Je vais vous sauver
Hi ! Juste... J'ai recommencé avec les idées suicidaires, même si elles sont moins explicites que d'habitude, Nathalie était à deux doigts de la tentative donc je préviens...
Bonne lecture à ceux qui restent, commentez bien !
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Sur le toit du manoir.
« Na... Madame, que faites-vous ici, s'étonna Chat Noir, tentant de retenir son inquiétude. »
Il venait de finir une patrouille avec Ladybug, et avait décidé de rentrer au plus vite, bien qu'il ait un rendez-vous avec Marinette, quelques minutes après, en civil, et il aurait été plus rapide d'y aller directement. Cependant, il avait besoin de faire un détour par la maison, il avait un mauvais pressentiment. Qui s'expliquait à présent.
« Je contemple le monde. »
Elle avait laissé s'écouler un certain temps avant de répondre, peut-être cinq secondes, peut-être cinq minutes, mais cela avait paru une éternité à l'adolescent.
« Il y a des endroits plus sécurisé pour ça.
— Tu t'inquiètes pour moi, Chat Noir ?
— Je suis le héros, je m'inquiète pour chaque habitant. Même Monarque, que j'ai cataclysmé. Et ce n'est pas étrange, ce n'est pas un effort, au début, ça l'était mais... Chaque habitant est comme ma famille, même Monarque et Mayura, quelque part, j'ai compris qu'ils doivent avoir des raisons de faire ça...
— C'est un point de vue extrêmement mature. Tes parents doivent être fiers de toi, même si tu ne peux pas leur dire que tu es Chat Noir.
— Mon père est dur à satisfaire, et à atteindre... Je ne lui ai jamais transmis ce que je pense, maintenant. Ma mère l'est, je n'en doute pas.
— J'espère que vous pourrez communiquer facilement avec votre père, un jour...
— Pendant un moment, j'y ai cru. Avant de voir l'illusion faner sous mes yeux. Mais ce n'est pas... Ce n'est pas le plus important. Vous n'avez pas répondu à ma question. Pourquoi venir contempler à un endroit aussi dangereux, alors qu'il y a de nombreux monuments d'où voir la ville ?
— Je ne peux pas vraiment aller loin...
— Votre patron vous retient prisonnière ?
— Ma santé plutôt que mon patron...
— Hum.
» Comment êtes-vous montée ici ?
— Je ne sais plus vraiment...
— Vous avez été akumatisée ?
— Non. Je n'étais pas très bien, alors.... J'ai dû chercher un passage, le trouver et arriver ici... Comme j'étais très troublée... je n'ai pas retenu.
— Voulez-vous que je vous aide à descendre ?
— Non, ça ira, merci.
— Est-ce que vous... Sur une échelle de un à dix, comment allez-vous, mentalement ?
— Cela doit faire des années que je n'ai pas durablement dépassé le six.
— Et maintenant ?
— Deux, deux et demi, mais vous n'y pouvez rien.
— Je ne partirai pas sans vous avoir chat-crément remonté le moral !
— Ce n'est pas votre responsabilité, répondit-elle calmement en se mordant la lèvre pour dissimuler un sourire amusé.
— Toutes les distances langagières que vous instaurerez ne me feront pas changer d'avis.
— Vos parents vont s'inquiéter.
— Non.
— S'il vous plaît... Laissez-moi seule.
— Je ne voudrais pas que vous tombiez.
— Et qui me regretterait ?
— Votre patron, déjà, j'imagine. Et son fils, aussi. Il n'y a aucun doute là-dessus.
— Si Gabriel se souciait de moi, il agirait différemment. Quant à Adrien.... Oui sans doute, il me regretterai quelques temps, mais... Il est fort, il a ses amis, son amoureuse. Il n'a pas besoin de moi.
— Il a déjà perdu sa mère, vous perdre vous aussi lui ferait sans doute extrêmement mal, répondit Chat Noir, doucement, tentant de retenir les larmes, de ne pas laisser sa voix se briser.
» Pourquoi voudriez-vous sauter ?
— J'ai... J'ai oublié comment ma mère faisait pour... Je n'aime plus la vie.
— Et vous croyez qu'elle ne vous aime pas ?
— Elle est dure avec moi. Ne vous souciez pas de moi. S'il vous plaît.
— À une condition.
—... Laquelle, interrogea Nathalie avec un soupir.
— Je reviendrai ici dans une semaine. Je veux vous y retrouver, et avec un meilleur moral, si possible.
— Défi accepté... »
Chat Noir sourît. Il ne pouvait nier sa peur, son inquiétude, mais... Elle avait accepté. S'il pouvait la maintenir en vie, par morceaux, s'il pouvait lui gagner quelques semaines, peut-être réussirait-il à corriger la situation.
Après s'être dé-transformé quelques rues plus loin, il envoya un message à Marinette, lui expliquant qu'il avait discuté avec Nathalie, qu'elle n'allait vraiment pas bien, il serait sans doute en retard à leur rendez-vous, parce qu'il devait absolument en discuter avec son père. Une minute après, il souriait à sa réponse émue.
Bien sûr Adrien ! Je sais qu'elle est très importante pour toi, fais tout ce que tu juges nécessaire ! Je t'attends 😘
Et surtout, n'oublie pas : je suis Kagami 😇
Le blond secoua la tête au deuxième message. L'escrimeuse avait remarqué très rapidement l'envie manifeste des deux parents que leurs « diamants » soient ensemble. Mais, connaissant l'amour de ses amis, elle avait décidé de les aider. Ainsi, chaque fois qu'ils avaient un rendez-vous, Adrien pouvait prétendre rejoindre Kagami, et Gabriel donnait son accord. Au début, il avait culpabilisé de ce mensonge, mais le bonheur avait vite dissipé les scrupules.
Aussi, il se précipita au bureau, et toqua à la porte.
« Entrez.
» Adrien ? Qu'y a-t-il ?
— Je... J'ai parlé avec Nathalie, et elle n'était vraiment pas bien... Vous comptez beaucoup pour elle, et... Je voulais m'assurer que... que vous ne la laisseriez pas aller mal. S'il vous plaît, faites attention à elle.
— Je te le promet, Adrien. Ne t'inquiètes pas, sourît l'adulte, tout en posant la main sur son bras sous l'effet d'un pic de douleur.
— Père ? Vous allez bien ?
— Oui, ne t'inquiètes pas. Je me suis blessé l'autre jour, mais tout va bien... Et merci de m'avoir informé pour Nathalie.
— De rien. »
Adrien salua son père, puis sortît pour rejoindre Marinette, perturbé par ce geste, cette pression sur l'avant-bras, la crispation des doigts, qui, contre sa volonté, lui renvoyait des flashbacks, les différents malaises violents que Gabriel avait attribués à la fatigue, ses grimaces retenues, l'angoisse de Nathalie à chaque fois, « Ladybug, est-ce que tu penses que le cataclysme pourrait agir comme un cancer ? », sans comprendre d'où venait cette question, son geste si similaire quand Miraculeur lui en avait infligé un dans les côtes, le poing recroquevillé comme s'il voulait s'accrocher sur la blessure.
Des pièces de puzzle qui flottaient devant ses yeux, sans pouvoir s'assembler par la force du déni, qu'il refusait d'assembler car le tableau était une vision d'horreur.
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Cinq jours plus tard, vers vingt heures.
