Tout était parfait.
Mère parfaite, refaite de la tête aux pieds, tailleur taille 36 et employée dans un grand bureau d'Avocats.
Père chirurgien et aux comptes en banques plein.
Un frère aîné en école de médecine, fiancé et meilleur élève de sa promo.
Une sœur aînée en Fac de droit, avec plus de prothèses dans la poitrine que de chaire.
Une petite sœur en tête de classe au collège et capitaine de son équipe de volley-ball.
Tout était parfait. Tout, sauf moi.
__________
-Tu sors Hazzy?
-Putain Nena sort de ma chambre!
A la hâte, le jeune bouclé poussa sa petite sœur et enclencha le verrou de sa porte, le cœur au bord des lèvres.
-Putain, elle peut pas se mêler de ce qui la regarde.. Marmonna-t-il avant de retourner devant le miroir sur pied posé contre un des murs.
Un soupir lui échappa avant qu'il ne défroisse la chemise noire qu'il avait revêtu -comme l'avait dit sa jeune sœur- pour sortir. Il passa ses mains dans ses cheveux dans un espoir vain de discipliner ses boucles rebelles et de nouveau, soupira, lourdement. Désappointé.
Il se demandait pourquoi il n'était tout simplement pas comme ses frères et sœurs, comme ses parents. Pourquoi ils avaient tous de beaux cheveux, de beaux yeux d'un bleu outre-mer? Pourquoi ils étaient tous minces et bien foutus? Pourquoi ils étaient tous les meilleurs dans ce qu'ils entreprenaient? Et pourquoi lui était juste..Lui?
Il avait parfois le sentiment d'être inférieur, et espérait souvent, seul dans son lit la nuit, qu'il aurait en fait été adopté. Et que quelque part, quelqu'un l'attendrait, et l'aimerai pour celui qu'il est réellement, et non seulement pour le paraître.
Las, il déposa un bonnet en laine gris sur son crâne, sans espoir de réussir à un jour donner forme à ses boucles sans..Formes. D'un geste vif, il attrapa son manteau et ses clefs avant d'ouvrir sa porte devant laquelle il trouva sa petite sœur assise, l'air boudeur. Il n'en fit rien, l'ignora et traça son chemin. Il dévala les deux étages jusqu'au rez-de-chaussé où il fila dehors avec un simple:
-Je vais à la bibliothèque, ne m'attendez pas.
Mais n'importe qui l'aurait bien regardé, aurait sût qu'il ne se rendait pas là bas, qu'il n'avait pas l'intention de passer sa soirée entouré de livres divers et variés. Sa tenue, son parfum. Harry s'apprêtait à rejoindre, une nouvelle fois dans le secret, son petit-ami, Louis.
Ça faisait deux ans que leur histoire durait. Une histoire romanesque qui ne devait jamais arriver jusqu'aux oreilles de la famille du bouclé. Il était celui du milieu, entre les jumeaux et la cadette. Il était celui qui avait le plus déçu ses parents, il le savait. Et il ne se voyait pas leur dire qu'il était gay...Pas avant ses quarante ans!
Une fois arrivé à leur lieu de rendez-vous, Harry sorti de sa voiture et s'aventura dans le parc vaste, et désert.
-Louis?
-Je suis là!
Suivant la voix de son amant, Harry le retrouva au centre du petit pont, assit sur un drap où étaient disposés pique-nique et chandelles. Souriant jusqu'aux oreilles, il avala la distance et s'agenouilla face au mécheux, sur le drap.
-Bon sang Lou'. C'est magnifique.
-Deux ans, ça se fête. Et rien n'est trop beau pour toi.
Tendrement, Louis se pencha et embrassa le bouclé qui n'avait cessé de sourire, et qui ne cesserait pas. Sans attendre, ils commencèrent à manger le pique-nique. Ils se donnèrent la becquée, se volèrent quelques baisers avant de s'allonger l'un contre l'autre pour observer les étoiles.
Un regard, un baiser.
-C'est le plus bel anniversaire de ma vie.
-Je t'aime.
-Je t'aime aussi Louis.
Un amour en fleur.
__________
-Bébé ça fait un mois qui ça dure. Tu devrais aller voir un médecin.
Deux mois avaient passé depuis leur deux ans, et depuis un mois, Harry se sentait mal. Il était incapable de garder quelque chose dans son estomac, était fatigué, émotionnel. Il était une vrai loque. Et là, agenouillé face aux toilettes du lycée, vidé, il ne l'aurait pas dénié.
-J'irai ce soir. Souffla-t-il avant de s'essuyer la bouche avec du papier-toilette.
-Tu veux que je vienne?
S'agrippant à la main de Louis, il acquiesça avant d'être redressé et doucement emprisonné dans une étreinte ferme et chaleureuse. Et même s'il faisait paraître le contraire, même s'il ne disait jamais rien, il y avait toujours une infime part de lui qui lui criait que ça n'était pas normal, et que quelque chose n'allait pas chez lui. Il ne savait juste pas quoi.
La journée passa, et comme prévu, Louis accompagna son amant jusqu'au cabinet médical où sa mère était infirmière. Ils étaient las, l'un assis à côté de l'autre dans la salle d'attente aux murs d'un bleu trop pâle et qui donnait la nausée à Harry. Ce dernier avait du mal à rester en place, en proie à une peur qui n'avait que prit plus l'ampleur au fil de la journée.
-Harry Styles.
En entendant son nom, le bouclé retint malgré lui son souffle et serra la main du mécheux qui vira son regard vers lui pour découvrir ses yeux emplis de frayeur. Délicatement, il se pencha vers lui et déposa un baiser à la base de sa mâchoire.
-Tout va bien.
Il acquiesça, et se laissa conduire comme un enfant jusqu'à un des bureaux où Louis lâcha sa main avant qu'ils ne s'assoient sur les chaises face à une femme d'une quarantaine d'années, blonde comme les blés, souriante, accueillante.
-Bonjour les garçons. Qu'est ce qui vous amène?
Angoissé, gêné, Harry détourna le regard vers Louis qui lui adressa un fin sourire tout en lui faisant signe d'y aller. Et c'est sans adresser un regard à qui que ce soit qu'il prit finalement la parole.
-Ça fait presque un mois que je suis incapable de garder un repas. Je suis tout le temps fatigué.. Souffla-t-il, se trouvant ridicule.
-Tu as perdu l'appétit? Lui demanda la quadragénaire tout en écrivant sur son carnet.
-Non. C'est même plutôt le contraire. Accorda le plus jeune.
-Hum.
Le silence retomba pendant quelques instants dans la pièce. Quelques instants durant lesquelles Harry ne pût décroché son regard du froncement de sourcil imprimé sur le visage de son médecin qui soupira finalement tout en retirant sa fine monture.
-Je vais te faire une prise de sang Harry. Lança-t-elle en se levant, l'incitant à faire de même.
Sans un mot, il se leva et rejoignit la quadragénaire jusqu'à la table d'observation, Louis sur ses talons.
-Assis-toi.
Il le fit, remonta sa manche et détourna le regard vers les prunelles azurées du mécheux qui prit sa main sans pré-avis, connaissant depuis longtemps la peur maladive des aiguilles du bouclé. Il ferma fortement les yeux lorsqu'il ressenti le pincement de l'aiguille qui passe au travers de sa peau et tenta de rester concentrer sur sa respiration incertaine.
-Calme toi bébé. C'est bientôt fini. Lui assura Louis en caressant son avant-bras, le regard posé sur les tubes que s'affairait à remplir le médecin.
-C'est fini. Confirma-t-elle en retirant doucement l'aiguille avant de poser un pansement dans le creux du coude du bouclé.
Ce dernier soupira, soulagé avant de desserrer le poing qu'il avait inconsciemment serré. Il ouvrit les yeux pour rencontrer le regard de son amant qui posa en coup de vent ses lèvres sur les siennes, souriant légèrement.
-Vous êtes ensemble depuis longtemps? Lança la femme, brisant le silence.
