Frères ennemis- Partie 1

Frères ennemis- Partie 1

Se tenant au bord du toit de l'Empire State Building, un jeune homme brun à la peau légèrement mate avait le regard perdu à l'horizon. Son long manteau de cuir noir ondulait légèrement sous le vent. La pluie le trempait de la tête aux pieds, mais il ne semblait pas s'en soucier. Tenant une rose noire à la main, il la laissa tomber. Il la regarda virevolter quelques instants avant qu'elle ne commence sa longue chute. Elle disparut dans la brume, emportée par la force du vent avant qu'elle n'ait pu atteindre le sol. Un éclair zébra le ciel, éclairant le visage du jeune homme. Des larmes se mêlaient aux gouttes de pluie sur ses joues. Une jeune fille s'approcha alors doucement de lui, comme si elle avait peur de l'effrayer. Ses cheveux d'un roux vénitien dépassaient de sa capuche. A l'image du jeune homme, ses vêtements étaient entièrement faits de cuir noir. Elle posa une main sur le bras du garçon. Ce dernier ne tressaillit même pas. Peut-être l'avait-il entendu arriver ou bien était-il trop perdu dans ses pensées ?

- Va-t-en, Al...

- Je suis venue te chercher, ils t'attendent.

- Pourquoi ?

La jeune fille se tendit.

- Il est à l'Institut. Il a demandé une audience avec toi. Lui annonça-t-elle prudemment.

L'entière attitude de la jeune fille montrait qu'elle semblait craindre sa réaction. Elle s'avança un peu plus vers lui et un nouvel éclair traversa le ciel d'orage. Elle semblait plus jeune de quelques années. Elle devait avoir dans les 17/18 ans. Lui devait avoir la vingtaine, guère plus.

- Rafael, tu m'écoutes ?

- A-t-il dit ce qu'il voulait ?

- Non. Il refuse de nous adresser la parole. Il dit qu'il veut te parler à toi...

Le dénommé Rafael leva les yeux vers le ciel. Tout ça ne pouvait pas être une simple coïncidence. Pas à cette date...

Institut de New York

Emmitouflé dans un long manteau noir en fourrure, un jeune homme à la peau et aux cheveux entièrement bleus, faisait les cent pas dans la chapelle attenante à l'Institut. Une jeune fille l'accompagnait. Assise nonchalamment sur l'Autel, les jambes croisés, elle examinait le vernis rouge sur ses ongles.

- Tu ne voudrais pas t'asseoir ? Tu me donnes le tournis ! Fit-elle au jeune homme.

Celui-ci se stoppa et tourna le regard vers elle.

- Comment fais-tu pour être aussi calme ?

Relavant la tête vers lui, ses cheveux aux innombrables mèches multicolores lui tombant sur le visage, elle lui dit :

- Pourquoi devrais-je m'inquiéter ? Tu es chez toi ici.

Le regard bleu azur du garçon se voila quelques instants avant qu'il ne réponde d'une voix morose :

- Ce ne l'est plus depuis bien longtemps...

- Le directeur de l'Institut n'est pas ton frère ?

Devant la non-réponse de son camarade, la jeune fille sauta de son perchoir et claqua des doigts devant lui.

- Max, oh ! Tu m'écoutes ?!

Il cligna des paupières comme s'il s'efforçait de revenir à la réalité.

- Excuse-moi, tu me parlais ?

- Ouais, un peu que je te parlais ! Le directeur, c'est pas ton frangin ?

- Il l'a été... Il y a bien longtemps....

Ils entendirent alors des voix et des bruits de pas descendants l'escalier en bois menant à l'intérieur de la chapelle. Max se tendit et recula. Rafael apparut alors dans son champ de vision. Leurs regards se croisèrent et il lut clairement de la haine dans les yeux noirs de celui qu'il avait considéré comme son frère...Il y a des années... Ses vêtements trempaient de pluie dégoulinant sur le sol, Rafael descendit les dernières marches qui le séparaient de Max. Il s'avança vers lui, veillant tout de même à maintenir entre eux une certaine distance. Mettant sa main sur le manche de son poignard séraphique qu'il portait à la ceinture de son pantalon, il le toisa froidement.

- Je ne suis pas là pour me battre, Rafael. Lui dit calmement Max. J'ai un marché à te proposer.

- On ne traite plus avec les créatures obscures depuis des années. Tu es pourtant bien placé pour le savoir.

- C'est qu'il a l'air très charmant celui-là ! S'exclama l'amie de Max, dont le regard passait de l'un à l'autre des frères.

- C'est qui elle ? Ton garde du corps ?! Se moqua Rafael.

- Anna, laisse-nous s'il te plaît.

Elle haussa les épaules.

- Comme tu veux, je t'attends dehors. Lui fit-elle en disparaissant dans un nuage de fumée bleue.

