Akumatisée !

  Une jeune fille se promenait dans la rue, pensive. Ou plutôt, elle cherchait un sujet de réflexion autre que les dizaines de scénarios de fan-fictions qui lui traversaient l'esprit.

Elle leva les yeux vers le ciel, cherchant des personnages pour construire une histoire. Quand son regard décela les formes de Ladybug et Chat Noir, elle crût qu'elle allait devenir folle.

Quoi qu'elle fasse, où qu'elle soit, où qu'elle aille, quelle que soit son humeur, la série Miraculous lui mangeait l'esprit.

Elle commençait à en avoir assez.

Quand elle vit un papillon violet lui foncer dessus, elle leva les yeux au ciel. Voilà qu'elle se mettait à imaginer des akumas, maintenant !

Mais quand l'insecte s'approcha de sa montre, elle rassembla une liste de pensées tristes ou énervantes pour que son excitation ne le fasse pas fuir.

« Écrivaine, je suis le Papillon. Je te donne le pouvoir de maîtriser les pensées. En échange, tu me rapporteras les Miraculous de Ladybug et Chat Noir. »

La jeune fille avait récité la dernière phrase en même temps que le super-vilain. Elle laissa la brume violette l'entourer, l'habillant d'un costume un peu semblable à celui du Dessinateur, mais avec un haut identique à ses habits habituels : un tee-shirt confortable, rayé rouge sur noir.

Elle sourît. Elle aimait bien son costume. Un coup d'œil à son poignet lui apprît que sa montre avait disparu, et que son costume possédait une poche à l'emplacement suspect. A l'intérieur, il y avait un petit carnet et un bic quatre couleurs.

« Monsieur Agreste, vous êtes un génie ! Je suppose que l'akuma est dans le carnet ?

— En effet. Mais...comment connais-tu mon identité ?

— Ce serait très long à expliquer. Un peu trop. Vous allez devoir vous contenter de savoir qu'avec moi, l'imagination est reine en tout.

» Ah, aussi : je voulais vous signaler que Nathalie est amoureuse de vous. D'ailleurs, au fond, vous devez le savoir. Ça crève tellement les yeux que même votre aveugle de fils l'a remarqué...

— Qu'est-ce que...Qu'est-ce que tu racontes ? Ce n'est pas vrai !

— Wha, ce déni ! J'ai déjà vu quelqu'un qui niait autant quelque chose, dans une fic Wattpad... Je l'avais surnommé comme ça d'ailleurs, parce que son prénom est Denis. Mais des personnages comme ça, c'est rare.

— De quoi tu parles ?

— Du fait que vous vous mentez complètement. « Nathalie n'est pas amoureuse de moi, elle est juste la définition de serviable, c'est pour ça qu'elle s'est condamnée à mort pour m'aider ». En toute connaissance de cause, d'ailleurs, puisque c'est l'utilisation du Miraculous du paon qui a tué Émilie.

— Tu en sais énormément sur nous. Mais reconnais au moins que tu lui attribues une attitude complètement illogique. Si elle m'aime, pourquoi m'aider à ressusciter ma femme ?

— Je n'ai lu nulle part que l'amour était logique. Et puis...Elle veut votre bonheur. Comme elle sait que vous ne l'aimez pas, vous savoir heureux lui suffirait.

— Elle...elle est merveilleuse. Faire un tel sacrifice...Je ne le mérite certainement pas. Je suis trop mauvais pour. Je détruis tout ceux que j'approche, je me renferme dans une tour en cristal et laisse les autres mourir sans moi...

— Arrêtez. Vous n'êtes pas que destructeur. Vous êtes créateur, aussi. Et inspirateur. Vous êtes un personnage complexe, et vous avez des qualités. Ne les niez pas.

— Comment peux-tu dire ça ? Tu ne me connais pas !

— Si, en fait. Vous êtes un personnage d'une série que je regarde régulièrement, vous êtes réel et je connais au moins certains aspects de votre personnalité.
Mais c'est vrai qu'on ne connaît jamais personne vraiment.

— Vous êtes une philosophe, Écrivaine.

— La sociabilité est un de mes sujets de réflexion préférés. Comme je suis très asociale, je réfléchis à ma différence, c'est tout.
Ne me vouvoyez pas, s'il vous plaît. Vous n'avez pas à me respecter.

— Et vous me respectez en sachant ce que j'ai fait et ce que je fais ?

