Et si le mariage n'avait pas été le moment de leur premier baiser ? Si Alec et Magnus avaient continué à se voir en cachette après la soirée passée chez le sorcier à soigner Luke ?

Les événements ne ce passe pas forcément dans l'ordre de la série et certains n'ont jamais eu lieu.

Libère-moi

Appartement de Magnus

Assis à la table du salon, je regardais les photos des différents sorciers du monde. L'Institut avait fait appel à moi pour trouver lequel d'entre eux avait bien pu être assez puissant pour fabriquer la potion qui avait endormi Jocelyne. Honnêtement, je ne cherchais pas vraiment. J'avais la tête ailleurs. Touchant mes lèvres du bout des doigts, je souris. J'avais l'impression de sentir encore le contact de ses lèvres douces et chaudes sur les miennes. Ce jeune néphilim m'étonnait de plus en plus chaque jour. Je le sentais, il était en train de voler mon cœur petit à petit, par ses sourires, ses baisers, son regard... Je me souviens de notre premier baiser comme si c'était hier. Ils avaient trouvé la coupe et il était venu me prévenir. Je n'avais pas eu besoin de beaucoup insister pour qu'il reste passer la soirée avec moi et lui avait volé un baiser avant qu'il ne parte. D'abord surpris, peut-être même étonné, il me l'avait timidement rendu et s'était envolé loin de moi avec un sourire. Mon dieu, son sourire...il n'y avait aucun doute, ce garçon avait bien du sang d'ange dans les veines. On avait passé deux autres soirées ensemble puis je n'avais plus eu l'occasion de vraiment le revoir, le croisant qu'en coup de vent à l'Institut, où il faisait semblant d'à peine me connaître alors que je l'avais pratiquement tous les soirs au téléphone. Cela m'amusait plus qu'autre chose. Je le voyais rougir à chaque fois que son regard croisait le mien ou que je le frôlais. La sonnerie de mon téléphone retentit soudain. Où est-ce que je l'avais mis déjà ? Je claquais des doigts et il apparut dans ma main. Je regardais l'identité de l'appelant et mon cœur se mit à battre plus fort.

- Alec ?

- Heu salut... je te dérange ?

- Non jamais, j'ai toujours du temps pour toi tu le sais bien...

- Ouais...

Il y avait quelque chose de bizarre dans sa voix, je sentais que ça n'allait pas.

- Alec, qu'est-ce qui se passe ?

- Rien je... je me demandais si... enfin non, laisse tomber !

Il raccrocha. Oh non Alexander, tu ne vas pas t'en sortir aussi facilement. J'appuyais sur la touche de rappel mais il avait décidé de ne pas répondre. Agacé, je lui laissais un message :

« Alors tu as deux options : la première tu réponds et tu m'expliques ce qui t'arrive ; la deuxième, tu continues à ne pas répondre et je viens à l'Institut de tirer les vers du nez de force ! Choisi..Vite ! Je te laisse une heure!

Je reposais le portable et essayais de me concentrer à nouveau sur mon travail mais il n'y avait rien à faire, mon esprit divaguait encore vers Alexander Lightwood. Les minutes passaient et il ne rappelait toujours pas... Mes doigts pianotaient d'impatience sur la table. Fallait-il que je le rappelle , histoire que ma menace soit plus prise au sérieux ? Alors que je m'apprêtais à appuyer sur la touche d'appel, la sonnette de l'entrée retentit. Je me précipitais pour ouvrir et découvris mon beau néphilim sur le pas de la porte. A la seconde où je le vis, je compris que j'avais raison, quelque chose n'allait pas.

- Alec !

- Je...

- Entre ! Lui ordonnais-je en le tirant par la main à l'intérieur de l'appartement avant de refermer la porte derrière lui.

Sa main était glacée. Je remarquais alors qu'il ne portait qu'un tee-shirt noir et un jean alors qu'il faisait un froid glacial dehors.

- Tu es complètement gelé ! Vous ne vous habillez plus chez les chasseurs d'ombres maintenant ?

J'attrapais une veste et lui mis sur les épaules. Mes yeux croisèrent les siens et j'aperçus des larmes perlaient dans ses beaux yeux bleus. Je caressais sa joue tendrement avant de le serrer contre moi. Je le sentis s'agripper à moi alors qu'il me murmurait des mots d'excuse.

- Alec ? Alec, regarde-moi...Qu'est-ce qui se passe ?

- Ils veulent me marier... je vais me marier...

- Pardon ?!