-On a fêté nos deux ans il y a deux mois. Répondit Louis, repensant à cette soirée, un sourire niais aux lèvres.
-Vous êtes actifs? Renchérit-elle, arrachant un brin de curiosité au jeune couple.
-Oui, on connaît les risques et on s'est déjà fait dépisté. Répondit Harry en pensant au risque du SIDA.
-Donc vous ne vous protégez pas?
-On est tout les deux séronégatifs. On a rien à craindre. S'exclama Louis, légèrement suspicieux quant à tant de curiosité vis-à-vis de leur vie sexuelle.
-Tu as raison. Accorda la femme avec un fin sourire. Bon. Lança-t-elle en se tournant vers le bouclé. J'envoie ton sang au labo' et tu pourras passer demain avant ou après les cours pour qu'on voit ensemble ce qu'il en est.
-Et vous n'avez pas déjà une petite idée? Lui demanda-t-il, dans un espoir vain de calmer ses angoisses.
-Pas vraiment. Tu as les mêmes symptômes qu'une grippe intestinale. Sauf que tu ne devrais pas avoir d'appétit, et surtout, ça n'aurait pas duré un mois. Expliqua-t-elle, un air soucieux sur son doux visage.
-D'accord. Souffla Harry.
Et après de brèves politesses, les deux amants s'en allèrent, le cœur lourds, avec encore plus d'angoisses en tête qu'à leur arrivée.
__________
-Alors Harry, comment s'est passé ta journée?
-Bien. Souffla-t-il.
Le silence était pesant, comme à chaque repas. Ne résonnait dans la vaste salle à manger que les bruits des couverts tintant contre les assiettes. Et la voix de la matriarche, qui ne quittait pas du regard le benjamin de la famille.
-C'est aujourd'hui que tu devais avoir le résultat de ton examen de Biologie non? Lui demanda-t-elle.
-Oui. Souffla de nouveau Harry en levant le regard, se préparant mentalement pour la suite.
-Alors? Quelle note as-tu eut? S'impatienta-t-elle.
-B.
-Un B! S'esclaffa l'aîné de la famille, laissant son petit-frère baisser la tête sur son assiette, gêné, honteux.
Et sans qu'il ne puisse la retenir, une larme solitaire traça sa route jusqu'à la commissure de ses lèvres ourlées. Il inspira, une boule dans la gorge, prêt à parler, à prendre sa propre défense, et finalement, se rétracta.
-Je monte dans ma chambre.
Personne ne le retint lorsqu'il se leva et quitta la pièce pour rejoindre la seule où il se sentait chez lui. Sa chambre, trop grande mais simple. Quand il y fût, il se jeta sur son lit et laissa libre court à ses larmes.
Vivre dans une famille parfaite est un supplice lorsque l'on est imparfait.
__________
-Bébé ça sert à rien de te mettre dans cet état. Ton frère et ta sœur ont 24 ans et ils habitent encore chez vos parents. C'est plutôt eux qui sont à prendre en dérision. S'exclama Louis sans quitter la route des yeux.
-Je sais. Souffla le bouclé, la tête collée à la vitre. Mais ça change rien. C'est moi le raté de la famille.
Louis se mordit les lèvres pour ne rien dire qui pourrait vexé ou faire pleurer son cadet. Mais le fait était là, il n'en pouvait plus de son pessimisme, et du peu d'estime qu'il avait de lui même. Oh non, bien sûr, il ne lui en tenait pas rigueur. Il savait très bien que tout ça n'était que la faute des Styles. Cette famille aux allures si parfaites, mais pourrie de l'intérieure. Ils étaient bien vu, mais aimés, ils ne l'étaient pas. Hautains, imbus de leur personne. Harry n'avait rien à voir avec eux. Le raté de la famille, ce n'était pas lui, mais tout les autres.
-Il ne reste plus qu'un mois de cours et après on part à l'université. Dit-toi ça. Plus qu'un mois. Assura Louis tout en attrapant dans sa main, celle de son amant posée sur sa jambe.
-Plus qu'un mois. Répéta le bouclé en la serrant .
En s'y raccrochant, comme on se raccroche à un espoir.
___________
-Harry Styles.
Anxieux, il jeta un regard à son amant qui lui adressa un fin sourire, presque triste avant de poser ses lèvres sur sa joue et de se lever, l'entraînant avec lui. Sans un mot, ils suivirent l'infirmière dans les couloirs du cabinet médical. Mais au lieu de s'arrêter devant le bureau du Docteur Dray comme la veille, elle continua son chemin, attisant la curiosité du couple qui la suivait docilement.
-Voilà. S'exclama-t-elle une fois arrêtée. Passez une bonne journée.
Et sans une parole de plus, elle fit chemin inverse, laissant les deux garçons dans l'incompréhension la plus totale.
Prenant son courage à deux mains, Harry souffla un grand coup avant de toquer à la porte qui lui faisait face et de l'ouvrir aussitôt.
-Entrez, entrez. S'exclama la quadragénaire en voyant les deux garçons.
-Il y a un problème dans votre bureau? Demanda Louis, intrigué par ce changement de lieu.
-Non. Mais ici j'ai tout le matériel nécessaire. Répondit-elle avec un sourire, sans penser une seule seconde à l'effet que pouvaient avoir ses paroles sur le bouclé qui se figea à leur entente.
-Le matériel? Répéta-t-il difficilement.
-Rien qui ne doive te faire peur. Le rassura-t-elle avant de tapoter la table d'observation à ses côtés. Vient t'allonger et relève ton tee-shirt sil te plaît Harry.
Curieux, il s'exécuta, Louis sur ses talons. Une fois en place, le médecin baissa légèrement le boxer du bouclé jusqu'à son pubis avant d'allumer la machine à ses côtés.
-Qu'est ce que c'est? S'exclama-t-il, inquiet malgré lui.
-Un échographe. Lui répondit-elle avant de se tourner pour lui faire face, une sonde dans une main et une sorte de bouteille dans l'autre. Ça risque d'être froid.
Ne comprenant pas ses propos, Harry fronça légèrement les sourcils avant de retenir un cri en sentant le gel glacial qu'elle posa sous son nombril. Elle rit légèrement avant de lever le regard vers le plus jeune, encore perturbé par ce choc thermique.
-Mais pour quoi faire un échographe? Demanda soudainement Louis, réellement intrigué par la tournure que prenaient les choses.
-Je vous le dirai en temps voulu. Répondit la femme tout en posant la sonde sur le bas-ventre du bouclé. Si c'est ce que je pense, vous n'avez pas de quoi vous inquiéter. Continua-t-elle tout en adressant un sourire chaleureux à Harry qui lui rendit tant bien que mal.
Il était mal à l'aise, à découvert. Et tout comme lui, Louis ne pouvait décroché son regard perplexe de l'écran où se dessinaient des images que l'un comme l'autre ne pouvaient identifier. Ils n'étaient pas médecins après tout. Mais leur attention fut détournée lorsque la quadragénaire retint un cri et attira leur regard. Un large sourire ornait son visage et avant même qu'ils ne puissent prendre la parole, elle leur coupa. Et le souffle avec.
-Félicitation Harry. Tu es enceinte.
__________
Allongé en étoile sur son lit, Harry repensait aux paroles de son médecin. 'Tu es enceinte.' Quel adolescent de dix-sept ans a déjà entendu ça un jour avant lui? Aucun. Aucun, parce que c'est quelque chose qui ne devrait jamais arriver. Ça ne devait jamais se produire, et pourtant, il ne hurlait pas, il ne haïssait pas la Terre entière. Il était juste..Curieux oui. Curieux de savoir comment une telle chose avait pût se produire, et étrangement, il était aussi excité par cette nouvelle. Il avait l'occasion d'avoir un enfant avec l'homme qu'il aimait. Naturellement. Ni mère-porteuse ou adoption. Ni choix dans qui serait le donneur. Ils le seraient tout les deux. Ce serait leur enfant, conçut avec leur deux sangs, et leur amour.
