Frères ennemis : chapitre bonus
3 mois plus tard
Hébété, je fixais bêtement mon frère. Il venait vraiment de me demander ce que je pensais avoir entendu ?
- Pardon ?
- J'ai besoin que tu gardes Loane ! Me répondit-il, l'agacement perçant sa voix.
J'éclatais de rire et repris une gorgée de la bouteille de bière que je tenais dans la main.
- Tu me fais une blague, c'est ça ?
- J'ai l'air de rigoler ?
Je scrutais son visage. Ses yeux bleus qui me fixaient ne laissaient transparaître aucun amusement.
- Non, mais tu n'as jamais été très drôle !
- Tu veux bien la garder ou pas ?!
- Non ! Je ne suis pas nounou ! Les couches-culottes, c'est pas trop mon truc ! Confies la à Cat' ! Ou à qui tu veux ! Pourquoi c'est sûr moi que ça tombe ?
- Non mais tu crois quoi ?! Si je te le demande c'est parce que tu es vraiment le dernier des derniers choix !
- Merci, sympa !
- Quoi ? Tu ne sais déjà pas t'occuper de toi ! Mais là je n'ai pas le choix ! Tu es ma dernière option ! Cat' est de garde, Lily est à Idris pour une réunion et... Bref, il ne reste que toi.
- Ta famille, fis-je en accentuant bien le mot famille, ne veut pas te rendre ce service ?
- Ma famille, comme tu dis, et comme je me tue à te le répéter depuis tout à l'heure, n'est pas disponible pour la même raison que je ne peux pas non plus rester avec elle. J'ai une réunion au Labyrinthe en Spirale et je suis obligé d'y aller. Et je ne peux pas l'emmener.
- C'est ça le problème en fait ! M'exclamais-je. C'est que tu ne le leur as pas dit ! Parce que tu n'as pas confiance en eux ! Tu n'as confiance en personne !
- Bien sûr que si !
- Non, c'est faux !
- Ok, si tu veux ! Je ne vais pas batailler avec toi sur ce sujet ! Est-ce que tu peux la garder, oui ou non, Rafe ?!
- Non ! J'ai une vie aussi tu sais ! Franchement, tu as vraiment fait toute la liste des personnes susceptibles d'être plus compétentes que moi à ce sujet ? Anna pourrait....
- Non, elle aussi va au Labyrinthe.
- Tessa ? Risquais-je.
Le regard qui me lança signifiait un non catégorique.
- Ouais, bon, peut-être pas elle, effectivement. Mais Jace ? Ou Izzy ? Ouais, Izzy ça serait parfait !
- Tu crois vraiment que je vais confier ma fille à Izzy ? Oui, comme ça elle l'emmène à Alec et Magnus. Bonne idée, mais non merci.
Je me mordis la lèvre. Ce que j'allais proposer n'allait pas lui plaire, mais je n'avais vraiment aucune envie de garder la petite. Certes elle était adorable, mais moi et les enfants... ça faisait deux. Voir trois. Peut-être même quatre. Bref, s'il fallait en arriver là pour me sortir de là, pourquoi pas ?
- Peut-être que tu pourrais justement la leur confier ?
Ses yeux et sa peau prirent une couleur bleue foncé mais il ne me répondit pas. Il n'avait pas besoin de le faire de toute manière. Il ne leur avait pas parlé depuis leur retour et il les évitait autant qu'il le pouvait. Je ne pouvais cependant pas lui jeter la pierre, faisant exactement la même chose.
- De toute façon, tu la gardes, point. Elle a mangé, je l'ai changée et elle dort. Tu n'auras rien à faire à part rester là, à la surveiller. Je serai vite de retour.
Je m'apprêtais à répliquer mais il partit avant que je ne puisse dire ou faire quoi que ce soit. Non, mais il me faisait une blague, hein ? Il ne pouvait pas être sérieux... Essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller ma chère nièce, je jetais un œil à travers l'entrebâillement de la porte de sa chambre afin de m'assurer qu'elle dormait toujours. Serrant une peluche contre elle, elle dormait paisiblement. Je souris. Il fallait bien que je reconnaisse qu'elle était attendrissante. Du moment qu'elle dormait en tout cas. Réveillée, c'était autre chose. J'allais retourner prendre place dans le salon, lorsque mon portable se mit à sonner. Je le retirais de la poche de ma veste avec précipitation craignant que la sonnerie ne réveille la petite. Le nom de ma cousine était affiché sur l'écran.
- Non, non, Al' pas maintenant !
Je rejetais l'appel et fermais les yeux alors que ma nièce se mettait à pleurer.
- Fais chier...
Maudissant d'avance la suite de cette soirée, je retournais dans la chambre et pris la petite dans mes bras. Ses cheveux en bataille, elle s'agrippa à ma veste en me fixant de ses grands yeux endormis.
- Je vois, même pas de larmes. Une véritable comédienne... Tu es de la famille, il n'y a aucun doute.
Elle s'arrêta de « pleurer » et babilla je ne sais quoi.
- Bon écoute, on va faire un pacte tous les deux : si tu es sage jusqu'au retour de ton père, je te promets de t'offrir tout ce que tu veux jusqu'à la fin de tes jours et de couvrir toutes tes bêtises, ok ?
- TAPATA... TATA.. PA...
- Tu ne voudrais pas prononcer de vrais mots, s'il te plaît ? Gémis-je.
