Concurrence

Gabriel circulait entre ses invités, allant de l'un à l'autre en souriant doucement. Il avait organisé un gala pour montrer au monde qu'il avait enfin renoncé au deuil et tourné la page après la disparition de sa femme. Dans la foule, il aperçût son fils, souriant au milieu de son groupe d'amis, riant et faisant des blagues, main dans la main avec la jeune Marinette Dupain-Cheng, son amoureuse. Cette vision lui apporta une vraie bouffée de bonheur.

Le styliste avait décidé de reprendre sa vie, après un énième échec contre Ladybug qui l'avait poussé à se remettre radicalement en question.

Il voyait ses amis et connaissances s'amuser et pour la première fois depuis bien trop longtemps il était heureux de voir des émotions positives.

Avec un sourire, il grimpa au premier palier de l'escalier, pour avoir une vision panoramique de la foule réunie dans le hall et la cour du manoir, se faufilant par les grandes portes ouvertes. Soudain il se figea.

Dans un coin, près de la porte, il venait d'apercevoir Nathalie. Elle discutait avec quelqu'un qu'il ne discernait pas bien. Mais elle semblait tellement détendue et à l'aise que Gabriel se demanda un instant si ce n'était pas plutôt une espèce de clone trompeur. Il la vît rire, passant manifestement un très bon moment avec la personne à ses côtés. Le styliste scruta les alentours de son amie avec circonspection, et finît par reconnaître son interlocuteur. C'était le photographe Guiseppe.

Rien de bien problématique à cela, en soi. Mais sans vraiment comprendre clairement pourquoi, Gabriel sentît une sourde colère monter en lui. Il la chassa de sa conscience, mais il se sentait comme aimanté à cette scène. Il en était irrité, agacé, mais il ne pouvait pas détourner le regard.

Heureusement, Adrien vînt le distraire un instant.

« Merci pour cette fête, Père, c'est super ! Et merci de m'avoir permis d'inviter mes amis, je suis vraiment content de les avoir avec moi aujourd'hui.

— Ce n'est rien, Adrien. Je n'aurais pas voulu que tu ne participes pas à la fête, répondît Gabriel en se tournant vers son fils avec un sourire.

— Je tenais à vous en remercier, quand même. Ça faisait longtemps que nous n'avions pas partagé quelque chose comme ça...

— En effet, sourît le père, les yeux à nouveau rivés sur Nathalie et Guiseppe, et je te promets de faire en sorte de corriger cela. Je tiens vraiment à toi, tu sais, Adrien.

— Oui.

» Il y a un problème, Père ? Vous me parlez, mais vous m'avez à peine regardé depuis le début de notre conversation...

— Pardonne-moi... C'est juste que je n'arrive pas à les quitter des yeux, répondît-il dans un murmure, pointant Nathalie du menton, les poings serrés, c'est ridicule je sais. Mais je n'y arrive pas. Je ne supporte pas ça...

» La jalousie c'est vraiment un cauchemar, lâcha-t-il un ton plus bas, et c'est stupide. Elle est libre de faire ce qu'elle veut, de rire avec qui elle veut, et je n'ai pas à commenter, à m'interposer. Mais ça fait mal...

— Vous devriez lui parler, Père. Je sais que la jalousie est quelque chose d'extrêmement désagréable, mais le seul moyen que je vois pour la purger, c'est d'en parler à Nathalie.

» Et puis je suis presque sûr que vous n'avez qu'une phrase à dire pour qu'il n'y ait plus aucune raison d'être jaloux, déclara Adrien à mi-voix. »

Son père le dévisagea avec perplexité, se demandant comment interpréter sa dernière phrase, avant de lui enjoindre de retourner s'amuser avec ses amis. Lui resta encore de longues minutes à observer Nathalie et Guiseppe, discuter, rire, sourire d'un air complice. Cette contemplation lui enfonçait un couteau dans le cœur, la jalousie faisait monter en lui une sorte de colère contre le photographe, qu'il aurait voulu éloigner immédiatement de Nathalie, mais il s'y opposait de toute sa raison, de toutes ses forces.

Même s'il savait que c'était un combat perdu d'avance. Il n'avait pas les armes pour lutter contre son amour.

Je n'ai pas le droit de m'immiscer dans ses relations. Et je ne vais pas me mettre à jouer le tyran comme Audrey en éloignant les gens à la moindre contrariété ! Elle fait ce qu'elle veut, et je ne la mérite pas de toute façon.