— Même si je vous haïssais pour vos actes, même si vous n'aviez aucune valeur à mes yeux, je vous devrais le respect du simple fait que vous avez à peu près trente ans de plus que moi. C'est tout.

» Pendant que je me débrouille pour faire du Ladynoir et semer un peu de pagaille, réfléchissez à ce que je vous ai dit, s'il vous plaît. Nathalie est amoureuse de vous. »

Comme annoncé, elle se dirigea dans la ville. Elle avait un plan pour attirer l'attention. Les studios télés étaient trop loin, mais prendre d'assaut un commissariat devrait suffire à braquer les projecteurs sur elle, non ?

Je suis plus consciente que les akumatisés dans la série...Mais c'est peut-être parce que, quelque part, je rêvais que ça arrive...

Bon, maintenant, direction la rue de Vaugirard, y a tout pour mettre le bazar là-bas. Ou alors je me contente d'attaquer le ministère de l'agriculture et de la pêche...Nan, la mairie c'est plus fun ! Et petit arrêt au commissariat avant, histoire de s'amuser un peu !

Elle retînt un rire. Et fila vers sa destination, en courant. Heureusement, son cartable avait disparu lors de la transformation, sinon elle n'aurait pas tenu la distance.

En arrivant devant le commissariat, elle sortît son carnet. C'était tellement simple. Elle se tourna vers un des policiers postés à l'entrée, et griffonna une phrase sur son carnet.

Une phrase, une pensée insufflée. Elle le regarda accomplir son ordre, qu'il croyait s'être donné lui-même.

L'encre rouge brillait sur le carnet. « Mais quel idiot je suis ! J'ai oublié d'éteindre tous les ordinateurs du poste. Il faut que j'appelle Ladybug, aussi. Mais je ne sais plus pourquoi... »

À l'autre, maintenant. Il va croire qu'il est Napoléon. J'ai envie de m'amuser.

Une fois la pensée insufflée, l'Écrivaine se dirigea à l'intérieur du bâtiment. Il fallait qu'elle veille à ce que son envoyé accomplisse correctement sa mission.

Plusieurs fois, des policiers tentèrent de l'arrêter. Elle répondait d'un rire, expliquait qu'elle était à sa place, et confirmait son affirmation sur son carnet.

Quand elle retrouva son émissaire, il était en train de se battre avec d'autres policiers qui voulaient l'empêcher d'accomplir sa mission.

Elle regarda un autre et écrivit sur son carnet. La victime sortît aussitôt son téléphone portable et le lui tendît, après l'avoir déverrouillé.

L'akumatisée activa la caméra, et filma la scène, ajoutant son petit commentaire.

« Salut Ladybug ! Je suis l'Écrivaine. Regarde le désordre que j'ai créé. Je peux faire plus.
Mais c'est trop facile si tu ne viens pas. Rendez-vous à la mairie du quinzième, j'ai assez joué au commissariat. »

Avec un petit sourire, la jeune fille posta la vidéo sur les réseaux sociaux de sa victime. Autant dire que la planète entière était au courant, parce qu'il en avait énormément.

Deux minutes plus tard, l'alerte akuma était lancée.

Et cinq minutes après, l'Écrivaine était à la mairie, légèrement essoufflée. Elle avait couru tout le long du trajet, et même s'il n'y avait pas plus de six cents mètres, les courir ainsi était un peu fatigant.

Elle se posta au centre de la place devant le bâtiment. Elle avait hâte de confronter ses héros. De tester les limites de ses pouvoirs. Et de se débrouiller pour faire du Ladynoir, coûte que coûte.

« Pourquoi tiens-tu tant à faire ça ? Et qu'est-ce que ça désigne exactement « Ladynoir » ?

— Oh, c'est un nom de couple. Juste parce que je rêve de voir Ladybug et Chat Noir en couple. Je suis moins à fond que sur le Papyura, ça j'en invente des scénarios vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais bon...Le Ladynoir serait quand même un couple magnifique.

» Vous entendez toutes mes pensées ?

— Pas toutes, non. Mais beaucoup d'entre elles. Et le Papyura...

— Faîtes travailler votre cerveau. Les noms de couple se forment à partir des noms des concernés. Donc décomposez...

— Nathalie et moi ? »

La jeune fille se mordît les lèvres pour ne pas laisser échapper un cri de soulagement. Au moins, Gabriel Agreste avait un cerveau. Reste à voir si Adrien en a un, ce dont je ne suis pas persuadée...

« Pourrais-tu arrêter d'insulter mon fils s'il te plaît ?

