Ce que je sais

 Je ne peux pas leur dire.

Je connais des secrets monstrueux.

Je suis condamnée au silence.

Je les tuerais en parlant.

Je sais qu'Adrien est Chat Noir.

Mais je ne peux pas le dire.

Gabriel ne le supporterait pas.

Je connais l'identité du Papillon, bien sûr.

Mais si je la lui révèle, Adrien sera brisé, détruit.

Gabriel est persuadé que Chat Noir ne peut pas être Adrien. Parce qu'Adrien s'est débrouillé pour apparaître près de Chat Noir lors d'un combat.

Ce n'était pas lui.

Je sais qui est le Papillon. Adrien est protégé. Pour l'instant.

S'il savait, il serait anéanti. S'il l'apprend, il sera détruit. Je ne peux imaginer la colère qui le prendrait. Et la tristesse. Ce serait un abîme.

Je ne peux rien dire.

Ce que je sais me mine.

Et ce que j'éprouve me tue.

Je ne supporte pas cette inaction.

Je ne supporte pas l'immobilité.

Il faut que je reprenne mon Miraculous.

Gabriel se tue avec.

Parce qu'il n'a pas écouté ce qu'a dit Émilie. Un grand pouvoir donne une responsabilité immense.

Ou il se retourne contre celui qui l'utilise inconsciemment.

Il n'est pas responsable.

Je ne l'étais pas non plus, mais je savais ce que je risquais.

Il ne sait pas.

Il est brisé. Il s'abîme. Je dois le protéger. L'empêcher de se casser.

Je suis détruite. Mais je peux encore agir.

Je ne peux pas me reposer.

Je ne peux pas faire ce qu'il m'a demandé. Parce que quand je n'agis pas, je suis obligée de penser.

Parce que ce que je sais me mine et ce que j'éprouve me tue.

Si je continue à tourner en rond, je vais devenir folle. N'importe qui le serait déjà.

Ça fait quinze jours qu'il me confine, qu'il m'empêche d'agir, que je suis réduite à une pensée. Pensée obsessionnelle de mon amour pour lui, de l'impossibilité de le réaliser, de mon savoir destructeur.

Il veut que je guérisse. Je sais que c'est impossible.

Je dois sortir. Je ne suis pas sans agir.

Je m'enferme dans ma tête.

Je vais tout détruire si je ne sors pas immédiatement.

Je suis comme une guêpe enfermée dans un verre, qui pique la main qui la délivre.

Si je ne me libère pas immédiatement, je vais mourir et piquer.

Quinze jours à ressasser. Je vais physiquement mieux, mais mentalement c'est de pire en pire.

Nathalie se redressa dans son lit. Elle était encore extrêmement faible, mais elle utilisait la peur pour Gabriel et l'angoisse d'inaction comme moteurs.

Elle était incapable d'attendre plus, chaque instant perdu la pressait contre le vide infini des pensées tourbillonnantes.

Elle jeta un regard au-dehors, par la fenêtre. Il faisait nuit noire, et un silence irréel baignait la ville.

Tout dormait au-dehors. Tout dormait chez chacun.

Tout dormait sauf la pensée d'insomnie.

Nathalie traversa la chambre, ouvrît la porte silencieusement et se glissa dans le couloir.

Elle se faufila dans la maison, se guidant vers la chambre de Gabriel.

Elle entra discrètement.

Ombre parmi les ombres, elle se glissa près du lit. Un éclair bleu roi lui indiqua que Duusu s'était précipité à son côté.

Un doigt sur les lèvres, Nathalie retira la broche de l'habit de nuit.

Et elle s'en retourna dans son domaine, toujours plus discrète.

Silencieuse comme la nuit, elle saisît un bloc de papier, et inscrivît dessus la raison de son action.

Gabriel.

J'ai repris le Miraculous. Je ne compte pas le porter.

Mais je ne peux vous le laisser.

Un amalgame est trop dangereux. Et vous n'en avez pas conscience.

Vous laisser faire est vous condamner.

Je ne le peux.

Pardonnez-moi ce vol.

Je vous aime.

Nathalie.

D'un geste, elle posa la broche et le stylo sur sa table de nuit.

Elle reprît son attitude d'espionne, ses traits de nuit, ses mouvements de silence.

Elle retourna à l'aveugle dans les couloirs.

Elle déposa la lettre sur la tablette du chevet de Gabriel.

Et elle revînt dans les bras de la nuit, laissant cette fois le sommeil prendre son cœur et son esprit.

 ************

 670 Mots.

 Chuut...

 C'est l'OS du silence. Une trace dans mon esprit, une idée dans mes doigts, et c'est tout.

 Je l'ai écrit sous la dictée, vraiment.

 Sans choisir les mots, sans choisir le thème, les images. Tout doucement.

 (Alors, il ne fait pas nuit, mais le silence que j'ai décrit, il est à peu près celui que j'entends. Mon frère dormait pendant que j'écrivais, et mes parents ne sont pas là. Depuis 10h50, le seul bruit que j'ai perçu (puisque je fais abstraction de tout bruit venant de la rue, avec l'habitude), c'est les touches de mon clavier. Inhabituel silence.)

 Je réfléchissais à un commentaire de @Tout_simplement_Jana sur l'OS d'hier matin, Vous lui êtes nécessaire, où elle disait que pour apprendre à décoder les gens, Adrien avait encore du boulot. 

 Et l'OS est venu comme ça...cadeau d'inspiration. Merci Jana. Ca met du silence dans ma tête, c'est reposant.

 Qu'en avez-vous pensé ?

 Bises,

 Jeanne.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top