Frères ennemis -Partie 4


Partie 4 : Papa and Dad

Avant dernier chapitre !!

Rafael parcourut l'Institut des yeux. Il y avait des blessés, beaucoup de blessés. Et des morts. Il avança dans le hall, zigzaguant entre les corps ensanglantés. Fées, chasseurs d'ombres, sorciers, vampires, loups-garous... Personne n'avait été épargné. La boule au ventre, le jeune homme continua à avancer vers le poste de contrôle, craignant qu'un visage familier ne se trouve parmi les cadavres. Une main ensanglantée lui saisit alors la cheville, le bloquant. Il se dégagea en retenant un haut-le-cœur. Chasseurs d'ombres ou créatures obscures ? Son visage était tellement tuméfié que le néphilim aurait été incapable de le dire.

- Aide... moi !

- Je...

- Aide... moi ! Répéta l'inconnu.

Trop choqué pour parler, Rafael se contenta de le regarder se vider de son sang sur le sol de l'Institut, impuissant.

- Bouge de là !

Il tourna la tête vers le nouvel arrivant qui venait de s'agenouiller auprès du mourant.

- Max... Murmura Rafael.

Le jeune sorcier soupira et ferma les yeux de l'homme à ses pieds.

- C'est trop tard... Il est mort....

- Il... Sa joue, elle...

- Absente, ouais ! Les fées ne sont pas très amicales ! Rétorqua Max en jetant un regard dégoûté à son frère.

Ce dernier était blanc comme un linge et semblait au bord de la nausée.

- Et bien, grand frère, on dirait que c'est ton premier cadavre ! Se moqua le jeune sorcier.

- Va te faire foutre !

- Oh tu retrouves des couleurs !

- Max, Rafael !

Les deux hommes se retournèrent vers leur tante Isabelle. Elle les serra contre elle avant qu'ils n'aient pu esquiver. Max grimaça et se dégagea brusquement.

- Max... Commença-t-elle avant qu'il ne la coupe.

- Ne refais jamais ça !

- Désolé, je m'inquiétais juste pour toi. Se justifia-t-elle, cachant que sa réaction l'avait blessée.

- Et bien ce n'est pas nécessaire. Ou devrais-je dire que c'est un peu trop tard pour ça !

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Rien, Rafael vous fera sûrement rapidement un compte rendu !

Il s'éloigna et elle soupira tristement, une main toujours posée sur le bras de l'aîné de ses neveux.

- Je ne comprends ce qu'on a bien pu lui faire...

Rafael ne répondit pas, se contentant de baisser les yeux.

Plus tard

Le visage grave, Jace discutait à voix basse avec Maryse Lightwood. A l'écart, Rafael semblait ailleurs. Alyssa s'assit à côté de lui. Ils étaient dans le salon de la villa Lightwood, à Idris. Le Consul avait fait ordonner l'évacuation de l'Institut et une réunion d'urgence se préparait.

- Tu vas bien ?

- Nous avons perdu beaucoup des nôtres aujourd'hui... Et je n'étais pas là...

- Rafe, ce n'était pas de ta faute. Tu n'y es pour rien... Ta présence n'aurait rien changé, à part peut-être rajouter ton nom à la liste des morts !

- Au moins je serais mort avec les miens ! Pour les miens !

- Et ça t'aurait servi à quoi ?

Rafael se prit la tête dans les mains. Il n'arrivait plus à réfléchir, repensant à ce bébé chez son frère... Sa fille... Son frère avait eu une fille !

- Al', je peux te demander quelque chose ?

- Oui, bien sûr ! Lui répondit la jeune fille, tout sourire.

- Est-ce que... Est-ce que les sorciers peuvent se reproduire ?

Alyssa esquissa un sourire.

- Toi tu n'as pas très bien suivi les cours de génétique !

- Al', réponds juste à ma question, s'il te plaît !

- Et bien désolé cousin de décevoir tes aspirations de paternité, si t'en avais l'intention avec une sorcière bien sûr, mais...

- Al' !

- Ok, ok ! Capitula la jeune femme. Non, non aucun sorcier ne peut se reproduire.

- Pourquoi ?

- Je...

Elle fronça les sourcils. Honnêtement, elle ne s'était jamais posé la question.

- Je... je t'avoue que c'est une bonne question. Je suppose qu'ils sont... Et bien, stériles.

- Oui, mais pourquoi ? Les démons arrivent à enfanter, non ? Alors pourquoi les sorciers n'y arrivent pas ?! Demanda-t-il avec agressivité.

- Je... Je ne sais pas, Rafael ! C'est toi qui as été élevé par un sorcier, pas moi !

- Ouais, génial ! Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, mes pères n'avaient pas vraiment besoin de se soucier de la procréation ! Je doute vraiment que cela ait été un sujet d'intérêt !

- C'est sûr....

Leurs regards se croisèrent et ils éclatèrent de rire. Cela fit du bien à Rafael. Pendant un instant, tout lui parut plus léger.

- Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Demanda Alyssa en retrouvant son sérieux.

- Si je te le dis, tu me promets de garder ça pour toi pour l'instant ?

- Oui, je te le promets !

Lac Lyn- Idris

Le regard perdu sur le lac, Jace repensait aux derniers événements. Ils avaient eu du mal à repousser les fées. Beaucoup de mal. Pourtant, elles n'étaient pas plus puissantes qu'avant. Non, c'était eux qui étaient plus faibles. Ce massacre n'aurait jamais eu lieu si créatures obscures et chasseurs d'ombres étaient encore capables de se battre ensemble. Et c'était loin d'être le cas... Un bruit de pas derrière lui le fit se retourner. Il sourit tristement à sa sœur.

- Izzy... Qu'est-ce que tu viens faire ici ?

- Et toi ?

- Je réfléchissais...

- Jace, je... Je voudrais te parler de Max.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- On le perd... Il s'éloigne de nous...

