May God Be With Us
-Je n'en veux pas.
-Qu'est ce que tu veux dire par: Je n'en veux pas?
-Je suis un garçon Louis! Un mec, avec un pénis comme toi. Donc non, je.n'en.veux.pas! Ça n'aurait jamais dût arriver!
Comment le faire changer d'avis? Comment lui faire comprendre quelle cruauté il s'apprête à commettre?
Harry et moi sommes en couple depuis bientôt plus de deux ans. On s'est rencontré à la Fac comme deux parfaits clichés. D'un côté le basketteur, beau gosse, convoité par toutes les filles. Et de l'autre, moi, un vulgaire pianiste toujours puceau.
A l'époque, jamais je n'aurai crût pouvoir tomber pour quelqu'un comme Harry Styles. A chaque fois que je le regardais, sur le terrain, dans la rue ou en amphi', je ne voyais que de l'arrogance. Je voyais tout ce que je n'étais pas. Sûr de lui, fier et droit. Tout nous opposait. Et pourtant.. Et pourtant un soir, tout nous a réunit.
Le jour où j'ai officiellement rencontré Harry, il pleuvait. Pire que ça, la tempête nous avait même empêcher de quitter la Fac. Et par un curieux jeu du Destin, on s'est tout les deux retrouvés dans la salle de musique, sans courant, sans lumières à part le mince feu qu'il avait fait avec son paquet d'allumette. Une lumière si pâle qu'elle assombrissait même la nuit, et ses yeux tellement pâles.
J'étais gêné quand il m'avait demandé si je jouais, mais je lui avais quand même dit oui. J'étais gêné quand il m'avait demander de jouer, mais je l'avais quand même fait. J'avais joué, en essayant d'ignorer son regard pesant dans mon dos. J'avais joué comme jamais je n'avais joué.
Et ce fût ce jour là, à ce moment même où je m'étais retourné pour le regarder, pour le voir.. Ce fût au moment même où je vis les larmes qui avaient baigné son regard à la lumière faiblarde des allumettes, que je compris qu'Harry n'était pas seulement un garçon sûr de lui, mais bien plus.
Cette nuit là, j'ai compris, j'ai apprit. Je l'ai entendu se confesser, comme au parloir. J'ai entendu sa misérable vie, son horrible solitude. Je l'ai entendu, et l'ai senti vibrer dans chaque parcelle de mon corps comme une mélodie d'horreur.
Cette nuit là, le Destin m'a donné une raison d'être, et d'exister. Et chaque jour que Dieu fasse, je m'affaire à cette tâche. Je tente de lui redonner goût à la vie. Cette vie qui lui a tout enlevé, sa famille, ses amis et ses espoirs. Cette chienne de vie, j'essaie chaque jour de la rendre moins misérable pour lui.
Mais voilà, alors que tout semblait finalement s'arranger, tout dégringole. Je demande rarement des choses à Harry. Quand c'est le cas, c'est que c'est sans importance. Mais il y a de ça trois mois, je lui ai demandé une faveur. Je me suis battu pour l'obtenir, pour avoir la permission de me perdre en lui, comme lui se perd en moi, depuis déjà deux ans. Et c'était..C'était parfait.. Jamais je ne me suis senti aussi bien ce soir là. Jamais il n'a été plus beau que cette fameuse nuit, haletant, et me suppliant du regard.
Et tout les rêves ont une fin. Le mien, le notre, a prit fin un mois après ce fameux soir. Harry se sentait mal, alternait les nuits blanches et les jours où il était trop fatigué pour même songer à se lever. Il vomissait tout ce qu'il mangeait. Le médecin a d'abord cru à une intoxication alimentaire, mais plus les jours passaient, plus j'angoissais. On est retourné voir le médecin, et il l'a traité pour une grippe intestinale. Mais là encore, il n'en était rien. Les médicaments ne l'aidaient pas, lui donnaient d'horrible brûlures d'estomac qui pouvaient parfois même le faire hurler de douleur. Je ne savais pas quoi faire. Le temps passait, les jours, les semaines défilaient, et lui n'allait pas mieux. Il refusait toujours d'aller à l'hôpital ou de consulter un autre médecin.
Mais hier soir, ça a été la goutte d'eau de trop. Harry tordu de douleur près des toilettes me suppliait de l'aider, de faire cesser la douleur, mais je n'ai rien pu faire. Je n'ai rien put faire d'autre que le prendre dans mes bras, le porter jusqu'à la voiture et le conduire de force à l'hôpital où l'on est encore.
Je n'ai rien pût faire d'autre que le regarder se décomposer, et insulter quiconque l'aurait entendu lorsque la vérité a éclaté. Lorsque sérieux en tout point, un autre médecin lui a simplement annoncé qu'il était enceinte, comme très peu d'hommes peuvent l'être.
En quelques secondes, il a détruit tout ce que j'avais réussit à reconstruire. En quelques secondes, il a brisé tout ses espoirs, et les miens avec. Mais..Je suis conscient de la vérité. Je suis conscient, pas comme Harry qui demande à qui veut bien l'entendre de le débarrasser de cette..Chose. Non, pas une chose, ce n'est pas ça. C'est notre bébé, mais comment lui faire comprendre? Comment lui faire comprendre que s'il va au bout de ses choix, il ne gâchera pas seulement sa vie, mais arrachera aussi celle de qui sera peut-être un jour la famille qu'il attend, et que je veux lui offrir.
Aujourd'hui, j'ai même l'impression que le Dieu veut la lui offrir. Mais que faire, quand tout ce qu'il sait faire, c'est dénigrer ce cadeau du ciel?
-Harry..Réfléchis-y s'il te plaît.. Prend le temps. Le suppliai-je presque. Mais c'est un regard emplit de haine que je reçois, et des mots, tranchants comme le verre.
-Ferme ta gueule Louis. Tout ça, c'est de ta faute.
Oui, de ma faute.. Il est dans cette position à cause d'un de mes stupides caprices. Mais comment aurais-je pût prévoir quelque chose comme ça? Un homme sur un million peut enfanter, et il fait parti de ces hommes. De ces hommes si spéciaux, si précieux. Ces hommes qui ont reçu un don du ciel.
Le silence s'installe entre nous, et bien trop vite à mon goût, le médecin revient dans la chambre. Harry ne se gêne pas pour effectuer sa demande. Pour lui dire de but en blanc qui veut se débarrasser du parasite. Mais suite à sa demande, l'homme en blouse le regarde comme s'il sortait d'un asile de fou. Il le regarde, le dévisage le temps d'une seconde avant de baisser le regard, et de briser des espoirs.
-Vous avez dépassé les douze semaines Harry. C'est impossible pour vous d'avorter.
-Quoi?! Non.. Non! Vous devez me débarrasser de ce truc! J'en veux pas! C'est clair?! J'en veux pas! Hurle-t-il. Mais rien ne change, et le médecin de fait que secouer la tête avec dépit.
-Je suis désolé.
-Non vous ne l'êtes pas. Crache Harry, les larmes, la rage au fond de ses yeux pâles. Et si vous refusez de m'en débarrasser, je le ferai moi même. Menace-t-il, m'alertant, et alertant l'homme face à nous qui s'enquit aussitôt:
-Ne tentez rien. Vous arriverez sans aucun doute à vos fins, mais vous aurez des séquelles.
-Je m'en fou.
Harry peut être têtu, mais j'ai soudain le sentiment que l'homme en blouse face à nous est peut-être pire que lui, lorsqu'il fronce les sourcils, et prend un air grave sans quitter Harry du regard.