Intrigué, il se releva vivement pour aller se poster de profil face à son miroir mural. Et presque trop lentement, il remonta son tee-shirt pour observer son ventre encore relativement plat qu'il alla caresser du bout des doigts. Un fin sourire lui échappa en sentant le minime renflement de son bas-ventre. Si minime, qu'il était sûr que personne d'autre que lui ne pourrait le sentir. Et son sourire ne fanait pas, jamais. Parce qu'avant d'être un simple renflement sur son corps, c'était surtout son bébé.
__________
-Oh bonjour Harry, comment vas-tu mon grand?
-Très bien et vous Jay?
-Très bien. Louis est dans sa chambre.
Harry remercia la matriarche de la maison et la gratifia d'un sourire avant d'avaler la distance jusqu'à la chambre du mécheux, au fond du couloir. Sans frapper, il entra et découvrit son amant allongé sur son lit, une dizaine de livres autour de lui.
-J'arrive au mauvais moment? Lança-t-il, brisant le silence, et attirant l'attention de Louis qui lui adressa un large sourire.
-Tu arrives à un très bon moment. J'en ai marre d'Épicure. Répondit-il, arrachant un léger rire au bouclé qui alla s'allonger à ses côtés.
-Il fallait pas faire philosophie.
-Ouai mais ça fait bon genre quand je dis que j'étudie la philo'. Se défendit le mécheux avant de poser ses lèvres sur celles de son cadet.
Ce dernier lui rendit son baiser, avide. Ses mains s'enfouirent dans les cheveux fins et rebelles de Louis qui caressait du bout des doigts son dos, ses hanches. Puis, sans le réaliser, il alla tracer de légers cercles autour du nombril de son amant qui frissonna, se détachant aussitôt de ses lèvres.
-Haz'?
-Désolé. S'exclama-t-il en se redressant. Désolé, je sais pas pourquoi je..
-Hé..C'est rien calme toi. Le coupa Louis, s'asseyant à son tour. On..On a pas encore parler de ce qu'on allait faire.
Harry se mordit violemment la lèvre inférieure, le regard bas, lourd. Lui avait prit une décision. Mais celle de Louis serait-elle la même? Est ce qu'il serait là? Auprès de lui comme il le lui avait toujours promis. Hésitant, il ouvrit la bouche pour prendre la parole, mais aucun son ne vint. Il était incapable de formuler une phrase cohérente.
-Bébé.. Soupira le plus vieux en attrapant la main du bouclé.
-Tu veux quoi toi? Demanda-t-il soudainement, regrettant ses paroles dans la seconde.
Et si la réponse n'était pas celle qu'il attendait? Celle qu'il espérait.
-Je sais pas vraiment. Souffla Louis le regard vague. On est encore jeunes. On est deux garçons et ça sera sûrement pas tout rose. Lança-t-il, laissant le cœur d'Harry se serrer toujours plus à chacun des mots qu'il prononçait. Mais je t'aime tellement Harry. Continua-t-il, attirant son attention.
Le plus jeune leva son regard de jade vers celui de son amant qui lui adressait un fin sourire, serein, amoureux. Et lentement, il laissa glisser sa main jusque sous son tee-shirt pour caresser sa peau de pêche du bout des doigts.
-Et je veux vivre ça avec toi. Conclut-il d'un baiser, d'une promesse.
D'un dessin pour l'avenir.
__________
-Alors, qu'est ce que vous voulez me dire les garçons?
Un mois avait passé depuis que Louis et Harry avaient prit la décision de garder l'enfant. Et ils étaient là aujourd'hui, assit dans le salon du plus vieux, face à sa mère à qui ils allaient finalement dire la vérité.
Harry aimait beaucoup Jay. Elle était pour lui une seconde mère, plus aimante, plus ouverte. La mère qu'il avait rêvé d'avoir toute sa vie. Et là, là qu'il allait se mettre à nu, il avait plus peur de son jugement que jamais.
-C'est..C'est assez difficile à dire en fait maman. Se lança Louis tout en se grattant la nuque, nerveux, son autre main prise au piège dans celle du bouclé qui ne desserrait pas les lèvres.
-Mais si tu vas voir. C'est facile de faire une phrase. Répondit Jay sur le ton de la plaisanterie, arrachant un rire nerveux à son fils.
Elle ne lui facilitait pas les choses.
-Comment te dire ça en douceur... Souffla-t-il avant de simplement lui dire de but en blanc: Je vais être papa.
-Quoi?! S'insurgea-t-elle. Avec qui tu as couché? Et toi Harry tu es d'accord avec ça? S'emporta-t-elle.
-Non, non maman tu n'as pas comprit. Se reprit précipitamment Louis. On va être papas. Tout les deux. Précisa-t-il, attisant la curiosité de la matriarche.
-Je comprends pas. Vous avez quand même pas décidé d'adopter dans mon dos?
-Non. C'est arrivé de la manière la plus...Naturelle qui soit. Expliqua Louis, laissant toujours plus sa mère dans le flou.
-Louis explique toi clairement tu veux.
-Je suis enceinte.
La voix du plus jeune qui résonna alors dans le salon fit sa place à un silence pesant. Il n'osait pas lever son regard voilé de larmes, de hontes. Il n'osait pas découvrir le dégoût dans les yeux de la matriarche. Et savait qu'il y en aurait déjà bien assez dans ceux de sa propre mère.
-Mais..Comment c'est possible? Demanda-t-elle au bout d'un moment.
-C'est toi qui a fait des études de médecines, pas nous. Répliqua son fils, récoltant un regard désapprobateur qui le laissa soupirer. On en sait rien. Le Docteur Dray a dit qu'on en saurait plus à son prochain examen.
-Je vois. Souffla-t-elle.
Légèrement chamboulée, Jay détourna le regard vers Harry qui n'avait plus rien dit, et qui restait tête basse. Ses yeux se stoppèrent lorsqu'elle découvrit la main du plus jeune, posée inconsciemment sur son ventre. Et sans qu'elle ne puisse le rétracter, un sourire que Louis ne manqua pas lui monta aux lèvres.
-Je vais être grand-mère.
Le soulagement était sans fin. Elle les acceptait.
__________
-Harry, on pensait avec Edward qu'il serait bien que tu ailles visiter l'Université de Cambridge. Qu'en penses-tu?
-Je te l'ai déjà dit papa. Souffla-t-il. Je ne veux pas aller à Cambridge.
Et je ne pourrais pas. Pensa-t-il.
-Et où comptes tu faire tes études? Lança sa mère, assez ennuyée, il faut le dire.
-A Londres.
Un soupir lourd de sens passa outre les lèvres du père de famille qui retint ses mots pour son benjamin, plus distant et dans la lune que jamais. Plus absent que jamais. Le mois de Juillet arrivait à son terme, et Harry avait passé plus de temps chez Louis que chez lui, sortant diverses excuses pas toujours crédibles, mais qui faisaient l'affaire.
Une fois le repas fini, et chacun occupé à faire quoi que ce soit, il s'en alla de nouveau pour rejoindre Louis qui l'attendait avec impatience, assis à sa tête de lit, un cliché de la dernière échographie du bouclé en main. Il avait un sourire niais aux lèvres. Un sourire qui ne le quittait plus. Parce qu'il était heureux. Aussi heureux qu'un homme puisse l'être.
Oui, Louis avait tout juste dix-huit ans, mais il savait avec certitude qu'Harry était bel et bien l'homme de sa vie, son âme sœur. Ils étaient fait pour être ensemble, il le savait. Et ce qu'il tenait entre ses mains ne faisait qu'appuyer ses propos. Ils allaient avoir un enfant, eux, deux hommes.
Le Docteur Dray leur avait expliqué une semaine plus tôt qu'Harry était en fait atteint d'hermaphrodisme vrai interne. Et que malgré ses allures plus que masculines, il avait à l'intérieur, tout d'une femme en plus de ses organes normaux.
Interpellé, il leva le regard lorsque des coups retentirent sur sa porte, et aussitôt, Harry apparut dans l'encadrement, souriant, plus magnifique que jamais.