Jace éclata d'un rire sans joie.

- Parce que ce n'était déjà pas le cas ? Rappelle-moi la dernière fois où il nous a adressé la parole ?

- Et cette situation te convient ? Il fait partie de notre famille !

- Tu n'as pas besoin de me le dire, Izzy ! Mais que veux-tu que j'y fasse s'il refuse de nous parler ? Rafael et lui ne peuvent pas rester dans la même pièce sans essayer de s'entre-tuer !

- C'est faux ! Rafael l'a protégé l'autre jour...

- Oui et ça a changé quelque chose à la situation ? Non ! J'ai même l'impression que c'est pire qu'avant ! Rafael tire une tête d'enterrement !

- Je sais ...

- Je vais aller lui parler... Déclara Jace après un moment de silence. Tout comme Clary, je suppose que l'idée ne te plaît pas ?

- La conversation sera à sens unique, tu le sais très bien... A quoi cela va-t-il te servir ?

- Il entend ce qu'on lui dit ! Peut-être que...

- Jace... Je sais que tu n'en feras qu'à ta tête de toute façon, mais... N'attends rien de cette... Visite...

Jace soutenu le regard de sa sœur. Il avait toujours été du genre têtu, et vieillir n'avait pas amélioré ce point. Il n'en démordait pas, il devait rendre une petite visite à celui qu'il avait refusé de voir depuis des années...

Villa Lightwood

Bouche bée, Alyssa scrutait le visage de son cousin à la recherche d'un signe que Rafael se payer sa tête, mais visiblement, le jeune homme était plus que sérieux.

- Ouais, moi aussi j'ai fait cette tête ! Lui fit-il. Mais c'est bel et bien la vérité : mon frère est papa. Vraiment, papa !

- Mais... Mais c'est impossible !

- C'est ce que je pensais aussi, mais visiblement la nature a décidé de foutre le bordel dans ma vie !

- Pourquoi le bordel ? C'est plutôt une bonne chose, non ?

- Oh je sais pas, j'ai refusé de sauver la mère de la crevette de mon frère.... Tu penses que ça peut être un frein à notre réconciliation ?

- Oh... Heu, oui, effectivement ça risque d'être compliqué !

Rafael grimaça. Compliqué, c'était le mot. Tout se bousculait dans sa tête. D'un côté, l'idée même de ne plus jamais avoir de relation fraternelle avec Max le déprimait, et d'un autre côté, il était toujours autant furieux contre lui. Il ne lui avait pas pardonné de l'avoir laissé au profit des siens... L'abandonner en retour en ne sauvant pas la mère de sa fille était un juste retour des choses, non ? Il secoua la tête. Non, ça ne l'était pas. Il avait commis la plus grosse des trahisons... Si ses pères étaient encore vivants, ils lui en auraient voulu à mort...

- Je vais faire un tour, j'ai besoin de réfléchir.... Annonça-t-il soudain à sa cousine.

Celle-ci le regarda tristement quitter la villa. Son projet de reconstruire sa famille venait de prendre un tournant inattendu.

Lac Lynn

Perdu dans ses pensées, Rafael marcha pendant de longues minutes dans Idris, sans but précis. Sa marche le mena au lac Lynn, où il retrouva sa tante et son oncle en pleine discussion. A son arrivée, ils se retournèrent d'un seul et même mouvement. Le jeune néphilim soupira. Il aurait préféré ne pas les croiser et surtout retarder le moment où il allait leur annoncer pour son frère. La boule au ventre, il savait qu'il devait leur dire, ils avaient le droit de savoir... Il croisa le regard de son oncle. Ce dernier affichait un air grave. Rafael se demanda s'il n'était pas déjà au courant....

- Rafael, il y a quelque chose que tu dois savoir...

- Max est papa ! Lança soudain Rafael.

- Il y a quelque chose qu'on... Commença Jace avant de réaliser les paroles de son neveu. Attends, quoi ? Qu'est-ce que tu viens de dire ?

- Max est papa. Une petite fille. Loane. Et avant que vous posiez la question, non il ne l'a pas adopté, c'est vraiment la sienne. Et autre scoop, la mère est morte et c'est nous.. moi... qui l'ai faite assassiner...

- De.... Comment ça ? De quoi tu parles ? Lui demanda Isabelle, qui, à l'image de son frère, était totalement abasourdie.

- Il y a 7 mois, l'équipe de garde a remarqué qu'une sorcière tournait autour de l'Institut depuis quelque temps déjà. Un soir, alors qu'elle revenait pour la énième fois, j'ai envoyé la garde à sa rencontre pour voir ce qu'elle voulait. Je pensais qu'elle venait faire des repérages... Ça a mal tourné et... Elle a été grièvement blessée mais a réussi à s'enfuir... Le soir même, Max m'a appelé à l'aide... Il m'a supplié de venir le rejoindre, qu'il n'avait pas beaucoup de temps, qu'il m'expliquerait une fois que je serai là. Et... Je lui ai raccroché au nez, lui disant que je ne voulais plus jamais ni qu'il m'appelle, ni le voir...

- Par l'ange, Rafael... S'exclama Isabelle, en s'appuyant contre un arbre, livide.

Jace, lui, resta silencieux, fixant son neveu. Son visage ne laissait rien paraître. Il finit par ouvrir la bouche pour parler mais se ravisa et secoua la tête.

- Max le sait ? Max sait-il que tu es responsable de la mort de sa femme ?

- Oui. Oui, il le sait.

- Il te l'a dit ?

- Non, il n'y a pas besoin qu'il me le dise, il suffit de voir comment il me regarde. Quant à moi, j'ai vite fait le rapprochement.. Peut-être même l'ai-je toujours su au fond...