Elle répéta la même chose. Je levais les yeux au ciel et elle se remit à pleurer de plus belle. Cette fois ses yeux s'embuèrent de larmes et je commençais à paniquer.
- Qu'est-ce que tu as ? Tu veux manger ? Demandais-je en la berçant et en essayant de contrôler mon anxiété. Je ne comprends pas ce que tu veux, ma puce... Tonton Rafe n'est pas un expert en baby langage !
Me rendant dans la cuisine, je me mis à la recherche d'un biberon et finis par en trouver un posé sur l'évier. Je m'en saisis avant de réaliser que je n'avais aucune idée de la quantité de lait à mettre dans ce truc. C'était bien du lait que j'étais censé y mettre, non ? Les pleurs de la petite ne m'aidaient pas à réfléchir, surtout que je la trouvais également un peu chaude.
- Ok, on ne va pas s'en sortir, on va devoir demander de l'aide. Qu'est-ce que tu dirais si on appelait ton arrière-grand-mère, hein ?
En espérant qu'elle ne soit pas à Idris elle aussi, pensais-je. C'était d'ailleurs probablement le cas sinon Max la lui aurait confiée à elle plutôt qu'à moi. Ou pas... C'est donc avec très peu d'espoir que je composais le numéro de ma grand-mère sur mon téléphone. Je grimaçais en redressant la petite un peu plus dans mes bras.
- T'es plus aussi légère qu'avant toi ! Il te donne quoi ton père à manger ?!
Elle s'agita de plus belle dans mes bras.
- Arrête de bouger ! Lui ordonnais-je en appelant à nouveau ma grand-mère, le premier appel s'étant soldé par un échec. Allez réponds... réponds...
A nouveau le répondeur. J'essayais à nouveau une troisième fois avant de capituler. J'optais alors pour une autre option : ma cousine. Alyssa serait peut-être plus douée avec les enfants que moi. Envoyant un simple SOS par texto suivi de l'adresse de chez mon frère, j'attendis, espérant qu'elle rapplique vite. Quelques minutes à peine, qui me semblèrent des heures, j'entendis frapper à la porte et me précipitais pour ouvrir. Ses cheveux blonds vénitiens coiffés en chignon, laissant seulement deux mèches dépasser sur le devant, elle portait sa tenue de combat et son poignard séraphique à la main. A la vue de la petite, elle le rangea aussitôt et me jeta un regard d'incompréhension.
- Est-ce que c'est..
- Oui, je te présente Loane, la fille de Max.
- Elle est trop mignonne !
- Elle n'arrête surtout pas de pleurer, et je crois qu'elle a de la fièvre et j'y connais rien en bébé !
- C'est pour ça que tu m'as appelé ? Tu t'imagines que moi j'y connais quelque chose ?
- T'es une fille !
- Et alors ?! Parce que je suis une fille je suis censée avoir la science infuse sur les enfants ?! S'exclama-t-elle en posant ses mains sur ses hanches et en me lançant un air sévère. C'est quoi cette remarque purement sexiste ?!
- Sérieusement, Al' ?! Je suis coincé ici avec un bébé dans les bras qui pleure depuis des heures, et c'est tout ce que tu trouves à me dire ?! Sors-moi de là, plutôt !
- Et comment ?! Je n'y connais rien de plus que toi ! Demande à quelqu'un d'autre !
- Et à qui ?! Personne n'est disponible ! Ils sont tous au Labyrinthe ou à Idris et je ne peux pas prendre le risque d'envoyer un message de feu et qu'il soit intercepté. Max ne veut pas que d'autres personnes soient au courant pour sa fille !
Alyssa me fixa alors étrangement en se mordant la lèvre inférieure.
- Pas tout le monde, non... Tes parents sont ici, à New York.
Je ne répondis pas. Pour la deuxième fois de la soirée, j'envisageais à nouveau de me tourner vers les deux personnes que je fuyais depuis des mois. Je resserrais la petite contre moi. Elle était de plus en plus chaude et pleurait toujours autant. Je n'allais pas avoir le choix. L'ensemble de ma famille était soit en mission, soit à Idris soit au Labyrinthe en Spirale. Tous, sauf eux. Je n'avais strictement aucune envie de les voir mais malheureusement ils avaient l'avantage d'être à New York en cet instant même. Le problème, c'est que Max allait probablement me tuer...
Brooklyn - PDV Alec
Allongé sur le lit, je me massais les tempes.
- Bois ça... Ça te fera du bien.
Magnus se tenait face à moi, me tendant un verre rempli d'une substance d'une couleur indéfinie. Je grimaçais.
- Hors de question que j'avale ce truc immonde !
- Tu as tort. C'est très bon pour la gueule de bois.
- J'ai pas la gueule de bois. J'ai juste passé une journée interminable ! Je sais pas, ce n'est quand même pas compliqué de comprendre le mode de vie d'autrui, si ? J'ai l'impression de leur demander de décrocher la lune alors que je leur demande juste d'arriver à cohabiter ensemble sans se bouffer le nez toutes les cinq secondes ! Ce n'est quand même pas si compliqué, si ?! On dirait que ça les amuse en plus !
- C'est plus de la chamaillerie que de la colère. C'est déjà un bon début.
- Peut-être mais ils me posent des questions complètement absurdes ! La dernière en date venant d'un loup-garou qui est venue me demander des conseils culinaires pour séduire une vampire ! Qu'est-ce que j'en sais moi ?! Ils m'ont pris pour un conseiller matrimonial ou quoi ?!
