Je suis là pour toi (Pluie de révélation, partie 2/3)

J'aimerais qu'Alya me lâche. Depuis hier, elle n'arrête pas avec les questions. Si je ne trouve pas un moyen de m'en débarrasser rapidement, je vais mourir.

Marinette était à deux doigts de la crise de nerfs. Depuis la révélation de la veille, sa meilleure amie l'avait littéralement submergée de questions.

La jeune fille avait dû rester un quart d'heure avec elle après le combat, pour parvenir à parler sans se faire engueuler.

A peine rentrée chez elle, elle avait découvert qu'Alya avait trouvé le moyen de lui laisser déjà trente messages de questions et de l'appeler douze fois.

Et ce matin, en arrivant en cours, elle avait dû faire face à une nouvelle vague d'interrogations.

L'apprentie journaliste avait semblé se calmer pendant les cours, mais maintenant que c'était la récréation, le cauchemar recommençait.

« Alya, je t'aime bien, mais j'ai besoin de respirer. Lâche-moi deux minutes, je t'en supplie...

— Hors de question ! Je veux tout comprendre. Il faut que tu m'expliques comment t'as fait pour me cacher ça, si y a eu des problèmes avec Chat Noir, tes sentiments quand tu es Ladybug...Je veux tout savoir, absolument tout.

— Alya, tu devrais tout de même laisser notre héroïne respirer un peu. Si ça se trouve, elle ne s'est même pas encore remise d'être passée si près de l'échec.

— Merchi Adrien, euh, merci. Alya...Ladybug répondra à toutes tes questions ce soir. Rendez-vous au pied de la Tour Eiffel à dix-neuf heures piles, ça te va ?

— Parfait ! Merci beaucoup ! »

Alya partit en courant dans la classe, avec l'intention de préparer les questions que son amie aurait à subir le soir même.

Marinette pouvait respirer, elle était tranquille pour la journée.

Elle sourît à Adrien. S'il n'était pas intervenu, elle sentait qu'elle n'aurait pas eu le courage de dire stop.

« Tu as encore l'impression d'être en tort, n'est-ce pas ma Lady ?

— Un peu. Je n'osais pas la renvoyer, mais...Je pouvais à peine respirer ! Merci d'être venu à mon secours.

— De rien. Je suis un peu responsable, tout de même. Pourquoi tu ne bafouilles plus ?

— Chaton, murmura-t-elle en levant les yeux au ciel, de un, non, tu n'es pas responsable.
De deux, ce n'est pas gentil de me taquiner ainsi.

— D'accord. Mais, ma Lady, je t'aime.

— Moi aussi je t'aime, Adrien...»

Marinette s'interrompît, surprise. Les mots lui étaient venus naturellement. Elle n'avait pas hésité, pas bafouillé, pas tremblé.

Elle ne comprenait pas ce qui s'était passé.

Elle marmonna quelque chose d'inintelligible, devenant rouge pivoine.

Adrien sourît devant son embarras, chassa une mèche de cheveux du visage de Marinette.

Il se pencha vers elle, avec tendresse.

Et lui murmura à l'oreille la réponse à sa question.

« Tu as enfin compris que tu es Ladybug avec ou sans masque. Il était temps ! Les qualités que les Miraculous révèlent, nous les portons en nous. Mais nous nous les dissimulons.

» Mais tu ne devrais pas avoir peur d'être toi. Et ce n'est pas la peine de devenir aussi rouge que ton costume, ma Lady.

» Je peux t'embrasser ? »

La jeune fille se contenta de hocher la tête, incapable de répondre. Même dans ses rêves, elle n'avait jamais imaginé qu'Adrien le lui demanderait.

Quand il se pencha vers elle, elle sentît son cœur accélérer. Les lèvres d'Adrien sur les siennes lui firent l'effet d'une caresse. Le bonheur l'inondait comme une pluie.

Il se sépara d'elle un instant, mais elle ne le laissa pas partir.

Elle se dressa sur la pointe des pieds, renouvela sa déclaration, saisît le visage d'Adrien et déposa ses lèvres sur les siennes.

Il la serra dans ses bras, et appuya plus fort sur les lèvres de la jeune fille.

Ils se communiquaient leur bonheur, leur amour, leur soulagement de s'être enfin trouvés.

La vie devenait tellement évidente, maintenant.

Ils se séparèrent, et entendirent Nino crier le nom de son amoureuse. Il fallait qu'elle vienne voir ça.

Les deux héros sans costumes éclatèrent de rire. Ils étaient sûrs que quelqu'un aurait réagi comme ça.

Mais Adrien se reprît d'un coup.