Ses yeux s'embuèrent de larmes. Ceux de Jace se fermèrent alors que les larmes coulaient déjà sur les joues de sa sœur. Ses espoirs de reformer une famille unie venaient de s'effondrer définitivement. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Isabelle serrait leur neveu dans les bras. Il croisa le regard de ce dernier et en cet instant, Alec ne lui avait jamais autant manqué...

Flash Back – 17 ans plus tôt

Essayant désespérément d'endormir sa fille, ce fût un soulagement pour Jace lorsque son frère vint frapper à la porte de son bureau de l'Institut. Il releva la tête vers lui et soupira de soulagement.

- Par l'ange, merci ! Elle n'arrête pas de pleurer! Clary a décidé de se faire une soirée fille avec Izzy, et elle m'a laissé la petite mais... mais elle n'arrête pas de pleurer ! Je lui ai donné le biberon, changer sa couche...

- Changer sa couche ?

Alec baissa les yeux vers la petite fille et se mordit la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire.

- Quoi ? Demande Jace en remarquant l'expression de son frère.

- Elle est à l'envers. C'est sûrement pour ça qu'elle pleure, ça doit la gêner. Passe la moi !

Jace lui donna la petite fille, presque avec soulagement.

- Coucou ma princesse ! Tonton Alec va s'occuper de toi parce que ton papa n'est pas très doué ! Se moqua Alec.

- On croirait entendre Magnus ! Rétorqua Jace. Il détint de plus en plus sur toi.

Alec sourit alors qu'il changeait la petite fille.

- Si ça peut te rassurer, Magnus n'était pas plus doué que toi. Il passait son temps à m'appeler quand Max était bébé.

- Merci de l'info, je ne manquerai pas de le lui rappeler la prochaine fois qu'il se fout de moi ! Commenta Jace, plutôt ravi de l'information qu'il venait d'apprendre.

- Et voilà ! S'exclama Alec au bout d'un certain temps. Toute propre !

Dans les bras de son oncle, la petite fille avait arrêté de pleurer.

- Comment tu fais ?

- J'ai l'habitude. Je m'occupais de Max quand nos parents n'étaient pas là, tu te souviens ? Et puis, j'ai déjà deux fils, j'ai eu de l'entraînement !

- Ça te fait au moins un truc où tu es en avance sur moi ! Rétorqua Jace en lui faisant un clin d'œil.

- Je me suis rattrapé depuis, tu sais ! Répliqua Alec avec un grand sourire moqueur.

Jace afficha un air choqué et lui fit signe de se taire.

- N'en dit pas plus, vraiment je ne veux pas savoir ce que Magnus et toi pouvez bien faire ensemble !

- Tu es sûr ? Pas de détails ?

Le blond fit mine de réfléchir.

- Hum ouais, je pense que je suis sûr ! Magnus me ferait payer beaucoup trop cher ma curiosité ! Je préfère ne pas tenter le diable !

Les deux frères échangèrent un sourire complice, alors que la jeune Alyssa s'était endormie dans les bras de son oncle.

Présent - PDV Max

Nerveux, j'explorais du regard la basilique. Je n'étais pas entré ici depuis... et bien depuis des années. Déjà, lorsque mes pères étaient encore là, je n'y pénétrais pratiquement jamais. Depuis leurs morts, je n'y étais jamais revenu. Des chasseurs d'ombres présents à l'intérieur me dévisagèrent de leurs regards haineux. Ça avait toujours été comme ça. Je n'avais jamais été le bienvenu à Idris, même lorsque mes parents étaient en vie. Je m'assis sur un banc au fond de la basilique, ignorant les chasseurs d'ombres autour de moi. Levant les yeux vers la représentation de l'ange Raziel sur les vitraux, je me demandais si l'ange partageait le point de vue des néphilims sur les créatures obscures...

Fin PDV Max

- Il n'est pas très sympathique comme ange...

Max sursauta et tourna vivement la tête. Sur sa droite, son oncle Simon venait de prendre place à ses côtés. Il fixait lui aussi le dessin de l'Ange.

- Je lui ai parlé une fois. Continua le néphilim. Je ne m'en rappelle plus très bien, mais je me souviens très bien avoir espéré ne plus jamais le revoir. Je n'étais encore qu'un vampire à l'époque.

Le jeune sorcier garda le silence et se leva avec la ferme intention de partir. Son oncle le retint par le bras et le fit rasseoir.

- Tu sais comment je suis devenue un néphilim ? Lui demanda-t-il comme si de rien n'était.

Alors qu'il avait fixé la peinture de l'Ange depuis le début, il fixait à présent son neveu droit dans les yeux, mais ce dernier gardait le silence.

- Oui, tu le sais. Tes pères ont dû te raconter cette histoire maintes et maintes fois. J'étais proche d'Alec, tu sais. Je me suis toujours plus entendu avec lui qu'avec Jace, dès le départ. Mais après avoir sauvé Magnus, j'ai perdu tous mes souvenirs d'eux et Alec m'a évité. Même lorsque j'ai intégré l'Académie des chasseurs d'ombres, il me fuyait. Il se sentait coupable de ce qui m'était arrivé. Ce n'est que quand je t'ai trouvé sur les marches de l'Académie, que nos rapports ont fini par revenir comme avant.

Max soupira, agacé. Presque 20 ans qu'on lui rabâchait les mêmes conneries. « Ton père était un héros », « Ton oncle a risqué sa vie », C'était toujours le même refrain.

- Des héros... Murmura-t-il froidement. Ouais, mais ce temps là est fini. Aujourd'hui, vous n'êtes que des gros lâches.

Il avait parlé d'une voix calme, pourtant Simon relâcha son bras et son visage exprima une profonde tristesse.

- Pourquoi tu nous détestes autant, Max ?

- Je ne vous déteste pas, vous m'êtes indifférents. Tout ça, là, ça m'est indifférent. Je ne suis pas comme vous.

