Dragonnes
Petit avertissement d'avant lecture : j'ai fait n'importe quoi avec les bijoux magiques, et le bracelet-clé, je sais !
Bonne lecture, et commentez bien!
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Fei sourît à Marinette à travers la visioconférence. Trouver un horaire pour se parler n'était vraiment pas facile à cause de l'immense décalage entre Paris et Shanghai, mais les deux jeunes filles s'étaient tellement bien entendues qu'elles se débrouillaient.
Et puis, Fei savait pour Ladybug, ayant facilement fait le rapprochement entre elle et son identité civile. Deux Parisiennes qui n'avaient rien à faire dans sa ville, présentes sur la même période et qu'elle n'avait jamais pu apercevoir en même temps ? C'était bien trop improbable !
« Ta broche est magnifique, Marinette ! Où tu l'as trouvée ?
— C'est Maître Su-Han qui me l'a donnée, répondît la Parisienne en caressant la broche en forme de dragon rouge et or.
— Elle a des pouvoirs ?
— Pas pour ce que j'en sais...
— Tant mieux pour toi... Tu sais, entre le Prodigious et le bracelet-clé de Mei Shi, j'ai l'impression d'avoir trop de magie à ma portée.
— Le bracelet te donne des pouvoirs ? Outre qu'accéder au Prodigious, je veux dire...
— Oui, souffla Fei, c'est un peu comme tes boucles d'oreilles. Et... Je peux à la fois être Ladydragon, porter le Prodigious... Et devenir Shi Zié.
— Shi Zié ?
— C'est le nom que je me suis donné pour quand je me transforme ! Ça veut dire « lion ».
— Oh, je vois. Et... Je me demandais, tu as fini par t'adapter à ta nouvelle vie ? Fin, je sais que ça fait un an, mais... C'est pas forcément facile.
— T'inquiètes pas pour moi, Marinette ! Ton oncle est absolument fantastique, et j'ai pu m'inscrire dans une école supérieure, par je ne sais quel miracle. Tu sais que j'adore apprendre, c'est vraiment un paradis pour moi. Et je me suis fait pas mal d'amis...
— C'est génial ! Je suis super contente pour toi !
— Merci. »
Les deux filles discutèrent un moment, riant, se racontant leurs vies, évacuant les pressions qu'elles partageaient, jouant.
Au bout d'un moment, la Chinoise dût pourtant raccrocher, à regret, déclarant que Wang l'appelait à table. Marinette salua son amie, un sourire aux lèvres. Ça faisait toujours du bien de discuter avec elle, mais les longues journées d'école, assorties d'une importante pression scolaire, en plus du décalage horaire, ne leur laissait que peu de moments.
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Le lendemain, Shanghai.
Fei poussa un soupir de soulagement. Enfin la pause déjeuner ! Elle l'attendait depuis une bonne heure et demie, attendant de pouvoir s'échapper du lycée.
Dès qu'elle fût dans la rue, elle fila vers un coin discret et devînt Ladydragon, s'entourant de ses vrais amis, les Renlings. Elle ouvrît la poche de son sac, permettant à Mei Shi de la rejoindre. Elle prît son cartable sur l'épaule, son ami lion bleu blotti contre son cou, elle s'élança sur les toits d'un bon, regardant sa ville avec bonheur.
Être en hauteur lui faisait un bien fou, lui rappelait tout ce qu'elle avait traversé, ses actes, bons et mauvais, son combat perpétuel, le Prodigious et les Renlings. Et ce qu'elle avait fait depuis la visite de Ladybug. Devenir l'héroïne de Shanghai, lutter contre les trafics auxquels elle avait tant pris part, protéger les plus faibles. Ladydragon était devenue une légende, sans que personne ne sache qui se cachait sous son masque.
Elle se détransforma, enroulant sa mèche rouge autour de son doigt. Le mystère de ses origines lui revînt en tête d'un coup. Qui était-elle ? D'où venait-elle ? Savait-elle où elle allait ?
