En parallèle (et perpendiculaires)

Marinette faisait les cent pas dans la chambre d'Alya, contenant difficilement une colère mêlée de désarroi. Après le combat, où elle avait dû faire appel à Tigresse Pourpre, elle s'était précipitée chez sa meilleure amie, le cœur battant trop fort.

Nino était là, mais héroïne en civil n'y prêtait pas attention, faisant les cent pas dans la chambre de la journaliste, tentant d'expliquer son émoi. Ce en quoi elle échouait magistralement, bien entendu.

« Je vais devenir folle s'il continue, Rena Rouge, Carapace, je vais devenir dingue ! Je l'ai cherché, je sais bien, mais je vais craquer...

— Du calme, Marinette, du calme, lança Alya, qu'est-ce que Chat Noir a fait pour te mettre dans un état pareil ?

— Je... Je peux savoir comment tu connais nos identités, Marinette ? Enfin... Je l'ai dit Adrien, mais je...

— T'inquiètes pas, mon Nino, rît Alya, c'est pas Adrien ! Je te présente Ladybug !

— Pardon, s'étrangla le DJ, prenant une pause avant d'ajouter, enfin c'est parfaitement logique... »

Marinette roula les yeux, adressa un regard noir à Alya, qui haussa les épaules avec l'air de dire que la bleutée aurait fini par se trahir de toute façon.

Cette dernière secoua la tête, puis s'assit par terre, décidant de faire un effort pour se calmer. Elle reprit la parole, les yeux fixés sur un point droit devant elle.

« Ça va paraître absurde, mais à chaque fois que je fais appel à un porteur temporaire, je me demande si je fais le bon choix. Et Chat Noir n'aide pas... En fait, depuis quelques semaines, à chaque fois que je fais appel à une héroïne, sauf Ryuko, il drague encore plus qu'avant. Enfin... Avant c'était de la blague, mais là il est sérieux. J'en ai l'impression en tout cas. Et ça me tue ! Je crève de jalousie en fait... Là, on s'est battu avec tigresse pourpre, j'ai vraiment eu mal au cœur. Et comme une envie de venir. Et de la tuer...

— Oui, tu fais une crise de jalousie, quoi, commenta Nino.

» Donc maintenant, va falloir que tu lui dises que tu l'aimes. Soient en Ladybug soient en civil, tu choisis, mais tu dois lui dire. Et dis-lui à quel point tu es jalouse, aussi.

— Mouais...

— Allez, Ladybug, s'exclama Alya, tu en es capable ! On sait tous que Chat Noir est amoureux de toi, au fond. Alors ne stresse pas tant, et dis-lui donc. »

Marinette leva les yeux, croisant le regard pétillant de sa meilleure amie, le regard encourageant de son ami d'enfance. Ce qu'ils disaient n'étaient pas faux, en réalité.

Mais... Comment dire à Chat Noir, comment faire qu'il la croit ? Elle l'avait rejeté tant de fois, lui avait tant renvoyé Adrien à la figure, l'avait tellement brisé.

Elle sentît les larmes lui monter aux yeux, tremblant devant ses erreurs. Si elle le lui disait, il ne la croirait jamais...

************

Demeure des Tsurugi, au même moment.

Tomoe avait accueilli son ancien ami avec étonnement. Son ouï accrue lui permettait de voir son trouble et sa tristesse, marqués par la précipitation de sa respiration et l'intonation de sa voix quand il l'avait saluée.

Elle le guida jusqu'au salon, s'assit sur un canapé et lui fît signe de prendre une chaise. L'aveugle connaissait si bien sa demeure qu'il semblait qu'elle voyait les obstacles à contourner malgré son handicap.

Elle prit alors la parole.

« Qu'y a-t-il, Gabriel-San ? Pourquoi venez-vous me trouver ?

— Je... Je crois que j'ai besoin de parler à quelqu'un d'autre que Nathalie.

— Vous voulez parler d'elle.

— Je... Oui.

— C'était une affirmation. Vous ne devez pas vous voiler la face, déclara-t-elle en tapant le sol de sa canne.

— Et comment faire ?

— Reconnaissez donc vos réels sentiments.

» Considérez-vous votre assistante comme une amie ?

— Elle est bien plus que ça ! Je l'aime d'un réel amour ! »

Madame Tsurugi sourît. À l'instant où Gabriel avait prononcé le nom de son assistante, elle avait su, reconnaissant les intonations avec lesquelles son mari parlait d'elle autrefois.