— Je peux essayer. Mais comme il est le champion toute catégorie des personnages aveugles...ça risque d'être compliqué.

— Pourquoi dis-tu qu'il est aveugle ?

— Parce que ça fait un et demi que vous avez revêtu le costume du Papillon et que cet andouille n'a pas capté que c'est vous. Alors que les indices qui arrachent les yeux, il y en a. Le symbole de votre marque est un akuma. Vous avez probablement le meilleur prétexte du monde. Et avec un tout petit peu d'attention aux dates, il aurait dû voir les concordances.

» Bref, Adrien m'énerve...Et Marinette n'est pas loin derrière...

» Je vais me calmer. Après, je risque de me mettre à hypnotiser tout Paris, si je ne maîtrise plus mes nerfs. »

La jeune fille sourît en revenant au réel. Devant elle se tenait les deux héros.

Elle allait s'amuser. Maîtriser les pensées, c'était maîtriser les actions.

Et maîtriser les actions, c'était incontestablement un gros avantage dans un combat comme celui qui se profilait.

Ça allait être historique, elle se le promettait.

« Bonsoir Ladybug, bonsoir Chat Noir. Comment allez-vous ?

— Euh...Bien. C'est la première fois que je vois un akumatisé réagir comme ça...

— Surprise ? Mais c'est parce que mes émotions ne prennent jamais entièrement le contrôle. Il y a toujours une part de moi pour juger mon attitude.
Si je suis triste, je me traite de fontaine.
Si je suis en colère, je me rappelle que je ne peux pas trouver de solution en jetant mes affaires à l'autre bout de la pièce.
Si je suis impatiente, je me rappelle l'importance du présent.
Et ainsi de suite. Sauf pour l'angoisse, mais ça finira par passer...

— Eh, c'est pas juste ! Même moi, je n'ai pas un tel contrôle !

— Ne sois pas jaloux, Chat Noir. Tu n'as pas à craindre une akumatisation. Il y aura toujours quelqu'un pour prendre à ta place.

— Mais nos formes civiles peuvent être akumatisées ! J'ai failli l'être, une fois...

— Oui Princesse Justice. Tu peux remercier Mayura de s'être sacrifiée pour préserver ton identité.

— Mais tu veux me faire akumatiser, ou quoi ?

— Je ne pensais pas que Ladybug était si simple à énerver. Non, j'aimerais autant que tu ne le sois pas. Gérer une révélation, c'est moyen mon domaine. Et puis, comme il n'y a pas Catalyste, ça voudrait dire que je perdrais mon pouvoir. Et il est trop amusant pour que je laisse faire ça.

— Ah oui ? Pourquoi tu ne l'utilises pas ?

— Je l'utilise. Indirectement, mais je l'utilise. Il joue avec la conscience. Je suis l'Écrivaine, et je peux vous dicter vos pensées, chers héros. »

Elle fît la liaison, moqueuse. Elle se faisait plus acide qu'elle n'était réellement, pour provoquer ses adversaires.

Elle se demanda si ses pouvoirs pouvaient avoir de l'effet sur eux. Ça n'était pas évident, parfois le masque les protégeait.

L'Écrivaine fixa Ladybug un instant. En même temps, elle griffonnait sur son carnet. Je veux embrasser Chat Noir.

« Quoi ?! Mais n'importe quoi ! C'est pas ma vraie volonté, ce n'est qu'un trucage.

— Tu es bien protégée, Ladybug. Chat Noir l'est moins, par contre.

— Pourquoi dis-tu ça ?

— Mmm...Peut-être parce qu'à chaque fois qu'il y a un hypnotiseur chez les akumatisés, il se fait attraper ? J'ai réussi à le faire monter sur le toit sans même que tu t'en aperçoives, Ladybug.

— Ce n'est pas vrai ce que tu dis !

— Ah oui, il a résisté au Chevalier Noir. Mais... il a été brisé par le Dislocœur, est tombé sous le charme de Princesse Fragrance, a été attrapé par Zombizou, il a même miaulé pour Malédikteur ! On peut rajouter le Caméléon et l'Imposteur à la liste. Chat Noir n'a quasiment pas de défense contre nos assauts. »

L'akumatisée leva les yeux en direction du toit. Elle griffonna quelque chose sur son carnet, un petit sourire sur les lèvres.

Un instant après, Chat Noir filait sur les toits, vers l'Est. L'Écrivaine ne cachait pas son sourire.

Manipuler le héros avait été si facile...elle se demandait si elle pouvait manipuler au-delà.