Je scrutais son visage. Je savais que les chasseurs d'ombres se mariaient généralement jeune, mais là...non, il était beaucoup trop jeune. Il ne savait même pas ce qu 'était véritablement l'amour...

- Mes parents veulent que je me marie pour... pour sauver notre nom du déshonneur ! Tout ça c'est la faute de cette fille ! De cette Fairchild ! S'énerva Alec.

Il jeta la veste avec colère et frappa dans le mur. Je l'arrêtais et le serrais à nouveau dans mes bras, dans lesquels il s'effondra, en pleurs. Sauver le nom des Lightwood du déshonneur ? Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait plus aucun honneur dans cette famille, à supposer qu'il y en ait eu un jour ! Et voilà que maintenant ils allaient faire porter cette responsabilité à un jeune garçon de 18 ans ! Cette famille, c'était vraiment du grand n'importe quoi, et plus les années passées, plus c'était pire.... Je m'étais toujours tenu éloigné d'eux, entretenant, au plus, des relations strictement professionnelles. Mais là... L'aîné de la nouvelle génération de Lightwood avait touché mon cœur, je ressentais le besoin d'être là pour lui, de le protéger.

- Tu devrais peut-être leur dire Alec...

- Leur dire quoi ?

- Tu le sais très bien...

- Je peux pas ! Je sais même pas ce que je fais ici !

- Oh si tu le sais ! Je représente la liberté ! Avec moi tu es celui que tu es vraiment ! A l'Institut, tu joues au parfait petit soldat, loyal à sa famille, loyal à son Enclave ! Mais ceux pour qui tu donnerais ta vie, pour qui tu as tout sacrifié, viennent de te planter un couteau dans le dos! Tu fais tout ce qu'ils te demandent mais ce n'est jamais assez, ils en demandent encore et encore... Se marier à ton âge c'est déjà stupide, mais en plus sachant que tu n'es pas attiré par les femmes...

- Ça viendra peut-être !

- Alec...

- Quoi, qu'est-ce que tu en sais toi ? Peut-être que...

- Peut-être que quoi ? Tu n'as jamais rien ressenti jusqu'ici pour une fille et tu crois que ça va tomber du ciel un jour, comme ça ?

- Peut-être bien !

- Alec ! Tu sais que j'ai été amoureux de Camille ?

- Oui...

Étais-ce un éclair de jalousie que je vis briller un instant dans ses yeux ?

- Et tu sais que je suis attiré par toi...

Il leva les yeux vers moi, rougissant.

- Pourquoi tu me dis ça ?

- Pour te faire comprendre qu'à ton âge, je savais déjà que j'étais attiré par les filles et les garçons ! Tu le saurais déjà Alec ! Tu te mens à toi-même, tu mens à ta famille, tu mens à tout le monde ! Tu crois que tu vas continuer à arriver à vivre comme ça ? Et en admettant qu'un jour une fille t'attire, qui te dit que ce sera celle que tu as épousée ? Et en attendant que ça arrive, tu vas faire quoi ? Tu vas continuer à être malheureux ?! Tu te préoccupes tellement du bonheur des autres que tu ne sais pas comment être heureux toi-même ! Enfin si tu le sais, sinon tu ne serais pas là... Mais tu ne l'assumes pas...

- Tu voudrais qu'il me retire mes runes, que je sois banni, que je perde tout ce que j'ai, c'est ça que tu veux ?!

- Heyy, calmes toi ! Je sais que ce n'est pas facile ! Je ne te demande pas de le crier partout mais juste d'être au moins honnête envers toi-même !

- Je le suis !

- Vraiment ?

Des larmes coulaient sur ses joues, il était complètement paumé... C'est de réconfort dont il avait besoin et non pas de mes leçons de morale. Je m'approchais de lui doucement et essuyais ses larmes sur ses joues.

- Et si on arrêtait de parler de ça ? Lui fis-je avec un sourire.

- Je veux bien...

Je le pris par la main et l'entraînais avec moi sur le canapé, le calant dans mes bras, comme on l'avait si souvent fait lors des soirées qu'il avait passées chez moi. Il entremêla ses doigts aux miens et me sourit. Je me mordis la lèvre inférieure. J'avais envie de l'embrasser... En temps normal, avec qui que ce soit d'autre, je n'aurais pas pris autant de précautions, mais avec lui... Je ne voulais pas aller trop vite...Oui je l'avais déjà embrassé mais le contexte de ce soir était bien différent. Sa venue n'était qu'un appel au secours face à un monde qui le privait de sa liberté, alors qu'avec moi il pouvait être libre et il le savait...

