Le retour de Mayura
Gabriel croisa le regard de Nathalie. La tristesse qu'il y décela précipita la décision qu'il avait prise quelques jours auparavant déjà, mais de manière floue.
Il plongea la main dans la poche de son costume et en ressortit la broche du Paon, qu'il tendit à son assistante avec un sourire.
« Nathalie ? Accepteriez-vous de m'aider à nouveau ?
— Vous... Vous êtes d'accord ? Oh, bien sûr que j'accepte de vous aider, Gabriel, s'exclama-t-elle en saisissant la broche et en l'accrochant sur son chandail.
» Duusu, transforme-moi ! »
Gabriel sentît son cœur accélérer de manière étrange en voyant Mayura se tenir devant lui. Les magnifiques yeux roses emplis de confiance, la si étrange et jolie peau bleue, la splendide robe dont il reconnaissait qu'il n'aurait du faire mieux, la voilette dont elle cachait son regard, tout le costume de sa partenaire lui avait manqué, et il n'avait pas su s'en rendre compte.
D'un geste presque inconscient, il lui serra la main et murmura doucement :
« Vous m'avez manqué. »
Elle répondit d'un simple sourire et se détransforma, notant avec bonheur l'éclat d'émerveillement dans ses yeux. Mayura avait vraiment manqué à Gabriel, elle le voyait. Et elle en était profondément heureuse, et touchée. Savoir qu'elle avait une importance quelconque, que cet alter-ego dans lequel elle se libérait occupait une place dans le cœur, ou au moins l'esprit de Gabriel, la personne la plus importante de l'univers pour elle...
Elle le sentit lui prendre la main, la lui serrer doucement. Par ce simple contact, il la ramenait à la réalité, l'arrachant au bonheur pur qui cristallisait dans son cœur.
« Nathalie ? Tout va bien ?
— Oui, ne vous inquiétez pas, Gabriel. Je suis si heureuse de pouvoir à nouveau vous aider... Je n'arrive pas à y croire totalement...
— C'est réel, je vous assure. »
Elle hocha la tête. Tout cela ressemblait bien trop à un rêve, mais elle ne voulait pas le casser.
Avec Gabriel, elle se dirigea vers le repère où elle n'avait plus été depuis si longtemps. Revoir cet endroit, où tout avait débuté pour elle, là où elle avait vécu ce qui restait pour elle la plus forte et belle partie de sa vie, malgré la maladie... C'était une forme de résurrection.
Elle se tourna vers son kwami, qui voletait à ses côtés, un sourire dévorant son petit visage. Nathalie le saisît entre ses mains, et, à mi-voix, lui demanda :
« Prêt, Duusu ?
— Si vous êtes prête, je suis prêt, Dame Nathalie !
— Alors... Duusu, transforme-moi ! »
Nathalie projeta ses lunettes tandis qu'un éclair violet l'illuminait. L'instant d'après, Mayura se tenait dans l'antre du Papillon. Gabriel déglutît, impressionné par la détermination dans les yeux de son amie.
« Mayura... Je... Je crois que je n'ai plus besoin des Miraculous. En fait...
— Pourquoi me l'avoir rendu, alors, Monsieur ?
— Pour le sourire dans vos yeux quand vous êtes Mayura. Pour vos regards si plein de détermination. Parce que je sais que Duusu vous manquait. Parce que je voulais revoir Mayura...
» Et parce que j'ai décidé d'utiliser nos Miraculous autrement. Autrement que pour faire le mal. Mais que j'ai besoin de vous pour apprendre à faire le bien.
— Je ne sais pas plus faire que vous, répondît Mayura en posant ses yeux roses sur son interlocuteur.
— Je vous assure que si, répondît-il en lui serrant les mains. »
La porteuse du Miraculous du Paon essaya d'ignorer les palpitations de son cœur, déréglées par le contact. Elle hocha la tête, et écouta attentivement le nouvel objectif du Papillon.
************
Quelques jours plus tard.
Perchée au sommet de l'Arc de Triomphe, Mayura esquissa un sourire. Leurs premières « victimes » étaient sur la place. Mais elles se disputaient. Assez violemment, au vu des gestes expansifs des deux filles.
Rose et Juleka, deux camarades d'Adrien.
Cela faisait au moins dix jours que le Papillon et elle les espionnaient, et ils avaient acquis la certitude absolue que les deux filles étaient amoureuses l'une de l'autre, mais ne l'acceptaient pas. Alors, ils avaient décidé de les aider à ouvrir les yeux.
Les deux anciens méchants avaient pourtant conscience qu'une telle relation n'était pas évidente, et que les entourages pourraient y être réfractaires. Aussi, pour ne pas rendre les filles malheureuses, ils avaient testé leurs familles et amis, utilisant un duo de senti-êtres apparemment parfaitement semblables à des humains, mais complètement et uniquement homophobes. Leurs interactions avait purement donné envie de vomir à Mayura, qui avait failli les détruire à plusieurs reprises. Chaque fois qu'ils passaient devant un des membres de l'entourage de Rose ou de Juleka, ils étaient programmés pour échanger des propos homophobes. Les réactions avaient été explosives, l'ancien Papillon se serait régalé de ces émotions.
La manège avait dû durer cinq jours, au bout desquels Mayura avait simplement refusé de recommencer une telle horreur, lâchant qu'elle était elle-même bisexuelle, dans un moment de dégoût envers ses créatures.
Gabriel s'était fondu en excuses, murmurant qu'il ne lui aurait jamais demandé une chose pareille s'il avait su. Elle avait répondu que ce n'était rien, au moins maintenant on était sûr que la relation de Rose et Juleka serait acceptée avec bienveillance par tout le monde.
Maintenant, Mayura regardait la dispute entre les deux avec un sourire désabusé. Elle avait l'impression de se retrouver au lycée, quand Gabriel et Émilie partaient dans d'immenses disputes pour un vague détail, et qu'elle les regardait par-dessus le bord de son livre, marmonnant qu'elle avait hâte qu'ils se rendent compte que des disputes pareilles, ça n'est possible qu'entre amoureux.