Une idée venait de lui traverser l'esprit.

Avec toutes les filles qui lui couraient après, on pouvait être sûr que certaines le vivraient mal.

Marinette se contenta de hocher la tête, et de déclarer qu'il n'y aurait plus d'akumatisation. Mais c'était vrai que certaines auraient mal.

« C'est pas très gentil, mais j'avoue que pour Chloé et Lila, ça ne me dérange pas.
Par contre, je suis désolée pour Kagami. Elle est devenue une vraie amie, et ça m'attriste de lui faire ça.

— Ne t'inquiètes pas, ma Lady. Je suis sûr qu'elle comprendra. Elle t'estime beaucoup aussi. Et je crois qu'elle est consciente que c'est mon choix.

— N'empêche que ça va la briser. Peut-être que...A sa place, j'aimerais avoir quelqu'un à qui parler.

— Tu penses à Longg ?

— Oui. Tu ne crois pas ?

— Si. Les kwamis sont des amis aussi, murmura-t-il. »

Marinette se contenta de hocher la tête. C'était exactement la vérité. La veille, quand ses boucles d'oreilles lui avaient été retirées, c'était Tikki qu'elle avait craint de perdre. Pas la bataille.

Ils continuèrent à converser joyeusement, et Adrien proposa à Marinette de passer chez lui le soir. La jeune fille approuva. Elle espérait en profiter pour récupérer les Miraculous, mais elle ne s'imposerait pas.

La cloche sonna à ce moment-là, et ils retournèrent en cours.

************

Le soir, elle suivit Adrien dans la voiture. Le garde du corps semblait être au courant de l'invitation de Gabriel, parce qu'il ne la repoussa pas comme d'habitude.

Les deux jeunes discutèrent pendant tout le trajet, et ils se taquinaient encore en arrivant au manoir.

Mais les plaisanteries cessèrent rapidement après leur entrée dans la demeure : Gabriel Agreste, qui les avait sans doute vus arriver, se tenait en haut de l'escalier.

Adrien détourna le regard aussitôt. Il ne voulait pas parler à son père. Il ne voulait pas le voir, et il ne voulait pas l'affronter.

Il sentît Marinette lui serrer la main, doucement. Par ce geste, elle lui rappelait simplement qu'elle était là, et que ça allait bien se passer.

Gabriel sentît son cœur se serrer en voyant son fils lui opposer un mur de colère. Mais il l'avait mérité. Il ne méritait que ça, et il devait être content que son fils ait accepté de rentrer au manoir.

Mais le savoir n'empêchait pas la douleur, au contraire. Cela l'aggravait.

Il jeta un coup d'œil à Marinette. Peut-être que la jeune fille réussirait à calmer la colère d'Adrien. Mais elle devait être là pour récupérer les Miraculous, c'était évident.

Il sentît la douleur de la réalité s'enfoncer comme un couteau dans son cœur. Il avait été démasqué, avait appris qu'il avait mis son fils encore plus en danger qu'il ne le pensait, avait renoncé à son Miraculous. A ce moment, il prît conscience de la relation qu'il avait tissée avec Nooroo. Un peu étrange, un peu bancale, mais pleine de confiance. Nooroo lui avait toujours dit où s'arrêter, l'avait protégé de sa propre folie. Et avant ça, avant qu'Emilie ne rencontre Duusu, il portait déjà le Miraculous. Nooroo et lui avaient été assez proches.

Le perdre...Il ne pensait pas s'être attaché autant à son kwami.

Il fût tiré de ses pensées par la voix de Nathalie.

« Monsieur ? Je crois qu'Adrien aimerait accéder à sa chambre...

— Vous avez raison...
Comment faites-vous, ajouta-t-il soudainement.

— Comment je fais quoi ?

— Vous ne semblez pas être perturbée du tout par nos découvertes. Vous donnez l'impression que ça ne vous concerne pas. Alors que vous êtes quasiment de la famille...

— J'ai appris à ne pas avoir d'émotions, et à cacher celles que j'ai. A dissimuler mes sentiments. Mais vous pourriez détecter ce que je ressens vraiment si vous le portiez encore. Je ne suis pas restée impassible.

— Vous en êtes sûre ?

— Absolument. Venez. »

Elle le tira vers le bureau. Elle avait bien compris qu'Adrien n'oserait pas passer devant eux. Elle savait parfaitement ce qu'il ressentait, parce qu'elle portait encore son Miraculous. Le jeune homme était partagé entre une intense colère et un profond sentiment d'abandon. D'où sa volonté de fer de ne pas croiser son père.