************

Deux semaines plus tard.

Gabriel était assis sur son lit, désemparé. Il avait extrêmement mal dormi, à cause de cauchemars récurrents. Depuis le gala, il avait l'impression de faner comme une plante privée de lumière. Nathalie et Guiseppe étaient de plus en plus proches et le serpent de la jalousie le dévorait chaque jour un peu plus.

Malgré les encouragements d'Adrien et Marinette et la conscience aiguë de la situation d'urgence, il n'arrivait pas à parler à Nathalie, à lui dire ce qu'il ressentait pour elle.

Il se passa la main sur le visage, désespéré.

D'un geste mécanique, il passa un doigt sur la broche du Papillon. Il s'était juré de ne plus jamais l'utiliser, mais il ne supportait pas l'idée de la retirer à jamais. De plus, il avait libéré Nooroo de toutes les contraintes qu'il avait pu poser sur lui au fil des ans et, discutant enfin à cœurs ouverts avec son kwami, il s'était découvert un véritable ami.

« Nooroo, aide-moi, je t'en supplie. Qu'est-ce que je pourrais faire ? Je ne supporte pas l'idée de la perdre, de la voir partir, mais l'idée de la retenir me donne l'impression d'être injuste et méchant. Je... Je l'aime, tellement. Je voudrais tant la voir heureuse et épanouie. Et s'il faut que je sorte de sa vie pour cela, je le ferais, même si la douleur me tuerait sans doute. Mais l'imaginer avec quelqu'un d'autre me rend fou, Nooroo ! Ça me semble absolument inacceptable, ou en tout cas ça l'est pour mes sentiments, mais ma raison me souffle que je n'ai pas à décider de sa vie ! C'est tellement compliqué...

— Sans vouloir vous offenser, Maître, je crois que vous raisonnez trop et que votre fils a raison. Vous devriez simplement lui dire ce que vous éprouvez pour elle, et réfléchir ensuite, suivant sa réaction. Cependant, je ne peux pas être d'une grande aide... Les kwamis ne tombent pas amoureux.

— Mais au moins, tu es là pour me soutenir. Merci Nooroo... Et je crois que je vais faire cela. Mais je ne sais pas vraiment comment lui dire... Tu crois que je peux le lui dire simplement comme ça ?

— Et bien... Vous travaillez toute la journée ensemble, ça ne poserait pas de problème d'aborder le sujet à un moment...

— Mais quand, Nooroo ? Comment pourrais-je savoir que c'est le bon moment ?

— Je crois qu'il n'y a pas réellement de bon moment pour cela. Mais il faut que vous le fassiez vite, sinon il est clair que vous allez la perdre. C'est aujourd'hui ou jamais. Mais ne vous pressez pas trop non plus. Il faut que vous soyez prêt.

— Merci Nooroo. »

Gabriel se redressa, soudain déterminé à affronter la journée et ce qui l'attendait. Il avait peur de la réaction de Nathalie, mais grâce à son kwami il se sentait à présent de taille à l'affronter.

Il sortît de sa chambre discrètement et alla vers son observatoire, à présent vide des papillons blancs qu'il avait libérés le jour de son renoncement. Il s'approcha de la fenêtre et regarda l'aube brumeuse qui noyait la ville sous les nuages. L'ambiance qui s'en dégageait lui semblait presque inquiétante, pesante, lourde de menaces d'orages.

Mais soudain, un large rayon de Soleil perça les nuages, éclairant la ville, se réfléchissant sur la brume des rues, les éclairant soudainement de dizaines de rayons arc-en-ciel, venant libérer la lumière, réveillant l'espoir, illuminant les alentours.

Gabriel était émerveillé par le spectacle qui s'offrait à lui. C'était si beau, si insaisissable, si sublime, comme seule la lumière naturelle pouvait le faire. Et déjà son esprit de créateur s'activait pour trouver un moyen de retrouver cette lumière sur un vêtement. De la soie, peut-être, légère et précieuse, tissée très serrée, peut-être mêlée d'un tissu légèrement hydrophobe, pour conserver une pluie passagère en suspension, reproduire cette luminosité...

Un sourire impatient naquît sur son visage et il fila se préparer dans sa chambre, avant de courir à son poste de travail et commencer à dessiner la robe lumière qui lui agitait l'esprit. Il la voulait parfaite, et il savait qu'il la réaliserait lui-même. Il voulait l'offrir à Nathalie, en gage de son amour, même si elle n'acceptait pas. Il se battrait pour elle, il le savait maintenant.