Magnus éclata de rire.
- Oh mon pauvre chéri, tu as une dure vie !
Je le fusillais du regard, le faisant rire de plus belle. Il fit disparaître le verre qu'il tenait à la main en un claquement de doigts avant de s'allonger sur moi un grand sourire étirant ses lèvres.
- J'ai peut-être une idée pour te détendre... Me susurra-t-il en faisant déposant des baisers dans mon cou.
- Tu as abandonné l'idée de me faire boire ton truc immonde ?
- Immonde mais efficace. Et oui. J'ai trouvé une option où j'y suis gagnant.
- C'est surprenant... Fis-je tout en faisant glisser mes mains sous sa chemise avant de la lui enlever.
J'approchais mon visage du sien pour l'embrasser lorsqu'on qu'un « ding » retentissant se fit entendre, me faisant sursauter.
- C'est quoi ça ?
- La sonnerie de l'interphone. M'expliqua Magnus en haussant les épaules avant de recommencer à m'embrasser.
Je l'écartais.
- L'interphone? Répétais-je. Pourquoi l'as-tu fait réparer ?!
- Pour que les gens arrêtent de penser qu'ils peuvent entrer ici comme dans un moulin !
La sonnette se fit entendre pour la troisième fois.
- Arggg ! Mais quelle bonne idée ! Maintenant on va être obligé d'ouvrir pour ne plus entendre cette horreur !
- Alexander, tu as un mari sorcier particulièrement talentueux qui saura jeter un parfait sort d'isolement ! Me rappela-t-il.
- Mais maintenant que je sais que quelqu'un cherche à nous voir, je suis obligé d'aller ouvrir. Lui fis-je en lui faisant un sourire forcé tout en me relevant, le faisant basculer sur le lit.
- Dans ce cas, bonne séance de conseils matrimoniaux ! Râla-t-il.
Je le fusillais du regard et allais ouvrir. Croisant mon reflet dans le miroir du couloir, je me dis que j'aurais peut-être dû enfiler une tenue plus « correcte » pour un Consul. Je ne portais qu'un pantalon de jogging noir qui me tombait sur les hanches, et mes cheveux partaient dans tous les sens. Mais bon, après tout ils n'avaient qu'à pas venir me déranger chez moi. La sonnette retentit une nouvelle fois, et j'ouvris la porte avec agacement, bien décidé à mettre notre visiteur dehors. Je mis un instant avant de réaliser que mon fils aîné se tenait devant moi. Et qu'il n'était pas seul : la fille de son frère était blottie dans ses bras, pleurant à chaudes larmes. Alyssa se tenait également à ses côtés. Elle me sourit timidement.
- Max m'a demandé de la garder mais elle n'arrête pas de pleurer et elle a de la fièvre ! M'expliqua Rafael nerveusement. Tout le monde est à Idris et...Et pourquoi tu as mis trois heures pour m'ouvrir ?!
- Heu... Je... J'étais sous la douche ! Mentis-je précipitamment.
Il haussa les sourcils. Il ne sembla pas y croire, mais il n'insista pas.
- Entrez ! Leur fis-je en m'écartant pour les laisser passer avant de refermer la porte derrière eux.
- Alexander, qu'est-ce qui...
Je me retournais. Magnus se tenait derrière moi. Il perdit son sourire en apercevant Rafael. Il faut dire qu'il ne l'avait pas vu depuis près de 3 mois. En ma qualité de Consul, j'étais régulièrement emmené à croiser nos fils, bien qu'ils ne m'adressent toujours pas la parole. En revanche, Magnus les évitait. Autant qu'eux.
- Salut... Lui fis timidement Rafael. Heu... Je... j'ai...
Magnus leva la main pour le faire taire alors que son regard passait de notre fils à la petite dans ses bras, puis à Alyssa.
- Qu'est-ce que...
- Max m'a demandé de la garder sauf que je ne sais pas m'occuper d'un bébé, qu'elle n'arrête pas de pleurer et qu'elle est de plus en plus chaude et...
- Donne-la-moi! Lui ordonna-t-il.
Rafael hésita mais, sous le regard insistant d'Alyssa, il consentit à la lui confier.
- Hm... Effectivement, elle a de la fièvre. Observa Magnus.
- C'est grave ? M'inquiétais-je.
- Non... Je pense juste qu'elle doit avoir une dent qui lui fait mal vu comment elle met ses doigts à la bouche.
- Super ! Je vais la ramener alors ! S'exclama Rafael.
- Ton frère sait qu'elle est ici ? Lui demanda Magnus, soupçonneux.
Je sentis Rafael se tendre. Il était plus qu'évident que Max n'avait pas donné son accord.
- C'était mon idée ! Nous fit précipitamment Alyssa. Rafael m'a d'abord appelé à moi mais je n'y connais rien et on a un peu paniqué tous les deux. Et comme je savais que vous étiez à New York, j'ai pensé que vous vous sauriez quoi faire.
- Tu as bien fait, ne t'en fais pas. Mais je préférerais qu'un de vous deux prévienne son père qu'elle est ici.
- Quoi ?! Non, non, non ! Max va me tuer s'il l'apprend ! Paniqua Rafael.
- Rafael, ton père a raison. Intervins-je. Max est son père, il doit savoir qu'elle est ici et qu'elle ne se sent pas très bien, même si ce n'est rien de grave.