Il faudra que je répare leur relation...C'est dommage de les voir séparés ainsi. Et je ne veux pas qu'il souffre encore plus.

Elle pensait à Gabriel. Elle détectait la douleur provoquée par la perte du Miraculous, l'abandon forcé de son projet, la tristesse provoquée par l'attitude d'Adrien. Si seulement elle pouvait l'aider...Si seulement elle pouvait dire quelque chose...Si seulement elle trouvait les mots.

Mais elle ne savait pas quoi dire. Alors elle posa simplement une main apaisante sur son épaule, lui signifiant qu'elle était là pour le soutenir.

Adrien se dirigea vers sa chambre au pas de charge. La voie était libre, il n'avait plus à affronter son père.

Mais en même temps, il était énervé que ce dernier ne l'ait même pas salué. En entrant dans sa chambre, il s'effondra sur le lit.

Il tremblait de colère. Il n'avait pas encore digéré la découverte, et si Chat Noir avait réussi à rebondir au moment de la révélation, Adrien n'y arrivait pas.

Il ne trouvait pas la force de lutter. Et il n'arrivait pas à faire le tri entre ses émotions.

Il y avait une colère profonde, bouillante ; un sentiment de trahison, qui nourrissait la colère et entraînait une tristesse énorme ; un sentiment d'abandon aussi. En réfléchissant, il s'étonna de trouver aussi une sorte de soulagement. Il ne comprenait pas cette émotion-là.

Marinette, assise sur la chaise du bureau, lui demanda de lui raconter ses sentiments.

« Tu crois vraiment que ça peut servir, lâcha-t-il avec amertume.

— Il parait que ça fait du bien de parler. Et si tu m'expliques ce que tu ressens, je pourrais chercher des moyens de te soulager.
Et puis, ça ne coûte rien d'essayer, si ?

— Est-ce qu'il t'arrive d'avoir tort, Marinette ?

— Oh oui.
Au début de l'année, je me croyais incapable de faire quoi que ce soit correctement. J'ai même voulu donner le Miraculous à Alya.
Ensuite, j'ai cru que t'avouer que je t'aimais provoquerait la fin du monde à mes yeux...C'est à peine exagéré, je savais que tu ne m'aimais pas alors...

— Il ne fallait pas avoir peur pour si peu ma Lady. Mise à part ta mauvaise estime de toi, tu es Ladybug. Et ce n'est pas un cœur brisé qui tue, je t'assure.

— Puisque tu es encore en vie, je suppose que c'est vrai.

— Pour mes sentiments...Je suis énervé contre mon père. Il ne m'a même pas salué, il n'a rien dit, il est parti. C'est extrêmement désagréable.

— C'est vraiment parce qu'il est parti que tu es énervé ? D'ailleurs...Il n'est pas parti. Je crois qu'il a perdu son instinct de survie. C'est Nathalie qui l'a entraîné vers le bureau.

— Pourquoi dis-tu que partir aurait été de l'instinct de survie ?

— Ta colère ne l'aurait pas laissé passer. Même s'il y avait un profond malaise, tu lui en voulais à mort tout à l'heure. Là, tu es déjà plus calme. Je t'assure.

— Comment tu pourrais savoir ? Comment tu pourrais déduire ce que je pense ? Comment tu pourrais deviner mes sentiments ?

— Elle te connaît, Adrien. Ce n'est pas parce qu'elle ne passe pas cent pour cent de son temps avec toi qu'elle ne sait pas reconnaître tes sentiments.
Et puis elle t'aime. Je t'assure que ça aide.

— Qu'est-ce que tu racontes Plagg ?

— La vérité.

— Ça, y a pas de doute, intervint Tikki en riant, tu es complètement incapable de mentir Plagg ! Sauf si je te menace sérieusement.

— Mais ce n'est pas normal de mentir. La vérité c'est la vérité, pourquoi on dirait autre chose ?

— Il y a plein de raisons de mentir, et certaines sont altruistes, rétorqua Marinette. Par exemple, le mensonge de ton père, Adrien. Il aurait pu te le dire, mais il a préféré te cacher qui il était pour te préserver. Même hier, quand il a compris ton identité et que tu savais, il aurait préféré pouvoir continuer à mentir.

» Dans le mensonge altruiste, il y a aussi tous les moments où on s'interdit de dire directement les choses pour ne pas blesser. Ca s'appelle le tact.

— Mais pourquoi faire ? Si on dit ses défauts à quelqu'un, il pourra les corriger. Je suis sûr que d'autres pensent comme moi...

— Oui, Socrate, soupira Tikki, mais je te rappelle qu'il a été condamné à mort.

