Tu as gagné

Tu as gagné

Il faisait sombre, froid, humide... Je tremblais de tous mes membres. J'allais mourir ici, j'en étais certain. Une odeur de pourriture envahissait l'endroit, chaque seconde un peu plus, me donnant la nausée. Mon corps meurtri me faisait mal. Roulé en boule sur le sol, je n'avais plus la force de me relever... J'ouvris les yeux : combien de temps avais-je perdu connaissance ? Deux heures ? Trois heures ? Peut-être plus... Cela faisait longtemps que j'avais perdu la notion du temps. Je sentais que je sombrais une nouvelle fois dans l'inconscience. J'entendis alors, au loin, une porte grincer, et des voix se firent entendre. Ça allait recommencer... Je fermais les yeux, me préparant à souffrir à nouveau. Une main caressa mon visage.

- Alexander...

La voix était douce, affectueuse... Je la connaissais... Ouvrant les yeux, je tombais sur un regard mordoré. Je devais être en train de rêver... Ou bien étais-je déjà mort ? Car après tout, pourquoi le Grand Sorcier de Brooklyn serait-il là ?

- Alec ? Alec, est-ce que ça va ?

Le son de sa voix pénétrait difficilement la brume qui obscurcissait mon esprit.

- Est-ce que tu peux te lever ?

- Mag... Magnus... Arrivais-je à articuler, difficilement.

- Oui...

Je vis des flammes bleues sortir de ses mains, et je sentis une douce chaleur envahir mon corps. La douleur qui me clouait au sol semblait moins importante.

- Je vais te sortir de là, mais il faut que tu essayes de te lever !

J'essayais, vraiment. Je forçais sur mes bras et mes jambes, mais mes forces étaient trop faibles. Je gémis, et me laissais retomber à terre.

- Je... Je n'y... arrive... pas... Balbutiais-je.

- Ok, ce n'est pas grave, on va faire autrement, mais il va falloir que tu me fasses confiance. Tu peux faire ça ?

Autrement dit, avais-je confiance en lui? En ce sorcier ? Au vu de la façon dont son visage s'était imposé à mon esprit à chaque fois que je fermais les yeux, je dirais que oui.

- Aide moi....

- Oui, Alec, je vais t'aider...

Il agita les mains, et un portail magique apparût. Où allait-il m'emmener ? Et où étaient Jace et Izzy ? Il me releva, me maintenant dans ses bras, et il me fit traverser le portail. Une odeur de bois de santal remplaça celle de pourriture. Ma tête tourna à nouveau, mes oreilles bourdonnèrent, et je perdis connaissance.

PDV Magnus

Assis sur un fauteuil, que j'avais poussé contre le bord du lit de ma chambre et sur lequel était allongé Alexander Lightwood, je veillais sur lui. J'avais soigné ses blessures, éliminé le venin de démon, qui avait commencé à le tuer petit à petit, de son sang. Il était à présent hors de danger. J'avais prévenu sa famille. Ces derniers étaient passés le voir. Une fois rassurés sur son état, ils m'avaient laissé seul avec lui, comme je le souhaitais. Deux mois, deux longs mois à le chercher partout, à m'inquiéter, à le croire mort. Lors d'une mission, un démon l'avait enlevé, puis torturé, sûrement dans le but de lui soutirer des informations sur l'Enclave. Je me rappelle encore la panique, dans la voix d'Isabelle, lorsqu'elle m'avait annoncé la disparition de son frère, sa voix me suppliant de les aider à le retrouver. Depuis que Jonathan Morgenstern menait une guerre contre les chasseurs d'ombres, les démons étaient devenu incontrôlables. Quant à moi, je m'étais éloigné de tout ça, d'Alec... On était sorti ensemble un moment. Enfin, si on peut appeler ça comme ça, car à part quelques bisous, on n'avait non seulement rien fait d'autre, mais on devait en plus toujours rester cacher, et se voir en secret. Et encore, ça, s'était quand il prenait cinq minutes pour moi... Cette situation ne me convenant plus, je lui avais alors donné un ultimatum : soit on se voyait plus, et il assumait enfin notre relation au grand jour, soit on se séparait. Il avait choisi la deuxième option. Depuis, je ne l'avais plus revu. C'était il y a six mois... Six longs mois passés loin de lui, à passer mon temps à faire des soirées, à boire, à faire l'amour, ou plutôt à baiser, n'importe qui. Mais aucun, homme ou femme, ne lui arrivait à la cheville. J'étais parti, j'avais quitté la ville, jusqu'à ce fameux appel d'Izzy. J'ai cru que mon cœur allait cesser de battre. Mais j'avais refusé de le croire mort, jusqu'au bout, bien que la rune parabataï de Jace n'est été qu'une ombre légère sur son bras. Alec était ma vie, je ne pouvais pas vivre dans un monde où il n'était pas. C'était impossible, inimaginable. Il bougea dans son sommeil, gémissant. Je lui pris la main, sur laquelle j'effectuais une légère pression. Je me baissais, et, mon autre main lui caressant les cheveux, je lui murmurais à l'oreille : « chut, tout va bien, je suis là, je ne te laisse pas ». Pour mon plus grand bonheur, il se calma, puis il ouvrit les yeux. Ses yeux d'un magnifique bleu océan...