Ladybug évita de justesse un coup de canne lancé par Monarque, s'agrippant à son bras et arrachant deux Alliances au passage. Elle refusait de croire ce que cette transformation suggérait depuis des semaines, mais à présent elle pourrait être fixée. Et surtout, deux, c'était déjà une immense victoire, aussi elle sauta sur un toit voisin et courût à l'autre bout avant de les ranger dans son yo-yo.
De son côté, Chat Noir s'était engagé dans un combat d'escrime, tout en lançant des remarques plus ou moins acides, mais il semblait doser ses coups, esquiver soigneusement le bras qu'il avait cataclysmé, comme si son but était plus d'épuiser l'adversaire qu'autre chose.
« Oh, et au fait, comment va Mayura, cher Monarque, cela fait longtemps que nous ne l'avons pas vue !
— Elle... Je... Physiquement, ça s'améliore... Même si certains jours sont pires... Mentalement... J'essaie. Mais pourquoi t'inquiètes-tu pour elle ?
— Comme ça, j'y pensais. Tiens, peux-tu parer chat ?
— Ce jeu de mots était mauvais, rétorqua Monarque en parant facilement.
— Je dirais plutôt cataclysmique, rétorqua l'adolescent en lui assénant un coup à l'épaule.
» S'il vous plaît, faites attention à vous, je ne veux pas vous blesser encore. Je ne veux pas vous tuer... »
Monarque écarquilla les yeux, figé de surprise, maintenant simplement sa garde contre les attaques, sans répliquer. Que le héros ne veuille pas le tuer, il comprenait. Mais ce qui lui échappait totalement, c'était cette inquiétude, cette supplique de faire attention, de ne pas prendre de risque. Le choc qui se répandait dans son esprit le poussant à poser un acte presque absurde.
« Sass, viens ici.
» Je renonce à toi, déclara l'adulte en ôtant la bague ornée du serpent, prends l'Alliance, Chat Noir. Je pense qu'elle peut fonctionner comme un Miraculous. Et tu ne me tues pas, je te le promets. C'est moi qui m'inflige cela, et moi seul. J'ai utilisé ton pouvoir, mais c'est ma décision.
— Je ne peux pas passer ma vie à vous sauver, ce n'est pas... S'il vous plaît.
— Pourquoi t'inquiètes-tu pour nous ?
— J'ai perdu ma mère, il y a longtemps, répondit le héros, le regard soudain dans le vide, et... Si vous avez de la famille, je refuse qu'ils perdent quelqu'un ainsi. C'est une expérience trop douloureuse.
— Tu es extrêmement noble, Chat Noir. Même si je ne suis personne pour dire ça, je suis fier de toi. Et je suis sûr qu'elle est fière de toi, là où elle est.
— J'espère.
— Daizzi, viens ici. Je renonce à toi. Kaalki, viens ici. Je renonce à toi. Wayzz, viens ici. Je renonce à toi. Trixx, viens ici. Je renonce à toi. Mullo, viens ici. Je renonce à toi. Prends-les.
— Merci. Merci, Monarque, pour ce sacrifice-là. Je sais que vous ne renoncerez pas à Tikki et Plagg, mais merci de nous avoir rendu autant.
— Tu dois te remercier toi-même. Et ton inquiétude. Ladybug a récupéré Xuppu et Orikko. Je vais rentrer, si tu le permets.
— Bien sûr... S'il vous plaît. Si vous voulez parler ou quoi que ce soit... Je serai tous les soirs sur l'Arc de Triomphe jusqu'à onze heures.
— Merci. »
Ils se séparèrent, et Ladybug se précipita vers son partenaire, manifestement profondément perturbée par ce qu'elle avait vu de loin.
« Chat ?! Est-ce que tu vas bien ? Tu as été blessé ? Est-ce que...
— Je vais bien. Physiquement, il ne m'a pas effleuré. Psychologiquement... Je vais avoir besoin d'un peu de temps pour me remettre du fait que Monarque m'ait dit être fier de moi simplement parce que je ne veux pas qu'il meure, par respect pour sa famille et simplement parce qu'il est un humain... Et aussi... Tiens.
— Tant que ça ?! Comment tu as fait ?!?!
— Il me les a rendues, tu n'as pas vu ?
— J'ai cru que j'hallucinais...
— Non, Ladybug, tu n'as pas rêvé, je te le promets, s'exclama Daizzi dans un pépiement, il a vraiment renoncé à nous !
— J'ai du mal à y croire... Pourquoi a-t-il réagi ainsi ?!
— Il tient bien plus à Mayura qu'il ne veut le croire. Et il ne s'attendait pas à ce que je lui dise que je ne veux pas qu'il meure, aussi, le choc a été violent... Suffisamment violent pour ébranler son obsession une minute, la minute qu'il fallait pour qu'il les retire.
— Chaton ? Tu as l'air préoccupé.
— Ça va aller. Ce n'est pas ta faute. Et... C'est lié à mon identité.
— Tu es sûr ?
— Oui. Je gère, Ladybug, ne t'inquiètes pas.
— Booon... Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas à demander !
— Bien sûr. Je ne te laisserai pas de côté, je sais comme ça fait mal. Promis. Mais ça, je dois le gérer seul. Et... Je dois accepter que leur identité est profondément liée à qui je suis. Je vais y arriver, je te le promets. Mais... Je risque d'avoir besoin de soutien émotionnel.
— Autant que tu veux, Chaton, s'exclama l'héroïne en le prenant dans ses bras, autan que tu as besoin. Je serai là.
— Merci... Merci beaucoup, souffla le héros, je vais y aller...
— De rien. Au revoir. »
Ladybug regarda son partenaire s'éloigner, le cœur serré. La situation était manifestement horriblement complexe pour l'adolescent et elle savait qu'elle ne pouvait malheureusement pas y faire grand-chose. Alors elle secoua la tête et rentra chez elle avec les kwamis récupérés, trop perturbée pour même essayer de comprendre le fonctionnement des bagues.
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Au même moment, au manoir.
Gabriel sortît de son repaire en essayant encore d'enregistrer ce qui s'était passé pendant le combat, l'inquiétude et la pitié de Chat Noir, les regrets du héros qui lui avaient brûlé la poitrine suffisamment fort pour le pousser à renoncer à six pouvoirs, volontairement, libérant intégralement sa main droite. Oui, la plupart du temps, il ne regardait même pas les émotions négatives qu'il percevait. Mais, si elles étaient réellement puissantes, ou extrêmement proches, le Miraculous du Papillon ne lui laissait pas le choix, il devait connaître le détail.
Et le détail des émotions de Chat Noir lui avait fait extrêmement mal. Il y avait tant d'obscurité dans cet adolescent, mais aussi une volonté de se battre, de ramener la lumière, de ne pas laisser la peur et la douleur gagner. Une combativité extraordinaire qui avait forcé l'obscurité de Monarque à s'incliner, à reculer de quelques pas.
« Monsieur ? Vous allez bien ?
— Je suis sorti.
— Monsieur...
— Je sais. Ce... Je ne sais même pas pourquoi j'ai voulu sortir.
— Comment ça s'est passé ?
— Stratégiquement, très mal. Psychologiquement... Je crois que je devais faire ça...
— Que voulez-vous dire ?
— Je tends à ignorer la nature exacte des émotions qui me parviennent. Je me contente de savoir qu'il y a une émotion négative et un vague contexte. Mais plus le Miraculous est proche de quelqu'un, plus la lecture des émotions de cette personne est précise, et forte. J'ai bloqué la lecture de vos émotions très rapidement pour cette raison, d'ailleurs. Enfin...