Du bout des doigts, elle créa un Senti, un humain de deux mètres, en costume, à l'apparence pressé. Sa confection à distance fût un tour de force qui lui arracha quelques quintes de toux, mais quand elle y parvînt, elle poussa un soupir de soulagement.
Puis la porteuse lança sa créature vers les filles, d'un pas pressé. Il bouscula Rose, qui s'écroula au sol sous la force de l'impact.
Juleka poussa un cri, et Mayura, tout en éloignant son Senti vers un endroit discret où elle le fit disparaître, écouta attentivement la suite des événements.
« Rose ! Rose, est-ce que ça va, s'inquiéta Juleka en relevant son amie.
— Ça va, t'inquiètes, répondit la blonde d'un ton sec, sans parvenir à cacher son sourire.
— Si... Je m'inquiète... Enfin ! T'as vu le colosse que c'était ?! Je vais lui apprendre à regarder où il va, à cet idiot, je te promets !
— Ju... Calme-toi, ce n'est pas si grave... Je vais bien, tout va bien. Tu n'as pas besoin de t'énerver ainsi...
— Désolée, Rose, marmotta Juleka, désolée... Tu sais comme j'arrive à être mieux avec toi, et tu es tellement importante, Rose, tu es si importante pour moi... Je supporte pas, même nos disputes je ne supporte pas, je voudrais pouvoir te protéger, t'aider, tout le temps... Rose... Je suis amoureuse de toi... »
Mayura créa un petit pot de pop-corn au caramel et commença à en piocher quelques-uns en observant la scène comme si elle était au cinéma. Bon, le popcorn n'était pas aussi bon que du vrai, mais ça faisait l'affaire.
Elle entendit le Papillon se poser à son côté et lui voler une poignée de popcorn.
« Eh ! Ça ne se fait pas, s'exclama-t-elle d'un ton faussement outragé.
— Allons, je sais bien que tu ne m'en veux pas... Tu aimes partager, Mayura.
— C'est vrai, Papillon. Et avec toi, je partagerais bien plus que du popcorn...
— Où en est-on sur notre affaire ?
— Juleka s'est déclarée juste avant que tu arrives. Rose... J'ai l'impression qu'elle ne sait pas quoi en penser... »
Effectivement. Rose regardait Juleka avec surprise, manifestement interloquée. Mais, grâce au petit sentimonstre espion que Mayura avait créé, relié à la tablette posée devant elle, les deux porteurs de Miraculous pouvaient tout voir de sa réaction.
L'éclat d'incrédulité et de bonheur dans les prunelles bleues de la jeune fille, en plus de la surprise. Le léger tremblement de ses mains, fermées en poings pour le contenir. La manière dont elle fixait avec une forme d'envie les lèvres de son interlocutrice, attentive aux réponses aux questions qui bousculaient son esprit.
« Juleka ? C'est vrai ?
— Pourquoi est-ce que je mentirais, Rose ? Pourquoi est-ce que je te mentirais ?
— Je... C'est juste que j'ai du mal à te croire, Ju. C'est tellement difficile... De voir ça en face, et je ne m'y attendais pas, alors que je te connais si bien. Et puis... J'arrive pas à croire que ce soit vrai, parce que ça me rend tellement heureuse... Je t'aime, moi aussi, Juleka. Je suis amoureuse de toi, moi aussi... Même si j'ai eu besoin d'énormément de temps pour l'accepter...
— Alors... Si tu m'aimes comme je t'aime, tout va bien. Tu peux y croire, Rose. Et nous serons fortes ensemble, nous serons fortes.
— Oui, on va être les meilleures ! »
Rose avait à présent un sourire qui aurait pu éclairer tout le quartier, et elle serra Juleka dans ses bras avec force, transmettant toute sa joie, son bonheur, son soulagement d'être enfin au clair. En lui rendant son étreinte, Juleka transmettait sa tendresse, son amour, et lui promettait l'éternité de douceur.
Sur l'Arc, Mayura serra brièvement la main de Papillon, murmurant doucement un « mission accomplie » plein de fierté.
************
Deux jours plus tard.
Perchés sur le toit du collège, le Papillon et Mayura observaient les adolescents avec attention. En voyant Kim se faire pitoyablement descendre par Chloé, Mayura sentît son cœur se serrer. Il fallait faire comprendre au jeune sportif que la peste de service n'était vraiment pas faite pour lui, il souffrait trop de cette admiration absurde.
Et, ils le savaient à la brûlure de leurs broches, l'attitude de la blonde exaspérait tous les autres.
Alix tança Chloé avec un agacement manifeste, à quoi la fille du maire répondit avec un mépris incroyable.
« Oh, l'antiquité me fait des leçons ? Je croyais qu'elle n'était bonne qu'à repeindre les murs...
— Non mais je rêve ! Tu viens de me traiter d'antiquité ? Je te rappelle que c'est toi la plus vieille de nous deux... Oh, oui, c'est ça. Tu viens de la Préhistoire ! Ça explique pourquoi t'es incapable de faire tes devoirs seule, tu sais pas ce que c'est l'écriture !
— Bah quoi ? Je croyais que ta mère était une momie, c'est bien l'Antiquité, non ?
— Chloé, lança Adrien sur le ton de l'avertissement.
— COMMENT OSES-TU PARLER DE MA MÈRE ?!?!! Ce qu'elle faisait était infiniment plus utile pour le monde que ce que font tes deux parents réunis ! Elle est morte en expédition, dans des fouilles qui lui ont coûté la vie en Égypte, et elle vaut infiniment plus que ta mère à toi ! Espèce de sale petite... »
Alix se jeta sur Chloé, la plaquant au sol, tout son corps exprimait la colère bouillante qui la secouait. Kim s'approcha, tenta de séparer les deux filles, mais la sportive le repoussa, s'accrochant à la blonde comme un charognard s'agrippe à une carcasse.