- Magnus... Me dit-il d'une voix faible.

- Chut, rendors-toi...

- Où... je... suis...

- Chez moi. Tout va bien, je t'ai soigné, tu ne risques plus rien, mais maintenant il faut que tu te reposes.

- Tu restes... près... de... moi ?

- Je ne te lâche pas !

Il se rendormit, et je m'allongeais à côté de lui. Dans son sommeil, il se tourna et vint se coller à moi. Merde... La proximité de son corps, le contact de sa peau sur la mienne, me rappelaient nos soirées passées ensemble, allongés dans ce lit, à parler de tout et de rien. Est-ce qu'il arrêterait un jour de me manquer ? Allais-je continuer longtemps à être fou amoureux de lui ? J'ai bien peur que oui... Le pire dans tout ça, c'est que non seulement moi je l'aimais, mais lui aussi était amoureux de moi, j'en étais persuadé. Vous me direz sûrement que c'est une bonne chose, mais vous vous tromperiez. Ce serait effectivement une bonne chose s'il assumait ce qu'il ressentait, mais c'était loin d'être le cas. Pour lui, notre amour était contre nature. Et il le pensait tellement fort, qu'il ne m'avait jamais laissé le toucher. A peine ma main descendait un peu trop bas, qu'il me repoussait aussitôt. C'était vexant... Une heure plus tard, ne pouvant plus tenir d'être aussi proche de lui sans pouvoir faire quoi que ce soit, je voulus me lever. Malheureusement, comme il était à moitié allongé sur moi, je le réveillais.

- Désolé, je ne voulais pas te réveiller...M'excusais-je.

- Ce n'est rien... Je pense que j'ai assez dormi comme ça de toute façon...

J'étais ravi de constater qu'il semblait en meilleure forme.

- Tu en avais bien besoin! Ça va mieux ? Tu n'as plus mal ?

Une lueur, dont je n'arrivais pas à identifier la nature, brilla dans ses yeux bleus.

- J'ai encore un peu mal...

- Où ça ? Lui demandais-je, inquiet.

- Là ! Me fit-il en posant ses lèvres sur les miennes.

Instinctivement, je passais ma main dans ses cheveux pour le rapprocher de moi. Ma langue vint caresser la sienne. Ce baiser faisait ressurgir en moi un million de souvenirs, tous les uns les plus magnifiques que les autres. J'avais l'impression d'être au paradis, véritablement. D'un simple baiser, il faisait envoler toutes ses longues heures passaient loin de lui à souffrir. Malheureusement, revenant à la réalité petit à petit, et à bout de souffle, je le repoussais tendrement.

- Mauvaise idée, Alexander...

- Pourquoi ?