Il se leva et s'approcha de l'Autel. Une statue miniature de Raziel y était disposée. Il s'en saisit et se retournant vers son oncle, il continua :

- Je ne suis pas vous. Répéta-t-il. Vos croyances, vos exploits, votre pseudo héroïsme, voilà ce que j'en fais...

Il lâcha alors la statue qui se brisa en mille morceaux lorsqu'elle toucha le sol, dans un fracas assourdissant qui se répercuta en échos dans la basilique. Les chasseurs d'ombres présents tournèrent la tête vers lui, et Simon se tendit. Chez les néphilims l'Ange était sacré. Briser sa statue serait pris comme un acte de provocation... De déclaration de guerre. Du coin de l'œil, il vit un chasseur d'ombres dégainé son poignard séraphique. Malheureusement, Max le vit bien avant que Simon n'ait pu faire le moindre geste. D'un mouvement de la main, le jeune sorcier fit voler le chasseur d'ombres à travers la pièce et celui-ci cogna violemment contre les murs de pierre. Il se tourna ensuite vers les deux autres qui avançaient vers lui, et il leur réserva le même sort.

- Max, arrête ! Hurla Simon en se précipitant sur lui à son tour.

Le jeune homme se tourna alors vers son oncle, déterminait à lui faire subir le même sort. Il leva la main, mais, au plus grand étonnement des deux hommes, rien ne se produisit. Simon se stoppa, pensant en premier lieu que son neveu avait fait marche arrière, mais c'est là qu'il le vit. Se tenant derrière le jeune sorcier, un autre, plus grand, le visage masqué par l'imposante capuche de sa cape noire, bloquait les pouvoirs de Max. Ce dernier, percevant le regard de Simon, se retourna et fut à son tour projeté quelques mètres plus loin, glissant sur le sol froid de la basilique. Fou de rage, il se redressa et voulut jeter un sort à son aîné, mais une fois de plus, ce fût un échec. Le sorcier s'avança vers lui, sous les yeux d'un Simon perdu, qui ne comprenait pas ce qui se passait. Max recula, effrayé, son visage se décomposant au fur et à mesure. L'homme finit par s'arrêter et les portes de la basilique s'ouvrirent. Mais alors que Simon s'attendait à voir les membres de la Garde arriver, il fût étonné de voir une deuxième personne entrée. Habillée de la même manière que le sorcier, elle s'avança en courant vers le plus jeune, qui fixait toujours son aîné, des larmes perlant dans ses yeux.

- Max... Murmura Simon une première fois, avant de hurler son nom lorsque le jeune homme perdit connaissance et que le deuxième inconnu le prit dans ses bras.

Le néphilim sortit à son tour son poignard séraphique, mais le sorcier l'empêcha, par sa magie, d'avancer. Il ouvrit ensuite un portail et son compagnon le traversa, emportant le jeune sorcier avec lui. Le portail se referma, et Simon se retrouva seul avec l'inconnu.

- Qui êtes-vous ? Lui demanda Simon alors qu'il le vit s'avancer vers les trois néphilims qui s'en étaient pris à Max, et qui demeuraient inconscients.

Il passa sa main sur chacun d'entre eux, sans répondre à la question de Simon.

Ce dernier voulut s'avancer vers lui, mais il demeurait toujours bloqué par la magie du sorcier.

- Qui êtes-vous ?! Demanda-t-il à nouveau. Je vous jure que si vous touchez à un seul cheveu de ce gosse, vous allez le regretter amèrement!

Le sorcier, silencieux et maintenant toujours son visage caché, ouvrit à nouveau un portail. Juste avant de le traverser, il agita la main et un message de feu tomba au sol. Simon fut alors libéré de la magie qui le bloquait, mais le sorcier avait disparu. Le chasseur d'ombres se précipita vers le massage :

- «Trouvez Magnus Bane » lu-t-il.

Manoir Lightwood

- « Trouvez Magnus Bane » ? S'exclama Clary. Comment ça ?! Qu'est-ce que ça veut dire ?!

Elle et Simon se trouvaient dans le manoir Lightwood.

- Je ne sais pas... Max s'apprêtait à me réserver le même sort que les trois autres néphilims, et ce sorcier a débarqué, l'en a empêché, puis un autre type ou je sais pas trop quoi d'ailleurs, a déboulé dans la basilique et il a enlevé Max.

- Je sais, Simon, ça fait 10 fois que tu me répètes la même chose !

- Parce que je ne sais pas quoi te dire de plus, Clary !

- Il faut qu'on y aille ! Il faut qu'on s'assure qu'il soit toujours là-bas !

- Où veux-tu qu'il soit ? Il est incapable de faire le moindre mouvement ou de dire le moindre mot depuis 7 ans, Clary !

- Je sais bien, mais peut-être que quelque chose lui est arrivé, je sais pas !

- Catarina nous aurait prévenus ! Elle est partie là-bas dès qu'on l'a prévenu de ce qui s'était passé ici, et du message ! C'était il y a déjà presque 4h ! S'il y avait eu un problème, elle nous l'aurait dit!

La rouquine acquiesça. Il avait raison. Catarina leur avait toujours été fidèle, même aujourd'hui, même si Rafael avait refusé de la voir pendant des années... Ce dernier venait justement de pénétrer à l'intérieur de la maison, suivit d'Isabelle et de Jace.

- Alors ? Les nouvelles ? Demanda Clary, anxieuse.

- Alors les trois chasseurs d'ombres agressaient vont bien et ne se souviennent de rien. Ce qui est plutôt une bonne chose, sinon j'aurais dû condamner mon propre frère à mort. Lui répondit Rafael.

- Rafael... Soupira Jace.

- Quoi ? Ouais, je sais, toi tu n'aurais jamais fait ça si ça avait été Alec. Ouais, ben tu n'es pas moi, et Max n'est pas Alec !