« Mei Shi ? Tu crois qu'il y a d'autres objets magiques que ceux dont me parle Marinette, dont elle est la Gardienne ?
— Il y en a. Il y avait de nombreuses boîtes de Miraculous. Elles ont été détruites et perdues au fil des ans, sauf la boîte-mère dont votre amie est responsable. Le déclin des Gardiens avait commencé bien avant la destruction du temple tibétain. Pour les Miraculous. De ce que je sais, le Prodigious est unique, c'est le seul à donner un réel pouvoir de métamorphose, et avec plusieurs formes. Je suis le seul esprit gardien, et, si je me comporte un peu comme un kwami, je n'en suis pas un.
— Il faut protéger les objets magiques ! S'ils venaient à tomber en des mains comme celles du Papillon, ou de Cash...
— Il y a bien des héros à travers le monde, qui sauront protéger leur territoire du mal. Ne vous inquiétez pas, Fei.
— J'espère que tu as raison...
» Sinon... Une idée de d'où je peux avoir une mèche rouge, comme ça ? Je ne l'ai jamais teinte... Elle a toujours été là.
— Non, je ne sais pas. Les légendes sauraient donner des dizaines d'explications, mais moi je n'en ai pas.
— Je me rappelle d'avoir lu une histoire qui racontait que les enfants portaient les traces de leurs parents sur le corps... Et que des cheveux rouges étaient trace d'un sang versé mêlé à celui du nourrisson...
— La couleur des cheveux n'est pas déterminée par ce qui se passe après la naissance, commenta le Renling du dragon.
— Je sais, soupira Fei, mais j'aimerais pouvoir y croire. Ça me donnerait au moins une raison d'espérer que mes parents n'aient pas juste été des lâches.
» Je demanderai à Marinette, elle est plus jeune que moi, mais elle sait tellement de choses... »
Les Renlings et l'Esprit Gardien approuvèrent ensemble cette décision. Il était clair que la Grande Gardienne connaissait énormément de choses, sur les kwamis et les Miraculous, bien sûr, mais aussi sur énormément d'autres sujets.
Et puis, peut-être que Marinette connaissait quelqu'un qui aurait la même étrange caractéristique...
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Paris, le lendemain.
Adrien hésitait à faire ce que Marinette lui avait demandé. Elle lui avait expliqué qu'elle avait gardé contact avec Fei, qu'ils avaient rencontrées à Shanghai, et que celle-ci se posait des questions sur sa mèche rouge. La Parisienne sentait à quel point c'était idiot de penser à ça, mais elle avait rapproché cela de la mèche de Nathalie, et avait demandé à son camarade s'il pouvait se renseigner.
Le mannequin avait été surpris de la demande, mais avait accepté d'essayer.
Il prît une grande inspiration et toqua à la porte de Nathalie, qui lui répondît d'entrer.
« Bonjour, Adrien, comment allez-vous ?
— Bien, merci...
— Vous voulez me parler ?
— Oui..., il se passa la main sur la nuque, gêné, avant de déclarer, ça va vous paraître bizarre, mais je me demandais pourquoi vous avez une mèche rouge...
— Puis-je vous demander d'où vient cet intérêt soudain ?
— Eh bien... Quand nous sommes allés à Shanghai, avec Père, j'ai croisé une héroïne qui a une mèche semblable. Marinette était là aussi, elle a gardé contact avec cette jeune fille. Et elle m'a transmis les questions de Fei à propos de sa mèche. Marinette a supposé, mais sans vraiment y croire qu'il pourrait y avoir un lien avec la vôtre... »
Nathalie avait blêmi à l'entente du récit d'Adrien. Était-ce possible ? Non, cela faisait près de dix-sept ans, c'était impossible, pas après tout ce temps. C'était un fantôme du passé, rien d'autre. Une simple coïncidence.
Mais pourtant... Elle se rappelait la manière dont elle avait teint la mèche de sa demi-sœur, dans leur fuite, pour échapper à un cataclysme dans la demeure. Nathalie avait vingt-quatre ans, l'indépendance acquise, la petite avait à peine six mois. L'adulte était venue voir sa famille pour son anniversaire, et ce qu'elle avait vu l'avait horrifiée.