- Nous ne sommes plus ensemble ! Lui fis-je remarquer, espérant lui faire comprendre qu'il ne pouvait pas jouer à ça... Avec moi...

Il s'écarta de moi et baissa les yeux. Il était mal à l'aise, mais il fallait qu'il comprenne que je n'étais pas un jouet.

- Excuse-moi... Je... Tu me manques, c'est tout...

- On reparlera de tout ça plus tard.... Repose-toi...

- Je n'ai pas besoin de me reposer! Je... J'ai besoin de prendre une douche ! Je peux ?

- Heu... Oui, bien sûr, vas-y...

- Merci...

Il partit dans la salle de bain. Je souris lorsque je le vis ressortir une seconde plus tard, en rougissant.

- Heu...Il... Il n'y a pas de... de verrou ?

- Tu as peur que je rentre ?

Il rougit de plus belle. J'étais fier de moi. Il était tellement désirable lorsqu'il était gêné. Bon, il est vrai qu'au vu de la situation dans laquelle je me trouvais, cela était tout de même assez problématique, et ne m'aidait pas le moins du monde.

- Non, je... Ce n'est pas ça... C'est juste que... je...

- Je vis seul, Alec ! Le coupais-je, avant que je perde le contrôle, et que je finisse par lui sauter littéralement dessus, tellement le voir bafouiller me donnait envie de lui. Et je suis un sorcier, rajoutais-je. Par conséquent, mettre un verrou n'est pas nécessaire. Mais si cela peut te rassurer, je ne rentrerais pas, je serais dans le salon. Fais comme chez toi...

Je me levais et me dirigeais vers le salon. Bien que je fis semblant du contraire, j'entendis parfaitement les derniers mots qu'il prononça avant que je ne m'éloigne : « Il fut un temps où ça l'a été, chez moi... ». Oui, ça l'a été, pensais-je. Mais tu as décidé que tout cela prenne fin. Ta carrière de chasseur d'ombres et ton futur poste de directeur d'Institut, comptaient beaucoup trop pour toi... Plus que moi... Je me servis un verre de whisky. J'avais bien besoin d'un remontant.

J'essayais de me concentrer, mais mes efforts étaient vains. Mon esprit était ailleurs... Vers ma salle de bain, plus exactement... Salle de bain où se trouvait en ce moment même Alec... L'eau de la douche qui coulait me donnait des images plutôt excitantes de lui... nu... sous la douche. Je laissais échapper un gémissement de frustration, et me mordis la lèvre inférieure. Je mourrais d'envie de l'y rejoindre... Après tout, il m'avait embrassé tout à l'heure, alors peut-être que... J'entendis des pas derrière moi. Je me retournais... Mon dieu... Il était là, devant moi, torse nu, ne portant qu'un simple jogging lui tombant sur les hanches, ses cheveux, encore mouillés, dégoulinant le long de sa peau nue. Je ne put empêcher mon regard de se promener sur ses muscles dessinés à la perfection. Je déglutis difficilement. Bon sang, Alec, tu me mets dans une position un peu délicate là... Je suis certain que tu ne tends rend même pas compte... J'avais une furieuse envie de poser mes lèvres sur les siennes, de caresser sa peau...

- Magnus ?

Je revins difficilement à la réalité.

- Oui ? Tu as besoin de quelque chose ?

- Ben... heu... je t'ai emprunté un bas de jogging, ça ne te dérange pas ? Comme je n'ai pas mes affaires...

Je baissais le regard vers ledit jogging... C'était à moi, ça ? Ouais, peut-être... J'avoue que je m'en fichais, j'avais surtout envie de le lui enlever. Je me passais une main sur le visage, essayant de rassembler mes idées.

- Aucun souci, tu peux le garder...

- Merci...

Je le vis frissonner. Je levais les yeux au ciel... Stupide néphilim... Je le pris par la main et l'entraînais dans la chambre. J'ouvris mon énorme penderie, ( je dois bien le reconnaître), et en sortis un sweat bleu, que je lui donnais.