- Non, tu as raison. Il n'est pas lui, et tu n'es pas moi non plus. Mais il reste ton frère, et je sais que tu ne l'aurais jamais condamné à mort, et j'en ai assez de t'entendre dire des conneries de ce genre à longueur de journée ! Je suis chargé de ton éducation depuis la mort de tes parents ! Tu es comme mon fils, et Max aussi. Alors maintenant, tu vas arrêter avec cette guerre ridicule avec ton frère ! Et en attendant, je reprends la direction de l'Institut ! C'est clair ?

Rafael allait lui répondre lorsqu'on frappa à la porte du manoir. Isabelle alla ouvrir et se figea sur le seuil. Catarina, un bébé dans les bras, se tenait sur le perron.

- Navré de vous déranger, mais j'aurais besoin que quelqu'un garde cette petite...

- Oh qu'elle est mignonne ! S'exclama Clary en accourant vers elle. Je peux ?

Catarina lui passa le bébé délicatement.

- Elle s'appelle Loanne. Lui annonça la sorcière.

- Bonjour, Loanne. Lui fit Clary en souriant tendrement. D'où tu viens toi ? A qui est cette petite princesse ?

Catarina jeta un regard accusateur à Rafael.

- Tu ne le leur as pas dit ?

- Seulement à nous ! Répondit Jace à sa place, en désignant Izzy et lui. Les événements qui ont suivi ne nous ont pas franchement laissé le temps d'annoncer la nouvelle !

- La nouvelle ? Quelle nouvelle ? De quoi tu parles, Jace ? S'étonna Clary.

A l'image de son amie, Simon ne semblait pas comprendre beaucoup plus la situation.

- Ce bébé, c'est.... Elle est la fille de Max. La fille biologique d'après ce que j'ai compris. Leur annonça Jace.

- La... La fille de Max ?

- Surprise ! Lui fit Rafael en souriant d'un air moqueur. La famille vient de s'agrandir !

Les bras croisés, il se tenait légèrement à l'écart.

- Par l'Ange... Lui fit Clary, sans relever la provocation du jeune homme. Ils auraient tellement été fiers...

Rafael souffla et ses yeux se posèrent sur le message de feu, qui était resté sur la table basse du salon dans lequel ils se tenaient. Il le prit entre ses mains tremblantes.

- C'est quoi ça ?

- On allait te le dire. Commença Simon mais Rafael le fit taire en un seul regard.

- Qui vous a envoyé ça ?

- Un des hommes qui ont enlevé ton frère.

- Pourquoi ? Pourquoi il faudrait qu'on trouve mon père ?

- On ne sait pas, Rafael.

Il y eut un silence, puis Rafael reprit la parole :

- Je veux le voir ! Maintenant !

- Non, Rafael, je regrette, mais ce n'est pas possible. Lui dit Catarina d'une voix douce.

- Ah ouais ? Pas de bol mais je suis encore le directeur de l'Institut de New York, et dans le cadre de l'enlèvement d'une créature obscure et de l'agression sur trois néphilims, je me dois d'interroger toutes les personnes qui seraient susceptibles de me donner des réponses.

Il désigna le mot qu'il tenait encore dans sa main.

- Visiblement mon père en fait partie. Vous m'avez tenu trop longtemps éloigné de lui, maintenant s'est terminé et je veux le voir, tout de suite !

- Rafael, si nous n'avons jamais permis que toi et ton frère le voyiez, c'était pour une bonne raison. Vous étiez jeunes et ça aurait pu vous faire un choc !

- On l'a vu. On la veillait à l'infirmerie, tout comme vous.

- Son état n'a fait que se dégrader par la suite, Rafael... Crois-moi, ce n'est pas...

- Ce n'est pas parce que tu as peur de voir ce qu'il est devenu, que tu dois m'empêcher de voir mon père ! Je veux le voir, maintenant ! J'ai besoin de lui parler... Tu... Tu comprends ?! Sa voix dérailla, des larmes dans ses yeux.

Isabelle serra sa main dans un geste de réconfort.

- Il a raison, Catarina. Le soutenu Jace. Je l'accompagnerai, je dois aussi lui parler.

- Vous ne voulez pas le laisser tranquille ?! Leur cracha Catarina.

Rafael s'avança vers elle et prit ses mains dans les siennes.

- S'il te plaît, Cat'... Laisse-moi voir mon père.... S'il te plaît... Juste 5 minutes...

La sorcière ferma les yeux un instant. Lorsqu'elle les rouvrit, elle se trouvait au milieu d'un champ de fleurs, Jace et Rafael à ses côtés. Les autres avaient disparu. Elle agita la main et, derrière elle, apparu une maisonnette en pierres blanches.

- On est où là ? Lui demanda Rafael en regardant tout autour de lui.

- Loin d'Idris. Très loin d'Idris.

- Il... Il est...

- Oui... Cinq minutes... Pas plus ! Lui dit-elle en s'écartant sur le côté.

- Tu ne viens pas avec moi ?

- Non... Je n'y arrive pas. Tu trouveras Tessa à l'intérieur. Elle s'occupe de lui.

- D'accord... Merci. La remercia-t-il en serrant à nouveau ses mains dans les siennes.

- Allez, on y va. Lui fit Jace qui avait assisté à l'échange entre son neveu et la sorcière, en silence.

Il l'entraîna avec lui vers la maisonnette, sous le regard inquiet de Catarina. Rafael posa une main tremblante sur la poignée de la porte et Jace stoppa son geste.

- Rafael, il faut que tu sois préparé. L'homme que tu vas voir n'est plus ton père depuis très longtemps... Pas comme tu l'as connu en tout cas. Mais mots sont durs, mais il faut que tu sois préparé.

- Il faut que je retrouve mon frère. Et ... Et il est peut-être le seul qui peut m'aider.

- Rafael, ton père ne te parlera pas, il...

- Je sais. Je sais, mais je dois le voir, je dois essayer !