-Vous savez que j'ai le droit, et même le devoir, de vous garder dans cet hôpital si je pense que vous risquez d'être un danger pour vous même? Le questionne-t-il, sans même lui laisser le temps de répondre. Je n'aimerai pas en arriver là, mais je le ferai. Soyez-en sûr.
Harry n'y répond rien, et les poings fermement clos, baisse le regard, les lèvres finement pincées. D'un rapide coup d'œil, je fais comprendre au médecin de le laisser, parce que je connais Harry, mieux que quiconque. Et quand il est comme ça, il n'hésite pas à frapper la première personne qui s'approche de lui. Je le sais pour en avoir déjà fait les frais au début de notre relation. Et je ferai plus cette erreur. Alors, sans qu'un mot ne soit dit, je me lève et contourne le lit avant de quitter la chambre.
Il a toutes les cartes en main. Mais saura-t-il les jouer?
~~~
Un mois a passé depuis que nous avons apprit la vérité. Et comme il l'avait menacé, Harry a essayé de se débarrasser du bébé par tout les moyens. La première fois, c'était le lendemain de sa sortie. J'étais parti travailler le matin, et en revenant le soir, je l'avais trouvé agenouillé devant les toilettes, ivre mort. Quelques jours plus tard, il avait remit ça, en se défonçant avec tout ce qui restait à la maison. Weed, coke et MDMA. Mais après un autre séjour à l'hôpital et un lavage d'estomac, le verdict était toujours le même. Le bébé vivait encore. Le Docteur Denis, celui qui lui avait déjà annoncé sa grossesse, a mit sa menace à exécution ce jour là. Il a gardé Harry à l'hôpital pendant plus d'une semaine. Une semaine où je me suis affairé à nettoyer la maison de fond en comble, à virer tout l'alcool que l'on avait jusqu'alors, les drogues, douces ou dures, et mêmes ses cigarettes. J'ai appelé, rejoins tout ses fournisseurs, en les suppliant de ne plus rien lui donner. Ils me connaissent, et sans me demander pourquoi, ont accepté ma demande pressante. Même si pour cela, ils ont dû renoncer à un de leur meilleur client.
Ça fait maintenant plus d'une semaine qu'Harry est rentré à la maison, et n'en est pas ressorti. Quand il n'est pas dans la chambre, il se défoule dans sa salle de sport. Ce faisait d'ailleurs plus de deux heures qu'il y était lorsqu'il se décide finalement à sortir. Sans m'adresser un mot ou un regard, il trace son chemin jusqu'à la cuisine où je le suis pour le voir s'affaler sur une chaise, en sueur, le souffle court.
-Ça va Harry?
-Non.. Souffle-t-il. J'ai la tête qui tourne..
-Tu devrais arrêter le sport. Répondis-je aussitôt tout en allant dans le frigo pour lui sortir de quoi boire et manger. Je suis toujours la tête dedans quand je l'entends faiblement ricaner.
-Et puis quoi encore..
Je n'y réponds rien, et ferme simplement la porte du frigo avant de lui poser sous le nez un soda et une tomate puisque c'est tout ce qu'il semble vouloir manger ces derniers temps. Il ne me regarde pas, ne me remercie pas. Il croque dans le fruit et m'ignore comme il sait si bien le faire. Ces derniers temps, j'ai l'impression d'être en colocation avec lui, pas d'être son petit-ami. Et je..Déteste. Je déteste ça.
-Je joue à l'Église ce soir. Tu viendras me voir? Lui demandai-je.
Il se crispe, le temps d'une seconde avant de m'ignorer de plus belle. Non, il ne viendra pas. Comme il n'est pas venu les fois précédentes. Comme il ne viendra jamais plus, lui qui croit que Dieu l'a abandonné. J'aimerai dire qu'il n'a jamais été plus présent..Mais c'est faux.. J'ai l'impression que tant qu'Harry n'aura pas accepté, mes prières ne seront plus jamais entendu. J'ai l'impression qu'il m'a fermé ses portes..
Quand arrive l'heure du concert, Harry est plongé dans ses draps. Et moi, je m'en vais. Je rejoins l'Église où je retrouve bon nombres de nos amis. Comme à chaque fois, ils me demandent pourquoi Harry n'est pas là, comment il va. Et comme à chaque fois, je leur réponds qu'il est simplement fatigué à cause de son entraînement. Je leur mens, sous le toit du seigneur qui doit me haïr pour mes mensonges.
Et tout le long du concert, je sens le regard de Jésus sur la Croix me transpercer. Les voix des choristes m'assourdissent, et les larmes me montent aux yeux. Jamais je ne suis sentie aussi mal dans la maison de Dieu que ce soir. Jamais je ne me suis senti aussi rejeté dans ma vie que ce soir. Si bien, qu'à peine le concert fini, je n'attends pas le sermon du Pasteur et quitte la grande salle.
Mais devant les grandes portes vitrées, je me fige, et perds mon souffle. Derrière mon reflet se dessine la silhouette d'Harry, perdu sous la pluie. Je n'attends pas, n'hésite pas pour ouvrir la porte et m'avancer sous le déluge pour le tirer à l'intérieur. Mais sur le point de franchir le seuil, il s'arrête net, et me laisse voir son visage ravagé par les larmes, grimaçant de douleur.
-Harry-
-Je..Je peux pas entrer. Me coupe-t-il. J'ai pas le droit..
-Quoi? Mais bien sûr que si! M'exclamai-je en allant prendre son visage à deux mains. Tu as autant le droit d'être là que n'importe qui ici.
Mais il déni, secoue fortement la tête et envoi valser mes mains avant de lever les yeux vers le ciel assombrit de nuages.
-Dieu ne n'aime plus..
Je vais pour le contredire, prendre la parole, mais quelqu'un le fait avant moi, nous paralyse.
-Ce sont des mots assez dur.
D'un même mouvement, on se retourne pour faire face au Pasteur. Il nous regarde, grave, avant d'amorcer quelques pas vers nous.
-Entre Harry. Tu vas tomber malade.
S'il y a bien quelqu'un à qui Harry ne peut pas dire non, c'est au Pasteur Davis. Pour la simple et bonne raison, qu'à part moi, il a été le seul qui a prit soin de lui. Il l'a habillé, nourrit et logé. Aussi, ça ne m'étonne pas quand tête basse, Harry fait ce qu'il lui demande, et fait un pas à l'intérieur, pour s'abriter de la pluie.
-Bien. On va aller dans mon bureau pour discuter au calme.
Discuter? Mais de quoi pourrions-nous discuter? Jamais Harry n'osera lui dire la vérité. Et jamais je ne le ferai pour lui. Il me détesterait si je le faisais..
-Non..Lui dit Harry contre toute attente, sans pour autant lever le regard vers lui. Je..Je suis fatigué. Je..Je voudrai rentrer à la maison..
Sa voix se meurt sur un murmure, une plainte inaudible. Et après avoir saluer brièvement le Pasteur, je pars avec Harry jusqu'à ma voiture où je l'aide à entrer avant d'en faire le tour. Mais à peine ai-je fermé la portière qu'il éclate en sanglot, pose les pieds sur le siège et se recroqueville sur lui même, sous mon regard démuni.
-Harry? Qu'est ce qui va pas? M'enquis-je, paniqué. Mais il ne sanglote que plus fort, et me déchire le cœur de ses larmes abondantes.