Elle se doutait que son interlocuteur ne saurait guère avouer ses sentiments à la concernée. Mais il avait besoin de le faire.

« Pourquoi venir m'en parler à moi ?

— Seule vous pouvez m'aider. Je n'ai qu'un entourage réduit, et Audrey Bourgeois est hautement disqualifiée pour ce genre de choses. Quant à Amélie, nous ne sommes guère proches.

— Je vois.

» Pensez-vous pouvoir avouer vos sentiments à Madame Sancœur ?

— Non. Je ne suis pas sûre de réussir même à rassembler assez de contenance pour décider de parler. Et quand bien même je parviendrai me déclarer, elle ne me croirait pas. Et me repousserait.

— Pourquoi ne vous croirait-elle pas ?

— Cela fait près de deux ans que... Vous allez me haïr.

— Je n'ai pas l'habitude de laisser un fait altérer mes connaissances, Gabriel-San.

— Je suis le Papillombre. Depuis deux ans, j'ai détruit constamment cette ville et ses habitants. Et je le faisais pour ramener Émilie, jusqu'à il y a quelques temps. Devant Nathalie.

— J'aurais dû le comprendre plus tôt. Mais je comprends pourquoi vous craignez que votre aimée ne vous croie pas si vous vous déclarez... »

Tomoe laissa le silence se réinstaller. Gabriel était son seul ami, et dès leur jeunesse, elle avait considéré comme un frère. Elle voulait l'aider, mais elle ne trouvait pas encore le moyen.

Soudain, sans que rien n'ait pu l'annoncer aux yeux de Gabriel, elle déclara en haussant légèrement la voix :

« Entre, Kagami. Que veux-tu me dire ?

— Je voulais vous prévenir que j'allais rejoindre mes am... Bonjour Monsieur Agreste.

— Bonjour Kagami, comment vas-tu ?

— Bien merci, répondît la jeune fille qui s'était soudain immobilisée, et vous ?

— Ça peut aller.

— Ne t'en fais pas Kagami, intervînt Madame Tsurugi, tu peux aller rejoindre tes amis, je t'y avais autorisée.

— Merci, Mère... Vous êtes sûre ?

— Oui, ne t'inquiète pas pour moi. Tu peux y aller, Kagami-San.

— Merci Mère. »

Kagami salua sa mère, puis Gabriel, une mission dans le regard et tourna sa bague nerveusement. Elle sortit de la pièce à reculons, mais revint une minute plus tard presque en courant.

Elle s'inclina devant sa mère, ôta sa bague et la lui déposa dans la main.

« Au cas où, Mère. Je préfère vous la laisser.

— Ce n'est pas la peine, Kagami. Je t'assure. Tu connais son fils, non ? Crois-tu que Gabriel Agreste me ferait du mal ?

— Je...

— Kagami, déclara Gabriel, je ne sais pas pourquoi tu as peur. Mais je te promets que je ne ferai aucun mal à ta mère.

— C'est... C'est compliqué d'expliquer pourquoi j'ai peur. Mais puisque j'ai votre parole... »

Kagami ressortit de la pièce, définitivement cette fois. Sa mère laissa échapper un sourire. Elle avait beau se montrer de marbre, l'attitude de la jeune fille était réellement touchante.

Elle se tourna vers le styliste, et, posant son regard aveugle sur lui, elle lui demanda d'excuser Kagami.

« Je suis désolée, elle n'aime pas avoir des étrangers à la maison. C'est à cause de la mort de son père. Elle s'estime responsable, même si elle n'avait que dix ans. Je n'étais pas là, il y avait un étranger qui était là, qui discutait avec son père, et l'étranger a tué Michiya. C'est tout ce que j'ai pu tirer d'elle.

— Ce n'est rien, je comprends, je ne lui en veux pas. »

Tomoe sourît, laissant un instant de silence avant de reprendre la parole, ramenant la conversation à la raison de la visite du styliste.

« Bien. Vous vouliez de l'aide pour vous déclarer à votre assistante et vous êtes certain qu'elle ne vous croira pas. Je ne suis pas bonne sur ce domaine, et je peux tout à fait dire des bêtises. Mais je pense que vous pouvez accompagner votre déclaration d'un cadeau. Vous êtes un créateur, après tout. Si vous savez ce qui peut lui plaire, vous pouvez lui créer quelque chose de particulier.