« Mademoiselle Kubdel ! Lâchez votre camarade immédiatement, s'exclama M. Damoclès en jaillissant de son bureau.
— Chloé l'a cherché, M'sieur, décréta Kim.
— Elle a insulté sa mère, renchérît Marinette.
— Ce n'est pas une raison pour...
— Alix était juste en train de demander à Chloé d'arrêter de piétiner tout le monde, coupa Adrien, et Chloé l'a traité d'antiquité, puis elle a insulté la mère d'Alix. Sa réaction est peut-être trop forte, mais elle n'est pas illégitime. »
Les yeux du directeur s'écarquillèrent. Habituellement, Adrien Agreste écoutait attentivement, était sage et respectueux, le fait qu'il lui ait coupé la parole était surprenant.
Mais il connaissait très bien l'antipathie des troisièmes vis-à-vis de la fille Bourgeois, et, s'il la savait légitime, quelque chose lui soufflait qu'il pouvait avoir affaire à une ligue contre elle.
« Et comment puis-je être sûr que vous ne vous liguez pas simplement contre Chloé, pour couvrir votre amie ?
— Ils disent la vérité.
— PAPILLON ?!?! Qu'est-ce que vous..., s'étranglèrent presque tous les élèves.
— Attendez... S'il était là depuis le début, pourquoi il n'a pas akumatisé Alix, s'étonna Marinette.
— Monsieur Damoclès, je peux filmer s'il vous plaît, supplia Alya.
— Allez-y Mademoiselle Césaire.
— Mademoiselle Dupain-Cheng, déclara le Papillon, je n'ai pas akumatisé votre camarade parce que je n'ai plus besoin des Miraculous de Ladybug et Chat Noir. Cependant, j'apprécierais de garder les Miraculous qui sont en ma possession.
— Que faites-vous ici, demanda Alya.
— Les histoires entre les adolescents m'ont toujours intéressé, alors je profite des cours de récréation et de mes Miraculous pour observer les dramas.
— Y a pas que ça, décréta Adrien.
— Il s'est mis en tête de trouver le moyen de régler toutes les intrigues amoureuses cachées des adolescents de la capitale, répondit Mayura en s'avançant.
— Un maximum, pas toutes...
— Attendez une minute, s'exclama Rose, attendez... C'est grâce à vous ? C'était un Sentimonstre qui m'a bousculée dimanche ?
— Oui...
— Merci Madame !
— De rien, mesdemoiselles.
— Vous êtes quand même des sacrés tordus, souffla Adrien, parce que... J'imagine que le duo dont on a tous voulu casser la figure...
— C'en étaient, oui, acquiesça le Papillon, mais nous voulions être sûrs que ça ne poserait pas de problème.
— C'est sympa... Je pensais pas que les deux giga méchants de Paris pouvaient avoir des pensées aussi cools, s'étonna Nino.
— Tout ça n'a aucun sens, et c'est ridicule, complètement ridicule. Vraiment.
— Chloé, s'il te plaît... Pourquoi est-ce que tu n'arrives pas à être gentille ? Ou au moins un peu agréable ?
— C'est Chloé, Adrien, fît Nino, c'est Chloé...
— Chloé, soupira le Papillon, si tu pouvais nous épargner tes commentaires hautains, ça serait sympa.
— C'est une cause perdue, Papillon... Ça ne sert à rien. Nino a raison, c'est Chloé, elle est comme ça...
— Non mais j'y crois pas ! C'est Miss Plume Maladive qui fait des leçons ?
— Malade ou pas, je me bats mieux que toi.
— Dans tes rêves.
— Qui est sortie vainqueur de notre altercation lors de l'akumatisation de Miraculeur ? »
Chloé ne répondit pas. Ses yeux lançaient des éclairs. Elle en voulait à Mayura, lui rappeler ces humiliations... Ses poings s'étaient serrés, crispés. Tout son corps exprimait une rage bouillante, et la tristesse qui se mêlait à la colère dans ses yeux indiquait un besoin désespéré de prouver sa valeur.
Le Papillon déglutît. Il savait très bien à qui Chloé voulait montrer qu'elle valait la peine, mais il savait aussi que c'était impossible, personne n'existait pour Audrey, quoi qu'on fasse, elle vivait dans un univers différent, où il n'y avait qu'elle qui existait, il savait d'où la blessure venait mais il ne pouvait pas la laisser se répandre.
Il s'approcha de la jeune fille, et s'agenouilla devant elle, pour la forcer à le regarder dans les yeux.
Quand elle posa son regard électrique sur lui, il lui sourît, chaleureusement. D'un sourire qu'il savait qu'elle n'avait jamais reçu.
« Chloé, tu n'as pas besoin d'elle. Tu crois en avoir besoin, mais elle ne te valorisera jamais et tu te rends prisonnière d'un regard que tu n'auras pas. Tu as cherché un autre regard, mais sans te libérer du premier. Tu peux y arriver, mais tu vas avoir besoin d'aide pour délier les chaînes. N'hésite pas à demander. Demander n'est pas être faible, reconnaître ses faiblesses est courageux. Et je sais que tu as assez de courage pour le faire. Queen Bee. »
Puis il se redressa, saisît la main de Mayura, et s'élança vers les toits, sans un mot d'adieu. Haussant un sourcil, mais voyant qu'il n'y avait plus de dispute, le directeur partit vers son bureau.
La jeune fille, elle, était bouche bée. Elle regardait les deux méchants qui filaient sur les toits, tentant de comprendre ce qui venait de se passer. Elle n'avait jamais vu ça. Jamais été comprise comme ça. Toute colère, toute animosité, toute rage avait fondu. Restait seulement un vide immense, une tristesse infinie, et ses yeux de glace devinrent les torrents de printemps, laissant couler les larmes. Il savait, il savait ce qu'elle voulait, et il reconnaissait que c'était impossible, que ça ne serait jamais possible, que malgré tout, elle resterait un fantôme sans nom.