-Je..J'ai peur.. S'époumone-t-il à dire. Je meurs de peur Louis..
-T'as pas à avoir peur. Je suis là, et je vais t'aider à traverser tout ça. Tentait-je de le rassurer, mais rien n'y fait.
Alors sans le brusquer, j'allonge les sièges, et me rapproche de lui pour le prendre dans mes bras. Pour une fois, il se laisse faire, et vient blottir son visage dans cou qu'il inonde de ses larmes incessantes. Il me laisse le consoler, et prendre soin de lui, comme il a trop longtemps prit soin de moi. Tout le monde à le droit de baisser les bras, et ce soir, c'est son tour.
~~~
Le temps passe, et comme le temps, l'humeur d'Harry reste incertaine d'un jour à l'autre. Il peut très bien me dire qu'il m'aime le matin, m'envoyer au diable le midi, et me pleurer dans les bras le soir. Je ne sais pas s'il a finalement accepté sa grossesse, on en parle pas. Mais je ne peux pas nier le fait de l'avoir vu quelques fois caresser son ventre distraitement. A chaque fois que je le vois torse nu, je ne peux me retenir de sourire quand je regarde son ventre qui a commencé à légèrement s'arrondir. C'est discret, et je sais qu'il fait tout pour ignorer son corps qui change. Mais bientôt, il ne pourra plus.
Il déni avoir des envies bizarres, même lorsque je le prends la main dans le sac à manger des trucs ignobles comme des cornichons et du chocolat noir..Ensemble! Il fait tout pour ignorer l'évidence, me met sur le dos toutes ses sautes d'humeurs et sa fatigue. Il continu de me reprocher sa situation, même si presque toutes les nuits, je me donne à lui.
La semaine prochaine aura lieu sa troisième échographie, on devrait pouvoir connaître le sexe de notre bébé, et il s'en fou. Je sais que comme les fois précédentes, il va détourner le regard, et attendre que le temps passe. Et je sais que comme les fois précédentes, je vais détester ça.
-Louis!
Sa voix criarde et larmoyante envoi une décharge de panique dans mon corps. Et plus vite qu'il ne le faut pour le dire, je me lève et traverse l'appartement jusqu'à notre chambre. Là, je le trouve debout au milieu de la pièce. Il pleure, habillé d'un simple jeans face au miroir de notre armoire.
-Harry, tu vas bien? Tu as mal quelque part? M'enquis-je en allant prendre son visage à deux mains. Mais il secoue la tête, déni avant de renifler bruyamment, ses grands yeux verts voilés de larmes.
-Je..Mon jeans.. S'époumone-t-il à dire.
Et baissant le regard, je découvre sa braguette, le bouton ouverts. Sans un mot, j'attrape chaque pans de son jeans et essai de les rapprocher, mais rien y fait. Le bouton n'atteint jamais l'encoche, et je soupire.
-On savait que ça allait arriver. Lui dis-je calmement. Si tu veux, on peut aller faire du shopping aujourd'hui. T'en dis quoi?
-Non. Sanglote-t-il. J'en ai marre. Je..Je suis difforme. Et le bébé..J'veux pas de bébé.. J'en ai marre.
Et je ne dis rien. Je lui prends la main, l'attire sur le matelas, le prends dans mes bras. Mais je ne dis rien. A quoi ça mènerait, à part à une autre dispute? Je n'en veux plus. J'aimerai pouvoir lui parler, sans qu'il ne s'énerve. Lui parler, et qu'il comprenne mes paroles. J'aimerai qu'il comprenne mes envies.
J'aimerai lui dire qu'il n'est pas difforme, qu'il est magnifique. Lui dire, que ce ventre qui s'arrondit toujours plus, ne le rend que plus beau, exceptionnel à mon regard. J'aimerai lui dire qu'il finira par aimé cet être qui prend vie en lui, que j'en suis sûr. Oui, je suis sûr qu'il l'aimera. Mais à quoi bon lui dire tout ça, si lui, n'écoute pas?
~~~
Comme prévu, une semaine plus tard, on se retrouve en salle d'examen à l'hôpital. Comme à chaque fois, Harry refuse de s'allonger avant qu'il n'y soit obligé, et reste assis sur la table d'auscultation, les pieds ballant dans le vide.
Je suis finalement allé faire du shopping seul, et lui ai acheté quelques paires de jogging puisqu'il ne porte pratiquement que ça. Quelques tee-shirts et pull plus larges aussi. Enfin, de quoi lui faire péter une crise de nerfs quand je suis rentré et qu'il a découvert ses nouveaux vêtements qu'il a considérer de tentes. Mais ils ne seront plus aussi larges d'ici peu. Je le sais, et même s'il refuse de l'avouer, lui aussi le sait.
-Bonjour les garçons. Comment allez-vous aujourd'hui?
Quand il entre, je gratifie le médecin d'un sourire avant de virer mon regard vers Harry, qui lui, garde le sien bas.
-Harry, comment vas-tu?
-Je vais bien. Marmonne-t-il, d'une voix à peine audible.
Et comme les fois précédentes, il s'allonge finalement lorsque le Docteur Denis émet une légère pression sur son épaule. Je peux voir ses mains trembler lorsqu'à la demande de ce dernier, Harry relève son haut, dévoile sa peau de pêche tendue, son ventre légèrement enflé. Là, où sous la surface grandit un être vivant. Si seulement Harry pouvait le voir au moins comme ça.. Au moins, comme un être vivant. Mais non, comme à chaque fois, il détourne le regard. Il détourne le regard comme pendant une prise de sang, ou un examen désagréable. Il détourne le regard comme s'il avait honte, et comme toujours, il ne voit rien. Il ne le voit pas, ce petit être. Il ne voit pas ses bras, ni ses jambes. Il ne voit pas sa tête, son corps frêle sur l'écran.
-Vous voulez connaître le sexe?
Harry ne dit rien, et moi, je hoche vivement la tête, arrache un sourire au médecin qui vérifie à deux fois avant de m'annoncer de but en blanc:
-Félicitation, vous allez avoir une petite fille.
Une fille.. On va avoir une fille. Je l'imagine déjà avec de grands yeux verts. J'imagine la malice, la provocation dans son regard caché par des boucles folles et en pagailles. De belles boucles brunes, illuminées par l'éclat du soleil. Je l'imagine, je l'entends rire.. Ma petite fille.
-Harry, tu ne veux toujours pas regarder?
-Non.
Si sa réponse désole le Docteur Denis, elle me serre aussi toujours plus le cœur. Et déterminé, Harry nous ignore, garde la tête tournée. Il attend que l'échographe soit éteint pour m'accorder son attention. Sans un mot, il essuie le gel qui recouvre son bas ventre, et rabat son tee-shirt avant de se lever d'un bond.
Et comme à chaque fois, après de brèves politesses auxquelles il ne participe pas, il attrape ma main et me tire vers la sortie. Il ne s'arrête pas, jusqu'à ce que l'on soit à la voiture, et qu'il se laisse tomber sur le siège passager en soupirant. C'est triste, mais c'est ainsi.
~~~
Je ne savais pas quoi faire lorsqu'il s'est présenté à notre porte. Je ne savais pas quoi dire. Et quand il est entré, j'ai sût qu'Harry m'en voudrait. Je savais qu'il refuserait de le voir, de lui parler, et encore moins lui dire la vérité. Et nous voilà, tous silencieux. Nous voilà, oppressés par le poids des mensonges. Oui, nous voilà, à nu sous le regard de Dieu.