-Comme je t'ai laissé, je te retrouve. S'exclama-t-il, arrachant un rire au mécheux qui se leva pour aller étreindre son amant.
-J'ai prit une douche entre temps.
-Ravit de l'apprendre. Susurra-t-il avant de déposer ses lèvres sur les siennes, pour un baiser doux, amoureux.
-Et comment va la vie là dedans? Demanda Louis en caressant la peau de pêche tendue du bouclé.
Depuis que sa grossesse s'inscrivait clairement sur le corps du plus jeune, le mécheux était toujours entrain de caresser son ventre, de l'embrasser et d'y coller son nez pour parler au bébé sous le regard d'Harry toujours plus épanoui et heureux.
-Bien. Tout va bien.
Tout allait parfaitement bien.
__________
Ce fût à tout juste quatre heure du matin que Louis et sa mère furent réveillés par un cri perçant qui ne venait de personne d'autre que du bouclé. En panique, le plus vieux se redressa et alluma la lumière au moment même où la matriarche passait la porte pour retrouver Harry, des larmes roulant sur ses joues rougies de chaleur, échappant quelques mots sans sens. En plein cauchemar.
-Harry, réveille toi bébé. Tenta Louis en caressant son front baigné de sueur.
Mais rien n'y faisait, et le bouclé continuait sa litanie dénuée de sens, marmonnant quelques mots plus clairs au fil du temps.
-Harry réveille toi. Insista le mécheux en le secouant légèrement.
-Non..Non...NON!
En sursaut, il se réveilla, fît face au regard baigné de peurs et d'angoisses de son amant qui le tira dans ses bras au premier sanglots.
-Shhh. Tout va bien. C'était juste un cauchemar. Lui susurra-t-il.
-Non ça ne va pas. Sanglota le plus jeune en s'accrochant au mécheux comme à sa propre vie. Ils vont nous l'enlever. Dès qu'ils sauront, ils feront tout pour nous l'enlever..
Louis ne le sera que plus fort, comprenant ses mots défaits de toute logique. Et les acteurs du cauchemar lui apparurent limpides comme du cristal.
Les Styles, cette famille parfaitement pourrie. Ils le poursuivaient jusque dans ses rêves.
__________
-Où tu vas Harry?
-Prendre un bain.
-Mais c'est le troisième que tu prends aujourd'hui. Vient te baigner avec nous plutôt.
-Je passe.
Sans un mot de plus, Harry laissa en plan sa sœur aînée pour rejoindre sa salle de bain. Le mois d'Août était là, et la canicule aussi. Et malheureusement pour lui, le bouclé n'était pas en mesure de se mettre en maillot de bain comme chaque année. Plus le temps passait, et plus il se sentait, vulnérable, fragile. Il voyait le danger partout et avait peur de tout ce qui pourrait le blesser, ou plus particulièrement, blesser le bout de vie qui grandissait en lui.
Un soupir de contentement passa outre ses lèvres lorsqu'il s'assit dans sa baignoire d'angle, profonde. Il se laissa aller jusqu'à ce que ne dépasse plus de l'eau que son visage, serein, apaisé. Il s'étira, soulagé par l'effet relaxant qu'avait l'eau tiède sur son corps courbaturé. Et lentement, inconsciemment, par habitude maintenant, il alla dessiner des cercles du bout des doigts sur son ventre qui s'arrondissait toujours plus au fil des jours. C'était encore discret, et Harry pouvait encore se cacher sous des vêtements assez larges, mais il était heureux de voir son corps changer. Il se foutait des marques et des kilos en trop qui lui resteraient plus tard. Parce que tout ça valait la peine. Tout ça, c'était pour son bébé. Pour sa famille.
Une famille qui l'aimerait pour lui, pour ce qu'il était, et non ce qu'il laissait paraître. Il aurait un foyer où il n'aurait plus peur d'être lui même et de dire ce qu'il pense. Un foyer, une famille. La sienne.
-Si tu savais comme je t'aime. C'est toi ma famille maintenant.
__________
-Harry? Qu'est ce que tu fais là?
Il triturait le bas de son pull, gêné devant Jay vêtue d'une simple robe de chambre.
-Je..J'arrive pas à dormir chez moi. Lui répondit-il, incapable de réprimer les larmes qui s'étaient glissées dans ses prunelles de jades.
Et aussitôt, la matriarche le tira à l'intérieure avant qu'il n'éclate lamentablement en sanglots dans ses bras. Foutues hormones. Pensait-il. Mais le fait était là, il n'arrivait plus à dormir chez lui. Dès que ses paupières se fermaient, des images plus atroces les unes que les autres lui venaient en tête. Il en était devenu paranoïaque, effrayé à la seule pensée de dormir.
-Tu veux que j'aille révei-
Mais avant même qu'elle puisse finir sa phrase, Louis apparût au fond du couloir, et il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour rejoindre son amant qu'il piégea dans une étreinte de fer. Un cocon protecteur que le plus jeune voudrait ne jamais plus quitter.
-Qu'est ce qui t'arrive bébé? Demanda le plus vieux en se décalant, pour faire face au bouclé qu'il débarrassa des larmes qui avaient roulé, sur son beau visage où était imprimée une fatigue évidente.
-Je veux plus retourner chez moi Lou'. J'ai trop peur là bas. Tenta de répondre Harry, étouffé par ses pleurs incessants.
-Tu peux rester ici autant que tu veux. Lui assura le mécheux.
-Tu es toujours le bienvenu Harry. Continua la matriarche, ses paroles accompagnées d'un sourire rassurant qu'il lui rendit tant bien que mal.
-Merci.
Il était le bienvenu. Que ça soit à deux heure de l'après midi ou une heure du matin. Il était toujours le bienvenu.
-Tu es ici chez toi.
Le voilà, son foyer.
__________
-Alors Harry, comment vas-tu depuis la dernière fois?
-Assez bien. Plutôt stressé.
-Hum. Le stress n'est pas bon. Évite au mieux tout ce qui pourrait te mettre sous tension.
Allongé sur la table d'auscultation, le bouclé acquiesça avant de virer son regard vers Louis qui lui adressa un fin sourire qu'il lui rendit au mieux avant de baisser les yeux. Personne ne disait rien pendant que le Docteur Dray s'affairait à l'examiner. A palper, mesurer et tapoter son ventre gonflé.
-Tout semble bon. Le fœtus a l'air de cependant se développer plus vite à en juger par la taille de ton utérus. Expliqua-t-elle en s'adressant plus particulièrement à Harry.
-Et c'est mauvais? S'enquit-il, inquiet.
-Non. Mais on va de suite vérifier pour être sûr. Lui répondit-elle avec un sourire chaleureux avant d'allumer l'échographe à ses côtés.
En alerte, Harry se redressa au mieux sans décrocher son regard de l'écran où rien n'apparaissait encore. Un frisson le prit au corps lorsque le gel glacial entra en contact avec sa peau. Et bientôt, des images apparurent. Des images qu'il ne discernait, ne comprenait pas. Et que pourtant, il ne pouvait pas quitter du regard. Sans qu'il ne s'en rende compte, sa main avait trouvé celle de son amant qui le dévorait des yeux, plus amoureux et fier que jamais. Oui, il était fier de ce garçon qu'il appelait depuis plus de deux ans son petit-ami. Ce garçon qu'il aimait, et qui bientôt, ferait de lui un père.
-Oh mon Dieu. S'exclama la quadragénaire, attirant les regards. Félicitation les garçons, ce sont des jumeaux.
Oui, jamais il n'avait été plus fier.
___________
-Harry, tu veux bien me donner un coup de main mon grand?
-Bien sûr.
Sans rechigner, le bouclé quitta le sofa pour suivre Jay jusque dans la cuisine où ils commencèrent à préparer une tourte aux poireaux. Un silence léger les avait englobé, mais trop vite, la matriarche le coupa, abordant un sujet des plus houleux.