- Ils ont raison, Rafe... Approuva Alyssa.
- Ok, ok ! Je vais lui envoyer un message mais il ne l'aura que quand il quittera le Labyrinthe. Il ne veut pas qu'on utilise de message de feu pour parler d'elle, c'est comme ça !
PDV Rafael
Max allait me tuer. Le soupçon de relation amicale, qu'on avait réussi à installer entre nous, aller exploser en éclat à l'instant même où il lirait mon message. Le seul point positif, c'est que Loane avait arrêté de pleurer. Sur les genoux d'Alec, elle riait aux grimaces que lui faisait Magnus. Alyssa, assise à côté d'eux, semblait s'amuser autant que la petite. Je laissais échapper un sourire. Cette scène m'évoquait des souvenirs de mon enfance avec eux. Des souvenirs heureux.
- Qui veut manger quelque chose ? Personnellement, je meurs de faim ! S'exclama Alec en me jetant un regard.
- Non, merci. Répondis-je en essayant d'ignorer les protestations de mon estomac. Et je pense que ça serait mieux si je la ramenais. Max va littéralement péter un câble quand il va l'apprendre...
- Ce sera peut-être une occasion d'avoir une conversation tous les quatre, tu ne crois pas ? Me demanda Magnus.
Je grimaçais. Non, pensais-je, je ne le croyais pas. Je trouvais même que c'était une idée carrément pourrie.
- Crois-moi, à l'instant où Max va franchir cette porte, tu n'auras plus envie de discuter... Murmurais-je en espérant qu'il ne m'entende pas.
- Justement...Il vaut peut-être mieux qu'on soit là pour atténuer sa colère contre toi.
Je levais les yeux vers lui pour la première fois depuis des mois. Il me fixait de ses yeux de chat et je dus lutter pour ne pas baisser les miens.
- Pourquoi ? T'as peur qu'il me tue ?! Plaisantais-je.
Au vue de la façon dont lui et Alec me regardaient, ma petite plaisanterie ne les faisait pas rire du tout.
- Ok... Vous vous êtes pas morts mais votre sens de l'humour lui, par contre, il est mort et enterré !
- Heu... je devrais peut-être aller m'occuper de la petite.. à côté ! Nous fit nerveusement Alyssa.
Alec approuva d'un signe de tête et lui passa Loane. Je la suivis des yeux alors qu'elle quittait la pièce. Si je seulement je pouvais faire pareil... Je mis les mains dans mes poches et m'appuyais contre le mur, espérant cacher ainsi ma nervosité.
- On nous a rapporté certaines choses qui nous ont... perturbés... Commença Magnus.
Il m'avait parlé calmement, mais je sentais la colère qui se cachait derrière ses paroles.
- Perturbé ? Répétais-je. Dis plutôt que ça vous a carrément foutu la haine, ça sera plus honnête. Enfin, si vous savez encore ce que ça veut dire...
- Rafael, intervint Alec. Ce qu'on veut dire, c'est qu'on ne comprend pas comment toi et Max avez pu autant vous déchirer ! Vous étiez si proches avant, on ne comprend pas comment vous avez pu en arriver là... Tu... Tu as quand même essayé de tuer ton frère ! Finit-il par lâcher.
- Alors c'est ça le problème ?! J'ai failli tuer le petit Max chéri... Leur lançais-je avec colère. Mais vous vous attendiez à quoi de la part du gamin qui a grandi dans la rue, et qui en plus était pickpocket ?!
- Tu n'as passé que 5 ans dans... Commença Alec.
- Que 5 ans ? Pase cinco y en la calle y después hablamos de eso!
Il jeta un regard à Magnus et je compris qu'il n'avait pas compris un mot de ce que je venais de lui dire. J'eus un sourire mauvais.
- Et ben quoi ? Ils ne font pas de cours d'Espagnol au royaume des morts ?! Boludo !
Magnus se leva, furieux, et je perdis mon sourire.
- Ça suffit ! J'ai eu tort, ce n'est toujours pas le bon moment pour te parler.
- Ça ne le sera jamais ! Sérieux, quel genre de parents font croire à leurs gosses qu'ils sont morts ?! Quels genres de parents arrivent à rester stoïque face à leur fils qui les supplie de revenir ?! Hein, monsieur je sais tout, dis-moi ?!
Du coin de l'œil, je vis qu'Alec s'était pris la tête dans les mains.
- Et toi, Alec...
Il releva la tête et leva vers moi des yeux si tristes que je regrettais déjà ce que j'allais dire. Mais bon, autant dire tout ce que j'avais vraiment sur le cœur.
- Quand papa était censé être à moitié mort, et que tu étais soi-disant au bout de ta vie, abattu par la perte de celui que tu aimais plus que tout au monde, tu as passé tout ton temps enfermé dans cette putain de chambre ! Alors explique-moi, si tu nous aimais autant que tu le prétends, si faire tout ça t'a autant déchiré le cœur, et puisque c'était une grosse mascarade macabre, pourquoi tu n'as pas passé du temps avec Max et moi avant de mettre en scène ton suicide ? Hein, dis-moi ?! Pourquoi tu n'es pas venu nous consoler quand tu nous entendais pleurer ?! Pourquoi ?! Ah mais oui, je sais ! Parce que tu étais avec papa ! Ouais, c'est sûr que c'est lui qui devait le plus avoir besoin de toi à ce moment-là ! Crachais-je avec colère. De toute façon, ça a toujours été votre amour en premier ! Ça a toujours été la priorité ! Le jour où toi (je me tournais vers Magnus) tu as failli mourir du mal des sorciers, toi (je me retournais vers Alec) tu as disparu. Tu nous as collés chez grand-mère et on ne t'a plus revu !