— Les gens n'aiment pas qu'on les aide à se corriger, et à sortir de l'erreur ?

— Non, répondit Adrien, ils n'aiment pas. Il faut le savoir, c'est tout.

— Mais...

— Se faire renvoyer ses défauts à la face, ce n'est pas agréable. Chloé me fait ça depuis douze ans, je sais ce que c'est. Mais c'est vrai que ça peut être utile si on a trop confiance en soi.

» Tikki, je suppose que ça ne sert à rien que j'essayes de lui expliquer ?

— Libre à toi de tenter, Marinette, mais ton kwami essaye depuis au moins six mille ans, alors...C'est probablement une cause perdue. »

Adrien éclata de rire. Ce n'était pas probablement une cause perdue, c'était définitivement un cas désespéré. Son amie fut heureuse de l'entendre rire. Elle remercia silencieusement les kwamis, qui avaient réussi à lui faire oublier sa colère quelques instants.

Marinette observa Tikki, qui visitait la chambre, guidée par Plagg. Elle s'arrêta devant le bureau, curieuse devant les photos d'Emilie.

Elle se demandait ce qui poussait Adrien à les garder.

Le remarquant, le jeune homme perdît un peu de sa bonne humeur. Il n'avait pas eu le courage d'enlever ces photos. Mais les voir lui rappelait systématiquement qu'elle n'était plus là. Qu'elle ne serait plus jamais là.

La tristesse et la colère revenaient. Cette trahison de son père...Il n'avait pas le droit de faire ça !

La mort d'Emilie avait déjà détruit le foyer, la trahison ne pouvait qu'aggraver les choses.

Adrien n'avait pas envie de discuter, il rejetait son père en bloc. Mais Marinette était décidée à ne pas le laisser faire. Elle savait que s'il laissait parler la colère...

« D'habitude, le noir représente le mal, mais ça n'est pas le cas pour toi. Ce qui signifie que si tu cèdes à la colère...Tu deviendrais un « chat blanc ». Et, crois-moi, il vaut mieux éviter.

— Ah oui ? Et ça donnerait quoi ?

— Imagine que Chat Noir se fasse akumatiser...

— Cataclysme infini ?

— Et surpuissant. Ça a failli arriver une fois, je ne veux vraiment pas que ça se réalise. Ce jour-là avait tout l'air d'un cauchemar...

— Pourquoi tu te rappelles de ça, et personne d'autre ?

— C'était un futur alternatif suite à une erreur de ma part. Il m'a été montré par Bunnix.

— Je vois... »

Marinette sentait qu'elle avait mis le doigt sur quelque chose. Il avait peur de ses sentiments, au fond. Et pour ça, elle savait qu'elle pouvait l'aider.

Marinette décida de forcer Adrien à lui parler. Pour le faire sourire, le sortir de lui-même, l'aider à dompter ses peurs.

Parce, qu'avant d'être une super-héroïne ou l'amoureuse d'Adrien, elle était son amie.

Et une amie, c'est d'abord là pour te soutenir et t'aider dans les moments difficiles.

Voilà ce qu'elle disait à Adrien. Elle lui arracha un sourire, et continua donc à l'encourager à parler.

Au début peu enthousiaste, le jeune homme se lança dans le jeu à son tour. Il raconta à quel point sa mère lui manquait, les sourires et les contes de son enfance, les rires, les heures en famille à regarder les films dans lesquels elle jouait, les discussions passionnées qu'il y avait parfois autour de la table à partir des treize ans du jeune garçon, la présence toujours rassurante mais presque imperceptible de Nathalie, comme un ange gardien sur la famille.

La douleur quand Émilie était morte, le besoin de fuir, les heures à chercher des arguments pour pouvoir sortir de la cage dorée qu'était le manoir, l'ambiance glacée qui s'était installée, l'impossibilité de communiquer avec son père.

Le sentiment de victoire quand il avait passé les portes du collège pour la première fois, le bonheur quand Marinette lui avait pardonné son erreur de la première heure, la joie apportée par le contact avec les autres.

La panique de la veille en découvrant l'identité du Papillon, la douleur immédiate, l'impression d'être orphelin, mais le refus de céder tant qu'il avait le masque.

Comment il s'était obligé à rentrer au manoir pour la nuit, le coeur en morceaux, la nuit passée à pleurer et crier de colère dans ses draps, Plagg essayant tant bien que mal de lui remonter le moral.

Marinette ne disait rien. Elle se contentait d'écouter, présence rassurante pour sauver Adrien du marasme d'émotions négatives où il se sentait couler.

Elle était là, c'était tout.