- Mets ça ou tu vas geler sur place !

- Merci... Me dit-il timidement, avant de rajouter en rougissant : Il a ton odeur...

- Alec....

Nos regards se croisèrent, et il fondit à nouveau sur mes lèvres, comme il l'avait fait auparavant. Aurais-je la force de le repousser cette fois ? Il m'avait laissé une fois, qu'est-ce qui l'empêchait de recommencer ? Je l'écartais.

- Arrête !

- Pourquoi ? Tu crois que je ne vois pas comment tu me regardes ? Tu en meurs d'envie !

- Ce n'est pas la question !

Il s'approcha de moi et commença à défaire les boutons de ma chemise, déjà largement ouverte. Ses doigts frôlèrent ma peau. Et merde... J'avais envie de lui, là, maintenant, mais ce serait une grave erreur... J'en souffrirais beaucoup trop quand il disparaîtrait à nouveau... Je le repoussais à nouveau, un peu plus durement cette fois.

- Arrête ! Continues comme ça et tu rentres chez toi !

- J'aurais pu le faire depuis des heures, mais pourtant je suis encore là, non ? Pourquoi ?

- Tu le sais pourquoi, alors ne pose pas la question !

Je voulus m'éloigner de lui, mais il me retint par le bras.

- Dis-le-moi ! J'ai besoin de l'entendre...

- Alec...

- S'il te plaît...

Il s'était rapproché, je sentais son souffle sur ma nuque.

- Tu sais, enfermé là-bas, j'ai beaucoup réfléchi et... et la vie est bien trop courte, en ce qui me concerne, pour ne pas en profiter à fond et ne pas écouter ce que me dicte mon cœur...

Le mien s'était mis à battre plus vite, beaucoup plus vite...

- Je me suis rendu compte lors de ses longs mois passés loin de toi, que je ne pouvais pas vivre sans toi... Tu me manquais, tous les jours un peu plus... J'avais besoin d'entendre ta voix, de sentir tes caresses sur ma peau... J'ai fait une erreur parce que j'avais peur... Mais aujourd'hui, je n'ai plus peur... Je t'aime...

Je fermais les yeux. Je ne pouvais pas le regarder, je ne voulais pas prendre le risque de me rendre compte que tout cela n'était qu'un rêve.

- Tu ne peux pas me dire ça...

- Regarde-moi ! Magnus, regarde-moi... Mon amour...

Je consentis enfin à lever les yeux vers lui.

- Je ne te mens pas, je suis sincère !

Je me retournais, et lui fis face.

- Je sais ! Mais le problème c'est que tu ne l'assumes pas ! Tu en as honte ! Tu as honte de ce que tu ressens, tu as honte de nous... de moi...

- Non, c'est faux ! Je n'ai pas honte de toi ! J'avais juste peur ! Peur... peur de tout perdre... J'ai été lâche, je le sais ! Je te demande pardon... J'aimerais tant pouvoir revenir en arrière, réparer tout le mal que je t'ai fait...

- Le mal que tu m'as fait... Répétais-je. Après ton départ, j'ai repris la vie que j'avais avant, sauf qu'après toi, elle était fade ! Elle ne m'apportait plus ce dont j'avais besoin, elle ne m'apportait plus aucun réconfort. Alors je me suis dit que te remplacer était peut-être la solution. Alors j'ai couché avec des femmes, des hommes, différents chaque soir... Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi seul...

Je le vis blêmir, et de la colère pouvait nettement se lire sur son visage, ainsi que quelque chose qui ressemblait fortement à de la jalousie. Il prit mon visage en coupe, et planta ses yeux dans les miens.

- Jure moi qu'à partir d'aujourd'hui, plus personne ne te touchera, à part moi !

- Pardon ? Pourquoi te promettrais-je une chose pareille ?

- Parce que ça me rend dingue de te savoir avec quelqu'un d'autre !

- Je ne peux rien pour toi, désolé...

Une fois encore, je voulus m'écarter, mais il me retint et me plaqua contre le mur, son corps collé au mien.