» Tout à l'heure, Chat Noir et moi nous sommes engagés dans un combat d'escrime, une position où il est absolument impossible d'ignorer quoi que ce soit. Et je recevais tellement d'informations que tout a été ébranlé... Puis, la manière dont il me parlait aussi m'a secoué, il... Il était inquiet pour moi, véritablement, et il aurait voulu me sauver... Je... Je lui ai donné l'Alliance du Serpent, et on a continué à se battre en discutant, et j'ai abandonné celles du Cochon, du Cheval, de la Tortue, du Renard et de la Souris... Et Ladybug m'avait arraché le Coq et le Singe... Et... Je ne sais pas, c'est comme si... Comme si j'avais soudainement l'espace de respirer, de créer mon univers. Pas tout à fait encore, mais... Je peux être, un peu. Et surtout, j'ai compris qu'avant j'étais en prison... La prison s'est élargie, mais ses ténèbres... restent comme une demeure, une habitude, et je... Je crois que je ne veux pas la quitter. Ça n'a aucun sens, excusez-moi pour ce désordre... »
Gabriel se redressa brutalement, les yeux fixés droit devant lui, comme si le chapitre était clos par cette simple phrase. Comme si il pouvait retourner à son obscurité confortable, lui le papillon de nuit pour qui la lumière était si inhabituelle.
Mais Nathalie savait qu'il avait besoin d'en parler, d'expliquer, qu'il n'avait pas tout dit, que ses ailes froissées avaient besoin de son aide pour se redresser.
« Si, ça a du sens. Vous ne devriez pas rester dans votre obscurité, ce n'est pas bon, déclara-elle doucement.
— Je suis un papillon de nuit, Nathalie. C'est la lumière qui est dangereuse pour moi...
— La lumière n'est pas dangereuse, répondit la brune avec un léger sourire, mais vous avez peur, car elle vous obligerait à regarder qui vous êtes, ce que vous faites, et ce que vous ressentez. Accepter de chasser l'obscurité vous forcerait à vous connaître, et c'est quelque chose que vous n'avez jamais su faire, vous avez toujours été dans la réaction seulement. Je vous aiderai à retrouver une orientation, vous ne serez pas perdu dans le désert en sortant de votre prison des cauchemars, je vous le promets.
— Merci pour votre sagesse, Nathalie, et pour votre présence... Je crois que vous êtes mon seul point d'ancrage...
— Tant mieux si je peux vous aider... Vous trouverez de meilleures ancres, j'en suis sûre, mais je vous retiendrai tant que je pourrai.
— Je ne sais pas s'il peut y avoir une meilleure ancre que la personne ayant assisté à chaque pas de ma descente vers l'enfer.
— Si vous saviez comme je suis fragile, vous ne diriez pas cela.
— J'en ai une vague idée, mais je ne peux pas savoir à quel point vous ne vous faites pas confiance... Nathalie, pourquoi Chat Noir s'inquiétait-il pour Mayura ?
— Comment cela ?
— Il m'a demandé comment vous alliez, comment Mayura allait. Et il était vraiment préoccupé. Il posait la question pour me déconcentrer du combat, mais il tenait à la réponse.
— Je... Je lui ai parlé samedi après-midi, mais... Je n'ai rien dit qui aurait pu nous trahir pourtant, je... Il doit avoir compris, d'une manière ou d'une autre, je suis désolée...
— Ce n'est pas votre faute, répondit-il calmement, vous ne pouvez pas contrôler l'intelligence de cet adolescent. Mais comment ça, vous lui avez parlé ?
— Je... Je ne sais pas si je peux dire à haute voix...
— S'il vous plaît. Je ne vous jugerai pas, murmura-t-il en s'approchant et en recalant la mèche de sa partenaire derrière son oreille, je vous le promets.
— Je ne veux pas vous inquiéter, rétorqua-t-elle en se dérobant et en reculant de plusieurs pas.
— Trop tard, lâcha Gabriel laconiquement, je m'inquiète pour vous depuis longtemps. Depuis le jour des héros. Pas de manière permanente, mais... Le peu de lumière que j'ai eu était tourné vers vous. Au point où nous en sommes, vous pouvez bien me le dire.
— Je... Je ne peux pas. Je ne peux pas expliquer pourquoi j'ai été obligée de traiter Chat Noir comme un ami, et pas en ennemi. Je ne peux pas vous le dire... À d'autres peut-être, mais pas à Monarque.
— Vous avez peur de moi ?
— ... C'est... C'est plus compliqué que ça, soupira-t-elle, vraiment plus. J'ai peur de déclencher une inquiétude que vous ne sauriez pas gérer, j'ai peur que cette inquiétude ne vous enferme à nouveau dans l'obscurité, que vous ne disparaissiez encore dans vos peurs.
— Vous pouvez me parler. Je vous le promets de maîtriser cette obscurité.
— Je veux vous croire, lâcha-t-elle dans un souffle à peine audible, mais je ne sais pas si vous en êtes capable.
— J'essaierai, pour toi.
— Gabriel... Ne le faites pas. Ne me tutoyez pas. Je n'ai pas ce droit, ou mes illusions vont remonter en hauteur, avant de retourner s'écraser treize mètres trente plus bas. »
Gabriel se figea, les yeux écarquillés, sentant son cœur s'arrêter une seconde avant de repartir à toute vitesse sous l'effet d'une décharge d'adrénaline. Une mesure si précise avait forcément un sens, et il avait immédiatement reconnu la hauteur exacte du manoir. Bouleversé par le choc qui se répandait dans chaque cellule de son corps, il ne pût laisser échapper qu'une seule exclamation, interrogative, perdue, simple réaction au séisme déclenché en lui :
« Nathalie ?!
— Qu'y a-t-il ?
— Je... Je suis désolé. J'ai bien conscience que pour vous pousser à regarder le monde ainsi, je dois avoir une part de responsabilité... Si... Je m'inquièterai toujours. Mais je sais que ce n'est pas d'inquiétude dont vous avez besoin, alors... J'essaierai de retrouver la lumière.
— Tout va bien.
— Manifestement non...
— Je vous l'ai déjà dit. Je ne parlerai pas à Monarque, et aux dernières nouvelles, vous êtes Monarque. Je ne dirai rien. »
Il déglutît, puis hocha la tête. Il ne pouvait pas lui forcer la main, vraiment pas, ce n'était pas correct, et surtout, il avait besoin de comprendre le tsunami d'émotion qui s'était déclenché en lui avant de pouvoir répondre, aussi il murmura qu'il comprenait et partît s'enfermer dans son atelier secret, terrifié par tout ce qu'il ressentait.
L'inquiétude, poignante, la déchirure dune lame de froid lui traversant le corps de part en part.
La culpabilité, profonde, engloutissant son esprit, une pression sur sa tête l'enfonçant dans une obscurité glacée extrêmement désagréable.
La douleur, brûlante, répandant des éclats de vivacité et de regrets au rythme de l'idée lancinante qui tournait en boucle dans son esprit.
Ma folie la pousse à se tuer, je la tue, je la tue...
En répétant les mots, le styliste réunît assez de douleur pour se battre, pour lutter, la souffrance avait toujours été son moteur, ce qui lui permettait de réagir, de trouver un but, une direction, et les moyens d'y arriver.