Sa mère, leur mère, à peine vaillante, blessée, tentant de dissimuler la fierté atteinte et les bleus sur le corps, le rouge sanguinolent de ses lèvres. Le père de sa sœur, que Nathalie avait toujours considéré comme instable, du sang sur les poings, un regard de dément, un sourire de bête, effrayant et fou. L'enfant affamée, criant, semblant appeler à l'aide.
Nathalie n'avait pas réfléchi, elle avait pris la petite avec elle, dans ses bras, avait fui sans se retourner. Sans savoir vraiment ce qu'elle faisait, elle avait décidé de partir au bout du monde, où ce fou ne pourrait retrouver sa fille.
Elle avait trouvé pour sa sœur un refuge au plein cœur de Shanghai. Mais avant de l'y déposer, elle avait teint une des mèches d'ébène en rouge sang, témoignage de ce à quoi l'enfant avait échappé, et de leurs fuites. Elle avait fait de même pour elle, en souvenir. Nathalie n'avait pu rester auprès de sa sœur, elle avait dû rentrer à Paris, n'avait jamais réussi à retrouver la trace de l'enfant.
À mi-voix, elle raconta son histoire à Adrien, chuchotant qu'elle avait longtemps cru que le bébé dont elle ignorait le nom était mort malgré tout. Et pourtant, il lui redonnait espoir...
« Adrien... Auriez-vous une photo de cette fille ? Si c'est ma sœur, je la reconnaîtrai immédiatement.
— Je vais demander à Marinette, d'accord ?
— Merci, Adrien. Et... Si c'est elle, votre amie pourrait-elle lui raconter l'histoire ? Et me donner son numéro...
— Je pense qu'elle n'y verra aucun inconvénient. »
Le blond sortît son téléphone, expliqua la situation à sa camarade par message. La bleutée ne cacha pas sa surprise, mais accéda à la demande de Nathalie.
En voyant l'image, la jeune femme sentît la tête lui tourner. C'était elle, aucun doute possible. Ce visage, en plus enfantin, plus rond, plus innocent, l'avait marquée à jamais.
Elle caressa l'image du bout des doigts, incrédule, chuchotant « alors je t'ai vraiment sauvée... »
L'émotion était visible sur son visage. Cela faisait si longtemps qu'elle attendait un vague signe sur l'état de sa demi-sœur, qu'elle croyait l'avoir tuée en l'abandonnant, qu'elle s'en voulait... Le soulagement et le bonheur l'inondaient de manière inattendue.
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Le lendemain matin, à l'aube, Shanghai.
Fei était allée se percher sur un toit. Vers minuit, elle avait reçu un message de Marinette, qui lui expliquait toute l'histoire et lui donnait le numéro de son aînée.
La Chinoise avait été fascinée par cette histoire. C'était purement extraordinaire, incroyable. Et tellement explicatif.
Elle l'avait partagée à l'oncle Wang, aux Renlings et à Mei Shi. Elle était soulagée de savoir enfin. Et en même temps, elle rêvait de rencontrer cette demi-sœur mystérieuse qui lui avait sauvé la vie... Mais était resté si distante. Fei avait inondé Marinette de questions, et la Parisienne avait répondu comme elle avait pu, disant ce qu'elle savait.
La Chinoise sortît son téléphone portable de sa poche, cliqua sur le contact créé la veille avec le numéro de cette sœur et commença à écrire un message, hésitante.
Bonjour Nathalie... C'est Fei. Je ne sais pas vraiment comment je dois vous parler, puisque je ne vous ai jamais vue. Je ne sais même pas si je dois vous vouvoyer ou vous tutoyer, par défaut je dis « vous »...
D'abord, je voulais vous remercier pour ce que vous avez fait quand j'étais petite. Je ne m'en rappelle pas, mais Marinette a dit que vous m'aviez sauvé la vie. Et, en arrivant à Shanghai... Vous avez eu un très bon instinct. Vous m'avez confiée à un homme aimant et juste, qui m'a élevée dans la sagesse et le bonheur. Merci infiniment.