- A quoi tu joues, Alexander ?

- Je ne joue pas !

- Tu es une vraie girouette, Alec ! Tu faisais un bond de trois kilomètres en arrière quand je te touchais, et maintenant tu me sautes dessus !

- Je n'étais pas prêt... Mais maintenant, je le suis !

- Et bien moi, je ne veux pas !

- Vraiment ?

Il me lança un regard provocateur, et recula. Au début, je crus que j'avais gagné, mais je me rendis vite compte que je me trompais, lorsqu'il enleva, avant de le jeter à terre, le sweat que je lui avais donné.

- Ose me dire que tu n'as pas envie de passer tes mains sur mon torse ?

Mon dieu, mais il me faisait quoi là ? Je commençais à me dire que le venin de démon avait peut-être fait plus de dégâts que ce que je ne pensais.... Il enleva le reste de ses vêtements, se retrouvant entièrement nu devant mes yeux. Je ne pouvais pas résister à ça, son corps parfait, sa gêne évidente qui se peignait malgré tout sur son visage... Son corps était un mélange d'innocence et de luxure. Mon regard croisa le sien... Il avait gagné, j'avais perdu. Catarina et Ragnor avaient raison. On aurait pu croire, de l'extérieur, que c'était moi qui décidais, mais en réalité, c'était tout le contraire : il faisait tout ce qu'il voulait de moi. Et le pire, c'était qu'il ne s'en rendait même pas compte.

Flash Back

- Tu fais tout ce qu'il demande !

- C'est faux !

- C'est la vérité, et tu le sais !

- Non !

Catarina, ses longs cheveux blancs lui tombant sur les épaules, se tenait devant moi. Ragnor était assis, ou plutôt affalé, dans mon fauteuil de cuir. Ils avaient tous les deux débarqués chez moi dès qu'ils avaient appris que j'avais aidé Alexander et sa famille, sur le bateau de Valentin.

- Regarde-toi ! Tu as épuisé ta magie pour sauver des Lightwood ! Me lança Ragnor.

- Et alors ? J'aurais dû les laisser mourir, selon toi ?!

- Tu les détestes ! Tu détestes cette famille depuis des décennies ! Je dirai même plus : tu les hais !

Je haussais les épaules. Je ne pouvais pas nier ce fait, c'était la stricte vérité...

- Tu les hais, mais pourtant, tu les aides !

- Je l'aide lui ! C'est différent !

- C'est bien ce qu'on te dit ! Ce garçon a une t-elle influence sur toi, qu'il arrive à te faire te sacrifier pour lui et sa famille ! S'énerva Catarina.

- Tu devrais être heureuse de voir que...

- Que quoi ? Que tu obéis aux doigts et à l'œil à ce néphilim ? Désolé, mais non, ça ne me réjouit pas !

- N'importe quoi !

- Ragnor, dis-lui ! Fit-elle en se tournant vers notre ami, en quête de soutien.

- Qu'est-ce que tu veux que je dise ? Si c'est son choix de se brûler les ailes en volant trop près du soleil...

- Belle métaphore ! Rétorquais-je, froidement.

- Navré mon ami, mais tu n'as aucun avenir avec ce mortel, mais libre à toi d'essayer, après tout !

- Et qui te dit qu'on n'a aucun avenir ?

Il soupira, et prit la lettre, posée sur la table basse, qu'Alec m'avait adressée, plus tôt dans la soirée.

- « A l'attention du Grand Sorcier de Brooklyn... »... Hum, intéressant... Tu l'appelles, « Monsieur le directeur de l'Institut de New York », quand tu t'adresses à lui, ou c'est juste lui qui te nomme par ton titre ?!

Il avait touché un point sensible. La lettre d'Alec m'avait blessé, il m'avait convoqué comme si je n'étais qu'un étranger à ses yeux. Autant vous dire que je n'avais pas répondu. Surtout qu'avant cette lettre, cela faisait un moment que je n'avais pas eu de ses nouvelles.