Rafael tressaillit et Max jura voir un éclair de tristesse passer dans ses yeux. Ce fut la raison qui le poussa à lui dire ses mots :

- Moi aussi il me manque... Ils me manquent tous les deux...

- Ne parle plus jamais d'eux, c'est clair ?! S'énerva Rafael.

- Et pourquoi ferais-je ça ? C'était mes parents autant que les tiens !

- A la différence que moi je ne les ai pas tué !

- C'était un accident...

- Il n'y en aurait pas eu si tu n'avais jamais existé !

- Tu ne changeras jamais.... Tu me rejettes la faute encore et encore dessus, mais tu es aussi fautif que moi.

- Sauf que moi je n'ai pas fui...

Max soutint le regard de son frère.

- Je ne suis pas venu jusqu'ici pour parler du passé. Je suis venu ici parce que le petit peuple est.. agité.

Rafael éclata de rire.

- Effrayé par des fées... Qu'est-ce qui ne faut pas entendre !

- Elles massacrent les miens !

- Et alors ? Que veux-tu que ça me fasse ?! Vous avez rompu les Accords, vous n'êtes plus sous notre protection !

- Je ne te demande pas une protection. Je te demande une alliance. Une alliance provisoire devant un ennemi commun.

- Ton ennemi, pas le mien.

- Arrête ! Je sais qu'elles s'en prennent aussi à des chasseurs d'ombres ! Surtout à vous d'ailleurs...

- Sauf que nous, nous pouvons régler ce problème seul !

- Faux... Vous avez besoin de nous. Et je suis venu te proposer notre aide !

Le rire de Rafael se fit à nouveau entendre.

- Je croyais que c'était toi qui avais besoin d'aide ? Quel joli revirement de situation !

- Dois-je comprendre que tu refuses ?

- D'après toi ?

Max hocha la tête, résigné.

- Bien. J'aurais au moins essayé.

Il s'apprêtait à s'en aller lorsque des voix et des bruits de pas retentirent. Il tourna la tête vers l'escalier au moment où un chasseur d'ombres, beaucoup plus âgé qu'eux, faisait irruption.

- Max ! S'exclama-t-il.

Une lueur de tristesse passa dans son regard alors qu'il s'avançait vers lui. Le visage du jeune sorcier se déforma en une grimace. Le chasseur d'ombres tendit la main vers lui mais ses doigts se refermèrent sur le vide. Max avait disparu...

Plus tard

Portant un long manteau noir pour se protéger de la pluie, une chasseuse d'ombres s'avança vers son frère. Ce dernier, assis au bord du toit de l'Institut, poussa un soupir.

- Bonsoir, Isabelle.

- Jace... Tu ne devrais pas rester ici. Tu devrais rentrer. Lui fit-elle en s'accroupissant à ses côtés.

Jace leva les yeux vers le ciel. La pluie d'orage s'était transformée en pluie fine à présent, malgré les éclairs qui parsemaient toujours le ciel. Les yeux du chasseur d'ombres se posèrent sur les lumières de l'Empire State Building qui brillaient au loin. Ses yeux s'embuèrent de larmes.

- On ne les voyait pas autant avant, si ?

- Si... Tu y fais juste plus attention maintenant...

Il tourna le regard vers elle.

- Il est venu...

- Je sais. Rafael était furieux. J'ai mis des heures à le calmer. Il voulait presque déclencher une guerre contre lui.

- Tu aurais vu son regard... C'était comme si...

Sa voix se brisa et il ne continua pas sa phrase. Isabelle l'avait rarement vu comme cela. Elle ne reconnaissait plus son frère. Elle ne le reconnaissait plus depuis bien longtemps de toute manière. La perte de son parabataï l'avait anéanti...

- Est-il différent ? Lui demanda-t-elle.

- Non... Ses yeux... Un instant j'ai cru revoir le regard d'Alec posé sur moi...

- Jace...

- Je sais ! Ce n'est pas réellement son fils, mais...

- Jace, Alec me manque cruellement à moi aussi. Je sais que pour toi c'est différent, que tu as perdu une partie de toi-même en le perdant à lui, mais il faut qu'on apprenne à vivre... sans lui...

- Je ne peux pas... Je lui ai promis de veiller sur les garçons et j'ai échoué. Regarde-les ! Ils se haïssent...

- Je ne crois pas.

- Tu ne les as pas vu ! Tu n'as pas vu cette lueur dans leur regard...

- Ils sont malheureux !

- Comment ne pas l'être... Comment avons-nous pu laisser cela se produire, Izzy ?!

- Ils ne pouvaient vivre l'un sans l'autre...