« N'y pense même pas. Je sais me défendre.

— Dommage. Ça m'aurait facilité la vie... »

Ladybug s'approcha, et lui demanda sèchement où elle avait envoyé Chat Noir.

L'akumatisée haussa un sourcil. La réaction de l'héroïne lui faisait plaisir. L'inquiétude perçant la colère froide dans la voix de Ladybug était exactement ce qu'elle avait voulu entendre.

« Ne t'inquiète pas, il n'est pas en danger. Je l'ai juste envoyé au Jardin des Plantes, il va revenir bientôt.

— Au Jardin des Plantes ? Mais pourquoi faire ?

— Regarde, si tu veux. »

L'Écrivaine tendît son carnet à l'héroïne, pour lui montrer la pensée insufflée dans l'esprit de Chat Noir.

Ladybug fronça les sourcils. Son adversaire avait écrit, plus gros que les autres phrases, un ordre un peu étonnant.

Je dois aller au Jardin des Plantes tout de suite ! Il faut que je trouve la plus belle des roses pour l'offrir à ma Lady, et lui dire à quel point je l'aime.

L'héroïne secoua la tête. Elle n'avait vraiment pas envie de faire souffrir Chat Noir, pourtant. Il était son ami, son meilleur ami, elle ne voulait pas lui redire encore qu'elle en aimait un autre.

Elle ne prenait pas de plaisir à sa souffrance, et voir ses airs de chat battu lui faisait mal.

« Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi veux-tu absolument que je le fasse souffrir en lui redisant encore que je ne l'aime pas ?

— Il m'agace beaucoup, mais je n'ai pas envie qu'il souffre. Je veux juste que tu comprennes que c'est de lui que tu es vraiment amoureuse, pas d'Adrien. Je veux juste que tu comprennes ça.

— Et comment comptes-tu t'y prendre ?

— Tu t'es inquiétée pour lui. Tu étais jalouse de Ryuko lors de la bataille des Miraculous. Et tu as beau protester haut et fort quand il te donne des surnoms affectueux, le repousser chaque fois qu'il se déclare, grogner chaque fois qu'il te prend dans ses bras, tu apprécies tout ça, ça se voit.

— Ça ne me dit pas ta tactique...

— Mon objectif est juste de t'arracher tes œillères. Donc je compte citer toutes les fois où il y a eu du Ladynoir, et te faire comprendre qu'il y a des moments qui sont à ton initiative, répondît-elle en griffonnant sur son carnet.

— C'est vrai que je l'ai embrassé déjà...

— Ça a marché ! Oui, tu l'as embrassé, et deux fois. Mon petit frère peut arguer ce qu'il veut, dire que c'était pas vraiment volontaire dans Dislocœur et qu'Oblivio ne compte pas...Tu l'as embrassé deux fois.

— Tu as un frère ?

— Oui. Mais ne détourne pas le sujet. J'ai dit que j'allais t'ouvrir les yeux sur tes sentiments pour Chat Noir, je vais le faire.

— Pourquoi ne m'attaques-tu pas ? Pourquoi ne te bats-tu pas ? Pourquoi ne cherches-tu pas à prendre nos Miraculous ?

— Je l'ai dit, je n'ai pas envie de gérer une révélation. Et le Papillon ne me maîtrise pas entièrement, parce que la colère qui lui a permis de m'akumatiser avait justement votre existence à tous pour objet.

— Pourquoi te laisse-t-il ton pouvoir alors ?

— Je lui ai posé une colle. Et il est encore en train de réfléchir sur la conduite à avoir.
Si je me détransforme spontanément, c'est que j'ai atteint mon objectif avec lui, et je ne serais pas déçue.

— Mais qui es-tu ?

— Une fan, mais d'une dimension parallèle. Je connais toutes les identités, j'ai mes ships, je teste mes capacités d'écriture en écrivant des scènes comme celle-ci, je discute avec les autres Miraculeurs. Je respecte peu la série, pour arriver à mes fins. J'idéalise souvent les personnages.

» Je suis moi. Et j'écris sous le pseudonyme Jeannefostergoriot, sur le réseau Wattpad, si tu veux voir ce que je fais.

— Mais...

— Ça ne répond pas à ta question ? Désolée, je ne peux pas faire mieux...

— C'est complètement irréaliste !

— Parce que se transformer en super-héroïne tous les jours grâce à un esprit dont on sait pas trop d'où il sort mais qui a assisté à la disparition des dinosaures et qui est attaché à une paire de boucles d'oreilles, ce n'est pas irréaliste ?