- On est dans le cadre professionnel là !

- Dans ce cas, pourquoi fais-tu cette tête ?

Je ne répondis pas, et me contentais de lui lancer un regard noir. Catarina posa une main apaisante sur mon bras.

- Magnus, laisse ce néphilim avant qui ne soit trop tard... il est jeune, il est mortel, il fait partie d'une famille que tu hais et qui te hait ! Vous n'avez aucun avenir... Notre monde le déteste, et il ne fait rien pour arranger les choses ! Abandonne avant qu'on n'y perde tous des plumes...

- Non... Je l'aime, je ne le laisserais pas...

Présent

- Magnus ?

Je sursautais. Il s'était rapproché. Sa main caressait ma joue. Abandonnant toute résistance, je le soulevais et le plaquais, à son tour, contre le mur. Mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes. J'étais en colère : contre lui, contre moi. Je ne prenais aucune précaution. J'oubliais que c'était sa première fois, j'oubliais qu'il devait probablement être en panique totale, et le pénétrais d'un coup sec, sans aucune douceur. Il avait voulu me provoquer, il avait voulu jouer, et bien il devrait en assumer les conséquences à présent. Il poussa un cri de douleur, et je le sentis s'agripper un peu plus à moi, griffant mes épaules. J'accélérais mes coups de reins. Je ne le traitais pas mieux que ces conquêtes que j'avais accumulées ces derniers mois. Une partie de moi voulait arrêter, mais l'autre, bien plus forte, me forçait à continuer. Un coup de rein plus violent que les autres, le fit gémir de plaisir. S'il aimait ce que je faisais, je n'avais aucune raison d'arrêter...

- Mag... Magnus... Me gémit-il dans le creux de l'oreille.

S'en en était trop... Un dernier va et viens me fit venir en lui, alors qu'il me rejoignait quelques secondes plus tard. Je le reposais à terre, mes mains toujours posées sur ses hanches. Mon instinct protecteur fit son retour, dès l'adrénaline retombée. Il tremblait, et semblait ailleurs. J'écartais la mèche mouillée de sueur qui lui tombait sur les yeux.

- Alec... Alexander, est-ce que ça va ?

- Je.... Oui... Je crois...

- Mon ange...

Je l'entraînais avec moi dans le lit, le serrais dans mes bras, et recouvrais nos corps nus de la couverture.

- Je te demande pardon... Tu méritais mieux pour ta première fois...

Non mais vraiment, je n'étais qu'un idiot. Alexander ne méritait pas ça, ce n'était qu'un gosse perdu. C'était moi l'adulte, le plus âgé, c'était à moi de lui montrer la bonne voie, de le rassurer, d'être patient... Et je venais de faire tout le contraire... Il entremêla ses doigts aux miens.

- Magnus, je te voulais, c'est ce que je voulais, que je cherchais ! Je vais bien, je t'assure ! Tout ce qui compte c'est que tu sois près de moi, que tu me serres dans tes bras, et que tu me dises que...

- Que je t'aime ?

Il me fit, timidement, un signe affirmatif. Je posais ma tête contre la sienne.

- Je t'aime Alec... Je t'aime tellement...

Il sourit, de ce sourire que j'aimais tant : pur, sincère, innocent... Je le serrais un peu plus fort contre moi, l'encadrant de mes bras. Ma main caressa tendrement ses cheveux.

- Je ne t'ai pas fait trop mal ?

- Non, ça va, ne t'inquiète pas...

Je me mis au-dessus de lui. Il méritait mieux, beaucoup mieux.... Je claquais des doigts, et des bougies apparurent, éclairant la chambre d'une douce lumière. Il me regarda sans comprendre, un léger sourire aux lèvres.

- Je te l'ai dit Alexander... Tu mérites beaucoup mieux que cela...

- Pourquoi ?

- Parce que tes sentiments pour moi sont sincères, et je le sais. Tu as fui parce que tu étais perdu ! J'aurais dû le comprendre plus tôt...