- D'accord, ça suffit, j'en ai assez entendu ! Me fit Magnus avant de quitter la pièce.
Alec secoua tristement la tête.
- C'est faux ! Et tu le sais très bien ! Me fit-il en se levant à son tour. Tu étais trop jeune pour comprendre ce qui se passait, et ton frère aussi. Ton père courait un danger plus grand que ce dont tu as souvenir, et vous aussi. Je ne pouvais pas vous faire venir à Idris à ce moment-là ! Et je venais vous voir dès que je pouvais ! Tu le sais très bien ! Je ne vous ai jamais abandonné !
- Oh, vraiment ?
- Cette fois-là ! Se rattrapa-t-il. Je suis désolé Rafael, tellement désolé...
Il prit mon visage en coupe.
- Ne pleure pas...
Je n'avais pas remarqué que des larmes s'étaient mises à couler sur mes joues. Je les essuyais rageusement.
- Rafael, je t'aime. Tu le sais. Tu es mon fils. Ce qu'on a fait, on l'a fait pour vous. Pour que viviez dans un monde meilleur. Ça nous a brisé le cœur. Chaque jour loin de vous était une déchirure. On a laissé deux petits garçons, et on retrouve deux adultes. On ne vous a pas vu grandir, on n'a pas connu votre premier chagrin d'amour, ni la naissance de notre petite fille, on n'a pas été là pour ton frère quand il a perdu celle qu'il aimait, on n'a pas été là pour toi quand tu as pris la direction de l'Institut ni pour tous les autres moments de votre vie. Malheureusement, on ne pourra jamais rattraper ces moments perdus mais vous êtes vivants. Et libre. Rien que pour ça, je referai exactement la même chose. Et Magnus aussi.
- Ce qui est difficile, c'est que tout le monde vous acclame en héros, on ne parle plus que de vous. Notre douleur à nous, ils s'en foutent ! Ils nous font même des reproches parce qu'on n'est pas là à se réjouir ! Mais ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que nous on se fiche du retour des héros, on veut juste nos parents...
- On est là, Rafael, on est là !
- Non. 3 mois ont passé, et vous n'êtes jamais venu nous parler ! Il n'y avait que le travail qui comptait !
- Vous ne vouliez pas nous voir !
- Et bien il fallait insister !
Il me sourit.
- Quoi ?!
- Pendant un instant, j'ai cru revoir l'enfant que j'ai quitté il y a 7 ans... Et je te promets, que le travail ne passera plus avant vous deux. J'abandonnerai mon poste de Consul s'il le faut. Si vous me le demandiez.
- C'est vrai ? Tu ferais ça ?
- Oui. Sans hésitation.
- Mais ils ont besoin de toi...
- Je ne les abandonne pas, je fais juste de mes fils ma priorité, comme ils l'ont toujours été.
Je laissais échapper un petit sourire. Je me sentais comme un enfant qui avait fait un caprice et qui avait obtenu ce qu'il voulait de son père... Et étonnamment, ça me faisait du bien.
- Quand on était petit, les autres disaient toujours qu'on obtenait toujours ce qu'on voulait de vous.
Il rit et mon sourire s'agrandit.
- C'est vrai qu'on ne vous refusait pas grand-chose...
- Vous étiez toujours là.. Je me souviens de la fois où, parce que vous vous étiez absentés trop longtemps en réunion, on est venue vous y rejoindre et on vous a demandé de venir jouer avec nous.
- Et on est venue.
- Oui... Jia n'était pas très contente, mais tu lui as répondu que l'Enclave ne passerait jamais avant ta famille.
Je marquais une pause et le fixais droit dans les yeux.
- Pourquoi ça a changé ?
Des larmes inondèrent mes yeux et il me prit dans ses bras.
- Non ça n'a pas changé. Ce sera toujours le cas, Rafael. Plus jamais on ne vous abandonnera, plus jamais !
- Je sais... Au fond de moi, je le sais et je comprends pourquoi vous avez fait ça... Mais une autre partie n'arrive pas à pardonner...
L'arrivée de Max l'empêcha de me répondre. Dire qu'il était furieux était un euphémisme. Magnus était derrière lui et faisait signe à Alec de ne surtout rien dire.
Où est ma fille ?! Demanda-t-il entre ses dents.
Max, calme-toi ! Lui fis-je en espagnol.
Il me foudroya du regard avant de prendre la direction des chambres. Il revint quelques minutes plus tard avec la petite dans les bras. Alyssa le suivait, mal à l'aise. Il ouvrit un portail, murmura je ne sais quoi à notre cousine et lui donna Loane. Al' nous fit un signe de la main avant de traverser le portail. Max le referma et se tourna vers moi.
J'aurais dû me douter que je ne pouvais pas te faire confiance !
Elle avait de la fièvre, ton frère a paniqué ! Me défendit Alec.
Magnus lui lança un regard signifiant clairement « Je t'en pris ne dis rien de plus ». Mais Alec ne le regardait pas.
Il a cru bien faire !