L'objectif de cette douleur-là n'était plus de fuir, de s'échapper, d'ignorer. Cette fois, il devait faire face, accepter les faits, trouver ses armes. Tuer le monstre, se libérer, marcher à la lumière, même s'il ne savait pas qui il était sans ombre, que la lumière l'éblouissait douloureusement et lui donnait le vertige. Il devait y aller.
« Stompp, viens ici. Je renonce à toi. Longg, viens ici. Je renonce à toi. Ziggy, viens ici. Je renonce à toi. Pollen, viens ici. Je renonce à toi. Barkk, viens ici. Je renonce à toi. Roarr, viens ici. Je renonce à toi. Retournez à Ladybug. Dites-lui que je ne peux plus garder cette obscurité en moi, elle blesse bien trop, et le seul moyen de lutter est de vous libérer. Adieu. »
Il regarda les petites créatures repartir en portant les bagues qui leur avaient été rendues, luttant contre l'impression de vide oppressante qui tombait sur lui. Jamais il n'avait réalisé à quel point cette quête du pouvoir avait pris de la place dans son esprit, et il restait à présent un immense espace, un temps infini à remplir de nouvelles pensées, de nouveaux objectifs, de nouvelles manières d'être.
Et surtout, dans ces deux années de folie, Gabriel avait oublié la force de ses émotions et tout se mêlait à présent, le laissant à bout de souffle, à bout de cœur, et il ne comprenait pas d'où venait ces torrents.
« Nooroo, souffla-t-il laborieusement, pourquoi cela me bouleverse-t-il autant ?
— Vous le savez.
— Je sais que c'est la culpabilité qui me serre ainsi. Et que c'est la douleur qui m'a permis de renoncer, de libérer les kwamis. Mais malgré ça... Je ne comprends pas pourquoi cette douleur brûle autant.
— Vous refusez l'explication mais vous la connaissez.
— Vraiment ?
— Oui.
— Pourrais-tu me donner un indice ?
— Pourquoi avez-vous réagi en renonçant, alors que quand il s'agissait de vous sauver, vous plongiez encore plus ?
— Parce qu'elle le hait. Elle déteste le Papillon. Et je ne peux pas lui imposer une présence qu'elle abhorre, parce qu'elle va extrêmement mal, si mal qu'elle serait morte si Chat Noir n'était pas arrivé... Je ne veux plus... Je... Je voudrais pouvoir la sauver. Je voudrais pouvoir la rendre heureuse alors... Je dois tuer les parts de moi qui lui font mal.
— Pourquoi est-ce que ça compte autant ?
— Elle a dit que je devais trouver en moi la force d'avancer dans la lumière qui s'est révélée quand j'ai rendu les Alliances à Chat Noir. Mais je n'ai pas de force en moi, si ce n'est la sienne. Je ne suis pas fort. Toute ma vie, je n'ai fait que tricher, persuader ceux autour de moi de me faire confiance, trouver des voies alternatives pour arriver là où je voulais aller, sans jamais confronter directement l'obstacle. Même le Papillon se dérobe, en akumatisant et en profitant des émotions des autres. Les seules fois où je suis sorti en tant que Papillon, c'est parce qu'elle était là pour me donner sa force, son assurance. Et quand je suis ressorti en Monarque, que ce soit le jour où Bunnix s'est échappé, quand je me suis condamné au cataclysme ou tout à l'heure... Monarque a trop perdu la tête pour se soucier de son absence de force réelle.
» Je ne peux pas la perdre, je refuse de voir Nathalie disparaître, parce que je sais que si quelqu'un peut faire de moi autre chose qu'un débris, c'est elle, parce que j'ai viscéralement, déraisonnablement besoin d'elle, parce que je ne saurais pas être sans sa présence, après la mort d'Émilie, je pouvais encore être le Papillon, je pouvais encore tenir debout, parce que si le Soleil avait disparu, il restait les étoiles et la Lune pour me guider dans la nuit, et Nathalie saurait m'apprendre à faire un feu. Je suis un morceau de papier froissé, Émilie a essayé de me remettre en bon état, mais Nathalie voit les fissures et les plis, elle les accepte et... Elle saurait faire un origami absolument magnifique. Et j'aimerais voir ce qu'elle peut créer.
» Seulement, pour cela, il faut que je lui montre que je ne veux plus rester seulement froissé, perdu dans la nuit noire. Il faut que j'amène les allumettes pour qu'elle rallume le feu de vie... Avec elle, j'ai appris que rien ne se fait seul. Et pour ne pas rester seul, je dois... Je dois apprendre à accepter d'avoir besoin d'elle. Je dois accepter de l'aimer, après tout ce temps où j'ai refusé. Et je l'aime, mais je ne voulais pas le voir. C'est pour ça que l'entendre admettre qu'elle... qu'elle veut mourir, m'a ébranlé suffisamment pour détruire les murs de ma prison mentale. La prison que j'ai créée en cherchant le pouvoir.
» Nooroo... Merci de m'avoir aidé à l'admettre, à le mettre en mots, sourît le styliste en se redressant vers son kwami, je te libère de toutes les contraintes que j'ai posées sur toi. Tu es libre, Nooroo. Je...
— Non. Je reste avec vous, Gabriel. Quoi qu'il arrive. Je suis votre kwami. Et je veux être votre ami. Je vous guiderai, si vous en avez besoin. Mais vous avez déjà fait une bonne partie du chemin ! »
Gabriel sourît, saisissant la petite créature entre ses mains et la posant contre son cœur. Il réalisait seulement maintenant qu'il n'avait pas fait que libérer les kwamis, en renonçant.
Il avait libéré la ville, qui marchait sur des œufs depuis deux ans et demi, qui souffrait de sa douleur et de son déni.
Il avait libéré Ladybug et Chat Noir, qui pouvaient enfin respirer sans la pression qu'il leur avait imposée, sans les faux-semblants dans lesquels ils devaient se noyer.
Il avait libéré Nooroo, prisonnier de sa propre terreur et de ses contraintes, n'osant pas dire un mot de ce qui le déchirait.
Il avait libéré Nathalie, enfermée dans les désirs contradictoires qu'il devinait malgré lui.
Il avait libéré Adrien, qui n'aurait plus à jouer toujours le rôle demandé, que la lumière revenue montrait enfin comme quelqu'un de libre et plus un sombre pantin.
Il s'était libéré lui-même, sortant enfin des mensonges et des leurres, de la douleur où il agonisait auparavant.
Et, son kwami serré sur son cœur, il voyait enfin une sortie, une échappatoire à la malédiction, une paix possible.
« Je crois que je dois parler à Chat Noir... Nooroo, transforme-moi. »
Une seconde après, le Papillon se tenait dans l'atelier. Mais, au lieu d'être violet sombre comme auparavant, son costume tendait à présent vers le rose, un violet clair lumineux, dans lequel l'éclairage se reflétait en un jaillissement de couleurs, dégradant toutes les teintes de violet et de bleu, mais sans frôler le noir. Son casque était devenu un masque léger d'un violet pourpre, soulignant son regard d'acier. Il ne se cachait plus qu'à peine, faisant enfin face. Il sortît de l'atelier, puis se dirigea à son observatoire, d'où il sauta sur un toit voisin, se dirigeant calmement vers l'Arc de Triomphe, curieux et anxieux, se demandant quelle serait leur conversation.