-Tu es ici depuis deux semaines. Tes parents ne s'inquiètent pas?
-Ils croient que je fais le tour des Universités. Répondit Harry sans même lever le regard des champignons qu'ils s'affairait à couper.
-Et tu comptes leur dire que tu vas être papa? Surenchérit-elle, jaugeant la réaction de l'adolescent.
Ce dernier stoppa tout mouvement, le regard bas. Il devrait leur dire, il le savait. Mais il ne le voulait pas. Il ne voulait pas encaisser leur regard dégoûtés, désapprobateurs. Il n'était pas prêt à être renié.
-Harry?
-Je.. Commença-t-il avant de soupirer, vaincu. Non. Je ne veux pas leur dire.
Parfaite ou imparfaite, il n'était pas prêt à être sans famille.
__________
-Qu'est ce que tu veux faire aujourd'hui bébé?
-Je sais pas. Rien du tout ça pourrait être bien.
Un léger rire échappa à Louis, arrachant un sourire au bouclé qui n'avait toujours pas ouvert les yeux, prêt à se rendormir dans la seconde malgré l'heure tardive.
-Il est déjà presque onze heure Haz'.
-Je sais. Se plaignit le plus jeune avant de finalement ouvrir les paupières pour découvrir les prunelles azurées de son amant. Mais les jumeaux ont prit mon utérus pour une boîte de nuit. S'exclama-t-il d'une voix ensommeillée, laissant rire le mécheux.
Ce dernier se redressa pour poser ses lèvres sur celle de son cadet tout en découvrant sa peau de pêche du tee-shirt trop large qu'il avait revêtu pour dormir. Ils mouvaient leur lèvres, les moulaient, explorant la bouche de l'autre avant que Louis n'y mette doucement fin pour coller ses lèvres à son nombril.
Harry ne décrochait pas son regard de son amant, à califourchon sur ses jambes, entrain de parler à leurs bébés d'une voix niaise qui lui arracha le plus large des sourire. Un sourire douloureux mais tellement bon.
Ses doigts fins s'enfouirent dans les cheveux en bataille du mécheux qui continuait de parler, de caresser son ventre rond, recevant quelques coups, par-ci, par-là. Et Harry le regardait. Il regardait l'homme qu'il aimait, le père de ses enfants. Plus il le regardait, plus il souriait. Plus il l'aimait.
Était-il possible, de faire une overdose de bonheur?
__________
-Les garçons, je peux vous parler?
Avachis l'un sur l'autre dans le sofa, ils acquiescèrent avant de se redresser pour être face à la matriarche qui venait de prendre place sur le fauteuil face à eux.
-Qu'est ce qui se passe? Demanda Louis, lui arrachant un soupir lourd de sens.
-Ce que je vais dire est probablement la chose la plus dure à dire pour une mère. Commença-t-elle doucement. Mais il faudrait que vous pensiez à déménager. Dans moins de quatre mois les jumeaux seront là et..
-Je sais maman. La coupa le mécheux avec un fin sourire. Et j'ai déjà repéré quelques appartements pas trop chers.
-Vraiment? S'exclama-t-elle étonnée, arrachant un léger rire à son fils.
-Oui.
-Mais..Quand? Lui demanda le plus jeune. On est toujours ensemble.
-Quand tu dors j'ai du temps libre. Et j'ai eut..Beaucoup de temps libre ces derniers temps. Expliqua le mécheux, laissant son cadet baisser la tête, gêné.
-C'est pas de ma faute. Marmonna-t-il, arrachant un sourire amusé à ses vis-à-vis.
-Je sais bébé. Le rassura Louis avant de déposer un baiser sur sa joue. C'était pas un reproche.
Harry lui rendit son sourire avant de poser sa tête contre son épaule, écoutant d'une oreille distraite la mère et le fils parler des fameux appartements qu'ils envisageaient déjà d'aller visiter. Un soupir lui échappa lorsqu'il ressenti un coup d'un des bébés. Aussitôt, ce soupir se transforma en un fin sourire rêveur. Il caressait délicatement de sa main la zone de son ventre heurtée, pensant à l'avenir. Cet avenir qui lui ouvrait grand ses portes. Un avenir sans peur, sans mal.
Un avenir qu'il attendait depuis toujours.
__________
-Oui maman, la Fac se passe bien.
-Tu rentreras aux prochaines vacances?
-Je pense pas. L'anthropologie est plus coriace que je ne le croyais.
-Tu vas y arriver. Tu es un Styles après tout.
-Ouai.. T'as sûrement raison.
[...]
Las, Harry laissa tomber son téléphone sur le matelas avant de s'enfoncer dans ses coussins surélevés.
L'été et sa canicule avait laissé sa place à l'Automne et ses sentiers pavés de feuilles mortes. Cela faisait tout juste deux semaines que les deux garçons avaient emménagé dans leur nouvel appartement, dans un immeuble isolé la sortie de Bristol. Et allongé dans le lit de sa nouvelle chambre conjugale, le bouclé regardait la pluie s'abattre sans fin sur le carreau de la fenêtre. Un soupir lui échappa avant qu'il ne vire son regard vers le radio-réveil qui affichait midi quarante-cinq. Et ce fût sans volonté ou envie qu'il se leva laborieusement pour rejoindre la cuisine où il récupéra une boîte d'abricots au sirop qui était son 'Craving' du moment avant de rejoindre le salon où il se laissa difficilement tomber sur le sofa.
Au terme du sixième mois de sa grossesse gémellaire, Harry avait toujours plus de mal à se déplacer ou à se lever au premier essai. Oui il était heureux, mais il ne pouvait pas nier le fait que le temps commençait à lui paraître long. Surtout depuis que le mécheux avait commencé ses cours à la Fac. Le plus jeune passait ses journées allongé dans son lit ou assis sur le sofa. Ses seules occupations étaient de surfer sur internet, regarder la télévision, ou encore parler aux jumeaux quand son ennui était trop profond. Il se sentait parfois si seul, qu'il leur parlait, pour tout et n'importe quoi. Que ça soit lorsqu'il avait faim, ou qu'il devait s'habiller, il demandait toujours l'avis de ses jumeaux, souriant niaisement lorsqu'il recevait un coup en réponse.
Interpellé, il tourna vivement le regard vers l'entrée lorsqu'un bruit de clef arriva jusqu'à lui. Et quelques secondes plus tard, Louis entra, trempé de la tête au pieds, arrachant un léger rire à son cadet vers qui il leva le regard dans l'instant.
-Je te fais rire?
-Un peu, oui.
-Je suis gelé. Tout le monde est rentré chez lui. Ils passent la ville en vigilance orange. Expliqua-t-il en se débarrassant de ses vêtements humides.
-J'espère que ça va vite se calmer. Souffla Harry, inquiet malgré lui.
-J'espère aussi. Je vais prendre un bain pour me réchauffer, tu veux venir?
Sans mal, le bouclé acquiesça et tenta de se lever par lui même malgré son bas-dos en compote. Mais Louis vint bien vite l'aider, l'attrapant par la taille avant de le coller contre lui une fois debout. Un sourire niais lui monta aux lèvres en sentant le ventre rond de son amant se coller au sien, plat. Et ce fût sans pré-avis qu'il l'embrassa, trop légèrement.
-On y va.
Sans mal, Harry le suivit jusque dans la salle de bain où aussitôt, le plus vieux alluma le chauffage et remplit la baignoire avant de se déshabiller sous le regard de son cadet. Il ne pouvait décrocher de son corps, musclé, fin et bronzé. Ces derniers temps, il ne se sentait plus à la hauteur, à son niveau. Même s'il n'en disait rien, il avait de plus en plus de mal à se dénuder devant Louis. Il avait peur, peur que ces marques qu'il était fier de porter le dégoûte un jour. Et qu'il le laisse, seul, sans pré-avis.
-Bébé ça va?
Intrigué, Harry leva la tête et senti au mouvement de l'air contre son visage, ses larmes. Foutues hormones. Pensa-t-il, comme au moins une fois chaque jour.