Jace le laissa alors passer, mais hésita à entrer à son tour. Il se tourna vers Catarina mais elle avait disparu. Résigné, il entra à son tour.

PDV Rafael

Mon cœur battait à 1000 à l'heure. 7 ans... 7 ans que je n'avais plus jamais revu mon père. On ne m'avait laissé l'approcher qu'à l'infirmerie, où il était plongé dans le coma. Allongé dans ce lit, les yeux fermés, pâle comme la mort, inerte...

Flash Back- 7 ans plus tôt

- Dad, dad ! Dis-moi qu'il n'est pas mort ! S'il te plaît ! Pleurais-je.

Mais Alec ne me regardait même pas, les yeux rivés sur le corps de mon autre père.

- Dad...

Ma tante Isabelle me serra alors dans ses bras, me murmurant sans cesse que non il n'était pas mort.

- Pourquoi il ne bouge pas alors ? Demanda Max.

J'essayais de capter son regard, mais tout comme Dad, il refusait lui aussi de croiser le mien. Deux frères silencieux pénétrèrent alors dans l'infirmerie, suivis de Catarina. Clary était avec elle, la soutenant à moitié. Isabelle m'écarta alors de mon père, et les deux frères silencieux l'emmenèrent.

- Vous l'emmenez où ? Non, laissez-le ! Papa, papa ! Hurlais-je alors qu'ils l'emmenaient loin de moi.

Ma tante m'empêcha de les suivre et je me retournais vers Alec.

- Dad ! Dad, ne les laisses pas l'emmener, dad ! Le suppliais-je

Mais il ne m'écoutait pas. Je le vis alors se laisser tomber le long du mur, le visage humide de larmes.

- Dad... S'il te plaît... Les laisses pas l'emmener... Dad... M'écroulais-je en pleurs dans les bras de ma tante.

Présent

- Bonjour, Rafael.

Tessa, ses longs cheveux bruns lui tombant sur les épaules, me sourit. Je le lui rendis timidement. Je ne l'avais pas revu depuis des années. Elle me serra dans ses bras, puis en fit de même avec Jace.

- Catarina m'a prévenu de votre arrivée.

- Comment... Comment il va ? Demanda Jace.

- Son état est stable. Il n'y a eu aucun changement..

Je profitais qu'ils discutaient pour m'éclipser, et passer enfin le seuil de la chambre où il se trouvait. Mon cœur battait à tout rompre. J'avais peur, j'étais effrayé. Pendant des années, j'avais préféré me dire qu'il était mort lui aussi. Je me demandais d'ailleurs s'ils le lui avaient dit pour Alec. Probablement pas... Mais peut-être l'avait-il senti. Il y avait toujours eu un lien spécial qui les unissait. D'une main tremblante j'actionnais la poignée et entrais enfin dans cette chambre.

Je le vis alors, là, dans un fauteuil, face à moi. S'il n'avait pas eu ses yeux de chat, je ne l'aurais jamais reconnu. Il avait des cheveux gris, longs, sans vie, qui encadraient son visage d'une pâleur extrême et cadavérique. On m'avait parlé de son père et je l'avais vu dans les livres de formation, et en cet instant, j'avais l'impression de l'avoir devant moi.... Asmodée. Le choc de le voir dans cet état fut tel que je poussais un hurlement. Jace accourut aussitôt.

- Non, non, non ! Ça ne peut pas être mon père ! S'il te plaît, je t'en prie dis-moi que ce n'est pas lui ! Pleurais-je.

Il me serra dans ses bras.

- Je sais, Rafael, je sais... Je suis désolé, je suis tellement désolé...

Je ne l'écoutais pas et croisais le regard de Tessa, qui était entrée à sa suite.

- Tessa... C'est pas mon père, ce n'est pas possible !

Je n'arrivais pas à y croire, je ne pouvais pas. Mon père, c'était le sorcier déjanté, les yeux maquillés à outrance d'eye liner, des mèches de couleurs dans ses cheveux en épi, des vêtements à paillettes... C'était l'opposé de l'homme que je venais de voir. De ce vieillard à la peau ridée.

- Rafael, je comprends que ce soit difficile. Me fit Tessa. Tu devrais sortir cinq minutes, le temps que ton oncle lui parle. Tu retourneras le voir après si tu veux.

Je secouais négativement la tête et sortis en courant de la pièce. Tessa me suivit et me rattrapa.

- Rafael, calme-toi, calme-toi !

- Tessa, ça... ça c'est pas mon père ! C'est pas possible !

- Malheureusement, si.. Pénétrer dans la cité silencieuse, avec toute cette magie runique autour de vous, quand vous n'avez pas de sang d'ange... C'est mortel. Mais ton père a du sang d'ange. En quantité minime, mais il en a, et c'est ce qui a fait qu'il n'est pas mort... Pas sur le coup en tout cas...

Elle s'était exprimée d'une voix douce, trop douce. Je compris qu'elle s'apprêtait à m'annoncer quelque chose que je redoutais depuis des années...

- Il meurt petit à petit, c'est ça ? Lui demandais-je.

Elle approuva d'un bref signe de tête.

- Nous... nous en avons longtemps discuté avec Catarina, et... Et ta famille. Nous ne savons pas si ton père souffre. Mais il n'y a plus aucun espoir de réveil. Cela fait 7 ans et... Son état ne fait que se dégrader.

- Dégrader ? Mais tu as dit que..

- Je sais, mais j'ai menti. Je ne me voyais pas t'annoncer ce que je t'apprête à te dire, dès ton arrivée.

Je la fixais, tremblant.

- Il est temps que ton père nous quitte.

- Non... Non ! Jamais !

- Rafael...

Elle prit mon visage en coupe.

- Regarde-moi... Nous avons fait tous les tests possibles et inimaginables, nous avons tous essayé pour le ramener. A chaque fois, cela s'est soldé par un échec. Son âme est partie et a laissé un corps sans vie, qui année après année, a commencé à s'autodétruire.