L'illusion brisée, Chloé s'effondrait.
Marinette s'approcha, sortant un mouchoir de sa poche, elle le tendit à l'éplorée.
« Chloé ? Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il t'a dit pour que tu t'effondres comme ça ?
— Il... Je voudrais juste avoir une maman, pourquoi c'est trop demander ? Pourquoi j'y ai pas droit ?
— Je ne sais pas, Chloé... Viens. »
Marinette prit la main de son ancienne ennemie et la serra maladroitement.
« Peut-être que tu n'as pas de Maman, mais... Peut-être qu'il n'a pas tort, tu nous l'a montré quand tu étais Queen Bee, tu peux être meilleure. Alors, si tu n'as pas de famille... Je veux bien qu'on essaie de t'en créer une, nous. Tu... J'ai pas envie que tu restes comme ça. Tu devrais pouvoir être heureuse comme les autres, si je peux aider, je vais le faire.
— Marinette, t'es un ange, murmura Chloé entre deux sanglots, s'accrochant à sa camarade comme à une bouée, un ange, et tu veux m'aider après tout ce que je t'ai fait, je ne sais pas qui est Ladybug, mais si j'avais à choisir, ce serait toi, tu es plus digne que n'importe qui...
— C'est elle qui m'a appris à pardonner, Chloé, je n'aurais pas su être qui je suis maintenant... Si elle n'avait pas été là. Mais merci.
— Ah, et au fait... Kim, Alix... Je suis désolée pour toutes les méchancetés que j'ai pu vous dire. Alix... Je me rappelle, quand j'étais petite, Audrey n'arrêtait pas de parler de ta mère, et à quel point les découvertes qu'elle faisait était intéressantes. C'était la première fois que je l'entendais parler de quelqu'un d'autre qu'elle-même. Et moi, j'étais là à l'écouter. Et je n'existais pas, bien sûr. J'étais juste jalouse, jalouse d'une inconnue...
— Avec ça, tu dois avoir plus de souvenirs d'elle que moi ! J'avais cinq ans quand... Ça a été fini. Et, comme elle était tout le temps en expédition, je n'ai vraiment que très peu de moments avec Mam. Mais va, j't'en veux pas, Chloé.
— Merci... Et, Kim, s'il te plaît, arrête, mais arrête de croire que tu es amoureux de moi. S'il te plaît. Ça a aucun sens. Je t'ai assez blessé, non ? Tu mérites mieux, et tu as mieux, je t'assure. »
Tout le monde regarda Chloé avec des yeux ronds comme des soucoupes, surtout Alix. Le Papillon devait vraiment être un magicien pour réussir à lui faire dire de telles phrases.
La rousse sortit sa montre de sa poche, et en claqua nerveusement le couvercle. C'était un tic qu'elle avait quand quelque chose d'embarrassant lui arrivait ou lui traversait l'esprit.
Kim, quant à lui, dévisageait Chloé comme si un troisième œil lui était poussé au milieu du front. Avoir mieux ? Peut-être. Mériter mieux, certainement pas. Il n'était qu'un coq crâneur, fier et dérangeant, qui agaçait tout le monde avec ses paris et ses défis.
« Non, Chloé. Je ne pense pas. J'agace tout le monde, moins que toi, mais j'agace tout le monde.
— Les autres, ouais. Pas moi. J'sais bien que ça peut paraître absurde, mais tu sais bien que j'aime rien plus que tes défis idiots, Kim. Sauf peut-être leur lanceur. »
Un silence surpris s'étendît sur le groupe d'amis. La déclaration d'Alix s'était faite avec un naturel déconcertant, au milieu de la pluie d'évènements qui les arrosait depuis une quinzaine de minutes.
Le sportif regarda sa concurrente de chaque instant, perplexe et étrangement heureux de ces mots qui résonnaient dans leur silence.
Il s'approcha, et lui tendit la main comme quand il lui lançait un défi sportif.
« Vrai, Alix ?
— Juré, répondit-elle en lui tapant dans la paume avec le poing, j'suis amoureuse de mon clown de concurrent, alias Monsieur Kim Chien-Lê.
— Je... Alix ? Je crois que c'est réciproque...
— Bah parfait alors. »
Au manoir Agreste, Gabriel et Nathalie échangèrent un sourire en voyant l'étreinte des deux sur l'écran de contrôle du Senti-espion, et déclarèrent ensemble « Mission accomplie ! »
************
Une semaine plus tard.
Par une étrange forme de mimétisme, tous les couples que le Papillon et Mayura avait prévu de former s'étaient réalisés. Sauf l'Adrienette bien sûr.
Assise dans son lit, observant une énième tentative de Marinette pour se déclarer, Nathalie soupira.
Non mais on n'y arrivera jamais... La potentialité qu'Adrien ouvre les yeux est négative... Et je ne suis pas convaincue que Marinette arrive un jour à quoi que ce soit. Elle est pire que moi.
Gabriel entra dans la chambre à cet instant. Il s'assit sur le lit, comme il en avait pris l'habitude, et se tourna vers son amie, ses yeux demandant si elle avait une idée. Elle secoua la tête, l'air triste.
« Non, je n'ai aucune idée. Je ne sais pas. Plus je regarde, plus je me dis que c'est désespéré. À moins de dire directement à Adrien qu'elle est amoureuse de lui, je ne vois pas comment on pourrait faire.
— Même ça, soupira-t-il en lui prenant la main, je ne pense pas qu'il nous croirait.
— C'est le risque, répondît-elle en retirant ses doigts, mais je suis vraiment en panne. »
Il hocha la tête, se perdant un moment dans ses yeux d'azur clair, traversés de nuages de préoccupation. Elle avait reculé, s'était éloignée, refermée. Au début, elle acceptait le contact pourtant...