Pas un mot n'était nécessaire.

L'harmonie était naturelle entre eux, enfin mise au clair.

Mais leur moment fût interrompu par un cri de Tikki.

« Nooroo ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Il te porte encore ?

— Non. Maître Gabriel a renoncé à mon pouvoir. C'est Dame Nathalie qui me porte.

— Elle a Duusu aussi , s'inquiéta Plagg.

— Oui...

— Mais elle est complètement folle ! Amalgamer deux Miraculous est dangereux, mais...T'amalgamer avec Duusu c'est complètement suicidaire. C'est comme d'amalgamer Fluff et Sass. Vos pouvoirs sont trop proches ! Même m'amalgamer avec Plagg c'est moins dangereux.

— Tu exagères peut-être un peu, là, Sucrette. Le pouvoir absolu, ce n'est pas bon du tout pour la santé.

— Je ne crois pas qu'elle compte nous amalgamer. Je pense qu'elle a juste besoin de nous avoir avec elle.

— Elle va enfin le faire ?

— De quoi tu parles, Plagg ?

— Adrien, s'il te plaît, explique-leur. Je crois que je n'ai pas assez de patience pour ça.

— Mais expliquer quoi, s'étonna le jeune homme.

— Bien, vous êtes tous plus aveugles les uns que les autres ici, donc on va procéder par étapes.

» Adrien, Marinette, qu'est-ce que vous apporte vos masques, outre les super pouvoirs ?

— La confiance en moi, répondît Marinette.

— Et la certitude de pouvoir être moi, ajouta Adrien.

— Bien. Est-ce que c'est valable aussi quand vous n'êtes pas transformés ?

— C'est sûr que j'ai gagné en confiance en moi depuis que je connais Tikki, même quand je suis simplement Marinette...

— Et moi, j'ai appris à retirer mon masque de marbre plus souvent grâce à toi, Plagg.

— Bien, soupira le kwami, on progresse. Pourquoi on a besoin de confiance en soi ?

— Euh...pour à peu près tout, répondit Marinette.

— Pourquoi aurais-tu eu besoin d'avoir deux kwamis ?

— Ce qui m'a posé le plus de problème : avouer à Adrien que j'étais amoureuse de lui. Je n'ai jamais osé, malgré tous mes progrès sur les autres plans.

— ON Y EST ! Félicitations, Marinette. Adrien, tu as compris ?

— Nathalie est amoureuse de mon père ?

— Il me semble qu'il n'y a pas trop de doutes à ce propos.

— Plagg, tu es sûr de ce que tu dis ?

— Oui, Sucrette.

— Mais comment peux-tu avancer de telles propositions ?

— Je comprends globalement comment les humains fonctionnent, c'est tout. Il y a des comportements qui se retrouvent de l'un à l'autre, c'est juste de l'analyse.

— T'es bizarre Plagg... tu sais que nous ne sommes pas censés comprendre les humains. Ils sont trop différents.
Alors, pourquoi tu essayes ?

— Parce que j'aime le défi, Nooroo. J'aime le défi. Et arrête de dire que je suis bizarre. Je suis juste un peu différent.

— Si tu veux. C'est un peu du chipotage sur les termes, mais si tu veux.

— Les mots expriment des idées ! Si j'insiste pour que tu utilises un terme plutôt qu'un autre c'est parce qu'ils n'ont pas tout à fait le même sens.

— Et pourquoi pas dire que tu es extraordinaire, tant que t'y es ? Sérieusement, des différences de sens, on peut en trouver partout. Arrête de faire le choqué !

— Ça suffit vous deux. Nooroo, excuse-toi. Toi aussi, Plagg. Je n'ai pas envie de faire la surveillante de maternelle.

— Bien Mademoiselle, singea le kwami du Papillon, excuse-moi Plagg.

— Excuse-moi Nooroo. »

Tikki soupira. Elle n'aimait pas réprimander les autres kwamis, mais elle reconnaissait qu'avoir de l'autorité pouvait être utile. Elle avait senti Plagg et Nooroo à deux doigts d'en venir aux mains.

Les calmer lui était aussitôt apparu comme une priorité absolue. Elle avait déjà eu affaire à Plagg lorsqu'il était vraiment énervé... et elle préférait éviter.

Nooroo soupira. Il sentait qu'il devait partir. Nathalie devait être en train de l'appeler.

Il déclara qu'il devait s'en aller, et Plagg décréta qu'il l'accompagnait. Il voulait absolument voir ce qui allait se passer.

Quand les deux autres furent partis, Tikki se précipita vers sa porteuse, regrettant encore d'avoir donné un ordre à ses amis.