Son stylet volait sur la tablette, traçant et corrigeant au fur et à mesure les tracés délicats. La robe était serrée à la taille, puis s'évasait doucement vers le bas, le jupon étant fendu sur le côté. Le haut lui posa plus de problèmes, et, après de longues hésitations, il finît par opter pour une coupe simple, assez stricte, à laquelle il ajouta des manches légères laissant les épaules découvertes et s'arrêtant aux coudes, mais assez larges et semblant faire couler des cascades de lumière lors d'un mouvement des bras.

Le tissu utilisé serait d'un blanc tendre, rappelant la couleur d'un nuage de beau temps, et recouvert de voiles transparents, se déplaçant au gré du vent et agrémenté de minuscules paillettes transparentes incrustées. S'il arrivait à créer exactement ce qu'il imaginait, la robe semblerait un pur bijou reflétant les humeurs du ciel.

« Cette robe est magnifique, Monsieur, commenta soudain Nathalie, et les personnes qui la porteront auront une chance immense. »

Gabriel sursauta. Il ne l'avait pas entendue approcher, tout absorbé dans sa création. Le commentaire qu'elle avait fait lui réchauffait le cœur. La tenue lui plaisait...

« Je suis heureux qu'elle vous plaise, Nathalie. Vraiment. Elle est pour vous, mais je n'étais pas sûr que...

— Pour moi ? Mais pourquoi, Monsieur ?

— Parce que je veux vous offrir un cadeau dans lequel je me serai investi. Pour faire voir à quel point vous m'êtes précieuse... Je vous aime, Nathalie, déclara-t-il en se tournant vers elle, plongeant son regard dans le sien, je vous aime mais je sais à quel point il est improbable que je puisse être payé de retour. Je ne vous mérite pas, j'ai fait trop de mal pour espérer qu'un ange comme vous puisse m'aimer. Mais j'avais besoin de le dire, de le montrer... »

Nathalie recula, secouant la tête. C'était impossible. Elle sentait son cœur battre à se rompre dans sa poitrine, elle aurait voulu bégayer une réponse, n'importe quoi, éventuellement une déclaration, mais l'afflux de sang au cerveau l'en rendait incapable, lui donnant le vertige. C'est impossible. La même phrase, lancinante, tournait dans sa tête. Il l'aimait, après tout ce temps, il l'aimait...

Elle aurait presque soupiré un « enfin ! » soulagé, si tout avait été encore dans la configuration normale. Mais, depuis un mois, depuis que Gabriel avait retrouvé la vie, son cœur avait été remis dans la balance. Elle avait laissé son austérité dans un coin, décidant de goûter la vie. Elle avait repris contact avec Guiseppe, proche ami de lycée dont elle avait perdu la trace après l'université. Et depuis le gala, deux semaines auparavant, l'Italien s'était mis en tête de devenir plus qu'un ami pour elle. Et Nathalie avait beau le repousser, elle ne pouvait s'empêcher d'être sensible à sa douceur et à ses pitreries.

Maintenant, elle instaurait une distance de sécurité avec Gabriel. Se rendant soudain compte de ce qu'elle avait fait ce dernier mois. Dresser une barrière invisible entre eux, alors qu'encore et toujours elle aurait voulu se rapprocher de lui.

Nathalie sentît presque son cœur se briser sous le poids de la culpabilité. Il avait peur d'elle, de sa décision et de ses mots, il se consumait sans doute dans une jalousie imméritée. Mais elle n'était pas sûre de pouvoir l'apaiser, elle se sentait tellement fragile, impuissante. Elle fondît en larmes au milieu de la salle de travail, secouée par des sanglots violents, incapable de retenir la tempête émotionnelle qui l'agitait.

Gabriel fût un peu déstabilisé par cette réaction pour le moins inattendue. Mais il décida de laisser parler son cœur avant tout, s'approcha de son interlocutrice, la prît dans ses bras doucement, la laissant pleurer sur son épaule pour simplement lui dire qu'il était là.

« Nathalie... Je suis désolé, je ne voulais pas vous attrister. N'ayez pas peur, de rien. Je vous protégerai, quel que soit l'adversaire. Même si c'est moi que vous devez fuir, je partirais. Quoi que vous me disiez. Je comprendrai tout...

