Funeral

Février 2002.

Gabriel était assis sur le canapé, regardant avec amour sa femme, assise près de lui, blottie contre lui, leur fils serré sur sa poitrine. Le bonheur parfait. Il aimait son Émilie et, quand elle se repositionna contre lui, effleura sa joue de son sourire, il sut. Il sut qu'il mourrait pour préserver un tel bonheur. Comme un écho pour la musique autour d'eux.

But I wouldn't girl... I want you to want me when you're dead, to roll in your grave like we're not done yet...

Elle lui prit la main et la serra trois fois, un de leurs codes pour dire « je t'aime ». Une confirmation. Une affirmation. Une promesse. Passé, présent et futur dans les mains qui se serraient. Émilie savait, tout au fond d'elle, dans les brisures qui la faisaient tousser de temps à autre, qu'elle ne pourrait pas tenir longtemps sa promesse.

Mais elle savait aussi qu'elle aimerait Gabriel par-delà la mort, pour tout ce qu'il lui avait apporté. Il lui avait montré la liberté, la joie, la combativité, l'amour. Elle se mordit la lèvre pour ne pas aller plus loin dans sa pensée, ça finissait toujours amer.

Even if I'm scared you will... And I think a lot about May, about meeting you that day...

« Je ne te blesserai pas Emilie. I promise. Et si jamais ça m'arrive... Dis-moi. Et je me corrigerai. Parce que je pense constamment à la manière dont on s'est perdus et retrouvés cent fois, et nous sommes ensemble. Je ne te perdrai plus.

— Moi non plus... Je ne veux pas te perdre, Gabriel. Et je resterai. Malgré mes peurs, que tu sais apprivoiser, malgré mes erreurs que tu sais corriger, malgré mes ignorances sociales que tu sais compléter. J'ai toujours eu peur de vivre, mais avec toi... J'ai peur de mourir... »

Il la serra dans ses bras.

Ils étaient sur la même longueur d'onde, enfin. Et se retrouver à juste vivre, discuter, se serrer dans les bras, regarder leur fils dormir, fredonner sur une musique qui résonnait de nulle part, c'était comme goûter un bout de paradis, libre et magique, eux qui n'avaient pas eu droit à leurs bonheurs auparavant.

Both got hurt by other people, both found each other, baby right in time, I don't need to live forever, just not a day longer than you...

Pas un jour de plus que l'autre, parce qu'ils avaient appris à respirer ensemble, parce que tout avait changé à l'instant où ils s'étaient vus sourire, ils s'étaient appris à vivre au-delà des blessures, chaque jour comme le dernier, ils s'étaient trouvés pour devenir adultes et pour vivre, pour explorer le monde, ils savaient qu'ils ne pouvaient plus se séparer.

Et même s'ils se promettaient d'apprendre à vivre...

Au fond, n'était-ce pas évident qu'ils feraient tout pour annuler les funérailles si l'un mourait avant l'autre ?

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 479 Mots

 Voilà, un petit musical pour faire plaisir.

 Y en aura d'autre.

 Bon, je vais pas abuser, je ne peux pas faire 5 OS avant ce soir.

 Du coup, le final sera pour mon anniv, je vais essayer.

 Et j'espère que ça vous a plu, que c'était sympa, dites-moi tout,

 Bises,

 Jeanne.

  (31/12/2024, 00h54)


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