Comment on aime ?

Juleka poussa un soupir, adressé à sa coiffeuse. Elle se regardait dans le miroir et elle avait encore plus envie de se cacher que d'habitude. Elle s'était perdue à essayer d'analyser ses sentiments, en vain évidemment.

« Luka, ça fait quoi d'être amoureux ? »

Une fausse note échappa au guitariste, sous le coup de la surprise. C'était quoi cette question ?

Et puis, venant de Juleka...

« Il me semble que tu le sais, non ? Tu ne peux pas me cacher ce que tu appellerais des « dérapages » si tu osais en parler. Je te connais trop bien pour ça.

— De quoi tu parles ?

— Mmm... De Rose, peut-être ? Sérieusement, un jour je vais m'incruster au collège pour faire une intervention sur les manifestations de l'amour si tu continues ! Vous en avez tous besoin. Adrien surtout...

— Ok pour Adrien mais... T'es sûr ? »

Luka soupira. Sa sœur était incroyable. Non, mais franchement ! Elle ne pouvait certes pas voir les regards qu'elle adressait à sa soi-disant meilleure amie, mais il restait tous les gestes délicats, toutes les fois où elle se débrouillait pour la retenir encore des heures quand la blonde devait partir, son affection manifeste. Et les dizaines de minutes à parler de Rose quand cette dernière n'était pas là.

Luka n'avait aucun doute sur les sentiments de Juleka pour Rose, c'était évident qu'elle était amoureuse. Alors l'entendre en douter à ce point, voire le nier carrément, alors qu'il avait encore dû faire face la veille à l'aveuglement complet d'Adrien sur l'amour que lui portait Marinette... Il commençait sérieusement à en avoir assez.

Même s'il se doutait de ce qui pouvait bloquer Juleka. D'abord, Rose était une fille. Et c'était forcément compliqué à admettre dans leur société quand même pas assez ouverte. Puis, et la jeune fille n'en avait sans doute qu'à demi conscience, Luka se doutait qu'elle ne savait pas aimer pareillement que la plupart des gens.

Il poussa un soupir et finît par répondre à sa jumelle.

« Si je suis sûr que tu es amoureuse de Rose ? Oui. Je ne suis pas dans ta tête et ton cœur, bien entendu, mais je suis certain de ce que j'avance.

— Mais comment tu le sais ?

— Ju, arrête un peu. Il suffit de t'observer pour le savoir.

» Je sais que tu doutes de toi, mais tu peux me faire confiance.

— Pourquoi les histoires mentent ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Ben... Je ne sais pas. Mais la manière dont j'aime Rose, c'est différent d'absolument tout ce que j'ai pu lire ou voir. C'est comme s'il manquait quelque chose...

— Bien sûr, soupira Luka, mais tu n'arrives pas à voir quoi. Tu te rappelles les Prides où Maman nous emmenait toujours à partir de nos six ans ? Elle a arrêté l'année de nos douze ans, surtout parce que le collège te demandait beaucoup de concentration. Elle voulait nous apprendre que tout le monde a le droit de vivre ses sentiments, quels qu'ils soient, et que nous sommes tous humains avant tout...

— Oui, je me rappelle, bien sûr ! L'ambiance était tellement fantastique !

— Tu te rappelles ce que nous faisions en rentrant ?

— On redessinait tous les drapeaux qu'on avait vus, et comme tu n'étais pas un timide, tu avais toujours demandé aux gens ce que voulaient dire les drapeaux, et on complétait la liste ensemble...

— Bien. »

Luka se dirigea vers son lit, s'agenouilla, extirpant du petit espace une caisse remplie d'anciens cahiers, de carnets, d'albums photos.

Il sortît deux cahiers, l'un portant la mention « Et que tout le monde existe », l'autre ayant pour couverture une photo des jumeaux âgés de huit ans, arborant d'immenses sourires.

Puis il revînt vers sa sœur, ouvrît le premier à la page intitulée « découvertes 2010 ».