Bien faire ? En confiant ma fille à des étrangers ?!
Cette remarque me fit mal et bien que je sus que j'allais le regretter, je pris la défense de mes parents.
Tu ne peux pas dire ça ! C'est nos parents ! Qui sait ce qu'on aurait fait à leur place ?!
Autant mes pères que mon frère parut surpris de mes paroles.
Ils nous ont abandonnés ! Ils nous ont laissé les pleurer !
Oui. Mais ils l'ont fait pour nous...
Pour nous ?! Me cracha-t-il, sa colère déformant ses traits.
Il s'avança vers moi et remonta la manche de son bras droit. De fines cicatrices blanches barraient la peau bleue de son poignet.
Tu vois ça ? Leur soi-disant amour pour nous a failli te priver à vie d'un frère. Mais de toute façon tu t'en fiches pas vrai ? Tu aurais sûrement voulu que je sois mort !
Horrifié, je le fixais comme si c'était la première fois que je le voyais. Il me cria je ne sais quoi d'autres, mais j'avais déjà pris la fuite loin de cet appartement.
PDV Max
Je fixais l'endroit où mon frère se trouvait un instant plus tôt, regrettant mes paroles. Je n'aurais pas dû lui parler comme ça mais me retrouver ici me rendait nerveux. Alec posa une main sur mon épaule mais je me dégageais aussitôt. Je voulus ouvrir un portail mais ce ne fut pas concluant : seule une légère fumée bleutée apparut avant de disparaître. Je fermais les yeux, essayant de me calmer.
- On ne lui aurait jamais fait de mal, tu sais. Ton frère a paniqué et on a juste aidé. Me fit Alec.
J'ouvris les yeux et croisais ceux de Magnus. Il me fixait étrangement.
- Pourquoi tu ne dis rien ? Pourquoi tu ne parles pas ?
- Pour dire quoi ? Quoi que je dise, tu vas mal le prendre, je me trompe ?
Non, il ne se trompait pas. Effectivement, je n'avais aucune envie d'entendre ses explications, d'autant plus que je les connaissais.
- Ouais, surtout n'essaye pas d'arranger les choses, on n'en vaut pas la peine c'est vrai, ce n'est pas comme si on était tes fils. Mais tu sais, je suis immortel, comme toi. Tu crois pouvoir me fuir pendant des siècles et des siècles ? Bonne chance, parce que je compte bien te faire rappeler ta lâcheté à chaque instant !
Impassible, il soutint mon regard. J'aurais dû m'en aller mais je n'y arrivais pas. Me retrouver ici, avec eux, faisait remonter toute la colère et la peine que j'avais accumulées durant toutes ces années. Je me tournais vers Alec.
- Toi par contre j'espère que tu sais que tu as perdu 7 ans de ta vie où tu aurais pu être près de tes fils. Mais à toi non plus ça n'a pas semblé très important. Tu ne fais rien pour que ça s'arrange, tu es encore prêt à attendre des années un pardon qui ne viendra jamais. Tu ne fais qu'attendre. Tu ne te bats pas pour ça.
Des larmes coulèrent sur ses joues, ravivant ma colère.
- Tu n'as pas le droit d'être triste. Vous avez voulu cette situation. Non mais sérieux, vous vous attendiez à quoi ? A ce qu'on vous saute dans les bras ? On ne veut pas de vous ici ! A mes yeux vous n'êtes que des imposteurs ! Mes pères sont morts il y a 7 ans !
Il y eut un silence pesant. J'aurais préféré qu'ils me hurlent dessus.
- Viens, je vais te montrer quelque chose. Me fit mon père.
Je me tournais vers lui. Ses yeux de chat me fixaient toujours aussi étrangement.
- Magnus, non !
- Alexander, si, il le faut !
- Non !Lui hurla presque Alec.
Magnus l'ignora et je fronçais les sourcils. C'était quoi leur délire encore ? Il claqua des doigts et un énorme classeur apparut dans ses mains.
- Tu ne peux pas lui montrer ça !
- C'est un adulte, Alec...
Alec secoua la tête et sortit sur la terrasse. Magnus, lui, s'assit sur le canapé et me fit signe de le rejoindre. La boule au ventre, je me surpris à faire ce qu'il m'avait demandé.
- Je comprends que tu nous détestes, que tu ne comprennes pas. Contrairement à ce que vous pensez, peu de gens le comprennent d'ailleurs. Parce qu'ils ne savent pas. Ils ne savent pas ce qu'on a arrêté. Regarde...
Il me donna le classeur et je l'ouvris, tremblant. Des photos de créatures obscures torturées des manières les plus horribles qui soient, enfants comme adultes, des photocopies de projets de loi permettant l'esclave des créatures obscures, de création d'établissements d'extermination.. se trouvaient à l'intérieur. Mes yeux se bloquèrent sur une photo de moi plus jeune, beaucoup plus jeune.
- La Cohorte avait pour projet de t'enlever à nous pour faire des expériences sur toi. Pour te faire vivre ceux qu'ils ont faits à...
- Ces gens... Dis-je en regardant les autres photos.
Sentant une vague de nausée m'envahir, je laissais le classeur tomber sur le sol et courus aux toilettes. Je n'avais pas connu ce monde. Même si les relations néphilims / chasseurs d'ombres n'avaient jamais été au beau fixe, ce n'était pas à ce point-là. Je m'assis contre le mur. Mon père s'agenouilla à mes côtés.