-Ça va. Répondit-il précipitamment, effaçant ses larmes, alarmant malgré lui son amant.
-Non ça va pas. Dit moi à quoi tu pensais. Lui demanda-t-il en se rapprochant.
-Non c'est juste que..Commença le bouclé, ravalant au mieux les nouvelles larmes qui venaient se nicher dans son regard bas. C'est..J'ai peur que tu ne veuilles plus de moi comme avant. Avoua-t-il, honteux, gêné et coupable comme le serait un enfant.
-Pourquoi est ce que je ne voudrai plus de toi? S'insurgea Louis.
Harry se mordit sa lèvres inférieur, détournant toujours plus le regard avant de soupirer ses mots.
-Parce que je suis gros, et que j'ai des marques qui ne partiront jamais. Dit-il, éclatant en sanglots au milieu de sa phrase.
Malgré sa nudité, le mécheux le tira dans ses bras pour le consoler au mieux. Il le berça, de longue minutes durant, attendant patiemment que ses pleurs cessent. Et quand ce fût le cas, il décala légèrement son cadet pour lui faire face. Un fin sourire rassurant aux lèvres, il effaça ses larmes avant de l'embrasser chastement.
-Je vais te montrer quelque chose. Murmura-t-il contre ses lèvres.
Et sans pré-avis, Louis retira le tee-shirt trop large de son cadet, bien vite suivit par son jogging et son caleçon, le laissant gêné, honteusement nu.
-Viens.
Aveuglement, il prit la main que son amant lui tendait et enjamba ses affaires pour le suivre jusqu'au miroir sur pied à leur opposé. Et sans rien dire, Louis se laissa tomber à genoux avant d'embrasser une des lignes pâle qui traversait le ventre du bouclé.
-J'aime cette marque. Souffla-t-il avant d'en embrasser une autre.
Et ainsi de suite, il embrassa chacune des marques qu'il pouvait trouver, soufflant après coup qu'il les aimait sous le regard embué de larmes du plus jeune qui gardait ses mains sur ses épaules.
-Je les aime toute. Susurra-t-il tout en caressant sa peau de pêche. Elles prouvent que tu es exceptionnel.
Levant le regard, il croisa celui inondé de larmes d'Harry qu'il embrassa amoureusement une fois debout.
-Je t'aime Louis.
-Je t'aime aussi. Murmura-t-il.
[...]
-Dit-le.
-Maman..
-Dit-le!
-Je suis Harry Styles.
-Tu es Harry Styles. Et un Styles réussit tout se qu'il entreprend.
-On est si pas parfait tu sais..
-Si. On l'est.
[...]
-Tu es parfait Harry. Tu le seras toujours à mes yeux.
__________
-Hazzy?!
-Oh pitié non..
Le cœur au bord des lèvres, Louis et Harry se retournèrent pour faire face à la sœur cadette de ce dernier. Elle accourrait, souriante vers son grand-frère qui ne savait que faire, que dire. Quand elle arriva à sa hauteur, il la serra aussi légèrement qu'il le pouvait dans ses bras avant de s'en détacher aussitôt.
-Qu'est ce que tu fais là? T'es pas à Londres? Demanda la jeune fille, sans même remarquer la gêne de son aîné.
Il ne savait que dire. Il était coincé et il le savait. Il savait que ça n'était qu'une question de minute avant qu'elle ne remarque son corps, et que sa curiosité l'emporte à lui demander ce que contenaient les sacs que lui et Louis avaient en main. Des affaires de bébés. Il avait fallut qu'Harry croise sa sœur ,un jour de cours, le seul où ils avaient finalement décider de faire du shopping-bébé.
-Enfin, c'est pas grave. S'exclama-t-elle, souriante. Je vais appeler maman pour lui dire que tu es en ville.
-Non!
Surprise par le ton de son frère, la jeune fille sursauta avant de le regarder, l'incompréhension au fond de ses yeux outre-mers.
-Pourquoi non? Tu ne veux pas la voir?
-Non. Je ne veux pas la voir.Je ne veux voir aucun de vous! S'exclama le bouclé sans mesurer le poids de ses mots qui heurtaient, dur comme la pierre, le cœur de sa jeune sœur.
-Bébé calme toi. Lui souffla Louis, exerçant une mince pression sur son épaule.
-Je veux m'asseoir. Lui répondit-il précipitamment, le souffle court à la seule vue de sa sœur face à lui.
Sans attendre, le mécheux poussa son amant jusqu'à un banc au milieu de la galerie marchande sous le regard de la jeune fille qui ne savait que dire, ne savait que faire. Elle ne comprenait rien.
Son souffle se coupa légèrement lorsque son frère s'assit avec l'aide du mécheux, et que son tee-shirt épousa les formes de son corps.
-Harry. Tu m'expliques.. Lança-t-elle d'une vois tremblante, pointant du doigt le ventre du bouclé.
-Non. Marmonna-t-il, sans même la regarder.
-Harry! S'emporta-t-elle.
-Tu ne devrais pas être en cours? Lui demanda-t-il, essayant en vain de se dépêtrer de cette conversation qu'il aurait voulu ne jamais avoir.
-Et toi, tu devrais pas être à la Fac? Lui répondit-elle d'un ton hautain, propice à tout les Styles. T'es censé être à Londres depuis presque quatre mois et j'te retrouve au centre commercial avec un gars sorti de je ne sais où!
-On ne s'est jamais croisé que tout les jours pendant quatre ans. Souffla Louis, plus pour lui que pour les autres, priant en silence pour que toute cette histoire ne finisse pas en scandale.
-Tu sais quoi. Lança Harry, se levant avec mal pour se poster face à sa sœur. Il en avait assez. Tu veux savoir la vérité? Lui demanda-t-il, l'intimidant un temps soit peu. La vérité c'est que ce gars sorti d'on ne sait où, comme tu dis, c'est mon petit-ami depuis plus de deux ans. Je suis gay. Avoua-t-il avec un sourire, arrachant une grimace à sa jeune sœur qui ne disait rien. Et ça. Continua-t-il, attrapant sa main pour la poser sur son ventre proéminent. C'est sept mois de grossesses avec des jumeaux.
Un frisson d'effroi parcourra l'échine de la jeune fille qui retira sa main aussitôt avant de lever le regard vers son frère qu'elle dévisageait comme si elle ne le reconnaissait plus. Elle ne reconnaissait plus cet être qui se tenait face à elle.
-Au revoir Hazzy. Souffla-t-elle, avant de simplement tourner les talons.
Elle pensait ne plus le reconnaître. Mais finalement, le connaissait-elle?
__________
-Harry ça va?
-Ouai.. C'est juste.. Alana a dût tout dire parce qu'apparemment mon père m'a coupé les vivres. Souffla-t-il, le regard braqué sur son écran d'ordinateur.
-T'es pas sérieux? S'offusqua Louis.
-Si. Mes comptes en banques sont à sec. Affirma le bouclé avant de refermer son ordinateur et de le poser à ses côtés sur le sofa.
-On va y arriver. S'exclama le mécheux en prenant place à ses côtés pour le tirer dans ses bras. J'ai un peu d'argent de côté, je peux trouver un travail à mi-temps et je suis sûre que ma mère pourra nous aider.
-Mais pour combien de temps? Demanda avec pessimisme le plus jeune. Elle ne pourra pas indéfiniment et je comptais prendre au moins un an pour m'occuper des jumeaux avant de penser à les placer en crèche ou quoi que ce soit.
-Hé. Calme toi. Lui susurra Louis en allant caresser son ventre rond. Tu peux accoucher à tout moment maintenant, alors évite de stresser inutilement.
-Je sais. Souffla Harry, joignant une de ses main à celle de son amant avant de réajuster la couverture sur ses jambes.