Marinette m'a aussi dit que vous étiez malade. J'espère que vous vous remettrez rapidement ! J'ai hâte de pouvoir faire plus ample connaissance avec vous !
Elle referma son téléphone, le glissa dans sa poche, puis se dirigea vers l'université. Elle n'attendait pas de réponse avant un long moment, avec le décalage horaire, il devait être minuit et quelques à Paris. Elle regarderait à sa pause déjeuner, à quatorze heures, seul moment où elle avait une pause conséquente dans son emploi du temps universitaire.
À quelques dizaines de mètres du bâtiment universitaire, elle descendît dans une rue discrète, se détransforma et fila vers l'école.
En cours, cependant, Fei eût un mal fou à se concentrer. Elle n'arrêtait pas penser à son message, à se demander si elle n'avait pas fait de fautes, dit quelque chose de travers, mal formulé un élément, si elle n'aurait pas dû la tutoyer...
Quand, à quatorze heures sonnantes, elle pût enfin s'échapper, la jeune héroïne poussa un soupir de soulagement.
À peine hors de la salle de cours, elle sortît son mobile, sous le regard médusé de ses deux meilleures amies, qui la taquinèrent en demandant si elle attendait un message d'un garçon. Fei leva les yeux au ciel, répondant rapidement qu'elle avait enfin trouvé un membre de sa famille biologique, et réussi à le contacter.
Shizuku et Nahoko hochèrent la tête, comprenant l'enthousiasme de leur amie. Elle leur avait raconté les grandes lignes de son histoire, son abandon, la mort de son premier père adoptif, sa vie de voleuse et comment une héroïne sortie de nulle part l'avait ramenée dans le droit chemin, la confiant à un oncle qui s'occupait d'elle avec soin. Alors savoir que Fei savait enfin quelque chose de ses origines les rendait heureuses pour elle.
Au grand plaisir de l'héroïne, elle s'aperçût que sa demi-sœur avait déjà répondu à son message. Sur un ton aussi formel que celui que la Chinoise avait employé, voire plus.
Chère Fei... Je suis heureuse de te parler. Je t'avoue que j'ai été très émue par ton message. Et s'il te plaît, ne me vouvoies pas. Je suis certes plus âgée que toi, mais je ne mérites guère un tel respect.
Aussi, ce n'est pas la peine de me remercier de t'avoir sauvée. C'est normal de l'avoir fait, je ne pouvais pas te laisser entre les mains de ton père biologique. Et je t'ai abandonnée, sans certitude pour ton destin...
Quant à ma maladie, c'est gentil de me souhaiter un bon rétablissement. Cependant, je crois que je ne guérirai jamais vraiment. Ne t'inquiètes pas, je n'en mourrai sans doute pas.
J'espère que tu vas bien, que tout se passe bien pour toi. Bonne journée, Fei, écris-moi quand tu pourras.
Fei sourît à la lecture du message, et répondît, avec un peu moins de formes, étrangement plus détendue.
Ses amies durent la secouer pour qu'elle vienne déjeuner, puis la rappeler plusieurs fois sur Terre. La jeune fille était clairement ailleurs, et y repartait dès que l'on cessait de la secouer. Alors les deux autres finirent par renoncer, espérant que ça se calmerait avec le temps.
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Un mois plus tard.
Fei et Nathalie discutaient régulièrement, échangeant, se racontant leurs vies, leurs problèmes, nouant une complicité surprenante au vu de leur différence d'âge et de la distance.
Si Fei gardait secrète son identité d'héroïne, et ses pouvoirs, Nathalie avait fait le choix d'être franche avec sa sœur et lui avait expliqué, au bout de deux semaines, pourquoi elle était malade, lui parlant des Miraculous, du Papillon et de son objectif, lui racontant son amour vain pour Gabriel.
La jeune Chinoise avait été profondément choquée par ces révélations, et avait mis longtemps à y répondre. Elle en voulait à la plus âgée, et en même temps elle comprenait pourquoi elle le faisait. Elle savait comme le deuil était une épreuve difficile.
