Fuite

Avril 1914

Wang s'était échappé de justesse de la salle où il passait son test. Il regrettait déjà ce qu'il avait fait, mais les tremblements qui agitaient le monument l'avaient poussé à activer le mode automatique. Il avait récupéré la boîte-mère, l'avait jetée dans une besace, priant qu'elle ne se renverse pas, puis s'était mis à courir dans les couloirs.

Il devait sortir. Vite. Il fallait partir, mais il ne pouvait pas le faire seul.

Poussant une porte cachée derrière une teinture, il jaillît dans la salle secrète où il étudiait avec sa seule amie.

« Marianne ! Viens, vite !

— Wang ? Qu'est-ce qui se passe ?

— J'ai... Fait une énorme bêtise. Je t'expliquerai ! »

La jeune fille fronça les sourcils mais suivît son ami, qui courait vers la sortie du temple. Il ne paniquait pas pour rien et les secousses agitant le sol lui indiquaient qu'elle ferait mieux de le suivre. Et sans poser de questions.

Alors qu'ils atteignaient le couloir de l'entrée, un énorme morceau de pierre la frôla. Et alors elle comprît. Le temple était purement et simplement en train de s'effondrer, et si Wang le savait, il en était probablement à l'origine.

Avec un soupir, elle poussa la porte, frissonnant immédiatement. Au moins, ce n'était pas l'hiver... Enfin à cette altitude, ça n'aurait pas fait une grande différence...

Elle sentît son ami lui poser son manteau à lui sur les épaules, lui prendre la main et la guider dans la neige, vers le chemin qui redescendait du temple au village le plus proche, après être sorti de la Vallée Cachée par les crêtes. La blonde serrait les dents, ayant l'impression que plus jamais, plus jamais le monde ne serait pareil.

Ils ne pourraient pas rester au village, les gens d'ici n'aimaient pas les élèves du Temple.

Et même s'ils partaient...

Elle trébucha dans la neige éternelle, secoua la tête et lutta pour se relever.

Derrière elle, les sons d'effondrement s'étaient transformés en bruits de crépitement, et elle savait que jamais, quoi qu'il arrive, elle ne pourrait revenir. Le temple était détruit, ou presque.

« Viens, Marianne ! Tu connais la mesure de sécurité...

— Oui, bien sûr, grommela-t-elle en dépassant une borne sur le chemin, arrivant en haut de la pente, je sais. C'est bon, nous sommes en sécurité, maintenant. Tu ne devrais pas regarder, Wang.

— Si, répondît-il d'un murmure le regard fixé sur le monument enflammé qui, dans une dernière secousse, disparaissait dans la neige, c'est ma faute alors je dois regarder.

— Bon sang, Wang, qu'est-ce que t'as fichu ?!

— Je n'ai pas passé le test, souffla-t-il laconiquement.

— Je m'en doutais, de ça. Viens, tu me raconteras en route...

— Marianne... On fait quoi si on rencontre les Pilleurs ?

— Wang, c'est un mythe, ça...

— Je n'en suis pas si sûr, déclara-t-il en pointant un dirigeable rouge et noir qui passait dans le ciel.

— Déjà ? Pas possible...

— C'est le symbole qu'ils nous ont appris. Qu'est-ce qu'on fait ?

— On court ?

— Je...

— Abandonne-la.

— Hors de question ! Marianne, on est les derniers gardiens, maintenant !

— Ok, viens... On va au village. On se débrouillera là-bas, on va trouver une solution, ça va aller. Essaie de ne pas tomber...

— Pourquoi ?

— Tu sais bien que leur format de boîte est complètement nul, c'est pas du tout hermétique. »

Il sourît. Il avait eu peur, une seconde, qu'elle le repousse. Mais dans ses yeux, il voyait que du haut de ses quatorze ans, elle saurait se battre. Ils pourraient aller au bout du monde ensemble. Chacun avec son grimoire, Gardiens des Miraculous les plus puissants, ils feraient mentir les colères des adultes qui les traitaient d'incapables.

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Six mois plus tard.

Poursuivis par les Pilleurs qui les avaient repérés à peine sortis de la Vallée Secrète, tentant de protéger la boîte, Wang et Marianne avait parcouru des milliers et des milliers de kilomètres, franchissant les montagnes, suivant des routes à peine visibles, se faufilant illégalement dans des trains ou des camions de transport, traversant des champs de batailles à plusieurs reprises, échappant aux bombes et au missiles qui tombaient de tous les côtés.