Ce dernier arrivait au terme de sa grossesse, plus angoissé que jamais. Et ce, même s'il savait qu'il ne devrait pas comme venait de lui rappeler son amant. Mais trop de questions lui venaient en tête. Est ce que l'accouchement allait être douloureux? Serait-il un bon père pour ses enfants, à tout juste dix-huit ans? Est ce qu'ils allaient s'en sortir maintenant que la moitié de leur revenus étaient partis en fumée? Trop de questions sans réponses qui ne demandaient qu'un tant soit peu de patience.
-Bébé tu penses trop. Souffla Louis, arrachant le plus jeune de ses dites pensées.
-Désolé. Marmonna-t-il, encrant ses prunelles de jades aux yeux azuréens du mécheux. Mais j'ai la trouille. Avoua-t-il.
-Tu ne devrais pas. Lui assura le plus vieux en le collant toujours plus contre lui. Tout va très bien se passer et dans quelques jours, on aura nos deux bébés dans les bras.
Le bouclé acquiesça avant de poser sa tête contre l'épaule de son amant, une nouvelle question en tête. A qui allaient-ils ressembler? Est ce qu'ils auraient ses cheveux bouclés ou ceux fins et lisses de Louis? Quel pigmentation pour leurs yeux? Quel sourire?
Un fin lui monta aux lèvres en imaginant deux petits garçons aux cheveux en batailles et aux yeux d'un bleu sournois et rieur courir en sa direction. Il imaginait leur rire et leurs genoux écorchés.
-Tu penses qu'ils ressembleront le plus à qui? Demanda-t-il alors soudainement, arrachant un fin sourire au plus vieux.
-Je ne sais pas. Souffla-t-il, encrant son regard dans les prunelles de jades que son amant venait de relever vers lui. Mais j'aimerai qu'ils aient tes yeux. Lança-t-il en caressant sa joue. Et tes fossettes. Continua-t-il avec un doux sourire avant d'enfouir une de ses mains dans ses boucles rebelles. Et tes beaux cheveux bouclés.
-Alors un, mes cheveux ne sont pas beau. Rectifia Harry en riant légèrement. Et ensuite, si on t'écoutait, ils auraient tout de moi, et rien de toi. Se plaignit-il, laissant rire le mécheux.
-Ils auront mon cul.
-Hors de question. S'exclama le bouclé. Ton cul est un motif de viol. Hors de question que mes bébés aient ton cul.
-Un motif de viol? Répéta Louis amusé, face à Harry plus sérieux que jamais.
-Exactement. Ton cul est trop..Palpable.
Un rire franc s'échappa de la gorge du mécheux avant qu'il ne dépose ses lèvres contre la mâchoire de son cadet.
-Tu es adorable. Susurra-t-il tout en frottant son nez contre sa peau.
Ils rirent lorsqu'un coup heurta la main de Louis posée au sommet de son ventre proéminent. Ils souriaient, s'aimaient sans mal. Et malgré toute leurs inquiétudes, au fond d'eux même, ils savaient qu'ils étaient prêts. Ils étaient prêts à devenir parents.
__________
Assit à son bureau, Collin Styles tenait entre ses mains un cadre photo. Il fixait l'image figée sur le papier glace à jamais. L'image de ce garçons de onze ans aux yeux verts pétillants de vie dont il avait oublié l'éclat. Ce sourire vivant qu'il ne voyait plus que dans ses souvenirs. Il regardait l'image de ce garçon disparu.
-Docteur Styles. S'exclama une infirmière en pénétrant le bureau. Votre fils vient d'être admis à l'hôpital.
-Quel fils? Demanda-t-il calmement, sachant d'ors et déjà où se trouvait son aîné.
-Harry.
-Ce n'est pas mon fils.
Sa voix grave et monotone glaça le sang de la jeune femme qui tourna simplement les talons, sans avoir obtenu ne serait-ce qu'un regard de la part de cet homme qui n'avait cessé de fixer le papier glace. De fixer ce visage qu'il avait renié. Son petit garçon était mort.
Harry Styles, n'était plus son fils.
__________
-Comment tu te sens Harry?
-Comme de la merde.
Jay offrit un sourire compatissant au plus jeune qui était à l'hôpital depuis presque cinq heures. A ses côtés, Louis caressait délicatement son bras sur toute sa longueur, son autre main prise au piège dans celle de son amant qui commençait à trouver le temps vraiment long.
-Le Docteur Dray est déjà passée? Demanda la matriarche en tendant un café à son fils qui la gratifia d'un sourire.
-Il y a une heure. Lui répondit-il.
-Tu es dilaté à combien? Surenchérit-elle, mais cette fois ci à l'intention du bouclé qui échappa un gémissement plaintif.
-Cinq. Souffla-t-il, dépité.
Et avant même que quiconque puisse prendre la parole, un grognement de douleur lui échappa alors qu'il se crispait sur lui même, assaillit par la douleur d'une nouvelle contraction. Louis à ses côtés serra sa main, l'incitant à faire de même, l'autre, enfouie dans ses boucles brunes et humides de sueur.
Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que la douleur s'évanouisse, et laisse le plus jeune se détendre au mieux, inconfortablement installé dans son lit d'hôpital. Et après plusieurs minutes à essayer de s'installer confortablement sans succès, il geignit, dépité.
-Lou', aide moi à me lever s'il te plaît.
-Tu veux un peu marcher?
Il ne répondit rien mais acquiesça simplement avant que Louis ne l'aide à se lever sous le regard emplit de fierté de sa mère qui observait son fils avec tout l'amour qui lui était donné d'avoir. Elle le regardait sans jamais que son sourire ne fane. Elle regardait le mécheux tenir fermement les mains du plus jeune qu'il guidait lentement dans la pièce. Elle voyait l'amour dans le regard qu'il posait sur son cadet, et son sourire, épanoui. Son fils n'avait beau avoir que dix-neuf ans, elle savait, elle était persuadée qu'il était assez mûre.
Il était prêt à être appelé papa, et à l'assumer.
__________
-C'est bien Harry. Continu de pousser pendant dix secondes.
A bout de souffle, à bout de force, le bouclé s'exécuta, laissant un cri rauque passer outre sa gorge irritée. Une de ses mains était coincée dans celle de Louis qui continuait encore et encore de lui murmurer des paroles rassurantes à l'oreille. Et l'autre, dans celle de la matriarche qui de temps à autre, allait essuyer son front baigné de sueur.
Épuisé, il se laissa tomber contre le matelas, le souffle court.
-Tu t'en sors bien bébé. Continu comme ça. Entendit-il Louis lui susurrer avant que la voix de la quadragénaire ne résonne jusqu'à lui.
-Même topo mon grand. Lança-t-elle. Pousse pendant dix seconde et la tête sera sortie.
Difficilement, Harry se redressa et sous l'assaut violent d'une contraction, serra les mains qui lui étaient données avant de pousser le bébé hors de son corps qu'il sentait étiré, tiraillé et déchiré de l'intérieur.
Les secondes qui passaient lui semblaient des heures, les heures une éternité. Sans relâche, il s'exécutait à chaque fois que la femme entre ses jambes lui criait de pousser. Une larme lui échappa, et une de ses main se délia pour se crisper sur son ventre. Et soudain, ses cris qui avaient emplit la pièce se turent pour en laisser résonner un autre, plus frêle, plus aiguë. Plus enfantin.
-Félicitation les garçons, c'est un petit garçon.
Un soupir de soulagement passa outre les lèvres d'Harry qui s'étaient étirées en un fin sourire fatigué. Douloureusement, il se redressa pendant que Louis qui avait lâché sa main, tendait maintenant la sienne, tremblant, pour couper le cordon ombilicale de son fils qu'il séparerait à jamais du bouclé vers qui il leva un regard embué de larmes. Des larmes de joie.
-Je veux le voir. Réclama le plus jeune, la voix cassée.