— C'est sûr que dit comme ça...Ça l'est.

— Merci. Ah, Chat Noir est de retour, on dirait ! »

Le héros était revenu en effet. Il tenait à la main une rose aux pétales de différentes couleurs, un dégradé de roses de plus en plus pâles à mesure qu'on s'éloignait du cœur, presque rouge.

Ladybug se mordît la lèvre. Cette fleur était réellement magnifique. Et Chat Noir l'avait trouvée pour elle.

Il s'approcha, posa sa main sur son épaule, un sourire triste sur les lèvres.

Il évitait son regard. Il ne voulait pas voir encore le rejet dans les yeux de sa Lady, il voulait juste lui dire à quel point il tenait à elle.

« Ma Lady...Je sais que tu ne m'aimes pas. Je sais que tu vas encore me repousser.
Mais je t'aime. Plus que tu ne peux l'imaginer. Je t'aime, Ladybug, qui que tu sois. Tu es celle à qui je pense toujours.

J'ai bien conscience que je m'expose encore à la souffrance mais...

— Arrête, tu vas me faire culpabiliser, Chaton. Je ne peux pas te repousser, pas quand c'est dit comme ça. Je ne sais pas si je t'aime vraiment, mais...si j'aime quelqu'un, c'est toi. Je dois arrêter de me mentir...

— C'est une pensée insufflée ?

— Non. J'ai laissé Ladybug parler. Je ne voulais pas intervenir dans la réponse. Et j'avoue que j'aime beaucoup la tournure que prend la situation.

— Ma Lady ? Tu...

— Oui, je le pensais. Je n'en peux plus de te repousser, de te faire souffrir, alors que je sens bien, depuis quelques temps, que celui pour lequel je te rejetais ne m'attire plus.

— Merci, ma Lady. »

Ils échangèrent un sourire. Ladybug n'était pas amoureuse de cet « autre garçon » qui avait plombé leur relation sans même savoir.

« Papillon ? J'arrive à faire quelque chose avec vous, ou pas ?

— Si ton objectif est de me faire dire le même genre de phrases que ce que Ladybug a dit à Chat Noir, tu n'y es pas.

— Dommage. On n'est pas encore tout à fait sur du Ladynoir, mais on progresse. J'aimerais bien que mon ship principal soit validé...

— Et si je pense au-delà de ce qu'elle a dit ?

— PARDON ?! Je serais folle de joie, bien sûr, mais...je n'osais pas vraiment l'espérer.

— Ne fais pas fuir mon akuma. Discuter avec toi est enrichissant. Mais je reconnais que je suis amoureux de Nathalie...

— Yes ! Vous comptez lui dire ?

— Comment le prendrait-elle ?

— Je ne sais pas vraiment. Mais je vous l'ai dit, elle vous aime. Tout ce dont je peux vous assurer, c'est qu'elle ne vous rejettera pas... »

Elle souriait franchement. Elle était en train de gagner sur tous les tableaux.

Devant ses yeux, les héros corrigeaient la relation. Puisque Ladybug pouvait être amoureuse de Chat Noir, le héros essayait de lui faire dire comment il devait agir pour capturer son cœur.

Et dans sa tête, elle sentait les hésitations de Gabriel. Elle percevait sa peur d'être jugé, son incrédulité face à l'affirmation de la jeune fille, mais aussi son désir de parler, son envie de tester l'affirmation, sa curiosité sur la réaction de Nathalie.

« Allez-y, l'encouragea-t-elle, si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'un seul moyen de savoir ce qu'elle en pense !

— Tu veux rester akumatisée ?

— A votre guise. J'ai atteint mes objectifs...

— Reste. Je crois que ça me fera du bien d'en parler ensuite.

— D'accord. »

Elle s'assît en tailleur sur la place, et commença à écrire un autre OS dans son carnet, tout en se disant qu'elle devrait arrêter de commencer des nouveaux textes alors qu'elle en avait un en cours depuis plus d'un mois.

************

Le Papillon se tourna vers Mayura. Elle regardait ailleurs, manifestement perdue dans ses pensées.

Il sentît son cœur se serrer. Quand ils s'étaient transformés tous les deux, elle avait failli s'évanouir.

Elle ne se remettait pas de l'utilisation d'un Miraculous brisé, même s'il l'avait réparé. Elle refusait de faire des efforts.

« Nathalie, s'il vous plaît, ne vous condamnez pas à mort. Ça ne sert à rien.