— Merci beaucoup, s'exclama Gabriel, je vais faire cela. »

La Japonaise déclara que ce n'était rien et raccompagna son interlocuteur à la porte. Elle savait qu'il suivrait son conseil.

  ************

En parallèle, devant la demeure.

Kagami sortît de la maison, inquiète. Elle ne se rappelait pas exactement, mais elle savait que son père était mort parce qu'elle l'avait laissé seul avec un étranger.

« Calmez-vous, Kagami-San, murmura une voix à son oreille, tout va bien se passer. »

La jeune fille hocha la tête. Gabriel avait promis. Et même si Luka avait raison, elle ne devait pas s'inquiéter, sa mère saurait lutter.

Elle se dirigea dans les rues, jusqu'au centre de Paris, dans les ruelles discrètes. Là, elle se transforma, devînt Dragon de Vent et se posa sur un toit voisin.

Aussitôt elle se détransforma, prît Longg entre ses paumes, s'excusant d'avoir utilisé son pouvoir alors qu'elle aurait pu faire sans et sortant un sachet de riz de sa poche.

« En tout cas, je suis heureuse que Ladybug m'ait confié de manière permanente le Miraculous...

— J'en suis contente aussi, Kagami-San. Je suis très honorée d'être votre kwami.

— Merci, Longg.

» Dis... J'ai entendu M. Agreste parler de Nathalie. Tu te rends compte, même lui a quelqu'un à qui parler de ses histoires de cœur !

— Je ne suis pas sûre de pouvoir vous aider, je ne suis jamais tombée amoureuse. Mais vous pouvez m'en parler, au moins...

— Merci Longg ! »

La jeune fille fixa son regard dans le vide, laissant un silence s'installer. Assise au sommet d'un toit, contre une cheminée, les jambes balançant dans le vide, Kagami observait la ville avec fascination.

Son kwami vînt s'asseoir sur son épaule, contemplant le spectacle avec elle.

« Paris est belle, murmura la Japonaise, brutale mais belle. Regarde, désigna-t-elle, ces grands parcs que l'on voit d'ici... Ils sont prisonniers mais libres. Comme les autres, qui jouent avec leurs limites. Moi, je veux juste les briser, ne plus avoir de barrière, au lieu d'apprendre à les contourner. Je ne sais pas si c'est la bonne manière.

» J'ai grandi dans cette idée. Aujourd'hui, je vois l'autre manière de vivre. Je crois que je préfère celle-ci, ignorer les barreaux. J'en vois des centaines d'ici à pouvoir aimer la personne que j'aime. Je ne suis plus amoureuse d'Adrien. Lui et Marinette sont vraiment faits l'un pour l'autre, j'étais aveuglée par un rêve de perfection dont je n'ai pu trouver une imitation qu'en lui.

» Mais enfin, j'aurai le même problème qu'avec Adrien. Je joue de malchance, je crois. Je suis amoureuse de Luka. Et... Ils ont beau avoir rompu, il est toujours amoureux de Marinette...

» Longg-Sama... Je ne veux pas être rejetée. Je ne peux pas me déclarer, je ne supporterais pas un râteau.

» Et puis même si j'y parvenais, et que, par miracle, il m'acceptait... Mère n'approuverait jamais une telle relation. Luka est merveilleux, parfait à mes yeux, mais je sais parfaitement qu'un artiste, un musicien, qui vit sur une péniche et qui est juste merveilleusement humain, c'est bien loin de son idéal à elle. Et je suis contrainte de m'y conformer.

— Kagami-San ? Vous n'êtes pas obligée de dire la vérité à votre mère, vous le savez. Vous avez le droit d'être heureuse malgré ses règles. Regardez maintenant. Vous lui avez dit que vous alliez voir vos amis, alors que vous vouliez seulement sortir, venir sur un toit. La perfection outrepasse parfois les règles, elle est libre.

» Quant à Luka... Je vous conseille de lui parler. Vous ne pouvez être certaine de ses sentiments sans lui demander.

— Tu as peut-être raison, Longg. Je lui parlerai. D'ici demain. Et tant pis pour le reste. »

**********

La Liberté, même moment.