Et quand il arriva, il eût la surprise de voir le héros courir vers lui et le saluer avec un grand sourire.
« Bonsoir, Papillon ! Comment allez-vous ?
— Je suis encore un peu sous le choc de tout ce qu'il s'est passé, mais... Je suis enfin sorti de ma chrysalide de ténèbres. Je vais mieux. Et toi ?
— Je suis un peu... Perdu, parce que... Je ne m'attendais pas à ce que vous renonciez entièrement aussi vite... Mais votre costume ne ment pas. Et j'avais peur de ce qu'il pourrait arriver, mais non... Que s'est-il passé ?
— Eh bien..., hésita l'adulte en s'asseyant contre la barrière, c'est compliqué. Mais je te dois une explication, car c'est grâce à toi... Je ne sais pas vraiment comment expliquer l'effet que la quête du pouvoir a eu sur moi, mais je vais essayer. Au début... Au début, je faisais ça pour ressusciter ma femme, et je voulais seulement récupérer vos Miraculous pour la ramener. Mais plus le temps passait, plus je sentais que renoncer serait difficile, quelque part. J'ai essayé après la première akumatisation de Style Queen, parce que ça avait mis mon fils en danger, mais... Le vide était trop puissant, je croyais que c'était seulement l'absence d'Émilie, ça ne faisait pas si longtemps, mais avec le recul, je sais que j'avais déjà développé une forme d'addiction. Puis Mayura... Nathalie s'est mise en danger, seulement pour m'aider, pour me voir sourire, et à ce moment-là, j'étais à nouveau stable, à peu près. Mais mon inquiétude pour sa santé m'a poussé à commettre une erreur. Réparer le Paon. Et le prendre moi-même. De là... J'ai commencé à véritablement m'oublier, petit à petit, à laisser mon cœur s'endurcir de plus en plus... Et les ténèbres tombaient sur mon esprit, j'en faisais ma demeure, je voulais le pouvoir, et toujours plus de pouvoir, j'ai tout perdu après seulement quelques utilisations de Monarque... »
Chat Noir s'assît à côté de l'adulte, et lui prît la main, doucement. Le Papillon pouvait parler, il était en sécurité avec le héros qui écoutait simplement, qui s'était préparé depuis des jours à être confronté à la réalité de l'identité de son adversaire. Il manifestait simplement son attention pour ne pas se laisser dominer par ses émotions.
« Et ensuite ? Que s'est-il passé tout à l'heure ?
— Plus j'enlevais des Alliances, plus je dissipais une partie de l'obscurité... Ladybug m'en a arrachées deux, laissant mon esprit redevenir vulnérable. Puis tu m'as demandé des nouvelles de Mayura, en combattant, tu t'es inquiété pour moi... La lumière s'est engouffrée dans la brèche, en m'aveuglant, en me faisant renoncer. Puis, je suis rentré, j'ai demandé à Nathalie pourquoi tu t'inquiétais pour elle, pour Mayura, et... Quand elle a admis, à demi-mots, qu'elle avait voulu se tuer et que tu l'en avais empêchée... Je ne voulais pas continuer à la tuer, mais je refusais de voir pourquoi, et... J'ai renoncé aux pouvoirs qu'il me restait, pour ne pas lui imposer Monarque alors qu'elle le déteste... J'ai discuté avec Nooroo, et... J'ai retrouvé la force d'accepter la lumière, de me tourner vers la rédemption. Je... Je tenais à te remercier. Tu m'as sauvé, Chat Noir.
— C'est rien, Papa. C'était le minimum.
— Adrien ?!?!
— Entre le désespoir de Nathalie, tes malaises et ta douleur au bras... Même s'il m'a fallu du temps pour effacer mon déni, j'ai fini par comprendre. Cette semaine, chaque geste déclenchait des flashbacks de combats. Alors, j'ai accepté. C'est pour ça que j'ai demandé des nouvelles de Mayura. Pour vérifier. Et tu l'as confirmé...
— Je suis désolé pour tout le mal que je t'ai fait, murmura l'adulte en passant un bras autour des épaules de l'adolescent, se blottissant dans sa présence réconfortante, je suis désolé...
— Ce n'est rien. Ça m'a permis de me découvrir. »
Blottis l'un contre l'autre, regardant le ciel où les étoiles brillaient faiblement, les deux Agreste s'ouvrirent enfin leurs cœurs, réparant les blessures des combats, se confiant leurs vérités, leurs espoirs, leurs cauchemars. Laissant le temps goutter paisiblement, finalement.
************
Deux jours plus tard, fin d'après-midi, sur le toit du manoir.
« Bonjour Chat Noir.
— Bonjour Madame, comment allez-vous, demanda le héros en s'asseyant en tailleur à côté d'elle.
— Mieux, merci... Gabriel m'a dit que tu savais...
— En effet. Vous a-t-il révélé mon identité ?
— Tu la lui a donnée ?!
— Oui. C'était nécessaire. Notamment pour expliquer comment j'avais compris, répondit le héros en s'asseyant près de Nathalie.
— Et comment avez-vous compris ?
— Après avoir parlé avec vous, il y a une semaine, je... J'ai été le voir. Sans mon masque. Et je lui ai demandé de prendre soin de vous. Il me l'a promis. Puis... Je l'ai vu toucher le bras que j'avais cataclysmé et... Je ne sais pas. Tout s'est additionné naturellement. Même si je luttais, je ne voulais pas y croire, mais je m'y suis rendu jeudi soir... Il a dû vous dire que j'avais demandé comment vous alliez...
— Oui. Ça l'a beaucoup troublé, d'ailleurs. Ça, et que tu t'inquiètes pour lui.
— Je n'aurais jamais voulu que quelqu'un meure par ma faute, ça me dévorait. Je me serais inquiété pour n'importe qui, mais... Comment aurais-je pu ne pas mourir d'inquiétude pour mon père ? C'était dur, et je crois qu'il l'a senti, la torture de vivre avec cette révélation, la colère, le regret, le rejet... Je ne savais pas quoi faire et je crois... Je crois que je cherchais seulement à partager mon choc. Et, à ma grande surprise, ça a marché au-delà de ce que je pensais. Est-ce que... Nathalie, est-ce qu'il vous a dit pourquoi il a renoncé ?
— Non. Pas vraiment. Enfin, quand il est rentré jeudi, après le combat, nous avons discuté un peu, et... D'abord, il était encore aux prises avec le pouvoir. Il disait qu'il s'était enfermé dans une prison de ténèbres, mais qu'elle était devenue confortable avec le temps, que la lumière que vous aviez ramené en lui ôtant les Alliances lui faisait peur. Puis, il m'a demandé pourquoi tu demandais de mes nouvelles, et je... J'ai avoué à demi-mots que j'aurais voulu mourir, mais que tu m'en avais empêchée. Il a été extrêmement choqué, cela s'est vu. Il s'est enfermé dans l'atelier, pendant un long moment, et quand il est ressorti... Il n'avait plus les Alliances. Il était transformé. Il m'a dit qu'il devait te parler, et... Je ne l'ai pas vraiment revu depuis. Il te l'a dit ?
— Secret contre secret, sourît l'adolescent, oui, il l'a dit. Il ne voulait pas vous imposer Monarque, il ne pouvait pas continuer à vous tuer.
— Il a renoncé pour moi ?!
— C'est ce qu'il a dit.
— Pourquoi ferait-il ça ? Je n'ai pas cette force.