Elle avait momentanément hésité à mettre Ladybug au courant, mais ne l'avait pas fait. Elle ne voulait pas mettre son lien avec Nathalie en péril.
Après cette décision, ça avait été plus simple de parler avec Nathalie, et en même temps plus complexe. La relation avec Marinette avait été touchée aussi. Et, bien sûr, elle cachait ses activités d'héroïne à ses amies de l'université et à l'oncle Wang. Autant dire qu'elle se noyait dans un panier de secrets.
Perchée sur l'un des gratte-ciels de sa ville, Fei haussa les épaules. Après tout, elle s'en sortait bien. Et ne se sentait pas mal dans sa peau. Ces doubles-jeux l'amusaient, au contraire. Et elle avait des complices, ses Renlings et son cher Mei Shi. Un temps, elle avait craint que cet état de choses ne l'empêche d'utiliser certaines transformations. Heureusement ça n'avait pas été le cas.
Elle se transforma en dragon, filant dans la nuit, portée par le vent, respirant l'air. Sa forme de dragon était sa préférée, lui donnant une force et une liberté qu'elle n'avait jamais que rêvées.
Au passage, elle arrêta quelques pickpockets, les forçant à rendre leurs prises, notant leurs visages dans sa tête pour se rappeler de les « rembourser ». S'ils volaient, c'était sans doute par besoin.
Alors qu'elle avançait dans les rues, la dragonne réfléchissait au problème majeur de sa demi-sœur. Son amour désespéré et assassin pour Gabriel Agreste.
Elle se rappelait des descriptions de Marinette sur les combats où Mayura et le Papillon se montraient tous les deux, la manière dont il prenait soin d'elle. Elle n'oubliait pas les sourires de Nathalie quand elle racontait les attentions de son patron. Elle gardait en tête les plaintes d'Adrien à propos de l'aveuglement de son père sur ses sentiments.
De tout ça, Fei était certaine que Gabriel Agreste était amoureux de Nathalie. Mais il fallait trouver un moyen pour qu'il s'en rende compte et l'accepte. Pas facile en étant aussi loin...
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Quelques jours plus tard, Paris.
Marinette entra dans le manoir, et poussa un soupir de soulagement. Pour elle, ça avait été la partie la plus incertaine du plan de Fei pour mettre Gabriel et Nathalie en couple.
La jeune Chinoise avait réalisé une sorte de complot, mettant ses deux amis héros parisiens à contribution.
Marinette devait se faire inviter au Manoir Agreste, se débrouiller pour attirer l'attention du maître des lieux. Ainsi, il était probable que ce dernier veuille surveiller les deux jeunes. Et, lors d'une conversation, ils devaient glisser que Nathalie était amoureuse de Gabriel. De Shanghai, c'était la seule chose que Fei avait pu trouver. Et les deux Parisiens avaient fortement approuvé l'idée.
Adrien guida Marinette jusqu'à sa chambre, sous le regard désapprobateur de Gabriel, qui était venu l'accueillir. L'adulte n'aimait pas quand d'autres personnes venaient à la maison en-dehors de ses plans. Mais là, Adrien l'avait tellement supplié qu'il avait fini par accepter.
La bleutée réfléchissait à comment se rendre suspecte, sans regarder où elle marchait. Et elle réussît à se faire un croche-patte, s'écroulant pitoyablement au sol. Le blond se mordît la lèvre pour ne pas éclater de rire, et se pencha pour aider son amie à se relever.
« Tu es impossible, Mari-cœur ! Comment tu fais pour être aussi maladroite ?
— Aucune idée, marmonna-t-elle en rougissant sévèrement au surnom.
— Je ne sais pas si ça va être très raisonnable de te laisser approcher de mon bureau pour travailler... Tu risques d'abîmer mon ordinateur...
— Mais non ! Je ferai attention, promis. Et si ça peut te rassurer, je n'ai toujours pas cassé le mien alors que ça fait trois ans que je l'ai.