« Pourquoi je ne peux jamais t'effleurer ?
— Je ne peux pas vous laisser approcher, répondit-elle d'une voix faible et distante, je ne peux pas.
— Nathalie... Ça fait mal, tu sais ? De te voir refuser que l'on en sorte.
— Comment est-ce que ça pourrait vous blesser, s'étonna-t-elle, vous...
— Mets-la et regarde. »
Elle haussa un sourcil, étonnée. Est-ce qu'il venait de lui demander de lire ses sentiments ?
Par respect, elle n'avait jamais osé. Et elle s'agrippait à refuser l'espoir pour ne pas faire face à une désillusion. Mais, dans sa tête, se bousculaient les gestes, les sourires, les attentions qui lui suggéraient qu'elle avait peut-être tort.
Et ce tutoiement, ce tutoiement qui réclamait plus de proximité, qui revenait sans cesse depuis trois semaines. Qu'elle rejetait durement, mais qui s'accrochait dans les lèvres de Gabriel.
Elle plongea la main dans sa poche, accrocha la broche sur son vêtement. Et fut prise d'un malaise devant le déluge d'émotions qui s'emparait d'elle, venant de Gabriel.
« Gabriel... Gabriel, ce n'est pas vrai... Vous ne pouvez pas..., souffla-t-elle, tentant d'ignorer les palpitations de son cœur.
— Je te jure que c'est la vérité, Nathalie. Je t'aime... Mais je me doute bien que ce ne sera sans doute jamais réciproque. Je t'ai fait trop de mal. »
Il se releva, s'éloigna, partant vers la porte.
Nathalie écarquilla les yeux. Même si elle n'y croyait pas, elle ne pouvait pas laisser passer sa chance, elle ne pouvait pas, elle sentait son cœur proche d'exploser, elle se leva pour le retenir...
S'effondra dans une quinte de toux d'une violence inédite.
Elle sentait ses sentiments pulser dans son crâne, lui donnant la migraine, son cœur qui battait trop vite, bien trop vite.
« Nathalie !! »
Il s'était précipité, l'avait rattrapée avant qu'elle ne tombe, il la serrait dans ses bras, contre lui, il entendait les battements erratiques du cœur de son amour, il voyait les nuages de vertige dans ses yeux ciel, il l'assît sur le lit, caressant son visage, lui parlant doucement, l'appelant tendrement.
Au bout d'un infini moment, elle revint à elle, ses paupières cessèrent de papillonner, son regard s'ancra dans celui de Gabriel.
« Oh, idiot, siffla-t-elle, ne dis pas des bêtises pareilles. Je t'aime, mais j'ai terriblement peur de ce sentiment, tant il m'a abîmée. Je t'aime... À mourir, s'il fallait ma mort pour que tu sois heureux. Ça n'a rien couté.
— Vis, s'il te plaît, c'est tout ce dont j'ai besoin, murmura-t-il, c'est tout ce que je veux maintenant.
— Pour toi, je vais vivre, n'en doute pas...
— Est-ce que... Je peux t'embrasser ?
— Bien sûr... »
Il se pencha sur elle, unît leurs lèvres avec tendresse, réunissant et réparant leurs âmes brisées, les rendant au bonheur de vivre tout simplement.
************
Quatre jours plus tard.
Assise devant la Tour Eiffel, sur les marches du Musée de l'Homme, Marinette dessinait des croquis, étonnée d'avoir autant d'inspiration. Mais elle savait à quoi c'était dû. En l'espace de trois semaines, tous ses amis avaient réussi à se déclarer, tous les couples sous-jacents du collège étaient réels... Sauf le sien. Elle commençait à croire que le destin n'était pas d'accord avec son cœur.
Elle regarda les duos de silhouettes et de tenues sur son croquis, qui représentaient chacun un couple.
Le couple de Rose et Juleka, qui ne l'avait pas plus étonnée que ça, elle s'y attendait.
Celui de Kim et Alix, les deux sportifs concurrents enfin réconciliés et qui sonnaient soudain comme une évidence.
Celui de Marc et Nathaniel, et celui-là coulait tellement de source pour la bleutée qu'elle avait seulement été surprise que ça n'ait pas été concret plus tôt.
Mais il y en avait deux où elle avait vraiment été déconcertée. Vraiment. Zoé et Aurore, notamment, elle ne s'y attendait vraiment pas. Et Max, en couple depuis quatre jours avec Mireille, alors que Marinette l'avait longtemps cru amoureux de Sabrina, mais celle-ci restait solitaire. Enfin, Max et Mireille, ça avait l'air d'un château de cartes en équilibre.
Elle secoua la tête, chassant la question. Pas la peine d'y penser. La seule idée que les autres étaient en couple lui faisait mal, ça ne servait à rien d'y réfléchir.
Elle regarda les deux silhouettes qu'elle avait, étrangement peut-être, le mieux travaillées. Luka et Kagami, reconnaissables l'un à sa guitare accrochée dans son dos, l'autre à son épée, pointée en avant. Quand ils s'étaient mis ensemble, les réactions avaient été échelonnées sur tout le spectre de la surprise, et des vœux de durabilité avaient été procurés en masse.
« Tikki, j'en peux plus... Comment je peux faire ? J'y arrive pas ! Quand j'essaye par lettre, y a immanquablement un pépin, quand c'est un cadeau, ça tourne mal deux fois sur trois... Le téléphone, j'ai essayé et pitoyablement échoué ! Et en face, c'est même pas envisageable, j'y arriverai jamais, même lui dire bonjour est un exploit. Mais je peux pas rester comme ça... J'en suis à espérer que le Papillon m'apporte de l'aide, tu te rends compte ?!
— Je me rends compte, oui, murmura Tikki, et je ne sais pas quoi faire... Peut-être que Plagg pourrait t'aider, et encore c'est pas sûr.