-J'aimerai comprendre ce qu'il se passe ici, les garçons.
-Tout va bien Pasteur, je vous l'assure.
Mais non, tout ne va pas bien. Je le sais, et lui aussi malheureusement, le sait. Il sait quand je mens. Mais il sait aussi, que je ne ferai jamais rien contre Harry, et c'est sans doute pour cela, qu'il se tourne vers lui, avant de réitérer sa requête.
-Qu'est ce qu'il se passe ici?
Mais Harry ne dit rien, il reste tête basse, comme un enfant attend sa punition. Comme un gosse, face à son père. C'est ce qu'il est pour lui, depuis tellement longtemps. Depuis que le Pasteur a recueillit sous son toit le gamin perdu qu'il était à l'époque. Le gamin des rues, fils de prostituée, malmené par tout ceux qu'il a croisé. Ce gosse, qui a mit toute sa foi en Jésus, et qui aujourd'hui encore, pense ne pas être digne de lui. Harry est toujours ce gosse, perdu, effrayé par le monde qui l'entoure. Il est toujours ce gamin en larmes, qui ne demande que son salut.
-Je suis désolé..
Ses mots me surprennent, me désolent. Mais je ne dis rien. Je me contente de rester assis à ses côtés, le regarder du coin de l'œil s'effondrer.
-Harry..
J'ai mal, lorsque le Pasteur se lève, et qu'Harry lui, sursaute, se recroqueville sur lui même. Il tremble de peur lorsqu'il dépose ses mains sur ses genoux fébriles.
-Harry, regarde moi. Je t'ai recueillit, aimé comme mon propre fils. J'ai accepté vos écarts à toi et Louis. J'ai prié pour vous quand vous êtes venu me dire que vous vous aimiez, et ce, malgré toute mes convictions. Tu sais que tu peux tout me dire.
Il secoue la tête, fuit toujours plus le regard de celui qui l'aime comme un père. Et finalement, craque. Il éclate en sanglots, se tire les cheveux par poignées. Et encore et encore, il psalmodie les mêmes mots.
-Je suis désolé. Je suis désolé..
Encore et toujours, il demande son pardon.
Après avoir essayé de le calmer en vain, j'ai laissé Harry pleurer dans mes bras jusqu'à l'épuisement. Je l'ai laissé pleurer, hurler et s'étouffer au travers de son désespoir. Et maintenant, maintenant qu'il dort paisiblement sur le sofa, je me retrouve seul à seul avec le Pasteur Davis qui ne le quitte pas du regard, les mains croisées, comme en prière.
Au bout d'un temps, il soupire, et ferme les yeux. Il les ferme, pour les rouvrir sur moi, et ne plus me lâcher du regard.
-Louis, je veux savoir ce qu'il se passe. Dit-il, brisant le silence. Dit le moi.
-Je..Je ne peux pas. Harry ne me pardonnerait jamais.
-Louis..
Je n'ose plus faire un geste lorsque sa main se pose sur la mienne, lorsque mon regard capte la détresse, le désarroi dan ses yeux. Et je réalise bien vite que je n'ai pas un homme de foi face à moi, mais un père. Juste un père qui a peur pour son enfant. Juste un père, qui me supplie pour la vérité.
-Louis je.. J'ai peur, j'ai très peur.. Reprend-il, la voix éraillée par la peine. Elle me prend au cœur. La dernière fois que je l'ai vu dans un état pareil.. La dernière fois que je l'ai vu s'excuser à en perdre la raison.. C'était quelques semaines après que je l'ai recueillit.. Il était déjà si fragile..
J'ai toujours été un homme solitaire, sans femme, sans enfant. Je n'avais foi qu'en Jésus. J'étais encore un tout jeune Pasteur lorsque j'ai été envoyé en mission à Philadelphie, je ne savais pas à quoi m'attendre. Je ne savais rien, de la misère que j'ai rencontré là-bas. Et je me demandais sans cesse, comment Jésus peut-il laisser quelque chose d'aussi..Horrible, arriver à certaines personnes?
J'ai croisé des familles sans foyers, sans espoirs. Des adolescents qui avait préféré porter leur foi dans la drogue plutôt que la Bible. Et je l'ai croisé. Harry. Il n'avait que sept ans à l'époque. Lorsque je l'ai vu, j'ai comprit ce que je faisais là-bas. J'ai comprit que c'était lui, ma mission. Ce gamin que j'avais croisé sous un arche sordide et humide à la tombée de la nuit. Ce gamin, sale, qui tremblait de tout son corps, et m'avait supplié de l'aider à se cacher, c'était lui. Au loin, on entendait déjà la voix forte d'un homme hurler ''Montre-toi. Montre-toi toi, ou ça sera encore pire!'' Il s'est mit à pleurer. Il s'est mit à pleurer tellement fort, que je l'ai emporté avec moi. Je l'ai prit dans mes bras, et j'ai couru jusqu'à mon hôtel.
Le lendemain, je rentrai chez moi, Harry à mes côtés. Il ne parlait presque pas, restait parfois des heures durant sans bouger un cil. Bien vite, il s'est mit à prier avec moi. Plus les jours passaient, plus il priait. Tout semblait aller pour le mieux. Il mangeait, avait reprit des couleurs et quelques kilos. Je l'avais même surprit à sourire deux ou trois fois.
Mais un jour, en rentrant de la messe du soir, je n'ai pas trouvé Harry dans son lit comme les autres soirs. Après l'avoir cherché dans toutes les pièces de la maison, je l'avais finalement trouvé dans mon grenier, caché au milieu de vieilles boîtes rongées par l'humidité. Lorsque je l'ai appelé, il a commencé à pleurer, à demander pardon. A chacun de mes pas, ses pleures s'intensifiaient. Ses sanglots déchiraient le silence, et mon cœur. Et je ne pus que serrer son corps frêle dans mes bras. Je ne pus qu'écouter les plaintes amères et déchirantes d'un gamin de sept ans. De ce pauvre gamin, qui ne cessait de demander pardon. ''Pardon..Je suis désolé..Maman ne voulait pas que je vive..Et Jésus non plus..Jésus ne m'aime pas..Pardon..Vous aimez Jésus, et il vous aime aussi..Il ne vous aimera plus si vous restez avec moi..Pardon..Je vous demande pardon..'' Ce pauvre gamin, qui demandait pardon pour sa vie. ''Je suis désolé..''
-J'ai l'impression d'avoir le même gosse sous les yeux.
Je reste sans voix suite à son histoire. Cette histoire dont j'avais entendu parler, mais que jusqu'à aujourd'hui, ne connaissais pas. Je me surprends à pleurer, lorsque j'esquisse un mouvement, et que l'air balayant mon visage, me laisse découvrir les larmes qui l'ont inondé, et que j'efface bien vite d'un revers de manche. Mais je dois l'avouer, l'accepter..Le gosse qu'il décrit, qu'il a ramassé sous cet arche, il est toujours là. Il n'a jamais cessé d'exister malgré la carapace qu'il a dressé autour de lui. Ce gamin perdu a qui le Pasteur, comme moi même, essayons en vain de lui montrer le bon chemin.
-Je..Je vais tout vous dire. Soufflai-je, à bout. Mais je vous demande de ne surtout pas, en parler avec Harry.
-Pourquoi ça? S'offusque-t-il.
-Ne lui en parlez pas. S'il vous plaît. Il m'enverra au Diable s'il apprend que je vous en ai parlé.