- Alec voulait l'égalité entre nos deux mondes. Zara voulait continuer ses crimes au grand jour. Le monde n'était pas prêt pour suivre Alec, ils avaient encore peur. Et cette peur risquait de les faire suivre Zara. Il fallait qu'un Consul aux idées moins extrêmes prenne le relai. Pour contrer Zara et la Cohorte, on devait s'éloigner. Mais juste se retirer ne suffisait pas. Tout ce qui aurait été fait contre elle, elle aurait su que c'était nous. Pour agir, il fallait qu'on disparaisse, il fallait qu'on l'arrête. Zara a essayé de nous tuer plusieurs fois avant ça... C'est difficile à croire, je le sais, mais si on n'avait pas fait tout ça, on ne serait probablement plus là pour se parler. Ni ton père, ni moi, ni toi.
Il prit mon visage en coupe.
- Je t'aime. Si tu savais comme je t'aime. Je n'aurais jamais pu me pardonner s'il t'était arrivé la même chose qu'à ces enfants... Jamais.
Il attrapa mon poignet droit et remonta la manche de ma veste sur mon bras.
- On vous a abandonné. C'est vrai. Et chaque seconde passée loin de vous était une déchirure. Mais...
Il passa ses doigts sur les cicatrices sur ma peau.
- C'est ça qui me fait le plus mal.
Il lâcha mon poignet et écarta ensuite ma veste et ma chemise de mon épaule gauche, laissant apparaître la cicatrice que je devais au poignard de Rafael.
- Et ça, ça a brisé mon cœur.
- Pourquoi ? Pourquoi ne pas nous avoir montré tout ça avant de disparaître ? Pourquoi ne pas nous avoir dit ce que vous prévoyez ?
- Parce que vous n'étiez que des enfants.
- On n'aurait rien dit ! Jamais !
- Mais on ne fait pas porter un tel secret à des enfants.... Si je te le dis aujourd'hui c'est que je veux que tu comprennes, que tu saches pourquoi on a fait un tel sacrifice. Parce que contrairement à ce que tu penses, je ne veux pas perdre mes fils.
Il se releva et quitta la pièce. Je pris une grande inspiration avant de le suivre. Alec nous attendait dans le salon, le visage fermé. Ma colère s'était envolée mais ne sachant pas quoi leur dire, je pris la fuite loin de cet appartement.
PDV Rafael – Institut
J'aurais préféré que l'Institut soit désert mais je tombais sur Clary la porte à peine passée.
- Salut.. Grommelais-je.
- Alyssa n'est pas avec toi ? Me demanda-t-elle.
- Elle est chez Max.
- Chez Max ? Mais qu'est-ce qu'elle fait chez ton frère ?
- Elle s'occupe de sa fille. Répondis-je simplement.
Clary fronça les sourcils.
- Tu vas bien ?
- Ouais... Je te croyais en mission ? Pourquoi es-tu là ?
- Non, j'étais à Idris. Et tu aurais dû y être aussi. En tant que directeur de...
- Je ne le suis plus, tu te rappelles ? Ton mari a récupéré son poste.
- Rafael... Soupira-t-elle. Jace assure juste l'intendance le temps que tu règles tes problèmes.
- J'ai aucun problème. J'ai retrouvé mes merveilleux parents qui ont toujours été là pour moi. Franchement, il est où le problème ? Crachais-je avec amertume.
- Rafael...
- Non, lâche-moi ! Foutez-moi la paix avec eux !
Je partis m'enfermer dans ma chambre. De rage, je mis un coup de poing dans le mur, puis un deuxième, un troisième...
- Arrête... Rafe, arrête...
Je stoppais mon geste et me tournais vers la porte de ma chambre. Tavvy Blackthorn se tenait dans l'encadrement, me regardant tristement.
- Dégage, tu es la dernière personne que j'ai envie de voir.. Lui fis-je en essuyant rageusement mes larmes.
Il leva les yeux au ciel et s'approcha de moi pour me prendre dans ses bras mais je le repoussais avant de retourner toute la pièce. Il me laissa faire mais alors que j'allais mettre un coup de poing dans le miroir, il me stoppa.
- Arrête, tu vas finir par te faire mal... Arrête... Me fit-il d'une voix douce.
Il attendit que je me calme avant de reprendre la parole.
- Tu m'expliques ?
Je me détachais de lui et le fixais de haut en bas.
- Mais regardez qui voilà... Octavian Blackthorn... Ravi de voir que tu n'es pas mort !
- Rafael.. Soupira-t-il. Arrête...
- T'étais passé où putain ?! Ça fait des mois que j'essaye de te joindre !
- J'étais en mission, Rafe, je ne pouvais pas venir !
- Laisse-moi deviner... Tu étais de mèche avec Tessa, tu étais au courant pour mes parents ?!
- De quoi tu parles ?
- Oh s'il te plaît, ne me prend pas pour un con en plus, c'est pas le jour !
Il leva à nouveau les yeux au ciel et s'allongea sur mon lit, les mains derrière la tête.
- Tu fous quoi là ?!
- J'attends que tu te calmes et que tu m'expliques ce qui se passe parce que je suis rentré ce matin de mission, qui je t'assure n'avais rien à voir avec tes parents, et qu'on m'annonce qu'on a un nouveau Consul, que ce Consul est ton père, que tes deux pères sont vivants et j'ai 50 messages de toi complètement hystérique qui me résume la situation de la manière la plus incompréhensible qui soit. Et je crois que l'info la plus dingue c'est que tu me dises que ton frère est papa...