Juleka fixait le vide, assise sur le pont. Elle regardait droit devant elle, enroulant automatiquement une mèche autour de ses doigts. Elle était partie dans ses pensées, réfléchissant à des sujets variés entre lesquels elle faisait des ponts, oubliant la vie présente. Mais il y avait toujours un point commun, autour duquel elle tournait sans l'aborder. Rose.

Luka, la guitare à la main, regardait sa jumelle, un sourire rêveur aux lèvres. Il la connaissait si bien qu'à de simples expressions faciales, il devinait les thèmes précis de ses divagations. Et il voyait très bien le point commun. Il savait ce qui tourmentait la jeune fille. Il attendait qu'elle prenne la parole, sachant qu'elle finirait par parler.

« Je l'aime. Mais je ne peux pas lui dire. Elle ne m'acceptera plus jamais. Et je serai brisée.

— Je ne crois pas. Rose est quelqu'un de très compréhensif. Et elle ne mettra pas fin à votre amitié pour cela si c'est ce que tu craint.

— Tu en est sûr ?

— Absolument certain.

— Merci.

— Ce n'est rien. »

Luka vît briller un éclair de peur, puis de détermination, dans le regard de Juleka. Elle avait encore hésité mais avait chassé le doute, faisant confiance à son frère.

Elle avouerait ses sentiments à sa meilleure amie, demain. Tant pis pour les risques.

************

Le lendemain matin.

Kagami longeait le quai d'Orsay, descendant la rue en direction de La Liberté. Elle croisa Juleka, s'étonna de la rencontrer hors du bateau, son interlocutrice répondît qu'elle allait chez Rose, faisant sourire la Japonaise qui lui souhaita bon courage.

La brune sourît, remercia son amie, lui rendît l'encouragement avec un sourire complice, puis la salua.

Kagami sourît, et rejoignit la Liberté, amarrée un peu plus loin, en accélérant le pas. Elle grimpa sur le pont, et sourît en voyant Luka. Le gentil salut qu'il lui adressa en réponse fît accélérer le cœur de la bleutée.

Ils entamèrent la conversation, sur un sujet quelconque, discutant naturellement. Au début assez nerveuse, la jeune fille se détendit au fur et à mesure, riant aux blagues de son ami, souriant, racontant sa vie et écoutant celle de Luka, sans voir le temps qui passait.

Elle s'était assise près de lui, et chaque contact faisait battre son cœur un peu plus fort.

Au bout d'un moment, Kagami se tourna vers Luka, fichant ses yeux dans les prunelles bleues du guitariste.

« Luka ? Je t'aime. Je suis amoureuse de toi. »

Un sourire doux anima les lèvres du jeune homme, qui lui demanda de fermer les yeux, avec douceur.

Il se pencha vers elle, unît leurs lèvres dans un léger baiser papillon, doux contact qu'il brisa pourtant immédiatement.

« Moi aussi je t'aime Kagami. »

Elle rouvrit les yeux, croisant son regard si beau, si attentif, si gentil, si émouvant. Si brillant de douceur et d'amour. Elle lui adressa un sourire lumineux puis, lui prenant le visage en coupe, elle l'embrassa avec ferveur.

************

Chez Rose, en parallèle.

Juleka sonna à la porte de son amie, sentant la nervosité grimper dans son esprit et former une boule dans sa gorge. Elle avait eu besoin de toute sa détermination et d'une bonne demi-heure d'encouragement par Luka pour ne pas se défiler. Et elle hésitait encore à partir en courant.

Quand la porte s'ouvrît sur la blonde, le cœur de la brune fît un bond dans sa poitrine. Rose était encore en pyjama, mais elle était absolument craquante. Et la manière dont elle étouffa un bâillement discret alluma des étoiles dans les yeux de Juleka.

« Je suis désolée, je ne voulais pas te réveiller... Je peux repasser plus tard si...

— Non, non, t'inquiètes pas Ju'... En plus, je suppose que si t'es à la maison aussi tôt un dimanche, c'est que tu as quelque chose à me dire, alors je ne vais pas te chasser. »

Rose entraîna son amie dans sa chambre, un sourire aux lèvres. Elles s'assirent sur le lit où elles avaient échangé tant de secrets depuis leur enfance. Assise sur ce lit, Juleka repensa à leur amitié, si belle, développée au fil des ans avec des rires, des pleurs, des confidences, des disputes, des réconciliations, des délires, des private jokes par centaines, des peurs et des assurances, une proximité raffermie chaque jour, la manière dont Juleka avait refusé de quitter le collège sans Rose, les combats, les akumatisations, et réakumatisations toujours ensemble.