« Tikki ? Que s'est-il passé ? Je n'ai jamais vu Plagg obéir à un ordre quelconque et pourtant il a tout de suite fait ce que tu lui as demandé.

— J'ai de l'autorité sur les autres kwamis, c'est tout. Ils sont en quelque sorte contraints de m'obéir. Je n'aime pas utiliser cette capacité, mais là, c'était nécessaire.

— Comment ça se fait ?

— C'est compliqué, Marinette. En gros, ma première porteuse était la première Grande Gardienne, donc j'ai hérité de son autorité. Je ne peux pas vraiment rentrer dans les détails plus que ça sans m'étendre pendant des heures sur la nature des kwamis, la création des Miraculous etc.

— Oui, on peut s'en passer, sourît Adrien. »

Marinette approuva. Son ami lui demanda si elle savait jouer du piano. La jeune fille secoua la tête. Elle ne savait pas, même si elle avait quelques notions sur la musique, acquises auprès de Luka.

Adrien proposa de lui apprendre, timidement. L'héroïne hocha la tête. Elle sentait que ce n'était pas vraiment une proposition, mais une demande. Adrien avait besoin de retrouver un terrain qu'il connaissait, de montrer qu'il était sûr de lui, qu'il savait où il allait.

Il la remercia du regard d'avoir compris.

Ils s'installèrent au piano, Adrien guidant Marinette pour placer ses mains, choisissant un morceau simple pour commencer.

Il se sentait enfin vraiment mieux.

**************

Nathalie s'était enfermée dans sa chambre. Elle était restée un moment auprès de Gabriel, mais elle avait senti qu'il voulait être seul.

Assise sur son lit, elle ferma les yeux. Sur son chandail, les deux Miraculous brillaient étrangement, reflétant la lumière et l'éparpillant de manière surprenante.

Elle inspira profondément. Leva les yeux vers les deux kwamis du paon et du papillon, qui attendaient sa décision.

Plagg, un peu plus loin secouait la tête. Il avait dit à Nathalie ce qu'elle risquait en portant deux Miraculous, mais elle n'avait pas écouté un mot.

« Qu'est-ce que ça ferait si je me transformais ?

— Ça dépend de comment vous vous transformez, Dame Nathalie.

— Il ne faut pas, c'est très dangereux, ça vous mettrait encore plus en danger que quand vous m'utilisiez alors que j'étais brisée !

— Ça le tuerai.

— Qu'est-ce que tu veux dire, toi ?

— Vous n'êtes pas remise des blessures infligées par un Miraculous brisé, ça se voit.

» Si vous vous transformez en portant deux Miraculous, même si vous n'en activez qu'un, il est peu probable que vous vous en remettiez. Ni même que vous ayez le temps de regretter.

» Et le père d'Adrien ne vous survivra pas. Je ne le connais pas beaucoup, parce que mon porteur le voit vraiment peu, mais ce que j'ai vu me suffit pour savoir qu'il a énormément besoin de vous.

» À vous de choisir.

— Es-tu certain de ce que tu avances ?

— Comme je suis certain que vous êtes amoureuse de votre patron.

— Comment le sais-tu ?!

— J'observe. Nous sommes de très anciennes créatures, j'ai eu le temps d'apprendre à reconnaître les signes.

— Mais...

— Que voulez-vous faire ?

— Juste réussir à le lui dire.

— Est-ce que vous avez besoin d'être transformée pour cela ?

— Me dévoiler est très compliqué. Nous portons tous un masque en permanence, dans cette maison. Mais...Mayura n'en porte pas.

— Si vous voulez utiliser Mayura, ne prenez pas Nooroo avec vous. S'il vous plaît.

— Tu es pareil avec Adrien ?

— Ça dépend des jours. Mais je suis moins acharné à me faire obéir. D'abord parce que les enjeux sont nettement différents, Adrien n'a jamais risqué sa vie sur une transformation, ensuite...Vous n'êtes pas ma porteuse, je peux désobéir sans problème.

— Tu ferais quoi pour m'obliger à t'obéir ? Jusqu'où irais-tu ?

— Jusqu'au bout, parce que je sais votre importance ici.

— Plagg, non ! Tu n'as pas le droit de faire ça !

— Vraiment, Nooroo ?

— Nooroo a raison, Tikki te l'a interdit !

— J'ai appris à contrôler. Et entre un ordre de Tikki et la vie de trois personnes, je sais ce que je sacrifie. Nous avons le monde en héritage, nous devons faire nos choix.

— De quoi parlez-vous ?