— Pourquoi Plagg ?
— Ça ressemble à un mauvais jeu de mots, mais Plagg drague. Les kwamis ne tombent pas amoureux, mais lui il drague. Donc... Je sais pas, il pourrait donner des conseils.
— Moui. Ça me parait encore plus bancal que tout ce qu'Alya a pu imaginer.
— Ou tu peux aller demander au Papillon. Ça peut apporter un éclairage différent, plaisanta le kwami.
— C'est ça, ouais... »
Le Papillon, détransformé, assis dans le lit de son amoureuse et les yeux rivés sur l'écran de surveillance, hocha silencieusement la tête.
« Je ne sais pas si je peux apporter un nouvel éclairage, Tikki, mais je sais à quel point la tâche est ardue. Et je t'assure qu'on a réfléchi !
— Ça, pour réfléchir ! Ça fait littéralement une semaine que nous sommes dessus, s'exclama Nathalie avec un sourire, mais... Adrien est un cas. Pire que son père, je crois, taquina-t-elle.
— Dame Nathalie, laissez-moi utiliser mon pouvoir seul, s'exclama Duusu, je peux y arriver !
— Non, Duusu. Un kwami qui utilise son pouvoir sans porteur, ça a toujours des conséquences graves.
— C'est même pas vrai !
— Duusu, tu en as traumatisé combien, dans ton élan de pacifisme de 1916 ?
— Ça aurait marché !
— Ça... Disons qu'il n'y a plus eu de batailles interminablement inutiles, comme Verdun et la Somme. Mais des dizaines de soldats ont été frappés de folie sur place, traumatisés par une vague de peur. Et la Russie a implosé sous la colère. Les émotions sont trop dangereuses !
— Alors fais-le, toi ! Tu en as autant le pouvoir !
— Mmm... Une minute. Avant de réakumatiser la famille Dupain-Cheng le six janvier, je ne pensais pas que la création pouvait avoir une conséquence négative. Tikki m'a prouvé le contraire. Je me doutais que les Émotions devaient avoir des conséquences sacrément corsées, mais je ne m'attendais pas à ça. On a vu les conséquences du pouvoir de Seconde Chance, même si je ne sais pas ce qui en a déclenché l'utilisation. Différents moments historiques se superposent.
— Comment sais-tu que c'était la Seconde Chance, Gabriel, s'étonna Nathalie.
— Nooroo me l'a dit, répondit-il en lui serrant la main tendrement, il a dit que ça ne pouvait pas être le Lapin...
— Ça aurait vraiment piqué si ça avait été Fluff, s'exclama Duusu, elle ne fait pas que superposer les différentes couches existantes, elle ajoute toutes les époques. Y compris les futurs possibles. Et les erreurs évolutives aussi. La plupart des chimères sont des créatures possibles mais non-viables qui ont disparu et ont été ressuscitées momentanément par Fluff...D'accord, ça dérape quand je le fais... Mais elle c'est pire.
— D'accord. Mais... Ça donne quoi, une catastrophe de transmission ?
— La dernière fois que Nooroo a essayé, Hermès a été déboussolé pendant quinze jours.
— C'était pas la dernière fois, j'ai eu l'étrange idée de le faire au milieu de la Guerre de Cent Ans. Mais, en fait, c'est juste que le courrier est sacrément retardé. Et je suppose qu'Internet n'appréciera pas la manœuvre.
— Tu vas avoir l'effet d'une tempête solaire, mon vieux, rît Duusu, tous les serveurs vont sauter !
— Ça sera toujours mieux que de provoquer des révolutions.
— Est-ce que tu pourrais aller la voir ? Et lui proposer d'utiliser ton pouvoir ?
— Oui, Maître. »
Nooroo fila donc vers le Trocadéro, le plus discrètement possible. Il se faufila dans le champ de vision de Marinette, la faisant sursauter.
Elle le dévisagea un moment, avant de s'exclamer dans un murmure :
« Tu... Tu es le kwami du Papillon ?
— Oui, je m'appelle Nooroo. Mon maître m'a envoyé, pour vous proposer que j'utilise mon pouvoir...
— Mais... Est-ce que... Enfin, c'est sensé provoquer des catastrophes, non ?
» Non, attends, tu m'expliqueras à la maison, ça sera plus discret, déclara-t-elle en ouvrant sa sacoche. »
Le kwami s'y faufila, salua Tikki d'un mouvement de tête.
Marinette se releva, ramassa sa trousse, replia son carnet de dessin, et se dirigea vers la bouche de métro la plus proche, n'ayant pas envie de rentrer par les toits et étant définitivement trop loin de chez elle pour rentrer rapidement à pied.
Alors qu'elle montait dans la rame, elle se remit à réfléchir. Elle voulait trouver une solution pour son problème, sans faire appel à la magie de Nooroo, elle jugeait cela trop dangereux.
Mais elle était bien obligée de reconnaître qu'en deux ans d'essais continus, avec des plans pour le moins variés et tous plus réfléchis les uns que les autres, elle n'était jamais arrivée nulle part.
Poussant la porte de la boulangerie, elle salua rapidement ses parents, puis grimpa dans sa chambre, déposa ses affaires sur la table, s'assît sur sa chaise avec un soupir, et ouvrit sa sacoche.
Tikki en sortit comme un boulet de canon, et s'exclama assez fort pour que tous les kwamis entendent :
« Nooroo est avec nous !!
— Pardon, s'étrangla Kaalki en s'extirpant de la boîte à couture.
— Comment ça, s'exclamèrent Xuppu et Fluff en jaillissant d'une armoire.
— Vraiment ? Voilà qui est fort intéressssant, siffla Sass en sortant calmement d'un tiroir. »
Ziggy, Orikko, Daizzi et Roarr jaillirent de sous le sofa en piaillant d'excitation, assourdissant momentanément la gardienne par leur vacarme.