Leur amitié tellement belle que la brune avait peur de la casser avec des mots maladroits.

« On sera toujours amies, hein ? Quoiqu'il arrive, demanda-t-elle dans un marmonnement.

— Quoi ? Bien sûr que oui, Ju ! Je te laisserai jamais tomber ! Tu pourrais tuer quelqu'un, je resterais ton amie, tu m'entends ? Je serai toujours là, avec toi !

— Merci, Rose... J'ai trop peur de faire quelque chose de mal, chuchota Juleka, mais je ne dois pas faire semblant...

» Rose... Tu n'es pas juste une amie, pour moi. Je t'aime. D'amour. Je sais que tu ne peux pas...

— Oh, idiote ! »

Rose serra Juleka dans ses bras, avec force, s'agenouilla sur le lit, saisît le visage de la brune entre ses mains, plongeant son regard bleu ciel dans ses prunelles noisettes, laissant la joie qui y brillait parler pour elle.

Du bout du doigt, elle caressa les jolies lèvres de son amour, ferma les yeux une demi seconde puis les rouvrît, et embrassa Juleka passionnément, à en perdre le souffle.

D'abord figée de surprise, la brune ne tarda pas à répondre au baiser, plaquant d'une main le visage de Rose contre le sien, la serrant à la taille de son autre main, laissant son instinct et son amour la guider dans l'approfondissent du baiser.

Quand, au bout d'une merveilleuse minute, les deux filles se séparèrent pour reprendre leur souffle, leurs yeux brillaient de bonheur.

« Moi aussi je t'aime Juleka. »

************

Plus tard, en début de soirée.

Ladybug retînt Chat Noir, lui disant qu'elle devait lui parler.

« Qu'y a-t-il, Ladybug ?

— Je... Chaton, je... Je t'aime, maintenant, je suis sûre, et même si je n'ai pas arrêté de dire le contraire... Je ne sais pas si mes sentiments ont changé ou si je me voilais la face, mais je suis amoureuse de toi. Et, tu sais, quand tu dragues les héroïnes temporaires, ça me rend vraiment jalouse. Et en même temps, je crois que je t'ai trop rejeté, tu ne m'aimes plus, n'est-ce pas ?

— Oh, ma Lady, s'exclama-t-il en la serrant dans ses bras, bien sûr que si, je t'aime ! Je t'aime et t'aimerai toujours, quoi qu'il arrive, inconditionnellement. Je... J'ai toujours été à la limite de la drague avec tes amies, et ces derniers temps, comme tu t'étais vraiment énervée à cause de mes déclarations perpétuelles ça s'est encore plus marqué... Désolé.

— T'inquiètes, Chaton, c'est ma faute. »

Ils s'assirent sur le bord du toit où ils étaient, l'un dans les bras de l'autre, blottis dans une étreinte tendre.

************

Au manoir Agreste.

Gabriel passa la main sur le tissu de la robe. Il n'avait pas cessé de travailler dessus depuis qu'il était rentré de chez les Tsurugi la veille.

Il avait passé plusieurs heures enfermé dans le bureau, à imaginer différentes formes, différentes couleurs, projetant en esprit les différents tissus qu'il pouvait utiliser. Quand, à la tombée de la nuit, il avait enfin été satisfait de son œuvre, il était passé dans son atelier, une pièce discrète attenante au bureau, dans laquelle il gardait des mètres et des mètres de tissus de toute sorte et de toutes teintes, des accessoires, des centaines de dizaines d'aiguilles, des fils fins et transparents mais solides.

Il avait passé de longues heures à rechercher tous les satins, les dentelles, à sélectionner dans son tiroir spécial les quelques pierres précieuses dont il avait besoin.

Puis, il s'était mis au travail, découpant, cousant, mesurant, brodant.

À quatre heures du matin, il ne tenait plus debout et s'était endormi sur sa chaise, n'ayant même plus l'énergie d'aller jusqu'à sa chambre.

Au matin, il avait repris le travail. Il ne pensait à rien d'autre, son âme entière était absorbée dans la réalisation, la confection de son œuvre.

Maintenant, il avait enfin terminé. Il déposa sa création dans une boîte décorée d'un noeud argentée.