— Ça me rassure. »
Les deux jeunes filèrent à la chambre d'Adrien, retenant difficilement leurs rires. Quand Adrien eût refermé la porte, ils les laissèrent éclater, trouvant leur scène absolument ridicule.
Une fois qu'ils réussirent à retrouver leur souffle, le jeune homme murmura à sa camarade :
« Là, y a pas de doute, mission accomplie ! J'arrive même pas à comprendre comment t'as fait ton compte...
— Si j'avais voulu faire exprès, je n'aurais pas pu, répondît-elle en haussant les épaules, tu as devant toi la reine des maladroites !
— Ah oui...
— Au fait, c'est quoi ce surnom que tu m'as donné ? Mari-cœur ?
— Je... Excuse-moi, ça m'a échappé. En fait... Je t'aime. Je suis amoureux de toi...
— Adrien ? Pour de vrai ? »
Il hocha la tête, un peu désarçonné par sa réaction, l'incrédulité teintée de bonheur qu'il apercevait dans le regard ciel de la jeune fille.
Elle le serra dans ses bras, fort, comme si elle n'y croyait pas tout à fait et avait besoin de leur contact pour réaliser. Alors qu'il lui rendait tendrement son étreinte, Marinette chuchota à quel point elle était heureuse, comme elle avait attendu cela depuis le début, à quel point elle l'aimait mais n'avait jamais su le dire.
Au bout de quelques magiques minutes à rester ainsi, à juste profiter de leur bonheur, de leurs présences, pendant que leurs cœurs se mettaient à l'unisson, ils se séparèrent, laissant leurs regards parler pour eux.
Marinette secoua la tête, et déclara qu'ils devraient travailler à leur physique. C'était l'excuse qu'ils avaient pris pour qu'elle puisse venir, alors Adrien hocha la tête et se dirigea vers son bureau, saisît son cartable et l'ouvrît, sortant les livres de physique.
Les deux jeunes discutaient à haute voix, échangeant, mêlant aux devoirs des considérations sur la vie, leurs problèmes, leurs amours et ruptures, croisant les doigts pour que leur histoire puisse durer.
Puis, au milieu de tout ça, Adrien glissa qu'il était triste pour Nathalie, quand même.
« Ah, pourquoi ?
— Elle meure littéralement d'amour... Et mon père est incapable de le voir ! Il n'arrive pas à tourner la page de son deuil, il reste enterré dans le regret, malgré les deux ans passés. Et en plus, je suis sûr qu'il l'aime aussi ! Mais il ne l'accepte pas...
— Oh... C'est vraiment dommage. J'espère qu'il ouvrira les yeux un jour...
— Il faudrait qu'il le fasse vite. Sa vie ne tient vraiment qu'à un fil... »
Marinette serra Adrien dans ses bras, tendrement. Ça irait.
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Derrière la porte.
Gabriel sentît son cœur éclater. Il était resté écouter, étonné de l'attitude de l'amie de son fils. Il s'était fait le reproche d'être indiscret en les entendant se déclarer l'un à l'autre. Mais il n'avait pu partir, quelque chose en lui lui disait qu'il devait rester, qu'il était concerné.
Et maintenant, ça avait été dit. Son fils affirmait que Nathalie l'aimait. Mourait par amour pour le monstre qu'il était. Et surtout, le jeune homme soutenait que c'est amour était réciproque, mais refusé. Et le styliste était frappé au cœur par cette affirmation qui remettait en cause toute sa vie depuis deux ans, et qui sonnait bien trop juste.
Il se retînt de s'effondrer, de se mettre à pleurer. Comment avait-il pu commettre une telle erreur ? Être si dur ?
Il chassa cette pensée de désarroi et se précipita vers la chambre de son assistante, le cœur battant à mille à l'heure. En toquant à la porte, il eût l'impression que sa vie dépendait de la conversation qu'il allait avoir.
« Entrez, Monsieur.
— Merci...
— Monsieur ? Vous n'avez pas l'air bien ?