— Vous devriez arrêter de vous sous-estimer. Et vous comptez énormément pour lui, n'en doutez pas. Comment avez-vous admis ?
— Il a voulu me tutoyer. J'ai refusé. En lui disant que, par ce tutoiement, il faisait remonter mes illusions, et qu'elles retourneraient vite s'écraser treize mètres trente plus bas. C'est la hauteur du manoir. Il a compris.
— Mam, pourquoi ne veux-tu pas croire que tu es la raison pour laquelle il a pu revenir ?
— Adrien, chéri, soupira-t-elle en prenant le héros dans ses bras, je ne peux pas, parce que je suis retombée à terre trop de fois, et que chaque fois, la chute est plus violente. Je n'en peux plus de tomber. Je peux être ta mère, tu l'acceptes, mais lui, il ne me verra jamais, jamais ainsi. Je ne peux pas remplacer Émilie, je ne serai jamais que Mayura. Il peut deviner mes attentes, mais jamais il ne pourra y répondre. Je le sais, je reste distante le plus que je peux pour ne pas brûler mes ailes, j'ai vu son combat. Je l'ai vu perdre la tête en essayant de ramener Émilie.
— Et pourtant, Papa a renoncé au pouvoir, à la folie, à la quête, et à Émilie, pour que tu puisses vivre. Pour te rendre la vie moins insupportable. Pour toi. Il a renoncé à tout pour toi.
— Je ne mourrai pas. Je vais rester, parce que je te l'ai promis. Mais je sais que je ne vivrai jamais pleinement.
— Où est-il ?
— Je te dis, je ne l'ai pas vu depuis jeudi soir. Il a dû s'enfermer dans son atelier en rentrant après t'avoir vu, il n'en sort jamais tant qu'il n'est pas arrivé au bout de son idée.
— Il crée quelque chose ? À la main ? Pour qui, à ton avis ?
— Je ne sais pas. Même les tenues des différents Bal des Diamants, il ne les coud pas lui-même, il les conçoit mais il ne les fabrique pas. La seule personne pour qui il a fait ça, c'est Émilie. Et, aux dernières nouvelles, le monde n'a pas été détruit, donc...
— J'ai raison.
— Impossible.
— On voit ça tout à l'heure au dîner ?
— Si tu veux. »
L'adolescent se redressa, un sourire taquin aux lèvres, et raccompagna sa mère de cœur jusqu'à la trappe qui redescendait dans le manoir. Il se sentait mieux, maintenant. Il savait que la situation se réparerait, maintenant, qu'il avait réussi, en suivant son inquiétude et son cœur, il avait réussi à les sauver, à détruire les prisons dans lesquelles ils s'enfermaient l'un et l'autre. Et lui pourrait à nouveau respirer, briser le linceul de contraintes qui l'avait étouffé.
************
Quelques minutes plus tard, dans le bureau.
Nathalie était redescendue dans la salle de travail, son cœur battant contre ses tempes à l'idée que Chat Noir puisse avoir raison. Elle ne voulait pas y croire, elle ne voulait pas retomber encore, mais elle ne pouvait s'empêcher d'espérer, malgré elle. Ce cycle l'épuisait. Et, debout seule dans la pièce, tapotant frénétiquement sur sa tablette, elle essayait désespérément de s'en sortir quand elle entendit la porte de l'atelier grincer.
« Nathalie ? Comment allez-vous ?
— Assez bien, merci, répondit-elle avec un léger sourire, et vous ?
» Gabriel, s'exclama-t-elle d'un ton de reproche en relevant les yeux, vous n'avez pas dormi !
— Si, quelques heures. Ce n'est pas un problème, je dormirai cette nuit. Enfin, j'essaierai.
— Et qu'est-ce qui pourrait vous en empêcher ?
— Entendre que je suis impardonnable. Je le suis, je le sais bien. Mais... Je sais aussi que, s'il y a une personne au monde qui puisse comprendre et... au moins me laisser l'espoir d'un pardon, c'est toi. Je... Je t'ai fait un mal incommensurable, je le sais, et je sais que je t'ai poussée au-delà des limites, que je t'ai jetée sur la limite... Mais... Jeudi, tu me l'as dit en face, et... Il y a quelque chose qui s'est brisé en moi. Très simplement. Je ne pouvais pas continuer... Je ne veux pas te tuer. Ou te pousser à te tuer. Je ne serai jamais assez pour pouvoir te rendre heureuse, mais je ferai tout ce que je peux pour que tu n'haïsses pas la vie. Je... Je tiens trop à toi pour continuer. Je sais comme tu détestes Monarque, alors... J'ai essayé de le faire disparaître. Pour toi. Je n'aurais jamais renoncé de moi-même, mais pour toi c'était naturel. C'était la seule chose à faire. Je... Tu m'avais dit de faire confiance à la lumière, de ne pas avoir peur d'elle. Mais en réalité, je n'ai pas de lumière en moi. Je n'ai jamais appris à en créer, j'ai toujours dépendu des autres pour trouver une direction et savoir où je vais. Pourtant, avec toi, j'ai l'impression que je saurai enfin apprendre, que je pourrai recréer la lumière, et enfin cesser de voler la vie des autres comme un vampire. Je sais que je t'ai tuée, déjà, mais je t'aime, je t'aime et je le sais enfin. Et, pour cet amour, je veux essayer d'être moi. J'ai... Pour cela, j'ai besoin de toi. Seulement si tu acceptes, bien sûr. »
Nathalie se figea, le regard rivé sur la porte de l'atelier, au-delà de l'épaule de Gabriel, les yeux traversés d'un ouragan d'émotions, son cœur battant de manière si désordonnée qu'il semblait manquer un battement sur deux avant de tripler le suivant. Sa respiration se fit saccadée, les larmes brouillant sa vue, son corps tremblant tout entier. Dans son esprit, les pensées avaient explosé, ne laissant plus que des bribes de phrases, des fragments d'images, des débris de cohérence, la noyant dans la terreur, l'angoisse serrant son palpitant, elle avait refusé d'espérer, elle avait bloqué tous les gestes, tous les mots qu'il lançait vers elle, elle avait opprimé toutes ses réponses, tous ses instincts, tous ses espoirs, pour ne pas les voir échouer et s'écraser, mais maintenant, maintenant ce n'était plus des rêves, c'était réel, d'une vérité écrasante et elle s'y perdait, elle ne tenait plus, elle sentait ses jambes se dérober, mais aussitôt les bras de Gabriel l'entourèrent, comme une armure protectrice dans laquelle elle pouvait s'abandonner.
Il ne disait plus rien, il se contentait d'être présent, de l'entourer, de la retenir comme une bouée, essuyant délicatement les larmes qui coulaient le long de son visage, elle percevait son sourire apaisant aussi clairement que si elle le voyait, et, après quelques minutes d'enfer, elle réussît enfin à s'éloigner d'un pas, à relever la tête.
« Est-ce que ça va, murmura Gabriel d'une voix douce.
— Ou... Oui. Maintenant oui, répondit la brune avec un sourire, maintenant je sais... C'est grâce à toi. Ça va. Je crois... Il m'aurait fallu beaucoup plus de temps pour me reprendre si tu n'avais pas été là, si tu ne m'avais pas prise dans tes bras. Ta présence... c'est la seule chose à laquelle je peux me raccrocher. Que tu sois là, à me serrer, ça veut dire que tout est réel... Et j'ai tellement de mal à y croire, après ces années où j'ai refusé tout espoir... Il y a juste eu un surplus d'émotions en moi, entre l'incrédulité, le doute, le bonheur, l'incompréhension...