Stompp et Mullo sortirent de sous la coiffeuse, et le kwami du buffle ordonna aux quatre surexcités de se calmer.
Longg et Pollen descendirent d'une poutre, remerciant Stompp de son intervention.
Wayzz s'approcha de Marinette et lui demanda calmement si c'était vrai.
La jeune fille hocha la tête, faisant signe à Nooroo de sortir de sa sacoche.
Aussitôt qu'il apparut, un concert d'exclamations retentît.
Barkk, descendant de la mezzanine où il était perché, demanda dans un grommellement si Marinette avait le Miraculous.
« Euh, non, mais...
— C'est parfaitement irresponsable ! Maintenant, le Papillon va savoir qui est Ladybug, il va en profiter et...
— Barkk, s'exclamèrent tous les autres à l'exception de Nooroo, on t'a déjà dit qu'il a renoncé ! Il ne le fera pas !
— Vous êtes une bande de naïfs qui...
— Barkk, calme-toi. Ça fait une bonne semaine que maître Gabriel sait que Marinette est Ladybug, s'il voulait en profiter, crois-moi il l'aurait déjà fait.
— Tu peux prononcer son nom ?
— Gabriel... Agreste ?
— Oui, je peux, et oui, Gabriel Agreste.
— Nooroo, tu es venu me voir en me proposant d'utiliser ton pouvoir pour régler mon problème...
— C'est une mauvaise idée, fit Barkk.
— Duusu voulait le faire lui-même. C'est mieux si c'est moi qui le fait, non ?
— Tout pour que Duusu n'utilise pas son pouvoir !!! Je serais même d'accord pour que Pollen le paralyse !! Avec lui, ça tourne irrémédiablement à la catastrophe avec des dizaines de morts grand minimum, s'exclama le kwami du chien.
— C'est dramatique à ce point, s'étonna Marinette.
— La révolution russe c'est sa faute... Donc, oui, répondit Tikki.
— Mais pourquoi... ?
— Disons qu'une fois que Maître Gabriel a réalisé qu'il était amoureux de Nathalie, il s'est intéressé à ta relation avec son fils. Qui est un... Blop.
— Quoi ?
— Désolé, j'avais oublié que la seule contrainte qui pèse encore sur moi consiste à ne pas dire de mal d'Adrien ou Nathalie. Nathalie, y a aucun problème, cette femme est une personne géniale et la seule sensée de ce manoir. Un jour, faudra que je trouve un kwami de la patience... Et encore, j'ai pas à supporter Adrien vingt-quatre heures sur vingt-quatre !
— C'est si compliqué que ça, s'étonna Xuppu.
— Vous avez le résultat, Marinette en burn-out un quart du temps. « Quoi ? Mais non, Marinette n'est pas amoureuse de moi, elle s'intéresse seulement à la mode ! » « Moi, amoureux de Marinette ? Mais j'aime Ladybug enfin ! ». Et si jamais on essayait de lui dire que ça revient au même, ça finirait sans doute en « Marinette, Ladybug ? Impossible, elles sont trop différentes ! » et, sa phrase préférée... « Marinette est juste une amie. » Mais bien sûr, et la jalousie envers Luka, c'est pour décorer !
— Calme-toi, Nooroo, calme-toi, demanda Mullo, ça va aller.
— Euh, attendez... Même si on arrivait à lui faire comprendre que je l'aime... Ça finirait comme avec Luka, murmura Marinette d'un ton triste.
— Ne t'inquiètes pas, Ladybug, dît Nooroo, je te promets que ça ne te posera pas de problème.
— Ça aurait quoi comme conséquences si tu utilises ton pouvoir ?
— Des retards de courrier, quelques malentendus. Et Duusu a dit que ça mettrait probablement Internet sans dessus dessous.
— Bon... Ça n'a pas l'air trop grave. On peut essayer. Mais il faut éviter de planter la Silicon Valley. Donc essayer de faire ça vers trois heures du matin là-bas, donc... Midi ici. Et minuit au niveau de la ligne de changement de date. Ça va être casse-pieds pour les Européens, quoi. Et l'Amérique du Sud, aussi. Il est quelle heure ?
— Onze heures quarante-cinq, répondit Fluff.
— Parfait. Nooroo, va expliquer le plan à M. Agreste et son assistante, et reviens après. On applique le plan ensuite. D'accord tout le monde ?
— D'accord ! »
************
Un quart d'heure plus tard.
Nooroo était revenu, suivi par un Duusu surexcité à l'idée de ce qui allait se passer.
Tous les kwamis, sauf Tikki, Nooroo et Duusu, s'étaient réfugiés dans la Miracle Box, craignant un dérapage quelconque de l'utilisation d'un pouvoir.
Tikki supplia Nooroo de garder son calme, de ne pas dire n'importe quoi, de ne pas révéler l'identité de son porteur, pour éviter qu'Adrien ne devienne fou, de seulement faire comprendre au blond les sentiments de Marinette, et lui faire accepter le fait qu'ils étaient réciproques.
Le kwami du Papillon hocha la tête, déclarant qu'il saurait garder son calme.
Marinette alla s'asseoir sur son divan, et regarda Nooroo se concentrer, faisant apparaître une sphère de lumière violette entre ses bras, la sphère enfla jusqu'à faire la taille du kwami. Le visage d'Adrien, manifestement surpris, apparu.
« Adrien Agreste, je suis Nooroo, le kwami du Papillon. Mon maître m'a demandé de te parler de l'une de tes camarades, une certaine Marinette...
— Oui, je... C'est vraiment une fille extraordinaire, un vrai ange. Je l'apprécie énormément, vraiment. C'est... Je crois que je suis amoureux d'elle, finalement. Mais j'ai peur de tout gâcher si je lui dis, j'ai peur qu'elle ne veuille plus être mon amie, qu'elle m'en veuille... Et son amitié est la chose la plus précieuse que j'ai. Je ne veux pas la perdre.