— Je... Rappelez-moi de ne plus écouter aux portes.
— Qu'est-ce que vous avez fait encore, fît-elle en secouant la tête, un vague sourire sur les lèvres.
— Je... Adrien a invité son amie Marinette, pour réviser de la physique. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai ressenti le besoin d'écouter leur discussion. Bon... Ils se sont déclarés l'un à l'autre, enfin.
— Vraiment ? Gabriel, s'il vous plaît... Laissez-les en paix.
— Bien sûr Nathalie. Mais... Après... Ils ont dit... Ils ont parlé de nous, chuchota Gabriel.
— C'est traumatisant à ce point ? Qu'ont-ils bien pu dire pour vous mettre dans un état pareil ? »
Gabriel détourna le regard, se sentant gêné. Nathalie s'assît sur le lit, lui fit signe de venir s'asseoir à côté d'elle.
Il secoua la tête, se rapprochant de la porte, dans une sorte de fuite.
Elle ne pût retenir un sourire. Elle se demandait vraiment comment les deux jeunes avaient pu le mettre dans un tel état de choc avec quelques phrases.
Il avait l'air tellement bouleversé. Et quand il reprît la parole, dans un murmure, elle sentît son cœur se serrer, brisé par la tristesse dans sa voix.
« Je suis un monstre.
— Quoi ?! Non, bien sûr que non ! Vous êtes quelqu'un de merveilleux, Gabriel, vous avez été brisé et votre détermination a dérivé, vous avez toujours été déterminé, intelligent... Sensible, aussi, compréhensif. Et un artiste merveilleux...
— Mais regardez ce que je vous ai fait... Nathalie, je ne peux pas être... Je ne peux pas être un artiste, un artiste n'abîme pas une œuvre d'art comme vous.
— Monsieur, s'exclama-t-elle en rougissant.
— Nathalie ? Je vous aime. Et j'ai été incapable de le voir et de l'accepter avant que mon fils ne me l'affirme sans me parler... Je suis désolé, je t'ai fait tellement de mal... Je...
— Peu importe les blessures, Gabriel. Je n'y fais pas attention. Je les porte pour toi. Je t'aime. »
Le visage du styliste s'illumina à ces mots. Il s'approcha d'elle, la serra dans ses bras, la souleva dans les airs et la fît tourbillonner, juste emporté dans sa joie.
En la reposant au sol, il sourît, l'embrassa au coin des lèvres, presque timide.
Elle secoua la tête, levant les yeux au ciel, saisît le visage de son amour en coupe et, sur la pointe des pieds, elle unît franchement leurs lèvres, dans un baiser passionné.
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4053 Mots + Note de début.
Qu'est-ce que je voulais faire à la base déjà ?
Conscience : Un truc sur les objets magiques perdus, il me semble. Genre, les Miraculous perdus, le Prodigious, le bracelet-clé...
Ah ouais, j'ai bien dérivé quand même...
Conscience : Yup. Bon, en même temps, t'es allée parler de Fei. Et ça forcément...
Inspi : Bah elle est géniale, Fei ! En plus on peut faire plein de théories avec sa mèche !!
Moi : On en parle qu'il y a littéralement vingt-quatre ans entre les deux et que j'ai dû allonger à mort la différence d'âge entre Mari et Fei pour pas que ce soit trente ans ???
Conscience : Ouais, nan, c'est pas la peine. Pas la peine non plus de dire que c'est pas la vraie Chine, clairement pas...
Moi : Bref, ça a dégénéré. J'ai théorisé sur la mèche de Fei alors que c'était pas censé être au programme, du coup j'ai embrayé sur Nathalie, de là ça a fini en giga plan Papyura... Le bazar le plus complet, mais un vrai fun à écrire !
(Les gars, j'ai passé 3h30 sur l'appli Notes pour l'écrire, aujourd'hui !! Et ça fait depuis vendredi que j'y suis !!!)
Bref, qu'en avez-vous pensé ? C'était bien ? Pas trop décousu ?
Dites-moi tout !
Bises,
Jeanne.
(22/11/2021)
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