» Mais tout va bien, maintenant, murmura-t-elle en se blottissant contre lui, tout va bien, puisque je t'aime et que tu acceptes d'y répondre, tout va bien... Je t'aime. »
Gabriel referma ses bras autour d'elle, doucement, respirant intensément le parfum de paix qui émanait finalement d'eux. Ce n'était pas fini, il restait à lui montrer tout ce qu'elle lui permettait de ressentir, il restait à remercier Adrien, à dessiner ensemble les contours de la paix durable, mais pour l'instant, ils s'asseyaient simplement ensemble contre la porte et respiraient leur bonheur, leur réunion, leur soulagement commun.
Au bout de quelques minutes, le styliste se releva, tendant la main à son amour pour l'aider à faire de même, murmurant qu'il avait quelque chose à lui montrer. La brune sourît, et le suivît dans l'atelier, curieuse. Elle savait l'attention qu'il mettait dans ses créations, et elle ne pouvait s'empêcher d'être excitée à l'idée qu'il ait vraiment fait quelque chose pour elle. Et quand elle le vît décrocher une longue robe d'une tringle, elle sentît immédiatement que c'était un chef d'œuvre, malgré l'obscurité de l'atelier. Il la lui laissa entre les mains et lui glissa d'aller l'essayer. Elle hocha la tête, et se réfugia dans sa chambre pour respirer et admirer la tenue avant de l'enfiler.
Une part d'elle ne parvenait toujours pas à y croire et paniquait devant la texture de rêve des événements, tandis qu'une autre partie voulait simplement y croire, fermer les yeux et arrêter de réfléchir, arrêter de penser trop pour une fois. Et, en étalant le tissu sur son lit pour l'observer, Nathalie décida de laisser la deuxième commander. Elle était fatiguée de ne pas croire, et son émotion devant la beauté de la tenue était la seule chose qu'elle voulait percevoir.
La robe était d'un rouge lumineux, qui semblait se répandre en gouttes et en flammes dans la découpe du jupon, le même rouge que celui de ses pulls, elle le reconnût immédiatement et ne pût s'empêcher de sourire à ce détail. Au centre du corset et se poursuivant sur le jupon, une traînée d'obscurité se déployait, les deux couleurs s'entremêlant suivant un tracé irrégulier, comme si elles se battaient pour occuper l'espace, projetant des tâches autour de la limite, de minuscules points rouges dans le noir, des éclats foncés sur l'écarlate. Nathalie n'arrivait pas à comprendre comment Gabriel s'était débrouillé, mais il semblait que le rouge se refermait sur le noir, l'emprisonnait et le contenait, impression encore renforcée par les roses en tissu rouge tendre qui encadraient et dissimulaient la zone noire sur le haut de la tenue. C'était des roses très simples, à peine en relief, mais qui donnait une épaisseur protectrice à la robe apparemment légère. Effleurant les pétales, la brune laissait flotter un sourire sur ses lèvres, un souvenir tournant dans son esprit comme un diamant.
« Gabriel ? Est-ce que tu penses que tu pourrais faire une tenue avec des roses ?
— Ce serait compliqué... Il faudrait trouver un moyen que les fleurs soient en relief mais sans trop de volume qui dépasse... Et aussi les couleurs... Il faut trouver un moyen que ça ne jure pas... Peut-être si le fond est d'un rouge très soutenu, très intense, et les fleurs un peu plus claires, tirant sur le rose... Et il faudrait une autre couleur, aussi, vraiment différente... »
Il l'avait fait. Pour elle. Et ça rendait merveilleusement bien, malgré les doutes qu'il pourrait émettre, puisqu'il n'était jamais sûr de ses résultats.
Elle se changea, glissant ses mains dans les longues manches rosées qui terminaient en pointes pâles recouvrant ses mains, tourbillonna dans la pièce un instant, remarquant seulement alors les éclats lumineux incrustés dans le tissu, qui reflétaient la lumière, l'habillant d'un éclat doré. Dans cet éclairage si spécial, Nathalie réalisa enfin.
Gabriel avait renoncé.
Le Papillon était mort.
Et son amour était partagé.
Il avait rallumé le feu, pour leur tenir chaud, pour les éclairer dans la nuit de la vie, seulement parce qu'il ne pouvait pas la perdre. Un rire léger lui échappa, tandis qu'elle murmurait avec joie :
« J'ai réussi, Anne-Lise, Émilie, j'ai réussi ! Je suis heureuse, et il a renoncé ! »
Jamais elle n'aurait pensé que c'était possible et, en le disant ainsi, elle donnait une réalité aux mots qui lui permettait d'y croire.
Secouant la tête, la brune se dirigea vers la salle de bain, défaisant son chignon, détachant ses cheveux avant d'en tresser une petite partie de manière à se faire une couronne serrée. Les cheveux non-utilisés dans la tresse flottaient autour de son visage librement. Elle savait que son chignon était simplement trop strict maintenant, alors elle s'amusait avec sa chevelure.
Et, le temps d'être prête, l'heure du dîner était arrivée, aussi elle descendît à la cuisine, où Gabriel était déjà attablé tandis qu'Adrien finalisait le repas, debout devant une large marmite. En entendant la porte s'ouvrir, l'adolescent se tourna vers elle et sourît en découvrant sa tenue.
« J'ai gagné mon pari on dirait.
— En effet... Que veux-tu en récompense ?
— Oh, je... Je n'ai besoin de rien, répondit l'adolescent alors qu'une ombre passait dans son regard, soyez heureux tous les deux, c'est tout ce que je veux.
— Adrien, murmura Nathalie en s'asseyant, effleurant mécaniquement la bague donnée par Gabriel, tu as le droit d'avoir des envies, tu sais ?
— Ne t'inquiètes pas, Mam's, je dis la vérité, vous voir heureux ensemble peut me suffire.
— Gabriel... ?
— Oui. Donne-la-lui. »
La brune retira la bague d'Émilie, l'amok d'Adrien, de son doigt et la lui tendît, murmurant que c'était à lui qu'elle revenait, et à personne d'autre. Un éclair de stupeur passa dans les yeux du blond, qui fît un pas en arrière, manifestement bouleversé par ce qu'il comprenait dans ce geste.
« Je... C'est de cela que parlait Félix quand... Quand il disait que nous serions libres sans les adultes ? Sans vous ? Parce que Kagami, lui et moi sommes des Sentimonstres ?
— Oui, répondit Gabriel sans regarder son fils, oui. Il le sait. Contrairement à nous, Amélie n'a jamais voulu cacher quoi que ce soit... Tomoe préférait le secret mais elle considérait que Kagami ne devait pas avoir d'autre obligation que son éducation. Je...
— C'est Émilie qui a demandé à garder ton amok, Adrien. Gabriel te l'aurait donné sinon, mais... Il était incapable de s'opposer à une de ses demandes. Et je n'avais pas voix au chapitre. Je lui ai juste fait remarquer qu'elle agissait comme sa mère, ça n'a pas eu l'air de la perturber. Jusqu'à sa mort, ça allait. Ensuite... Elle m'a demandé d'empêcher le Papillon d'exister. J'ai magistralement échoué. Et je suis tombée dans tous les sens possibles. Félix a volé la bague qui contenait son amok, l'alliance de Gabriel. Qui, pour essayer de m'empêcher de mourir a pris le Paon. J'ai dit un mot de travers, Risque a été akumatisé. Ton cousin en a profité. Il ne se sentait pas en sécurité, alors il est devenu Argos... Mais c'est fini, maintenant. Vous êtes libres.
