans le sac, pour chasser les souvenirs d'une Alya en pleurs devant des parents qui se disputaient. Ça arrivait rarement, mais tout couple se dispute de temps en temps, et sa petite sœur en était terrifiée. Alors Nora, dès ses quatre ans et la naissance de la plus jeune avait appris à protéger, à raconter des histoires, à se montrer forte. Et elle l'était toujours.
Sauf la veille.
Alors elle boxait, pour oublier, pour évacuer.
Pour ne pas entendre.
Tryna live up to the girl they see, cause I knew somebody had to be steady, safe and focused...
Un léger sourire vint détendre les traits crispés de l'aîné. Elle écoutait des playlists déjà faites mais cette chanson allait définitivement rester, pour son expression absolue de ce sentiment de pression permanente, l'impression que le monde la voyait d'une manière qu'elle n'était pas. Plus forte. Alors elle le devenait, parce qu'elle connaissait ce besoin d'avoir une personne qui soit une sécurité, stable et concentrée pour les plus jeunes.
Une grande inspiration, elle envoya un uppercut sur le sac, se concentrant désormais moins sur les coups et plus sur la chanson.
Chaque mot frappait extrêmement juste, capturant les peurs, les doutes que pouvaient parfois émettre ses sœurs, surtout cette tête brûlée d'Alya, qui lui faisait certes absolument confiance mais avait parfois tendance à oublier que le mot de jugement disparaissait immédiatement du vocabulaire de la boxeuse quand il s'agissait de ses sœurs, et semblait parfois éprouver des doutes quant à la possibilité de raconter une bêtise, comme si Nora allait gronder, reprocher. Oui, la plus grande roulerait les yeux, trouverait probablement l'idée stupide, mais si la journaliste avait besoin de conseils ou de ré-assurance, elle l'aurait.
Wish I wasn't controlling, it's the weight I'm holding...
Les pensées d'Anansi arrêtèrent de tourner un instant, se figeant, laissant résonner la phrase dans son esprit.
Oui.
C'était ça qu'elle frappait depuis la veille.
Elle détestait ce besoin de contrôler, de vérifier, mais c'était instinctif. Complètement intuitif. Et c'était difficile de lutter contre cette nécessité de répéter « s'il te plaît, ne te mets pas en danger, parle-moi, explique-moi ».
I can make the way for you, no I don't mind jumping first, I could wait up if you want me to, cause that's just the way it works, when you're oldest...
La brune ne put s'empêcher de sourire, sincèrement. Oui. Elle n'aurait jamais su exprimer, d'elle-même, la manière dont elle percevait ses relations avec ses sœurs, sa détermination intuitive à les aider, à les soutenir, à refaire avec elles les puzzles qui arrivaient parfois dans leurs esprits, sa facilité à se lancer vers Alya et les jumelles, à étudier ce qui leur venait en tête, les risques. Si une des filles étaient effrayées, Nora, ou Anansi comme elle préférait s'appeler, passerait d'abord, détruirait la peur en montrant que tout allait bien.
Alors même qu'elle était intérieurement terrifiée, de l'échec et de ses tornades intérieures, de ses propres casse-têtes mentaux, mais elle ne pouvait pas tomber. Pas devant les autres.
En conséquence de quoi, elle s'enfermait dans sa chambre, boxait, écoutait de la musique, faisait disparaître les pensées en tourbillon, les émotions.
Et dans les dernières notes, la boxeuse sentit enfin le calme revenir après sa honte et sa colère contre elle-même depuis la veille. Le calme était là à nouveau, après les coups.
Parce que c'est comme ça quand on est l'aîné.
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628 Mots.
J'avais besoin de l'écrire. Ma soeur m'a envoyé la chanson y a quasi deux semaines et je l'ai sentie dans mes os. Elle est splendide.
J'ai forcément énormément déteint.
Mais je voulais le faire.
Parce que je comprends Nora, profondément, parce que oui, on va paver la route pour les pus jeunes, parce que la sensation est présente, profondément, qu'on est regardé si on tombe. Ca m'a pris du temps de l'écrire, parce que je refusais de me concentrer. Parce que l'écriture aurait forcément un côté thérapeutique et qu'entre chaque paragraphe je fuyais.
Mais il est terminé.
J'espère qu'il vous a plu ^^
Dites-moi tout,
Bises,
Jeanne
(26/02/2024)
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