Dans la salle austère et froide de l'hôpital, Gabriel, assis auprès du lit dans lequel Nathalie reposait, immobile, laissait ses larmes s'écouler au son de la musique qui envahissait l'espace. Ils étaient là depuis des jours, lui figé auprès d'elle, et le cœur du styliste se déchirait, la seule pensée cohérente qui lui venait était qu'il était trop tard, trop tard pour la rendre heureuse, peut-être déjà trop tard pour la sauver... Trop tard pour regretter...

I wanna take you somewhere so you know I care, but it's so cold and I don't know where...

Gabriel resserra ses doigts autour de ceux de Nathalie, leurs derniers échanges entre inquiétude mutuelle et froideur lui revenant en tête, la manière dont elle lui avait ordonné de ne pas jouer la peur pour elle, il ne se souciait que de lui-même... Il aurait plié le monde pour elle, il le savait maintenant. Trop tard, après trop d'efforts ailleurs. Il aurait refait l'impossible mais la musique qui tournait autour de lui disait mieux sa faiblesse.

I wanna cry and I wanna love, but all my tears have been used up... On another love, another love...

Toutes ses larmes avaient déjà coulé.

Toute son énergie avait déjà été gâchée.

Toute son empathie avait déjà été dissipée.

Sur une autre histoire, sur un passé qui rendait le présent impossible.

Sur un deuil refusé qui le renvoyait dans une mort permanente.

Sur des combats insolubles qui ne menaient nulle part.

And if somebody hurts you, I wanna fight, but my hand's been broken one too many times... So I'll use my voice, I'll be so fucking rude, words they always win but I know I'll loose...

Tentant tant bien que mal de contenir un nouvel accès de larmes, Gabriel secoua la tête, détruit par la véracité du couplet.

À présent qu'il avait compris, alors qu'elle était à l'agonie, il se serait battu pour la protéger, il aurait hurlé, il aurait envoyé en enfer quiconque s'attaquait à Nathalie, mais...

C'était lui qui la blessait le plus.

Et sans elle, qu'elle que soit la bataille, il ne pouvait que perdre et s'égarer.

Il l'avait éloignée, et il avait tout perdu, ses combats, sa raison, son objectif...

Pour un autre amour, devenu illusoire, Gabriel avait perdu le présent.

Chaque instant de joie reposait à présent immobile, prisonnier de la maladie avec Nathalie, dont le pouls devenait de plus en plus irrégulier.

Et les larmes continuaient de couler, mais ce n'était plus les larmes qui lui permettaient de vivre et de se battre.

D'un murmure, il la suppliait encore de le sauver, de revenir...

« S'il te plaît... S'il te plaît, survis, ma Nathalie... Je te donnerais tant, pour pouvoir te revoir... J'ai compris maintenant... Et je ferais comme toi, je donnerais ma vie... Prends-la et vis, j'en ai moins besoin... »

Une légère pression sur ses doigts le fît sursauter, elle l'avait entendu, elle avait réagi... Malgré sa faiblesse, elle continuait d'être là, de l'écouter...

Et dans cette pression, il comprenait tout ce qu'elle n'avait pas la force de dire...

I wanna sing a song, that'd be just ours, but I sang them all to another heart... And I wanna cry, I wanna fall in love...

Un fantôme de sourire sembla illuminer les lèvres de Nathalie.

Du bout de sa voix épuisée, elle lui murmura de seulement chanter des chants de résilience... Qu'il tombe amoureux de la vie, maintenant qu'il avait compris ses erreurs mortelles.

Gabriel hocha la tête, et, dans le refrain final qui résonnait autour d'eux, il lui promît d'exister.

Et il savait qu'il pourrait gagner.

Car elle serait toujours là, au moins d'une certaine manière.

Il embrassa ses doigts avec douceur, la remerciant enfin de tout ce qu'elle avait abandonné pour lui.

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 608 Mots.

 Joyeux anniversaire en retard @YamiLouna ! J'espère que ça t'a plu.

Et que tu as réussi à être bien en rythme.

 Je suis désolée si je t'ai fait pleurer mais booon j'avais pas le choix... ^^'

 Je te souhaite une année pleine de lectures, de musiques, de découvertes et d'aventures !

 Merci pour la lecture si rapide et pleine de commentaires que tu as faite de ce recueil au début de l'année, de rester et de lire toujours avec empressement, malgré les heures de publication un peu impossibles que j'ai parfois,

 Bises,

 Jeanne.

  PS: les autres, qu'en avez-vous pensé ? *vous tend un mouchoir*

  (10/08/2023, 23h54)