— Je ferais bien plus pour vous.

— Alors prenez soin de vous. C'est tout ce que je demande. S'il vous plaît.

— Mais qui vous aiderait, alors ?

— Je... c'est sur un autre plan que j'ai besoin de vous. J'ai besoin que vous soyez en vie pour vivre.

— Je suis certaine que vous pouvez vivre sans moi.

— Non. Je vous aime. »

Elle secoua la tête. Elle refusait d'y croire. Elle n'acceptait pas d'avoir droit ainsi au bonheur.

« Nathalie ? Qu'y a-t-il ?

— Je ne peux pas y croire. Pas après vous avoir vu lutter pendant un an pour ressusciter Émilie.

— Mais c'est la vérité. Je m'en suis rendu compte grâce à mon akumatisée du jour.
Ne me rejetez pas, je vous en supplie...

— Ça ne m'aurait pas traversé l'esprit.
Mais je ne vous crois pas. »

Le Papillon ferma les yeux. Il était perdu. Elle ne le rejetait pas, certes, mais elle ne l'acceptait pas non plus.

Mayura affirmait ne pas le croire. Mais comment prendre une telle affirmation ? Comment devait-il comprendre son refus ?

Comment devait-il réagir ?

Si seulement il avait eu un mode d'emploi pour ce genre de situation. Si seulement il avait su quoi faire. Il n'aurait pas hésité ainsi. Il se sentait ridicule. Se retrouver dans une telle situation ne lui était jamais arrivé.

Et ça lui paraissait absurde.

En rouvrant les yeux, il la vît à l'autre bout de la pièce. Elle était détransformée, et s'apprêtait à sortir.

« Tant pis pour moi ! Il faut qu'elle comprenne ! Et elle ne vous croira pas tant que vous serez le Papillon. Il faut que vous renonciez ! »

L'Écrivaine avait perçu une part du désarroi du Papillon. Elle en avait rapidement deviné la cause, et décidé d'intervenir, pour que son ship ne tombe pas à l'eau. Elle ne pouvait pas laisser faire ça, quand même. Pas dans son épisode !

Le Papillon la remercia, et arracha brutalement le Miraculous. S'il devait faire ça, renoncer à une part de lui pour que Nathalie lui réponde...eh bien, il y était prêt.

« Nathalie, s'il vous plaît. Je vous aime.

— Je ne peux pas croire que le Papillon m'aime alors que ça va faire un an qu'il se bat pour ressusciter sa femme, répondît-elle sans se retourner.

— Et pouvez-vous croire Gabriel Agreste ? Regardez-moi, je vous en supplie...j'ai vraiment besoin de vous. »

Nathalie leva les yeux au ciel. Elle ne s'accordait pas de doute. Il ne s'était jamais intéressé à elle, comment pouvait-il d'un coup lui dire qu'il l'aimait ?

Elle avait encore la main droite posée sur la poignée quand il lui prît la main gauche.

Elle fronça les sourcils. Il n'était pas transformé. Mais elle ne l'avait pas entendu prononcer la formule de détransformation.

Il déposa quelque chose de froid dans sa main.

Se pencha à son oreille pour murmurer quelques mots.

« Je vous aime Nathalie. Que vous me croyiez ou non n'y changera rien. Je ne sais pas ce qui m'arrivera si vous me rejetez. Mais je prends quand même le risque. Je vous appartiens.

» Faites attention en refermant la main, les ailes sont piquantes, ajouta-t-il en reculant d'un pas. »

Nathalie regarda ce qu'il lui avait donné.

La broche du Papillon. Avec les ailes déployées, signe qu'il avait complètement renoncé à son Miraculous.

Ça commence à être difficile de m'interdire d'y croire.

En retirant le Miraculous, il renonçait à Émilie. En le lui donnant, il signifiait qu'il le faisait pour elle.

Elle inspira profondément. Et se retourna vers lui, avec la crainte d'affronter son regard.

« Qu'est-ce que vous aimez en moi ? Je ne suis qu'une ombre. Je n'ai rien d'aimable...

— Je n'ai aucune idée de la réponse à votre question. Je sais mes sentiments, c'est tout.
Pourquoi avez-vous tant de mal à me croire ?

— Parce que je n'ai jamais pensé avoir droit au bonheur ainsi. Je suis une mal-aimée de la vie, je n'ai pas l'habitude de la chance.

» Parce que je vous aime. Et que je n'ai jamais imaginé que ce pourrait être réciproque.