— Je suis prêt à invoquer le cataclysme pour vous forcer à obéir.

— Et comment cela fonctionnerait-il ?

— Je détruirai le Miraculous du Papillon.

— Comment...je croyais que les Miraculous étaient indestructibles.

— Rien n'est indestructible. Pas pour moi.

— Plagg, s'il te plaît...Ne nous fais pas ça.

— Je vous laisse choisir. Duusu, tu sais quel est ton rôle.

— Ne m'oblige pas à faire ça !

— Tu l'as déjà fait.

— Et je l'ai détesté.

— Sauvez-les. »

Nooroo et Duusu hochèrent la tête, terrifiés, tandis que Plagg s'en allait.

Nathalie regarda son kwami. Qu'est-ce que celui du Chat avait voulu dire ? Pourquoi Duusu était-elle aussi paniquée ?

La concernée secoua la tête. Elle ne voulait pas penser à ce dont Plagg l'avait menacée. C'était affreux, affreux, affreux.

Elle ne voulait pas que ça arrive, mais comment obliger Nathalie à quoi que ce soit ? Ce n'était pas son devoir, ce n'était pas son rôle, elle le regretterait, elle s'en voudrait, elle se haïrait...

« Duusu, calme-toi. La dernière fois que tu m'as envoyé une telle vague d'émotions négatives, ça a duré et les hommes ont inventé une arme qui pourrait détruire la terre. Évite.

— Oui, Nooroo, oui. Mais comment je pourrais faire ?

— Explique-lui, ça suffira.

— Tu es sûr ?

— Certain. »

Duusu regarda sa porteuse avec perplexité. Comment parler de ses sentiments pourrait-il aider à ce qu'elle comprenne ?

Nathalie tendît la main, et son kwami vînt s'y réfugier. La relation entre elles deux était très puissante, et elles arrivaient à comprendre l'autre sans difficulté.

La porteuse murmura la formule de renonciation au Miraculous du Papillon.

« Duusu, qu'y a-t-il ? Qu'est-ce que Plagg a dit pour t'effrayer autant ?

— Deux choses. D'abord, sa menace si vous ne lui obéissiez pas. En détruisant le Miraculous, il aurait tué Nooroo. Or, je...je suis amoureuse de Nooroo.

— Outch. Je comprends que tu aies voulu l'en empêcher. Ça serait horrible.
Et la deuxième chose ?

— Une autre menace. Il m'a demandé de tout faire pour qu'il n'en ait pas besoin. Y compris utiliser mon pouvoir indépendamment. Sauf que...moi, contrairement aux autres, je n'ai pas le même pouvoir quand je le fais indépendamment.

» Si j'utilise la magie de moi-même, j'influence les émotions et volontés des humains. Il m'arrive de perdre le contrôle, et dans ces cas-là, il arrive de très très mauvaises choses, comme celle dont Nooroo a parlé.

— Nooroo avait raison.

— À propos de ?

— Il suffisait que tu m'expliques. Je vais dire ce que je pense, et je n'ai pas besoin de me mettre en danger.

— C'est génial ! Tant mieux ! Bon courage ! Bonne chance !

— Merci, Duusu. Ça va aller ?

— Ne vous inquiétez pas pour moi. Allez au bout de votre projet, j'en serai contente.

— Au revoir, Duusu. Au revoir, murmura-t-elle, sentant les larmes monter dans ses yeux.

» Duusu, je renonce à toi. »

Elle regarda le kwami être aspiré par la broche qu'elle retirait. Elle tremblait. En peu de temps, Duusu et elle avaient fondé une vraie amitié. Lui dire adieu était extrêmement difficile.

Elle déposa les deux broches dans sa poche, et se leva, jambes flageolantes.

Les yeux fermés, elle se guida dans la demeure, se dirigeant vers le bureau où elle avait laissé Gabriel.

Elle inspira profondément avant d'entrer, sans toquer. Le battement de son cœur annihilait toute pensée dans son esprit.

« Nathalie ? C'est inhabituel que vous ne toquiez pas...

— J'ai quelque chose à vous dire. Et j'avais peur de perdre ma détermination si je toquais.

— C'est surprenant. Qu'avez-vous donc à me dire qui vous bouleverse à ce point, demanda-t-il en la regardant dans les yeux. »

Nathalie rougît. Elle sentait déjà sa détermination diminuer. Elle s'exposait à la douleur comme elle ne l'avait jamais fait. Elle avait tellement peur. Peur d'être jugée, d'être rejetée, peur de perdre le contrôle.

Gabriel devina la peur qui étreignait sa partenaire. Il s'approcha, et lui sourît d'un air rassurant.