— Ne t'inquiètes pas, Adrien. D'après les émotions que je perçois, ça ne gâchera rien. Je ne crois pas que tu puisses la perdre de cette manière.
— Merci, Nooroo. Je lui dirai. J'espère... J'espère que tu as raison. Tu remercieras ton porteur de l'attention...
— Ce n'est rien. »
La sphère disparut, interrompant la communication.
Nooroo se tourna vers Marinette, fier d'avoir accompli sa mission. Il croisa un regard noyé de larmes, brillant de joie, qui exprimait tout le bonheur, le soulagement, la gratitude, qu'il était possible de ressentir en même temps. La jeune fille était lessivée par le bonheur d'avoir entendu Adrien déclarer qu'il l'aimait, que ses années de désarroi, d'essais, d'amour perdu, avaient finalement leur récompense.
Adrien l'aimait.
C'était comme si on venait de la soulager de tous ses problèmes, que tous les fardeaux ne pesaient plus rien.
Adrien l'aimait.
Cette certitude brillait comme une étoile dans son cœur endolori, guérissant toutes les égratignures.
Adrien l'aimait.
Nooroo sourît simplement en voyant l'air béat derrière les larmes. Il se blottît contre les doigts de Marinette, lui indiquant qu'il était heureux pour elle, puis, avec Duusu, il repartit vers le manoir.
Il déclara à son porteur qu'Adrien avait enfin abandonné le déni. Nathalie rît de la déclaration de la petite créature, pointant la tablette du doigt, déclarant qu'ils avaient vus.
************
Le lendemain.
Adrien, seul dans le parc de la place des Vosges, regardait les grilles avec un mélange de peur et d'impatience. Il avait demandé à Marinette de le rejoindre après son shooting, décidant de ne pas traîner plus.
Sa discussion télépathique avec Nooroo lui avait donné le courage pour avouer ses vrais sentiments à sa camarade. Cela faisait trop longtemps qu'il se cachait derrière son vieux crush pour Ladybug.
En la voyant arriver, il sentît son cœur accélérer follement, ses joues se teinter de rouge. Il s'avança vers elle, et la salua maladroitement. Elle répondit d'un bafouillage adorable, qui le fit sourire, et il lui proposa d'aller manger une glace.
Marinette rougit violemment à la proposition, mais accepta avec joie.
Après quelques mètres, Adrien se tourna vers son amie, s'arrêtant au milieu du trottoir.
« Adrien ? Se que sappe-t-il, euh que se passe-t-il ?
— Je voulais te dire quelque chose, Marinette. Je voudrais que cette glace... Nous ne la partagions pas seulement comme des amis. Je voudrais... En fait... Je me suis rendu compte que... Je t'aime, Marinette, bien plus que comme une amie, mais j'avais peur de ruiner notre amitié en te l'avouant, et c'est bizarre mais maintenant... je n'ai plus peur du tout.
— Je... Adrien... Non, tu ne ruines pas notre amitié...
— Pourquoi tu pleures, Maricœur, demanda-t-il en chassant une larme du bout des doigts.
— Ce sont des larmes de bonheur, Adrien, murmura-t-elle en se blottissant contre lui, ça fait tellement longtemps que je t'aime, que je suis amoureuse de toi et que je n'arrive pas à le dire, que je n'arrive pas à parler... Je suis heureuse, tellement heureuse. »
Adrien sourît, rendant tendrement son étreinte à Marinette, laissant le bonheur illuminer sincèrement son visage.
Au bout d'une minute de pur bonheur dans leur étreinte de calme et d'amour, dans leur bulle d'harmonie, ils s'éloignèrent d'un pas, leurs regards plongés l'un dans l'autre, et, d'un accord silencieux, ils se retrouvèrent, unissant leurs lèvres dans un baiser de bonheur, de paix, de conciliation, de simple union après trop de temps à se diviser en deux.
En se séparant à nouveau, ils savaient que plus rien ne serait comme avant. Le monde était soudain plus coloré, plus beau, plus harmonieux, plus vivant, et leurs cœurs battaient ensemble.
Sur un toit non loin de là, le Papillon et Mayura observaient la scène avec un sourire partagé. Quand les deux jeunes se séparèrent, ils échangèrent un baiser papillon, léger comme une plume, comme la caresse du vent de printemps, et, ensemble, déclarèrent :
« Mission accomplie ! »
************
6802 Mots.
Ok, j'ai explosé le record. Le record, c'était 6055, détenu par "Ré-unions". Je devrais peut-être écouter ma soeur quand elle dit que trop, c'est trop.
Je précise que l'idée vient de @SachaBlanc1 qui m'a dit "et pourquoi pas faire l'inverse ?", en expliquant que y a souvent tout le monde qui s'y met pour mettre Nathalie et Gabriel en couple, ça serait fun de voir l'inverse.
J'espère que t'es pas déçue du résultat...
Non, plus sérieusement, ça m'a complètement échappé. Enfin... La partie de Papyura, je maitrisais encore. Quand il a fallu passer à l'Adrienette, par contre, ça a littéralement dégénéré.
Mais c'est quoi ces histoires sur l'utilisation indépendante ? D'où je mets la révolution russe sur le dos de Duusu ?
Si quelqu'un se demande le temps que ça m'a pris d'écrire ce bazar... J'ai commencé y a environ une semaine, j'avais terminé la partie Papyura lundi. Et après, c'est l'Adrienette, et... J'ai passé 3h36 sur l'appli Notes mercredi. Voilà.
J'ai toujours pas compris ce que j'ai écrit... Ou comment j'ai eu les idées... C'est n'importe quoi...
Bref, vous en avez pensé quoi ? C'était bien ? (à part que c'est trooop long ?)
Dites-moi tout !
Bises,
Jeanne.
(20/01/2022, 00h51)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top