- Magnus ?

- Hum ?

- Merci...

- Merci de quoi ?

- D'être là...Il n'y a qu'avec toi que je... je parle de tout ça...

- Et ta sœur ?

- Quoi ma sœur ?

- Elle est au courant tu sais...

- Ouais... je sais pas comment elle a fait pour savoir... Ça se voit tant que ça ?

- Non... Lui dis-je en riant. C'est juste que c'est ta sœur et elle te connaît mieux que personne ! Et je suis certains que ton parabataï le sait aussi mais qu'il attend que tu le lui dises...

- Non ! Jamais ! Il ne doit jamais le savoir !

Je soupirais. Je ne connaissais pas très bien Jace, mais du peu que j'en avais vu, j'étais persuadé qu'il ne le jugerait pas.

- Bon, on avait dit qu'on n'en parlait plus de toute façon !

- Ouais...

- Tu sais que... c'était assez dur de te croiser ces temps-ci et de faire comme si tu m'étais indifférent, alors que c'est tout le contraire ?

Il leva la tête vers moi, s'appuyant sur un coude. L'intensité de son regard me transperça... Bon sang mais pourquoi me faisait-il à ce point-là tourner la tête ?

- Et tu avais envie de quoi ?

Je serrais un peu plus sa main dans la mienne. Je savais qu'il avait posé cette question par pure innocence, sans arrière pensée derrière la tête. Par exemple chez moi, cette question aurait en réalité voulu dire « montre moi ».

- De t'embrasser...

Il rougit instantanément puis laissa échapper un petit sourire. J'approchais mes lèvres des siennes...

- Je peux ?

- Tu demandes la permission maintenant ? Me dit-il d'un ton taquin.

- Je suis un gentleman tu sais !

- Si tu le dis...

A ma grande surprise, ses lèvres se posèrent sur les miennes. Tellement douces... J'approfondis très vite ce baiser, collant son corps au mien. Ma main passa dans ses cheveux et l'autre glissa sur sa hanche, avant de glisser sous son tee-shirt. J'avais l'impression que le monde s'était arrêté de tourner, il n'y avait plus que lui et moi... Il frotta son bassin contre le mien et sa main caressa ma peau sous ma chemise. Je retins un gémissement et faisant un immense effort de contrôle, je mis fin à ce baiser et me levais, m'éloignant de lui avant de faire un geste déplacé et qu'il s'en aille en courant, pour ne plus jamais revenir.

- Heu... tu... tu veux un verre ou...ou...

Bon sang, il fallait vraiment que je reprenne le contrôle, d'habitude c'est lui qui bafouillait, pas moi ! La dernière fois que cela m'était arrivé c'était... ben, jamais en fait.

- J'ai... j'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Me demanda-t-il timidement.

Je fermais les yeux. J'avais besoin de prendre l'air... Comment lui expliquer, sans qu'il ne le prenne mal ou qu'il prenne peur, que j'avais une furieuse envie de lui enlever ses vêtements, de sentir sa peau nue contre la mienne, de l'entendre gémir dans mes bras...Non, je ne pouvais pas et tout mon problème était bien là...

- Mag... Magnus ? Tu veux que je m'en aille ?

Quoi ? Non surtout pas... Je me retournais vers lui. Il s'était levé et me fixait. Je lus de l'inquiétude dans ses magnifiques yeux bleus.

- Non... Je veux que tu restes...

Je franchis le peu de distances qui nous séparait et posant une main sur sa nuque je l'attirais à moi pour l'embrasser.

- Je veux que tu restes ce soir et tous les autres soirs Alec... Je ne veux pas que tu te maries ! Je veux que tu me choisisses moi !

Ces mots étaient sortis tous seul de ma bouche, sans que je n'arrive à les contrôler. Putain Magnus mais tu fais quoi là ? Tu le connais à peine, ce n'est qu'un gosse....Oui mais il avait réussi à faire ce que personne n'avait réussi à faire depuis plus d'un siècle : briser la carapace que j'avais battis autour de mon cœur. Personne ne l'avait jamais fait battre aussi vite...même pas Camille, que je pensais pourtant être mon grand amour...

- Je... Magnus je....

- Chut... ne dis rien... juste...reste...

Il acquiesça et posa son front contre le mien.

- Tu sais, j'aimerais pouvoir être avec toi librement...

- La liberté n'est qu'une question de choix Alexander....

- Alors libère-moi...

Fin