Du doigt, il pointa le drapeau asexuel, qui avait fait son apparition cette année-là, avec ses bandes horizontales noire, grise, blanche et violette.

« Avant, tu ne prêtais pas beaucoup d'attention aux questions que je posais. Mais quand on m'a expliqué ce drapeau-là, tu as enchaîné, demandant si on pouvait quand même être amoureux, si l'asexualité donnait une orientation amoureuse particulière. Sur l'instant, j'étais juste content que tu t'y intéresses enfin un peu, parce qu'aux trois précédentes tu n'avais pas de réaction, alors que ma curiosité me poussait à m'y intéresser.

» Mais au fur et à mesure, j'ai changé de perspective. Ce jeune qui nous a expliqué l'asexualité, il te parlait de toi, j'en ai acquis la certitude au fil du temps. Plus le temps passait, plus tu adoptais ces couleurs. À un moment, tu t'étais même teint des mèches en gris, regarde, déclara-t-il en retrouvant une photo de 2012 dans le second album.

» Tu es quasiment un drapeau as sur pattes, Ju, et au moins homoromantique. Ça m'arrache les yeux, mais tu ne veux pas l'admettre parce que tu as peur de te retrouver avec le cœur brisé. Et moi, je t'assure qu'il n'y a pas de risque.

— Vraiment ?

— Dis-lui, tu verras bien ! »

Juleka hocha la tête, marmonnant qu'elle y réfléchirait.

************

Deux jours plus tard, à la sortie des cours.

« Rose ? Attends-moi, j'ai quelque chose à te dire, marmonna Juleka en retenant son amie. »

La blonde fronça les sourcils. Elle percevait très clairement un malaise chez son amie, mais elle n'arrivait pas à en comprendre la source. Après avoir fini de ranger ses cahiers dans son casier, elle se tourna vers la brune, curieuse de savoir ce que son amie voulait dire.

Juleka se dégagea le visage, et planta son regard dans celui de Rose. Elle prît une inspiration profonde puis se jeta à l'eau, repensant au paroles de son frère. Il n'y a pas de risque.

« Rose... Je t'aime. Je suis amoureuse de toi. Même si c'est sans doute un peu stupide d'espérer que...

— Tss, tss. Ferme les yeux, ordonna Rose. »

Un peu surprise, son interlocutrice s'exécuta, se demandant ce que la blonde allait faire.

Mais elle ne s'attendait pas à ça.

Rose se mît sur la pointe des pieds, saisît le visage de Juleka entre ses mains, et unît leurs lèvres dans un baiser passionné, feu d'artifice de bonheur et de soulagement de se trouver enfin.

Au bout de quelques instants, les deux filles se séparèrent, laissant briller dans leurs yeux leur bonheur d'être enfin ensemble.

« Bien sûr que je t'aime, Juleka, n'en doute pas. »

************

1058 mots.

Ouf, il est court. Mais le but, c'est pas d'être long, c'est de les explorer. A savoir que j'ai pas mal de difficultés avec ce couple, je ship mais pas comme les autres, et au début j'étais franchement dubitative.

Aussi : ça fait un siècle que je suis persuadée que Juleka est asexuelle. Quand j'ai commencé à m'intéresser un peu aux drapeaux LGBT+, j'ai été assez frappée par les couleurs... Bref. Faut savoir que ma théorie, j'y suis autant attachée qu'Octo Lady tient à son Adrien sentimonstre.

Et à force, en commençant à shipper le Roseka, j'ai réussi à l'écrire.

On remercie Luka pour son investissement. J'oublie pas son attitude envers l'Adrienette dans "Exauceur", plus ça va plus je me dis que c'est ça son rôle, pousser les couples... Et les comprendre.

Sinon, vous avez pensé quoi de l'OS ? Vous avez aimé ? Dites-moi tout !

Bises,

Jeanne.

(16/10/2021)

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