Refermant le paquet, il tituba. Ses forces s'échappaient, puisque la frénésie de création ne le tenait plus debout. Il n'avait rien mangé depuis quarante-huit heures et avait dépensé beaucoup d'énergie mine de rien.

Avec un stylo plume déposé dans un coin de la table de travail, il écrivît le nom de son amour le long du ruban.

Puis il sortît de la salle, se glissa jusqu'à la cuisine et prît une rapide collation. Sur le frigo, une note d'Adrien indiquant les repas qu'il avait préparés à Nathalie ces deux journées le fît sourire. Son fils savait les folies créatrices, et savait que Gabriel voulait savoir tout ce qui se passait au manoir, et agissait en conséquence.

Le styliste hésita un instant, puis décida de freiner un peu sa hâte de voir Nathalie pour se préparer un peu.

Un quart d'heure plus tard, il revînt dans son atelier, saisît le paquet-cadeau et se dirigea vers la chambre de son amour.

Il toqua à la porte, et, à son grand bonheur, elle vînt lui ouvrir.

« Bonjour, Nathalie... Vous allez mieux ?

— Oui, mon état s'améliore vraiment, merci. Comment allez-vous ?

— Bien. Un peu fatigué, mais j'ai dû dormir trois heures cette nuit, pas plus.

— Gabriel !

— Je ne pouvais pas dormir, répondît-il avec un sourire en lui tendant la boîte, je créais...

— Vos frénésies créatrices sont de retour ? Cela faisait longtemps...

— Près de deux ans, oui... Mais j'avais une magnifique raison de le faire...

— Monsieur, murmura-t-elle en passant la main sur sa dédicace, vous l'avez fait pour moi... ?

— Oui. J'espère que ça va vous plaire. »

Nathalie rentra dans sa chambre, s'approcha du lit, sur lequel elle ouvrît le paquet. Elle sortît précautionneusement la robe, retenant son souffle devant la beauté de la pièce, qu'elle déplia doucement sur le lit, contemplant le magnifique dégradé de bleus, les dentelles qui ornaient le col, dessinant deux cygnes au-dessus des épaules. Les manches, bleu azur en haut, tirant vers le violet au niveau des coudes, où elles s'arrêtaient, étaient rebordées de dentelles formant des fleurs. Au niveau du cou, un collier de cristaux bleutés reflétait la lumière.

« Mon dieu... Monsieur, cette robe est extraordinaire... C'est magnifique... Je... Je ne peux accepter un tel cadeau, c'est... Je n'ai pas les mots, je ne mérite pas une telle merveille.

— Accepte-la, s'il te plaît... Elle est pour toi, uniquement pour toi. Je... Je t'aime, Nathalie. Et ce n'est pas grand-chose à t'offrir face à tout ce que tu représentes à mes yeux...

— Monsieur ? C'est vrai ?

— Je sais que ça peut paraître absurde, que c'est difficilement croyable... Mais oui, c'est la vérité. »

La jeune femme écarquilla les yeux. Elle n'arrivait pas à y croire, et pourtant elle en avait la preuve juste devant elle, une robe merveilleuse qu'il avait confectionnée lui-même, pour elle, sacrifiant sa nuit...

Et il était là, à la supplier d'accepter ce cadeau bien trop précieux, de ne pas piétiner son cœur.

Elle recula d'un pas, prît une profonde respiration, puis se tourna vers Gabriel.

« J'accepte, Gabriel, pour ce qu'elle signifie... Et... Je t'aime aussi. Depuis un an à peu près, je t'aime. Je suis juste... Je n'arrive pas à croire mon bonheur... »

Gabriel serra Nathalie dans ses bras, fou de joie.

Il se pencha sur elle, unissant leurs lèvres dans un tendre baiser, laissant enfin la parole à leurs cœurs.

************

3801 Mots. Oh bah ça va en fait, ç'aurait pu être pire.

(Ne nous mentons pas, ça fait quand même neuf pages Word ce truc !!)

Je crois que mon baiser Roseka fait partie des meilleurs baisers que j'ai écrits...

La partie Lukagami m'a fait trop plaisir à écrire, mais ma partie préférée c'est celle entre Kagami et Longg (des parties que j'ai rajoutées, hein !! La partie Papyura est beaucoup trop top pour être déclassée !)

Est-ce que c'est pas trop incohérent ? Ca se suit à peu près correctement ?

Vous avez aimé ? Dites-moi tout !

Bises,

Jeanne.

(26/11/2021)

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