Pandémonium

Max fit voleter une rose noire à quelques centimètres au-dessus du comptoir. Derrière lui, Lily, une vampire aux cheveux bleus, le regardait faire. Une ombre de tristesse sembla animer son visage impassible.

- Il a refusé, Lily... Lui fit Max.

- Je me doute, oui, vu ta tête. Mais si mes souvenirs sont bons, tu es autant chez toi à l'Institut que lui. Il s'en est proclamé chef, mais elle te revient de droit à toi aussi.

Max survola tristement la piste de danse de la boîte de nuit du regard. Elle semblait à l'abandon : des tables cassées gisaient dans un coin, les fauteuils étaient déchirés par endroits, le sol était terne et les murs délavés. Lily suivit son regard et poussa un soupir empli de regret.

- Je me souviens de cet endroit à l'époque...

Flash Back- 10 ans plus tôt- PDV Lily

Tournant mon verre de cocktail à la main, je plissais mes yeux de vampire, scrutant la foule en contrebas sur la piste de danse. Autant de chasseurs d'ombres que de créatures obscures, et qui plus est, qui s'amusaient ensemble, sans haine, sans rancœur. Si ça, ça ne relevait pas du miracle.

- La chef des vampires ne veut pas se joindre à nous ce soir ? Demanda une voix derrière moi.

Je me retournais et aperçus Alec. Il s' approcha de moi et ses mains enserrèrent les barreaux du balcon du carré VIP du club. Je baissais les yeux vers l'anneau à son annulaire. J'y savais gravé un symbole représentant l'union de deux mondes opposés. Je me souvenais encore très bien de ce mariage où le paradis s'était unis à l'enfer.

- A quoi tu penses ? Me demanda Alec en haussant la voix pour couvrir le son de la musique.

- A ce que j'ai bien pu faire pour mériter de boire les cocktails de ton sorcier de mari !

Il me sourit.

- Ton âme doit sûrement être damnée !

Je lui donnais un coup dans l'épaule, déclenchant les protestations de Magnus, qui venait d'arriver derrière nous. En bon protecteur, il se plaça entre Alec et moi, l'entourant de ses bras. Cependant, son regard amusé le trahissait.

- Pas touche à mon mari ! Me fit-il, déclenchant le rire d'Alec.

- Jace a raison, vous êtes affreux depuis que vous vous êtes mariés !

- Tu es simplement jalouse ! Tu l'aurais voulu pour toi ! Me rétorqua Magnus.

- C'est vrai qu'il est mignon ! Répondis-je.

- Pas touche ! Me répéta Magnus alors que je faisais semblant de reluquer son mari.

- Ça va, je ne vous dérange pas trop ?! S'offusqua faussement Alec.

Je lui fis un clin d'œil et lui donnais une tape sur les fesses.

- T'inquiètes pas, je te ferai devenir hétéro !

Je descendis ensuite vers la piste de danse, un grand sourire aux lèvres. J'entendis Magnus me dire qu'il valait mieux pour moi que je reste loin de l'amour de sa vie. Comme si j'étais assez folle pour ne serait-ce vouloir les séparer...

Présent

- C'est du passé....

La voix de Max me ramena à la dure réalité. Le Pandémonium n'était plus... Tout comme ses propriétaires...

- Il reste ton frère... Murmurais-je.

Je le vis passer sa main sur son épaule gauche, grimaçant. A cet endroit, une cicatrice barrait sa peau. Bien qu'elle ne fût pas mortelle, cette blessure, infligée par son frère, l'avait dans un sens tué. Nous avais tous tués. Ce beau monde, où créatures obscures et néphilims vivaient ensemble en harmonie, avait volé en éclats.

- Je sais ce que tu espères, Lily. Ce que tu espérais en m'envoyant là-bas. Mais cela est impossible....

- Vous avez grandi ensemble... Vous avez été élevé avec les mêmes valeurs ! Ils vous aimaient autant l'un que l'autre !

Les vitres du bar derrière lui éclatèrent alors que ses yeux me fixaient avec colère.

- Ils nous aimaient tant qu'ils étaient ensemble ! Mais la vérité, c'était leur amour à eux avant tout ! Nous... Nous, nous n'étions rien...

- Je ne peux pas te laisser dire ça ! Ils seraient morts pour vous !

Je réalisais, trop tard, que je n'aurais pas dû dire ça.

- J'aurais préféré...

- Max...

- Non, stop ! Je ne veux plus parler de ça ! Je dois m'occuper des fées ! Il faut que je règle ce problème... Je dois parler à l'Enclave.

- Mauvaise idée... Très mauvaise même. Nous ne siégeons plus au Conseil depuis des années. Nous avons rompu les Accords. On n'est pas les bienvenus...

- Je n'ai pas le choix, Lily... Les fées sont en train de nous massacrer les uns après les autres....

A suivre

Promis vous aurez du malec :p

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