-Très bien, je ne dirai rien.
-Jurez-le moi.
Ma demande l'offusque, il va pour protester, mais se reprend aussitôt, avant de soupirer.
-Je le jure devant Dieu. Je n'en parlerai pas.
Mon Père, il est l'heure d'écouter ma confession.
~~~
Un mois. Un mois, c'est le temps qui sépare ma confession d'aujourd'hui. Après avoir entendu la vérité, le Pasteur est resté silencieux pendant quelques instants. Quelques minutes, lourdes, oppressantes. Mais finalement, comme moi, il en a conclut que tout cela doit être un cadeau de Dieu. Tout ce que Harry a toujours souhaité, dans un seul et unique être. De l'amour, une famille. Il a tout ça en lui, il en veut, et pourtant, ne l'accepte pas.
Aujourd'hui, Harry ne sort plus jamais de l'appartement. Il passe son temps dans notre chambre, ou sa salle de sport qui n'en sera bientôt plus une. Il y reste parfois des heures enfermées, sans pour autant s'entraîner. Il pleure, m'interdit de l'approcher lorsqu'il est dans cette pièce. Il ne prend même plus ses repas avec moi, par peur que je me moque de lui. On ne fait plus l'amour, parce qu'il a honte de son corps. Plus rien ne va, ni pour lui, ni pour notre couple. Et pourtant, Dieu sait comme je l'aime. Je pourrai tout donner pour lui, tout abandonner. Je donnerai tout pour le revoir sourire, juste une seule fois. Mais non, il ne sourit plus, et ses beaux yeux pétillants, provocants, ne sont plus que ternes dorénavant. Comme si plus rien ne l'habitait.
-Lou'..
Je me tords presque le cou tellement je me tourne rapidement lorsque sa voix pleurnicharde arrive jusqu'à moi. Et je le vois, debout à l'entrée du couloir. Les larmes dans ses yeux pâles ne me surprennent plus, mais sa main.. Sa main tremblante qui est maladroitement posée sur son ventre bombée, elle m'interpelle, m'inquiète. Et plus vite que de raison, je suis déjà debout face à lui.
-Qu'est ce qu'il t'arrive? Tu as mal quelque part? Paniquai-je, mais il secoue la tête. Ses yeux s'agitent, il semble se perdre dans ses propres paroles, ses propres pensées.
-Non..Je..Je sais pas..Je sais pas ce qu'il se passe..Je..C'est bizarre..
-Harry, explique moi clairement. Je peux pas t'aider, sans ça.
Il secoue la tête, se mord les lèvres, mais ne dit rien. Il ne dit rien, panique à vue d'œil avant d'attraper sans douceur mon poignet dans sa main.
-Harry?
Il ne dit rien, ne fait rien. Sa pression sur mon poignet commence à être douloureuse, pourtant je ne me retire pas. J'attends, qu'il ouvre les yeux, face un geste quelconque. J'attends, je le vois tremble de tout son corps, je vois les larmes dévaler son visage meurtrit par leurs prédécesseures. Et finalement, il fait un geste. Un unique mouvement auquel je ne m'attendais pas. Une action, qui me brise, et me réchauffe le cœur à la fois.
Je n'ose même plus respirer pendant qu'il maintient ma main sur son corps. Ce corps que je ne vois jamais plus, que je ne sens plus. Je reste, immobile, incapable de faire un mouvement jusqu'à ce que quelque chose heurte ma main. C'est léger, presque imperceptible, et pourtant, je le sens. Je le sens, et me mets à sourire comme un idiot avant de lever le regard vers Harry qui ose à peine me regarder.
-Tu sais ce que c'est? Lui demandai-je, la gorge serrée par l'excitation du moment. Et lui, comme un enfant, secoue la tête. C'est le bébé. Le bébé donne des coups Harry.
Son regard s'écarquille, il ouvre la bouche, mais ne dit rien. Il ne dit rien, baisse les yeux sur son corps, sur ma main qu'il ne lâche pas, et la sienne, que je vois maladroitement, timidement caresser son ventre.
-Mais..Mais si ça-
-Pas ça. Le coupai-je, attirant son attention, son regard. Elle. C'est notre fille Harry.
Mes mots lui arrache de nouvelles larmes. Pourtant, il ne bouge pas. Il ne bouge pas, et moi, je vais lier nos mains sur son corps. Je le serre contre moi d'un bras, et le laisse inonder mon cou de larmes.
-C'est notre fille Harry.. Soufflai-je à nouveau. Comment tu te sens quand tu la sens vivre en toi?
Ma question lui arrache son premier sanglot. Sans violence, il se décale, colle son front au mien, et me laisse voir son visage. Ses grands yeux, et son visage poupin.
-Bien..Je..Je me sens bien..
Que c'est bon, d'entendre de si douces paroles.
~~~
On entend tous parler de ces fameux déclics, sans jamais les vivre. Mais j'en ai eut la preuve. Tout les jours depuis deux semaines, j'ai la preuve que les déclics existent. Le fait qu'Harry puisse sentir le bébé, ça l'a changé. Il n'est toujours pas à l'aise ou confiant, mais il est bien. Il va bien, et c'est pour ça que maintenant, je peux me permettre de lui apporter son petit-déjeuner au lit. Je peux me permettre, de le regarder dormir, comme un abruti heureux. Il a toujours eut l'air tellement innocent lorsqu'il est endormi, toujours plus maintenant. Et je ne pourrai jamais me lasser de ce spectacle.
Jamais je ne pourrai me lasser de voir ses grands yeux papillonner lorsqu'il s'éveille, ni d'entendre sa voix rauque appeler mon nom.
-Lou'..
Avec délicatesse, je dépose un bref baiser sur ses lèvres qui aussitôt, s'étirent en un sourire las, fatigué.
-Bien dormi? Lui demandai-je à vois basse pour ne pas brusquer son réveil, et c'est en fermant les yeux qu'il acquiesce, avant de venir se blottir contre moi.
-Pas assez.. Marmonne-t-il, m'arrachant un fin sourire.
Et sans le brusquer, je laisse glisser ma main sous les couvertures, sous son tee-shirt pour caresser sa peau de pêche meurtrie de l'intérieur.
-Plutôt active? Lui demandai-je amusé. Et c'est avec un sarcasme non dissimulé qu'il me répond:
-D'après toi.
Je ris légèrement avant d'écraser un baiser sur sa tempe. Dieu que c'est bon de le sentir si proche, et être sûr qu'il ne partira pas. J'aimerai rester ainsi jusqu'à la fin des temps. Sentir son corps bouillant de chaleur se coller toujours plus au mien, et ses doigts qui s'entrelacent aux miens sur sa peau. Sentir notre bébé taper contre nos mains liées, contre mon cœur. J'aimerai figer cet instant dans le temps, et en jouir à jamais.
-Tu sais..Même si je te le dis pas souvent..Je t'aime Lou'.
Je vis pour ces moments. Ces moments où ses yeux ne regardent que moi, où son cœur ne bat que pour moi. Doucement, j'attrape son menton, relève son visage et dépose mes lèvres sur les siennes. On échange un baiser doux, amoureux. Un baiser où se mêle l'unique larme que j'échappe. Une larme de bonheur, qui se perd entre nous.
-Moi aussi je t'aime Harry. Plus que tout..
Et je compte bien lui prouver, chaque jour que Dieu fasse.
~~~
-Harry? Bébé t'es prêt?