— Vous pouvez me croire, je vous le promets. »

Elle sourît. Elle voyait dans ses yeux qu'il disait vrai.

Elle lui prît les mains. Mettant dans son regard tout l'amour qu'elle lui portait, elle se dressa sur la pointe des pieds.

Délicatement, elle posa ses lèvres sur celles de Gabriel.

Il sourît sous ses lèvres, et lui saisît le visage en coupe, lui interdisant de s'éloigner.

Le contact provoquait des feux d'artifice dans leurs cœurs et leurs têtes.

Il approfondît le baiser, laissant le bonheur éclater en lui.

Quand ils durent se séparer pour respirer, leurs regards brillaient encore de la joie de s'être trouvés, du désir d'être ensemble, du soulagement de n'être plus seul.

Ils savaient leur amour scellé pour l'éternité.

Et ils avaient quelqu'un à remercier.

************

Sur le parvis de la mairie du XVème arrondissement, une jeune fille regardait les toits.

Ses cheveux bruns lâchés dans le vent, ses lunettes bruns-rouges encore de travers sur son nez, elle avait peine à croire ce dont elle se rappelait.

Elle avait été akumatisée. Elle avait réussi à faire reconnaître au Papillon son amour pour Nathalie.

Ladybug avait reconnu qu'il était plus probable qu'elle soit amoureuse de Chat Noir que d'Adrien.

Après...c'était un peu flou. Ce devait être lié à la désakumatisation. Chat Noir et Ladybug lui avait dit qu'elle avait été akumatisée, et s'était détransformée spontanément.

Elle avait répondu qu'elle s'en rappelait, et que c'était maintenant qu'elle était dans les vapes. Comme si elle dormait debout.

Chat Noir lui avait fait remarquer qu'elle avait eu tout du long une attitude inverse à celle des akumatisés habituels. Consciente lors de son akumatisation, elle était perdue désakumatisée, et ne savait plus ce qu'elle voulait.

Elle avait acquiescé, et les deux héros l'avait aidée à se relever. Ils lui avaient rappelé où ils étaient, sa vidéo sur les réseaux sociaux, leur pseudo-combat.

Elle avait validé chacun de leur dire, et avait fini par retrouver ses esprits entièrement.

Les héros l'avaient saluée, et étaient repartis vers les toits.

Maintenant, seule sur la place, elle se demandait si elle n'avait pas simplement rêvé cette histoire. C'était tellement improbable !

Il faut que je rentre à la maison, surtout. J'ai une vidéo à faire pour la géopol...

Elle regardait autour d'elle, perplexe. Encore une bizarrerie de son akumatisation : son cartable, qu'elle portait sur le dos quand elle avait été akumatisée, avait disparu.

Il faut que je le retrouve ! Y a tout dedans. En soi, les cahiers ont peut-être pas une valeur absolue immense mais...J'ai un simulacre de BAC en juin, mieux vaudrait que j'aie mes cours et les quelques fiches que j'ai faites.

Elle soupira. Elle espérait sincèrement qu'elle n'aurait pas à refaire tout le trajet jusqu'à l'endroit où elle avait été akumatisée pour le retrouver. Ça faisait un bon bout de chemin, quand même !

Elle se mît à tourner sur elle-même, essayant de repérer son sac de cours tout en se disant qu'il était parfaitement stupide de le chercher ici.

« Mademoiselle, l'interpella une voix, est-ce cela que vous cherchez ? »

Elle pivota aussitôt dans la direction d'où venait la voix. Gabriel Agreste se tenait à quelques mètres d'elle, son cartable à la main.

Elle s'approcha, et tendît la main.

« Effectivement. Merci beaucoup Monsieur.

— Merci à vous. Vous m'avez sorti d'une situation impossible.

— J'ai juste agi pour que les choses finissent comme je le voulais. Rien de bien extraordinaire, tout le monde fait ça dans les fanfictions...

— Mais vous l'avez fait en vrai, vous, répondît Nathalie, et c'est forcément moins commun. »

La jeune fille hocha la tête. Elle n'en croyait pas ses yeux. La présence de Gabriel Agreste l'avait à peine étonnée, comme si au fond elle s'y attendait.

Mais elle n'avait pas imaginé la présence de Nathalie. Son personnage préféré, en chair et en os devant elle, pour la remercier d'avoir poussé au réel le couple que la jeune fille shippait le plus.

Cette fois, pas de doute, je suis en plein rêve. Il ne manquerait plus qu'elle soit guérie...!