Malgré le calme dans sa voix, ses yeux trahissaient sa tristesse. Je comprenais mieux à présent pourquoi Catarina avait refusé d'entrer. Pourtant, je n'avais jamais autant souhaité qu'elle soit près de moi en cet instant.

- Tu ne cesses de dire « nous » avons fait ça, « nous » avons décidé, mais à quel moment Max et moi avons-nous été consultés ?! Pourquoi personne ne nous a tenu au courant ?! Vous nous l'avez enlevé il y a 7 ans et on a plus jamais eu de nouvelles ! On est ses fils et c'est à nous, et à nous seuls, que revient cette décision, pas à toi, pas à Jace, pas à Catarina !

- Rafael...

-Non, stop ! Occupes-toi de mon père comme tu sembles l'avoir fait jusqu'à présent. Je... Max a été enlevé, les fées nous ont déclaré la guerre, alors je dois... Je dois m'occuper de ça, et après, et seulement après que tout ça soit terminé, et que j'aurais retrouvé mon frère, je vais le ramener ici et on prendra une décision, lui et moi ! Je ne ferai rien sans son accord et vous non plus, est-ce bien clair ?! Max et moi on... on se déteste mais on a nos raisons, et... Et il est hors de question que je lui enlève son père sans qu'il... Non ! Personne ne touche à mon père, c'est clair ?

J'étais à présent en totale panique, les larmes ruisselant sur mes joues sans que je ne puisse les retenir.

- Personne le touche ! Répétais-je.

- Rafael, je..

Je savais qu'elle avait raison, que c'était le meilleur choix à faire, mais je ne pouvais pas prendre cette décision. Je ne pouvais pas les laisser faire.

- Non ! Vous alliez faire quoi, hein ? Vous alliez faire quoi si je n'étais pas venu aujourd'hui ? Le tuer sans me le dire ?! Sans nous le dire ?! Sans nous laisser le temps de lui dire au revoir ?! Comme il y a 7 ans ?! Vous ne nous avez pas laissé lui faire nos adieux, et à cause de vous Alec est mort ! C'était de votre faute ! Vous l'avez tenu éloigné de celui qu'il aimait ! Vous nous avez pris nos deux pères !

Je n'arrivais plus à me contrôler et hurler tout et n'importe quoi à cette femme pour qui j'avais pourtant une réelle affection. Mais en cet instant, je la détestais, je détestais la terre entière. Me précipitant alors vers la chambre où était mon père, je bousculais Jace à l'intérieur, et m'agenouillais près de cet homme que je n'arrivais même plus à reconnaître. Je pris une de ses mains et la serrais dans la mienne. Sa peau était glacée.

- Papa, je sais que tu m'entends ! Je suis sur que tu m'entends ! Je te demande pardon, pardon pour tout ça ! Pardon de ne pas être venu te voir plutôt, pardon... Mais je t'en supplie reviens, reviens.... Tu peux pas me laisser, j'ai besoin de toi, Max a besoin de toi ! Je suis sûr que tu peux m'entendre, alors reviens, bats-toi ! Tu as plus de 400 ans, tu as traversé je ne sais combien de guerres, et d'épreuves en tous genres, et tu t'en es sorti ! Alors il n'y a pas de raison que ces runes, que tu aimais tellement chez dad, te tue! Tu ne peux pas, tu es plus fort que ça ! Papa, s'il te plaît... S'il te plaît...

Je commençais à le secouer, espérant le voir ne serait-ce que tourner les yeux vers moi, mais son regard était toujours vide. Il n'avait eu aucune réaction.

- Papa ! Hurlais-je.

Jace me tira alors en arrière, m'obligeant à me relever.

- Non, lâche-moi ! Papa !

- Rafael, ça suffit, on s'en va !

- Non, papa ! Papa ! Hurlais-je une dernière fois avant que Jace ne me fasse quitter la pièce de force. La porte se referma alors sur la dernière image que j'aurais probablement de mon père, et qui me hantera jusqu'à la fin de mes jours : un être sans vie, cadavérique.

Je m'écroulais au sol, la tête dans les mains, hurlant autant que je pouvais. Deux mains douces me firent relever la tête.

- Rafael, ton frère Max est venu ici il y a deux jours. Il... Commença Tessa, mais je la coupais.

- Tais-toi, je ne veux pas l'entendre...

J'avais compris. Max avait eu moins de pitié que moi. Il avait été plus courageux.

- On allait t'en parler, on attendait juste...

- Tais-toi ! Ferme là ! Lui hurlais-je.

- Je suis désolé...

Elle pleurait à présent. Je levais les yeux vers Jace. Je ferais ce qui me dirait de faire.

- Tu... Tu es d'accord avec elle ? Lui demandais-je entre deux sanglots.

- Oui... Me répondit-il d'une voix tremblante.

- Fais ce que tu as à faire... Ce qui est le mieux... Dis-je alors à Tessa, avant de sortir de cet endroit maudit.

A l'extérieur, Catarina m'attendait. Je me jetais presque sur elle.

- C'est pour ça que tu ne voulais pas que je vienne, parce que tu savais que quand je l'aurais vu ça serait ses dernières minutes de vie ?! C'est ça ?! Et tu étais trop lâche pour... pour me le dire !

- Oui, c'est vrai, j'ai été lâche. J'ai été lâche parce que je ne suis pas prête à perdre mon meilleur ami. Mon frère.

Ses paroles ne firent que redoubler mes pleurs et je m'effondrais dans ses bras, alors qu'elle pleurait autant que moi.