« Vous n'avez pas à me craindre, Nathalie. Je vous promets que je ne vous blesserai pas volontairement.

— C'est l'involontaire que je crains. Il me fait du mal depuis six mois déjà. Et j'ai peur de m'y exposer plus encore.

— Pouvez-vous me pardonner ?

— C'est déjà fait. Chaque fois que je pense à cela, je me blesse. Et je ne peux pas faire autrement que de pardonner.

— Vous ne pouvez pas ?

— Non, répondît-elle en fixant le sol, non je ne peux pas, et je n'en ai même pas envie.

» Parce que la blessure physique de Mayura n'est au fond que le reflet de la blessure psychologique que je porte.

» Parce que je vous aime. Et j'ai beau savoir qu'il est destiné à être déçu, je n'ai pas la force de lutter contre ce sentiment.

» J'ai toujours voulu être là pour vous soutenir, et cette volonté a fini par se retourner contre moi.

— Comment...C'est impossible. Pas avec tout ce que j'ai fait en étant le Papillon, ce que je vous ai fait depuis que vous êtes à mon service.

— Je ne suis pas vindicative. Je ne sais pas pourquoi, je sais ce que j'éprouve, c'est tout. »

Gabriel secoua la tête. Il ne pouvait pas le croire. Il ne le voulait pas, car il sentait qu'il désirait que ce fût vrai.

Il sentait que son cœur voulait répondre à Nathalie. Mais il avait peur d'aimer à nouveau, de souffrir encore.

Mais au fond...la volonté n'entre pas dans les sentiments. Elle n'a pas à y dire.

Je me croyais immunisé. Quel imbécile j'ai été. On ne peut pas mettre son cœur sous cloche.

Nathalie avait cessé de fixer le sol. Le silence de Gabriel l'inquiétait. S'il l'avait repoussée immédiatement, elle aurait souffert, mais pas plus que depuis ces mois où elle l'aimait sans mots dire.

Mais là, que devait-elle penser ? Il ne la repoussait pas, il ne disait rien, il semblait perdu, elle avait l'impression de lui avoir transmis sa peur.

« Excusez-moi. Je n'aurais pas dû...

— Si. Ne vous excusez pas. Je ne sais pas comment réagir car j'ai peur de souffrir encore si j'écoute mon cœur, et de vous faire souffrir violemment si j'écoute ma raison.

— Que...et que dit votre cœur ?

— Que la souffrance n'est pas grave. Et que je vous aime.

— Non, répondît-elle avec un sourire incrédule, non. Comment serait-ce possible ?

— Je vous ai posé la même question il y a deux minutes.

— En effet.

— Peut-être devrions-nous arrêter de nous nier, non ?

— Sans doute. »

Alors qu'elle disait ces mots, elle ferma les yeux, ne voulant pas en voir les effets.

Gabriel se pencha vers elle, lui murmura qu'il abandonnait la raison pour cette fois. Et il déposa ses lèvres sur celles de son amie.

Pour le bonheur d'être ensemble. Pour le bonheur de s'accepter enfin.

Elle lui répondît doucement.

Pour la joie de s'accepter. Pour l'espoir de guérir.

Ils s'embrassèrent encore et encore. Pour l'unité retrouvée, la vie redonnée, la joie redécouverte, le bonheur à nouveau.

Pour eux.

 **************

 5254 Mots.

 Pardonnez-moi la longueur de ce chapitre, je vous en supplie. Je comptais pas vraiment faire aussi long, mais en un mois et demi d'écriture (j'ai commencé le 20/01 et on est le 06/03), même si je n'écrivais pas tout le temps...Forcément, c'est long.

 J'avais dit qu'il y aurait du ship sur cette partie. J'avoue que l'Adrienette, qui n'est habituellement pas mon truc (même si c'est plus facile que Ladrien) a été assez facile à écrire, donc il est peut-être bancal, dites-moi. 

 Faire un moment focalisé sur les kwamis, j'ai adoré. Ce sont des personnages passionnants et très spéciaux. Plus compliqué à manier que les autres, centraux dans la série mais souvent mis de côté, ils sont vraiment un domaine que j'aime explorer.

 Et toutes les théories que je peux mettre en place avec, c'est encore un plus.

 Vous pensez quoi de ce moment ? De ce que je leur ai fait dire ? Je suis fidèle à la série, ou non ?

 J'espère que cette deuxième partie vous a plu. 

 Hâte d'écrire la troisième (j'ai un plan, don't worry, je sais où je vais, et mieux que lors des DST...😅)

 Bonne soirée !

 Jeanne.


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