Ils avaient fini par arriver à Paris, assiégé par une bataille, et ils s'étaient séparés, pour déstabiliser leurs poursuivants, parce que la jeune fille voulait se battre tandis que Wang, lui, avait préféré fuir. Depuis un mois, ils étaient chacun de leur côté, et le garçon n'avait aucune nouvelle de son amie.

Les Pilleurs avaient disparu du ciel de la capitale de la France, et il espérait seulement qu'ils ne l'avaient pas attrapée. De toute façon, il avait gardé les Miraculous, elle n'avait rien, juste cette broche qu'il lui avait donnée, qui possédait seulement une valeur sentimentale. Elle devait être en sécurité.

Depuis deux semaines, le brun avait décidé de se familiariser avec les pouvoirs qu'il avait. Il s'était plongé dans l'étude du grimoire, tentant d'y voir clair, ressassant les enseignements du Temple. N'ayant pas trop le choix, il dérobait régulièrement de quoi se nourrir et gardait toujours un peu pour le kwami qu'il avait choisi. Wayzz, le kwami de la Tortue, associé à la Protection. Le moins dangereux probablement.

Ensemble, ils cherchaient les limites, l'adolescent essayant de franchir la limite des cinq minutes imposée par son âge. Il savait que cette limite pouvait être atteinte avant d'être adulte, à condition d'être assez mature.

Et ce qui était sûr, c'était que l'effondrement du Temple par sa faute, la fuite avec Marianne, l'apprentissage de sa solitude et la culpabilité l'écrasant jusque dans ses cauchemars l'avaient fait grandir. Il se sentait plus adulte qu'il ne l'aurait jamais été là-bas, et sa croissance n'était pas entravée. Habitant sur un des toits de la ville, il faisait attention à n'être jamais aperçu en train de manier la magie. Ses sessions d'entraînement l'avaient poussé à remarquer que, même s'il avait encore une limite, elle était située à dix minutes après l'utilisation du pouvoir, et plus cinq.

« Wayzz ? Est-ce que tu crois que j'y arriverai un jour ?

— Vous réussirez sans doute, avec le temps. Vous restez transformé un peu plus longtemps chaque jour, vous gagnez en maturité grâce à vos exercices d'introspection et l'exploration de la magie. Vos expériences sont un progrès constant.

— Je ne sais pas créer les recettes qui...

— Ce n'est pas grave. Vous êtes un très bon Gardien, et le plus jeune de tous. Vous réussirez.

— Ce n'est pas facile... Mais avec toi, je veux bien croire que j'y arriverai. Tu es un très bon soutien, Wayzz, je suis honoré et heureux de t'avoir. J'espère... J'espère que les Pilleurs ont vraiment disparu, que Marianne va bien, et que les Miraculous que j'ai perdus... Ne seront jamais retrouvés.

— Nooroo et Duusu... Leurs pouvoirs sont extrêmement puissants et ils vaudraient mieux qu'ils ne soient jamais découverts en effet. Mais si cela arrive, et qu'ils tombent entre de mauvaises mains, vous serez en mesure de vous battre, je n'en ai aucun doute, de trouver des partenaires dignes de combattre pour la justice et l'équilibre à vos côtés.

— Merci pour ta confiance, Wayzz, répondit Wang en joignant les mains et s'inclinant dans un salut solennel. »

Le temps passaient étrangement dans cet équilibre. Il ne pouvait pas aller dans une école, il n'était pas chez lui et ne connaissait rien, il était seul dans une ville dont il apprenait la géographie et les coutumes, mais il retrouvait un ami, un confident.

Son passé le hanterait probablement toujours, mais il savait qu'il apprendrait à vivre avec au creux de ses boucliers.

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1244 Mots.

Joyeux anniversaire Hirondelle !!

Je te souhaite une très belle journée et une bonne année pour tes seize ans, avec pleins de découvertes, et du temps libre (et du réseau...? Le fait que tu sois pas souvent sur le groupe m'attriste, en fait, tu me manques...🥺)

Enfin bref...

Tu me fais écrire de ces trucs... Heureusement cette fois, je suis sauve avec la chronologie, j'ai pas à tordre le temps... C'est compliqué d'inventer des passés pour Maître Fu et Sabine...

Enfin, j'espère que ça t'a plu, que c'est à peu près cohérent avec ce que tu aimes de Maître Fu, que je n'ai pas mal fait,

Bises et encore bon anniversaire,

Jeanne

PS: et les autres, vous avez aimé ?

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