Aujourd'hui, Harry va passer son avant dernière échographie, peut-être même sa dernière avec de la chance. C'est la première fois qu'on retourne voir le médecin depuis que le bébé a commencé à bouger. Ou tout du moins, depuis que Harry peut le sentir, et je sens que cette fois, sera différente.
Tout du moins, elle le sera quand il se décidera à sortir de la chambre. D'un pas rapide, j'avale la distance, et ouvre la porte pour le découvrir toujours allongé, au milieu du lit.
-Harry, qu'est ce que tu fais? On va être en retard. M'enquis-je en allant m'asseoir face à lui sur le lit.
Je lui relève le visage, pour le découvrir immaculé de larmes. Et retenant au mieux une moue, il hausse les épaules avant de légèrement renifler.
-J'arrive pas à me lever.. Marmonne-t-il d'un ton à peine perceptible.
Et même si je ne devrai pas le penser, je ne peux m'empêcher de le trouver adorable.
-Tu aurais dût m'appeler.
-Non. Proteste-t-il. Je..J'ai pas envie d'être un assisté..
-Harry. Soufflai-je. Ton ventre fait bientôt la taille d'un ballon de basket-ball. T'as besoin d'aide, et t'as pas à en avoir honte.
Il soupire, acquiesce même si je sais pertinemment qu'il ne me demandera pas mon aide pour autant. Il est beaucoup trop fier pour ça, même dans sa situation.
Sans le brusquer, j'embrasse ses lèvres avant d'attraper ses mains pour l'aider à s'extirper du lit. Et sans qu'il ne me le demande, je l'aide à passer son jogging, ses chaussettes et ses baskets. Si avant il pouvait toucher ses pieds sans problème, ce n'est plus vraiment le cas.
Quand il est finalement prêt, on s'en va pour l'hôpital. On parle de tout et de rien pendant le trajet, mais surtout pas de lui, du bébé ou quoi que ce soit qui pourrait l'énerver ou le faire pleurer. Foutues hormones..Arrivé à ce stade, elles sont plus présentes que jamais.
Une fois sur place, et même s'il ne dénierait, Harry me tire presque jusqu'à la salle d'examen. Ce qui est assez comique en soit, vu les difficultés qu'il a à marcher ces derniers temps. J'ai l'impression d'avoir sous les yeux un pingouin entrain de tenter un marathon.
-Harry, ralenti. Tu vas pas rater ton rendez-vous.
-Je ne cours pas. Se défend-il aussitôt, m'arrachant un sourire amusé.
-A peine.
Il me fusille du regard, mais ne me répond rien. Une fois sur place, une infirmière nous prend en charge. Elle nous conduit dans une salle d'examen, et tend pour la première fois une blouse à Harry, qui lorgne bien quelque seconde, tout en tenant le bout de tissu à bout de bras.
-Vous devez l'enfiler.
-Pourquoi faire?
-Ordre du médecin. Explique-t-elle en souriant. Je ne fais qu'exécuter.
Sans un mot de plus, elle s'en va. Et une fois que l'on est seul, Harry jure avant de retirer son pull, hors de lui. Ça faisait longtemps tiens..
-Louis, viens m'aider. Me cri-t-il presque.
Mais je ne proteste pas, et vais boutonner la blouse dans son dos en essayant de faire fi de la tension présente dans ses muscles à chaque fois que je l'effleure.
-Calme toi Harry. C'est juste une blouse. Soufflai-je, lui arrachant un soupir lourd de sens.
-Je me sens ridicule. Marmonne-t-il en retour avant de me faire face.
Et sans me forcer, je lui adresse un fin sourire qu'il me rend à peine, avant d'aller s'asseoir sur le lit comme à chaque fois.
Une minute n'a pas passé que le Docteur Denis passe la porte, et nous adresse à tout deux un large sourire.
-Bonjour les garçons. Comment allez-vous?
Comme à chaque fois, il regarde Harry. Et pour la première fois, ce dernier le regarde lorsqu'il lui répond.
-Bien.
-Vraiment? C'est parfait alors. Allonge-toi s'il te plaît.
Sans envie, Harry s'exécute, et j'en profite pour aller me poser près de sa tête. Il ne dit rien, ne regarde rien ni personne, mais je sais qu'il angoisse. Toujours plus lorsque le médecin couvre ses jambes d'un drap avant de relever sa blouse jusqu'à son torse. Sa respiration s'accélère, se coupe presque lorsqu'il pose les mains sur son ventre, et presse, appui sans douceur à certains endroits, arrachant quelques gémissements plaintifs à Harry.
-Qu'est ce que vous faites? M'enquis-je, légèrement inquiet.
-Ne vous inquiétez pas. Ce n'est qu'un examen de routine. Nous rassure-t-il avant d'encrer son regard à Harry. Arrivé à ce stade de ta grossesse, tu peux accoucher à tout moment, je vérifie juste la position du bébé.
-Et vous pouvez pas le faire avec l'échomachintruc plutôt que me palper?! Crache en retour Harry. Si bien que le Docteur Denis prend du recule avant de lui répondre.
-On va faire l'échographie maintenant. Marmonne-t-il presque.
Harry 1-0 Docteur Denis.
Je retiens au mieux mon amusement face à l'agacement d'Harry, et la frayeur qui émane du médecin entrain d'allumer l'échographe. Ou l'échomachintruc comme l'a si bien appelé Harry. Harry qui pour la première fois, ne quitte pas l'écran du regard. Il ne calcule rien ni personne, et attend juste.
-Prêt?
Il ne dit rien, hoche simplement la tête, m'arrachant un léger sourire que je partage avec le vieil homme qui me regarde discrètement, amusé à son tour. Je n'hésite pas et prend entre les miennes, la main d'Harry lorsqu'il lui étale du gel sur le ventre. Je sens chacune de ses respirations hésitantes, presse un peu plus sa main à chaque fois. Si c'est habituel maintenant pour moi, ça ne l'est pas pour lui. Lui qui a toujours subit ça comme une sorte de torture, accepte aujourd'hui les choses. Et, il a du mal, comme n'importe qui l'aurait eut.
Sa main serre la mienne, me brie presque les os lorsque des images s'affiche à l'écran. L'image de notre bébé, qu'il voit pour la première fois. Je ne peux retenir un sourire, mais mon attention est bien vite détourné lorsqu'un sanglot arrive à mes oreilles.
Et je découvre Harry, en larmes, le regard toujours posé sur l'écran.
-Bébé, pourquoi tu pleures? Lui demandai-je doucement. Mais il hausse simplement les épaules avant d'expirer lourdement.
-J'en sais rien.. Je.. Soupir. Je crois..Je crois que je suis heureux..
Oui..Moi aussi. Moi aussi, je crois que je le suis. Plus que jamais.
~~~
-Lou'..Je suis pas sûr que ça soit une bonne idée..
-Tu dois accoucher dans deux semaines. Il est temps de lui dire.
Que le Pasteur entende la vérité de sa bouche cette fois. Et qu'Harry comprenne enfin, qu'il ne le rejettera pas. Au moins une fois par semaine, le Pasteur Davis m'appelle pour prendre de ses nouvelles, et il a été plus qu'heureux de savoir que tout s'arrange enfin.
Mais voilà, l'accouchement est prévu pour bientôt, et Harry a toujours peur. Il est toujours tétanisé à l'idée de mettre un pied dans l'Église. Et c'est pour ça qu'on est encore dans la voiture, une demi-heure après nous être garés. Son angoisse est palpable, et je ne peux que l'encourager.