Et aussitôt, la quadragénaire s'avança vers lui, le sourire aux lèvres, son enfant dans les bras. Délicatement, elle lui posa sur le torse, et sans qu'il ne les contrôle, une cascade de larmes s'échappèrent de ses beaux yeux. Il alla caresser d'une main tremblante le bras de son petit-garçon qui ne pleurait désormais plus, et dormait, calmement contre lui. Son sourire ne fanait pas, jamais. Il sentait un trop plein d'oxygène dans ses poumons, un trop plein de bonheur dans ses veines. Un trop plein d'amour dans son cœur. Plus il restait là, à le regardait, et plus son amour pour ce bout de vie grandissait, s'amplifiait. Jamais, oh non jamais, il n'avait pensé éprouver un jour autant d'amour.
Mais bien trop vite, on lui retira. Alarmé, il leva la tête et suivit du regard l'infirmière qui s'en allait avec son fils. Et il réalisa pourquoi lorsqu'une contraction le frappa de plein fouet, lui arrachant une plainte de douleur.
-Ah, son jumeau est prêt on dirait. Lança le Docteur Dray en reprenant sa place entre les jambes du bouclé. C'est parti mon grand. Tu verras, le second bébé est toujours plus rapide. Le rassura-t-elle.
Il acquiesça, et s'exécuta une nouvelle fois quand elle lui dit de pousser, comme elle le faisait depuis des heures durant. Il poussait, serrait les mains qui lui étaient de nouveau données. Et à côté de lui, Louis le regardait avec un sourire qui ne le quittait plus. Un sourire serein, apaisé. Il se foutait d'avoir les os de la main broyés, parce que tout ça valait la peine. Il continuait inlassablement de regarder le garçon qu'il aimait et qui lui avait offert tout ce qu'il souhaitait pour leur avenir.
-La tête est passée. C'est bientôt fini Harry. L'informa le médecin.
-Je peux pas. J'y arrive plus. S'époumona-t-il à dire, le souffle court.
A ces mots, Louis piégea le visage de son cadet dans sa main, attirant son regard fatigué.
-J'en peux plus Lou'. Répéta-t-il, des sanglots dans la voix. Il était épuisé.
-Tu vas y arriver Haz'. Lui assura-t-il. Le plus dur est derrière toi. Et dans moins de temps que tu ne le penses, on les aura tout les deux dans les bras.
-Je suis fatigué.
-Tu peux y arriver. Je sais que tu peux. Lui susurra-t-il avant d'embrasser son front baigné de sueur. Tu es Harry Styles.
-Et un Styles réussit tout ce qu'il entreprend. Soupira-t-il, se rappelant de ces mots qu'il avait bien trop souvent entendu.
A bout de force, il se redressa et entrelaça ses doigts à ceux du mécheux qui serra fermement sa main sous le regard des deux femmes qui souriaient, et ne disaient rien, attendries.
-Tu es prêt Harry? Lui demanda le médecin.
Il acquiesça, se préparant pour sa prochaine contraction qui ne se fit pas attendre. De toute ses forces, il serra la mains de Louis qui continuait de lui murmurer qu'il était fier de lui. Jamais il ne s'était senti plus fier. Oh non, jamais.
-C'est bien. Continu comme ça pendant dix secondes. Cria la quadragénaire au bouclé qui avait maintenant le menton collé à son torse.
Il avait envie de hurler à tout rompre tant la douleur était déchirante. Il tentait de faire fit des larmes qui brouillaient et brûlaient sa vue. Tout ça en valait la peine, c'est ce qu'il se répétait en boucle. Encore et encore.
A bout de tout, il se laissa tomber contre le matelas, vidé alors que des cris aiguës et perçants arrivaient jusqu'à ses oreilles. Un sourire ne quittait pas les lèvres du médecin qui se releva, le nouveau né entre ses bras pour le présenter aux deux garçons.
-Dites bonjour à votre petite fille.
-Une petite fille? Demanda Harry, incapable de retenir plus longtemps ses pleurs.
La femme acquiesça, et après l'avoir embrasser avec fougue, Louis se détacha de son amant pour couper le second cordon. Délicatement, il prit sa fille qui n'avait cessé de pleurer dans ses bras.
-Fait bien attention à sa tête. L'informa sa mère, toujours aux côtés du bouclé qui ne le lâchait pas du regard.
Doucement, Louis porta le nouveau né contre son torse, et la berça, le sourire aux lèvres, les larmes aux yeux. Aussitôt, elle se calma, et heureux, il leva le regard vers sa mère, qui lui souriait, plus épanouie et fière que jamais.
-On va la laver et on vous la ramène avec son frère aussitôt. Les informa le Docteur Dray avant qu'une infirmière ne prenne le bébé des bras de Louis, le gratifiant d'un sourire.
-Je veux la voir d'abord. Intervint Harry, arrachant un fin sourire à la quadragénaire.
-Elle sera là dans une minute Harry. Lui assura-t-elle. Et il acquiesça, trop épuisé pour simplement songer à protester.
Sans qu'il ne se réalise réellement, son corps se fit plus léger et sa tête plus lourde. Ses paupières se fermèrent, et il eut tout juste le temps d'entendre Louis lui dire:
-Tu es parfait.
Qu'il s'endormit aussitôt, serein.
___________
Quand il se réveilla quelques heures plus tard, la première chose qu'Harry perçut furent les voix de Louis et sa mère. Doucement, il ouvrit les yeux pour découvrir sa chambre d'hôpital bercée de lumière, et aussitôt sa main se posa sur son ventre, beaucoup plus plat.
Le froissement des draps alerta le mécheux qui vira son regard pour l'encrer à celui de son amant. Et le sourire qui ne l'avait pas quitté, ne s'élargit que plus.
-Tu as bien dormi bébé? Lui demanda-t-il en avalant la distance jusqu'à lui.
-Ouai. Lui répondit-il, encore dans le coltard avant d'accepter le baiser échoué sur ses lèvres sèches.
-Je crois que quelqu'un ici voudrait te rencontrer Harry. S'immisça Jay, poussant l'œuf jusqu'à lui.
Un large sourire ornait son visage pendant que Jay lui plaçait sa petite fille endormie dans les bras. Il souriait, niaisement et détaillait tout ce qu'il avait sous le regard. Il regardait ce bout de vie qui quelques heures plus tôt faisait encore parti de lui. Et sans qu'il ne la voit venir, une larme roula su sa joue pâle. Une larme de joie.
-Elle te ressemble. Lança la matriarche, attirant brièvement le regard du bouclé qui le redisposa aussitôt sur sa fille.
-Elle a ton nez. S'exclama Louis, arrachant un léger rire à ses vis-à-vis.
-Comment vous allez les appeler? Demanda Jay, laissant les deux amants se lancer un regard entendu.
-Pour un garçon on avait pensé à Gabe ou Carter. Lança Harry, jetant un regard à son petit garçon profondément endormi.
-Et pour une fille?
-Destiny ou Hope. L'informa le mécheux.
-J'aime bien les deux ensemble. S'exclama le bouclé, le regard rivé sur sa fille.
-Destiny Hope? Lui demanda Louis. Et il acquiesça, lui arrachant un sourire. J'aime beaucoup.
Harry sourit largement avant de virer son regard vers son fils et son visage aux traits similaires à son amant. Une lueur d'amour passa dans son regard avant qu'il ne l'encre dans celui de Louis.
-Je trouve que Carter ça lui va bien.
-Et on est deux à le penser. S'exclama le plus vieux en riant légèrement.
-Donc nous avons Carter et Destiny Hope Styles? Demanda Jay, et Harry secoua la tête, un fin sourire aux lèvres.
-Tomlinson-Styles. Rectifia-t-il, arrachant un large sourire à son amant.
-Tu es parfait Harry.
-Non. Vous me rendez parfait. Rectifia-t-il. Et tu sais quoi? Souffla-t-il, réalisant l'évidence.
-Quoi?
-Maintenant je peux le dire. Commença-t-il avec un fin sourire. J'ai une famille parfaite.
___________
Tout était parfait.
Belle-mère parfaite, aimante et ouverte.
Petit-ami parfait, père de mes enfants et toujours à mes côtés.
Une fille adorable.
Un garçon qui l'était tout autant.
Tout était parfait. Et dans leur yeux, je l'étais aussi.
__________
@SevreenM est l'auteure de cet OS
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