- Je n'ai pas cessé de penser à toi, Magnus... Tu hantais mes rêves... Et, là-bas, c'est mon souvenir de toi qui m'a fait tenir...

- J'ai eu si peur, tu sais... Si je t'avais retrouvé mort, je ne sais pas ce que j'aurais fait...

- La question ne se pose pas, puisque je suis là... Tu m'as sauvé, encore une fois...

- Croyais-tu vraiment que je te laisserais, que je ne veillerais pas sur toi ?

- Non... Je savais que tu viendrais. Mon cœur et mon destin sont liés au tien. Je t'aime, et il est temps que je l'assume !

- Attends, tu es en train de me dire que...

- Que je vais l'annoncer à mes parents, oui...

- Oh, Alec...

Je l'embrassais. Mais cette fois, mon baiser était doux, délicat. Ma langue caressa tendrement la sienne. Gémissant, il m'attira un peu plus contre lui. Mon érection toucha la sienne, déclenchant en moi de petites décharges électriques de plaisir. Je frottais mon sexe au sien, alors que ses mains descendaient sur mon corps. Il frôla, de ses doigts, la peau fine de mon dos, suivant le trajet de ma colonne vertébrale. Ses caresses étaient douces. Je le sentais, cependant, moins à l'aise que tout à l'heure. Peut-être parce que, précédemment, j'avais entièrement pris le contrôle, qu'il n'avait pas eu le temps de réfléchir à ce qui se passait. Je cherchais son regard.

- Alec ? Tout va bien ?

- Oui...

- Tu es sûr ?

- J'ai peur... Confessa-t-il enfin. Je sais qu'on vient de le faire, mais... mais... je veux que pour toi aussi ce soit bien... Mais je ne sais pas comment faire...

Ses joues rosies par la gêne, le rendaient tellement désirable...

- Mon cœur, laisse-toi aller, ne réfléchis pas, écoute juste ton cœur, ton désir... N'aie pas peur, je vais te guider...

Je repris ses lèvres entre les miennes, pendant qu'une de mes mains caressait chaque parcelle de peau qu'elle pouvait atteindre. Mes lèvres suivirent ensuite le même tracé. Arrivé à la hauteur de son intimité, j'embrassais l'intérieur de ses cuisses. Je lui fis relever les jambes pour avoir un meilleur accès. Il rejeta la tête en arrière et se mordit la lèvre, pour, je le savais, retenir ses gémissements. Je remontais à sa hauteur, et passais mes lèvres sur la sienne, rougis par la morsure qui lui avait infligée.

- Ne retiens pas tes gémissements, mon ange... J'ai envie de les entendre... Laisse-toi aller... Tu es avec moi, tu peux être entièrement toi ici...

Je caressais sa joue.

- Tu es magnifique...

Je repris mes baisers et mes caresses, et finis par prendre son sexe en bouche.

- Putain... S'exclama Alec, en gémissant.

Je souris. Enfin, il commençait à se détendre. Ses hanches se mouvaient de façon à ce que son intimité ne reste pas longtemps loin de ma bouche. Ses gémissements se faisaient de plus en plus forts.

- Magnus... S'il te plaît...

Je relevais la tête.

- Oui ?

- Main... maintenant...

- Maintenant quoi ? Dis-moi ce que tu veux, Alec...

- Tu le sais très bien !

- Oui, mais j'ai envie de te l'entendre dire... Dis-le-moi, je veux ton accord !

- Tu l'as... Je t'en supplie, fais-le !

- Faire quoi ?

- Magnus, putain, fais-moi l'amour !

Et ben voilà, quand il veut... Je le pénétrais en faisant preuve d'autant de douceur que je pouvais. Je le vis grimacer. Une fois entièrement à l'intérieur de lui, je me stoppais, et scrutais son visage à la recherche du moindre signe qui me prouverait que je pouvais continuer. Il était cependant difficile de rester sans bouger. Ne faire qu'un avec lui, était, je crois bien, la plus belle chose au monde. Il commença alors à bouger ses hanches. J'avais l'autorisation que j'attendais. Je commençais par de lents va et viens, puis j'accélérais la cadence, nous faisant gémir autant l'un que l'autre. Gémissements, qui se transformèrent rapidement en cri de pur plaisir. On vint tous les deux quelques minutes plus tard. Il se blottit dans mes bras, encore tremblant de l'orgasme que je venais de lui donner, et lui déposais un baiser sur le front.