-Ne t'inquiète pas. Je suis sûr et certain que le Pasteur ne te rejettera pas.
-Qu'est ce que t'en sais.. Souffle-t-il en balayant ses cheveux bouclés vers l'arrière. Il..Il a déjà eut du mal à accepter que l'on soit gays tout les deux.. J'ai peur de sa réaction..
Il est vrai que si maintenant, le Pasteur n'a aucun problème avec notre relation, ça n'a pas toujours été le cas. Pendant des semaines, il a refusé de me voir, a interdit à Harry de m'approcher. Mais son amour pour lui et plus fort que celui qu'il ressent pour le Seigneur, et il n'a pas pu se résoudre à laisser Harry souffrir de cette séparation.
Je suis le seul à qui il se soit confié de lui même, le Pasteur le savait, et il ne pouvait pas l'ignorer. Il ne pouvait pas ignorer le besoin que j'avais de lui venir en aide, et le besoin qu'avait Harry, d'être avec quelqu'un qu'il aimait.
Parce que même si aujourd'hui, il ne me le dit pas souvent, je sais qu'Harry m'aime. Et les quelques fois où il le dit sont d'autant plus précieuses, parce que je sais que ces mots sont réels. Je sais qu'il les pense, et qu'il m'aime, autant que je l'aime.
-Aller vient. Tu verras que tu te sentiras mieux après lui avoir dit la vérité.
Il soupire, baisse le regard, mais ne dit rien. Il reste tête basse pendant quelques instants, avant de légèrement la hocher, me donnant le feu vert. A la hâte, je sors de la voiture, en fait le tour et ouvre la portière passager pour l'aider à se lever. Debout, il ne lâche pas ma main, fixe avec effroi l'Église qui lui fait face. Mais je ne m'y attarde pas, amorce un pas, le force à faire de même. Jusqu'à la porte, où sans surprise, il s'arrête.
-Harry..
-Non. Me coupe-t-il. Je..Je peux pas entrer. Les autres vont me voir..Ils..Ils vont être écœuré en me voyant.
Sa voix se meurt en sanglot. Il ne bouge toujours pas, tremble de tout son corps. Et au mieux, sans le brusquer, j'encadre son visage de mes mains, efface ses larmes amères.
-Personne ne remarquera rien. On va juste voir le Pasteur, et on rentre à la maison. Je te le promets.
Il n'y croit pas, je le sais. Pourtant, il amorce tout de même un pas lorsque je le tire à l'intérieur. Il fait un pas, puis un autre. Je sens sa main presser toujours plus fort la mienne lorsque l'on passe près de la grande salle, grande ouverte. Mais personne ne sort, ou ne nous remarque. Et c'est à la hâte que l'on rejoint le bureau du Pasteur, au fond d'un long corridor où se dressent différentes représentations et statues de Jésus.
-On y est. Soufflai-je, une fois devant la porte close du bureau.
Et sans laisser le temps ou l'occasion à Harry de protester, ou se défiler, j'ouvre la porte, et attire le regard du Pasteur, assis derrière son bureau. Il me fixe, avant de virer son regard derrière moi, sur Harry qui, s'il pouvait partir en courant, le ferait dans la seconde.
-Les garçons. Que me vaut cette visite?
-Harry a quelque chose à vous dire. Lui répondis-je de but en blanc.
Il n'y répond rien, acquiesce juste avant de se lever, et nous désigner le sofa dans un coin de la pièce où l'on va s'asseoir. Lui, s'installe face à nous, assis sur le bord de sa table basse en bois. Il attend.
-Je vous écoute.
Il écoute, mais n'entend rien, puisque aucun mot n'est prononcé. Harry garde la tête basse, et s'obstine à tirer sur la poche centrale de son pull dans l'espoir de dissimuler son ventre rond. Mais quand on sait qu'il est là, on ne peut l'ignorer. Et tout le monde dans cette pièce, sait ce qu'il en est. Tout le monde, même Jésus, qui semble m'observer depuis sa croix en bronze, perché sur le mur d'en face.
-Harry. Souffle le Pasteur. Dis-moi ce qu'il se passe je t'en pris. Je te promets, que je ne te jugerai pas.
-C'est parce que vous ne savez pas de quoi il s'agit. Marmonne en retour Harry.
-Je le saurai si tu me le disais. Et là, on serait fixé. Tente le Pasteur en retour. Mais rien n'y fait. Je t'en pris. Reprend-il. Je sais que tu souffres, je le vois. Mais as-tu idée de combien je souffre d'être impuissant? Je t'en pris Harry, je te le demande comme un père à son fils, confie-toi à moi.
Il le supplie presque. Et face à ça, Harry ne peut que pleurer. Il pleure à chaudes larmes, le visage caché par un amas de boucles brunes.
-Vous..Vous avez toujours été bon avec moi.. Même quand je le méritais pas.. S'époumone-t-il à dire, serrant mon cœur. Tout comme celui de l'homme face à moi, dont le regard, peu à peu, s'embue de larmes.
-Tu auras toujours mon pardon. Lui répond-il tout en prenant entre les siennes, une des mains d'Harry qui n'ose toujours pas le regarder. Je serai toujours là pour toi, quoi qu'il arrive.
-Jurez-le moi. Répond précipitamment Harry, avant de finalement, lever le regard. Jamais vous n'oseriez le faire le vain. Alors, jurez-le moi. Jurez-moi, que vous ne m'abandonnerez pas.. Sa voix se meurt, et de nouveau, il baisse le regard, ferme les yeux pour retenir de nouvelles larmes. Mais c'est sans hésiter, que le Pasteur lui répond:
-Je te le jure.
J'attends, j'observe en silence. Je reste en haleine lorsqu'Harry reprend son souffle, et se prépare à prononcer les mots qu'il n'a jamais dit. Et quand il va finalement parler, je retiens ma respiration. Mais ce ne sont pas des mots qui sortent lorsqu'il ouvre la bouche, mais un cri déchirant. Dans un bond, je me lève, tout comme le Pasteur. Et lui, se recroqueville, gémit de douleur.
Et qu'importe les mots qui allaient sortir d'entre mes lèvres, je les oublie lorsqu'en baissant le regard, je découvre le pantalon d'Harry humide, taché.
-Louis.. Qu'est ce..Qu'est ce qu'il se passe? Pourquoi je-Ahhh!
Il se repli toujours plus sur lui même, tombe à genoux au sol, les bras enroulés autour de son corps. Et je n'ai pas le temps de chercher à savoir quoi faire, que le Pasteur me met sur la voie.
-Louis, attrape tout les coussins que tu trouves dans la pièce et dépose les au pied du sofa. Me dit-il avant de s'agenouiller devant Harry. Il faut que tu t'allonges Harry. S'exclame-t-il avec douceur à son égard, avant de l'aider à s'exécuter.
Pendant ce temps, je ramasse tout les coussins comme demandé, et vais les déposer derrière Harry, avant que ce dernier ne s'y appui, crispé comme jamais.
-On doit aller à l'hôpital. Soufflai-je, finalement.
-C'est à une heure d'ici. Il vaudrait mieux appeler une ambulance. Me contredit-il, sans penser à l'effet qu'ont ses mots sur Harry, qui aussitôt, panique.
-Une ambulance? Pourquoi faire une ambulance? Qu'est ce qu'il se passe?!
Sans le brusquer, je m'agenouille à ses côtés, desserre un de ses poings pour entrelacer mes doigts aux siens avant d'embrasser chastement son front, où déjà perle sa sueur.