Je soupirais et m'assis à côté de lui.
- Excuse-moi, je n'aurais pas dû t'agresser comme ça. Mais j'aurais aimé que tu sois là quand toute cette merde est arrivée.
- Je suis venu dès que j'ai su, Rafe... Je l'ai appris ce matin !
- Ouais... J'ai pas envie d'en parler de toute façon.
- Tu peux au moins me dire pourquoi tu as détruit ta chambre ?
- Je devais garder la fille de Max et je l'ai emmené chez mes parents... Résultat, il me déteste...
Tavvy se redressa sur ses coudes.
- Pourquoi ? Il n'est pas heureux du retour de vos pères ?
Je secouais la tête.
- Non... Il est en colère. Tout comme moi. Ils nous ont fait croire qu'ils étaient morts...A leurs propres enfants...
- Mais ils sont là, Rafe. C'est le plus important. Et ils avaient sûrement une bonne raison pour avoir fait ça !
- Et alors ? Qu'est-ce que ça change ? Fis-je, amèrement. Personne ne nous comprend. Tout le monde s'en fout...
- Ok, tu déprimes totalement en fait ! Il était temps que je vienne te voir !
Il se leva et me força à en faire de même.
- Allez, viens, on sort, je vais te changer les...
La porte de ma chambre s'ouvrit, l'interrompant. Mon frère s'appuya contre la porte. Ses yeux bleus balayèrent la pièce sens dessus dessous avant de se poser sur moi. Tavvy se plaça aussitôt entre nous.
- Ok, les gars, on se calme. La violence n'a jamais rien résolu !
Max se tourna vers lui et lui sourit, à mon plus grand étonnement.
- Salut, Tavs. Ça faisait longtemps...
- Ouais, on ne peut pas dire que tu répondes souvent au téléphone !
- J'ai été pas mal occupé.
- Sans dec' !
- Ce n'est pas que j'ai pas envie de discuter avec toi du bon vieux temps mais j'ai besoin de parler avec mon frère. Alors si tu pouvais nous laisser...
Le regard de Tavvy passa de mon frère à moi, semblant évaluer la situation.
- Très bien mais je vous préviens, si j'entends un mot plus haut que l'autre, j'appelle la garde ! Plaisanta-t-il avant de nous laisser seuls.
Max referma la porte avant de s'avancer dans la chambre.
- Tu veux quoi ? Lui demandais-je. Si tu es venue me cracher ton venin, tu peux repartir.
- Non. Je suis venue te parler. Et m'excuser.
- T'excuser ?
- Je n'aurais pas dû te dire ce que je t'ai dit. Me retrouver là-bas avec eux et avec toi...
Sa voix trembla et il se laissa tomber le long du mur, la tête dans les mains.
- Je suis désolé, je suis tellement désolé... Tout ça, c'est de ma faute... Sanglota-t-il.
Je m'agenouillais devant lui et le forçais à me regarder. J'avais beau être en colère, au fond je restais son frère...
- Qu'est-ce que tu me racontes ?
- Ils ont fait tout ça pour me protéger... C'est de ma faute..
Je l'écoutais me raconter la conversation qu'il avait eue avec nos parents.
- J'ai besoin de toi, Rafe... J'ai besoin de mon grand frère... Me fit-il, en pleurs.
Pendant un instant, j'eus l'impression de retourner plusieurs années en arrière, le jour où on a perdu nos parents. A la dernière fois où j'ai pris mon petit frère dans mes bras pour lui dire que tout irait bien. Ce petit frère que je protégeais enfant, pour qui j'aurais donné ma vie. Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'avais pas tenu ma parole.... Je le serrais dans mes bras et il s'accrocha à moi comme à une bouée de sauvetage.
- Je suis désolé, je suis tellement désolé, petit frère... Regarde-moi !
Il leva ses yeux bleus embués de larmes et j'essuyais celles sur ses joues comme je l'avais fait des milliers de fois des années auparavant.
- Les parents nous ont abandonnés pour te sauver la vie mais moi je t'ai abandonné parce que je suis le pire des connards. Je n'aurais jamais dû te laisser, j'aurais dû rester auprès de toi, veiller sur toi ! J'aurais dû te protéger. Je t'ai fait du mal, j'ai failli te tuer, et ça, jamais je ne me le pardonnerai... Mais tu me manques, petit frère, tu me manques tellement...
- Toi aussi tu me manques... Quand tu as quitté l'appartement ce soir, je me suis senti perdu, effrayé... J'avais besoin que tu sois là... J'ai besoin de toi...
- Je suis là.. Maintenant je suis là....C'est fini tout ça, ok ? Je te promets qu'on va redevenir une famille.
- Rafe, je n'y arrive pas... Même en sachant tout ça, même en comprenant, je.. j'ai encore cette colère contre eux...
- Je sais, moi aussi. Mais je suis prêt à les laisser rentrer à nouveau dans ma vie. A essayer de pardonner. Et je te promets que quoiqu'il arrive, je serai là pour toi. Ce sera toi et moi avant tout le reste.. Ma priorité c'est de retrouver la relation que j'avais avec mon petit frère, peu importe le temps que ça prendra.
Il me sourit à travers ses larmes.
- Toi et moi, alors ?
- Oui. Toi et moi.
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