- Avoue que c'était plus agréable que la première fois ? Non ?

- Oui, c'est vrai. Me fit-il avec un sourire.

Il dessinait des lignes imaginaires sur mon torse.

- Décidément, il semblerait que le Grand Sorcier de Brooklyn soit doué dans tous les domaines !

- J'ai 400 ans d'entraînement mon ange, ça aide !

Il rit, puis resta silencieux un moment.

-Magnus ?

- Oui ?

- Est-ce que... On est de nouveau ensemble ?

- C'est ce que tu souhaites ?

- Oui... Pas toi ? S'inquiéta-t-il.

- J'attends ça depuis des mois, Alexander ...

Il m'embrassa, mais même si je mourais d'envie de continuer, il fallait que je clarifie tout de même deux, trois, petites choses.

- Alec, attends, je voudrais te parler...

- De quoi ?

- Si on se remet ensemble, tu comprends bien qu'il va falloir qu'il y ait quand même certaines choses qui changent...

- Magnus... Tu ne me fais pas confiance, hein ?

- Ce n'est pas ça, mais...

- Stop ! Viens, habille-toi ! On va à l'Institut !

- Pour quoi faire ?

- Tu verras !

Plus tard- Institut – PDV Alec

J'avais réuni ma famille : Izzy, Jace, et mes parents, dans le bureau de l'Institut. Ils me regardaient tous sans comprendre. Mon père jetait des coups d'œil suspects vers Magnus. Ce dernier ne semblait toujours pas comprendre ce qu'il faisait là. Prenant mon courage à deux mains, je pris la parole.

- Maman, papa, je dois vous annoncer quelque chose...

- Tu vas bien ? Après ce qu'il vient de t'arriver, tu devrais être couché ! Me fit ma mère.

- Maman, ça va, ne t'inquiète pas ! Écoute, je... ce que j'ai à vous dire n'est pas facile... Heu, j'ai rencontré quelqu'un, et ce quelqu'un c'est...

Je me tournais vers Magnus, qui me regardait, les larmes aux yeux. Je pris sa main, et il la serra fort, me donnant le courage nécessaire pour finir ma phrase.

-... Magnus...

Le regard de ma mère passa de nos mains entremêlées, à moi.

- J'ai peur de ne pas comprendre ce que tu es en train de me dire, Alec...

Je fermais les yeux un instant, puis attirant Magnus à moi, je l'embrassais. J'entendis le cri de joie d'Izzy. Une seconde plus tard, elle nous sautait dans les bras. Jace me faisait un grand sourire, et leva ses deux pouces en l'air. Je pus lire sur ses lèvres : « C'est pas trop tôt ». Ils le savaient, j'aurais du m'en douter... En revanche, mon père quitta la pièce sans un mot. Ma mère, elle, semblait un peu perdue.

- Vous... vous êtes ensemble ?

- Oui, maman...

- Depuis quand ?

- Neuf mois... Lui annonçais-je, sans tenir compte de ses longs mois de séparation.

- Neuf mois... Et tu ne me le dis que maintenant ?

- Je... Je n'osais pas vous le dire...

- Je dois dire que... que ce n'est pas vraiment ce que je souhaitais pour toi, mais... si tu es heureux...

- Je le suis...

On discuta un long moment tous les trois. Je sentais qu'il y avait des tensions entre ma mère et mon amant, mais dans l'ensemble, ça s'était plutôt bien passé. De retour à l'appartement, Magnus me serra dans ses bras.

- Merci...

- Est-ce que j'ai ta confiance maintenant ?

- Oui, tu l'as... Tu as gagné...

Fin

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