— Oui. Adrien, je te promets de ne plus interférer dans ta vie. Tu es libre. Je te le dois, car tu m'as libéré...
— Merci Papa, sourît l'adolescent en serrant son père dans ses bras.
— Et je te promets d'obtenir cette promesse de la part de Tomoe, commenta Nathalie, qu'elle vous laisse tranquilles, Kagami et toi !
— Si c'est pour engueuler sa mère, je suis sûr que Kagami peut le faire elle-même...
— Elle va sans doute avoir besoin d'encouragements... »
Adrien laissa échapper un grand sourire en sortant son téléphone, lançant un appel en haut-parleur.
« Adrien ? Qu'est-ce qu'il y a ? Toi aussi Ladybug t'a dit que le Papillon a renoncé ?
— Ce n'était pas vraiment à propos de ça que je t'appelais, mais oui, je suis au courant...
— J'arrive pas à y croire ! Tu imagines... Enfin, ça fait deux ans et...
— Je t'assure que c'est la vérité, Kagami...
— Comment t'arrives à y croire, toi ?!
— Eh bien... Disons que c'est partiellement ma faute...
— Je ne recommencerai plus, Mademoiselle Tsurugi, je vous le promets.
— Adrien !! Tu m'as mise en haut-parleur ?!??! Je te déteste ! Franchement !
— Désolé, je pensais que c'était important qu'il puisse te le dire...
— Stupide... Franchement, je ne te pardonnerai pas.
— On sait tous les deux que tu ne le penses pas.
— Un point pour toi. Mais... C'est... Adrien ? Tu vas bien ?
— Oui. En deux ans, j'ai eu le temps de grandir assez pour ne pas être détruit par cette partie des révélations... Ça va. J'étais prêt. Je ne sais pas si tu l'es ?
— Mof, je n'avais pas une très grande estime pour ma mère de toute façon... Elle va simplement me devoir beaucoup d'explications sur le fonctionnement des objets magiques, et comment elle fait...
— Déguiser la magie en technologie est la spécialité de Tomoe, elle a toujours fait ça, il me semble que c'est un de ses arts ancestraux. Tu devrais lui demander, elle t'expliquera sans doute, commenta Gabriel.
— Je le ferai, Monsieur Agreste. Pourquoi avez-vous fait cela ?
— C'était une pente dans laquelle j'étais engagé depuis longtemps. Je ne pouvais pas accepter le départ d'Émilie. Puis je me suis perdu. Le pouvoir est dangereux.
— Pourquoi vouliez-vous me parler ?
— C'est mieux si tu peux comprendre seule, intervînt Nathalie doucement, et tu peux. Adrien a compris.
— Tu m'as donné l'alliance, après avoir demandé l'autorisation à Papa ! C'était clair comme geste.
— Tu parles de l'alliance d'Émilie ?
— Oui, effectivement. Pourquoi as-tu utilisé son prénom ?
— Un, je sais que maintenant, tu considères Nathalie comme ta mère, et c'est légitime. Deux... Le seul indice que j'ai en ma possession c'est que l'alliance t'a permis de comprendre, plus l'identité du Papillon... Nous sommes des Sentis, n'est-ce pas ?
— Effectivement, répondit Nathalie calmement.
— Je suis libre, sourît l'épéiste, parce qu'elle a oublié une chose. Le seul lien qui compte plus que le lien choisi , d'après Tomoe, c'est le lien de sang. Or, je ne suis pas liée à elle par le sang.
— Légalement, tu restes sous son autorité encore pour un an, nota Gabriel, et tu sais que tu ne peux pas la haïr. Ça ne fait pas partie des sentiments que tu éprouves.
— Alors qu'est-ce que je fais ?
— Confronte-la, répondit Gabriel.
» Ta haine du mensonge vient d'elle. Tu peux lui demander pourquoi elle n'a pas dit la vérité. Tu peux la défier, tu gagneras.
— Je n'en ai pas la force.
— C'est ce qu'elle te répète toujours, si bien que tu as fini par y croire. Mais ta langue est aussi acérée que ton épée quand tu as besoin de transmettre un message important. Tu as raison. Tu as ta vérité. Tu sais qui tu es, et ce que tu veux, elle ne le sait pas, car elle ne pense que par ses ancêtres.
— Et que puis-je lui dire ?! Si je viens seulement avec la brûlure qu'elle ne m'ait jamais dit la vérité, elle n'entendra pas.
— Dis-lui que j'ai renoncé à mon projet, elle peut renoncer au sien. Rappelle-lui que sa condition était que vous soyez humains, alors elle doit te laisser choisir. Elle saura de quoi je parle. Me concernant, tu n'as plus besoin de servir de couverture à Adrien...
» WoW, qu'est-ce que c'était que cette vague d'excitation et de bonheur ?!
— Je transmettrai votre message. Et... J'étais seulement heureuse de savoir que vous laissiez Marinette et Adrien être heureux. Je tiens beaucoup à eux, vous savez.
— Je sais. Bon courage pour ta discussion avec ta mère.
— Merci, Monsieur Agreste. Oh... Madame ?
— Oui, répondit Nathalie avec perplexité.
— Que pensiez-vous du Papillon ?
— Beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses, certaines étant contradictoires. Ce serait trop long à expliquer maintenant. Je te raconterai un jour si tu veux.
— Merci. Bonne soirée à tous les trois, s'exclama l'escrimeuse.
— Bonne soirée, s'exclamèrent les trois autres en cœur. »
Adrien raccrocha, souriant à son père et sa mère de cœur.
Avec cet appel pour libérer Kagami, ils avaient finalement fini de jeter les bases de la paix, de leur nouvel ordre du monde.
Une famille, enfin guérie. Et leurs amis, libres.
Leur histoire avait trouvé une conclusion, heureuse.
************
8847 Mots + TW.
Ouf, enfin terminé... Je sais que j'ai galéré à trouver une idée pour la robe. Que je savais juste que Chat Noir était la solution. L'appel à Kagami n'était pas prévu à l'origine mais il me semble que, maintenant, il est impossible de finir l'histoire sans elle. Elle est Senti. Et elle a besoin de se libérer de sa mère.
Je ne savais pas qu'il était si long, mais ça ne m'étonne pas. Je tablais sur 7000. Enfin bon.
J'ai que dalle d'inspi pour cette note, ça se sent ?
En vrai, si, y a un projet, quand même, parce que j'ai décidé que je ferai « Folie » quand même, même si ça veut dire que je vais devoir mettre un zeste de citron dans ce recueil. Donc l'autre projet, le titre ce serait « Sans vous » et l'idée bah... C'est de vous faire chialer toutes les larmes de votre corps en écrivant un OS où Gabriel et Nathalie sont morts, du point de vue d'Adrien. Est-ce que je le fais ? Là j'ai vraiment besoin de votre approbation...
Enfin bref, dites-moi...
Sinon, j'espère que cet OS-ci vous a plu, que c'était bien, pas incohérent...
Dites-moi tout,
Bises,
Jeanne
(18/06/2023, 18h48)
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