-Je crois que notre petite fille est prête à voir le jour.
Je vois la panique passer dans son regard avant qu'il ne le vire vers le Pasteur, qui reste calme, et droit. Harry le dévisage, et je sais qu'il a comprit. Je sais quand ses yeux tremblant s'encrent aux miens, qu'il a comprit. Il a comprit que le Pasteur sait, que je lui ai menti. Et le déni que j'aperçois dans ses yeux clairs et embués ne fait que me briser le cœur.
-Tu m'as menti. S'essouffle-t-il à m'accuser. Et je ne peux qu'acquiescer.
-Je sais, je suis désolé.
-Harry. S'immisce le Pasteur. Je sais que tu dois te sentir trahi. Mais j'avais besoin de savoir. Je t'aime tu comprends? Et te voir souffrir sans que je ne puisse rien y faire me brise le cœur. Louis m'a fait jurer de ne pas t'en parler. Et j'ai tenu ma parole jusqu'à aujourd'hui.
Le Pasteur a tapé juste sur un point, Harry se sent trahi. La résignation dans son regard et ses traits me l'affirment comme une claque en travers de la gueule. Pourtant, quand il le tire dans ses bras, il ne se défend pas. Non, il se laisse aller, et pleure à chaudes larmes sur l'épaule de celui qui l'a élevé comme un père. Celui qui l'a recueillit quand sa vie n'était que misère, et qui aujourd'hui encore, l'accepte, malgré toutes ses convictions.
Mais leur étreinte n'a pas le temps de durer plus de quelques secondes, qu'Harry le repousse, tout en retenant un cri, de nouveau tendu comme jamais il ne l'avait été avant aujourd'hui.
-Louis, il faut que tu regardes à combien il en est. S'exclame le Pasteur, laissant un sentiment d'effroi parcourir tout mon être. Mais je n'ai pas le temps de protester qu'il se lève tout en reprenant: Je vais appeler l'ambulance et prévenir que la messe n'aura pas lieu ce soir. Je fais vite.
La porte s'ouvre, claque, et nous laisse seul dans un silence oppressant. J'étais préparé à tout, mais pas à ça.
-Ok..C'est parti. Soufflai-je, plus pour m'encourager moi que Harry qui est plus focaliser sur la douleur qu'il ressent plutôt que le reste.
D'un geste sec, j'arrache presque le drap qui recouvre le sofa et le pose sur les jambes d'Harry avant de lui retirer son pantalon et son caleçon, non sans quelques difficultés.
-Plie les jambes s'il te plaît. Lui demandai-je, le goût de l'angoisse en bouche.Mais il ne le fait pas, attrape ma main qui repose sur son genou, et m'incite à lever le regard, pour voir la peur au fond du sien.
-Je suis pas prêt.. Me dit-il de sa voix éraillée, me serrant toujours plus les tripes.
En essayant de ne pas le heurter, je me penche jusqu'à son visage pour déposer un bref et chaste baiser sur ses lèvres. Ses lèvres qui s'étirent en un sourire triste, fade et fatigué. Un sourire que je lui rends au reflet du sien.
-Tu vas y arriver. Et dans moins de temps que tu ne le penses, on sera tout les trois à la maison.
Sans un mot, il acquiesce, et écarte les jambes pendant que je me redresse. Nerveux, je lève le drap, et dégluti face à son service trois pièces qui me fait de l'œil. Et c'est ce moment là que choisit le Pasteur Davis pour revenir, essoufflé. Dieu merci. Je sais pas quoi faire moi..
Il ne se fait pas prier pour nous rejoindre et s'installer près d'Harry à qui il embrasse son front baigné de sueur où déjà se collent quelques unes de ses boucles, avant de virer son regard vers moi.
-Alors?
-Euh..Je..Je sais pas quoi faire. Lui dis-je démuni, et c'est sans perdre son calme qu'il me répond:
-Vois si tu sens quelque chose avec ta main.
-Ok. Soufflai-je.
Après tout, ce n'est rien que je n'ai jamais fait avant..Mais dans de telles circonstances, oui, c'est la première fois. Et j'espère, la dernière. Avec précaution, j'insère deux doigts en Harry qui gémit de douleur à l'intrusion. Et moi, je me crispe instantanément, en sentant quelque chose heurter le bout de mes doigts.
-C'est..Elle..Elle est pas loin. Dis-je avec difficulté, recevant en retour, un sourire de l'homme face à moi, avant qu'il ne porte toute son attention à Harry.
-Je veux que tu sois franc avec moi d'accord? Lui dit-il avant tout, et Harry acquiesce simplement. Est ce que tu ressens le besoin de pousser? Lui demande-t-il, déposant le voile de la gêne sur le visage d'Harry qui hoche honteusement la tête. Très bien, alors à ta prochaine contraction, tu inspire, et tu pousses. Tu me fais ça trois fois d'accord?
-D'accord. Murmure presque Harry en retour avant de détourner le regard.
Mais alors que je pensais qu'il allait me regarder, il lève le regard derrière moi. Et curieux, je détourne le regard à mon tour pour découvrir Jésus, qui semble de nous fixer depuis sa croix.
-On est tous avec toi Harry. Lui assure le Pasteur, qui lui aussi, a suivit son regard, et qui délicatement, retire la croix autour de son cou pour la poser dans la main d'Harry. Malgré tout ce que tu penses, Jésus ne t'a jamais abandonné.
Un sourire baigné de larmes, et pourtant rayonnant, se glisse sur le visage d'Harry qui baisse finalement les yeux. Son regard s'encre au mien, son sourire s'offre à moi le temps d'une seconde avant que ses yeux pâles ne se posent finalement sur son ventre enflé qu'il va caresser délicatement, la chaîne de la croix emmêlée autour de ses doigts fins.
-Je..Je suis prêt..
A partir de là, tout s'enclenche. Je suis les ordres du Pasteur à la lettre, assourdi par les cris déchirants d'Harry qui recouvre le silence, jusqu'aux propres battements de mon cœur. Et pourtant, mon esprit s'évade. Il s'évade, et je repense à ce gosse. Ce gosse qui souffrait chaque jour, et qui priait pour que quelqu'un lui vienne en aide. Ce gosse perdu qui s'est retrouvé sur la voie du Seigneur, et qui depuis toujours, demande son pardon. Un pardon qui lui a été accordé il y a déjà bien longtemps. Un pardon, dont il n'a pas besoin. Il n'a jamais pêché, a toujours cherché son salut dans les bras de Dieu. Ce gosse, que je ne connaissais pas il y a six mois encore. Et qui aujourd'hui, me montre qui est réellement Harry. Qui il a toujours été, malgré sa froideur et sa colère.
Et quand je vois le sourire qui orne son visage, les étincelles qui revivent dans son regard lorsqu'il tient notre fille pour la première fois. Quand je vois les larmes de bonheur qu'il échappe, et ses lèvres murmurer ''Merci mon Dieu..'' avant qu'il ne la serre contre lui, j'espère qu'un jour il comprendra, que le seul à pouvoir lui accorder son pardon, c'est lui même.
Je sais quand je le regarde, que tout ira bien à présent. Les yeux levés au ciel, il remercie encore le Seigneur plus présent que jamais, et serre toujours plus amoureusement dans ses bras, le miracle de sa rédemption.
''Si tu acceptes Jésus dans ton cœur, il sera présent dans ta vie.''
__________
SevreenM est l'auteure de cet OS
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