Mais Nathalie fût secouée d'une quinte de toux. Gabriel la serra dans ses bras, la retenant debout.

« Excusez-moi Monsieur. Je ne devrais pas vous obliger à...

— Vous ne m'obligez à rien, Nathalie. Vous vous êtes sacrifiée pour moi...vous n'avez pas à vous excuser.

— Je dois pouvoir vous guérir, marmotta Jeanne, je dois avoir un moyen. C'est forcément possible sans avoir à inventer de Miraculous...

— Pourquoi faudrait-il absolument que je guérisse ?

— Parce que j'en ai assez de voir mes personnages préférés avoir un destin tragique.
Et puis... Je sais être sadique quand j'écris des textes, moins dans la vraie vie. Infliger votre mort à Monsieur Agreste ne rentre traditionnellement pas dans mes plans. »

Nathalie sourît. La manière dont la jeune fille avait présenté ses raisons était spéciale, mais assez convaincante.

Soudain, Gabriel eût une idée. Totalement délirante, mais qui pourrait fonctionner.

Il entraîna les deux autres vers une rue moins fréquentée. Là, il sortît le Miraculous de sa poche.

Jeanne écarquilla les yeux en comprenant son plan.

« Comment est-ce que ça pourrait fonctionner ?! Et...l'akuma, que deviendra-t-il ?

— Avec le pouvoir que je vais vous offrir, ça ne sera pas un problème si Ladybug ne le purifie pas.

— Les effets seront maintenus même une fois l'akuma purifié, s'il l'est, s'inquiéta Nathalie.

— Un combat, un Lucky Charm. Comme c'est grâce au Lucky Charm que Ladybug répare les dégâts, si elle purifie l'akuma plus tard, ça ne touchera pas aux effets de mon akumatisation. Normalement.

— Heureusement que tu n'as pas fait de dégâts physiques.

— Elle aurait invoqué un Lucky Charm en fin de combat juste pour réparer, elle l'a déjà fait. »

Jeanne ferma les yeux tandis que Gabriel se retransformait. Elle tendît la main gauche en avant, sentît le gant de cuir sur son poignet tandis qu'il déposait l'akuma dans sa montre.

« Soigneuse, je te donne le pouvoir de guérison. Utilise-le comme prévu.

— Je ne comptais pas faire autre chose. »

Rouvrant les yeux, elle se tourna vers Nathalie. Elle saisît à sa taille une seringue, manifestement son « arme ».

Instinctivement, elle la pointa comme un pistolet vers la malade. Elle la remplît d'air, puis la vida.

Nathalie ferma les yeux. Elle connaissait parfaitement les traces de l'utilisation du Miraculous sur son organisme. Alors elle les cherchait. Mais elle n'en trouva aucune.

« Monsieur...Vous m'avez sauvé la vie.

— Juste retour des choses, votre présence m'a permis de ne pas mourir.

» Détransformation. Nooroo, je renonce à toi.

» Mademoiselle ? Accepteriez-vous de garder nos Miraculous ?

— Ce serait un immense honneur. Mais je ne peux pas avoir les deux en ma possession...

— Trouvez quelqu'un qui acceptera de récupérer le deuxième, alors. Nous ne pouvons pas les garder, déclara Nathalie en lui tendant son Miraculous.

— Je crois que je sais à qui le donner. Merci beaucoup de me les confier alors que je ne suis qu'une Parisienne lambda...

— Non, vous n'êtes pas n'importe qui. Vous nous avez réunis. Vraiment, merci, répondît Gabriel en lui tendant le Miraculous du Papillon. »

La jeune fille le prît, remercia encore, puis fila en direction de chez elle pour faire ses devoirs, fière d'avoir atteint ses objectifs de Papyura et Ladynoir.

************

5400 Mots.

Croiser les mondes = faire beaucoup de mots. Vraiment beaucoup de mots.

J'avais fait un crossover avec Gardiens des Cités Perdues une fois, ça donnait 9800 mots.

Bon, là, je me suis vraiment éclatée à l'écrire. C'était vraiment top. Comme toujours avec les incrustes. Arracher les paupières des personnages, leur dire les choses, interagir avec eux, c'est vraiment un rêve.

Je me suis faite un tout petit peu plus "fouteuse de bazar" que je ne le suis vraiment, et un peu plus acide à certains moments.

Vous avez aimé ?

Bises,

Jeanne.

  PS : Lysbird  , tu préfères avoir le Miraculous du paon ou celui du Papillon ? Vu que je peux pas garder les deux...

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