Plus tard- Idris

Assis sur les marches du perron de la villa de ma famille, je n'arrivais pas à me calmer. Mes mains tremblaient toutes seules, et mes larmes ne cessaient de couler. Incapable de gérer le problème avec le petit peuple, et l'enlèvement de mon frère, j'avais laissé Jace s'en charger. Isabelle, qui venait de sortir de la maison, s'assit à mes côtés. Passant un bras autour de mes épaules, elle déposa un baiser sur mon front.

- On est là... On sera toujours là.

- C'est marrant parce qu'Alec me disait toujours ça quand il m'a recueilli. Et aujourd'hui il n'est plus là. Ni lui, ni...

Ma voix se brisa.

- Tu te souviens quand Alec m'a trouvé à Bueno Aires ? J'étais toujours collé à lui. Et un jour, j'ai vu cette photo de papa sur son portable. Je voulais absolument le voir. Il avait l'air si... Magique. Et quand je l'ai rencontré, pour la première fois, il était encore mieux que ce que j'avais imaginé.

- Je me souviens que tu ne le quittais plus. Tu le suivais partout. Chaque fois qu'on appelé Magnus, on pouvait être sûr que tu étais là toi aussi.

- J'ai très peu de souvenirs de Bueno Aires maintenant. Ils ont réussi, Dad et lui, à me faire oublier tout ce que j'ai vécu là-bas, à effacer tous ces mauvais souvenirs. La mort de mes parents... Izzy... Est-ce que je porte malheur ? Pourquoi partout où je vais, les gens meurent ?

- Oh, Rafael...

Elle me prit dans ses bras, me serrant aussi fort qu'elle pouvait.

- Ne dis pas de bêtise... La vie est parfois juste injuste....

- Et si on ne retrouve pas Max ? J'aurais passé la moitié de ma vie à le détester... Et je ne pourrais même pas lui demander pardon. Et lui, comment pourra-t-il me pardonner d'avoir tué sa femme ?

- Max et toi, vous allez encore avoir de dures épreuves à traverser, oui, mais... Le plus important maintenant, c'est de le retrouver, d'accord ?

Je hochais la tête.

- Tu crois... Qu'il est parti...papa... ? C'est fini ?

Elle me serra à nouveau dans ses bras.

- Oui, c'est fini...

Je restais un moment dans ses bras avant de me détacher d'elle.

- Pendant des années je me suis répété qu'il était mort alors que... Et maintenant il est vraiment parti...

- Viens, on rentre, tu as besoin de te reposer.

- Non, je... j'ai besoin de prendre l'air. D'être un peu seul.

- D'accord. Fais attention à toi.

Elle déposa à nouveau un baiser sur mon front et rentra à l'intérieur, alors que je me levais et prenais la direction du lac Lynn. J'aimais aller là-bas, c'était le seul endroit de cette foutue ville que j'aimais bien. Je marchais déjà depuis quelques minutes, lorsque j'eus l'impression d'être suivi. Accélérant le pas, et mettant la main sur le poignard séraphique à ma ceinture, je restais aux aguets, mais le temps passait et je finis par me dire que ce n'était que mon imagination. Marchant encore quelques minutes, j'arrivais enfin au niveau du lac. La nuit était tombée, et l'endroit était sombre, à peine éclairé par la lumière de la lune, mais je l'aperçus quand même. De l'autre côté du lac, quelqu'un me fixait. Homme ou femme, je n'aurais su dire. Il ou elle était enveloppé dans une cape noire dont le capuchon était relevé sur sa tête. Je me souvins alors de la description que Simon avait faite des inconnus qui avaient enlevé mon frère. Je me précipitais alors vers cet ou cette inconnu. A sa façon de bouger, je compris que ce n'était pas une femme. Lançant mon poignard, dans sa direction, il l'esquiva avec une souplesse dont seuls les chasseurs d'ombres étaient capables.

- Qui êtes-vous ? Demandais-je en me rapprochant.

Mais plus je me rapprochais, plus il s'enfonçait dans la pénombre, sans pour autant essayer de fuir ou de m'attaquer, ce que je trouvais étrange.

- Qui êtes-vous, et qu'avez-vous fait de mon frère ? Je vous jure que si vous lui avez fait du mal, je...

Je me tue. L'homme venait soudain de se mettre à courir. Activant ma rune de vitesse, je le rattrapais et le plaquais au sol. Je tendis la main pour retirer son capuchon mais il me mit un coup de coude en pleine figure, ce qui me fit reculer. Il en profita pour se redresser et se cacha à nouveau dans la pénombre avant de se retourner vers moi. Dégainant un deuxième poignard, je fonçais droit sur lui. Mais il para mon coup avec une facilité déconcertante, et nos deux poignards (quand avait-il sorti le sien d'ailleurs?) s'entrechoquèrent. Un combat s'engagea alors entre nous, et bien que violent, il ne semblait pas vouloir me tuer, se contentant uniquement de parer mes coups. Je faillis d'ailleurs réussir à lui planter ma lame en plein cœur, mais il me repoussa en m'assenant un violent coup de pied dans le torse, ce qui me coupa le souffle quelques instants. Il baissa alors sa garde et j'en profitais pour le désarmer, avant de foncer droit sur lui. Mais, une fois de plus, il fut plus rapide et sortant un arc de je ne sais où, il braqua une flèche droit sur moi.

- Je vous préviens, commençais-je, furieux, ce n'est pas le jour pour me faire chier !

Risquant le tout pour le tout, j'attrapais mon poignard par sa lame, et le lançais vers lui. Il virevolta dans les airs avant d'être brusquement changé de direction par une flèche que l'inconnu avait décochée. Je me figeais, et mon regard passa de l'arc que l'homme tenait toujours dans sa main, à mon poignard au sol, et à la flèche au sol, qui bien que brisée en deux, avait rempli son office.

- Non... Non, ce n'est pas possible... Ça ne peut pas l'être...

Je relavais les yeux vers l'inconnu qui avait abaissé son arc.

- Il n'y a qu'une seule personne capable de faire ça....

A suivre

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