— Non, vous ne comprenez pas, vous ne pouvez pas comprendre, murmura-t-elle entre deux sanglots, vous ne savez pas à quel point ça me perd. Vous ne savez pas dans quel désordre sont mes sentiments en ce moment, je me perds complètement. C'est tellement compliqué... »

Elle se blottit contre lui, s'accrochant à lui comme s'il était sa seule bouée de sauvetage alors qu'il participait de la tempête qui la secouait. Elle murmura extrêmement vite sa situation, comme elle avait rêvé d'être aimée par lui, mais le refus de l'espoir parce qu'elle savait sa bataille pour ramener Émilie, la joie et l'espoir mêlés quand il avait renoncé, mais l'attitude toujours semblable qu'il lui avait opposée, la fatigue d'être si sévère et froide, comment elle avait retrouvé Guiseppe et décidé de renouer leur ancienne amitié, son attitude de drague depuis le gala, les refus qu'elle lui opposait mais avec quelle bienveillance elle recevait ces tentatives, les accélérations de son cœur parfois, mais rien de comparable avec ce qu'elle ressentait auprès de Gabriel, les loopings qui prenaient parfois son cœur en voyant les sourires du styliste, la tempête de doute, d'hésitation, de légère culpabilité, de soulagement et de joie qui s'était abattue sur elle lors de sa déclaration.

Mais quand elle eût fini son monologue, elle sût exactement où elle voulait être. Craquer, pleurer et retrouver la présence rassurante et attentive de Gabriel l'éclairait comme une évidence.

« Mais je sais où je suis maintenant, murmura-t-elle en le serrant dans ses bras, je vous aime, Gabriel, plus que je ne saurais dire avec des mots. Vous êtes toute la lumière de mon univers, je fanerais sans vous. Tout ce dont j'ai besoin, c'est être avec vous pour avancer... Et peut-être apprendre à m'accepter dans votre regard, je n'ai jamais su faire seule...

— Je vous apprendrai alors. Je vous ferai voir à quel point vous êtes merveilleuse et forte. »

Il s'éloigna d'un pas, contemplant son délicat visage avec tendresse. Il lui caressa la joue doucement. Puis il se pencha vers elle et unît leurs lèvres avec ferveur. Leur baiser vînt les réchauffer, les éclairer de l'intérieur pour leur montrer qu'ils étaient enfin à leur place, ensemble.

************

2463 Mots.

Je l'ai écrit en moins de deux jours. Je l'ai commencé hier matin, et il est 23h30, je viens de le terminer.

Étonnamment, ça ne m'a pas fait trop mal d'écrire le rapprochement avec Guiseppe. Je pense que c'est parce que je savais très précisément pourquoi je faisais ça... Rendre jaloux Gabriel pour le pousser à se déclarer...

Ah, aussi. Je sais que le premier paragraphe est complètement un bug vis-à-vis de la série, j'ai entièrement réinitialisé la matrice de programme des personnages, mais j'aime trop.

Je tiens à signaler que je n'ai pas eu l'idée seule, aussi. C'était une lectrice qui me l'avait suggéré en commentaire (si vous fouillez bien, vous pourrez le retrouver...), donner de la concurrence à Gabby mais qu'il gagne quand même à la fin.

C'est tombé sur Guiseppe parce que j'avais la flemme de me créer un OC juste pour ça et que c'est à lui que j'ai pensé en premier (Pour Miel quand tu passeras par là : non, je n'ai pas pensé à ton idée, j'ai vraiment beaucoup trop de mal avec)

Mais j'aime beaucoup trop cet OS, en général et en particulier. La robe que j'imagine je l'aime trop... Ah, si je suis vraiment nulle en description et que vous arrivez pas à voir ce que je peux bien avoir en tête, c'est un peu un mélange entre la robe d'Elsa à la fin du 2 et la robe de Galadriel dans le Seigneur des Anneaux. Un peu...

Sinon, j'ai plein d'idées pour la chanson en média mais je sais pas choisir parce que chacune ne correspond qu'à un paragraphe ou deux, alors je vous demande de l'aide : y a « Happier » de Marshmello et Bastille, « Friends » de Marshmello et Anne-Marie, « Juliet » de LMNT (ci-dessous) « One Day » de Tate McRae (encore en dessous) ou « Si » de Maëlle, sur laquelle j'ai quand même plus de réserves...

[Il devrait y avoir un GIF/vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application pour le voir.]

[Il devrait y avoir un GIF/vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application pour le voir.]

Ceci étant dit, j'espère que vous commenterez bien, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

Bises,

Jeanne.

22/09/2021.

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